Fanfiction Diablo II

Retour à la liste des Fanfiction

Corruption

Par Membres du forum Hardcore

Sujet de l'histoire

Prologue

Chapitre 1 : Un nouveau mal

Chapitre 2 : Le maître des esprits

Chapitre 3 : Sur le chemin de Kurast

Chapitre 4 : La fuite de Louve

Chapitre 5 : Le gardien

Histoire écrite par les membres du forum Hardcore (Lolis, Raistlin, Jerec avec l'aide d'autres membres)

_______________


La Pierre-Monde n'est plus ! Corrompue par Baal, Seigneur de la Destruction, cette dernière a été détruite par Tyraël afin de protéger Sanctuary. Désormais, la terre est isolée du Paradis comme des Enfers, ni Archange ni Démon ne peut y fouler le sol de son pied.

Outre le fait d'avoir changé la face du monde par son geste, l'Archange ne se doutait pas que sa décision allait entraîner la venue d'un mal encore plus insidieux. Irradié de plein fouet par l'essence corrompue de la Pierre Millénaire lorsque cette dernière explosa, le serviteur du ciel commençait à changer, devenant l'hôte d'une entité maléfique d'une puissance incommensurable.

Sur terre comme aux enfers, des créatures démoniaques déferlent et massacrent tout être vivant sur leur passage. Parmi leurs premières victimes, Theorg le Barbare et Haül, le Nécromancien, tous deux membres de la coterie qui vînt à bout de Diablo, Baal et Méphisto !

Alerté par l'émergence de ce nouveau mal, le Conseil des Archanges, présidé par le Très Haut, décide d'envoyer sous forme humaine Klorel, ancien mentor de Tyraël et Hadriel afin de l'endiguer.

Parallèlement, dans le plus grand secret, Thanos, le Seigneur Grizzly à la tête d'une puissante armée, prépare un plan d'invasion de Sanctuary avec ses alliés, invasion qui prendrait racine à. Travincal, siège d'un Ordre du Zakarum en pleine reconstitution.

Elmer, vétéran des Paladins et lui-même ancien compagnon de Theorg, n'est pas dupe et flaire la corruption de l'Ordre des Paladins.

Mais que pourra-t-il faire seul, face à une menace qui dépasse de loin tout ce que la terre des hommes a pu connaître depuis la Création, les Trois y compris ?
Le sol tremblait. A ses pieds, gisait le corps désormais sans vie de Baal, Seigneur de la Destruction et derniers des Trois Frères Démoniaques.

Devant lui se dressait la Pierre-Monde, artefact millénaire permettant de voyager à travers les plans. Son éclat d'ordinaire rouge vif commençait à perdre de sa superbe.

Il assistait, avec une certaine tristesse, à la corruption de la Pierre, qui s'étendait avec la violence d'un cancer. Il n'avait plus le choix.

La victoire sur le dernier des Démons Majeurs avait un goût bien amer.

Il leva son épée dont l'aura angélique faisait écho à la sienne, et commença à prononcer le rituel dans la langue des Archanges.

L'éclat de sa lame redoubla d'intensité, illuminant entièrement la salle de la Pierre Monde. L'énergie irradiait tout autour de lui. Il était prêt à commettre l'irréparable.

Prenant son élan, il lança, avec toute la puissance dont il était capable, son épée sur la Pierre millénaire. Le projectile pénétra l'immense monolithe écarlate avec une rare violence. L'impact provoqua une onde de choc qui se propagea à travers toute le sanctuaire.

Des explosions retentirent sur toute la surface de la Pierre-Monde. Des morceaux de roche rouge volaient en éclat.

Puis, ce fût le chaos. Le monolithe tout entier s'illumina et éclata en une gigantesque déflagration d'énergie pure. Cette dernière enveloppa totalement celui qui venait de mettre fin à l'existence de l'artéfact millénaire. Il ne broncha pas.

L'Archange Tyraël ressentît une vague de mélancolie et de culpabilité l'envahir.

« La face du monde vient d'être changée. Puisse Sanctuary me pardonner un jour. »
La monstrueuse forme de créature des abysses s'effondra et cessa de bouger. Penché au dessus de la carcasse, son adversaire victorieux transperça de ses tentacules le cuir , les os, les chairs jusqu'a ce qu'il ne reste qu'une large flaque de liquide nauséabond, noire par endroit, verte en périphérie.

RIEN.

Le monstre hésita.

Sa puissante langue-trompe se déplia alors totalement et plongea directement dans le plus gros tas de chair purulente.

Le morceau de pierre était bien là ! Une des nombreuses pépites résultant de la destruction de la pierre monde, encore étrangement chargée de pouvoir. C'est ce pouvoir qui l'avait attiré vers l'horreur des Abysses.

Celui qui avait été Tyraël se concentra. Il pensa et comprît... Le monde des hommes était en péril, et il était probable que sous peu il serait du nombre des dangers pesant sur le monde qu'il avait défendu pendant des siècles.

Tyraël, sarcastique élimina d'emblée l'expression "à son corps défendant". Bientôt il serait en effet complètement une créature infernale, corps et âme. Car la métamorphose lui rongeait aussi l'esprit...

_______________


Un sourire se dessina sur ses lèvres à la lecture de ce manuscrit : Baal venait de tomber et la Pierre-Monde n'était plus. Les démons n'étaient temporairement plus un obstacle pour lui. Sanctuary lui tendait les mains, il n'avait plus qu'à se baisser afin de reprendre son dû.

Il leva les yeux du document et les fixa sur l'homme qui venait de les lui remettre. Il s'agissait d'un individu de petite taille, vêtu d'une toge capuchonnée, le visage marqué de tatouages noirs, des yeux de braise.

« L'information est-elle totalement fiable ?

- Absolument, Monseigneur ! Nous la tenons des plus hautes instances d'Harrogath !

- Il s'agit donc d'un évènement officiel ?

- Tout ce qu'il y a de plus officiel, votre Grandeur. La nouvelle commence à se diffuser dans tout le pays.

- Sait-on qui a détruit la Pierre Monde ?

- Hé bien (légère hésitation), rien n'est sûr, mais il s'agirait de l'Archange Tyraël en personne.

Le sourire s'élargit davantage.

- Quelle délicieuse ironie du sort, commenta-t-il,. Son pathétique interventionnisme zélé l'a finalement puni, si je puis dire. Porter sur ses épaules une telle responsabilité est un fardeau que même un Archange ne peut assumer.

- C'est également mon opinion, Seigneur.

- Nos alliés ont-ils été prévenus ?

- Ils doivent l'être à l'heure où je vous parle.

- Parfait. Informe-les que le Seigneur Thanos désire s'entretenir avec eux de toute urgence.

- Dois-je leur préciser le sujet de l'entretien ?

- Oui. Annonce-leur qu'il est temps de décider du destin de Sanctuary. »

_______________


AIDE MOI !
J'AI MAAAAAL !!!
ACHEVE MOI PAR PITIE !!!
QUE CELA FINISSE !!!

Mais le monstre ne semblait pas prêter attention.

DEVORE MOI !!! DEVORE MOI !!!

