Fanfiction Diablo II

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Aller simple pour l'Enfer

Par Gerakis
Les autres histoires de l'auteur

Introduction : Born To Rule

Chapitre 1 : Darkest Realm

Chapitre 2 : Assassin

Chapitre 3 : Death & Dying

Chapitre 4 : Blessed Dead

Chapitre 5 : Maleficarum

Chapitre 6 : A Good Day To Die

Chapitre 7 : Hours of Darkness

Chapitre 8 : Take The Black

Les cieux immaculés du paradis, le soleil brillait au dessus de ma tête. Ce plan astral était sans conteste le plus beau et le plus merveilleux de tout Sanctuary, rien n'égalait sa tranquillité et ses magnifiques palais de pierres blanches et or. Même si la guerre se déchaînait depuis plus de quinze années rien n'avait perdu de son éclat ici. Les toitures argentées et les hautes portes de Solania, la grande citadelle angélique, scintillaient toujours au majestueux lever de l'aube rosâtre. Je marchais d'un pas serein, je revenais du champ de bataille et je savais qu'ici rien ne pouvait me menacer, je profitais de cet instant de repos. Le Haute Archange Tyraël m'avait fait demander, si il m'avait fait quitter le front c'est que cela devait être très important... Un service de plus pour la Grâce Suprême.

Les herses s'ouvrirent sur mon passage, les soldats anticipant ma venue. Ils étaient vêtus de leurs plus belles armures, d'or et d'acier céleste ouvragé. Je franchis l'arche de la porte principale, puis traversai la cour de sable blanc qui menait au coeur même de Solania. L'intérieur était aussi magnifique que l'extérieur, tout y était lumineux, il n'y avait pas un coin sombre, les fenêtres aux vitraux travaillés laissaient filtrer tout l'éclat de l'astre solaire. Les colonnes de marbre blanc s'enchaînaient, déroulant devant moi une allée large et immaculée. Au bout de celle-ci se trouvait la grande salle de réception, celle ou je savais trouver Tyraël.

De lourdes portes d'ébène sculptées furent lentement tirées par quatre initiés en toge blanche pour me laisser le passage. Lentement je les franchis à leur tour, en face de moi, assit sur son trône d'or richement décoré par des scènes de bataille, le Haut Archange. Sur ses côtés, ses conseillers s'écartèrent un peu, je pu d'autant mieux le contempler. Je m'agenouillai face à lui, il me fit rapidement signe de me relever. Sa voix grave et sage me salua :

« - Archange Uriel Kadaran, merci d'être venu.

- L'honneur est pour moi. »

Il hocha la tête. Brisant son masque d'impassibilité il enchaîna avec un léger sourire :

« - Le front ne se déroule pas si bien que l'on veut le dire, n'est pas ?

- On ne peut rien cacher à votre Seigneur, répondis-je d'un air navré.

- Cela n'a que peu d'importance en comparaison avec ce que je vais vous demander de faire. »

Il venait de piquer ma curiosité au vif, si bien que je tressaillis sur place, ne cachant pas mon étonnement. Tyraël avait toujours privilégié le front, de quoi pouvait-il s'agir ? Je le laissai parler en silence.

« - Uriel, après quinze années de recherche nous avons enfin réussit à localiser la prison secrète d'Orthrys, Diablo l'avait en fait dissimulée dans un demi-plan de sa propre création ! »

Je restai sans voix, voilà qui était pour le moins inattendu ! C'était la prison légendaire qui retenait les fameux héros mortels de Sanctuary, ceux qui avaient faillit renverser les frères du Mal. Hélas ils avaient échoués et les démons contrôlaient à présent ce monde à l'exception du plan Céleste. Mais rien n'était perdu, car la libération de ces héros redonnerait la rage aux de vaincre aux mortels, ce qui casserait l'enlisement de cette horrible guerre.

« - Les démons ne sont pas au courant de notre découverte, nos espions ont bénéficiés de la Grâce Suprême. Bien évidemment l'endroit est extrêmement bien protégé, et il serait impossible d'y envoyer beaucoup de force, car on ne peut y accéder que par voyage intra-planaire, ce qui implique un portail de haute puissance que l'on ne pourrait pas maintenir bien longtemps... Les démons auraient tôt fait de nous submerger... Il me faut un groupe déterminé à mettre un terme à cette guerre. J'ai pensé à toi Uriel. »

Par la Grâce Suprême ! Voilà que Tyraël me donnait la mission la plus importante de ce conflit inter-planaire ! Je n'étais qu'un Archange du Conseil Militaire, je n'étais donc que sixième dans la hiérarchie, et d'autres étaient sûrement bien plus doué que moi... Fronçant les sourcils je demandai à mon supérieur :

« - Je serais toujours là pour vous servir. Mais pourquoi moi, n'avez-vous pas pensé à d'autres biens meilleurs ?

- Tu fais partis des meilleurs à mes yeux, tu es de ceux qui ne renonces jamais. Ton expérience en matière d'infiltration est aussi sans pareil.

- Il est vrai qu'il n'y a seulement que trois centre quatre vingt quatre ans je faisais parti l'Elite. »

L'Elite était la division d'espionnage et mission secrète de Solania, si j'étais monté au grade d'Archange c'était parce que j'étais le meilleur de toute la section.

« - Oui, évidemment je ne peux pas te forcer à accepter, sinon tu ne sera pas au plein de tes capacités. »

Tyraël avait toujours était très diplomate. De toute façon j'étais d'accord.

« - Mais j'accepte. Je pars dans combien de jours ?

- Demain, je te laisse choisir les frères qui t'accompagneront. »

J'hochai la tête et fit un pas en arrière, saluant mon interlocuteur en levant la main. Rapidement je sortis de la salle, il n'y avait pas une seconde à perdre ! Je me dirigeai instinctivement vers les quartiers des messagers. Ces anges là avaient des ailes encore plus grandes, pour parcourir de longues distances en un minimum de temps possible. Je leur donnais les consigner à porter, puis je rejoignis la salle de réunion du Conseil Militaire, pour l'instant vide. Je m'installai tranquillement sur l'un des sièges sans dossiers, laissant mes ailes de plumes se replier dans mon dos.

Pendant mon attente je remarquai qu'un tableau de tout les Généraux du Conseil avait été peint et affiché dans la salle, il devait être récent car je ne l'avais jamais remarqué. Le peintre avait un réel talent, il semblait bien qu'il n'avait omit aucun détail... Par amusement je regardai mon portrait, pour voir si il me ressemblait vraiment... J'avais les cheveux longs et blonds, ainsi que les yeux argentés. La courbe de mon visage était très fine, sans aucun accroc. Ma bouche était mince et mon teint pâle, ce qui faisait d'autant plus ressortir ma chevelure. En fait ma copie était parfaite, c'était un véritable miroir.

Une heure passa avant que les convoqués, au nombre de quatre, arrivent. Il y'avait une femme et quatre hommes. Ils s'installèrent tous autour de la grande table du conseil après m'avoir salué. Ils étaient ceux que j'estimai être les meilleurs pour cette mission capitale. La fille était l'Archange Stella Kadaran, tous simplement ma petite soeur. C'était une magicienne de haut rang, nommée à la direction du Cinquième Cercle. Elle avait les mêmes longs cheveux blonds que moi, ses yeux étaient bleus comme l'azur et son corps magnifique, certain la surnommait « Solaire » pour sa beauté rayonnante.

Deux des hommes étaient des frères jumeaux, il s'agissait des Archanges Fangorn et Algorn Ollosword. Leurs visages étaient durs et carrés, marqués par de nombreuses cicatrices. De stature imposante, ils étaient intimidant pour des anges. Leurs yeux aux iris noirs reflétaient une grande expérience, c'était peut-être les plus fines lames de Solania...

Le dernier Archange était Gabro Silshade. Il était très émacié, son visage était presque squelettique. Ses courts cheveux noirs tiraient sur le gris, tout comme ses yeux. Certain le prenait pour un vieillard, mais c'était commettre une cruelle erreur ! Il était le fondateur du Cercle de L'Elite. Il ne parlait jamais pour rien dire. En plus d'être un sorcier confirmé il était une véritable ombre et un combattant chevronné, avec sept milles ans d'expérience.

Je levai les mains en l'air pour amorcer la réunion, prenant la parole avec un ton encore plus grave que d'habitude :

« - Je suis heureux de tous vous voir ici mes frères, c'est la Grâce Suprême qui nous réunit aujourd'hui. L'heure est grave, vous êtes peut-être au courant mais je préfère le rappeler : La prison Orthrys a été localisée. »

Ma phrase tomba comme un couperet et l'assemblée fut parcourue d'un murmure. Il était temps que j'explique les tenants et les aboutissants de mon plan, j'avais déjà tout en tête... Même si nous ne disposions d'aucun croquis de la prison, j'avais une bonne idée sur la manière d'agir... La journée ne faisait que commencer...
Orthrys, au moins ici on avait la paix, c'était bien loin de la guerre déchirante de Sanctuary. Quoique le goût du sang me manquait un peu, ici à part des prisonniers à torturer il n'y avait rien à faire... Les journées étaient parfois à mourir d'ennuis. Mais mon poste était de la plus haute importance, j'étais le Maître Archidiable d'Orthrys, de ce plan entier. J'adorai me répéter ce titre, c'était ronflant mais il me plaisait pas mal. Ce petit monde fut créé par la magie de Diablo lui-même, juste après que les héros mortels de Sanctuary aient perdus la guerre. Le « Grand Lézard » décida qu'ils devaient subir des tourments éternels pour leur insolence, alors il les enferma dans une gangue de stase magique ou leur esprit était constamment torturé. C'était une bonne idée, je n'aurais sans doute pas trouvé mieux.

Aujourd'hui j'étais assit dans mon bureau, encerclé par mes bibliothèques de livres de sorts. Un pentacle de sang était tracé sur le sol, encore fumant de la précédente incantation. Las, je jetais le parchemin de magie ésotérique par terre, cela faisait deux heures que j'essayai de maîtriser ce sort d'invocation de golem démoniaque, sans succès... L'Art était bien capricieux parfois ! C'était aussi agaçant que les prisonniers qui ne répondait pas aux questions.

Je mis mes pieds sur mon bureau, me balançant sur ma chaise rembourrée. Je grattai mon bouc d'un air nonchalant, une de mes mains griffues attrapa un autre parchemin dans un tiroir ouvert en face de moi. Celui-ci relatait l'arrivée de tout les derniers prisonniers, environ une trentaine. Demain ils seront tous morts, je me servirai de leurs organes pour d'autres sortilèges, comme ce vieux fou de Stendark.

Mon regard se posa sur un tableau de moi, sûrement la personne la plus intéressante ici. Il me dépeignait dans toute ma splendeur. Mes yeux étaient noirs rouges, c'était assez commun, tout comme mon teint vermeil sombre. Mais j'avais deux belles cornes ivoire, enroulées sur elles même, signe de noblesse chez les diables. Mon crâne était chauve et tatoué du signe de la magie infernale, un pentacle renversé. Mon visage était parfait, ses angles dessinaient une face à la fois charismatique et sévère, un début de collier de barbe sertissait mon menton. Sur le tableau, tout comme aujourd'hui, je portais mon armure à plaques infernales noire, décoration du rang d'Archidiable, c'était une fierté d'acier. Je ricanai, décidément je me plaisais beaucoup.

Je m'apprêtai à reprendre l'étude de mes incantations lorsque ma lieutenante, Kryviska, une succube, apparut dans la pièce par téléportation. Le nuage de fumeroles magique dû au sort se dissipa rapidement, révélant le corps attirant de cette jeune démone. Ses formes et ses courbes évoquaient le plaisir charnel, sa vue seule suffisait à faire monter le plaisir. Elle portait juste une fine chaîne d'acier enroulée autour de son torse et de ses bras, pour le reste elle était nue. Elle aurait pu atteindre le grade d'Archidiablesse pour son efficacité redoutable si elle n'avait pas était de basse extraction, comme le prouvait ses courtes cornes. Sa langue pointue siffla quelques mots de salutation :

« - Joraëll Korn, mon Maître.

Elle s'inclina légèrement, alors que je lui répondais avec un petit sourire :

- Approche toi Kryviska et dis moi ce que tu veux... »

Elle obéit et vint s'asseoir sur le coin droit de mon bureau, ses fesses petites et rondes ne prenant que très peu de place. Ses longs cheveux noir charbon tombaient jusque sur ses hanches. Ma main caressa distraitement sa cuisse nue alors qu'elle se mit à parler :

« - Deux larbins ont encore disparus hier, dans la zone des équarrissages. Cela en fait dix en une semaine. D'habitude il arrive que des prisonniers plus violents que les autres arrivent à en massacrer quelque uns, mais là d'après les témoignages et malgré les tortures il n'y a aucun témoin à leurs disparitions, on a juste retrouvé des cadavres... Proprement découpés en morceaux... Qu'en pensez-vous Maître Korn ? »

Il était vrai que c'était assez inhabituel, mais parfois ces crétins de sous-démons serviteurs se disputaient et il arrivait qu'il y'est des bandes entières qui se tuent... Rien de bien inquiétant. Malgré tout j'avais un étrange sentiment, comme si quelque chose d'anormal était là-dessus.

« - Renforce la sécurité dans ces niveau là, Kryviska. Je vais sûrement convoquer le Conseil pour prendre quelques directives... En attendant tu sais ce que tu peux faire pour moi n'est pas ? »

Un sourire affamé se dessina sur son visage, ma main remonta sa cuisse jusqu'au creux de ses reins. Elle se pencha vers moi pour m'embrasser de sa langue pointue. Perverse, elle se laissa faire sans discuter. Rapidement je fus en elle, ses râles de plaisirs retentissants jusqu'à l'extérieur du bureau. L'échange fut sauvage, comme souvent. Des grimoires et des parchemins tombèrent par terre lorsque je l'allongeai sur le bois noir de ma surface habituelle de travail. Le plaisir de la chair était un de mes préférés... Je la mordis jusqu'au sang dans sa nuque, elle haleta. Mais mains parcoururent son corps parfait, s'arrêtant sur ses seins, elle poussa un cri de ravissement, ses muscles se crispèrent, ses bras me serrèrent contre elle lors de son orgasme.

Encore une demi-heure plus tard et je sortais de mon bureau, Kryviska ayant elle aussi rejointe son poste par téléportation. Dans le couloir un diablotin attendait, comme toujours. J'attrapai l'inférieur par l'oreille et lui ordonnait d'un ton ferme :

« - Va me chercher les Trois, dit leur de venir à la salle des Décisions. Et vite ! »

La bête hocha la tête et partit au triple galop, la peur donnait des ailes, il n'y avait pas de doutes. C'était sûrement pour ça que tous les anges en avaient une paire ! Souriant, je rejoignis la pièce habituelle des réunions. Je traversai les couloirs de briques rouges et noires, régulièrement éclairés par des torches. Il n'y avait que peu de décoration par rapport au palais de Diablo, mais cela n'était pas plus mal... Ici les murs relataient justes mes exploits, le plus important. La salle des Décisions n'était pas très loin de mon bureau, j'en poussai les portes noires qu'une minute plus tard. Je pris ma place, sur un trône de marbre sombre aux accoudoirs d'ossements, il était plus confortable qu'il n'y paraissait, et nombreux étaient ceux qui rêvaient d'y poser leur séant. J'étais en plus sur une estrade, pour mieux dominer la situation.

Je dû attention cinq minutes avant l'arrivés des concernés, le premier à arriver fut Stendark, une liche à moitié folle. Il était très grand, et n'avait plus de peau sur les os. Il adorait porter de riches atours pour dissimuler son corps poussiéreux. Ses orbites noires rougeoyaient lorsqu'il s'énervait, ce qui arrivait souvent. Mais malgré tout il était encore là car c'était un nécromancien très dangereux et puissant. Il vint s'asseoir en silence à ma droite.

Le second à entrer fut Dagoar Hankrus, un colosse de plus de deux mètres de haut. Il venait des plans les plus inférieurs de l'enfer, il n'avait même pas de cornes, mais sa force incroyable même pour un démon et sa rapidité hors du commun faisait de lui un des guerriers les plus connu des infernaux, si bien qu'il avait réussit à atteindre le grade de Diable Supérieur. Sa peau était rouge sang sous son armure de peau humaine, dans son dos était accrochée une énorme hache d'obsidienne à double tranchant. Heureusement qu'il n'était pas très intelligent, sinon il aurait sûrement était un adversaire très dangereux.

Le dernier, comme toujours, était Lucius Von Saerk, un démon de sang noble, ses cornes enroulées étaient presque aussi longues que les miennes. Enveloppé dans un long manteau noir il était beaucoup plus dangereux qu'il n'y paraissait. Son visage était allongé et dur, ses yeux étaient constamment étrécit comme si il se méfiait de tout. Sa face anguleuse avait un teint bordeaux virant au pourpre par endroit. De longs cheveux noirs tombaient jusque sous ses épaules, lui donnant un air ténébreux. Je le connaissais peu, mais je savais qu'il était dangereux, il suffisait de le regarder pour le savoir.

Tout le monde était là, enfin. Je croisai mes mains, jetant un coup d'oeil circulaire à l'assemblée.

« - Vous êtes sûrement tous au courant des derniers évènements, quelques larbins se sont entre-tués... J'en ais assez de ces querelles stupides ! Je veux que vous fassiez un exemple, pour qu'ils arrêtent, c'est irritant. »

Ils hochèrent tous la tête en silence, personne ne contesta la décision, comme souvent à vrai dire. Stendark leva sa paume squelettique, je lui donnais la parole d'un mouvement de tête impérial :

« - Il y'a autre chose, des clés ont étaient volées dans le Poste seize, déclara t-il de sa voix caverneuse.

- Des clés ?

- Oui des clés. »

Voilà qui était bien plus étonnant. Des conflits internes ne pouvaient pas avoir de rapport avec ce genre de larcin, c'était autre chose, mais quoi ? Je fronçai les sourcils, intrigué. Les autres me fixaient tous, attendant ma réaction. Je soupirai, il fallait prendre une décision.

« - Bon, Lucius, tu vas mener l'enquête. Exécute le voleur qui a fait cette blague une fois que tu l'auras trouvé.

- Oui maître Korn, répondit-il d'un ton atone. »

Le Conseil continua ensuite sur l'approvisionnement en arme et en nourriture. Ce n'était que peu intéressant mais c'était nécessaire, comme toujours. Une heure plus tard, mes lieutenants se dispersèrent, je restai encore un instant assis sur mon trône, pensif. Ce vol de clé m'intriguait, cela ne pouvait être que des démons, en aucun cas des anges, ces larves ne connaissaient pas la position de la prison. Finalement je me levai et quittai à mon tour la Salle des Décisions. Je me dirigeai vers le quartier des soldats, j'avais une affaire à régler.

La prison d'Orthrys était immense, en fait elle devait faire plusieurs hectares de surfaces, plus les niveaux souterrains... Autant dire qu'il y'avait de quoi enfermer du monde. Je descendais rapidement un escalier, pensant qu'il était temps que j'essaye un nouveau sortilège que j'avais appris il y'a peu de temps. Les quartiers des non gradés n'étaient pas très luxueux, il se résumait à une succession de couches dans une salle ronde, au centre flambait un grand feu, dans lequel les larbins faisaient parfois cuire un esclave... Où balançait un de leur frère. A mon arrivée le silence se fit, il n'y avait même pas un petit chuchotement, les serviteurs regardaient le sol, n'osant me regarder, ils étaient transits de peur.

« - J'en ai assez de vos bêtises, tas de larves. »

Personne ne broncha, mais la tension monta.

