Fanfiction Diablo II

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Brakas

Par SF
Les autres histoires de l'auteur

Chapitre 1 : Le voyage

Chapitre 2 : Le désert

Chapitre 3 : Duriel

Chapitre 4 : Kurast

Chapitre 5 : Zakarum

Chapitre 6 : Travincal

Chapitre 7 : La prison de la haine

Chapitre 8 : Le Seigneur de la Haine

Chapitre 9 : Le grand démon ka la peau dure

Chapitre 10 : Pétage de plombs

Chapitre 11 : Le coffre

Chapitre 12 : Une journée en enfer

Chapitre 13 : Sceau what

Chapitre 14 : Sort de nécro

Chapitre 15 : Le Seigneur de la Terreur

Voici le récit de Brakas, barbare des Hautes-Plaines et héros de Sanctuary:

Voilà déjà bien des années que j'ai vaincu la Destruction et libéré Sanctuary de l'étreinte démoniaque des Trois. Aujourd'hui, alors que je me fais vieux et que l'âge de quitter ce monde pour l'autre approche à grands pas, je me décide enfin à narrer mon aventure en espérant qu'ainsi, mon nom et ceux des héros qui m'accompagnèrent ne soient pas oubliés.

Tout commença à Secheron où je rencontrai dans une auberge un étrange voyageur à la langue bien pendue. D'ordinaire, les barbares ne sont pas très patients avec les étrangers mais cet homme là avait un étrange récit à nous confier. Il était question de démons primaires et d'arrivée de l'enfer sur Sanctuary et il n'était pas nécessaire d'être magicien ou paladin pour comprendre que ça n'était pas bon pour nous et qu'il fallait empêcher ça. D'après le voyageur, une Terreur innommable était sortie de terre à Tristram et avait quitté le Khanduras en direction de Lut Gholein sur la côte Est de l'Aranoch. Quelques compagnons et moi-même décidions aussitôt de traquer cet ennemi des Hommes et d'essayer de l'abattre, comme les barbares ont toujours traité leurs ennemis. Le lendemain, nous basant uniquement sur un récit hasardeux que nous avait fait un parfait inconnu alors que nous l'écoutions dans l'état second dans lequel nous met régulièrement l'alcool, nous préparions nos bagages, nos vivres et nos armes et partions en direction de la citadelle des rogues, loin dans le sud.

Lorsque nous arrivions à la citadelle, de nombreuses rogues réparaient le bâtiment et déblayaient des corps de démons qu'elles brûlaient sur un immense bûcher dans la plaine. D'autres entassaient les armes de ces monstres afin de les reforger à l'aide d'un marteau magique que la forgeronne attitrée du lieu semblait satisfaite d'avoir récupéré récemment. Nous réclamâmes à être reçus par un haut responsable. Lorsqu'une femme du nom d'Akara nous fut présentée, nous demandâmes à voir un homme et eurent des difficultés à comprendre qu'il n'y en avait pas. Comme cette personne semblait revêtir une certaine importance aux yeux des autres rogues, nous consentîmes à lui parler. Elle nous fit comprendre que notre aide n'était pas désirée ici mais que si nous voulions nous rendre utiles, nous pouvions poursuivre le rôdeur vers Lut Gholein comme l'avait fait le héro qui avait tué Andariel quelques jours plus tôt. Nous nous lancions dans l'aventure. Chargés de plusieurs outres et de nourriture supplémentaire, nous nous enfonçâmes dans le désert.

Il y a deux choses à savoir sur les barbares qui traversent le désert. La première, c'est que les barbares vivent dans les montagnes et que la plupart du temps, nos terrains de chasse sont couverts de neige. La deuxième chose à savoir, c'est que dans le désert, il fait chaud. Très chaud, même. Dès les premières heures de marche, nous nous mîmes à suer sang et eau et nos vêtements commencèrent à coller à notre peau. Nos casques en fonte étaient brûlants et certains d'entre nous décidèrent de les enlever. Ces hommes furent les premiers à avoir des vertiges. Lorsque le soir arriva, nous nous écroulâmes dans le sable, en état de semi inconscience.

Nous nous réveillâmes en pleine nuit au son des hurlements d'un de nos camarades. Il venait d'avoir été piqué par une petite créature noire à six pattes, deux pinces et une longue queue redoutable. Il tomba aussitôt malade et se mit à délirer sous la fièvre. Impuissants face au poison, nous le regardâmes mourir à petit feu. Nous nous partageâmes ses affaires et décidâmes alors de modifier notre façon de voyager. Nous camperions le jour à l'ombre et marcherions la nuit.

Nous fonctionnâmes ainsi durant plus d'une semaine, consommant de grande quantités d'eau pour ne pas nous dessécher. Bientôt, nos outres furent vides et il ne nous resta que les tonneaux de bière chaude. Le goût était atroce mais ça nous maintenait en vie. C'est alors que le convoi déjà précaire se changea en convoi fantôme. Les bêtes et les hommes étaient saouls et nous marchions au hasard en tournant le dos à la lueur du soleil qui se couche et faisant face à celle du soleil qui se lève. Je ne sais combien de temps dura ce voyage périlleux ni à quel moment disparurent les quatorze camarades qui nous manquaient à l'arrivée. Toujours est-il que lorsque nous arrivâmes à la belle citée de Lut Golhein, sertie tel un joyau par l'océan (Merci Marius), notre groupe n'était plus constitué que de barbares exceptionnellement forts et résistants.

Nous fûmes accueillis pas une certaine Atma qui, voyant notre état, décida de nous loger. Je m'enfonçai enfin avec délices dans les profondeurs réconfortantes d'un lit en toile, en essayant difficilement d'oublier la brûlure des coups de soleil.

Lorsque je me réveillai trois jours plus tard, des cinq barbares qui avaient réussi à atteindre la capitale de l'Aranoch, un seul était déjà réveillé, un autre dormait et les deux derniers étaient morts dans leur sommeil. Comme nous avions alors beaucoup de matériel en trop, pillé sur les corps de nos camarades, nous n'eûmes aucun mal à payer l'aubergiste et le croque-mort. Il nous restait deux chevaux, un peu d'or, nos armes, quelques armures et quelques parchemins. Il était temps de reprendre notre quête.
Dans la salle principale principale de l'auberge se tenait un homme dénommé Geglash. Nous fûmes impressionnés par sa prestance et sa résistance à l'alcool. Selon lui, de nombreux aventuriers parcouraient déjà le désert dans tous les sens dans la plus parfaite anarchie en tuant démon sur démon sans parvenir à trouver le rôdeur. Pour lui, nous n'étions que des fous parmi les fous destinés à mourir comme les autres sous les coups d'une créature des enfers inhabituellement puissante. Après quelques tonneaux, nous avions sa sympathie et nous en apprîmes un peu plus. En premier lieu, il fallait s'inscrire dans la coterie ambiante afin de pouvoir profiter de l'aide ambiante. Nous nous empressâmes d'insérer nos noms parmi ceux des autres aventuriers. Ensuite, nous n'avions qu'à aller dans le Canyon des Mages où une armée Horadrim avait jadis terrassé un terrible démon primaire et fouillé les tombeaux un à un.

De nombreux portails bleus s'alignaient en ville. Nous entreprîmes d'en chercher un menant au canyon des mages. De nombreux aventuriers plus ou moins défroqués allaient et venaient entre les portails et la longue queue d'attente qui menait jusqu'à une échoppe tenue par une certaine Fara.

Un aventurier impressionnant sortit soudain d'un portail. Il s'agissait d'un fier paladin à l'armure étincelante et au bouclier robuste. Il tenait en main un lourd sceptre flamboyant et marchait d'un pas lent, sûr et déterminé. Persuadés que ce type devait s'y connaître, nous nous jetâmes tous trois dans son portail. Nous arrivâmes dans une pièce carrée d'environ 7 mètres de côté d'où partait un couloir sombre. Le sol était couvert de corps de démons et de squelettes. Nous ramassâmes quelques objets, quelques potions et des pièces d'or. Au centre de la pièce se dressait un socle imposant percé d'un étrange orifice. Nous nous y adossâmes, goûtant avec délices à la fraîcheur de la pièce.

Soudain, le paladin apparût dans la pièce et son portail se referma. Son corps parfait émettait un rayonnement qui nous permettait de distinguer un magnifique bâton dans sa main. Il portait son sceptre à la ceinture. Il planta le bâton dans l'orifice et le regarda quelques instants d'un air intrigué. Nous nous levâmes pour l'observer. Il récupéra son bâton puis le glissa à nouveau dans l'orifice sans plus de succès. Il l'agrippa à deux mains et tenta de l'enfoncer plus avant. Le bâton ne bougeait pas. L'un de mes camarades (dont j'ai oublié le nom) s'avança:

- Heu... on peut peut-être vous aider...?

Le paladin lui lança un sourire intéressé :

- Vous savez comment faire ?

Nous nous regardâmes les uns les autres en silence d'un air embarrassé :

- Vous cherchez à faire quoi?

- Normalement, quand on enfonce le bâton Horadrim ici, ça doit ouvrir le tombeau de Tal Rasha.

Je pris le bâton à deux main et je tentais de le secouer tout en poussant vers le bas. Il ne se passait toujours rien. Je décidai de le faire tourner pour voir s'il descendrait plus. Vers la droite: ça ne tourne pas. Vers la gauche: un terrible bruit de choc retentit en contrebas. Nous pointâmes tous les quatre les yeux vers nos pieds.

Le sol se mit soudain à vibrer violement, ce qui me projeta au sol. Une vive lueur me meurtrit les yeux et je décidai de les garder fermés jusqu'à ce que ça se calme. Terrifié, je fus secoué pendant un temps interminable où je me contentais de rester en boule, les yeux clos et espérant qu'aucun bloc du plafond ne se décroche.

Lorsque le calme revint enfin, mes deux camarades et moi étions sur les coudes aux pieds du paladin, bien campé sur ses jambes. Le mur du fond partiellement éboulé révélait un passage sombre et humide.
Vexés d'être tombés, nous décidâmes de relever l'honneur des barbares en précédant le paladin. Malheureusement, le passage était pentu et glissant. En un instant, nous nous retrouvâmes en vrac au pieds d'un énorme démon VIVANT !!!
Nous étions trois barbares au pieds d'une énorme créature des ténèbres couverte d'écailles et aux yeux jaunes hypnotiques braqués sur nos frêles carcasses haletantes. Le démon leva une immense griffe vers le plafond sombre de la grotte. Je m'esquivais vivement vers la droite alors que l'un de mes camarades se jetait sur la gauche. D'un regard en arrière, j'apercevais le troisième à genoux, tétanisé par la peur se faire pulvériser d'un coup à la tête. Terrifié, je m'élançais de plus belle et heurtais de la tête l'autre survivant qui avait fait le tour de la pièce. Nous nous retrouvions face à face, les quatre fers en l'air, aussi ridicules qu'à l'accoutumée.