Les appels mentaux désespérés du damnés ne semblaient pas troubler les plans de la créature, toute affairée à finir son sinistre repas. Sept Balrogs gigantesques dont le massacre n'avait pas pris plus de quinze secondes.

ACHEVE MOI TYRAEL !!!

Le monstre s'interrompît net.

COMMENT TOI SAVOIR MOI ETRE TYRAEL ?

Le damné qui l'instant d'avant ne rêvait que d'attirer l'intention de la créature fut saisit d'une terreur nouvelle, encore plus intense que celle qu'il éprouvait depuis des temps immémoriaux, des temps insondables où il gisait la, en putréfaction permanente, accroché à ce mur sombre dans un endroit sans lune, sans soleil et sans vie.

COMMENT TOI SAVOIR MOI ETRE TYRAEL ???

Le monstre s'approcha alors, collant son immonde face sur celle du zombi.

COMMENT TOI SAVOIR MOI ...

La tête du monstre explosa et celui ci tomba à genou.

Le zombi fut alors témoin d'un curieux spectacle :

Le corps sans tête du monstre se mit à baver un liquide verdâtre, puis jaillissant soudain d'un magma de chair sanguinolente, deux nouvelles têtes apparurent.

JE SUIS TYRAEL !
JE SUIS TYRAEL !
NON C MOI TYRAEL !
MOI TYRAEL .

A ce moment là les membres supérieurs et les tentacules dorsales se mirent en action, une bonne moitié attaquant la tête de droite une autre la tête de gauche.

MOI ETRE TYRAEL !
NON MOI ! MOI TYRAEL !!!!

Mordillant tentacules, bras, oreilles les deux têtes se firent la guerre. Puis le corps se mit à se séparer en deux !

MOI ETRE TYRAEL !
MOI ETRE TYRAEL !!!

MOI ETRE TY !! TYRAEL !!!

C'est alors que le damné eut une idée et accomplit son destin.

TY ET RAEL ! VOUS ETES TY ET RAEL !!!!

A ce moment là la séparation des frères siamois était presque complète. Ils cessèrent de se battre.

JE SUIS TY !
JE SUIS RAEL !!!
JE SUIS TY !!!
JE SUIS RAEL !!!

Quel curieux spectacle que ces deux énormes brutes, aux formes diffuses, capables de défaire une compagnie de Balrog, et qui s'extasiaient, en pensée, sur leur nom !

Le damné se sentit alors en phase avec les mathématiques.

DEUX FOIS DEUX FONT QUATRE
QUATRE FOIS DEUX FONT HUIT
HUIT FOIS DEUX FONT SEIZE...

L'esprit de l'archange avait été visiblement absorbé dans les limbes, remplacé par les juvéniles pensées de deux nouveaux démons, d'une espèce nouvelle, promise à la mitose.

DEUX CENT CINQUANTE SIX FOIS DEUX FONT CINQ CENT DOUZE !

Trop heureux d'avoir enfin une occupation le damné ne s'arrêtait pas de compter.

Le véritable Tyraël quant à lui était allé plus loin dans ses comptes. Son esprit évanescent réparti entre plusieurs milliers de nouveaux monstres qui dévastaient l'enfer avait du mal à prendre pied dans l'un ou l'autre des corps qu'il partageait avec les jeunes démons.

Bientôt, les pouvoirs des pierres assimilées aidant ces monstres seraient capables de franchir à nouveau les plans....

_______________


"C'est étrange... Que d'incohérences ! Theorg, ton avis ?"

Emmitouflé dans une bure noire, le nécromancien se releva. Son compagnon, qui le dépassait de quelques quatre têtes, colosse du nord continuait d'humer les effluves particulières au sol.

- Démon ! Mais pas catégorique. Ne ressemblant ni à ceux qui ont envahi la Sainte Cité, ni aux légions de Baal qui ont envahi mon royaume il y a quelques mois avant d'être vaincues. Pourtant...

- Vas y dis-le, encouragea le nécromancien.

- Je sens quelque chose du Mont Arreat ici... Je ne saurais l'expliquer. Mais le pis est autre.

- Tu sens cette aura, Theorg, tu l'as sentie !!!

- C'est pourtant impossible ! répondit le barbare .

- Theorg!!! Que de choses impossibles sont arrivées ces derniers mois ! Pourquoi pas cela !"

Occupés qu'ils étaient, ils ne virent l'intrus que quand celui ci fût sur eux. Le nécromancien mourut juste après avoir eu le plaisir fugace de constater qu'il avait eu raison.

Pour le barbare ce fût un peu plus long, sa cotte de maille en adamantite, son casque vengeur et sa forte constitution l'ayant permis de survivre au premier choc des tentacules. La créature commençait déjà à digérer ses pieds qu'il n'avait pas encore rendu l'âme.

C'est alors que la jungle fut ébranlée par un terrible cri de guerre.

Secoué le monstre pensa fugitivement que ce genre de nourriture si coriace ne pourrait que le rendre plus fort.

Tyrael, prisonnier de milles et milles corps était désespéré.

JE SUIS THEORG !
JE SUIS HAÜL !

Après vingt quatre paladins, cent villageois, un nécromancien, un barbare et quelques moustiques impudents le monstre recommençait à se dédoubler.

_______________


« Seigneur Thanos, nos invités sont arrivés !

- Parfait, fais-les entrer ! »

Trois silhouettes aussi imposantes que l'hôte de ces lieux, revêtues d'une bure sombre, pénètrent dans l'immense bibliothèque circulaire. Thanos était confortablement installé dans un fauteuil en cuir rouge d'un luxe incroyable. Trois autres fauteuils faisaient face au sien ; il fît signe à ses visiteurs de prendre place.

« Je vous remercie d'être venus aussi rapidement, commença-t-il aussitôt que ses interlocuteurs furent assis. Vous connaissez l'objet de notre réunion, aussi je propose que nous allions droit au but. La mort de Baal et la destruction de la Pierre Monde vient de considérablement changer la donne. Les famille des démons est sérieusement amputée, et, de plus, les archanges
ne peuvent plus intervenir sur notre terre.

- En êtes-vous certain, Seigneur Thanos ? fît l'individu assis exactement en face de lui, d'une voix d'outre tombe. Que la destruction de la Pierre-Monde ait isolé Sanctuary de toutes autres dimensions, celles des démons y compris, j'acquiesce. Mais en ce qui concerne le Domaine du Très Haut, je serais en revanche moins catégorique.

- De plus, vous semblez oublier que Tyraël demeure parmi les humains, renchérit celui de droite. Et de tous, c'est l'Archange que je redoute le plus.

- L'Archange Tyraël n'est pas un problème dans l'immédiat, Prince Lapalisse fît Thanos, d'une voix sereine et assurée. Je puis vous confirmer que la disparition de la Pierre-Monde empêche désormais tout habitant du domaine du Très Haut d'intervenir directement sur Sanctuary. Mes hommes viennent de me rapporter que tous les portails dimensionnels ne sont plus.

- Je suis loin de partager votre optimisme concernant Tyraël, fît Lapalisse. Vous ne pouvez l'exclure de tous nos obstacles potentiels simplement en claquant des doigts ! Et je ne mentionne même pas ceux qui ont porté le coup de grâce à Diablo et ses frères !