« - Alors lesquels d'entre-vous ont tués leurs petits camarades ? »

Certains levèrent la tête, regardant le voisin d'à côté. C'est fou le courage qui régnait par ici, ils avaient tellement peur qu'ils préféreraient donner leur mère que de se dénoncer. La bonne solution serait de tous les tuer mais après il me faudrait trouver du nouveau personnel... Je n'avais pas le temps pour ça. Mais au bout de quelques secondes, l'un des inférieurs s'avança, un peu moins pouilleux que les autres, il déclara d'une voix tremblante :

« - Heu Maître... J'peux vous dire qu'ça ne vient pas d'nous... Des potes ont disparus, sont pas les prisonniers non plus, sinon on l'aurait sûr avec les tortures... On sait pas c'que c'est que ça nous fait peur... »

Je tournai un regard courroucé vers l'insolent, levant une de mes mains griffue vers sa direction je rétorquai d'un ton las :

« - Tu as peur ? Misérable... Tu crois que c'est quoi ? Des anges ? Pauvre imbéciles ils ne pourraient jamais venir ici ! Tu essayes de te couvrir, je sais que tu es coupable ! »

Il tressaillit de terreur lorsque je fis un pas vers lui, du bout des doigts je dessinais de grandes arabesques dans les airs, invoquant les pouvoirs du Ténébreux. Ma voix grave se répercutait dans toute la salle, le sous-démon restait pétrifié en face de moi. Au fil de l'incantation, sa peau rougeâtre se mit à couler comme de la cire. Son visage se déforma mollement, son nez tomba sur sa bouche et ses yeux sortirent de ses orbites. Son cri de souffrance se transforma en un gargouillis sanglant... Ses jambes fondirent, il tomba à genoux et une odeur de chair putréfiée envahit toute la pièce. Bientôt ses muscles se détachèrent de ses os, formant une flaque sanguinolente sur le sol noir. Son squelette rougit par le liquide vermeil tomba en craquement sec. J'aimai bien ce sort... Les autres serviteurs s'étaient cachés dans les ombres, tremblants à l'idée d'être les suivants.

« - Bon, plus de bêtises maintenant, j'ai l'impression de surveiller des morveux parfois. »

Je quittai cette salle puant la mort à grand pas. J'avais mieux à faire que m'amuser avec les carcasses de ces lamentables pouilleux. A présent j'avais en tête d'aller à la bibliothèque de la prison, pour voir si un puissant sortilège de détection n'y traînait pas, pour retrouver un certain trousseau de clé... Stendark ne maîtrisant pas la magie de divination, à ma connaissance, je devais m'occuper de ça.

Je remontai les escaliers du sous-sol, puis encore d'autre pour accéder au premier étage. L'endroit était réservé aux officiers et aux diables supérieurs, c'était beaucoup moins crade. Des crânes d'obsidienne étaient incrustés dans les murs du couloir menant à la bibliothèque, les Morts étaient la sagesse. Ici le silence régnait, même les cris des torturés n'y parvenaient pas. Y'ouvris des deux mains les portes d'ébènes noires, qui claquèrent contre les murs. Le bibliothécaire, un vieux démon de onze milles ans, était un rat à moitié sourd qui passait son temps à veiller sur des monceaux de livres. Il me vit arriver du coin d'oeil, ses petites cornes parurent frémirent en m'apercevant. Assit derrière un bureau encombré de parchemin il me salua d'un ton mielleux. Sans lui prêter attention je me mis à chercher dans les nombreux rayonnages, l'endroit était immense et sombre, heureusement qu'un Archidiable comme moi possédait l'infravision.

A l'instant même où j'allais me saisir d'un grimoire à la couverture de cuir grise, j'entendis comme un bruit de course derrière moi, je fis volte-face. A travers les ténèbres il n'y avait rien. Fronçant les sourcils je me dirigeai vers la source prétendue du bruit. Au milieu des colonnes de livres une ombre passa tellement vite qu'elle en était presque invisible ! Qu'est que c'était ? Je pressai le pas, sans pour autant faire de bruit. A cet instant je me rendis compte que les rayonnages de la bibliothèque formaient un véritable dédale. Je tournai subitement à droite pour tenter de couper la route à « l'ombre ». A part une allée vide il n'y avait rien...

Du coin de l'oeil j'aperçu un parchemin voltiger dans les airs, il n'avait pu s'envoler qu'après un passage très rapide... Il n'y avait pas de courant d'air ici. Ma mâchoire se contracta de rage, qui était cet individu ? Il ne pouvait s'agir que d'un stupide serviteur ! Ils n'avaient pas compris la leçon !

Un nouveau bruit se fit entendre de l'autre côté du rayonnage à ma gauche. Grognant de colère je donnais un coup de poing dans le meuble, ce qui le renversa avec un fracas abominable ! Espérant avoir écrasé l'ombre, je sautais par-dessus le bois vermoulu et les livres en vrac, mais il n'y avait aucun corps évidemment. Je regardai au bout du passage, et je vis clairement une silhouette courir. Plissant les yeux je me mis à sa poursuite, je me déplaçais à une vitesse purement démoniaque ! Mais à ma grande surprise je n'arrivai pas à le rattraper, incroyable ! Hurlant de rage j'incantai un sort au milieu de ma course, mais ma cible bifurqua soudainement à droite...

« - QUI ES TU MISERABLE ?! »

Il n'y avait plus un bruit. Le vieux gardien avait accouru, il était essoufflé et se trouvait à présent en face de moi. Sa voix mielleuse et cassée par sa course me demanda :

« - Que se passe t-il mon Maître ? »

Je tournai un regard courroucé vers l'impudent, cet abruti faisait mal son travail si il y'avait une personne autre que moi ici ! Serrant les dents je pointai un doigt vers lui :

« - Pauvre imbécile qui était cette personne ?!

- Mais de quoi parlez vous mon Maître ? répondit-il hésitant.

- Rarghg ! »

Il écarquilla les yeux, mais il était trop tard pour lui. Mes ongles noirs s'allongèrent, encore et encore, de façon surnaturelle. Ils filèrent à toute vitesse vers sa gorge exposée, il hoqueta de terreur lorsque les appendices tranchants déchiquetèrent sa chair. Du sang gicla et coula, la carotide tranchée pissait un jet abondant. Il n'arriva même pas à crier tant la douleur était forte. Il tenta lamentablement de s'attrapa la gorge pour stopper l'hémorragie, mais il était déjà mort, il était trop vieux de toute manière... Il s'écroula en crachant un peu de fluide par terre, le sang sombre forma une large tache sur le sol de marbre noir.

« - Incapable. »

Un nuage de fumée se forma derrière moi, je me retournai pour me retrouver face à Kryviska, la succube. Elle jeta un regard intrigué au cadavre du bibliothécaire, puis haussa les épaules. Croisant ses bras sur sa belle poitrine elle déclara de sa voix envoûtante :

« - Maître Korn, on vient de retrouver vingt-trois cadavres de gardes dans la Zone des Coffres. Ils ont étaient trop bien découpés pour que cela soit fait par des prisonniers ou d'autres sous-démons... Aussi étrange que cela puisse paraître cela ressemble tout à fait au travail d'anges... Ou alors à quelqu'un qui chercherait à les imiter... »

Je pris mon menton entre deux de mes doigts griffus, résumant la situation dans ma tête. Cela n'avait plus rien de normal, cela faisait trop de mort en trop peu de temps. Ajoutez à cela la disparition de clés et cette étrange ombre... Il y'avait quelque chose qui se tramait.

« - Mettez tout le monde en alerte, quelque chose ne va pas ! Et il faut trouver quoi ! Je veux que toi et le gros Dagoar alliez ratisser le sous-sol, puisque c'est de là que la qu'est parti le « mystère ». Je vais ordonner au vieux taré de Stendark de rejoindre Lucius dans son enquête.

- Bien Maître Korn. »

Hochant la tête elle leva la main et disparu dans une volute de brume magique. Cette affaire m'intriguait... Mais j'allai rapidement la régler, il ne s'agissait pas de ces maudits anges, cela ne pouvait être que de faibles mortels. Je ne sais pas comment ils s'étaient évadés mais bientôt cela ne sera plus qu'une question de rhétorique.
Cela faisait à présent trois jours que nous étions infiltrés dans la prison d'Orthrys, reconnaissant les lieux. Le plan d'Uriel, mon frère, avait fonctionné, du moins pour l'instant. Nous avions traversés un portail inter-planaire et nous nous étions retrouvés dans l'immense désert de sable entourant la prison. Mon frère m'avait ensuite demandé d'invoquer un sortilège d'invisibilité sur chacun d'entre nous, j'ai liée les arcannes de telle manière que nous étions parfaitement indétectables. Je me suis rappelée qu'à mon arrivée au Cinquième Cercle, le Maître Archange Alderius m'avait apprit une fonctionnalité intéressante de la magie, une façon de l'appréhender qui faisait qu'elle était devenue partie intégrante de mon être. Dans un coin de ma tête je gardais ce sortilège d'invisibilité au fil des jours, gardant ainsi mes frères à l'abri...

Nous nous étions séparé en trois groupes pour couvrir une meilleure distance dans la prison. J'étais avec mon frère, Gabro lui était parti tous seul et les deux jumeaux Fangorn et Algorn avait formés le dernier commando. Les deux premiers jours tous s'était parfaitement bien déroulé, petit à petit nous tuions les gardes de la prison, les supérieurs croyaient à une querelle intestine, bien trop sûr d'eux. La Grâce Suprême guidait notre bras et nous donnait la force.

Le troisième jour mon frère avait décidé de faire un gros coup avec moi, frapper une vingtaine de garde, pour accélérer le travail. Invisibles, je m'étais approchée d'eux, Uriel venant de la direction opposée, pour prendre le groupe en tenaille. Ils étaient éparpillés dans une grande salle, ou d'énormes coffres de pierre noire sortaient des murs de plusieurs mètres de haut. Les serrures étaient inexistantes, de la magie devait être à l'oeuvre dans leurs conceptions. L'endroit était assez mal éclairé, il y'avait juste quelques torches, cela nous donnait l'avantage.

Je m'étais placée en plein milieu, j'avais un sortilège spécifique en tête. Mon frère gardait contact avec moi grâce à la télépathie, sa voix paraissait ne pas avoir d'émotion avec ce moyen de communication.

« - Je suis en place, tu peux y'aller Stella. »

Je levai mes deux mains en l'air, incantant à voix basse, je murmurais le sort. Malgré tout je sentis les démons s'agiter, ils se doutaient que quelque chose se passait malgré mon invisibilité. La magie déferla en moi comme une vague, c'était une sensation grisante. Elle coulait dans mes veines, pour venir irriguer mon esprit. Mes yeux s'ouvrirent, les infernaux avaient sortis leurs armes, mais ils n'entendaient que ma voix pour l'instant. Je sentis comme un puissant reflux dans mon corps, la puissante du sort filait au bout de mes doigts tendus vers le haut. Un halo bleu roi m'entoura, et, une seconde plus tard la salle subit une véritable apocalypse. Des éclairs surgirent de mon corps, fusant dans toutes les directions. Les démons touchés étaient tués sur le coup, un trou béant et fumant à l'endroit de la blessure. Une horrible odeur de chair calcinée emplit rapidement la pièce, c'était à vomir. Les monstres fondaient à moitié, d'autres s'enflammaient en poussant des hurlements, et quelques uns même, explosaient en morceaux sous l'impact, leur chair brûlée giclait dans les airs, le sang impur des démons vint m'éclabousser le visage, quelques bouts de cervelle s'y perdirent aussi.

Même sans le voir je savais que mon frère était lui aussi entré en action, car des infidèles tombaient tous seul, leur tête volant dans les airs, leurs membres sanglants roulant sur le sol. Ils hurlaient de colère et de peur, mais Uriel faisait toujours plus de victime dans une danse mortelle et invisible. Ils s'écroulaient, fauchés l'acier affamé de l'Archange. Bientôt le dallage de pierre fut recouvert de sang et d'organes, si bien qu'il en devint glissant. Du coin de l'oeil j'aperçu un démon s'enfuir, il voulait sûrement donner l'alarme. Il n'en n'aura pas le loisir... Dessinant une arabesque rapide de ma main droite, je prononçais un mot de pouvoir unique et une flèche de glace fila en direction de la pauvre âme. Elle se planta entre ses deux omoplates, sa pointe dépassant de l'autre côté au milieu de sa cage thoracique. Je le vis saisir son torse, sa peau rougeâtre bleuissait à vue d'oeil, il ne saigna même pas car ses veines étaient déjà gelées... Il essaya de crier mais il n'était plus qu'une statue de glace, qui éclata en mille morceaux, il ne resta de lui qu'une flaque d'eau.

Uriel venait d'achever le dernier, le crâne du monstre avait éclaté en recevant un coup d'épée puissant. Les bouts d'os et de cervelle giclèrent dans les airs alors que le cadavre tombait mollement sur le sol en un bruit mat. Il ne valait mieux pas rester ici, ce vacarme n'allait pas tarder à attirer du monde, notre invisibilité ne nous rendait pas invincible, en tout cas pas face à un Archidiable. Au bout de l'un des trois couloirs d'accès j'entendais déjà des bruits de course précipitée. Il n'y avait qu'une seule personne visiblement... Mais il fallait partir.

« - Mon frère, retournons un niveau plus bas, ils sont beaucoup moins fréquentés, nous aurons moins de chance d'y être repéré après ce massacre.

Il me répondit mentalement :

- Oui tu as raison, hâtons nous ! »

Nous prîmes la direction opposée au démon qui arrivait. Je jetais un coup d'oeil par-dessus mon épaule, il était presque déjà là. Grand, il portait un long manteau sombre, qui cachait tous ses mouvements. Son visage était encore plus intimidant que celui des autres infernaux, cela ne devait pas êtres un sans grade car il avait de longues cornes, c'était peut-être même un Archidiable ! D'un ton un peu inquiet je lançai télépathiquement à mon frère :

« - Uriel, tu as vu qui nous poursuit ? Il ne faut vraiment pas traîner.

- Oui, mais nous sommes invisibles, il n'arrivera pas à nous rattraper... »

Mais la cela ne semblait pas être l'exacte vérité, j'avais le mauvais pressentiment que ce diable pouvait nous voir. Il s'arrêta au milieu de la salle, jetant un regard chargé de mépris aux cadavres. Puis il regarda clairement dans notre direction, j'accélérai alors ma course, mon frère suivit le rythme, nous étions presque au bout du couloir. Il incanta alors à une vitesse effrayante, ses mains dessinant des arabesques rouges sombres. A peine quelques secondes plus tard et je sentis comme quelque chose qui tentait de m'attraper, mais ce n'était pas physique, c'était magique. Il s'insinuait dans ma tête, il tentait de briser ma toile magique, celle qui maintenant l'invisibilité ! Prise par surprise je mis trop de temps à réagir. Comment avait-il fait pour nous voir ? Même un Archidiable n'avait pas ce pouvoir ! En tout les cas il n'avait pas eut de difficultés à briser mon enchantement, comme si je n'avais été qu'une simple étudiante ! Mon frère capta mon désarroi, et sentit mon sortilège se dissiper, il me jeta un regard surprit.

« - Il faut partir vite ! Je ne sais pas qui est ce démon mais il est très puissant ! criai-je cette fois-ci à voix haute. »

Uriel ne répondit pas mais bifurqua sur la droite, sortant ainsi du champ de vision du poursuivant. Je le suivis, mais intérieurement je m'en voulais, car Gabro était parti en reconnaissance dans les niveaux supérieurs, le sortilège d'invisibilité dissipé il prenait de gros risques. Nous étions découverts de toute manière, alors je déployai mes ailes. Majestueusement blanches elles scintillèrent dans l'obscurité, les couloirs étaient suffisamment larges pour me permettre de me propulser. A la vitesse où nous allions le diable n'avait que peu de chance de nous rattraper... Mais au bout du passage une dizaine de gardes s'étaient mis en position, une rangée de lances acérées nous faisait face. Mon frère avait son épée en main, « Feu Céleste », des flammes blanches parcoururent le fil de la lame lorsqu'il l'a leva pour briser les pointes d'acier. Il se mit légèrement de profil pour arriver épaule en avant et rentrer dans le tas, la vitesse qu'il avait prit rendit la charge dévastatrice. Les démons plièrent face à cette arrivée fracassante. Je succédais Uriel dans la brèche, incantant un mur de flamme dans mon dos pour empêcher toute nouvelle poursuite. Le feu purificateur s'éleva depuis les jointures du sol, formant un rideau impénétrable. Il crépita lorsqu'un infernal tenta tout de même de le franchir, à par des cris de souffrance rien ne passa.

Il fallut quelque minute pour rejoindre les niveaux inférieurs, ici il y'avait peu de garde, car nous en avions déjà beaucoup tués. Nous rejoignîmes l'endroit que les démons appelaient la « Salle d'Equarrissage ». En fait c'était ici qu'ils saignaient les prisonniers pour les réserves de nourriture... C'était immonde, cela puait la mort et la chair en décomposition. Il y'avait des cadavres d'humains pendus à des crochets un peu partout, et même les corps des démons que nous avions tués la veille. Mon frère souffla, relevant la tête il me demanda de sa voix si douce :

« - Que s'est-il passé Stella ? Pourquoi...

Je lui coupai la parole, embarrassée :

- Je ne sais pas... Il a brisé mon enchantement en moins de temps qu'il ne faut pour le dire... Je n'ais jamais vu ça ! Que vont faire nos frères ? Ils se sont peut-être fait capturés !

- Non sinon ils me l'auraient dit télépathiquement, répondit-il d'un ton apaisant, d'ailleurs je vais leur demander ou en est la situation. »

J'hochai la tête et le regardai faire en silence. Il ferma les yeux et se concentra. Quelques secondes plus tard il revint à la réalité, un sourire éclairait son visage.

« - Les jumeaux n'ont pas eut de problèmes et Gabro à réussit à s'échapper du niveau supérieur, même si il a faillit ce faire attraper par un Archidiable...

- Par la Grâce Suprême ! hoquetai-je.

- Ne culpabilise pas comme ça, ce n'est pas de ta faute, il y'a des êtres extrêmement puissants ici, mais ensemble nous réussiront. »

Je baissai la tête, j'avais été trop confiante, voilà pourquoi je m'étais laissée avoir. Une belle leçon d'humilité ! Prenant mon visage entre mes mains je soupirai de soulagement, il y'avait eut plus de peur que de mal heureusement. Qu'allions nous faire à présent ? Les supérieurs de la prison n'allaient pas tarder à être au courant que des anges traînaient sur leurs plates bandes...

« - Uriel, nous continuons ?

Il sembla réfléchir un instant, puis acquiesça :

- Nous ne pouvons pas faire autrement de toute manière. »

Le plan était de tuer tout les démon de rangs inférieurs de la prison, pour isoler les autres et semer la confusion la plus totale. Le travail avait plutôt bien fonctionné pour l'instant, mit à part cet incident. Il n'y avait qu'à ratisser le reste du complexe. Mais nous n'avions toujours pas trouvés ou était détenu les héros de Sanctuary, sûrement dans les niveaux supérieurs, bien à l'abri. Mon frère me sortit de ma réflexion, m'interpellant à voix basse :

« - Tu as entendu ? J'ai l'impression qu'une patrouille approche... »

Je tendis l'oreille et en effet des bottes claquaient sur le sol de pierre. Nous partîmes dans deux directions opposées, à travers les cadavres pendus. Je parcourus quelques mètres, puis j'incantai en silence, juste avec mes mains. Subitement un étrange manteau m'enveloppa, me rendant similaire aux briques rougeâtres des murs, c'était un sort de caméléon. M'envolant avec mes ailes, je montai au niveau du plafond, très haut, à plus de sept mètres. Ici j'avais une vue d'ensemble sur la salle. Je voyais même mon frère courir en direction du coin nord est. Mon regard fut attiré par l'entrée ouest, la pièce étant carrée, construite à la manière d'un carrefour, il y'avait quatre passages possibles. Je plissai les yeux, une quarantaine de gardes déboulaient ! Ils devaient savoir que nous étions ici ! C'était beaucoup, et cette fois-ci nous n'avions pas d'invisibilité pour nous faciliter la tâche...