J'eût à peine le temps de me plonger dans son regard stupéfait que son cadavre broyé s'étalait sur la paroi encaissée de la pièce. La peur me donna soudain des ailes et je fuyais ventre à terre vers le trou par lequel j'étais entré, croisant dans ma course un vague lueur que je n'eût pas le temps d'identifier. D'un mouvement frénétique, je nageais dans les gravas qui ne cessaient de s'ébouler sous mon poids. Mon dos me démangeait tant sa perforation par une large griffe infernale me semblait imminente. Il était impossible d'escalader cette pente. Les yeux fermés, je me laissais retomber en position foetale en attendant le coup de grâce.

Derrière moi retentissaient de rapides bruits de chocs métalliques. J'entrouvrais les yeux pour découvrir le paladin aux prises avec la bête. Celui-ci la martelait de son sceptre en absorbant une épaisse potion de santé à chaque fois que le monstre parvenait à briser sa défense et à le toucher. Je me relevais et m'approchais du combat. Les coups fusaient si vite que je parvenais à peine à les voir. Sans perdre sa concentration, le fier guerrier s'adressa à moi:

- Tu as des potions de sa santé ?

- Quelques unes...

- Donne-les moi, je suis à court.

J'en avais récupéré tellement sur les corps des barbares morts dans le désert que mon sac en était presque plein. Cependant, il s'agissait de petites potions, insuffisantes pour guérir un homme de la stature de cet aventurier. Je me plaçais derrière lui et les lui faisais boire sans m'arrêter alors que lui continuait à combattre sans trêve. Tout mon stock y passa. Alors que le combat devenait critique, le démon s'effondra à nos pieds. C'était ma première expérience dans la lutte contre les créatures démoniaques et c'était un victoire. Je me sentais aguerri.

Dans le fond de la pièce s'élevait un escalier en haut duquel se tenait une porte qui s'ouvrit brusquement. Je suivis mon nouvel ami dans un couloir sombre qui donnait sur une immense pièce. Le centre était percé d'un profond gouffre au fond duquel bouillonnait de la lave. Sur une île au centre se tenait une étrange créature humanoïde pleine de lumière et pourvue de longues lanières lumineuses sur le dos évoquant vaguement des ailes. J'appris par la suite qu'il s'agissait d'un Archange du nom de Tyrael. Un vieux pont sur pendu en cordes et en bois menait à l'îlot. Mon compagnon s'y engagea et entama une conversation avec l'Archange qui semblait gravement blessé. Je préférais rester sur la berge à les écouter.

Il était question de deux démons majeurs circulant en liberté sur Sanctuary. L'Archange disparût en laissant un portail dans lequel le paladin s'engagea. Je me retrouvais seul face à ce satané pont qui me séparait du portail.

Le paladin l'avait fait, pourquoi pas moi ? La lave bouillonnait énormément et le bois semblait vermoulu... et le paladin avait battu le démon. Je posais un pied sur la première latte du pont qui se brisa sous mon poids. Je retournais dans la pièce du démon. Celui-ci avait laissé sur le sol une épée trop lourde pour que l'on puisse se battre avec, une médiocre armure de cuir, des flèches (mais que pouvait-il bien faire avec ça ?) et... un parchemin de portail de ville. J'ouvrais le portail et rentrais à Lut Gholein retrouver mon ami le Paladin. Les aventuriers se dispersaient peu à peu. Je le trouvais à la boutique de Fara (une forgeronne) où je demandais des portails de villes et des potions. N'ayant ni l'un ni l'autre, elle m'orienta vers un certain Drognan qui m'offrit les deux... à un bon prix.

Je retrouvais le Paladin sur le port. Il me donna enfin son nom: Liziar Khalendar et m'apprit que la piste des démons majeurs se poursuivait vers l'orient à travers les mers jumelles jusqu'à Kurast, la cité portuaire de Travincal où résida le grand conseil des Horadrims. L'aventure n'attendait plus que nous et nous étions au rendez-vous.
Il y a deux choses à savoir sur les barbares qui traversent la mer. La première, c'est que lorsqu'on vit en montagne, la mer, c'est loin et le mieux qu'on puisse faire, c'est l'imaginer... vaguement. L'autre chose à savoir, c'est que les bateaux en mer, ils bougent sans cesse d'un côté sur l'autre et qu'à force, on a l'estomac qui en prend un sacré coup. J'ai été malade à en crever pendant toute la traversée et dans mon malheur, la seule chose qui me faisait tenir, c'était de voir Liziar dans le même état que moi. Le voyage me sembla interminable mais comme je passais mon temps à dormir, à manger et à vomir sans me demander à quelle hauteur était le soleil dans le ciel, je ne sais pas exactement combien de temps nous passâmes sur les mer jumelles.

Lorsque nous accostâmes sur les quais de Kurast, il pleuvait comme vache qui pisse des cordes et je nourrissais les poissons. Quel ne fut pas mon soulagement lorsque je sentis la terre ferme sous mes pieds.

De toute la ville, les quais étaient le seul endroit que les démons ne possédaient pas encore. Loin au dessus de la jungle, nous apercevions le temple de Travincal où nous devions nous rendre, autour duquel volaient d'inquiétantes nuées de rapaces démoniaques. Je frissonnais. Nous repérions un mage dénommé Ormus, un forgeron répondant au nom de Hralti et un étrange érudit vivant cloîtré dans une cabane sordide: Alkhor. Je remarquais aussi trois femmes: une certaine Asheara qui dirigeait les mercenaires gardant des quais, une puissante ensorceleuse qui n'accepta jamais de nous dévoiler son nom et qui semblait être là pour la même raison que nous et une étrange femme vêtue de noir dénommée Natalya et qui ne semblait être là que pour le plaisir des yeux.

De nombreux autres aventuriers décidèrent de nous accompagnés lorsque nous nous engageâmes dans la jungle humide, précédés par les orbes dévastatrices de l'enchanteresse. Nous découvrîmes ainsi deux morceaux d'un dénommé Khalim, une étrange statuette, ainsi qu'une lame magique censée protéger le port. La seule difficulté que nous trouvâmes en chemin fut un certain Endugu, un sorcier maîtrisant le feu, caché avec ses laquais tout au fond de la prison de l'écorcheur. Des que les premiers d'entre-nous entrèrent dans la pièce où il se terrait, la zone fut envahie par un tel brasier qu'ils moururent presque instantanément. Fort heureusement, la sorcière avait plus de portée qu'eux et ils moururent gelés, un à un.

Bien vite, nous fûmes en vue de la ville basse. C'est à ce moment là que survint le drame.

L'ensorceleuse était une belle et faible jeune femme qui se cachait derrière de nombreuses protections magiques telles qu'un bouclier d'énergie et une armure de gel. En outre, elle portait une orbe de très grande puissance portant le nom d'Occulus qui lui offrait un protection supplémentaire: lorsque la jeune femme se faisait frapper par un ennemi, l'arme avait une chance sur quatre de la téléporter de façon totalement aléatoire afin d'esquiver un coup supplémentaire.

A la sortie de la jungle, nous rencontrâmes un homme-tronc (pas un mancho cul-de-jatte, un vrai tronc d'arbre) dénommé Arbre-Tonnerre, protégé par les auras magiques suivantes: Envoûtement éclair, envoûtement aura conviction, maudit, tir multiple et quelques protections dont je n'ai pas le souvenir.

La troupe se jeta immédiatement sur lui et la sorcière se mit à pilonner à l'orbe. Un nuage d'éclairs s'échappa aussitôt de l'écorce du monstre, meurtrissant profondément nos compagnons. A cet instant, une immense libellule frappa lâchement la sorcière qui se retrouva téléportée au coeur du combat, au corps à corps à corps avec la créature. Un éclair la frappa. Instantanément, l'armure de gel et l'envoûtement éclair se ripostèrent l'un sur l'autre un grand nombre de fois jusqu'à ce que la sorcière s'effondre terrassée. Une vague d'éclairs extrêmement dense s'écarta autour du tronc et balaya mes camarades comme de simples poussières, ce qu'ils redevinrent aussitôt. En un instant, il ne resta plus sur le champ de bataille que Liziar que sa grande résistance à la magie avait sauvé in extremis et moi qui ne m'étais pas approché trop près de l'ennemi de peur de prendre un mauvais coup. D'un commun accord, nous décidâmes qu'il n'était pas indispensable de tuer ce type. Liziar posa un portail sur place et nous entraînâmes l'homme-tronc à se perdre en forêt avant de regagner la ville à l'aide d'un de mes portails pour ressortir par celui de mon ami. Nous entrâmes alors en ville.

Mon compagnon se débrouillait fort bien en cassage de démon et à dire vrai, je ne servais que de porte-potion. Cependant, à force d'observer ses combats, je me sentais de plus en plus apte à me défendre moi aussi. Nous trouvâmes un bouquin et un autre morceau de Khalim que quelqu'un avait sans doute laissé filer par les égouts (je commençais à me demander si nous ne pourrions pas reconstituer le bonhomme en intégralité.) et nous arrivâmes à l'entrée de Travincal. Je n'avais alors qu'une vague idée de l'horreur que j'allais y trouver (merci Marius): le Temple de la Lumière, la porte des Enfers, Méphisto...
Lorsque nous atteignirent Travincal, la nuit tombait et d'étranges flammes violettes dansaient sur les marais. D'un commun accord, nous décidâmes qu'il n'était pas prudent de poursuivre en nocturne. Nous savions que les parties de la ville que nous avions libérées seraient reprises par les monstres d'ici l'aube mais comme le portail de la ville haute était proche de la chaussée de Kurast, nous n'aurions que très peu de chemin à reconquérir.

Une pluie froide et drue pilonnait les toitures en bois vermoulu du port lorsque nous trouvâmes asile chez Asheara. Nous nous isolâmes alors dans un coin de la masure à l'écart des gardes du port qui ronflaient comme des sonneurs et discutâmes jusqu'à pas d'heure. J'apprenais alors le lourd passé que traînait mon ami Liziar.

Les raisons qui menèrent à la création de son clan remontent au temps ancestraux où le plan des mortels s'infiltra entre le Paradis et les Enfer déchirés par une éternité de conflits sanglants. Les deux camps, incapables de l'emporter sur l'autre comprirent très vite l'importance des hommes sur la victoire finale et entreprirent de s'allier avec eux. Les Anges descendirent sur Terre et les baignèrent de leur lumière bienfaisante tout en les laissant libres de choisir leurs alliés. Les démons au contraire décidèrent de s'infiltrer dans leurs esprits et de corrompre leurs âmes de leur noirceur afin de les absorber de force dans les armées maléfiques. Malheureusement, la technique des démons semblait plus efficace.
Afin de contrer la corruption grandissante de Sanctuary, les hommes fidèles à la Lumière s'unirent en un clan nommé les Horadrims qui combattirent les enfers jusqu'à atteindre un équilibre des forces sur Sanctuary. Ceux sont eux qui, aidés par un Archange, combattirent et emprisonnèrent les Trois lorsqu'ils furent chassés des Enfers.