- Tyraël est désormais séparé de tous ses confrères auréolés. Il est devenu un adversaire isolé, donc négligeable face à la puissance de notre alliance. Quant aux humains qui ont vaincu les Trois, je pense que nous sommes prêts à les recevoir avec les honneurs en cas de confrontation. Suis-je parvenu à dissiper vos doutes ?

- Admettons, répondit le Prince Lapalisse, visiblement sceptique.

- Dans ce cas, venons-en à ce qui nous intéresse, fît le Seigneur Thanos, vindicatif. Puis il se tourna vers le seul qui n'avait encore prononcé le moindre mot. Exécutrice Noupha, je me suis laissé entendre dire que vous aviez pris en main la reconstitution de l'Ordre du Zakharum.

- Effectivement, répondît une voix féminine dont l'harmonie détonnait totalement par rapport à celle de Thanos et de Lapalisse. Vous pourrez donc compter sur le soutien sans faille d'un millier de Paladins, Seigneur Thanos.

- La Confrérie de Rathma vous suivra également, je m'y engage, fît celui de droite, d'un ton égal.

- Je n'en attendais pas moins de vous, Maître Denethor. J'ai toujours apprécié à sa juste valeur la puissance de la Nécromancie. Prince Lapalisse, fît Thanos en se tournant vers le plus récalcitrant des trois, êtes-vous toujours des nôtres ?

- L'Ordre de Sekoya est à vôtre disposition, fît le Prince, quasiment à contrecoeur.

- Parfait ! Puisque tout le monde semble tomber d'accord, il ne reste plus qu'à mettre en place les derniers détails de notre plan. »

_______________


"Nous devrions immédiatement informer Soeur Noupha !

- Soeur Noupha ?! Cette jouvencelle sans expérience ne devrait même pas commander une petite côterie et elle se voit déjà Que-Hegan !

- Surveille tes mots ! Ton fiel a la mélodie de la trahison !

- L'Eglise de Zakarum est à peine reconstituée que l'on décide de la saboter en plaçant une femme Paladinissme !"

Le brouhaha de la compagnie allait crescendo quand soudain trois silhouettes firent leur apparition. Tous se turent alors.

En voyant Elmer, émérite paladin du Saint Ordre, tout homme ou femme du commun avait comme premier réflexe de se taire, d'attendre et d'écouter.

Large d'épaule, les traits d'une noblesse appartenant à un age révolu, le regard sûr et la parole efficace, Elmer avait combattu les membres du Conseil quand Mephisto avait établi son emprise sur Kurast . Alors que le reste de l'ordre était submergé par la folie il avait résisté se mêlant aux Ironwolves avec qui il pratiqua la guérilla.

Pressenti en tant que futur Que-Hegan, Elmer avait préféré s'esquiver, favorisant même la montée de l'arriviste Noupha dont il ne pouvait s'empêcher d'admirer les qualités d'organisation.

Car si le vieux paladin avait bien appris une chose, c'est que comme la foudre frappe les cimes des arbres davantage que les humbles buissons, la folie frappe encore davantage les puissants et les ambitieux... Ou la mort.

Il s'était écoulé presque une minute et tout était silence. Aux cotés d'Elmer se tenaient deux femmes : Asheara, chef du clan mercenaire Ironwolves, et une inconnue taciturne dont les membres de la compagnie ne connaissaient pas le nom mais qui leur faisaient l'effet d'une assassin.

Elmer prît alors la parole.

"Mes frères. La créature responsable de ce massacre aurait de grandes chances de tous nous tuer si nous étions préparés à sa venue. Mais nos chances seraient tout à fait nulles si elle nous surprenait dans une situation pareillement affligeante à celle que j'ai vu en entrant dans cette clairière !"

Visages mortifiés.

ILS SONT TROP JEUNES. PAS ASSEZ ENTRAINES, pensa une fois encore Elmer.

"Deux douzaines des nôtres sont morts mais de leurs restes nous n'avons surtout que des morceaux d'armures ensanglantés. La créature tue aussi pour se nourrir."

Il considéra l'impact de ses paroles : une dizaine de jeunes paladins (qu'il préférait considérer pour l'heure comme de simples hommes d'épées) et tout autant d'Ironwolves pareillement inexpérimentés le regardaient avec terreur.

VOYONS SI CETTE PEUR LEUR SERA POSITIVE.

"Bien. Nous allons nous efforcer de rentrer sur Kurast, mais notre priorité sera d'y arriver VIVANTS. Je ne veux rien entendre, pas un bruit. Séparez vous ici même de vos plus lourdes pièces d'armures pour ceux qui ont eu la stupidité de s'équiper comme pour les joutes de tournoi ! Je réclamerai de vous toute votre endurance..."

Ce disant Elmer se concentra et aussitôt tout ses compagnons ressentirent une vigueur nouvelle les envahir.

"THEORG !!!!"

La voix rare de la jeune et mystérieuse femme se fit entendre. Asheara était certaine de l'entendre pour la deuxième fois seulement en deux jours.

"THEORG!!!"

La jeune femme s'effondra vers un des tas de déchets assemblés par les paladins serrant frénétiquement contre son sein un objet envers lequel elle semblait avoir beaucoup d'intérêt. Le Haume de Theorg, l'un des mythiques barbares a avoir participé à la chute des 3.

Elmer approcha alors doucement de la jeune femme. "Nia ?" lui demanda t'il utilisant son diminutif ?

"Theorg!" sanglotait la jeune femme.

C'EST BIEN SON CASQUE. UN MORCEAU DE CUIR CHEVELU !

HA !

Elmer comprit qu'il devait faire plus vite qu'il ne le pensait tout d'abord. Theorg véritable force de la nature, géant parmi les barbares avait été tué ici, il y a moins d'un jour. Ca changeait considérablement l'estimation qu'il se faisait de la créature.

"Je raccompagnerai mes frères paladins et Nia. Asheara, toi tu devras par la voie la plus rapide prévenir Kurast... Dis leur..."

Il hésita.

"Dis leur qu'un nouveau Démon Majeur foule notre sol !"

_______________


Hadriel arpentait le long couloir doré qui menait au Sanctuaire du Très Haut. En temps normal, il prenait le temps de contempler les peintures anciennes qui ornaient les murs de la galerie, appréciant chaque tableau dans son moindre détail. L'art des humains le passionnait au plus haut point.

Malheureusement, il devait momentanément mettre de côté ses penchants artistiques. La tension, la nervosité et l'angoisse semblaient habiter tous les êtres vivant dans le Domaine du Très Haut. Un événement dramatique avait du se produire, suffisamment grave pour que le Conseil Supérieur des Archanges se réunisse.

Il arriva devant l'immense porte à double battant du Sanctuaire. Les deux gardes en armure immaculée l'ouvrirent puis s'écartèrent à son passage.

Hadriel fût surpris lorsqu'il pénétra dans la salle du Conseil : seuls les Archanges Phaedriel, Justeciel, et Klorel étaient présents. Bien entendu, le Très Haut présidait la séance.