Je me déplaçai le long du plafond, presque impossible de me voir, je n'étais qu'une ombre. Les démons passèrent sous moi, mais ils allaient fouiller de fond en comble l'endroit, et finiraient par tomber sur mon frère. J'attendis qu'ils soient passés pour les prendre à revers. Je descendis lentement en direction du sol, tout incantant. Ma voix mélodieuse enchaînait les mots de pouvoirs, quelques infernaux tournèrent la tête, avertissant les autres en désignant ma silhouette floue, cette fois-ci ils m'avaient repérés. En armure noire, lames sombres en main, ils fondirent vers moi, piaillant et criant des imprécations et des insultes. Mais visiblement ils avaient apprit comment leurs petits camarades s'étaient fait tués à l'étage, car cette fois-ci ils avancèrent en formation dispersée, et non pas en rang compacts.

Le magie reflua une nouvelle fois en moi.

Le silence se fit et l'air crépita d'énergie, une énorme boule de flamme se formait rapidement entre mes mains, parallèles l'une à l'autre. Je pris de la hauteur avec mes ailes, pour avoir un meilleur angle d'attaque. Terminant mon incantation je fis un tour complet sur moi-même, prenant de l'amplitude, puis je propulsai l'orbe dévastateur en criant de colère. Il fila droit vers mes assaillants, qui ne freinèrent pas. Le globe de couleur magma percuta le sol avec violence, explosant en milles morceaux de lave incandescente, chaque bout qui touchait un démon lui infligeait de terribles brûlures. L'onde de choc elle-même suffit à renverser une parti des infernaux... Mais les montres touchés de plein fouet étaient peu nombreux, ils s'en sortaient plutôt bien, bientôt les cris de douleur se transformèrent en hurlement de rage et de vengeance. Levant ma main droite je levai un bouclier de force qui stoppa net une volée de carreaux d'arbalète venant sur mon flanc, il fallait que je contre-attaque.

Mon frère arrive soudainement derrière eux, « Feu céleste » en main. Une tête de démon roula sur le sol, alors que le tronc inanimé de son propriétaire s'écroulait en un geyser de sang. Il pointa sa lame en avant, avec un air de défi.

« - Touchez à ma soeur et vous allez plus me craindre que vos propre maîtres ! »

Ils lui jetèrent des regards noirs et menaçants. L'un d'eux bondit promptement sur Uriel, sa lame noire visant son abdomen exposé. Mais l'Archange, vif comme l'éclair, recula d'un pas un dévia l'assaut comme si c'était enfantin. En réponse son poing libre vola et fracassa la mâchoire du monstre emporté par son élan. Les os de sa nuque craquèrent et il s'effondra, mort. A cet instant là les autres infernaux hurlèrent un son aigu, et se jetèrent tous dans la mêlée. Les tympans vrillés mon frère fut déstabilisé dans les premiers instants du combat, et il récolta deux estafilades au torse.

Enervée, je profitai de ce chaos pour invoquer une nouvelle fois la Grâce Suprême. Dans ma tête l'idée d'un sort de chaîne d'éclair s'imposa. Le construct et les incantations à suivre me revinrent en mémoire, mes yeux se fermèrent et je commençai à dessiner les premières arabesques bleus claires du sortilège. Le bout de mes doigts ordonna un dessin complexe qui se formait face à moi. Le schéma scintilla, puis il se brisa en morceaux, l'énergie magique accumulée fila dans mes bras, renvoyant une sensation de plaisir agréable à mon esprit. Une série d'éclairs d'énergie pure fusèrent vers leur première cible, un démon qui s'apprêtait simplement à me décapiter ! Il fut brûlé si gravement qu'il ne reste de lui d'un tas d'ossements noircit, ses piaillements de douleur retentissaient encore dans mes oreilles comme une horrible mélodie.

La chaîne d'éclairs continua sa course, frappant, électrocutant et cramant ses pauvres victimes. Les démons à la chair boursouflée et suppurante s'écroulèrent les uns après les autres. Il n'eut pas moins d'une dizaine de morts...

Le combat de mon frère semblait s'éterniser, mais il gardait toujours l'avantage. D'un revers, il trancha les deux bras d'un infernal un peu trop intrépide, l'affreux tituba en geignant, un estoc vint l'achever promptement. Une marre de sang et de cadavres se forma rapidement aux pieds d'Uriel, qui ne semblait pas connaître la fatigue. Je m'apprêtai à incanter de nouveau lorsque quelque chose de très froid traversa mon corps de part en part. J'hoquetai d'étonnement et douleur, du sang se mit à perler à la commissure de mes lèvres.

Mon frère me jeta un regard horrifié, il voyait quelque chose que je ne pouvais voir. Il hurla de rage et désespoir, renversant les démons qui essayaient de le bloquer à grand coup de taille. Je regardai ma poitrine, la pointe d'une épée ensanglantée en dépassait. Elle se retira et je tombai à plat ventre sur le sol glacial. Une botte noire se posa juste à côté de mon visage, je remontai le long de cette jambe, pour apercevoir le visage du démon qui nous avait poursuivit tout à l'heure. Je pensai ma dernière heure venue, j'avais échouée. Mais Uriel avait soudainement bondit hors de la mêlée qui l'accaparait, les démon fuyaient un peu dans toute les directions.

« - Engeance maudite tu n'aurais pas dû faire ça ! »

Le diable se contenta de ricaner d'un air supérieur. Sa longue lame noire était finement ciselée, la garde était décorée d'un infernal hurlant avec une gemme rouge dans sa bouche. Hérissée de pointes et de crans, l'arme avait un aspect réellement terrifiant. Mon frère se lança à l'assaut, empêchant le monstre de me couper la tête. Ils allaient tellement vite que je n'arrivai même pas à suivre ! La douleur qui serrait ma poitrine n'améliorait pas les choses. J'eux un haut le coeur, et je vomis une bile amère mêlée à du sang, des larmes de souffrance virent couler le long de mes joues. L'épée du diable devait être enduite d'un poison pour me brouiller à ce point là. Je me sentais fiévreuse et transit, il m'était impossible de bouger, je ne pouvais même pas lancer un sort pour tenter de me soigner. Je baignai dans mon propre fluide vital. Mes yeux voulaient se fermer pour m'abandonner à l'au-delà. Un ange peut mourir oui. Ma tête se posa contre les dalles de pierre, ma respiration saccadée se bloqua, j'étais tombée.
Lucius fait ci, Lucius fait ça... Je commençais à en avoir plein le dos de cet imbécile de Korn ! Si il savait qui j'étais il aurait déjà mit en veilleuse. Il se méfie de moi et veut me mener la vie dure, mais au final c'est moi qui aurais le dernier mot. Cette mission me permettrait, si tous se passait bien, d'atteindre enfin le rang convoité d'Archidiable. Diablo en personne m'avait envoyé ici, me demandant de surveiller Korn, et faire un rapport sur les évènements, voir si tous se passait bien. En fait j'étais Inquisiteur supérieur de la Chambre des Douleurs. C'était un titre qui sonnait bien, mais j'adorerai le rallonger encore... C'était simple : Si cet arrogant de Joraëll faisait une seule erreur je lui tomberai dessus, et je n'aurais plus qu'à faire un rapport incendiaire pour prendre sa place.

Malheureusement pour l'instant il n'avait pas fait de bêtise, mais aux vues des derniers évènements cela n'allait sûrement pas tarder... Enfin pour l'instant je devais me plier à ses ordres, il avait toujours un rang supérieur à moi. C'était en pestant que je menais mon enquête. Quoique il n'y avait rien sur quoi enquêter à part des bouts de cadavres déchiquetés. Ce qui était sûr c'est que cela ne pouvait pas être des prisonniers qui avaient fait ça, comme semblait vouloir le penser Korn, car certains corps étaient calcinés par une magie si puissante qu'elle ne pouvait être d'origine mortelle... Seuls les héros de Sanctuary auraient pu êtres les auteurs de telles prouesses, mais ils étaient toujours au frais, c'était une certitude.

Je déambulai dans les couloirs, ne sachant trop quoi penser. Tout semblait converger vers l'action d'immortels, les anges n'avaient pas connaissance de la position d'Orthrys, alors cela ne pouvait être qu'un traître. Mais quel genre de démon pouvait agir contre les intérêts de la Terreur ? A moins que cela ne soit juste pour déstabiliser la domination de Korn. Dans tout les cas il ne pouvait s'agir que d'un être puissant pour disposer aussi facilement d'autant de gardes... Et puis il y'avait ce vol de clé, cela n'avait aucun sens ! Si il s'agissait d'un démon haut placé dans la hiérarchie, i l avait accès à tout alors pourquoi s'embêter ? J'avais l'étrange et intime conviction que ce chaos venait de l'extérieur.

J'étais au rez-de-chaussée lorsque j'entendis des cris de douleur et mêlés aux fracas de ce qui semblait être une véritable bataille. Cela provenait de la Salle des Coffres, je me doutai déjà que les réponses à mes questions se trouvaient là bas. Je m'élançai dans le couloir, mon manteau claquant derrière moi. Plus je m'approchai du lieu dit de l'affrontement plus les clameurs diminuaient, j'allai arriver trop tard ! Serrant les dents j'accélérai encore le pas. En face de moi le passage débouchait sur un champ de cadavres sanguinolents. Une odeur âcre de chair brûlée flottait encore dans la pièce, c'était tout frais. Je n'eu pas à chercher longtemps les auteurs du carnage...

J'avoue avoir été surpris car je ne m'attendais pas vraiment à les voir là, si bien que je m'arrêtai en plein milieu de la salle. Que devais-je faire ? Je ne pouvais pas les laisser partir, deux anges. Deux anges ici, mais comment avaient-ils fait ? Pas étonnant que personne ne les ait vu, ils utilisaient un sortilège d'invisibilité bien conçu. Mais ils n'avaient pas comptés sur le fait qu'un Inquisiteur comme moi disposait de quelques ressources, comme une amulette de révélation fort pratique... Je voyais « clair » dans leur jeu, et ça ils ne s'en doutaient pas.

Repoussant les pans de mon long manteau noir, je commençai à invoquer un sort pour briser leur enchantement, ma spécialité. J'avais tellement l'habitude de réaliser cette arcanne qu'il ne me fallut que quelques secondes pour parvenir à mes fins... La créatrice du sort était assez douée, sa toile était parfaite, mais elle n'eut pas le temps de me bloquer, j'étais bien trop rapide. Je brisai son construct à la force de ma volonté, le sortilège vola en éclat. Souriant je dégainai ma lame, que je surnommais « Dévoreuse », et me lançai à leur poursuite.

Je commençai à gagner du terrain lorsqu'il tournèrent à droite, je ne l'ais avais plus en vue ! Le temps que j'arrive au bout du couloir il n'y avait plus personne. Je serrai la garde de mon arme de frustration. Ce passage menait aux niveaux inférieurs, et comme les patrouilles étaient beaucoup moins nombreuses en bas, il y'avait de bonne chance pour qu'ils y soient. Néanmoins je n'étais pas sûr de pouvoir me débarrasser de deux anges en même temps, surtout que je n'avais pas d'idée exacte de leur puissance...

Normalement il y'avait un poste de garde à la prochaine intersection à gauche, les larbins feraient une parfaite diversion. Ne perdant pas une seconde de plus je me dirigeai vers la caserne en question et en effet il y'avait un peu moins d'une cinquantaine de soldat. Je leur fis signe et leur expliquai la situation, m'assurant que ces crétins avaient bien imprimés mes paroles. Je leur ordonnai de passer devant, histoire que si ils tombaient sur les anges ils les occuperaient suffisamment longtemps pour que je puisse faire une arrivée surprise. Les inférieurs dévalèrent les escaliers, je les suivais à quelques mètres de distance, restant dans les ombres.

D'abord ils ratissèrent la réserve et l'entrepôt, cela prit plusieurs minutes pour rien, je commençai à m'impatienter. La troupe prit ensuite la direction de la salle d'Equarrissage, je ne savais pas pourquoi mais je sentais que l'ennemi n'était plus très loin. C'était pratique, une fois que je les aurais tués je n'aurai plus qu'à les pendre avec les autres cadavres, la viande d'ange avait un goût merveilleux. Les infernaux déboulèrent en faisant tellement de bruit qu'un sourd les auraient entendus, mais c'était d'autant mieux car si ange il y'avait ils ne prêteraient attention qu'à eux.

J'invoquai un manteau d'ombre, la magie noire était si pratique. Les syllabes agressives de l'incantation défilèrent, les ténèbres se mirent à tourbillonner autour de moi. Je levai mais mains en l'air, mes doigts laissant une traînée sombre à chaque mouvement. Je sentais la puissance du Ténébreux entrer en moi, je pouvais la modeler d'une simple pensée, quelle sensation de supériorité agréable ! J'entendais déjà les piaillements des démons, les anges étaient bien là, mais cela ne perturba pas, au contraire, cela me rendit encore plus calme et prudent. Les ombres s'enroulèrent autour de moi, fines comme de la soie mais aussi solides que de la pierre, elles formèrent une cuirasse légère et impénétrable.

J'entrai à mon tour dans la salle, avançant à grande enjambée, « Dévoreuse » en main. Une ange me tournai le dos à une dizaine de mètres de là, elle venait de terminer l'incantation d'un sort d'éclair dévastateur, c'était du beau travail mais il était vain car les deux imbéciles étaient tombés en plein dans le piège. Les démons couinaient, dépassés par les évènements, l'odeur plaisante de la mort planait par ici. Je fis tournoyer mon épée, j'étais presque au contact.

Ma lame noire fila en estoc précis et rapide, mon acier avait faim. La chair claire et pure de l'ange se déchira comme un vulgaire bout de papier en un bruit de succion, du sang coula le long du dos meurtri de l'être divin, ses ailes se crispèrent sous la douleur. Je tournai mon épée dans son corps, pour aggraver encore la blessure, ma victime ne pouvait rien faire d'autre que souffrir. Son camarade hurla de rage, et redoubla d'ardeur face aux démons mineurs qu'il balayait avec une facilité déconcertante, mais il était déjà trop tard. Je posai ma main sur le dos de l'ange, la poussant en avant. Elle glissa le long de ma lame avant de s'écrouler par terre dans une mare de sang. Une de moins.

L'autre prit son épée à deux mains, une flamme blanche la parcourait, sûrement de la magie divine. Son regard était à la fois triste et haineux, le feu de la vengeance brillait dans ses yeux. Je n'avais plus qu'à finir le travail. Je m'apprêtai à trancher la tête de sa compagne lorsqu'il se jeta sur moi, sa lame filant à toute vitesse, d'un revers je cassai l'attaque avant qu'elle ne m'atteigne. Bien tenté...

Ma contre attaque ne se fis pas attendre, un coup de bas en haut puis un coup de haut en bas, qui brisa avec violence la garde de mon adversaire, il avait visiblement un peu sur estimé sa force tant il était enragé. Il recula pour ne pas perdre l'équilibre, j'enchaînai en décrivant un arc de cercle de mon épée, qui faillit l'éventrer, mais il para de justesse en un fracas métallique. Je profitai de sa position instable pour lui envoyer un coup de poing en plein visage, je sentis l'arrête de son nez craquer sous l'impact, l'ange tituba, la figure en sang. Le combat paraissait presque trop facile... Il s'essuya d'un revers de manche, il était crispé, il sentait qu'il était en difficulté.

« - Chien tu vas mourir ! cracha t-il »

Je ne sais pas pourquoi mais j'avais du mal à le croire. J'avançai d'un pas, mon épée partie derrière mon épaule pour revenir encore plus vite au niveau de la tempe de mon adversaire. Mais celui la bloqua avec une vivacité qui me prit un peu de court. Grognant il repoussa mon acier d'une violente pression, il en profita pour me rentrer dedans d'un coup d'épaule, me faisant trébucher en arrière. Je le repoussai avec mon pommeau, en plein dans le torse. Il luttait avec l'énergie du désespoir !

Il fit quelques pas en arrière, pour prendre un peu de distance. Son visage était fermé et concentré, que mijotait-il ? Il ne valait mieux pas que je le laisse tranquille comme ça ! Je pris mon arme des deux mains, puis je pris de l'élan et bondis sur l'ange, mon épée se leva au dessus de ma tête pour retomber à toute vitesse en direction du crâne de ma future victime. Mais alors que le fil de ma lame allait lui fendre la tête il bougea à une vitesse hallucinante sur le côté, criant de toute ses forces un « Par la Grâce Suprême » provocant. Alors que mes pieds touchaient le sol son épée venait de fracasser mon flanc, malheureusement pour lui ma cuirasse d'ombre encaissa le coup, à sa grande surprise. Avec un sourire mauvais j'allai riposter quand il se déplaça de nouveau à une vitesse telle que je ne pu même pas le suivre, comment faisait-il ça ? Une violente frappe m'atteignit en plein dans le dos, me projetant contre le sol, ma tête cogna durement la pierre. J'avais un goût de sang dans la bouche, à ce rythme là ce foutu bâtard n'allait pas tarder à me tuer !

Je roulai sur le dos pour esquiver son épée, qui fracassa la dalle de pierre ou je me trouvais la seconde d'avant. D'un bond je me remis sur pieds, mais mon adversaire me surpassait visiblement, je n'avais que peu de chance de triompher ! Il fondit sur moi, je me jetai sur le côté pour esquiver l'attaque, à moitié... Sa lame me frôla le visage, une profonde douleur traversa mon crâne, une de mes cornes roula par terre. J'hurlai, de colère et de souffrance, une affliction terrible me fit tituber...

« - RhaAAArrgH ! ENFOIRE ! Tu me le PAYERAS ! »

Il voulu frapper de nouveau, mais cette fois-ci la haine me donna l'initiative. Je prononçai un mot de pouvoir unique, le Mot Sombre de la Douleur. Je tendis mon épée vers l'Archange, une décharge d'énergie magique parcourue l'arme, elle ne pouvait pas être esquivée.

« - Quark'h'asth ! »

Le « lumineux » se plia en deux sous l'impact invisible. Je savais que les effets du sort donnaient l'impression d'avoir avalé de l'acide, même avec toute sa puissance mon adversaire était tétanisé. J'en profitai pour lui assener un coup de poing terrible à la tempe, il vola en arrière, allant s'écraser violement sur le sol, sa nuque formait un angle bizarre, mais je savais qu'il n'était pas mort, un immortel comme lui savait encaisser. Sa tête se tourna à 180° pour se remettre en place, je profitai du fait qu'il soit étourdit pour m'enfuir. En courant j'incantai un autre sort, de hâte. Je me doutai que l'ange préférerait en priorité essayer de sauver sa camarade, mais on n'était jamais trop prudent.

Terminer le sortilège fut difficile, une douleur atroce pulsait dans mon crâne, je passai une main là où devrait se tenir ma corne droite. Je maudissais mille fois ce fumier de m'avoir infligé une pareille humiliation !

*Par tous les enfers je jure que j'irai moi-même lui arracher la tête !*

Serrant les dents je ne ralentis pas ma course avant d'avoir atteint les niveaux supérieurs, montant les escaliers à toute vitesse, franchissant les couloirs en une fraction de seconde, tel une ombre, je n'étais qu'un courant d'air. Plus j'avançai plus la décoration était riche, normal puisque j'arrivai aux quartiers des gradés. Je me dirigeai vers le bureau de Korn, autant aller directement au « Maître » des lieux. Mais un nuage de fumée se forma en plein milieu de ma route, je cru tout d'abord à une nouvelle agression, serrant la garde de mon épée je m'apprêtai à frapper, ayant un avantage indéniable avec ma vitesse.