Mais la puissance des Horadrims n'était pas suffisante pour rétablir l'ordre sur Sanctuary car les hommes se laissaient facilement corrompre par les ténèbres. L'église de Zakarum dépêcha alors des prêtres dans les contrées reculées du plan des mortels afin d'y répandre les préceptes de la Lumière. Ces hommes pieux et formés à la théologie étaient malheureusement de piètre guerriers que les démons massacrèrent en masse sans difficulté. C'est alors qu'une nouvelle unité du Zakarum fut formée: le paladin, dont l'unique objectif initial était de protéger les prêtres. Les hauts dignitaires de Zakarum remarquèrent par la suite que par leur charisme, les paladins étaient plus efficaces à répandre les visions d'Akarat que les prêtres et eux seuls furent conservés. Malheureusement, il apparût par la suite que ceux-ci, moins érudits que les prêtres, étaient incapables de s'en passer. Durant leur lutte contre l'enfer, de nombreux paladins développèrent un instinct de méfiance qu'il généralisèrent à tout leur environnement et perdirent la capacité à différencier les alignements neutres des créatures chaotiques. Leur chasse sanglante des humains corrompus dérapa en une inquisition cruelle et aveugle. Les paladins que ce mal n'avait pas touchés se firent décimer par leur compagnons qu'il n'osaient combattre. Le clan se scinda alors en deux. La main de Zakarum continua à répandre la lumière par la force alors que Liziar et de nombreux autres rebelles quittaient leurs terres pour combattre les trois Grands Démons, ici à l'ouest.

Mon ami m'apprenait alors les souvenirs difficiles qui obscurcissaient son âme: l'inquisition, les exécutions sommaires, sa trahison à l'église, la mort de nombre de ses compagnons dans la citadelle des rogues et à Lut Gholein. Je m'endormais durant son récit et ma nuit fut secouée de moult cauchemars.
L'aube pointait à peine lorsque Liziar me secoua de sa botte:

- Réveille-toi, Brakas. On a une fin du monde à arrêter.

- Mouais, la routine, quoi, baillais-je.

Il ne pleuvait plus mais le ciel était lourd de nuages et l'odeur nauséabonde des marais m'oppressait. J'avais hâte d'être dans la ville haute. Liziar alla d'abord au nouvelles auprès d'un vieil ami à lui, un puit de sciences nommé Cain, incapable de soulever une bardiche. (Note de l'auteur: Merde, j'ai marché dans mon assiette.) D'après lui, de nouveaux héros étaient arrivés dans la matinée et ils déblayaient la forêt à nouveau infestée par la vermine. Il avait aussi appris qu'un certain Marius était entré sans crainte dans la forêt quelques jours avant notre arrivée et que son corps n'avait pas été retrouvé. Je lançais à Liziar un regard du type: "Il t'apprend des trucs utiles des fois ?" et n'eût pour toute réponse qu'un sourire en coin. Un nouvelle journée d'aventurier commençait.

Un simple coup de portail nous projeta dans la ville haute. Nous étions attendus. A peine débarqués, nous fûmes pris sous une pluie de glace et je ne dû mon salut qu'à mes excellents réflexes de retraite stratégique. Déjà, Liziar se lançait sur le chef Heirophant flanqué de ses quatre laquais et lui lançait une série de coups très rapides. De mon côté, je m'attaquais à un laquais isolé, mais à chaque coup que je parvenais à lui infliger, il se faisait guérir par un de ses potes. Un peu plus loin, j'apercevais Liziar sous une pluie de glace, cerné par les éclairs et frappant si vite l'ennemi que je voyais à peine son sceptre. L'ennemi semblait plutôt bien encaisser les coups et soudain, un de ses laquais lui lança un sort de guérison et il se trouva frais comme un gardon.

- Il n'arrête pas de se régénérer.

- Le mien c'est pareil. Je fais quoi ?

- Attends, j'arrive.

Liziar se jeta sur mon laquais et commença à le marteler. Je m'esquivais juste assez vite pour éviter la pluie de glace. J'observais les coups pleuvoir sur la créature infernale. Elle encaissait beaucoup moins bien et les sorts de soins qu'elle recevait ne parvenaient pas à refermer ses blessures de plus en plus profondes. Elle flétrissait à vue d'oeil et bientôt, elle s'effondra. Liziar passa aussitôt à un autre laquais.
A chaque laquais qui tombait, il y avait un type de moins pour lancer les sorts de soin et le carnage allait un peu plus vite. Après un combat acharné, nous nous retrouvâmes face au chef seul qui continuait à nous pilonner de sorts comme s'il ne craignait pas de perdre. Cette fois-ci, nous fûmes deux à le frapper et, l'aura de mon ami aidant, je parvins à placer quelques coups redoutables. Quand il trépassa enfin écrasé sous les coups de sceptre, ma lame s'enfonça dans son corps jusqu'à la garde. C'était ma première victoire contre un ennemi aussi imposant et elle me gonflait de fierté. Mais la journée ne faisait que commencer.

Nous nous engageâmes alors sur la Chaussée de Kurast faiblement défendue et remontâmes vers le Temple de la Lumière. J'essayais en vain d'imaginer à quoi il ressemblais lorsqu'il portait justement son nom. C'était inutile. Ce lieu était par trop imbibé de ténèbre. Des cadavres baignés de sang traînaient sur les nombreux autels à sacrifices de Travincal et j'avais beau me dire que l'ennemi sortait des enfers, je n'arrivais pas à accepter qu'il puisse être aussi purement maléfique. L'idée même que le chaos absolu et la mort puissent être un objectif rationnel dépassait mon imagination. Mon âme de barbare cherchait un intérêt à cela et n'en trouvait pas. C'est alors que nous tombâmes sur les membres du conseil.

Liziar se jeta sur ses anciens maîtres avec une hargne féroce. Ils lui avaient fait tuer des innocents. Ils avaient soutenu la main de Zakarum et ils étaient complètement corrompus par Méphisto. D'ailleurs, ils n'avaient même plus l'air humains. Ils allaient payer. Dépassé par la violence du combat, je hurlais pour encourager mon ami, priant secrètement pour qu'il ne meure pas en me laissant seul face à ces brutes. En quelques instants, les membres de moindre importance s'effondrèrent et il ne resta que Ismail Brise-Main, Geleb Doigt De Feu, Toorc Poing de Glace autour de mon ami. Il commença à leur distribuer des coups à toute vitesse en parant les leurs sur son bouclier sacré.

D'énormes serpents s'élevèrent des douves du temple tout prêt de moi. Dans un réflexe fulgurant, je me jetais au sol sous le regard ahuri de l'animal. Je me relevais prestement et lui assenais un très violent coup d'épée. Il répliqua en me crachant si fort au visage que je fus projeté en arrière. Je chargeais à nouveau, sentant sa salive visqueuse et nauséabonde me brûler la peau et me jetais avec lui dans la fosse en l'étreignant de mes bras et de mes jambes. Nous disparaissions dans les eaux putrides qui me lavaient aussitôt les joues meurtries. L'animal se tordait en tous sens pour tenter de m'échapper et je le sentais glisser contre ma paume. J'enfonçais alors ma lame dans sa chair souple et commençais à le scier. Un nuage de sang rouge se répandait autour de la plaie, rendant toute visibilité très difficile. Je découvrais avec surprise une colonne vertébrale au centre de la coupe et j'entamais de glisser la pointe de mon épée entre deux vertèbres. Lorsque je sentis l'os se disloquer, la bête cessa totalement de bouger et, emportés par mon armure, nous coulâmes jusqu'au fond. Je me relevais entre deux eaux et tentais de marcher dans l'épaisse couche de vase afin de rejoindre le bord. Je commençais à manquer d'air.

Soudain, je sentis une pierre sous mes pieds. Profitant de cet appuis, j'effectuais un de ces bonds dont les barbares ont le secret et parvenais à faire émerger ma tête juste assez longtemps pour aspirer une pleine bouffée d'air. Alors que j'atteignais à peine le fond, je tombais nez à nez avec le visage furieux d'un serpent géant troublé par l'eau rougeâtre. Je lançais la pointe de mon arme vers son menton et la vis ressortir au sommet du crâne. Je n'y voyais désormais plus rien et avançais en tâtonnant dans une direction qui me semblait plus ou moins bonne. Soudain, ma lame heurta un mur. Je la glissais entre mes dents et entamais l'escalade. La roche était glissante et j'avançais difficilement jusqu'à ce qu'une main amicale saisisse la mienne et m'extirpe des douves.

Je me laissais tomber aux pieds de Liziar et crachais péniblement l'eau que j'avais avalée. Les trois membres du conseil étaient morts et Liziar avait glissé un fléau dans sa ceinture. Je lui lançai un regard interrogateur. Il me répondit par un sourire comme à l'accoutumée:

- On va forger un truc qui va te plaire, tu vas voir.

Nous rentrâmes en ville et plaçâmes le fléau ainsi que tous les morceaux de Khalilm que nous avions dans une boite appelée Cude Horadrim que possédait Liziar. Je ne connaissais pas cet objet et le regardais faire d'un air surpris. Il activa un mécanisme et les quatre objets fusionnèrent en un fléau bien plus puissant que mon épée. Liziar me le tendit en souriant et je m'empressais de glisser mon épée dans mon coffre pour la remplacer par cette nouvelle arme. Nous reprîmes les portails. Je levais les yeux sur le temple noir. L'orbe d'envoûtement brillait d'une lueur sanglante. Je la frappais de toutes me forces à l'aide du fléau. Elle éclata aussitôt, pulvérisant l'arme dans mes mains. Un escalier s'ouvrit dans le sol donnant sur l'obscurité.

- Es-tu prêt à descendre dans les entrailles mortelles de la demeure d'un Grand Démon où il se trouve sans doute en compagnie de ses deux frères ?

- Heu... Attend un peu, il faut que je retourne chercher mon épée en ville...
Après un petit tour en ville, nous étions prêts à combattre le démon. Je laissais Liziar me précéder sur les marches sombres et couvertes de mousse du temple de la Lumière et manquais de peu de glisser et l'entraîner en bas avec moi. Nous débouchions dans un vaste palais éclairé de quelques torches dans lequel traînaient moult cadavres déchiquetés. Je lançais un boutade subtile sur le thème des femmes de ménage qui ne sembla pas amuser mon ami. Il sondait les couloirs du regard à la recherche de créatures démoniaques qui ne tardèrent pas à nous déferler dessus. Après quelques instants de combat, nous parvînmes à nous faire une idée de la stratégie de l'ennemi : des poupées des enfers, des hommes troncs et des zombies nous occupaient au corps-à-corps alors que de puissants sorciers tentaient de nous noyer sous les flammes. Fort heureusement pour nous, Liziar paraient la plupart des coups à l'aide de son bouclier qu'il renforçait régulièrement à l'aide de sa foi et sa forte résistance à la magie lui permettait d'atténuer fortement l'effet des flammes sur sa personne. Nous traversâmes le vaste premier sous-sol de la prison de la Haine et découvrîmes un second escalier. Cette fois, je passai devant.

Arrivé en bas, je tombai sur une armée d'hommes troncs. Je reculai vivement et heurtais Liziar. Les créatures nous repoussèrent aux premières marches. Il était impossible de nous croiser et les premiers monstres étaient déjà sur nous. Je lançais de violents coups d'épée pour parer les coups en hurlant à Liziar de remonter. Lui, poussé par sa foi lançait de puissantes séries de coups de sceptre par dessus mon épaule tout en parant quelque coups qui m'étaient destinés en glissant son bouclier sous mon bras. Je trouvais la position quelque peu inconfortable. Un grand homme tronc souriant à l'écorce couverte de reflets violets avançait doucement vers moi. Je hurlais :

- Un envoûtement éclair !!!