« Prenez place, Archange Hadriel, fît la voix divine. Je devine à vôtre aura l'étendue de votre surprise, mais je ne puis répondre à vos questions dans l'immédiat. »

L'Archange hocha la tête et s'installa face à Klorel, dont la tension était nettement perceptible.

D'ailleurs, ce fût lui qui prît aussitôt la parole.

« Très honorés membres du Conseil, votre Sainteté, si je vous ai demandé de réunir le Conseil en ce jour, c'est pour vous relater un fait étrange, mais néanmoins préoccupant. Comme vous le savez, Tyraël est le seul d'entre nous à être resté sur terre lorsque la Pierre-Monde disparût. Bien qu'il lui soit impossible de nous rejoindre, désormais, je peux néanmoins ressentir son Aura, où qu'il se trouve sur Sanctuary.

- Quoi de plus normal, commenta Justeciel. Tyraël fût votre protégé. Les liens élève-maître conduisent souvent à ce genre de phénomène.

Klorel hocha la tête puis poursuivit.

- Je suis donc en mesure de détecter sa présence. Mais depuis deux lunes, un fait incompréhensible s'est produit. Sa présence à commencer à se multiplier.

- Qu'entendez-vous par « se multiplier » ? demanda la voix du Très Haut.

- Je ne sens plus une seule aura. mais des milliers.

- Mais voyons, c'est absolument impossible ! s'écria Phaedriel.

- C'est pourtant ce que je ressens. fît Klorel d'une voix amère. En outre, son aura a changé. Je reconnais Tyraël, mais les sentiments qui l'animaient ont changé. Je ne ressens plus que douleur, haine et désespoir.

Hadriel sentît un frisson parcourir son échine. Il repensait à la corruption de l'Archange Izual. Se pourrait-il que Tyraël ait connu le même sort ?

- Nous devons en savoir plus, conclût Klorel. Sanctuary court probablement un très grave danger.

- Mais comment intervenir ? fît Hadriel. La Terre des mortels nous est désormais interdite. Aucun Archange ne peut désormais quitter le Domaine.

- Un Archange certes, fît Klorel, sur un ton qu'Hadriel n'aima pas du tout. Mais un humain.

- J'imagine qu'en me fixant de la sorte, vous espérez que je me dévoue, que je renonce à mon statut d'immortel, et ce uniquement parce que votre protégé est en train de ridiculiser la reproduction des lapins ?

- Je ne puis évidemment pas vous demander un tel sacrifice, fît Klorel d'une voix humble. Mais de nous tous, vous fûtes le meilleur ami de l'Archange Tyraël et...

- Ne parlez pas de lui comme s'il n'existait déjà plus, Klorel ! rétorqua Hadriel dont la patience commençait à s'effriter. Il est inutile de me rappeler les liens d'amitié qui existent entre Tyraël et moi !

- Je le sais, fît Klorel, et c'est pourquoi je vous accompagnerai sur terre. Nous ne serons pas trop de deux pour résoudre ce mystère. »
Résumé du Chapitre I

Contaminé par les essences maléfiques de la pierre monde qui ont fait de lui un monstre l'archange Tyrael cherche son salut aux enfers. Mais sous l'influence de fantastiques énergies qui le dépassent et l'empoisonnent, il s'attaque aux démons qu'il rencontre et commence à se multiplier.

Entre temps sur Sanctuary, le machiavélique Thanos complote avec ses alliés : Noupha nouvelle exécutrice du Saint Ordre de Zakarum, Denethor Grand prêtre de Rathma et Lapalisse chef du mystérieux ordre de Sekoya .

Bien plus loin vers l'ouest, dans la jungle environnant Kurast, le héros Elmer et sa troupe de paladins et d'Ironwolves découvrent le reste d'un carnage. Des pièces d'armures et des armes ensanglantées trahissent la fin atroce d'une vingtaine des fils de la lumière !

Mais quand Elmer, qui a fait partie de la côterie ayant débarrassé Sanctuary des Trois, réalise que Theorg, compagnon barbare lors de cette noble épopée fait partie des victimes, il préssent le pire et entreprend de rentrer sur Kurast avec la plus grande prudence tout en envoyant Asheara , chef des Ironwolves, prévenir la capitale du danger par une voie plus rapide.

Inquiet quant au sort de Tyrael, le conseil supérieur des Archanges se réunit. Klorel qui fut le mentor de Tyrael et Hadriel l'un de ses plus fidèles amis, renoncent à leur statut d'immortels afin de pouvoir descendre sur terre et enquêter.


_______________


Fezznir était impatient.

QUE CES SOTS VERIFIENT ET REVERIFIENT LES RUNES, LES MOTS QU'ELLES FORMENT
SONT PARFAITS !

Les acolytes s'affairaient autour du pentacle dessiné par l'élève surdoué, lisant et relisant les dizaines de mots runiques que le jeune démoniste avait tracé en à peine une demi heure.

"Ambitieux petit démonet, les mots sont mélodieux mais tu as placé la barre trop haut ! Un Balrog d'obsidienne ! Ces formidables créatures rechignaient même à servir Diablo et étaient parmi
les seules à ne point le craindre !"

Ainsi s'exprimait Loucha'Nan, l'un de ses maîtres qu'il détestait le plus mais aussi l'un des rares à mériter son estime. L'infâme vieillard prônait en effet que quiconque succombait au découragement ne méritait pas de rester dans cette école secrète. Et peu savaient, pas même Dieu pensait parfois Fezznir, quel sort attendait ceux qui échouaient à l'apprentissage.

"Maître Loucha'Nan, la craie en pierre d'Harrogath est dans ce cycle de la lune en efficacité maximale, je pourrais invoquer Baal en personne pour peu qu'il fusse encore indemne.

- Et de quel sang t'es tu servi ?

- A cause des butors du sieur Thanos que vous avez convié ici, il n'est plus de vierges ! J'ai pris ceux des partants ...

Le terrible et immonde vieillard sourit de toutes ses dents dont la beauté ne trompaient pas : il venait de les prélever ainsi que tout un maxillaire sur un des "partants".

- L'Ecole ne doit pas accepter d'analphabètes ! C'est l'Usage ".

Loucha'Nan avait posé un problème runique aux vingt plus jeunes élèves de l'Ecole. treize avaient échoué. Onze étaient déjà morts sauf deux qui avaient été envoyés aux soldats du Seigneur aux penchants particuliers...

Fezznir savait que le vieux sadique avait posé exprès un problème extrêmement difficile, et que seuls ceux savant tricher (une vertu particulièrement utile, un mode de vie ) y avaient réussi !

"Bien... Si tu commençais ton invocation ! Vous autres, dans le cercle intérieur !"

IL ME TESTE ! VEUT VOIR SI JE VAIS EPROUVER DES EMOTIONS... PARFAIT ! JE VAIS LE FRUSTRER AU PLUS HAUT POINT !!!

Le jeune démoniste commença à psalmodier dans le langage sans paroles.

Pendant une bonne minute rien ne se passa, et cette attente au début logique devint pesante.