Je dû ralentir subitement pour ne pas percuter de plein fouet Kryviska...

La succube resta de marbre, alors que je manquai de lui rentrer dedans, quoique elle devait avoir l'habitude de ce genre de chose... Fronçant les sourcils j'allai parler, mais elle me prit de court en déclarant de sa voix suave :

« - Lucius il y'a eut vingt morts à la salle de Coffres et-... mais que t'es t-il arrivé ? »

Agacé, je passai de nouveau une main au niveau de ma corne droite, mais je ne rencontrai qu'un moignon. Un rictus de mécontentement aux lèvres je rétorquai d'un ton amer :

« - Je sais pour les morts, tu peux en rajouter quarante de plus. Des anges se sont infiltrés dans le complexe... »

Elle me fixa, éberluée par la nouvelle, la succube semblait avoir beaucoup de mal à me croire. Kryviska plissa ses yeux, ses ailes aux membranes noires battirent les airs lentement, elle restait pensive. Finalement elle soupira et me demanda :

« - C'est pas possible ! Comment ils sont arrivés là ceux là ! Il faut prévenir Korn.

- C'est ce que j'allai faire, répondis-je simplement. »

_______________


Elle me laissa passer et s'engagea à ma suite, je n'aimais pas l'avoir de dos mais l'heure n'était pas à ce genre de broutilles, si l'on ne réagissait pas suffisamment vite les anges allaient encore prendre du terrain, et ça il n'en était pas question. La diablesse me questionna de nouveau sur ma corne perdue, ce qui m'énerva de plus belle, je l'avais déjà assez mauvaise comme ça ce n'était pas la peine d'en rajouter !

« - Occupe toi de ce qui te regarde ! »

Le bureau de Korn était devant nous, sans frapper j'entrai en premier. La porte claqua contre le mur lorsque je mis un pied dans la pièce. Mais mon ardeur s'éteignit rapidement face au regard meurtrier et noir que me lançai Joraël, assit à son bureau. Visiblement il avait déjà eut vent des évènements... Il se redressa de toute se stature, ses yeux roulèrent d'agacement.

« - Lucius, presque toute la garnison est morte, dis moi que tu as avancé dans ton enquête ? Car je suis de fort méchante humeur.»

Alors ça c'était trop, les anges avaient déjà massacrés autant d'inférieurs ? Impossible ! A moins qu'ils ne soient pas que deux... Oui il devait en avoir un commando entier, par la Malpeste ! Joignant mais deux mains d'un air qui se voulait apaisant je répondis le plus calmement possible :

« - Seigneur, ce sont les anges que sont derrière ça, je me suis battu contre deux d'entre eux, ils ne sont pas de moindre puissance...

Korn me fixa avec des yeux furibonds, il bondit, renversant sa chaise par terre et me cria presque :

- QUOI ?! Des anges ici ?! J'avais ce sale pressentiment, mais apparemment ce n'était pas qu'une impression... Je ne sais pas combien ils sont mais nous sommes dans la merde ! Le dernier rapport fait était du fait que le portail inter-planaire a était saboté, nous ne pouvons pas espérer des renforts pour tout de suite ! »

Kryviska s'avança à mon niveau, soutenant le regard de son maître avec une volonté surprenante pour une telle créature. Sa voix toujours aussi agréable calme un peu le jeu :

« - Ne perdons pas notre sang froid. Ils ne peuvent pas êtres des centaines non plus, nous finirons bien par les attraper. Avertissons nos officiers qu'ils organisent le reste des larbins et-...

- Les officiers sont morts aussi, coupa froidement Korn.

J'intervins d'une voix enflammée :

- Bah les larves ! Nous ferons sans eux ! Divisons nous et ratissons le complexe !

Korn sembla jauger la question avant de décider finalement :

- Oui cela me semble le mieux. Vous deux vous allez tuer tous ce que vous trouverez, moi je vais à la salle du portail, je vais le rétablir avec ma magie. »

Ce une bonne idée, mais allait falloir se montrer très prudent. La prison allait devenir un terrain de chasse, le tout était de ne pas en devenir la proie, de ce côté là nous avions l'avantage indéniable de connaître parfaitement le terrain. Montrant ma corne manquante du pouce j'ajoutai :

« - J'en ai tué un, mais celui qui l'accompagnai était très puissant, probablement un Archange de haut rang. »

Korn ne répondit pas mais sont petit sourire en coin fut encore plus énervant et provocant. Il nous fit signe de sortir, ce que nous fîmes sans tarder. Une fois dans le couloir, Kryviska parti à gauche et moi à droite. J'avais soif de revanche, les anges ne m'auraient pas deux fois de la sorte, l'autre allait y passer aussi. Des idées de sortilèges cruels naissaient déjà dans mon esprit, parce que je comptais bien faire souffrir mon adversaire avant de le tuer... Œil pour oeil...
Je l'avais porté sur mes épaules pendant plusieurs minutes, pour moi elle était légère comme une plume. Je sentais son sang dégouliner le long de mon dos, c'était une sensation horrible, ma petite soeur, Stella, était en train de mourir. Je quittai la Salle d'Equarrissage en quatrième vitesse, traversant les couloirs sombres du complexe en faisant le moins de bruit possible. Finalement je m'arrêtai dans l'entrepôt non loin de là, ou il n'y avait plus personne depuis longtemps, ses gardes avaient été les premiers éliminés. C'était calme, presque trop calme. Mais peu importait pour l'instant. J'écartai des caisses du pied pour faire un peu de place par terre, puis délicatement je posai le corps meurtri de ma soeur au sol.

Un terrible hémorragie ravageait son corps, si cela n'avait pas été une immortelle elle serait déjà morte depuis longtemps, mais son temps était compté. Je n'étais pas un grand sorcier comme elle, mais je possédai quelques talents qui faisaient de moi un Archange... J'arrachai le reste de sa tunique souillée, mettant sa belle poitrine à nue. Une plaie béante saignait juste sous sa cage thoracique, son foie devait être touché. Epongeant la sueur qui coulait sur mon front d'un revers de manche, je m'agenouillai à ses côtés, il ne fallait pas que j'échoue.

Je posai une main sur son front fiévreux, son visage torturé s'apaisa instantanément. Je me concentrai, faisant abstraction de tout le reste, il n'y avait que comme ça que je pourrai réussir. L'énergie de la Grâce Suprême m'envahit, c'était une sensation de calme et de sérénité absolue. Je fermai les yeux, murmurant le rituel de guérison à voix basse. La paume de ma main libre effleura sa blessure, sa poitrine se souleva lentement. La pression magique s'accentua en moi, le mana pur formait progressivement un construct précis, il fallait le modeler pour qu'il puisse soigner ma soeur. Une seule erreur dans cette complexité et l'effet pouvait être inverse. C'était si difficile, je manquai d'expérience en matière de magie. Mon esprit était tendu à craquer, l'énergie brute pulsait à mes tempes... Il ne fallait pas que cède avant la fin de l'incantation...

Le schéma du construct commençait à apparaître, mais déjà sur ses bords il s'effilochait, je n'arrivait pas à le maintenir ! Je fus prit de panique, les syllabes que j'invoquai se mélangèrent et l'énergie commençait à s'accumuler n'importe comment ! Elle allait mourir ! J'essayai à tout prit de rattraper le coup, me ressaisissant, mais j'étais épuisé. Je prononçai un mot de pouvoir correct et le mana s'attacha correctement au reste du construct, puis un autre et un autre. L'espoir revint, j'allai peut-être réussir, en espérant que Stella était toujours en vie. Des gouttes de sueur perlèrent sur mon front, j'étais à la limite de tout lâcher, mais il fallait absolument que je résiste encore. Une ultime syllabe et le sort était terminé... Le mana prit la forme voulue, et s'évacua par le bout de mes doigts, pénétrant ensuite dans le corps de ma soeur.

La plaie se referma à vue d'oeil.

Il n'y avait plus rien d'autre que de la chair à nue recouverte de sang séché. Sa poitrine se soulevait et s'abaissait lentement, elle était en vie. Je soupirai de soulagement, mes ailes se replièrent sur elles même. Je soufflai un peu, pour récupérer. Une minutes plus tard et Stella ouvrit les yeux, elle était encore un peu sonnée.

« - Qu'est-il arrivé ? demanda t-elle d'une voix faible.

- Un démon t'a gravement blessé, mais j'ai réussit à te soigner, petite soeur. »

Elle se contenta d'acquiescer avec un sourire. Je savais qu'en moins d'un quart d'heure elle sera de nouveau d'attaque, comme tout les immortels elle avait une excellente capacité de récupération.

Pendant qu'elle se reposait un peu, je réfléchis à la manière de poursuivre le plan. Le dernier combat s'était joué de justesse, j'avais dû invoquer tout le pouvoir de la Grâce Suprême pour mettre en déroute notre puissant assaillant démoniaque... Et il n'était sûrement pas le seul à disposer d'autant de pouvoir. D'après les derniers rapports télépathiques des frères Ollosword ils avaient réussit à mettre hors d'état le portail inter-planaire de la prison, c'était une excellente nouvelle ! De plus, Gabro avait éliminé les officiers d'Orthrys, il ne restait plus que les diables supérieurs pour diriger. Il n'y avait plus grand-chose à diriger de toute manière...

Mais par contre, aucun de nous n'avait réussit à localiser les cellules des héros de Sanctuary, ou pouvaient-elles bien êtres ? Impossible à savoir pour l'instant... Je comptai bien les trouver moi-même et mettre un terme à cette mission dangereuse, et par la même occasion, je l'espérai, la guerre. Ma soeur me sortit de mes réflexions en se levant, son visage radieux était fatigué, mais une foi et un courage inébranlable transpiraient par tous les pores de sa peau. Haussant un de ses fins sourcils blonds elle me demanda :

« - Que faisons nous maintenant ?

Me levant à mon tour je répondis d'un ton déterminé :

- Allons trouver ceux pour qui nous sommes venus.

- D'accord, approuva-t-elle d'un hochement de tête. »

Elle invoqua d'un mot de pouvoir une nouvelle tunique pour cacher sa poitrine dénudée. Notre quête ne faisait que débuter. Il y'avait de fortes chances pour que les cellules soient au derniers niveau, là ou les commandants avaient leurs quartiers. Je m'engageai le premier dans le couloir, suivit de près par ma soeur. Nous avions redoublés notre vigilance. J'avançai le plus discrètement possible, le sol de pierre lisse facilitait grandement la tâche. Le complexe était de moins en moins éclairé, à cause des affrontements beaucoup de torches s'étaient éteinte et il n'y avait plus personne pour les rallumer.

Nous atteignîmes sans problèmes le premier étage, il n'y avait plus âme qui vive, que des cadavres. A force cela en devenait presque inquiétant, pourtant il ne s'agissait que de nos propres massacres ! Quel carnage ! Ces serviteurs n'étaient pour rien dans cette guerre, ils n'étaient que de pauvres damnés torturés et contraints à la servitude éternelle... Le bon côté des choses était que leur mort les libérait en quelque sorte.

Nous traversâmes salles après salles, marchant à travers des champs entiers de corps déchiquetés et brûlés, il n'y avait pas de blessés, c'était impitoyable. Une odeur âcre de pourriture commençait à régner partout, l'ombre de la faucheuse planait à présent sur cet endroit maudit... Je voyais bien que le visage de ma soeur était révulsé face à autant de sang et de cadavres, elle n'était pas habituée, c'était la première fois qu'elle venait réellement sur le terrain. Malgré tout elle avançait quand même, au milieu mines torturées et horrifiées par la mort des victimes.

Je levai la tête, il ne restait plus qu'un escalier avant d'atteindre le premier niveau des commandants. La porte de fer qui normalement en fermait l'accès était défoncée et à moitié fondue. J'enjambai encore quelques déchus, pour finalement me stopper net dans mon mouvement. Les ténèbres baignaient la salle, il n'y avait pas un bruit. Je jetai un coup d'oeil rapide à ma soeur, elle s'était elle aussi figée. Quelque chose n'allait pas, j'en avais l'intime conviction...

Elle me fixait, me demandant du regard ce qui se passait exactement. Le problème c'est que je ne le savais pas moi-même.

Les ombres semblèrent s'épaissir encore plus, mais je savais que ce n'était en fait que le fruit de mon imagination. L'endroit était en train de devenir vraiment horrible, je n'aimais pas rester planté aux milieux de cadavres sanguinolents. Soudainement j'entendis comme un grattement contre de la pierre, mon coeur fit un bond dans ma poitrine. De quoi s'agissait-il ?

Un bruit de pas se répercuta dans toute la salle, il était lourd. Je regardai tout autour de moi, il n'y avait rien ! Mais les ténèbres pouvaient très bien cacher l'individu. Cela se rapprochait, de plus en plus. Ma soeur semblait paniquée, elle hésitait à invoquer un sort, si elle le faisait elle prenait le risque d'être une cible prioritaire, et ne sachant pas ou était l'ennemi cela pouvait être très dangereux. Lentement je dégainai mon épée, le léger sifflement du fourreau paru faire autant de bruit qu'un coup de tonnerre, le silence était si pesant !

Une botte claqua de nouveau contre de la pierre, c'était juste à côté de moi cette fois-ci ! Mon coeur battant la chamade je fis volte-face, mais il n'y avait strictement rien ! La sueur dégoulinait le long de mon dos glacé, un frisson parcouru mon échine lorsque que j'entendis une autre lame quitter son étui. Je n'arrêtai pas de tourner sur moi-même, mais aucune menace ne se présentait. Etait-ce un sortilège qui était en fait en train de nous rendre fou ? Les démons adoraient manipuler...

Un léger courant d'air souffla sur ma nuque, désagréable sensation...

Un bruit de cape qui claque, la tension monta encore...

Ma soeur n'osait même plus respirer. Nous étions les proies, et le prédateur attendait dans l'ombre, il jouait avec nous. Un pas de plus se fit entendre, j'aurais juré qu'il était sûr moi, à un centimètre, mais c'était impossible sinon je serais déjà mort... A moins que...

Transit d'appréhension voir presque de peur, je regardai au dessus de moi, une silhouette sombre me fondait dessus ! Je n'eux pas le temps d'esquisser un geste de défense que déjà j'étais projeté à terre. Sonné, je ne compris pas tous ce qui venait d'arriver... A part une lame briller dans les ténèbres je ne voyais rien.

Un éclair illumina soudainement la salle, j'entrevis rapidement mon adversaire, il n'avait qu'une corne. Il fut frappé de plein fouet par le sort de ma soeur, mais il ne sembla pas plus incommodé que ça. Grognant de rage il me cracha d'un ton haineux :

« - Tu vas payer espèce de cancrelat puant ! »

Reprenant mes esprits je me relevai tout juste pour parer son premier assaut. Aux milieux des ombres il n'était pas évident de se battre, enfin pour moi, car les diables voyaient parfaitement dans le noir. Il ne mit pas une seconde pour contre attaquer, manquant de me faire de nouveau tomber dans son coup fut puissant. Cette fois-ci il s'était préparé, il avait sûrement dû se jeter quelques sortilèges pour se rendre encore plus fort...

Je reculai pour remettre un peu de distance, j'entendis Stella incanter derrière moi. Enragé, il ne tarda pas à se jeter de nouveau dans la mêlée. Un estoc rapide faillit m'éventrer, mais je le détournai d'un revers au dernier instant. Il continua dans sa lancée, enchaînant en changeant son épée de main, l'angle d'attaque diagonal qu'il m'imposa faillit tromper ma garde, mais j'esquivai une nouvelle fois en me laissant rouler sur le côté. Il voulu m'assener un nouveau coup lorsque ma soeur termina son sort. L'air crépita d'énergie magique, et deux langues d'énergie pure fusèrent en direction de mon assaillant. Les lianes s'enroulèrent autour des bras de celui-ci, retenant son coup. Il eut beau tirer de toute ses force il n'arriva pas à se libérer.

Je fis un pas en avant et j'abattis mon épée de toutes mes forces sur son torse exposé. Sa chair se fendit comme du beurre, son sang noir gicla en un torrent immonde et son cri de douleur se répercuta dans toute la salle. Ma lame ripa contre ses côtes, le sauvant d'une blessure mortelle. Ses yeux brillants de colère il invoqua un sort de dissipation en quelques secondes à peine, ce n'était pas la première fois qu'il faisait cela, et ma soeur parue tout aussi surprise que moi ! Pensant que sa blessure allait l'handicaper je baissai un peu ma garde pour lancer une nouvelle attaque. Ce fut une cruelle erreur...

Animé par la haine il se jeta sur moi en oubliant sa propre souffrance. Son épée décrivit un arc de cercle parfait et manqua de m'entamer le torse, heureusement que mes réflexes me sauvèrent en me jetant en arrière !

Contre toute attente le démon sourit, il sortit une gemme noire de sous son manteau imbibé de sang et la brisa entre ses doigts, une seconde plus tard et je ne combattais plus un ennemi mais dix. Ils étaient tous identiques, c'était horrible ! Même si le démon était affaiblit il avait maintenant l'avantage, surtout qu'il semblait être un dur à cuire. Ils m'encerclèrent, je ne savais plus ou donner de la tête... Les coups pleuvaient par dizaine, je multipliai les parades et les esquives audacieuses, mais je savais que je ne pouvais pas me sauver éternellement ! Hélas mes adversaires étaient trop organisés pour me laisser le loisir de placer une seule contre-attaque. Par contre ils avaient commit l'erreur d'oublier ma soeur... Elle incantait depuis plusieurs minutes, tout dépendait d'elle à présent.

Repoussant trois ennemis de face, une lame froide me déchira le dos, l'acier ne fit pas de quartier et ravagea ma chair. Mon sang commença à dégouliner le long de mon échine, la plaie me brûlait terriblement. Un autre assaut me frappa au genou gauche, tranchant net mes muscles et mes tendons, je faillis tomber par terre, mais mon équilibre se porta sur ma jambe droite. Néanmoins déstabilisé je ne vis pas arriver un puissant coup de poing en plein visage. Le choc me projeta quelques mètres en arrière, je glissai parmi le sang et les cadavres de la salle. Complètement sonné je ne vis fondre sur moi qu'une série d'yeux rouges et menaçants.

Ma soeur n'incantait plus et l'air devint aussi glacial qu'au sommet d'une montagne enneigée. La pièce fut baignée d'une lueur bleutée, une onde de choc parcourue mon corps qui tressaillit. Mais visiblement elle ne m'affectait pas plus que ça... Alors que mes adversaires eux, semblaient subir des douleurs bien plus terribles ! Ils se tordaient tous, leurs lèvres étaient gercées et leur peau virait au blanc pâle. Une fine couche de gel les recouvrait petit à petit, pour finalement devenir un véritable manteau de glace épaisse. Neuf statues torturées par la souffrance de leur métamorphose m'entouraient, mais ou était passée la dixième ?

Ma soeur fit quelques pas vers moi, slalomant entre les blocs gelés. Le calme oppressant était retombé sur la salle, cela ne fit rien pour me rassurer. Mon sang coulait lentement sur le sol, se mélangeant aux fluides noirâtres des cadavres démoniaques. J'espérai que notre adversaire soit suffisamment blessé pour prendre de nouveau la fuite... Vu la puissance du sortilège déployée par Stella il y'avait de forte chance pour que cela soit le cas. Mais un doute subsistait, ce diable là paraissait particulièrement doué en dissipation et en contresort...