Liziar continuait à frapper comme un sourd et je voyais les cibles s'effondrer autour de moi. Soudain, il porta un coup au chef. Un violent éclair vint me frapper à la poitrine et je lâchai immédiatement mon épée pour me concentrer sur ma ceinture. J'avalai consécutivement une potion rouge et une potion violette et hurlant :

- Ne tape pas l'envoûtement éclair, je vais crever ! ! !

L'instant d'après, j'avais l'armure et le visage maculés de potion. Liziar répondit :

- Je ne peux pas. Une fois que je lance une attaque, je ne contrôle pas la direction de mes quatre coups suivants. Ils touchent des cibles proches au hasard.

Un second éclair me transperça :

- Alors remonte, laisse-moi partir !

Il concentrait enfin à interrompre le combat et nous remontâmes les marches quatre à quatre, talonnés par les monstres. Nous débouchions essoufflés au premier sous-sol. Liziar se plaça de côté pour le permettre de le croiser. Je posai ma main sur sa poitrine pour le retenir et captai son regard :

- Attends. Recule et laisse-moi faire.

Mon épée était restée en bas. Il me lança un regard interrogateur. Je pris un peu d'élan et m'élançai vers le premier monstre à débouché en haut des marches. D'un bond, je lui lançai un double coup de pied dans la poitrine. Il écarta les bras et racla les bords couverts de mousse glissante de la cage d'escalier en tombant en arrière.

Liziar et moi écoutâmes silencieusement les cris, les bruits de chocs et d'éclairs qui suivirent. Lorsque le silence vint enfin, nous levâmes les yeux l'un sur l'autre. Je n'avais jamais vu un paladin regarder quoi que ce soit avec un air aussi surpris. Nous fûmes pris d'un violent fou rire qui dura plusieurs instants.

C'était ma première quête dans la prison de la Haine : faire rire mon compagnon, et c'était un succès.
Nous redescendîmes les marches pour trouver un groupe d'hommes troncs passablement amochés et terrifiés par l'escalier. En quelques instants, il ne resta que de la sciure. Je ramassai ma lame et nous reprîmes notre progression. Après moult combats (NDLR : J'aime bien ce mot : "moult") et la découverte d'un WP, nous descendîmes un autre escalier : Liziar devant, moi derrière.
Nous débouchâmes au dernier niveau de la prison de la Haine où nous risquions de trouver Méphisto, Diablo et Baal. Je résistais difficilement à l'envie pressante de laisser Liziar poursuivre seul sur ce terrain dangereux mais ma curiosité l'emportait sur ma peur. Après quelques sorciers rapidement occis, nous nous avancions vers la pièce principale. Un petit groupe de membres du conseil s'avança vers nous et il fallut quelques instants à mon ami pour s'en débarrasser.

Le centre de la pièce était couvert d'un lac de sang visqueux et il nous fallait choisir une direction pour le contourner. J'hésitais à proposer de tourner dans le sens des aiguilles d'une montres lorsque je m'apercevais que ces objets n'avaient pas encore été inventés. Craignant d'être mal compris pas mon ami, je proposais de prendre à gauche. C'est alors que nous découvrîmes la porte des enfers rouge et sombre, sur laquelle glissaient des visages effrayants, tordus par la douleur. Cette simple vue me fit frissonner et je parvenais difficilement à en dégager mon regard. Un autre membre du conseil en profita pour nous surprendre. Fort heureusement, mon camarade avait une présence bien plus imposante que moi et c'est sur lui que chargea la créature. Je fus surpris de constater la vitesse à laquelle il portait ses coups.

- Il est rapide !

Liziar évitait et parait difficilement les attaques brutales de son ennemi. Il quitta soudain le combat et lança un sort qui fortifia son bouclier. Le combat tourna aussitôt à son avantage. J'observais médusé le membre du conseil porter des coups bien plus vite que je ne pourrais jamais le faire et mon ami répliquer bien plus vite que je ne parvenais à le voir. La danse sanglante et endiablée se poursuivit quelques instants et le membre du conseil s'effondra enfin. Liz me lança un regard satisfait. Je commençais à apprécier sa façon de communiquer sans prononcer de paroles inutiles. Nous nous avançâmes dans l'aile gauche et rencontrâmes un ennemi auquel nous ne nous attendions pas.

Il s'agissait d'un chef des poupées des enfers entouré de ses laquais. Au premier coup d'oil, je m'apercevais qu'il générait la même aura que Liziar: fanatisme. Je décidais de regarder le combat de loin alors que mon ami se faisait encercler par les laquais. Ceux-ci frappaient plus vite que le membre du conseil et malgré son bouclier sacré, Liziar avait toutes les peines du monde à parer leurs assauts. Il hurla à mon attention:

- Bon sang, ils font drôlement mal et je ne parviens pas à absorber leur essence vitale ! Ca va être le festival de la potion de vie !

Le combat dura quelques instants et, bien que voyant à peine le sceptre de mon ami qui tournoyait autour de lui, je m'apercevais qu'il répartissait ses coups sur les différentes créatures qui l'entouraient au lieu de se concentrer sur une seule à la fois pour réduire plus rapidement le nombre de ses adversaires. Son attaque avait beau être rapide, son principal défaut me semblait évident. Je profitais de mon inactivité pour lui en parler. Sans se départir de sa concentration, il me répondit longuement:

- Tu te trompes. Le principal défaut, ça n'est pas l'impossibilité de choisir quatre cibles sur cinq. Le fait de ne pas pouvoir donner moins de cinq coups lorsqu'on a commencé à frapper peut s'avérer bien plus gênant. Dans le Champ de Pierres près du camps des rogues dans le Khanduras, j'ai rencontré un chef déchu dénommé Rakanishu qui portait un envoûtement éclair très puissant Je n'avais pas encore ma ceinture Tonnerre des Dieux à l'époque et je crois bien que si je n'était pas parvenu à boire une potion de rajeunissement au dernier moment, je serais mort.

Tout en l'écoutant, j'observais attentivement le chef poupée des enfers resté en retrait du combat. Celui-ci semblait évaluer la technique de combat de Liz afin d'y trouver un point faible. Je crois aussi qu'il attendait que ses laquais soient morts afin de ne pas avoir à se battre aux côtés de soldats de basse condition. Il portait les envoûtements magiques suivants: envoûtement aura: fanatisme, très fort, très rapide, envoûtement froid. Je me demandais si il serait plus rapide que Liziar.

Je n'allais pas tarder à m'en rendre compte. En attendant, je fouillais un coffre. Il était piégé à la nova. Je me retrouvais bêtement assis sur le sol passablement assommé. Le coffre était vide.

Le dernier laquais tomba enfin sous les coups de mon ami. Pour mes yeux peu habitués à suivre des mouvements très rapides, il me sembla que le chef disparut de sa position et je le retrouvais au corps à corps avec Liziar. Cette fois-ci, j'étais totalement perdu. Des coups d'une extrême violence fusaient si vite de part et d'autre du combat que je ne distinguais strictement rien.

- Bon sang, Brak, je suis à peine plus rapide que lui. Je n'ai jamais combattu un ennemi pareil ! ! !
Ne sachant trop que faire, je tentais d'encourager mon ami en lançant quelques cris de guerre. Soudain, une attaque de la créature brisa sa garde et le toucha à la poitrine. Le froid l'engourdit aussitôt et sa vitesse diminua fortement.

- Ahhh, je suis trop lent. C'est pas possible !

Pourtant, bien que ne portant que peu de coups par rapport à son ennemi, mon ami paladin parvenait à parer ou éviter presque toutes ses attaques alors que la poupée, elle, se faisait souvent toucher. Lorsqu'il eût fini les siennes, je lui offrais mes potions de santé dont j'avais quasiment rempli mon sac et après une lutte acharnée, la poupée éclata enfin, projetant des bouts d'os et un violent cercle de froid autour d'elle. Nous reprîmes notre quête vers le portail des enfers, nous attendant à rencontrer les démons majeurs à tout instant.

C'est Méphisto qui nous accueillit: un grand type tout maigre et tout noir avec des reflets bleus qui semblait flotter au dessus du sol. Du bas décharné de son ventre pendait sa colonne vertébrale et il n'avait ni bassin ni jambes. Au delà du haut le cour qui m'étreint violemment, une pensée amusante me vint à l'esprit: "Il est mal barré pour satisfaire ses copines démones lui." (D'ailleurs, quand j'y pense avec le recul, c'est Baal, le démon avec plein de tentacules, qui a toutes les succubes.) Je me ravisais en observant les longues cornes qui dépassaient de ses épaules, son crane et son dos. (Cherchez pas, c'est de l'humour de barbare. C'est pas forcément drôle pour les êtres humains normaux...) Bien que cela rendait plus hasardeuse l'issue finale de notre quête, je me réjouissais que ses frères soient absents. Liziar se jetait sur lui et commençait à le marteler avec acharnement. Le démon s'entoura d'un nuage de poison et profita du brouillard pour s'éloigner vers l'aile droite que nous n'avions pas explorée, talonné par un paladin furieux. Je crois qu'à ce moment là, la rage de Liziar d'avoir servi sans le savoir un démon majeur durant des années décuplait ses forces. Mephisto se retourna alors et lança une boule d'énergie sur son adversaire. Je n'avais encore jamais vu les résistances magiques de mon ami faillir et je fus stupéfait lorsqu'il eût le souffle coupé.

- Un magicien ! Je déteste les magiciens. Reviens te battre, espèce de lâche.

Je ne savais pas que les lâches formaient une espèce mais quelque chose me disait que celui-ci était en voie de disparition.

C'est alors qu'un nouveau protagoniste entra en lice pour équilibrer le combat. Il s'agissait d'un membre du conseil Zakarum aux armoiries constituées d'un dragon doré. Il lança un sort de guérison et les blessures profondes que le combat avait dessinées sur Méphistos se refermèrent aussitôt. Liziar s'acharna en y mettant toute sa foi et toute sa colère. Je n'apercevais que la tête de Méphisto tordue de douleur au dessus d'un nuage de poison. Là encore, le membre du conseil guérit son maître.
Liziar abandonna le seigneur de la Haine pour se jeter sur ce trouble fête. Il n'était peu adroit et peu solide. Il se trouva aussitôt en position d'infériorité. Une boule d'énergie de Méphisto frappa Liziar dans le dos. Il se jeta de côté pour boire une potion de santé et le membre du conseil en profita pour se guérir.

- Hey, mais vous allez arrêter ça, oui ?