Loucha'Nan souriait jaune, et si Fezznir - alors concentré sur son chant - l'avait observé il aurait lu dans le visage de son vieux maître plus un soupçon d'angoisse, de déception, que de satisfaction de son échec.

Puis, trop brutalement, les runes s'activèrent !

Le sang qui avait commencé à sécher, redevint liquide, comme fraîchement extrait des veines des malheureux élèves. Puis le liquide se concentra au centre du pentacle .

QUELLE VIOLENCE !!! ALLONS FEZZNIR, CE N'EST PAS LE MOMENT D'AVOIR DES DOUTES !

Le sol se mit à trembler, par à coups sporadiques. Les runes étaient alors comme des petits soleils dans la pièce. Des acolytes dans les cercles intérieurs s'évanouirent. Loucha'Nan était sur le point de penser que la messe noire n'arriverait pas à son terme sans quelques dommages.

Le sol cessa soudain de trembler. Le silence fut absolu et les runes s'éteignirent sèchement. Silence.

"Décevant Fezznir... Perte de courage ?" annonça le vieux fou sans pouvoir cacher une pince de soulagement.

C'est alors qu'un Vortex mauve s'ouvrit en plein centre du pentacle.

Une abominable créature en surgit !

CE N'EST PAS UN BALROG D'OBSIDIENNE !!!

Haute de quatre mètres environ, affublée de monstrueuses tentacules dorsales, de deux bras et de quatre pattes puissantes et crochues, cuirassé d'une carapace sans faille, le nouvel arrivant se redressa sur ses quatre membres inférieurs.

CE N'EST PAS UN BALROG MAIS CA CONTIENT du BALROG !!!

"MOI HaenKanzeSan !!!!" Beugla le monstre.

HAENKANZESAN, DEMON MINEUR ORIENTAL... BALROG D'OBSIDIENNE ? PAS POSSIBLE !

En un éclair les tentacules dorsales se déployèrent fauchant les acolytes et faisant siffler l'air.

Fezznir eut le temps de voir son maître foncer sur les runes mais un battement de cil plus tard sa tête était séparée de son corps, emportée par une tentacule.

Le monstre se tourna alors vers lui.

"TOI OSER DERANGER ??? MOI FAIM ! TOI MOURIR !!!"

Fezznir était tétanisé. Plus par la sensation que quelque chose clochait que par le danger imminent. HaenKanzeSan était réputé, parmi les démons mineurs, pour sa subtilité et son orgueil.
Jamais il ne se serait présenté à eux, même contraint et forcé, sous forme aussi disgracieuse !

Quelque chose changea alors dans la pièce.

La forme du soi disant "HAENKANZESAN" devint floue, trés floue et le monstre semblait hésiter à l'attaquer.

PAS POSSIBLE !!!! NON !!!!

FEZZNIR ! hurla Tyrael dans son esprit, JE SUIS TYRAEL ! TU DOIS M'AIDER ! PREVIENS... "

Fezznir perdit conscience lorsque la main de Tyrael lui toucha le visage.

(...)

"Disciple Fezznir? Que s'est il passé ????"

Fezznir se tenait dans la salle des professeurs. Deux représentants du seigneur Thanos étaient présents. Tous le regardaient, avec suspicion, colère et même pour certains peur.

"J'ai invoqué un Balrog d'Obsidienne sous les ordres de Loucha'Nan.

- Disons plutôt que vous avez décidé de cela vous même et que le vieux fou ne vous aura pas formellement interdit de le faire !

Ainsi venait de s'exprimer un de ses plus timorés professeurs, ayant encore juste assez de courage pour invoquer un déchu.

L'un des représentant de Thanos prit la parole.

- N'avez vous rien de spécial à nous dire, disciple?

Fezznir avait un intense mépris pour ces hommes, dont la subtilité se résumait à enfoncer des portes ouvertes ou poser des questions évidentes. THANOS NE DEVRAIT PAS S'ENCOMBRER DE PAREILS INCAPABLES ! L'ECOLE EST POURTANT CONSIDEREE COMME UN POSTE CLE !

- Si vous le souhaitez je peux renouveler l'opération en votre présence"

Le couard avec ses grands airs ne put s'empêcher d'esquisser un frisson.

HORS DE QUESTION DE VENDRE L'INFORMATION MAINTENANT. THANOS EST TROP PUISSANT... ATTENDONS QUE SON POUVOIR SOIT BIEN EBRANLE POUR NEGOCIER ! IL FAUT QUE JE QUITTE LA VILLE !

Sous peu, le chaos régnerait en maître dans cette ville, Fezznir en avait la certitude. Et le fief du sieur Thanos n'était qu'a quelques dizaines de milles.

EN PLEIN COEUR DE SA ZONE D'INFLUENCE ! IL VA AVOIR DU SOUCI !

_______________


"Beolf !!!!"

La jeune ensorceleuse apostrophait désespérément son compagnon, espérant le ramener à la raison.

"Crève !"

Beolf le barbare leva encore une fois son épée, péniblement, luttant contre le pouvoir qui le contrôlait.

"Encore raté" hurla le chiot mort d'une voix obscène. Puis le contrôle sembla quitter le corps de la pauvre dépouille canine pour revenir sur le barbare.

La sorcière se téléporta une nouvelle fois, évitant un autre coups trop lent.

"Beolf!!!! Arrête !!!!"

"Beolf arrête , Beolf arrête !!! Ho non Beolf encore !!! Continue !!! Oh oui !!!"

Cette fois ci la voix venait de feu l'amazone Luthien, dont le corps était empalé par sa propre lance.

"Maryka" lança le barbare lâchant subitement son épée au pied de l'ensorceleuse.

"Maryka !!!"

Mais Maryka était prise à son tour de convulsions.

Complètement ébranlé par ce nouveau coups du sort, le barbare n'en restait pas moins un guerrier accompli... Il sauta à terre pour éviter une boule de feu. Mais au moment où il touchait le sol ce fut pour se retrouver sur un parterre de braises ! Il hurla !

LE DEMON A APPORTE SA CONTRIBUTION AUX SORTS DE MARYKA ! pensa t'il .

"Crois tu qu'au sein de l'enfer le feu a quelque chose en commun avec celui de la surface de la terre ?" interrogea la tête décapitée de FouilleFosse le nécromancien du groupe.

Le pouvoir quitta la tête de l'infortuné prêtre de Rathma pour retourner dans Maryka.

"Brûle ! Brûle ! Brûle !" Hurla frénétiquement Maryka d'une voix masculine.

"Brûle mon amour" souffla t'elle ensuite avec la hauteur de voix qu'elle utilisait lors de leurs ébats.

Le corps de Beolf s'embrasa.

Le barbare regardait sa moitié avec tristesse, dissimulant cette fois sa souffrance physique.
Mais le feu fit son office, et il finit par s'effondrer.

Le contrôle quitta Maryka, consciente durant tout le spectacle.

La jeune sorcière, aphone, regardait la scène.

Florentz jeune paladin qui avait eu tellement foi en son Dieu qu'il les avait suivi jusqu'ici, gisait le corps percé de parts en parts par la lance de Luthien.