Ma soeur se pencha sur moi, la panique et l'inquiétude se lisait au fond de ses yeux. Ses ailes battirent vers l'avant, m'enveloppant d'une aura chaude et réconfortante. Elle commençait déjà à incanter, mes blessures me faisaient souffrir, par la Grâce Suprême j'étais dans un bien piteux état !

Il eut un bruit de verre qui se brise en mille morceaux, comme une réaction en chaîne les statues se brisaient l'une après l'autre dans un fracas abominable, poussées par une force invisible. Il était là, je le sentais, il n'avait pas abandonné. Le maudit ! Je laissai retomber ma tête sur le sol poisseux, ma soeur termina son rituel, une gangue bleutée commença à m'envelopper, un picotement agréable remonta le long de mon échine, jusqu'à la base de mon crâne. Ma peau me tirailla de partout, elle se tendait pour tenter de refermer les plaies saignantes, mais ce n'était pas suffisant, Stella n'avait pas eut le temps de concentrer toute son énergie.

Il était tout près, il puait le mal. Ma soeur fit volte-face, pour se retrouver nez à nez avec lui. Elle se jeta sur le côté, évitant de peu le fil mortel de son épée. Dos au sol, il était devant moi. Sa blessure était toujours aussi grave, mais sa chair semblait avoir prit un coup de « bleu », effet secondaire du sort de Stella... Sa mine déformée n'était plus qu'un rictus de haine. Le plus rapidement possible je remis débout en grimaçant, mon genou me lançait atrocement.

Péniblement j'arrivai miraculeusement à parer sa première attaque, heureusement un peu trop précipitée. La seconde fut bien plus précise et violente, elle frappa si fort que tous les os de mon corps en tremblèrent. Mes doigts engourdis laissèrent échapper la poignée de mon épée, qui vola dans les airs, pour finalement aller se planter, droite, en plusieurs centimètres dans le sol. Comment résister ?

« - Alors, lumineux, on faiblit ? Comme tous ceux de ta race... »

Je ne répondis même pas, cela n'en valait pas la peine. Stella s'approcha du combat, détournant un instant l'attention du démon. Elle tendit ses mains vers lui, puis ouvrit les yeux. Une gerbe d'étincelles magiques giclèrent en plein dans le visage du diable qui hurla de douleur et de surprise. Il plaqua une main sur ses yeux, grognant et crachant des imprécations dans sa langue infernale. Je profitai de cet instant de répit pour se jeter sur Feu Céleste, j'en saisis la garde et d'un trait je la retirai de son fourreau de pierre. Elle siffla lorsque qu'elle retrouva de nouveau sa liberté, prête à en découdre. Je m'approchai en boitant du monstre aveuglé, c'en était fini pour lui. Mon arme se leva, passa par-dessus ma tête, et, tomba comme un couperet.

Mais au dernier instant le démon bondit sur ma gauche, et sa lame fila en un estoc si rapide qu'il était presque impossible de le voir à l'oeil nu. L'acier froid fouailla mes entrailles, une douleur aiguë et brûlante, qui ne me laissa même pas crier. Mon sang s'écoula en un flot rouge vif, coulant le long de mon corps meurtri pour aller goutter lentement par terre. Le cri d'horreur de ma soeur retentit dans mes oreilles. Le diable s'avança encore, sa lame s'enfonçant encore plus profondément dans mon corps, jusqu'à la garde. Il me murmura au creux de l'oreille :

« - Tu étais trop sûr de toi, imbécile. Quelle belle agonie ! Je suis que je prendrais plaisir à violer ta camarade...»

Je lui crachai du sang au visage. Une image se colla à ma rétine, celle du visage confiant de Tyraël lorsqu'il me fit venir pour cette mission. Aujourd'hui est-ce que je regrettais ? C'était impossible, car je servais la Grâce Suprême. J'allais partir, même si ma soeur avait d'excellents sorts de soins aucun n'arriveraient à temps pour me sauver. D'une voix faible mais encore ferme je lui répondis :

« - Toi... Trop... Arrogant... Au revoir... »

Il écarquilla les yeux et une chaleur incroyable se dégagea de moi. Mon corps commençait à se consumer, petit à petit... Ma chair, mes os, mes muscles, mon sang, se transformaient en énergie pure, en lumière flamboyante. Le démon n'osait même plus bouger, fasciné par ce spectacle, j'étais sûr qu'il ne comprenait même pas ce qui lui arrivait, le pauvre... J'étais un Archange, et lorsque l'on tue un Archange il faut en subir les conséquences, j'avais gardé cet ultime tour dans mon sac, un sortilège que l'on m'avait enseigné après que j'eu quitté l'Elite. Il permettait de mourir avec gloire en quelque sorte...

Ma carcasse désagrégée implosa littéralement. Mon adversaire hurlait, encore et encore, sa peau à lui se décollait de ses membres, ses muscles s'envolèrent comme de la poussière et même ses os se transformèrent en cendre. Une fin atroce pour un être immonde. Bientôt il ne fut plus rien, il ne restait de lui qu'une épée maléfique, indestructible par sa magie, elle rougeoya une ultime fois avant de rouler sur le sol de pierre en un tintement métallique qui troubla le silence écrasant qui venait de tomber sur la salle. Et moi, j'étais mort.
A croire qu'il n'y avait plus rien dans cette maudite prison, après trop d'années passées ici je ne comptais pas finir au même endroit. De toute façon, si ange il y'avait, je comptais bien me les faire, dans tout les sens du terme. Je ne les craignais pas vraiment, même si ils étaient puissants j'avais plus d'un tour dans mon sac... J'avais pris l'aile Est, pour l'instant je n'avais pas croisée le moindre organisme vivant, à part des cadavres de gardes il n'y avait rien, pas le moindre bruit, pas la moindre présence. Ca en devenait agaçant à force, j'avais l'impression de perdre mon temps.

Mais quelque chose vint briser la monotonie de ma recherche : Une onde d'énergie puissante traversa mon esprit. Elle n'était pas dangereuse, sa source venait de très loin. Mais je demandai bien de quoi il pouvait s'agir... Un combat entre un démon et un ange ? Même Korn ne disposait pas d'un tel pouvoir, cela me semblait totalement improbable. Par contre si il s'agissait d'un de nos adversaires, la partie risquait d'être serrée.

Les salles vides aux murs couverts de sang s'enchaînaient, sans début ni fin. Y'avait-il seulement encore des gardes vivants dans la prison ? Ca aussi cela m'étonnerais. Je poussai une porte à moitié fracassée, un démon avait été projeté dessus par un sort, une fin pitoyable. La pièce qui s'étendait à présent devant moi était une fonderie, ou l'on fabriquait les armes pour le complexe.

Des râteliers d'armes étaient renversés sur le sol, des dizaines d'enclumes s'alignaient, prêtes pour la forge. Les hauts fourneaux brûlaient encore, alimentés par une source de magma souterraine qui formait un lac au milieu de la salle. Il semblait n'y avoir personne, pourtant j'avais un sale pressentiment.

Je fis quelques pas dans la forge, le sol de pierre était rougi par endroit, le sang des démons inférieurs avaient coulé à flot ici, d'ailleurs quelques cadavres parsemaient le dallage donnant un peu de « relief » à tous cela. D'un geste négligeant je laissai traîner ma main sur une table métallique couverte d'épées, si il croyait que je ne l'avais pas vu il se mettait le doigt dans l'oeil jusqu'au cul. Ils sont si stupides parfois...

Du coin de l'oeil, je l'avais vu bouger, imperceptiblement. Certes il y'avait un talent la dedans, mais rien n'échappait à mon regard, je ressens la présence des hommes, ils dégagent une odeur si particulière. J'étais une succube, je me léchai les babine d'avance. Je continuai à avancer, ma main gauche effleurant tranquillement les gardes d'une multitude d'arme. Lui il marchai sur ma droite, dans les ombres, il était si discret qu'une personne normale ne l'aurait même pas soupçonné. Le manège continua encore, je m'approchai du lac de lave. Il était au fond d'un trou, la chaleur m'attaquait par bouffée, c'était insupportable même pour une démone. Mais le feu m'attirait, tout comme celui du plaisir.

Je lui tournai le dos, je savais qu'il s'avançait vers moi. Quelle audace ! Il croyait vraiment être si doué que ça ? Les anges étaient parfois plus confiants que le plus haut des Archidiables et celui là allait le payer. Je ne bougeai pas d'un pouce, feignant de ne rien voir venir. La chaîne qui enserrait mon corps se tendit, contrairement à ce que tout le monde pensait ce n'était pas une décoration quelconque... Mes courbes frémirent, mes mains descendirent sur mes hanches, je sentis son hésitation.

« - La tentation est forte, n'est pas l'ange ? »

Ma voix le laissa sans voix. Je savais qu'il allait dégainer ses armes pour essayer de mettre un terme à ma vie, mais ses yeux étaient rivés sur moi, comme fascinés. Je fis soudainement volte-face, il eut un mouvement de recul. Il avait une épée dans chaque main, ses ailes battaient lentement l'air, ses sourcils cillèrent. Avec un sourire enjôleur je lui dit d'un ton condescendant :

« - Tu es si faible... Laisse moi t'aider à trouver la voie... »

Il essaya de dire quelque chose mes ses lèvres remuèrent sans laisser échapper le moindre son. Je m'approchai, je n'étais plus qu'à quelques centimètres de lui, mes tétons frôlaient sa propre poitrine, il n'osait même plus respirer. Ma main caressa doucement sa joue, il était noyé dans mon regard. Pourtant je sentais une certaine résistance en lui, il avait déjà affronté ça. Je passai mes doigts derrière sa nuque et l'embrassai, une goutte de sa sueur roula le long de mon front. Il allait craquer.

Il me repoussa violemment, ses yeux étaient haineux, son visage dégoûté.

« - Saloperie de tentatrice ! Tu ne m'auras pas comme ça !

Ricanant je répliquai d'un ton piquant :

- Kryviska pour vous servir ! J'aurais ton corps d'une manière ou d'une autre... Seigneur... ?

- Gabro, Gabro Silshade ! cracha t-il. »

Je lui fis une petite révérence, il s'énerva encore plus. L'ange se jeta sur moi, lame haute. Vivement, ma chaîne couru toute seule le long de mon bras pour aller frapper les genoux de mon adversaire. En un claquement de tonnerre il s'écroula par terre, fauché dans son élan. Sans éprouver de douleur apparente il se releva d'un bond. Je m'écartai du puit de lave, juste au cas où...

Il me chargea, ses épées entamèrent une danse mortelle et magnifique. Elles filèrent en un coup de ciseau, j'esquivai en me pliant le dos en arrière. Il me frappa de nouveau d'un estoc, je m'échappai d'une rotation souple du buste. J'évitai un enchaînement horizontal d'un salto arrière, me réceptionnant avec adresse il était déjà sur moi. Je roulai sur la gauche pour fuir un assaut vertical particulièrement violent qui termina sa course en fendant le dallage en deux. Des éclats de pierre et de poussière s'envolèrent dans les airs, une courte pause ponctua le combat. Mon adversaire semblait un peu déstabilisé par ma vitesse. Fronçant les sourcils il revint à la charge.

Il se lança dans une succession de coups aussi précis qu'impressionnants, il avait une maîtrise du combat prodigieuse ! Je ne cessai d'esquivai, encore et encore, multipliant les acrobaties et les roulades pour éviter les égratignures, c'était à qui fatiguerait le premier. Face à ce déluge d'attaques je me retrouvai presque acculée contre un mur, me jetant en arrière je bondis contre la surface de pierre, avec l'élan je pris appuis sur les briques, puis fis trois pas avant de sauter derrière l'ange. Dérouté par ma manoeuvre il prit une fraction de seconde de trop pour se retourner, ma chaîne filait déjà entre ses omoplates... Le pauvre...

L'acier et ses os claquèrent en même temps, son corps fut parcouru d'un frisson douloureux, il faillit perdre l'équilibre et tomber en avant. Il serra les gardes de ses épées, puis fit volte-face en balançant ses lames parallèlement l'une à l'autre. Je tendis mon arme entre mes poignets, stoppant net l'attaque en une gerbe d'étincelle. Je le repoussai d'un coup de pied en pleine poitrine, cela devenait facile. Ma chaîne fusa vers sa cheville droite, anticipant mon geste il bondit en arrière. Pestant je revins en garde, il était plus vif qu'il en avait l'air. Nous nous regardâmes en chien de faïence pendant un instant, tournant l'un autour de l'autre.

Il fit tournoyer sa lame droite pour détourner mon attention, puis attaqua de la gauche. La feinte faillit réussir, j'esquivai maladroitement ce coup là, son épée déchira lentement mon torse, sous mon sein droit. La douleur picota mon échine, c'était une drôle de sensation. Mon sang goutta sur le sol, je lui tirai ma langue pointue. Il allait falloir faire mieux que ça...

Il arborait un sourire déjà triomphant, si il croyait avoir déjà gagné... Quel fou ! Mon sang ne fit qu'un tour face à cette petite provocation ! Ma chaîne s'envola, décrivant des arcs de cercles violents et mortels. L'ange recula, mais une de ses épées s'accrocha dans l'un des maillons de mon arme, je lui arrachai d'un coup sec. Il jura lorsqu'elle s'échappa de sa main, je lui renvoyai son sourire irritant. C'était le début de la fin pour lui. Son épée tomba dans le lac de lave, il grimaça. Il se jeta de nouveau sur moi avec une telle rage que j'en fus presque prise au dépourvu, l'acier me frôla le visage, laissant une zébrure brûlante sur ma joue. Le maudit !

D'un revers je lui balançai ma chaîne dans le ventre, trop près pour esquiver il la reçu de plein fouet, bien fait pour lui. Il fut soulevé du sol pour s'étaler lourdement quelques mètres plus loin. Crachant un peu de sang par terre je sentis qu'il commençait à fatiguer. Je fis un pas en avant et avec l'impulsion je donnai un coup de chaîne vertical violent. L'ange roula sur le côté au dernier moment, les maillons d'acier fracassèrent les dalles de pierre sans peine, des éclats giclèrent dans toutes les directions. Il se releva d'un bond, pour se prendre de nouveau l'arc de cercle de mon arme en plein dans le torse. Ses côtes craquèrent sous l'impact, cette fois-ci il grimaça de douleur. Le choc l'envoya en arrière, son dos enfonça le sol de pierre, des éclats se plantèrent dans son échine. Il expira de l'air mélangée à du sang, la poussière collait à son visage couvert de sueur, il était dans un état minable...

Je m'approchai lentement de lui, délectant son regard de haine. Ma chaîne roula sur le sol pour lui enserrer la cheville droite, il écarquilla les yeux, sachant qu'il n'avait plus longtemps à vivre. Il tenta de se relever mais d'une flexion de poignet je le soulevai du sol pour le propulser contre le plafond. Contrairement à ce que ma frêle apparence laissait croire je n'étais pas dénuée de force, mon sang démoniaque me rendait surhumaine. Il se fracassa contre la pierre, puis retomba lamentablement sur le sol dur... Le pauvre...

J'attrapai ma chaîne à deux mains, puis bandant mes muscles je le propulsait contre le premier mur venu, il n'eut même pas le temps de crier que déjà il se mangeait les briques à pleine vitesse. Il glissa le long du mur, laissant une longue traînée sanglante. Il rampait par terre, serrant toujours son épée entre ses doigts. Incroyable il était encore en vie ! C'était un vieux de la vieille lui ! Je le laissai venir jusqu'à moi, puis d'un coup de pied je fis sauter sa lame de ses mains. Il gémit pitoyablement, c'est sûr qu'il avait moins de superbe maintenant... Moi j'avais faim par contre, ça faisait bien quelques centaines d'années que je n'avais plus touchée à de la chair d'ange.

« - Alors mon petit ? Tu aimes ? Je suis sûr que tu en redemandes... »

Il n'arriva même pas à répondre. Je m'accroupis en face de lui, je passai ma langue sur mes lèvres. Ma main droite l'attrapa par le menton, je l'obligeai à me fixer dans les yeux, il ne détourna pas le regard. Les ongles de mon autre main se plantèrent dans la chair de sa joue, il serra les dents lorsque je lui arrachai un morceau de viande. Du sang commença à couvrir la moitié de son visage. J'avalai le bout, il avait un goût excellent, une bonne cuvée. Il grimaça, moi je souriais. Ouvrant grand la bouche je croquai à plein dent son visage, mes canines se plantèrent dans son oeil gauche, du sang coula et gicla sur ma figure, il hurlait à la mort mais n'arrivait même plus à se débattre. Il n'avait plus de face, ce n'était plus qu'une bouillie informe. Sa bouche sans lèvres criait, ses gencives à nues saignaient. Son nez était réduit à un trou sanglant... J'aimais bien quand ma victime vivait jusqu'au dernier instant. Encore un croc et je pouvais voir l'os de son crâne, mais cette fois ci il était mort. Il manquait de la chair sur tout le côté gauche de sa tête, quel festin !

Je dévorai le cadavre, cela faisait longtemps que je n'avais pas fait un aussi bon repas. Je mangeai jusqu'au dernier bout de viande, il ne resta bientôt qu'un tas d'os sanguinolent. Le meilleur furent ses organes, le coeur était fondant et encore tiède. Tout mon corps était couvert du liquide de ses entrailles, sur ma peau rouge cela ne fit que peu de différence. Il me restait la moelle mais les tripes m'avaient calées... Je me relevai, détrempée de fluide visqueux et chaud. Cela en faisait un de moins. Mes blessures s'étaient entièrement refermées, cela m'avait revigorée.

A présent il fallait que j'avertisse mon Maître, Korn.

Je m'éloignai des lieux à grandes enjambées, à la vitesse d'un courant d'air. Les couloirs étaient baignaient de ténèbres, plus le temps passait moins il y'avait d'éclairage, les torches non entretenues s'éteignaient les unes après les autres. A vrai dire je m'en moquai pas mal, les ombres ne m'avaient jamais gênée. Néanmoins je restai sur mes gardes : Un autre ange pouvait surgir à n'importe quel instant, ils étaient bien plus fourbe qu'ils ne voulaient le faire croire.

Joraël devait être au portail, pour tenter de le réparer. Je pris le chemin de la salle en question, elle était exactement à l'opposée de ma position. Je me demandai si mes petits « camarades » s'en sortaient aussi bien que moi. J'avais assez confiance en Stendark, la liche était des plus coriace. Pour les autres je ne pariai pas plus que ça sur leur vie, pour se que je m'en foutais... La traversée du complexe se fit sans problème, personne n'eut la mauvaise idée de tomber sur moi, dommage je me serais bien amusée.

La salle du portail était immense, prévue pour accueillir l'arrivée de légion entière de soldats en cas d'évasion massive. Ce n'était jamais arrivé depuis la création de la prison et cela n'arrivera pas. Même si les anges avaient semés leur vent ils récolteront leur tempête. Un énorme socle d'obsidienne portait un cercle de crânes emboîtés les uns dans les autres par une puissante magie, celle de Diablo. Comment avait-il réalisé ça ? C'était un mystère et relevait d'arcannes bien trop puissantes pour être maîtrisées par le premier venu. Le tout était placé au sommet d'une structure de pierre carrée, un large et colossal escalier y menait. Du reste, à part une grande place de pavés sombres il n'y avait rien. Je pénétrai ici par la seule entrée possible, j'apercevais déjà Korn en train de tourner autour du portail, l'air perplexe. Il tenait un crâne dans la main, cela me rappelait une pièce de théâtre mortelle... Je ne me souvenais plus laquelle.

Je gravis les premières marches lorsque Joraël me demanda par-dessus son épaule d'un ton préoccupé :

« - Alors Kryviska ? Où en es-tu ? J'espère que tu n'es pas revenue sans bonnes nouvelles...