Il reprit le combat sur le membre du conseil qui n'encaissait vraiment pas ses coups. Méphisto lui lança quelques sorts de foudre mineurs qui ne semblèrent pas le gêner. Soudain, une nouvelle boule d'énergie surgit. Liz se jeta de côté pour l'éviter alors que je me lançais sur le membre du conseil en un prodigieux saut d'attaque. Mon coup interrompit son sort de soin et avant qu'il ne puisse riposter, Liziar était de nouveau sur lui. Comprenant que le combat tournait à son désavantage, le membre du conseil tenta de fuir, s'éloignant encore plus de Méphisto. Cette erreur lui fut rapidement fatale. Le seigneur de la Haine, désormais seul vola vers le fond de la pièce pour se mettre sous le couvert d'un groupe de sorciers.

En quelques instants, il ne resta plus de démon vivant dans cette zone.

C'est alors qu'un petit groupe d'aventuriers déboucha dans la pièce. Ils avait remonté toute la jungle ainsi que Kurast comme nous l'avions fait avant eux puis n'avaient trouvé aucun monstre de Travincal jusqu'ici. Il nous félicitèrent pour notre victoire, ce à quoi nous répondîmes modestement. Liziar s'adressa alors à l'amazone qui semblait servir de chef:

- Cain nous a parlé d'un grand groupe d'aventuriers, où sont les autres ?

Je me retenais difficilement de rire en apprenant qu'un très grand nombre de leurs compagnons étaient tombés en combattant un homme-tronc à l'entrée de la ville-basse. Nous aurions peut-être du dire à Cain de les prévenir. Mon hilarité passagère passa heureusement inaperçu. Liziar ramassa la pierre d'âme de Méphisto et se tourna vers le portail des enfers, décidément peu engageant:

- Bon, la suite de notre quête passe par là. Nous devons aller détruire la pierre d'âme aux forges infernales. Je lui lançais un regard genre: "t'es pas sérieux.", auquel il répondit par un air "Désolé mais il le faut, j'y peux rien.". Je levais les yeux au ciel comme pour dire: "Et galère, et m***, oh m***" puis lançais un regard interrogateur vers un gars à l'air un peu faible. Liz prit un air complice, consentant et amusé. Tous les autres nous regardaient en ouvrant de grands yeux troublés d'incompréhension. Nous saisîmes le type (un nécromancien, sans doute), et le traînâmes jusqu'au portail. Ensuite, nous le poussâmes à l'intérieur en prenant soin de ne pas glisser notre main dedans (Dans le portail, bande de dégueulasses.). Nous le ressortîmes et l'observâmes: intact.

- Bon, allons-y.

Un à un, nous nous jetâmes en enfer où moult dangers nous attendaient.
Lorsque je sortai de la porte des enfers, côté obscur, j'eû un brusque mouvement de recul face au paysage désolé qui s'ouvrait devant moi. Sous un ciel d'un noir parfait s'étendait une vaste étendue de terre sombre couverte de sang séché éclairée ça et là par des torches à la flamme tremblante. Un corps visiblement torturé, attaché à un poteau se mit à hurler pour sonner l'alarme. Je l'attaquais à l'épée et lui défonçais la poitrine en quelques coups. Bien que solidement lié, il parvenait tout de même à m'assener un coup de tête alors que ses cris repris par de nombreuses autres voix résonnaient autour de nous. Je l'achevais en lui sectionnant la tête qui roula au sol alors qu'un liquide verdâtre sortait de son cou, indiquant qu'il était en état avancé de décomposition depuis déjà longtemps. Je ressentais violent haut le coeur devant ce spectacle écoeurant alors que de nombreux cris de protestation s'élevaient autour de moi.

- Je sens que j'vais vomir !

- Me sens pas bien.

- J'ai vomi.

- Eh, regardez cette tête, c'est Homoncule.

- On te quoi ? ? ? ! ! !

- C'est quoi ?

- C'est le crâne d'un prophète de la nécromancie. Lorsqu'il mourut, son crâne fut taillé pour en faire un bouclier aux propriétés magiques exceptionnelles.

- Rien à foutre.

- Mais, je viens de couper la tête de ce streum. Ca n'a rien d'un prophète, t'es mytho ou quoi ?

- Moi, je comprends rien à vos histoires, vous parlez de matos ou d'hémorroïdes, là ?

- Dites, on est en enfer, ça vous dirait pas de taper sur des monstres ?

- Moi, je suis sur que le nécro, il raconte n'importe quoi.

- Mais non, j'vous jure que c'est vrai !

- Sur ta tête ? Héhéhé...

- Ah oui, et comment il serait arrivé là ?

Nous avions alors encerclé le nécro et le regardions d'un air suspicieux.

- Lors d'une bataille à Travincal, le héros nécromancien qui portait l'Homoncule combattit un Hiérophante. Durant ce combat, le bouclier fut brisé et l'âme du prophète s'en alla.

- Bon, hey, moi, j'm'en fous de cette histoire, j'veux fraguer.

- CHUUUUUUUUUT !

- Et après ?

- Oui, qu'arriva-t-il après ?

- Ensuite, un Oracle déclara que l'Homoncule se réincarnerait dans un trophée du Hiérophante afin de défendre à nouveau la lumière.

- Ah !

- Et c'est tout ?

- On peut fraguer, maintenant ?

- Mais vous ne vous rendez pas compte ? On vient d'assister à un miracle. Vous pourriez faire preuve d'un peu de... Hey, attendez-moi !

- Regardez ! Il y a un château près du ravin, là bas !

En effet, un peu plus loin, une forteresse d'un blanc éclatant brillait d'une lumière pâle qui ne semblait pas éclairer les enfers, comme si elle était retenue autour du bâtiment par une force magique. Nous nous dirigeâmes dans cette direction et zigouillâmes les quelques monstres un peu faibles qui approchaient. Soudain, nous fûmes encerclés par des créatures noires que nos coups ne semblaient pas ébranler. Le nécromancien protesta:

- Arrêtez de taper sur mes ressuscités !

Je poussais un long soupir de désespoir. Mais que faisions-nous avec un nécromancien ? Pour moi, les nécromanciens n'étaient que des types mal aimés, pas beaux et surtout insupportables au combat parce qu'ils ont l'art de transformer un joli champ de bataille organisé en gros foutoir inextricable. J'hésitais à lui demander de rentrer sur Sanctuary où il ne risquerais plus de nous gêner mais je craignais qu'il se sente persécuté. Nous poursuivions notre route jusqu'à la forteresse de Pandémonium où nous attendaient Tyrael et... Cain, qui était arrivé là on-ne-sait-comment. Après un peu de commérages et de commerce, nous repartions au combat avec un nouvel objectif: retrouver un archange ancien copain de Tyrael changé en démon. La lutte était facile et notre progression rapide jusqu'à ce que nous rencontrions les fantômes. C'est alors que le vrai bordel commença.

Imaginez donc la situation: vous êtes en terrain ennemi, une épée à la main. Vous avez des ennemis invisibles qui apparaissent en disparaissent et que vous confondez avec des alliés du même type. (Les ressuscités de ce @+*%# de nécro.) Entre les fantômes gentils, les fantômes méchants et la javazone, il y a des tirs de foudre qui passent dans tous les sens dont certains vous font mal et d'autres non. Et pour finir, on tombe sur des vilains magiciens qui lancent des malédictions et des sorts dont la puissance me rappelle un peu Travincal. Ca y est, vous avez une vague idée de ce à quoi ça ressemblait ? Eh bien dites vous que c'était pire. Au milieu de tous ces tirs, j'avais l'impression de devenir fou. On n'y voyait rien du tout. Parfois, un long tir de foudre me cachait totalement la vue alors qu'un autre m'arrivait dessus à travers le premier. Je me protégeais le visage des deux mains et m'apercevais lorsqu'il me traversait de part en part qu'il s'agissait d'un tir allié et donc inoffensif pour moi. D'autres fois, un tir ennemi touchait mon armure en métal et je me retrouvais pris de violent spasmes jusqu'à ce qu'elle se soit totalement déchargée.

Soudain, au milieu de ce combat désorganisé débarqua un grand démon bleu à l'air peu engageant dénommé Izual. Nous nous jetions tous dessus et nous apercevions très vite que même en nous serrant bien tout autour de la créature, nous n'arrivons pas à le taper tous en même temps. La créature de son côté semblait encaisser les coups sans broncher mais ne parvenait pas à blesser efficacement l'un d'entre nous. Une fois que le nécromancien eût désinvoqué ses créatures qui prenaient toute la place, deux personnes seulement ne pouvaient pas taper. Je prenais le premier tour avec le nécro. Gênés par les cris et les bruits de coups, nous ne parvenions pas à discuter. Je parvenais tout de même à entendre son nom: Thanatos. Je me roulais de l'herbe de yack séchée dans un parchemin d'identification alors que lui cherchait les trucs rigolos que son nouveau bouclier lui permettait de faire. Je lui demandais:

- T'as pas du feu ?

L'instant d'après, un impressionnant golem de feu s'élevait devant moi. Je tendais mon cône vers la créature qui partit aussitôt en courant vers Izual. Le démon lâcha un choc thermique qui donna un teint étrange à Thanatos. Alors que je courrais après le golem qui tournait autour de la zone de combat sans trouver une brèche qui lui permettrait de frapper l'ange déchu, quelqu'un hurla:

- Hey ! Vire ton golem ! Les chaud et froid, ça m'enrhume !

Je parvenais à allumer ma cigarette juste avant que le nécro désinvoque sa torche sur pattes. Malheureusement, les parchemins magiques brûlent un peu trop bien, le cône partir quasi-instantanément en fumée. Dégoûté par la tournure des événements, je décidais de remplacer un guerrier et de balancer quelques coups d'épée sur le démon.

Après un bon moment de combat acharné, nous parvenions enfin à libérer Izual. Nous rapportions notre victoire à Tyrael qui décida de nous récompenser en améliorant nos aptitudes. J'apprenais alors quelque chose qui changea le cours de ma vie: la trombe. Mais notre périple en enfer ne faisait que commencer.
Izual libéré, nous poursuivîmes notre périple en enfer à travers une large zone d'élevage de démons dans laquelle s'élevaient de nombreux enclos : la ville des damnés. Etant habitué à la chasse, ces techniques de paysans m'étaient peu familières (ça doit être ça la différence...). L'amazone par contre se donnait à coeur joie par dessus les clôtures. Liziar de son côté courrait dans tous les sens en frappant à toute vitesse et à bien y regarder, il me semblait encore plus fort qu'avant. Gageons que la récompense de Tyrael lui avait plus aussi. Pour ma part, la trombe me donnait un peu le tournis mais je la pratiquais avec délice, portant de très grandes quantités de coups que l'aura de mon ami rendait très violents. Quel plaisir de se battre à ses côtés. Jamais nous ne serions arrivés jusqu'ici sans lui. Il était le véritable moteur de notre assaut et aucun d'entre nous ne lui arrivait à la cheville. Sa présence allait être décisive face aux deux démons majeurs qui restaient. Au bout de quelques heures de luttes quasi-nasales, nous atteignîmes un trou dans le sol dans lequel s'enfonçait un escalier. Une lueur rouge-sang flamboyante s'en élevait et me faisait craindre le pire.