Luthien qui ne croyait en rien sauf en Florentz s'était après Florentz attaqué à Beolf, puis à FouilleFosse. Dans la surprise des premiers instants du pouvoir sorcière, nécromancien et barbare s'était contentés d'esquiver. Puis FouilleFosse poussant un cri inhumain s'était empalé sur la lance de Luthien avant de la lui arracher des mains et de l'empaler elle même avec la plus grande des férocités.

A ce moment là , voyant leur ami logiquement mort doté de la force de trois barbares , Beolf et Maryka se liguèrent contre lui. Mais le pouvoir envahit Beolf à son tour qui décapita le nécromancien, enfin neutralisé.

Puis la suite fatale...

C'EST UN CAUCHEMAR !

"Maryka..."

Le barbare bougeait.

"BEOLF?"

Le géant du nord se redressa, son visage brûlé arborant un sourire moqueur.

Maryka se résigna. Concentrant toutes ses forces elle invoqua un éclair d'une puissance qui aurait tué net un Balrog. Elle mourut sur le coups, après avoir eu une fugitive pensée pour Beolf, son sourire et sa détermination.

_______________


L'ombre encapuchonée précédée du chiot noir réanimé progressait à travers les couloirs de sa noire forteresse. Seuls les petits pas de l'animal zombi pouvaient se faire entendre, l'ombre
progressant sans produire un seul son.

Les portes s'ouvraient sur leur passage, les portiers, des déchus en état de putréfaction se réanimaient à leur arrivée.

"Il est temps de voir la Légion ardente" dit le chiot-zombi.

- Il est temps de savoir qui se dresse devant nous !!!". Après ces dernières paroles, la créature s'effondra.

Car le démon, lassé, s'était mis en tête de choisir un autre compagnon. Un déchu, vivant celui là, placé en garde d'une porte, se mit alors à parler.

"Mouiiii... Allons chercher la sorcière ! Elle a abrégé le jeu. Ce n'est que justice ! Nul n'échappe totalement à mon emprise !" En attendant celle qui serait sa voix pour quelques temps, le démon se plaça sur son trône de pierre.

_______________


La légion ardente, création de Diablo, était une force armée d'une rare brutalité. Composée exclusivement de démons de grandes taille et dirigée par Kornuld un Urdar sans subtilité mais féroce, elle se préparait à accuser le choc contre ces étranges créatures hybrides sans chefs qui attaquaient les autres démons à vue.

Les Balrogs d'obsidienne d'Haenkazensan en avaient fait les frais. Le seigneur des Esprits estimait que le protégé de Diablo ne ferait pas mieux, même avec des effectifs dix fois supérieurs.

Il fallait en apprendre plus sur ces choses, et si possible éviter le massacre de la légion , qui pouvait encore avoir son utilité.

L'ombre sur son trône se focalisa sur le maitre de la légion. Kornuld, seigneur des Urdars, protégé par une garde de mille des siens et mille cousins broyeurs géants observait l'approche de la chaotique troupe qui dévastait les enfers. Un bon demi-millier de monstres singuliers et d'une puissance incroyable avait compris l'observateur.

L'essentiel du reste de la Légion, presque dix mille démons, était répartie sur le relief, mais bien en retrait par rapport au groupe de tête.

KORNULD !!!!
KORNULD !!!!
Mais le Seigneur des Urdars ne pouvait se soumettre facilement.

ARRIERE !!! NE TENTE PAS TES TOURS SUR MOI !!!

Le mépris et la haine entre le Seigneur des Esprits et le Seigneur des Urdars était ancienne.

Le seigneur des esprits choisis une autre tactique, ne pouvant pas présentement prendre le contrôle de son congénère.

Il concentra son oeil sur les monstres arrivants. D'après ce qu'il en savait ces quelques cinq cent monstres anéantiraient Kornuld, sa garde personnelle, et le reste de la légion et sur ce dernier
point il ne pouvait laisser faire.

Puisqu'il ne pouvait s'emparer de Kornuld lui même, le seigneur des esprits s'attaqua aux lieutenants des groupes arrières. Lentement, insidieusement, il creusa dans leurs esprits, tour à tour, des failles qui lui permettrait tantôt de tous les contrôler simultanément.

Occupé à préparer le premier choc, sur de les vaincre avec les deux milles démons de sa garde sans avoir à donner la réserve, Kornuld ne repéra pas la manoeuvre.

RHHHHAAAAAAAAAAA !!!!

Le grand démon cogna la terre de son pied. C'était le signal ! Vrombissante, terrible, une vague de milliers d'urdars et de broyeurs déferla alors sur l'adversaire.

Mais le choc des armées fut épouvantable pour la légion.

Quand le premier Urdar arriva à moins de dix mètres de l'ennemi, il fut harponné par une vingtaine de tentacules simultanément. Le battement de cil suivant cet urdar n'existait plus qu'en multiples
morceaux de chair éclatés dans l'air .

La un monstre hybride propulsait dans les airs 3 broyeurs tout en cognant un Urdar dans la tête avec ses pattes de derrière.

A un autre endroit un broyeur a terre tentait en vain de se défaire d'une seule tentacule, entrain d'aspirer ses viscères.

Kornuld observait ce premier choc avec une grande surprise. Mais sa rage et sa fierté prirent le dessus et il se jeta dans la mêlée...

_______________


Les lieutenants de Kornuld, quand celui ci leur intima en pensée l'ordre de venir l'aider restèrent silencieux, sous le contrôle du seigneur sur son trône.

Alors le seigneur des esprits frappa.

Il prit le contrôle successivement des quelques démons de sa garde qui entouraient encore Kornuld, accélérant leur trépas.

Kornuld se retrouva alors rapidement isolé plusieurs tentacules fichées dans sa chair, en train d'absorber son sang.

NOOOON !

Le manipulateur choisit ce moment pour entrer de toutes ses forces dans Kornuld et celui ci, sérieusement blessé ne pu lutter. Il y transféra momentanément toute sa puissance, l'alliant avec celle de son hôte.

Frappant et s'escrimant avec sa nouvelle énergie il finit par envoyer au tapis quelques créatures, tout en sondant leurs auras.

Et, juste à l'instant où le corps du grand général allait être détruit, il s'en retira en absorbant l'essentiel de son énergie, ayant collecté quantité de renseignements de premier ordre.

Un moment de silence dans la forteresse.

Puis, Marika, qui était entre-temps arrivée, se mit à rire, d'un rire sadique et satisfait.

Pour la première fois depuis longtemps, le seigneur des esprits utilisa sa propre voix.

"Tyrael..." dit il.

Et le rire de Marika repartit de plus belle, traduisant l'état d'esprit de son maître.

_______________


Louve attendit que son père et les "nobliots", comme elle les appelait, sortent de la salle. La porte se referma, les bruits du couloir s'estompèrent, mais elle attendit encore. Les secondes passèrent, puis les minutes... Les poings et les mâchoires serrées, le regard brûlant de haine, d'orgueil et de honte, elle était pétrifiée.

IL OSE ME LAISSER DE COTE SUR UNE AFFAIRE DE CETTE IMPORTANCE !