- J'ai tué un archange, répondis-je tous simplement. »

Un petit silence tomba et l'Archidiable se retourna, il avait l'air surprit et satisfait à la fois, visiblement c'était la première bonne chose qu'il entendait depuis le début du conflit. Il tapota nonchalamment sur le crâne qu'il tenait dans sa main droite. Il déclara d'un air penseur :

« - Un archange ? C'est un beau travail. Tu vas rester ici avec moi, j'ai besoins de toi, la réparation se montre plus difficile que prévu, la magie inter-planaire n'était pas vraiment ma spécialité.

J'hochai la tête et j'acceptai d'un ton calme :

- D'accord Maître. »

Je montai les dernières marches pour me retrouver aux côtés de Korn. Le portait ne semblait pas endommagé, pourtant il est vrai qu'il n'émettait pas la même énergie magique que d'habitude, elle était moins forte, comme si il « fuyait ». L'Archidiable passa son doigt le long de la structure osseuse avec un regard intrigué. Il désigna ensuite un trou, il manquait un crâne ! Je comprenais un peu mieux.

« - Les anges ne se sont pas embêtés, ils ont juste retirés une « brique » grâce à de la magie. Mais cela suffit amplement à déstabiliser totalement le construct. Ils l'ont détruis ensuite. J'ai étudié pendant longtemps ce portail, je connaissais assez son essence pour copier et créer un de ses membres avec de l'énergie pure. Ce crâne que tu vois là, dans ma main, il est à moi. »

Korn semblait assez fier de son bébé, comme souvent avec tous ce qu'il faisait. Néanmoins il était vrai que ce n'était pas chose facile de maîtriser pareille magie. Il fit sauter la tête de mort entre ses mains. Il s'arrêta et leva l'index droit en l'air.

« - Le problème et que je ne sais pas comment le souder à la structure. Ils sont liés d'une manière étrange... Son créateur, Diablo, a utilisé des arcannes séculaires, datant de plusieurs millénaires avant ma naissance. De plus, aucune erreur n'est permise, sinon cela pourrait endommager gravement le portail. Si j'essaye de le réparer toute l'énergie affluera en moi, et je ne suis pas sûr de pouvoir tout contenir, par contre si j'en renvois une partie sur toi cela pourrais devenir possible. »

Il marque une pose, attendant visiblement une réponse de ma part. J'avais certains talents pour la magie, même si je me cantonnais plutôt aux arcannes offensives et à la pyromancie. Korn savait tout faire lui. De toute façon je n'avais guère le choix.

« - Vous voudriez que je vous aide à maintenir la structure du portail en place pendant que vous essayiez de le réparer, c'est bien ça ? »

Il eut un sourire, révélant une rangée de crocs pointus.

« -Exactement, on se met au travail ? »

Il s'avança et se plaça au milieu de l'arche d'ossement. D'un geste il m'intima de me positionner en face de lui. Il leva les bras en Y et commença à incanter d'une voix puissante. Je fermai les yeux, me préparant à recevoir l'énergie. L'air se mit à tourbillonner tout autour de moi, saturé et crépitant de magie. Je ressentis le pouvoir dégagé par Korn, il était colossal ! J'en étais impressionnée ! Je savais qu'un Archidiable n'était pas à sous-estimer, mais là cela dépassait tous ce que j'avais pu voir de lui jusqu'à présent. L'invocation se termina en un mot monosyllabique qui se répercuta dans chaque recoin de la salle avec une force incroyable.

La seconde d'après mon corps tressaillit sur place, traversé par une décharge de mana pur. Il était glacial et paraissait impossible à contenir ! Pendant un instant un vent de panique m'envahit, si je n'arrêtais pas l'énergie brute à temps je risquai de me consumer purement et simplement ! Faisant le vide en moi je me concentrai plus intensément encore. Le meilleur moyen de garder du mana sans le perdre (car il fallait qu'en suite je le renvois au portail) était de l'accumuler dans un construct régulier et simple, comme ça il ne risquait pas de s'échapper ou de devenir incontrôlable. Korn déviait le plus d'énergie sur moi, en fait j'étais une sorte de paratonnerre, si l'opération échouait c'est moi qui mourrais carbonisée, et ça il n'en était pas question !

Serrant les dents je redoublai d'efforts, l'opération allait être longue.
Des couloirs, tous plus sombres et austères les uns que les autres, une prison pour le corps et l'âme. Moi et mon frère avions rapidement atteint le niveau des officiers, un violent massacre avait suivit. Le sang avait coulé par flot, s'infiltrant par les rainures du sol pour aller goutter à l'étage en dessous. A part des cadavres il n'y avait plus rien dans cet endroit maudit. Je suivais Algorn, assurant les arrières. J'enjambai un corps mutilé de plus, la puanteur de la mort assaillant mes narines. Où pouvait être les prisonniers recherchés ? En trois jours aucun commando ne les avait trouvés ! Le pire c'était que plus aucun contact de Gabro ou d'Uriel ne nous parvenait, à croire qu'ils avaient disparus. Hélas c'était peut-être bien la triste vérité...

Il ne fallait pas que cette opération tourne cour, sinon la perte de mes frères aura été vaine. Avec l'aide d'Algorn j'avais réussit à saboter le portail inter-planaire de la prison. Il avait été si facile à briser, il était en fait extrêmement complexe mais tout aussi fragile. Il avait suffit d'envoyer une onde de mana étrangère dans le construct et cela avait suffit à dissoudre les liens qui tenait un des composants. Beaucoup de travail brisé en quelques secondes à peine... Le temps qu'un mage suffisamment compétent arrive à le mettre en état tout sera fini ici. Il n'y avait plus de garde, plus d'officiers et plus de surveillants, seuls les commandants résistaient encore, mais pour combien de temps ?

Encore un escalier et nous étions au dernier niveau de la prison, on ne pouvait pas théoriquement monter plus haut. L'endroit était désert, il n'y avait même pas de corps sanguinolent. C'était une salle unique délimitée par quatre murs percés de larges arches qui donnaient sur le vide. Le vent du désert soufflait sur les pavés noirs jusqu'à porter le sable dans mes yeux. L'aube se couchait lentement, donnant une dimension irréelle à la scène. Mon frère se tourna vers moi, ses grandes ailes blanches étincelaient à la pénombre naissante. Derrière lui, au centre, se dressait large et carré pilier de pierre parfaitement lisse et sans jointures. C'était la seule chose étrange ici.

« - Fangorn, nous avons fait toute la prison de fond en comble... Que reste t-il ? »

Il avait parlé avec une voix quasi mélodramatique, comme si l'apocalypse allait tomber sur nous. Mais néanmoins il n'avait pas tord sur le fait que rien allait ici, à croire qu'il n'y avait aucun héro ici ! Par la Grâce Suprême cela ne pouvait pas être un leurre ! Le vent siffla à mes oreilles, je fixai le ciel sombre face à moi.

« - Il... Il reste ce pilier. »

Algorn se retourna pour regarder derrière lui. Sans le voir je savais qu'il fronçait les sourcils. Il s'approcha, et passa sa main sur la roche lisse. Elle était noire comme l'obsidienne. Il n'y avait rien de gravé dessus, pourtant il en émanait quelque chose d'étrange. Je m'avançai à mon tour, pour l'examiner sous toutes ses coutures. Il se trouva que sur la face gauche un long trait rectiligne faisait toute la hauteur de l'étrange pilier. Je passai mon doigt sur celui-ci, c'était étrange, c'était comme liquide... Mais de quoi s'agissait-il ? Je m'agenouillai pour remarquer que quelques mots avaient été marqués à son pied... Des runes, peut-être une formule magique ? Je n'étais pas très doué avec ça, Stella aurait sûrement eu la réponse au mystère. Algorn l'avait aussi remarqué et paraissait tout aussi intrigué que moi. Je me relevai, je ne savais pas quoi vraiment dire. Mon frère resta un moment en silence, puis penchant la tête en avant il déclara :

« - Voilà qui est bien étrange... Cette stèle ne semble pas à sa place. »

Je ne répondis même pas, perdu dans mes pensées. Je marchai tout autour, tâchant de voir si il y'avait autre chose, mais non. Quelle était la signification de tous cela ? Je n'arrivai plus à contacter télépathiquement Stella, Uriel ayant disparu il n'y avait plus de relais sur ce plan, il était le seul à posséder ce Don et à nous le faire partager. C'était assez inquiétant...

Le silence était devenu pesant, mais pour une autre raison, je sentais que quelque chose n'allait pas. Mais il n'y avait pas d'ombres dans la pièce, les arches laissaient traverser le soleil couchant. Néanmoins un danger était proche, je le savais. D'un geste je dégainai mon épée, Algorn fit de même. Il me demanda du regard ce qui se passait.

« - Ca pue le Mal... »

Il acquiesça et se tourna vers l'escalier qui nous avait mené ici. Les marches semblaient se tordre, prêtes à cracher une quelconque abomination. Un bruit de pas lourd résonna jusqu'à nos oreilles, il suffisait à faire vibrer les dalles du sol. Je me portai sur la droite, mon frère sur la gauche, pour prendre en tenaille un potentiel adversaire. Le bruit se rapprocha, toujours plus massif. Une respiration sourde commença à se faire entendre, à croire qu'un monstre énorme s'approchait. Les ténèbres de l'escalier se dissipèrent, une lumière surnaturelle semblait les avoir chassées. La tension était à son comble, je me demandai vraiment ce qui allait surgir...

Soudainement une silhouette enflammée bondit hors des marches, elle était colossale ! Le sol se fendit en recevant la montagne de muscle infernale ! C'était un démon, mais un titan de son espèce, et je le connaissais. Il s'agissait de Dagoar Hankrus, un grand champion des enfers ! Son nom avait été synonyme de terreur lors de la grande guerre de Sanctuary. Il tenait fermement une énorme hache à deux mains, son tranchant noir semblait capable de découper la plus solide des roches... Le monstre était torse nu, ses bras et son échine brûlaient d'un feu magique, cela arrivait systématiquement lorsqu'il s'énervait, une sorte de défense naturelle. Il hurla à notre face d'une voix surpuissante :

« - PAUVRES IMBECILES ! VOTRE MORT SERA SALUTAIRE ! »

Menace que le démon semblait bien disposé à appliquer. Il me jeta un regard haineux et balança sa hache en un coup puissant, j'esquivai l'attaque, l'arme fracassa le sol en mille morceaux ! Des éclats frôlèrent mon visage, laissant des traînées sanglantes sur mes joues. Sans me laisser une seconde de répit il enchaîna avec une agilité surprenante pour sa taille, je serrai mon épée de toutes mes forces pour encaisser l'assaut. L'acier sonna et vibra entre mes mains. Mes bras manquèrent de se briser, Hankrus avait une force incroyable !

Mon frère s'était élancé dans son dos, son arme décrivit un arc de cercle parfait en direction de l'échine enflammée du démon. Mais le monstre avait prévu le coup et bondit sur le côté, la lame d'Algorn fendit l'air pour rien... En riposte le démon envoya un revers de hache meurtrier, mon frère leva son épée un peu trop tard et arrêta mal l'assaut. Pour ne pas se faire blesser il préféra suivre le mouvement et se jeta à terre. Roulant sur le dos il s'en sortit sans une égratignure. Cette fois-ci ce fut à moi de contre-attaquer. Je sautai sur son flanc exposé, mon bras se tendit en un estoc rapide et mortellement précis, la pointe d'acier déchira la chair du démon juste au dessus de sa hanche. Il grogna et répliqua d'un violent coup de poing, ses phalanges me fracassèrent le visage, du sang gicla de mon nez et je m'étalai lamentablement par terre. Crachant un peu de fluide, je secouai la tête puis me remis sur pied. Mes jambes tremblaient, comment pouvait-on faire face à une force pareille ?

Algorn occupait Hankrus avec des feintes et des esquives, mais le démon semblait infatigable et en duel il paraissait invincible. Ses coups de haches se faisaient toujours plus violent et acharnés, les dalles se fendaient à chaque frappe, bientôt mon frère se retrouverait acculé contre le vide, sous une arche. Voilà la solution : Faire tomber cette brute. Je changeai mon épée de main puis m'élançai dans son dos en courrant. Prenant de l'élan je bondis en levant mon arme au dessus de ma tête, donnant de l'amplitude à mon geste. Ma lame fondit à une vitesse incroyable vers le crâne du démon.

Je ne sais si ce fut le reflet de moi-même dans le regard d'Algorn ou un courant d'air, mais Hankrus pressenti l'attaque. Il réagit un peu tard quand même. Il se retourna pour parer le coup et avec sa force colossale il encaissa sans problème. Mais il ne pu arrêter mon impulsion, je me cognai contre lui avec toute l'énergie de ma charge. Mon frère se déporta d'une roulade vers la droite en voyant l'énorme carcasse du démon tomber comme une masse. Le sol trembla, mon corps se fracassa contre la pierre, roulant non loin du colossal infernal.

A moitié assommé j'essayai de me relever sur mes coudes. Algorn couru juste derrière moi, et lança son épée dans une attaque déterminée. Le démon, encore sur le dos, para d'une manière désordonnée. L'acier de mon frère ripa sur le tranchant de la hache noire, s'échappant dans le torse du monstre. Une gerbe de sang lui éclaboussa le visage alors qu'il enfonçait encore plus profondément son arme. Hankrus hurla plus de rage que de douleur. Animé par la haine il balança son bras libre dans les côtes d'Algorn, le pauvre décolla sur plusieurs mètres avant d'atterrir lourdement sur le sol, son épée restant dans le corps du démon.

Crachant de nouveau du sang par terre je me remis totalement sur pied. Hankrus grogna en retirant la lame qui dépassait de sa poitrine meurtrie, il la jeta au loin d'un geste rageur. Je m'approchai de lui par derrière, puis je frappai de taille au niveau de son abdomen. Encore un peu étourdi il ne me vit pas venir, mon épée trancha sans peine le flanc exposé du démon. Du sang noirâtre se déversa sur le sol alors que je retirai mon arme en un immonde bruit de succion. Nullement incommodé le monstre se jeta sur moi, sa hache fracassa sans difficultés ma garde fatiguée. Ma pointe d'acier tinta sur le sol, écartée comme une enfant. Hankrus me rentra dedans d'un coup d'épaule qui me fit valdinguer violemment sur la pierre. Je roulai pour amortir l'impact mais je sentis les os de bras gauche craquer et se casser net. Serrant les dents je regardai par-dessus mon épaule pour voir approcher le démon. Il souriait de sadisme et de satisfaction.

« - Pauvres anges STUPIDES ! Je suis INVINCIBLE ! Vous êtes si FAIBLES ! »

Il leva sa hache pour m'achever. Mon frère hurla toute sa haine et sa colère, son épée traversa le corps du monstre de part en part, cassant quelques côtes au passage. Du sang m'arrosa le visage tant la frappe fut puissante. Il raffermit sa prise en tenant son arme à deux mains, puis il la poussa hors du corps du démon par la droite, tranchant par la même occasion la moitié du torse de Hankrus. Un flot incroyable de liquide noir gicla dans les airs et sur le sol, des bouts de chair meurtrie et déchiquetée tombèrent mollement par terre. Le monstre ferma un instant les yeux, puis se retourna et frappa mon frère à la tempe avec sa garde. Un craquement sec retentit et Algorn s'écroula, le regard révulsé. C'était impossible ! Comment pouvait-il encore vivre !? Comment pouvait-il encore s'en prendre à mon sang ?!

Le bras plié contre ma poitrine je me relevai une fois de plus. Le démon avait mal, cela se voyait. Cette pourriture allait mourir, je comptais bien m'en charger. Boitant jusqu'à lui je dardais ma lame vers son dos, enfin ce qu'il en restait. Il prit mon frère dans sa main libre, s'apprêtant à lui fracasser le crâne.

« - Tourne toi et vois la mort en face, saleté d'engeance. »

Il jeta la carcasse d'Algorn devant lui, qui rebondit mollement plusieurs fois avant de s'arrêter, complètement inconscient et brisé. Ce chien allait me le payer ! Jamais je ne pourrais le laisser continuer son jeu macabre ! Il braqua un regard méprisant vers moi, il paraissait tellement sûr de lui... Pourtant les blessures qu'il arborait auraient dû suffire à abattre n'importe quel monstre.

Il ricana et dévia mon arme d'un seul revers, j'étais exténué. Il leva sa hache, bavant d'envie de me tuer. Jamais je n'arriverai à arrêter pareille attaque. Ma vie défila devant mes yeux, surtout le visage de Stella. Stella, une fille que j'aimais en secret et qui ne connaîtra jamais mon amour, le destin semblait en avoir décidé autrement. Maudite mission, maudit démon. Mes paupières se fermèrent.

L'air crépita d'énergie, la température s'abaissa soudainement, un frisson parcouru mon échine. J'ouvris mes yeux pour voir une énorme boule de glace filer à côté de moi. C'était irréel, l'eau gelée renvoyait les étranges reflets du crépuscule. Une mort glaciale si belle. L'attitude Hankrus changea du tout au tout, il vira du sourire sadique aux traits paniqués. Il glapit lorsque le sort l'atteignit, c'était inévitable. La sphère éclata en morceaux coupants comme des rasoirs. Je me jetai à terre pour ne pas me faire découper net. Les cris de l'horrible démon ne cessaient de me vriller les tympans, il ne semblait pas vouloir mourir tout de suite. Le gel s'insinua dans son corps, les flammes de sa haine furent mouchées, ses écailles gonflèrent et éclatèrent, ses mouvements se firent de plus en plus gourds. Il trébucha en arrière, grognant une promesse de vengeance. Sa terrible hache tomba sur le sol avec fracas, le métal infernal lui-même paraissait souffrir. Le monstre chuta lourdement, la pierre ne plia pas cette fois-ci, ce fut le corps du démon qui se brisa en fragments de chair gelée. Un oeil couvert d'une fine pellicule de gel roula jusque devant mon visage. Je grimaçai de douleur et de dégoût, sans pour autant réussir à me mettre debout. Je levai la tête pour voir Stella marcher vers moi, Stella ma belle.

Elle s'agenouilla à côté de moi, tout me paraissait pourtant si lointain. Elle me murmura quelques mots de réconfort que je ne compris pas, les hurlements du démon m'avaient à moitié assourdis. Je ne sentais que son odeur rassurante, et plus la puanteur de la mort. Elle incanta, ses gestes me parvenaient au ralenti, j'étais complètement étourdis. Une chaleur incroyablement douce parcouru mon corps. Les os de m'ont bras semblaient vouloir se remettre en place tous seul, ils se tendirent, je criai et la seconde d'après plus aucune douleur. Mes ecchymoses se résorbèrent les unes après les autres et toutes mes plaies et mes coupures furent réduites à l'état de cicatrices. C'était incroyable, j'avais l'impression de ne jamais avoir combattu ! Je me remis à genou, revigoré. Stella me regardait d'un air triste.

« - Il est trop tard pour ton frère, je ne peux rien faire désolé... »

Elle éclata en sanglots, je ne l'avais jamais vu comme ça. Ses cheveux blonds étaient collés par la sueur, ses yeux cernés de fatigue et son visage blanchit par l'angoisse. Une tristesse incommensurable ternissait ses yeux magnifiques. Je compris que ce n'était pas que à cause de mon frère, mais que quelque chose était arrivé au sien. Elle paraissait brisée. Avalant ma salive je déclarai d'un ton tremblant :

« - Mon frère est mort avec honneur, nous nous étions préparés. Il ne faut pas pleurer pour lui, il en serait déçu. Mais où est Uriel ? Qu'est-il arrivé ? »

Je connaissais déjà la réponse. Elle leva ses yeux vers moi, ses épaules étaient écrasées par la culpabilité. Difficilement elle réussit à articuler :

« - Il... Il est mort... »

Sa respiration était saccadée, ses joues sillonnées par les larmes, son si beau visage était le tableau même du désespoir. Je ne savais pas quoi dire, mais il fallait garder la tête froide. Je la pris dans mes bras, la serrant contre moi. Ses ailes abattues, Stella se blotti contre ma poitrine. D'un ton rassurant je lui murmurai à l'oreille :

« - Le seul moyen d'honorer sa mémoire est de continuer la mission...