Assurément, nous n'allions pas tarder à trouver les flammes de l'enfer. Nous activâmes la stèle de téléportation qui se trouvait là et descendîmes les marches prudemment. En bas, c'était l'enfer. (Oui, en haut aussi, c'est pas faux.) Nous étions sur une sorte d'île au milieu d'un immense lac de lave souterrain qui s'étendait à perte de vue. La chaleur suffocante qui y régnait me rappelait le désert d'Aranoch où j'avais perdu tant de camarades. Je repensais aussi à mes parties de chasse dans la neige sur le mont Arréat avant que cette horreur ne commence. Il nous fallait continuer. Liziar s'avança en tête, frappant si vite les créatures qui s'avançaient devant nous que l'amazone ne parvenait pas à toucher de ses javelots la moindre créature vivante. Des morceaux de chair démoniaque volaient autour du sceptre de mon ami en larges volutes sanguinolentes et rien ne semblait pouvoir l'arrêter. Et soudain, il mourut. J'eût à peine le temps d'apercevoir la malédiction de dame de fer le toucher qu'une violente explosion de sang s'échappait par tous les orifices de son armure. Son casque fut projeté vers le plafond de la grotte et retomba à mes pieds. J'observais sidéré la matière brune et visqueuse qu'il contenait alors que le reste de son équipement retombait lamentablement sur le sol dans un lac de sang et de chairs broyées.

A cet instant, j'eû l'impression que le temps s'arrêtait. Et un profond silence couvrit les enfers. Un parfum de rage se répandit sur mes chairs alors que mon coeur se mettait à battre violemment et lentement tels les tambours de guerre scandant la bataille. Mes muscles se contractèrent et mes jambes se mirent en marche d'elles même sans le moindre ordre de ma part. La rivière de lave, mes compagnons et mes craintes s'évanouirent totalement et en un instant, il ne resta que moi, les créatures sur lesquelles frappait mon ami et le sorcier démoniaque qui avait lancé cette malédiction maudite. En un instant, je fus au coeur du combat et ma lame se mit à tournoyer dans un déferlement de viscères démoniaques. Le sorcier explosa en une seule frappe et je poursuivais l'assaut vers le nord en courant, submergé par la haine, la fureur et la douleur de la perte d'un être cher. Je n'ai qu'un très vague souvenir de ce qui survint par la suite.

Il me semble que ce déferlement de violence dura des heures et que je n'étais plus maître de mon corps. Une entité d'une violence effrayante le détenait, un berserker selon Cain. Je me réveillais bien plus tard dans la forteresse de Pandémonium. Une douleur insoutenable me tiraillait les muscles et mon âme pleurait la disparition de Liziar. N'ayant que peu de souvenirs, je demandais à mes compagnons de m'expliquer comment j'étais arrivé là. Ils déclarèrent n'être pas parvenu à me suivre lorsque je m'étais élancé à travers la rivière de lave. Ils n'avaient alors trouvé qu'horreur et désolation sur mon passage. La bande de terre était couverte de corps de démons broyés par une force immense et effrayante. J'avais alors conscience que cette violence n'était pas la mienne et que je ne pourrais jamais la maîtriser. Ils avaient trouvé le corps déchiqueté d'un certain Héphaïstos près de la forge des enfers et conservé sa masse. Poursuivant leur route, ils m'avaient découvert inanimé et couvert de sang et de larmes, étendu sur une stèle de téléportation à la sortie de la rivière de lave. Ils m'avait alors ramené dans la forteresse où j'avait passé de nombreuses heures dans un sommeil agité. Un mystère étrange flottera toujours sur cet incident particulier.

Cependant, je crois avoir de cette façon rendu honneur à un grand héros de Sanctuary et prouvé mon attachement à mon ami très cher Liziar. Son sang avait désormais rejoint celui des justes afin de protéger la forteresse de Pandémonium de la corruption démoniaque. Son âme restera à jamais dans mes souvenirs. En sa mémoire et pour que sa mort ne soit pas vaine, ils nous fallait continuer... et vaincre.
Liziar mort, il nous fallait choisir un nouveau meneur pour le groupe. Je craignais un instant qu'ils m'imposent cette responsabilité mais après ma remontée de la rivière de feu, tous semblaient me craindre et vouloir m'éviter. Le poste revint alors tout naturellement à la plus forte d'entre nous: l'amazone. Elle s'appelait Pandore, je crois. Pour ma part, j'eû le droit à un statut un peu à part, hors du groupe, qui me satisfaisait pleinement. En deux mots, ils m'autorisaient leur coterie sans m'imposer leur présence. Seul Thanatos était assez sombre pour m'apprécier à ma juste valeur, ce qui faisait de lui mon interlocuteur privilégié.

En temps que meilleur ami de Liziar, j'héritais de son armure et de son casque: Un enfer noir serti de trois joyaux rubis de ferveur et un Oeil Vampirique serti d'un joyau rubis de ferveur. Je comprenais mieux pourquoi il était si puissant. Les autres se partagèrent la ceinture, les bottes et les gants. Comme nous n'avions pas de paladin dans le groupe, nous revendîmes son sceptre et son bouclier. Ceux qui n'avaient rien eu se partagèrent les recettes.

Ensuite vint le moment de prendre en main un autre truc que faisait Liz: la gestion des quêtes. Nous allâmes voir Cain:

- Avez vous brisé la pierre d'âme de Méphisto dans la forge des enfers ?

- Ah oui, c'est vrai, on n'était pas venu en enfer uniquement pour le plaisir de taper des démons là où il y en a le plus.

- Non, on l'a pas encore fait mais on a trouvé la forge et on a le marteau. On a même pensé à laisser un portail près de la forge.

- Bon, eh bien prenez la pierre et allez la briser.

- D'accord !

- Ouais !

- On y va !

D'un commun accord, nous nous jetâmes dans le portail et nous avançâmes vers la forge, imposante en haut de son promontoire.

- Bon, j'ai le marteau, qui a la pierre ?

- Heu...

- Ben...

- Je crois que c'est Liziar qui l'avait.

- Il ne l'avait pas sur lui, elle doit être dans son coffre.

- Et galère !

Nous rentrâmes en ville et nous attaquâmes au coffre. Evidement, il était fermé à clef. Evidement, nous n'avions pas la clef. J'insérais la pointe de mon épée dans la serrure et tentais de faire levier sans succès. Le coffre était vraiment solide. L'assassine tenta de trifouiller le mécanisme à l'aide de la pointe de sa griffe mais rien ne semblait bouger. Le druide l'écarta du coffre et grognant:

- On ne va pas se laisser emm...er par un p... de coffre ! ! !

Et il l'attaqua de toutes ses forces à la hache. Les coups résonnaient dans la forteresse mais le coffre tenait bon. Il abandonna au bout de quelques instants:

- Pfff, mais c'est quoi c'est coffres invulnérables ! ! !

La sorcière tenta un inferno et ne parvint qu'à roussir le bois. L'ama poussa un juron, lança un coup de pied dans la coffre, se fit mal et lança un second juron qui choqua tout le monde. A mon avis, sur Lycander, il doit se passer des trucs super sales entre amazones auxquels on ne pense pas souvent. Pour ma part, je crois que j'aimerais bien essayer.

Tyrael s'avança vers nous d'un air amusé et nous déclara que nous n'avions aucun moyen d'ouvrir ce coffre et que les objets de Liziar lui appartenaient... même après sa mort.

- Oui mais la pierre d'âme de Méphisto est là dedans !

- Ah, c'est pour ça que vous vous acharnez là dessus. Ca change tout.

Il ouvrir la coffre, en sortit la pierre d'âme et nous la tendit. Les objets dans le coffre émettaient une lueur dorée qui se reflétait sur l'intérieur du couvercle. Malheureusement, je ne parvins pas à les distinguer.

Maintenant que nous avions la pierre, nous retournâmes à la forge et la brisâmes d'un grand coup de marteau. (Note de l'auteur: quand je joue, je n'ai plus le marteau après avoir fait ça. Pourtant, dans la vidéo de fin d'acte V, c'est le même marteau qui brise la pierre d'âme de Diablo. Allez comprendre...) Les âmes du conseil tourmentées par le seigneur de la Haine s'échappèrent enfin de son emprise et s'élevèrent vers le plafond. Je pensais au plaisir qu'aurait eu Liziar à contempler ça. Comment avait-il pu mourir ainsi ? L'envie pressante de tuer du démon me reprenait peu à peu. Il était temps d'aller chercher Diablo.
Nous reprîmes le portail vers la rivière de feu et poursuivîmes vers le nord. Nous étions si pressés de nous battre que nous n'attendîmes pas que l'ange qui traînait là et qui semblait vouloir nous mettre en garde contre un truc ait fini de parler. Dès les premiers monstres, nous constatâmes qu'il manquait quelque chose. Nous n'avions pas l'habitude de nous battre sans être couverts par une aura de fanatisme. Cependant, en plaçant le druide, l'assassine, le golem de feu et moi devant et en laissant l'amazone et le nécromancien derrière, nous fonctionnions très bien. Lorsque l'un des trois combattants au corps-à-corps était touché, il repassait derrière les deux autres et avait le temps de se reposer en sécurité. De plus, la puissance qui nous faisait défaut depuis la mort de Liziar était compensée par les malédictions du nécromancien. Nous ne faisions que peu attention aux autres aventuriers plus faibles qui nous accompagnaient et je crois bien en avoir vu mourir quelques-uns avant d'atteindre les portes du repère de la Terreur.

Du côté des démons, la stratégie était sensiblement comparable à la nôtre: des grosses créatures pour nous occuper pendant que des magiciens puissants nous lançaient des sorts de toutes sortes. Personnellement, j'étais surtout sensible au feu et à la foudre. Je me souviens notamment avoir eu le bras droit, le torse et une partie du visage très profondément brûlés lors d'une attaque commune de magiciens et de seigneurs venins. Par contre, mon régime alimentaire et l'habitude de chasser dans la neige sur les terres du nord m'avait fait développer une résistance naturelle aux froid et au poison qui m'étaient forts utiles ici. J'avais entendu dire que Diablo et Baal, les démons majeurs que nous poursuivions à travers les enfers, se battaient surtout en lançant des attaques de feu et de foudre et je craignais un peu le résultat sur moi.
Après un combat acharné contre la crème des créatures infernales, nous atteignîmes un large pentacle baignant dans les flammes et semblant former le centre du bâtiment. A bien y regarder, le temple semblait bâti comme une église, en forme de croix, avec une longue nef que nous venions de traverser, le pentagramme finement découpé dans la pierre à l'emplacement de l'autel deux ailes et une sorte de sacristie dans le fond.

Nous commençâmes par l'aile droite. Notre méthode de combat maintenant bien rodée nous permit de nettoyer rapidement la zone et en quelques instants, nous étions pêle-mêle en train de discuter des deux larges sceaux que nous venions de trouver. Thanatos nous fit remarquer à juste titre qu'ils étaient d'aussi belle qualité que le pentagramme, ce qui les faisaient ressortir dans le paysage saccagé et bordé de lave dans lequel nous étions, et qu'à priori, ils devaient faire partie du même ensemble. C'est l'amazone qui nous éclaira. En temps que chef de la bande, elle n'avait, d'une part, aucune autorité réelle sur nous, et, d'autre part, la responsabilité de recueillir les informations nécessaires pour effectuer les quête. C'est donc elle qui avait le plus écouté l'ange.