Sa rage n'en finissait pas, elle se consumait en pensées de meurtres, la pourpre avait gagné ses traits pourtant originellement pâles. Le rideau qui la cachait du reste de la salle et qui cachait la salle à ses yeux commençait à l'exaspérer.

Elle sortit de sa cachette, repoussant le rideau d'un geste brusque, sans porter la moindre attention au contenu de la salle, et se dirigea directement vers la porte. L'ouvrant, elle jeta un coup d'oeil dans le couloir, s'assurant de l'absence de possibles opportuns, et se faufila à l'extérieur en refermant doucement mais nerveusement la porte.

S'IL CROIT QUE JE VAIS LE LAISSER M'ELOIGNER DU POUVOIR !

Elle alla jusqu'à la porte de sa propre chambre, évitant par habitude les pièges du couloir, puis désactiva le sceau de protection, et entra. L'atmosphère à laquelle elle était accoutumée ne lui fut d'aucun réconfort. Jetant un regard méprisant à la pièce qui l'entourait, elle sortit sur le balcon. Le vent lui apporta le soutien qu'elle cherchait, reprenant le contrôle de ses émotions. Et elle commença à réfléchir, à planifier, à prévoir.

Le vent caressait son visage, faisant flotter délicatement ses cheveux. Ses yeux brillaient, tels deux saphirs, mais l'éclat qu'ils dégageaient était bien plus sombre que la beauté angélique de son visage. Ses mains, appuyées sur le rebord du balcon, malgré leur délicatesse, trahissaient par l'apparence des veines son énervement.

L'idée lui vînt alors. Elle se retourna, revint rapidement dans sa chambre, et regroupa les affaires dont elle aurait besoin par la suite. Prenant un sac pour les mettre à l'intérieur, elle vit le petit portrait de son père sur sa table de nuit, hésita, puis le prît et l'enfouit au fond du premier tiroir qu'elle rencontra.

Passer par la salle d'armes, puis par la salle des équipements, et enfin par les écuries. Surtout éviter les salles et couloirs comportant une rune de surveillance.

Elle prît son sac, et sortit, referma sa porte en recomposant le sceau, et s'engagea dans le couloir d'un pas déterminé.
Résumé du Chapitre II

Fezznir, élève de la secrète 'Ecole d'Invocation de de Controle des Demons', acquise à Thanos, se prépare à invoquer un puissant Balrog d'Obsidienne. Mais l'expérience ne se passe pas comme prévu, une autre créature arrivant en effet à la place du Balrog. Le monstre, qui n'est autre qu'une des créatures issues de Tyraël, est sur le point de tuer le malheureux quand l'archange en prend fugacement le contrôle.

Entre temps aux enfers, le mystérieux Maître des Esprits, après avoir éliminé un groupe d'aventuriers qui se trouvaient dans sa forteresse démoniaque, cherche à analyser la nature des puissantes créatures qui exterminent ses congénères démons. Au terme d'une bataille sanglante, il reconnaît l'essence de Tyraël ...

Dans la forteresse de Thanos, le démon grizzly, Louve, sa fille, se prépare à une fugue.


_______________


Asheara rapide comme le vent progressait prestement d'arbres en arbres, utilisant l'itinéraire le plus direct pour rejoindre la capitale.

Cela faisait maintenant un jour et une nuit qu'elle évoluait presque sans pause à travers la jungle. L'essentiel de ses Ironwolves était en effet regroupés à Kurast, participant à l'entraînement d'une nouvelle génération de paladins et protégeant les chantiers de reconstruction de la ville de bandes de pillards que l'Exécutrice NOUPHA avait promis de mater sous peu.

La guerrière mage endurcie était un peu surprise que NOUPHA, qui lui avait tellement parue empressée de se faire valoir, peine autant à lancer plus de patrouilles dans la région environnant la ville.

Quand Elmer avait proposé de s'acquitter de la tâche lui même, elle avait hésité, puis finalement accepté en lui donnant le commandement d'un groupe de jeunes guerriers encore inexpérimentés.

[Flashback :]

"Frère Elmer, je pense que ces novices auront tout à apprendre d'un guide de votre expérience"

- Soeur Noupha, la flatterie n'est pas et ne sera jamais un outil de Zakarum !"

A ce moment, un silence gêné avait envahi la salle où se tenaient aussi d'autres paladins, dédiés à la garde de l'Exécutrice. Les quelques ironwolves présents, dont Asheara avaient été pareillement étonnés, mais surtout par les réactions hostiles à peine dissimulées des hommes qui entouraient Noupha.

Après quelques secondes interminables, Noupha avait reprit :

- Elmer, je vous demande d'accepter humblement mes excuses. Je ne peux cependant pas me séparer de trop des nôtres. Le chaos règne encore dans les régions limitrophes à Kurast. Je ne sais où donner de la tête et je ne puis dégarnir davantage les forteresses !"

Il était vrai que les attaques sporadiques de pillards contre les villages et parfois même les faubourgs de la ville ne se relâchaient pas. Il ne se passait pas une semaine en effet sans qu'un raid voire plus simplement un simple cambriolage musclé ne fut signalé.

L'Exécutrice lors de sa nomination il y a trois mois avait promis de réduire les pillages tout en accélérant l'entraînement des nouvelles recrues et la réintégration des paladins jadis possédés par le pouvoir de l'Orbe.

Elle s'était alors basée sur le charisme d'Elmer et l'avait pour l'occasion officiellement réintégré à l'Ordre, bien que ce fut déjà le cas officieusement depuis la chute de Mephisto. En effet la plupart des capitaines suivaient de très prés les conseils du vétéran.

"Noupha, je connais la situation stratégique, mais visiblement pas son ampleur. Une patrouille si légère devrait contenir quelques vétérans !"

- Vous pourrez fusionner avec le groupe de Luther en poste vers le village de Kenzill à trois jours d'ici

Inspirant profondément elle continua :

- Je ne pense pas que vous rencontriez un danger quelconque jusqu'a eux, et quand bien même un groupe aurait échappé à la vigilance de Luther sa taille ne devrait pas vous inquiéter. Du moins c'est ce que je traduits des derniers rapports encourageants de Luther qui fut je crois l'un de vos propres disciples et qui demeure l'un de mes plus compétents capitaine"

[Fin du flashback]

PAUVRE LUTHER, pensa alors Asheara.

TOUT VETERAN QU'IL FUT LUI ET SES HOMMES ONT ETE MASSACRES ET LEUR RESTES NE SERONT JAMAIS MIS EN TERRE. Tout en repensant à cela, l'urgence de sa mission devint plus pressante encore.

JE DEVRAIS ARRIVER DANS LES FAUBOURGS AU CREPUSCULE. PRESSONS !!!

_______________


Elmer ordonna l'arrêt de la troupe.

"Nous camperons ici pour la nuit!"

Soulagés paladins et ironwolves entreprirent de se déployer pour repérer le périmètre avant de monter le campement.

"Elmer. Continuons !"

Quand Eugénia daignait s'exprimer il fallait la prendre en considération ou risquer de s'en faire son ennemie.

- Nia,la troupe dont je suis responsable est fatiguée !

- Vous n'êtes pas responsable de moi, Elmer. Je puis continuer seule.