Elle hocha la tête et souffla :

« - Je sais. »

J'avais envie de l'embrasser, mais je restai juste contre elle. Je l'aidai à se relever, il ne semblait rester plus que nous deux. Je jetai un regard à mon frère, la Grâce Suprême nous infligeait une bien difficile épreuve aujourd'hui... Je fronçai les sourcils de rage, je mènerais cette mission à bien ! Une fois les héros de Sanctuary libérés, tous les espoirs seraient permis. Stella s'approcha d'instinct du pilier, mû par une force invisible. Ses cheveux voletaient légèrement au vent, ses pas étaient comme saccadés, elle tendit une main vers la colonne carrée d'obsidienne. Je la fixai d'un air hagard, encore un peu sonné par ma guérison éclair. Elle toucha la surface lisse du bout des doigts et ferma les yeux. Une seconde plus tard elle se tourna vers moi :

« - C'est un portail... Un portail que l'on active avec une incantation. J'ai senti sa magie... »

Sa voix était comme lointaine, ce qui était sûrement dû à son épuisement et à son abattement. Elle semblait beaucoup plus affectée par la mort de nos frères, elle avait toujours été une ange très sensible. Mais elle ne perdrait pas la foi, enfin je l'espérai.

« - Alors tu peux l'ouvrir ? demandai-je intrigué.

- Oui, il me faut un peu de temps, il faut que tu me protèges, sinon tous cela n'aura servit à rien.

J'haussai un sourcil, quelque chose m'échappait.

- Que je te « protège » ? Mais de quoi ?

- Je sens la magie partout où elle se trouve, et une source aussi froide et mauvaise que l'enfer s'approche d'ici, elle hurle notre mort. »

Je fis volte-face en direction de l'escalier, serrant mon épée de toutes mes forces, le mal ne passera pas ici. Je fis une dernière prière à la Grâce Suprême, paré à toutes éventualités, j'étais prêt à donner ma vie pour la libération de Sanctuary et la défaite des forces maléfiques. Stella se mit à incanter derrière moi, personne ne la touchera tant que je serrais en vie.
J'avais envoyé ce gros imbécile de Hankrus pour affaiblir l'ennemi, je n'avais pas envie de me fatiguer. Et cela avait marché ! En plus ça avait réunit tout les anges restant, il n'y aura même plus besoin de les chercher partout. Il avait été facile de convaincre cet abruti d'Hankrus d'y aller tous seul, il avait suffit de flatter son ego sans limite, de lui dire : « Tu es le plus fort, tu es invincible, tu peux tous les tuer. » Quel abruti, vraiment. Maintenant cela me faisait une place de plus dans la hiérarchie. Je suis le seul mort-vivant de prison et tous ces stupides démons me traitent en inférieur, pourtant ma magie est supérieure à la leur, tout comme mon intelligence et ma force mentale. Une fois que je me serais débarrassé de ces anges je tuerais Korn et sa catin de Kryviska, comme ça je serais l'unique maître à bord et c'était amplement mérité ! Ils me croient fous, mais ce sont eux les malades ! Heureusement que je connais un excellent remède contre ça : La mort.

J'étais sorti de la prison, comme ça j'étais sûr de ne pas tomber sur un importun. De l'extérieur Orthrys ressemblait à une immense et large tour de pierre noire qui jaillissait en plein milieu du désert. Ses pointes agressives et ses gargouilles grimaçantes lui donnaient un air de cathédrale infernale, ou une symphonie de souffrance y était constamment jouée. Au pied de la structure j'incantai un simple sort de vol, pour monter en quelques secondes sur le toit, je savais que les anges étaient là, il y'avait le portail qui menait aux prisons secrètes. J'entamai mon ascension sous le soleil couchant, ils allaient goûter à mes pouvoirs, moi Stendark la Liche j'étais leur destin !

Je ressentis une puissante force magique en cour d'invocation, comme l'ouverture d'un portail. Je ne comptais pas les laisser aller plus loin que ça... Mentalement je me bardais déjà de protection et d'enchantements, incantant sans paroles, juste avec des gestes. Mes mains dessinèrent une succession d'arabesques et de symboles très complexes, le mana noir que j'accumulai en moi forma un construct bien précis : Celui d'une armure d'os parfaite. La matière magique immatérielle dansa autour de mon corps, pour finalement se solidifier en un plastron indestructible. Dommage que cela gâchait un peu ma magnifique toilette royale, mais à la guerre il fallait faire quelques sacrifices, rien que pour ça les anges méritaient déjà une mort plus qu'atroce ! Et si jamais ils salissaient mes vêtements avec du sang...

Le toit n'était plus qu'à un mètre, je savais que j'allais avoir l'effet de surprise, et ça c'était très drôle ! Je surgis en plein centre d'une arche de pierre, dos au soleil ma silhouette sombre se découpa nettement, mes bras se tendirent vers les deux anges qui vivaient encore, un troisième gisant par terre avec Hankrus en morceaux de glace pilée. J'étais derrière eux, ils ne m'avaient pas encore repéré. Un sourire macabre se dessina sur mon visage, la puissante magie noire commença à déferler en moi, ils allaient payer pour le temps qu'ils me faisaient perdre ! J'avais préparé un sort de tempête de grêle, quelque chose de particulièrement mortel... Je décidai de cibler particulièrement l'ange armé d'une épée, l'autre étant occupée à l'ouverture du portail.

Pour terminer mon sortilège il me fallait prononcer un puissant mot de pouvoir, je m'amusai à le hurler pour surprendre l'adversaire !

« - SHAK'ORT-VEX ! »

Ma victime frémit et fit volte face vers moi, mais j'étais encore bien trop loin pour qu'il puisse me nuire d'une quelconque façon. L'air crépita et se refroidit soudainement. L'ange regarda tout autour de lui, je me délectai déjà de l'apocalypse qui allait lui tomber dessus... De sombres nuages se formèrent au dessus du dôme qui protégeait le toit, mais face à la dévastation qu'allait causer ce sort il ne servirait pas à grand-chose. Un coup de tonnerre creva le relatif silence qui s'était installé, puis d'énormes grêlons se mirent à pleuvoir avec une intensité incroyable. La glace fracassa violemment la pierre en morceaux, des éclats de roches volèrent dans toutes les directions, la voûte ouvragée explosa sous les impacts, laissant tomber de gros blocs de marbre sur le sol. Les dalles se fendirent à leur tour, tous ce qui se trouvait à cet endroit là fut purement et simplement broyé sous l'avalanche ! La poussière forma un écran de fumée épais, du coin de l'oeil j'aperçu l'ange bondir hors de la zone mortelle. La pierre brisée et les grêlons tranchants avaient laissés d'innombrables coupures sur son corps, il tituba, une de ses ailes était cassée, l'immortel sanglant tenait toujours son épée et semblait déterminé à me tuer, son regard rageur me défia alors qu'il s'approchait, paraissant inébranlable.

Amusé, je m'envolai de quelques mètres pour me mettre hors d'atteinte immédiate. D'une main je remis droite la couronne d'or que je portais sur mon crâne.

« - Alors pas trop de mal ?

Balançant légèrement ma tête de droite à gauche j'ajoutai :

- Tas de viande tu as déjà vu la mort en face ? Non ? Regarde moi bien alors... »

Il ne répondit pas mais j'étais satisfait de mon petit effet, j'adorai jouer avec mes proies. J'incantai un nouveau sort, cette fois-ci j'optai pour une série d'éclairs de glace. Je pris mon temps, me sachant invincible à cette hauteur dans les airs. L'ange essaya tout de même de s'envoler, mais avec son aile estropiée il n'arriva à rien d'autre que grimacer de douleur. Dommage pour lui !

Eclatant d'un rire que je pourrais qualifier de dément je me laissai envahir par mon sortilège, mes millénaires d'études parlèrent, formant le construct de mana avec une facilité déconcertante. Rien ne pourra jamais m'arrêter ! Mes mains s'ouvrirent paumes en avant vers le futur cadavre. Deux traits froids comme la mort fusèrent à une vitesse fulgurante, l'ange écarquilla les yeux, puis avec un certain temps de retard, se jeta sur le côté. Un projectile éclata le sol en morceaux avec fracas, l'autre toucha ma cible au niveau de la hanche. Il geignit de douleur, sa chair brûlée par le gel avait sale allure. Tombant à genou il ne pu me lancer qu'un regard de haine profond... Croisant les bras je le fixai, conscient de ma supériorité.

« - Vraiment je m'attendais à mieux que ça ! Tu es lamentable ! Nul, pitoyable ! Tu ne mériterais même pas de figurer dans ma glorieuse légende... »

Il ne réagit pas plus, de toute manière que pouvait-il faire contre mon pouvoir ? Absolument rien bien sûr, j'étais au dessus de tout archidiable qui pouvait exister, la non-mort me procurait de quoi vaincre tous mes adversaires ! Je me déportai sur la gauche, pour le voir souffrir sous un autre angle, que c'était plaisant...

« - Allons même pas un petit sursaut ? Rien ? Il faut peut-être que j'aille tuer ta camarade là bas pour que tu daignes à résister ? »

Il se remit debout, visiblement il tenait plus l'autre ange qu'à lui-même, que c'était touchant ! Si j'avais été encore humain j'en aurais sûrement pleuré... de rire ! Je me déplaçai derrière lui en flottant, il eut du mal à suivre mon mouvement à cause de ses blessures, j'incantai déjà lorsqu'il fut de nouveau face à moi. Paroles après paroles j'attirai de l'énergie négative en moi, la chose la plus crainte par les anges. Un halo rouge sombre se forma autour de mon corps osseux, l'air s'épaissit devenant quasi-brumeux car saturé de mana. Le pathétique angelot prit son épée à deux mains, c'est tout ce qu'il pouvait faire ! Le construct de mon sortilège était presque terminé, je savais que cela suffira à renvoyer ce crétin au paradis. Je levai mes bras au dessus de ma tête, l'énergie fila dans le bout de mes doigts, d'un coup j'abaissai mes membres vers ma cible...

Un rayon noir comme l'obsidienne s'échappa de chacune de mes phalanges, ravageant tout sur son passage. La pierre du toit se fendit littéralement en deux, éclatant en morceau par endroit ou se désintégrant carrément sous la puissance du sort. L'ange se mit à courir pour tenter d'échapper à l'inévitable, restant concentré j'essayai de le rattraper, mon faisceau mortel balayant tout ce qui avait le malheur de se trouver là. Une tranchée béante se forma rapidement sur le toit éventré, comme une large cicatrice sur un visage meurtri. L'ange arriva au bord du vide, et se stoppa net, j'allais pouvoir m'en occuper. Il se tourna vers moi, voyant sa fin arriver. Lorsque le rayon allait le vaporiser il eut le réflexe salvateur de rouler en diagonale devant lui, une colonne au style gothique prit à sa place et explosa en éclats de roche tranchants. Par la Malpeste cet imbécile allait peut-être réussir à s'échapper ! Je ne pouvais maintenir ce sort éternellement, il demandait bien trop d'énergie. Et c'est d'ailleurs ce qui se passa, bientôt le rayon se tari et l'ange pu s'arrêter de courir dans tout les sens.

« - Ah non ça ce n'est pas du jeu ! Tu n'as pas le droit de courir comme ça d'abord ! Comment je fais sinon ? Rharg ! »

Ce misérable arrogant prit plaisir à esquisser un sourire provocateur. Cela me mit hors de moi ! Je m'envolai de quelques mètres, les poings serrés, fulminant de rage, il allait me le payer ! Je me préparai à incanter un nouveau sort lorsque je vis son aile cassée se ressouder toute seule, comme par magie ! Non pas « comme », c'était de la magie, l'autre chienne venait de terminer l'invocation du portail et entrait dans la danse. Elle y passera aussi, foi de Stendark !

Mon premier adversaire prit un peu d'altitude, battant de ses maudites ailes à la blancheur immaculée. J'allais les lui cramer ! Prenant de la distance mes mains dessinèrent de nouvelles arabesques oranges, la température autour de moi fit un bond, l'enfer se pressa dans mon esprit, un construct de colonne de flamme se dessina rapidement dans ma tête. L'ange fit tournoyer son épée et me chargea, tentant de prendre le plus de vitesse possible. Je voyais sa lame approcher à toute vitesse, mais j'étais sûr de mes compétences. A l'instant même où il allait me trancher en deux un déluge de feu s'abattit sur lui, ça c'était bien dommage ! Il essaya vainement de se protéger en changeant de trajectoire mais il avait prit trop d'impulsion... L'élément purificateur l'enveloppa dans une fournaise incroyable, le brasier magique ne lui laissera aucune échappatoire ! Il fut projeté loin de moi sous l'impact, je ne l'entendis même pas crier tant ce fut violent, la vocifération des flammes couvrant ses hurlements de souffrance. Il disparut de mon champ de vision, engloutit. C'est cuit ! Un de moins ! Trop facile...

Avec un air solennel je pris plaisir à lancer par-dessus mon épaule, à l'intention de l'autre ange :

« - Poussière tu retournera à la... Cendre ! Hahaha ! »

Je fis volte-face pour voir un peu la mine qu'elle devait faire. Mais je fus à la fois surpris et irrité, car elle osa me rire au nez ! Je ne voyais pas vraiment ce qui pouvait lui causer cette réaction ! Ou alors la pauvre avait perdue la tête... Par sécurité je jetai un coup d'oeil derrière moi, et l'autre fou à l'épée était toujours là ! Incroyable ! Il y'avait comme une légère sphère scintillante autour de lui, un globe de protection ! L'autre garce de magicienne devait sûrement en être la créatrice ! Je n'eu que le temps de jurer... La lame de mon ennemi s'était déjà jetée sur moi. Mais elle s'arrêta nette sur mon plastron d'os, ne laissant que de petites entailles sur l'enchevêtrement d'ossements noirs... Le choc fit tomber ma couronne dorée de ma tête, elle alla rouler par terre ! Le salaud ! Pointant un index menaçant vers lui je pris de l'écart avec lui.

« - Fumier ! Ma pauvre petite couronne ! Naoon ! Tu vas me le payer ! JAC'K'TARK ! »

Sept sphères d'ombres m'entourèrent, flottantes autour de moi sans un bruit. Elles se mirent à tourbillonner de plus en plus vite, j'adorai ce sortilège ! Je levai mes paumes à l'Ouest et à l'Est, incantant la suite du sort d'une voix rauque. Derrière moi j'entendais la magicienne qui s'y mettait elle aussi, mais j'étais bien trop supérieur, j'allai la prendre de vitesse facilement ! Le guerrier, lui, fit tournoyer son épée avec un air provocateur pour s'élancer de nouveau sur moi avec une rage non dissimulée. Manque de chance pour lui mon sort ce termina à cet instant précis... Les globes de ténèbres se figèrent, l'air crépita d'énergie magique et un instant plus tard un déluge de rayons noirs s'abattirent sur tout ce qui était angélique. Les sphères mitraillaient littéralement mes adversaires, surpris par une grêle aussi destructrice. Même mon rire dément fut couvert par l'averse ravageuse !

Le bouclier du guerrier encaissa une cinquantaine de tirs avant de rapidement céder sous la pression, éclatant avec un bruit de verre brisé. Non protégé, l'ange fut stoppé dans sa charge, brûlé par les salves de projectiles magiques. Sa chair ne supporta pas longtemps un tel traitement, surtout qu'il était impossible d'éviter ces flèches nécromentiques qui filaient bien trop vite vers leurs victimes... Elles transperçaient les meilleures armures, blessant et torturant comme autant de millier d'aiguilles ! Criblé d'énergie négative, le guerrier était couvert de sang et de brûlures douloureuses, ses ailes meurtries n'arrivèrent plus à le maintenir et il s'écrasa par terre quelques mètres en dessous de moi, quel dommage !

Je fis volte face pour voir que la magicienne s'en était sortie sans une égratignure grâce à un puissant sortilège de manteau gardien qui avait fracassé sans peine mon déluge mortel... La garce ne payait rien pour attendre ! Je comptais bien l'écraser, elle n'avait aucune échappatoire possible... Mon pouvoir était bien trop grand pour elle.

« - Je trouvais que la situation manquait de piquant ! Maintenant c'est plus à mon goût. Dis moi, quel genre de mort souhaites-tu ? Ah ! J'ai quelques petites idées si tu veux... Hmmm carbonisation ? C'est sympa je trouve ! Je peux aussi te faire pourrir sur place, moi j'adore ! En plus ça pue, mais je m'en moque parce que je sens plus rien ! Oui avec mes vieux os... Tiens ça me rappelle une anecdote, un truc particulièrement tordant et -... »

Je m'arrêtai subitement, me rendant compte par la même occasion que l'ange était en train d'incanter. La garce n'avait aucun respect pour les ancêtres, incroyable ! L'insolence de la jeunesse... Elle accumula une grande quantité d'énergie puis la projeta sur moi sous la forme d'une boule flamboyante. Le feu divin fila avec une mortelle précision, un joli sortilège mais je trouvais qu'il faisait un peu trop mal aux yeux. D'un geste négligeant j'invoquai le contresort adapté, si elle croyait m'avoir aussi facilement... Le globe se dissipa en une multitude de lucioles aveuglantes avant de disparaître définitivement. Avec un ton ironique je rétorquai à l'attaque :

« - Je crois que tu t'es trompée avec un sort de lumière pour éclairer les couloirs... Ca c'est dommage ! Bon j'en étais ou déjà ? Ca va me revenir... L'âge est cruel pour la mémoire, vraiment ! Ah oui l'anecdote ! Donc je disais, une fois il m'est arrivé de combattre deux anges en même temps, d'ailleurs c'était il n'y a pas si longtemps que ça... Dans cette prison, sur ce toi. Il y'en avait un avec une épée et l'autre c'était une magicienne, enfin une débutante comparée à mon pouvoir... Donc -... »

Elle m'interrompit de nouveau avec une nouvelle incantation. Cela commençait vraiment à devenir fatiguant ! Non mais vraiment pour qui elle se prenait ? On n'a pas le droit de couper la parole au grand Stendark ! Comme ça ! La garce elle va me laisser finir ma blague ou quoi ? Sa bouche animée par sa haine termina son sort, chaque mot était craché avec rage, c'était ravissant. Elle tendit ses mains vers moi et m'envoya un puissant et dévastateur éclair bleu violacé. Agacé je le détournai d'un revers de main, les doigts positionnés en V tout en prononçant le mot de pouvoir adapté :

« - SHOL'KOTH ! »

La terrible foudre s'estompa en une gerbe d'étincelles inoffensives qui crépitèrent une dernière fois avant de s'envoler au gré du vent. Et voilà qu'elle se met à pleurer de désespoir ! Comme c'est touchant ! Visiblement elle semblait abattue, mais qu'espérait-elle de mieux face à moi ? Je suis bien plus puissant que n'importe quel démon ou ange sur ce monde minable qui s'étale à mes pieds ! Toussotant pour ramener un peu de calme, j'inspirai profondément (inutilement car mes poumons étaient morts depuis bien longtemps) puis déclarai :

« - Allons ne pleure pas, tu n'es pas encore morte que je sache ! Même si c'est une certitude... Bon ou m'as-tu interrompu ? Ah oui donc deux angelots égarés... Hé bien il se trouve qu'ils ont essayés de me tuer, bon ça a lamentablement échoué mais c'était mignon à voir ! Sauf que l'un a fait tomber ma belle couronne par terre, ça m'a mit hors de moi ! Conclusion j'ai dû le tuer... Dommage ! L'autre était une véritable garce, mais j'avais gardé exprès un sort douloureux pour elle ! Et devine comme ils s'appelaient les deux ? Kad et Havre ! Hahahaha ! Je suis vraiment trop drôle ! C'est énorme ! »

Elle ne riait pas à ma blague, la salope ! Lassé je croisai mes bras sur ma poitrine, posant mes paumes osseuses sur mon plastron. J'incantai une pluie d'acide qui allait définitivement m'en débarrasser en plus de brûler son visage à la beauté arrogante ! Quel plaisir de balayer ainsi mes ennemis... Mon invocation allait bientôt arriver à terme, un sifflement si fit entendre. Il se rapprochait de plus en plus, il était froid et acéré, c'était celui d'une lame qui venait de sectionner ma nuque ! Mon crâne sauta en l'air pour aller lourdement retomber par terre, il roula encore sur quelques centimètres avant de s'arrêter. Là je l'avais mauvaise, mais alors d'une force... VENGEANCE !
Le Destin fait toujours qu'un maximum d'obstacles se dressent sur votre chemin, c'est ainsi. Pour le meilleur et pour le pire, surtout pour le pire. Je n'avais même plus de larmes pour pleurer, j'étais brisée, je ne comprenais même plus le sens de cette guerre. La seule chose qui restait encore imprimée au fond de mon crâne était le sacrifice de mon frère pour me sauver. Il m'avait toujours protégé, chéri, pour que jamais rien ne m'arrive. Aujourd'hui il était mort, je n'avais pas su l'aider moi... Une culpabilité qui n'était pas mienne écrasait mes épaules, minant mon esprit, me martelant encore et encore qu'il n'était plus là et que c'était à cause de moi. A cause de moi ? Il s'était tué pour moi, alors c'était de ma faute.