Selon elle, il s'agit d'un système de protection mis au point par Diablo lui-même. Le Pentacle sert à déplacer un ensemble d'élément dans une sorte de petite dimension parallèle. De là, Diablo continue à contrôler ses armées et à les préparer à la guerre. De plus, il y aurait une rumeur dans le milieu très fermé des mages haut niveau (j'ai d'ailleurs appris ce jour là qu'il existait...) selon laquelle le seigneur de la Terreur pourrait augmenter sa puissance dans cette dimension. Il verrouille son système à l'aide de sceaux. A Tristram, il y en avait quatre mais selon l'ange, il y en aurait cinq cette fois-ci. L'utilité des sceaux, c'est de disperser les verrous afin d'empêcher les ennemis des enfers de tout détruire en un seul coup. L'ennui pour Diablo, c'est qu'il faut que les sceaux soient proches du pentacle et donc proches les un des autres. Je pense que sans ce défaut, le système pourrait être redoutable.

Lorsque l'amazone eût fini ses explications, le druide s'avança et lança un regard que sa transformation en loup rendait difficilement compréhensible. Il se dé-transforma et déclara:

- J'ai rien compris.

Je tentais alors une approche légèrement différente à l'aide d'un langage plus simple:

- Ca veut dire qu'il faut taper sur les trucs en pierre.

- Ah, ben vous pouviez pas le dire tout de suite ?

Il se retransforma et alla taper sur le sceau qui se brisa du premier coup. Un groupe de seigneurs venin apparût parmi nous. Il y eût un petit moment de blanc qui me fait penser que les démon ne s'attendaient pas plus que nous à ce qu'ils arrivent là. Lorsqu'ils furent remis de leur surprise, le combat commença. Le nécromancien s'en alla en courrant, hurlant et lançant plein de malédictions qui s'annulaient les unes les autres et disparût au nord. Les seigneurs venins étaient menés par un certain "Corrupteur d'âme" très rapide et avant que je ne puisse réagir, ils lancèrent un violent inferno. D'un bond, je m'extirpais du brasier alors que quelques uns de nos camarades s'enfuyaient en flammes pour s'écrouler un peu plus loin. Le druide se jeta dans la horde démoniaque et j'entendis vaguement Pandore (l'amazone) hurler:

- Hey, ils m'encerclent, je ne peux pas m'enfuir, aidez-moi !

Un chain-lightning issu de ses javelots parcourut l'assemblée alors qu'une pluie de glace générée par l'assassine la martelaient, réduisant efficacement la supériorité qu'assurait leur vitesse aux adversaires. Dans une longue trombe, je traversais la zone de combat de par en part à deux reprises.

Le hurlement de terreur du nécro qui s'était éteint vers le nord semblait croître à nouveau. Celui-ci revenait en courant, poursuivi par son golem de feu et un important groupe de démons. Devant les qualités stratégiques innées de mon équipe, je sentais une vague douleur de désespoir me parcourir. Nous avions beau faire des efforts pour ordonner nos stratégies, il finissait toujours par y avoir une couille dans l'engrenage. Je profitais d'un nouveau passage au coeur du combat pour en avertir mes camarades qui entendirent quelque chose qui devait ressembler à ça:

- ...on de nécro a RAMENÉ UN TAS de streums suplém...

Au retour, j'attrapais Thanatos par les épaules afin de lui remettre les idées en place.

- Retiens-les nouveaux streums à l'aide ton golem. Y'a plein de mages de feu, il devrait tenir. Et Dame-de-férise tout ce qui bouge... Aujourd'hui !

Curieusement, il me sembla apercevoir une lueur de compréhension dans ses yeux sombres et glauques et il s'exécuta aussitôt. Du côté des seigneurs venins, trois météorites générées par l'assassins s'écrasèrent coup sur coup dans la zone de combat. Enfin, j'aperçus l'amazone émerger d'une brèche forgée par le druide. Il me semblait que nous reprenions peu à peu le contrôle de la situation. Les créatures qui tapaient sur l'amazone se répartirent entre le druide et l'assassine. Au cours d'un nouveau passage, j'aperçus cette dernière s'écrouler, couverte de son propre sang. Le druide quant à lui semblait plutôt bien s'en sortir et en quelques instants, il ne resta que le Corrupteur d'âmes. Les effets de la pluie de glace cessèrent alors sur lui. Afin de soutenir le druide, je passais alors à une attaque fixe, ce qui nous permettait de reculer tour à tour pour récupérer de la vie. Pandore, plus efficace sur des groupes importants d'ennemis s'attaqua aux monstres attirés par Thanatos.

La dame de fer aidant, nous finîmes par venir à bout du corrupteur d'âmes. Nous nous jetâmes alors sur les autres démons et en vînmes à bout en quelques instants.

Lorsque le calme revint enfin, je regardais autour de moi. Des nombreux aventuriers descendus en enfer, il n'en restait que quatre: Thanatos, Pandore, le druide qui était transformé quand on faisait les présentations alors je n'ai pas compris son nom et moi. Nous pillâmes le cadavre de l'assassine et cherchâmes en vain celui de la sorcière. Déjà, le druide ivre de sang s'avançait vers le second sceau.
Je me jetais illico-presto sur cet imbécile de druide et l'agrippais par les poils pour l'empêcher de briser le second sceau... en vain. J'entendis au loin l'amazone maugréer:

- Eh ! On n'est pas prêts ! Crééétin !

Un suspense insoutenable tomba sur le groupe tel une chape de plomb et nous passâmes quelques instants à nous retourner dans tous les sens à la recherche des prochains ennemis. Les secondes s'égrenaient une à une dans un silence pesant. Je m'aperçus soudain que j'étais en apnée et je repris violement mon souffle. Haletant, je portais une gifle à la nuque du druide, soutenu par mes camarades.

- J'ai jamais vu ça. Il repousse sans cesse les limites de la débilité. Jusqu'où s'arrêtera-t-il ?

- ? )-: Wwwouf :-( ?

- Imbécile, on vient de perdre l'assassine, la sorcière et plein de newbies et toi, tu continues à bourrer dans le tas. Réfléchis un peu.

- C'était pas une newbie, la sorcière ?

- Heu non, ça va, en fait.

Nous nous tournâmes tous vers la petite voix qui venait de s'exprimer et découvrîmes... la sorcière, vivante.

- Ben, où t'étais, Dédé, que j'te cherchais ?

- En fait, j'ai un orbe qui s'appelle l'Ocullus, je l'ai trouvé à l'entrée de la ville basse à Kurast et quand je prends un coup, ça a une chance sur 4 de me téléporter.

- Ouais, je connais.

- CHHHT !

- Oh, ça va !

- CHHHHHT ! ! !

- Bon, et là, ça m'a téléportée plutôt loin. Je pense que sans ça, je serais déjà morte.

Un tir magique venu du nord la faucha et elle mourut instantanément. Je pense qu'elle était une newbie, finalement. Je me jetais sur elle pour prendre l'orbe. J'étais persuadé qu'il se vendrait bien. Enfin, nous la pillâmes dans les règles de l'art (son armure, son bouclier et ses anneaux pour le nécro, ses gants, sa ceinture et ses bottes pour le druide, son casque et sa robe pour l'amazone, son amulette et sa petite culotte pour moi.).

- Bon, ben il reste plus grand chose, hein...

- Moi, j'veux sa tête pour faire un bouclier magique.

- Thanatos, t'es vraiment gore, elle était des nôtres.

- Oh, si on peut plus rigoler...

Avant de repartir, nous décidâmes de retravailler notre stratégie. Il en résulta trois règles:

1) On tue tous les monstres du sanctuaire avant de toucher aux sceaux.
2) Le druide ne touche plus aux objets de quêtes.
3) On commence par tuer le sorcier qui nous balance des malédictions depuis qu'on a commencé à discuter.

Quelques instants plus tard, nous étions enfin seuls dans le sanctuaire de la Terreur, autour du sceau du nord. Un chemin sinueux bordé de lave nous séparait du pentagramme central.

- Bon, on l'ouvre ?

- Faut bien.

- Je propose qu'on se place en cercle autour du sceau.

- Allons-y.

D'un bon coup de pied au centre de la structure de pierre, Thanatos brisa le sceau. Aussitôt, un important groupe de sorciers se matérialisa sur la chaussée, nous interdisant toute chance de fuite. En un bond, je fus au coeur du combat, aux côtés du golem de feu et je commençais à frapper. Lorsque le druide nous rejoint, les ennemis étaient déjà maudits et des tirs magiques fusaient en tous sens. Mon vol de vie compensait correctement les dommages que je recevais et en levant à peine les yeux, je constatais que le druide semblait s'en sortir aussi bien que moi. Le golem de feu supportait très mal les sorts de froid mais le poison ne le gênait pas et le feu semblait lui redonner vigueur. En résumé, nous étions plutôt à l'aise dans ce combat.
Soudain, je sentis une main me toucher dans le bas du ventre. J'eus un instant de terreur en songeant aux dégâts que pouvait faire un démon à cet endroit-là et je tentais de parer l'attaque à l'aide de mon épée... en vain. L'ennemi s'empara de plusieurs des potions que je portais à la ceinture et les jeta au sol.

- Eh voleur ! ! !

J'étais face au Lord de Seis. Une malédiction de dame de Fer me tomba dessus. En un bond, je rejoignis l'amazone et le nécromancien. Je me désolidarisais de la coterie et demandais au nécro de me lancer une malédiction inoffensive pour me libérer de celle que je portais. Le druide et le golem semblaient soudain en moins bonne position sans ma réserve de points de vie au coeur du combat.

- inoffensive ? J'ai pas !

- Débrouille-toi, grouille.

Il me lança quelque chose et je sautais vers le combat en me resolidarisant à la coterie. Je trombais à travers la horde de monstres sans constater de différence par rapport au combat sans malédiction. Cependant, à la sortie de la trombe, en tentant de contourner le combat pour tromber à nouveau dans un meilleur axe, je m'aperçus que j'étais ralenti. Décrépit ! Aucun problème: je poursuivais le combat en me déplaçant uniquement en sauts d'attaque et en trombes. Lord de Seis se retrouva seul et la malédiction me lâcha. Après une bonne série de coups sur le sorcier, nous finîmes par en venir à bout.
Il restait deux sceaux et nous ne savions pas s'ils allaient contenir des monstres. De tous l'enfer, il ne restait que quatre humains pour arrêter Diablo et Baal...
Bon, récapitulons. Nous étions quatre: Thanatos le nécromancien, Pandore l'amazone, un druide débile dont j'ai oublié le nom et Brakas, votre serviteur. Nous étions en enfer, dans le sanctuaire de la terreur que nous avions nettoyé de tous ses monstres et sur les cinq sceaux qui protègent Diablo, nous en avions déjà brisé trois. Nous étions réunis près des deux sceaux restants au nord-ouest et nous chamaillions afin de choisir lequel briser en premier.

- Bon, toi le druide, sot ou pas, tu nous les brises alors tu attends qu'on aie décidé et tu la fermes.

- Hey, c'est pas gentil d'avoir un comportement discriminatoire envers les gens de qualité intellectuelle inférieure.

- Mais j'ai pas une qualité intellectuelle inférieure...

- TA GUEULE ! ! !

- Bon, moi, je propose qu'on tire à pile ou face. Qui a une pièce d'or ?

- Moi, je prête pas mes pièces d'or.

- Ben, t'as qu'à tirer toi-même à pile ou face.

- Bon d'accord.

Le druide sortit une pièce de sa bourse et la lança en l'air. Malheureusement, dans sa maladresse habituelle, il ne la lança pas tout droit au dessus de sa tête et dut se mettre à courir, le nez en l'air, afin d'essayer de la rattraper. Thanatos se jeta sur lui et le plaqua au sol alors que la pièce tombait dans la lave.

- Oh, merci, sans toi, je me jetais dedans.

- Il est pathétique.

- De rien, mon ami. Les camarades de coterie sont faits pour ça, n'est-ce pas ?

- Ils sont tous les deux pathétiques.

- Bon, d'après vous, c'est tombé sur pile ou sur face ?

Une petite nappe d'or fondu ondulait sur la surface de la lave.

- Je crois que je vois un visage sur la surface de la pièce !

- Alors, c'est face ?

- Hey, attend, c'est un visage des deux côtés sur toutes les pièces. On peut pas tirer au sort avec ça !

- Je proteste, vous m'avez mené en bateau exprès, j'exige que vous me rendiez ma pièce.

- Ah, et comment on fait ? On se cotise tous ensemble sur une seule pièce ?

- Ben va la chercher, ta pièce, elle flotte encore...

- Mais arrêtez ça, bon sang. On s'en fout de cette pièce, on doit briser un sceau.

- T'as bien dit que tu t'en foutais de MA pièce ou j'ai mal compris ?

- Heu, t'as mal compris, tiens, voilà une pièce. Bon, on peut s'attaquer à la question du sceau ?

- Hey, c'est dégueulasse, ça. Le druide détruit une de ses pièces et tu lui en offre une ? Moi, je proteste. Si tu lui en offres une, tu dois en offrir une à tout le monde, sinon, c'est pas... Aïe ! ! ! Heu, oui, le sceau.

- Hey, les gars, j'ai une idée. Ma baguette a 50% de chances de faire fuir un ennemi quand je le frappe. On a qu'a utiliser ça pour tirer au sort.

- Ah oui, pas mal. Mais sur qui tu vas taper, on a déjà tué tous les monstres.

- Ben, je peux taper sur un de vous, je promet de pas taper fort.

- Bon, moi, je vote pour le druide.

- Moi aussi !

- Ca va pas, non ?

- Bon, le vote est accepté à trois voix contre un. J'y vais. Aaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhh ! ! !

- Manqué.

- Quel nul !

- Hmfff, hmfff, hmfff.

- Encore manqué...

- Tarlouse, tu m'auras pas.

- Hey, mais c'est super dur ! ! ! Hmfff, hmfff, hmfff, hmfff, hmfff, hmfff, hmfff, hmfff, hmfff. J'y arrive pas ! ! !

- T'as combien de dextérité ?

- Ben 30, pourquoi ?

- C'était juste pour savoir si tu avais une bonne défense. Passe moi ta baguette.

- Nan !

PAF !

- Passe-moi ta baguette.

- NAN !

PAFFF !

- PASSE-MOI TA BAGUETTE !

- D'accord.

- Bon, bouge pas. Hmfff !

PAF !

- AAAAAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah...

- Il est parti en courant. On brise quel sceau ?

- Ah merde, on n'a pas décidé. Hey, reviens. Heho ? Reviens, gamin. C'est pour rire, gamin.

- Gamin ?

- Heu... Ca m'a pris comme ça. Dites, il est parti loin, là, non ?

- Ouais.

- Bon, ben on n'a qu'a décider quel sceau correspond à quel comportement, le temps qu'il revienne.

- Moi, je choisis celui qui est au nord pour la fuite.

- Moi, je choisis l'autre. :-D

- On tire au sort ?

- Nan, le nécro sera pas d'accord si y'a deux autres tirages.

- Bah, jamais deux sans trois.

- Jamais vous arrêtez de déconner ? Bon, moi, je décide que c'est celui du nord pour la fuite.

- Hey, je proteste, pourquoi tu as choisi la solution de l'amazone ?

- Parce que toi, on a décidé tout à l'heure que tu ne touchais plus aux quêtes.

- Pfff pfff pfff, eh ben, ça m'a fait courir ! Bon, alors, c'est quel sceau ?

- Ben, en fait, on n'avais pas décidé alors on doit te retaper.

- Hein ? Hey, non ! Prenez une autre victime !

- Tenez-le !

- LACHEZ-MOI !

- Y'a un golem de feu qui me regarde bizarrement.

- Hmfff !

PAF ! ! !

- AAAAAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah...

- C'est le même cri, on brise le sceau du Nord ?

- Heu... attendez, lâchez-le.

- Il s'enfuit pas.

- Il hurle toujours...

- CA FAIT MAL ! ! ! VOUS ETES CONS, LES MECS.

- Heu... c'est TON idée à la base.

- Bon, le sceau du sud, j'y vais.

- Attend, on n'est pas pr...

CRAC !

- Ah, des fantômes ! ! !

- RENDEZ-MOI MA BAGUETTE ! ! !

Courte bataille. Victoire facile. Rien à signaler. Plus qu'un sceau. Je le brisai personnellement et une lumière rouge sang se répandit dans le sanctuaire de la terreur.

- Tiens, y'a l'éclairage qui déconne...

Une voix d'outre tombe résonna alors d'un phrase qui nous glaça les sangs:

- Trouble, trouble.

Les choses sérieuses commençaient.
Nous étions quatre faibles et fragiles humains dans le sanctuaire de la Terreur. Mis bout à bout, nous faisions environ 7m50 et un peu plus de 300 kg. Devant nous se tenait Diablo, le seigneur de la Terreur, debout sur les pattes arrières, du haut de ce que j'estimais à 5m environ et une tonne et demi de muscles couverts d'un cuir rouge très épais. Même dans ma montagne sauvage, je n'avais jamais vu de gibier aussi lourd et dangereux et mes sens aiguisés de guerrier ne me conseillaient aucune autre option raisonnable que la retraite stratégique. En d'autres termes, je tremblais comme une feuille. Même les grands guerriers que nous étions manquaient de courage et du druide que vint la solution. Terrifié comme de raison, il mouilla le pelage crasseux de ses membres antérieurs et le comique de son juron imagé me ramena à la réalité. Je m'empressais de me moquer de lui, ce qui ramena rapidement l'équipe d'un sentiment de crainte insurmontable à une plus saine émotion d'irritation envers mon humour très personnel. Nous étions prêts au combat.

Comme à notre habitude, le golem, le druide et moi-même nous jetâmes au coeur du combat alors que Pandore et Thanatos nous couvraient de leurs attaques à distance mais une fois n'est pas coutume, cette méthode fut un désastre. Malgré les tentatives répétées de maudire le monstre, le nécromancien ne parvenait pas à surmonter sa défense magique. Nous frappions de toutes nos forces sans vraiment le blesser et le Golem encaissait très mal l'attaque de froid de l'ennemi. L'amazone, puissante contre les groupes importants d'ennemis semblait complètement inutile ici et bien vite, elle cessa de lancer des javelots afin de réfléchir à une meilleure stratégie. Alors que le golem allait mourir, une terrible attaque de cercle de feu nous faucha. Le druide et moi-même utilisâmes notre vol de vie pour récupérer alors que le nécro et l'ama avalaient une potion. Le golem quant à lui absorba le feu pour se refaire une santé. La Walkirie apparût à mes côtés et un sort de vision intérieure effrita légèrement la surface de la peau du monstre. Mes coups et ceux du druide portaient enfin. Déjà, un nouveau coup de glace ébranlait le golem. La malédiction d'augmentation des blessures passa enfin et je traversais à plusieurs reprises en trombe le corps chaud du démon majeur dont la vigueur diminuait à vue d'oeil. Alors que nous commencions à y croire, une violente attaque de foudre pulvérisa le golem et un nouveau cercle de feu balaya la Walkirie, nous laissant sans défense face au monstre.

Repoussé par l'attaque, j'étais étendu, dos au sol et en piteux état. Le druide avait le pelage roussit et fumant et reculait devant la créature. Amazone et Nécro buvaient une potion et je m'empressais de faire de même. Il était temps de reprendre le combat en main et c'est ce que je fis.

Je n'oubliais pas qu'avoir de bons objectifs ne suffit pas à la victoire. Il faut surtout de l'expérience et il faut connaître sa force et la maîtriser. Je n'oubliais pas que ce qui nous amenait n'étais pas tant le chemin qui se trouvait devant nous que le chemin qui se trouvait derrière nous. Je n'oubliais pas que la puissance de notre équipe ne venait pas de notre force et de la puissance de nos attaques mais au contraire de notre imagination, de notre talent à prendre l'ennemi par surprise et de nos sacrifices. Il était temps de sortir un nouveau tour de passe-passe. Il était temps.

Diablo leva les bras afin de lancer un sort de foudre sur le druide qui se mit à courir autour du monstre pour l'éviter. Baissé autant que possible, je m'élançais derrière la bête en furie. Le tir de foudre s'interrompit et le druide remonta à l'assaut. La malédiction venait de s'achever. Diablo amorça une nouvelle attaque foudroyante. Je me jetais en un saut d'attaque sur sa nuque et lui enfilais la culotte de la sorcière sur la tête afin de l'aveugler, ce qui lui fit pousser un terrible cri de rage.

Perturbé par cette originalité, il ne s'aperçut pas qu'il était maudit de dame de fer lorsqu'il broya un nouveau golem et une nouvelle Walkirie dans ses griffes. De profondes blessures lui lacérèrent le corps et le druide y planta les griffes et les crocs. A cheval sur ses épaules, je tentais de l'étrangler de mes jambes tout en portant des coups de hache sur ses bras lorsqu'il les approchait du bandeau de fortune. Dans un nuage d'esprits d'os, golem et Walkirie ne cessaient d'apparaître et de mourir sous les coups, dégradant à vue d'oeil l'état du monstre. Enfin, Pandore me hurla: "Félindra, tête de Diablo!", et tout en maintenant mes jambes autour du cou de l'ennemi, je lançais une trombe, ce qui eût pour effet de le décapiter sommairement. Je retombais avec lui et heurtais violement le sol de la tête. La lueur des flammes de l'enfer se mit à danser autour de moi et je glissais à tâtons la culotte dans ma tunique avant de m'évanouir en serrant contre moi la tête sanglante de mon pire ennemi. Les voix de mes camarades me semblaient de plus en plus loin et les bras nus de Morphée m'enlaçaient doucement afin de bercer mon sommeil réparateur. La victoire me rendait heureux et les songes que je fis alors figurent parmi les plus glorieux de mon existence. Je ne me souvenais pas encore qu'il restait un démon majeur à tuer et la réalité reviendrait bien assez tôt dans ma vie.
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