Cette mission semblait vouée à l'échec, il ne restait presque plus rien du commando. Le désespoir m'avait envahit, si je n'étais pas déjà morte c'était seulement par pur instinct de survie. Pourtant Fangorn, même après la perte de son frère, semblait encore croire à une victoire possible. J'avais envie de me raccrocher à lui, pour tenter de sortir la tête hors de l'eau, mais nous n'avions aucun lien autre que la camaraderie, rien d'assez fort pour me donner envie de me battre encore. Si il avait été mon amour les choses auraient été différentes, sans nul doute. Pour le moment j'étais inconsolable, je sentais que mon traumatisme ne disparaîtrait pas comme ça, c'était une cicatrice que j'allais garder à vie. La vie, un jeu de hasard aux conséquences dramatiques ou la mort guette chacun de nos pas.

J'étais si fatiguée... Lasse de tout ce monde sans raison ou l'on se bat pour toujours plus de pouvoir, ou les sentiments n'ont pas leur place. Je soupirai, si je devais mourir je le ferais en tentant de terminer le travail de mon frère. La tête baissée, les yeux fixes, j'écoutai Fangorn sans vraiment l'entendre, il essayait toujours de me rassurer, tout en guettant l'arrivée de l'ennemi. Un ennemi que je savais proche, trop proche. Il était puissant et déterminé, sombre et maléfique, pire que la froideur de la mort. Je ne doutais pas des compétences de Fangorn mais il ne fera pas le poids, je le pressentais.

Alors pendant que j'invoquai le portail il était arrivé, une liche aux pouvoirs incommensurables, elle aurait balayée n'importe lequel d'entre nous et c'est ce qui est arrivé. Néanmoins je m'étais acharnée, j'avais essayé d'incanter « l'espoir », mais je n'en avais plus. Mes sorts manquaient de consistance, c'était comme si la seule présence de cette maudite liche avait suffit à inhiber ma magie et accroître encore mon malheur. Elle se moquait de nous, comme si nous étions des enfants. Quand elle avait tuée Fangorn je n'avais pu crier, c'était horrible. C'était si dur que je n'arrivai même plus à évacuer mon désespoir, je n'arrivai même plus à pleurer, rien, le coeur gonflée de souffrance, de haine, de vengeance et de rage. Une douleur lancinante dévorait mon corps tout entier, un atroce goût amer dans ma bouche, pire que celui du sang. Mes mouvements et mes paroles n'étaient plus qu'animées par une haine pure et destructrice. Mais je ne pouvais rien faire, aucun de mes sorts ne l'atteignait, c'était incroyable d'accablement...

Plus d'énergie, plus rien...

La liche incante pour me tuer...

Un nuage passe devant le soleil couchant...

Des larmes acides le long de mes joues... Le regret dans mon coeur...

Un sifflement, le vent peut-être ?

Le crâne de la liche roule sur le sol, suivit de son corps.

J'hoquetai de surprise, mes membres paralysés. Je ne me rendais pas vraiment compte de ce qui venait de se passer, cela paraissait complètement fou, délirant. J'étais en vie, pas morte, en vie. Fangorn gisait non loin de là, il bougeait, il était encore de ce monde. Dans un ultime effort il avait jeté son épée avec une mortelle précision, tranchant la tête du mort vivant. Je n'en revenais absolument pas... La bouche à moitié ouverte je restais sans bouger, des sillons de larmes figés le long de mes joues, la sueur collant mes cheveux sur mes tempes et mon front, la respiration saccadée. Je fis un pas d'une façon mécanique, puis deux, puis trois... Pour finalement me retrouver juste à côté de Fangorn, agonisant sur le sol. Le soleil allait bientôt se coucher, les ombres dansaient tout autour de moi d'une façon effrayante. Je restai contemplative face au coucher de la dernière source de lumière de ce monde...

« - Ste... Stella... »

La voix brisée de Fangorn me tira de ma réflexion. Du sang coulait sur tout son corps, il était dans un piteux état. Je me jetai à genou à côté de lui, prenant sa main entre les miennes. Je savais que ce n'était même pas là peine que j'essaye de le sauver, il en avait plus que pour quelques secondes. Il essaya de se redresser, cela ne fit qu'aggraver ses blessures... Il toussa et cracha un peu de sang, la douleur faillit le faire tomber dans l'inconscience.

« - Il... Il... Faut que... »

Je me penchai sur lui pour tenter d'entendre ce qu'il avait à dire, sa voix se perdant en un murmure inaudible. Il inspira difficilement, de façon sifflante.

« - Je te dise... que...

- Que quoi ? Dis moi...

- Je... T'aime... »

Sa tête tomba en arrière et il rendit son dernier soupir, ses yeux voilés par la mort. Je laissais retomber sa main, qui atteint le sol au ralentit. Chaque son me semblait étouffé, comme si j'étais plongée sous l'eau, mes yeux s'embuèrent de larmes à nouveau, je n'arrivais même plus à respirer tant la douleur me prenait à la gorge. Le dernier de cette expédition était mort et il m'aimait, moi je restais là, seule, comme une imbécile. Le Destin semblait vouloir s'acharner, paraissant vouloir m'isoler de toutes les personnes qui tenaient à moi. C'était fou, complètement fou ! Tellement stupide que j'en éclatai de rire, un rire que je ne connaissais pas, un rire brisé, un rire amer, un rire dément, un rire qui prenait mon coeur pour l'étouffer dans d'atroce saccades, pour me tirer dans les sombres méandres d'une folie brûlante, dévorante... L'enfer n'était plus autour de moi mais dans mon propre esprit qui ne savait même plus quoi penser, meurtri par une blessure qui ne cicatriserait jamais, celle du regret et de la culpabilité mêlés. Je levai les yeux vers le ciel, un ciel noir et glacial, un ciel qui m'avait abandonné ! Je l'avais servis et il m'avait détruit, me laissant m'emporter dans une apocalypse sans nom... Je le détestai à présent, je le détestai ainsi que tout ces démons minables, que tout ces mortels incapables qui m'ont entraînés ici ! Je pleurais et je riais en même temps, sans plus qu'aucune logique ne s'imposte dans mon esprit complètement ravagé. Comme pourrais-je oublier cette souffrance un jour ? Jamais ! Je devrai la porter ou mourir. Je m'arrêtai, tremblante comme une feuille, une vengeance et une colère aveugle brillantes au fond de mes yeux ternis par mes larmes amères et salées.

Quelqu'un tapa dans ses mains derrière moi, d'une façon laconique. Une voix grave et railleuse s'éleva :

« - Hé bien regardez moi ça ! Ne serait-ce pas une jolie petite ange qui s'est perdue ? Ca tombe bien je vais enfin pouvoir régler ce problème d'invasion de cafards... Kryviska occupe toi de ça s'il te plaît... »

Je tournai la tête, un démon qui avait tout l'air d'un Archidiable accompagné d'une succube et d'une bonne trentaine de démons se tenait près de l'escaliers du toit. Visiblement le portail inter-planaire de la prison avait été rétablit. Mais à vrai dire, dans l'instant présent je m'en moquais complètement. Je me remis sur pied, l'instinct de survie reprenant le dessus, j'agissais un peu comme une bête traquée. Le regard affolé par autant de monde je me mis à courir au triple galop vers le portail que j'avais invoqué. Les démons s'agitèrent, comprenant que j'allais leur filer entre les doigts, il grognèrent et piaillèrent, mais il était déjà trop tard... D'un bond je franchis passage, je me sentis violement absorbée par la magie, comme si un bras puissant me tirait vers l'avant. Mes os et mes muscles gémirent lorsque je me retrouvai projetée de l'autre côté, atterrissant lourdement sur le sol de pierre. Luttant contre la douleur je fis volte-face pour fermer le portail derrière moi, ce qui me laissa quelques secondes de répit.

La traversée m'avait retournée l'estomac, les yeux exorbités j'eu un haut le coeur, une bile amère remonta le long de ma gorge, formant un noeud désagréable. Ma bouche s'ouvrit à demi, du feu se déversa dans mon corps alors que je vomissais par terre. De la sueur perla sur mon front, formant des petites gouttelettes désagréables. Chaque bouffée d'air que j'inspirai me déchirait les poumons...

L'air crépita d'énergie magique, les démons étaient en train de réinvoquer le portail, je n'avais que peu de temps. Je me remis sur mes jambes flageolantes, j'étais épuisée autant physiquement que mentalement. La salle dans laquelle je me trouvais était petite et circulaire, il n'y avait qu'un seul chemin possible : Un escalier en colimaçon. Je m'élançai tant bien que mal vers celui-ci, jetant mes dernières forces dans cette course effrénée. L'enfer tout entier était à mes trousses, mon unique chance de survit était de libérer les héros de Sanctuary. Chaque marche de plus à gravir était une véritable épreuve, je cru que j'allais vomir une seconde fois tant mon corps était poussé à l'extrême... Après toute la magie que j'avais utilisée mon organisme était en train de craquer.

Derrière moi j'entendis le portail s'ouvrir, bientôt l'archidiable est ses sbires débarqueront ici. J'accélérai le pas, mon coeur n'arrivait plus à me suivre, cognant durement dans ma poitrine. La pierre se déroulait sous mes pieds sans jamais sembler vouloir prendre une fin. Si bien que lorsque j'arrivai à la dernière marche je m'étalai tout du long, ma tête se fracassa violemment contre les plaques de marbre. Du sang se mit à couler le long de mon visage, mon sang. Il se répandit sur le sol en longues traînées, remplissant lentement les rainures du dallage. Le monde dansait autour de moi, se tordait et se pliait, c'était horrible. Une cruelle fatigue s'empara de mon corps, je cru que je n'allais jamais me relever... Ce fut la voix nasillarde et menaçante d'un démon qui me sortit de ma torpeur :

« - Petite vermine nous arrivons ! Hahaha ! »

Les bruits de pas s'intensifiaient dans l'escalier, les monstres redoublaient eux aussi d'ardeur. Je sentais presque leur souffle fétide d'ici. Me remettant à quatre pattes je me redressai avec difficulté, mon visage était à moitié couvert de sang et de sueur, une sale plaie fendait une de mes arcades. Boitillante je traversai la pièce qui s'étendait devant moi, au bout se dressait une sorte d'énorme glace. Plusieurs corps semblaient figés à l'intérieur de celle-ci. A n'en pas douter il devait s'agir des héros tant recherchés. Ils n'étaient plus très loin, je devais juste briser cette structure qui paraissait si fragile...

D'un mot de pouvoir j'invoquai un marteau d'énergie lumineuse, il se matérialisa dans ma main droite en un flash aveuglant. Je le levai au dessus de ma tête tout en marchant vers le bloc-prison, je l'abattis avec toute la force qui me restait sur la glace. Il rebondit comme si j'avais frappé sur la plus solide des roches ! Le choc retour fut si puissant que j'en tombai à la renverse, mon arme se dissipant dans la foulée. Les fesses sur le sol, je ne savais plus quoi faire. Les pas dans l'escalier se rapprochèrent encore plus, la panique s'empara de moi, j'étais morte. Après tout ce n'était peut-être pas une si mauvaise chose, je ne savais pas si je voulais vraiment vivre après tout ça. Mais j'aurais aimée venger mon frère...

Les bras en compote je me relevai une fois de plus, cette fois-ci j'allai utiliser ma magie, du moins ce qu'il en restait. J'allais concentrer tout l'espoir qui me restait dans cet ultime sort. Je fis abstraction de toutes mes souffrances, faisant le vide dans ma tête, cela fut étonnamment apaisant. Inspirant profondément je mis à incanter. Mes mains se mirent à dessiner toutes seules des arabesques complexes, l'entraînement reprenait le dessus. Jamais je n'avais été autant concentrée, c'était extraordinaire, le fait d'être poussée à bout sembler me donner une force intérieure que je ne soupçonnais pas. Le construct de mana se dessina calmement mais sûrement dans mon esprit, cela paraissait enfantin.

Les pas des démons étaient à présent si près qu'ils me firent tressaillir. Un frisson glacial parcouru mon échine lorsque la voix de l'archidiable s'éleva de nouveau :

« - Sale garce j'arrive et je vais te tuer ! »

Un picotement agréable et familier parcouru mon corps entier, l'énergie magique s'accumulait en moi pour former un sort capable de délier les enchantements qui maintenaient la structure du bloc-prison. Les enchantements qui retenaient les héros étaient d'une complexité rare, ils étaient entremêlés d'une telle façon qu'ils paraissaient impossible à délier, c'était un travail requérant extrêmement de patience pour mon état, c'était un peu comme essayer de se débarrasser d'un sac de noeud en étant privé de ses mains. Heureusement je restais calme malgré la situation alarmante, peut-être parce que je n'avais plus rien à perdre...

Les verrous sautaient les uns après les autres, la magie démoniaque faiblissait, mais cela demandait toujours plus de mana, j'étais à la limite de tomber dans l'inconscience tant cela me demandait de ressources... Mais je me focalisais sur d'uniques pensées : Mon frère perdu, mes compagnons d'armes morts aujourd'hui et Fangorn un amant de quelques secondes tant regretté. Cela me maintenait, je savais que je pouvais réussir, je n'en n'étais plus très loin, ce n'était plus qu'une question de volonté. L'enchantement se brisa encore un peu plus, je sentis les âmes des héros emprisonnés frémir d'impatience, elles avaient soif de vengeance elles aussi, condamnées à mille tourments depuis des centaines d'années. J'y étais presque, oui...

Un bruit de pas se répercuta dans la salle, un démon venait d'entrer. D'autres déboulèrent peu après.

Par tous ce qui est sacré...

...PAS MAINTENANT !

Pas si près du but ! C'est injuste ! Cette maudite Grâce Suprême m'avait abandonnée et laissée ici, pour crever et voir tout mes êtres chers mourir les uns après les autres ! La rage faillit briser ma concentration mais je gardai le contrôle de justesse. Encore la même voix de démon arrogant dans mon dos :

« - Alors comme ça on essaye de battre la magie de Diablo ? Kryviska, débarrasse moi de ça ! »

Il ne me restait plus qu'à casser un filament, juste quelques secondes ! L'air siffla derrière moi, comme si de l'acier fendait l'air, suivit d'un cliquetis métallique qui ressemblait à celui d'une chaîne. Quelque chose frappa violement mon dos, claquant entre mes deux omoplates, la douleur fut atroce ! Projetée en avant je ne pu retenir ma chute sur la pierre. Plusieurs de mes os se brisèrent en bruit de craquement sec, ma tête heurta de nouveau le sol, mes yeux se voilèrent pendant un court instant à cause du choc. Cette fois-ci ce fut un véritable flot de sang qui s'écoula sur le marbre noir, mon crâne s'était ouvert au dessus de mon oreille droite. On entendait plus que ma respiration sifflante dans la pièce, par quel miracle étais-je encore en vie ?

J'entendis des pieds nus avancer vers moi, sûrement ceux de la succube. A sa suite elle laissait traîner sa chaîne sur le sol. Tout les enchantement de la prison était brisé, maintenant il aurait suffit d'une pichenette pour la faire éclater en mille morceaux... Mais je n'avais même plus la force de bouger le bout de mes doigts, la démone avait dû sûrement frapper à un endroit particulier de ma colonne vertébrale pour que je sois paralysée de cette manière.

Elle s'agenouilla tranquillement à côté de moi, me fixant avec un regard à la fois empreint de pitié et de sadisme. Un de ses mains caressa mes cheveux, elle me parla comme si j'étais une enfant égarée :

« - J'aime bien les filles, elles ont une chair plus tendre... Dommage que tu sois autant abîmée... »

Ses doigts coururent sur les arrêtes de mon visage, puis descendirent le long de mon dos pour finir sur les courbes de mes fesses. Je me sentais si vulnérable... Une haine effroyable monta en moi face à cette impuissance. La succube arracha le haut de mes vêtement, me dénudant à moitié. Elle respira mon odeur, passant sa langue sur mon épaule droite. Des larmes se mirent à couler de mes yeux, j'avais été si près du but... Elle m'embrassa dans le cou, puis lécha le sang qui coulait au dessus de mon oreille. Sa chaleur et sa présence obscène me donnèrent envie de vomir. Elle attrapa délicatement un de mes bras et passa ses lèvres le long de celui-ci. Soudainement elle mordit à pleine dent ma chair ! J'hurlai de douleur lorsqu'elle m'arracha un morceau de muscle ! J'éclatai en sanglot...

Mais ce n'était plus du regret...

Ni de la peur...

Mais de la haine ravageuse... Plus d'amour, plus de compassion, plus rien, tous ces sentiments avaient désertés mon esprit. Je ne pouvais plus bouger mais j'étais télékinésiste. Malgré la souffrance endurée je me concentrai grâce à ma rage, source d'énergie qui semblait inépuisable. D'une pensée j'envoyai claquer la chaîne de la succube sur le bloc-prison. Il explosa en mille morceaux tranchant comme des rasoirs, la démone bondit en arrière pour éviter de se faire proprement découper. La tension monta dans l'air. Agonisante sur le sol je me délectai des visages horrifiés des monstres. Oui, même eux pouvaient éprouver la peur.

Sept personnes venaient de s'extirper de leurs cages grâce à moi, sept âmes qui hurlaient leur vengeance. Des héros aux pouvoirs légendaires, largement capable de vaincre la hordes de démons en face d'eux. Un homme au crâne rasé haut de près de deux mètres s'avança en premier au milieu de la salle. Il était colossal, couvert de runes nordiques tatouées. Il portait un pantalon de plaques noires, dans son dos était sanglé le fourreau d'une épée à la taille incroyable. Sa seule présence suffisait à faire reculer les monstres. Portant une main à la garde de son épée il déclara d'un ton grave à la fois haineux et calme :

« - Il est temps de prendre le large pour vous. »

Là je souriais...
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