- Comme je n'ai pas voulu que vous suiviez Asheara, je ne veux toujours pas que vous partiez seule.

Une lueur enflammée apparut dans les yeux de la tueuse de mages.

- Elmer, je puis me défendre sans vous et vos hommes !

- Assurément. Mais je ne puis moi me passer de vous en cas de coups durs."

Elmer disait vrai, la tueuse était vraiment d'un niveau exceptionnel et son groupe manquerait de répondant face à la chose qui avait détruit Luther et son groupe si il en était séparé. Mais il voulait aussi éviter que son amie par précipitation, son désir de venger Theorg, ne coure à sa propre perte.

Elmer continua.

"Eugénia. Il est bien entendu hors de question que la ou les choses qui ont tué Theorg et nos paladins ne s'en sortent. Mais pas au nom de la vengeance, seulement pour prévenir d'autres massacres! Et vous serez de la partie. Mais nous devons nous renforcer pour ne pas risquer de subir une cuisante défaite"

Eugénia sembla se détendre, et après un léger sourire toucha l'épaule du meneur d'homme avant de tourner les talons. Elmer ne lui connaissait pas avoir dit tant de mots depuis bien longtemps, même quand elle était en compagnie du grand barbare.

Theorg avait un jour admis volontier devant Elmer que face à Eugénia, cinquante kilogrammes et les courbes d'une adolescente, dont la tête lui arrivait à peine à la poitrine, il n'aurait que très peu de chances, en dépit de toute sa maîtrise du combat et de son impressionnante carcasse.

Mais Eugénia avait aussi subi le blâme de ses consoeurs pour son tempérament par trop fougueux et imprévisible, aspect que seul le barbare avait réussi à tempérer.

Elmer regarda la jeune femme s'éloigner

"Que l'arbre que tu choisiras soit doux pour toi Eugenia" souffla t'il. Puis il entreprit d'aider ses hommes, bien heureux de ne pas dormir dans un arbre.

_______________


"La première tour de garde" chuchota Asheara pour elle même. Elle arriverait sous trente minutes aux faubourgs et la nuit commençait à tomber.

Cela faisait une dizaine de minutes qu'elle avait quitté les arbres, mais une étrange intuition l'avait poussée à ne pas suivre le sentier. Non pas qu'elle craigne une attaque de brigands qui auraient été certainement trop bruyants pour qu'elle ne les détecte pas, mais un pressentiment grandissant.

Elle commença à discerner des voix, et se dirigea tout en continuant à éviter le sentier à s'en rapprocher. LE VIEIL ELMER APPELERAIT CA PARANOIA ET NON PRUDENCE ! ALLEZ, ON VA LEUR PARLER. Elle pressa alors le pas, essayant de juguler son inquiétude.

Une voix familière venait des abords de la tour. Cette voix lui causa un trouble et augmenta son inquiétude. Mais quand une autre voix, tout aussi familière mais synonyme d'un danger plus grand lui parvint elle s'arrêta net.

QUE CELA VEUT-IL DIRE ?

A ce moment précis elle distingua faiblement derrière elle un bruit qui n'appartenait pas à la forêt. Elle se retourna alors, et sa vue sembla lui confirmer ce que son ouie lui avait suggéré : des feuilles bougeaient de manière peu naturelle, sans aucune synergie avec le vent.

QUELQU'UN ME SUIT !

La guerrière se reprocha de s'être retournée si vite, dévoilant ainsi sa connaissance d'être pistée. Mais le choc des deux voix qu'elle préférait ne pas reconnaître, ajouté à la fatigue des derniers évènements l'avait poussée à la faute. Et puis si le pisteur avait été la créature...

Dans ce laps de temps sa concentration baissa, et elle ne vit pas le paladin avant qu'il ne la vit. Le membre de la garde personnelle de l'exécutrice fit un signe discret à l'un de ses compagnons, encore lui aussi hors du champs de vision de l'Ironwolf.

_______________


Elmer pensait à Asheara et priait pour qu'elle fusse arrivée à Kurast sans encombres.

Il se remémora alors leur conversation, à l'issue de l'entretien périlleux avec Noupha où l'exécutrice lui avait donné ces quelques jeunots en guise de troupe.

C'était Asheara qui avait alors brisé le silence.

[Flashback :]

"Trois au moins, parmi ces gardes ont été ses amants ou le sont encore!

- C'est fort possible, mon amie.

- Comment ... Comment peut tu réagir avec tant de flegme?

- Très simple, je suis l'un des derniers vrais paladins de la Sainte Eglise de Zakarum"

Asheara réfléchît alors à la réponse de son ami et à ce qu'elle impliquait. Elmer partageait donc ses doutes au sujet de l'intégrité de l'Exécutrice et des nouveaux capitaines qu'elle nommait après les avoir probablement testé au lit violant un nombre calculables de règles non écrites que se devaient de suivre un paladin.

- J'ai bien cru que l'un de ses protégés allaient te frapper Elmer, voire pire. Pourquoi l'avoir provoquée ?

- Elle n'avait pas encore assez d'influence pour se permettre cela... Et je devais la tester.

Elmer ajouta :

- En plus je doute qu'elle le veuille vraiment. Elle considère que le danger que je représente est minime. Tout ça parce que je fus le maître d'arme et mentor de son frère et que je la connais depuis son enfance.

- Ne remplis-tu pas ce rôle de gentil naïf en quittant Kurast maintenant ?

Elmer la regarda.

- Asheara, je pense qu'en quittant Kurast je sauve ma vie, et par cela même l'unique chance de l'entière Eglise de Zakarum!

Asheara comprit. Si ce n'était pas Noupha qui voulait tuer Elmer...

- Tu penses donc que le mécène mystérieux de Noupha essaierait directement de faire attenter à ta vie ? Mais il vexerait fortement l'Exécutrice !

- Asheara, je pense que tu devrais me suivre dans cette expédition car les hommes de ce "mystérieux" mécène sont en nombre dans la région.

- Moi laisser mes ironwolves ici ? J'ai l'impression qu'en cas de coups durs ta Noupha ne lèverait pas le petit doigt pour aider mes hommes !

- Il importe de faire croire à nos ennemis que le danger que nous représentons toi et moi est temporairement éloigné, et le pousser à la faute...

- Quel avantage avons nous Elmer ?

- En ce qui me concerne je puis me baser sur ma Foi, ma Vraie Foi, la même qui m'a permis de guider Theorg et les siens dans la prison de la Haine.

- Tu ne m'en diras pas davantage" soupira t-elle.

[Fin du flashback]

Elmer savait pertinemment que la rusée Asheara avait comme à son habitude joué les candides, afin de pallier à son désavantage actuel en informations. Mais c'était aussi son amie, et en tant que telle il la connaissait très bien.

Si il lui avait dit en ce moment que Noupha levait une armée et l'identité du mécène Asheara aurait ordonné la mise à mort de l'exécutrice dans la nuit. Une armée dont l'objectif serait officiellement de rétablir l'ordre de pacifier. Officieusement de servir sous la bannière du Grizzli Enragé.
Car il savait depuis peu que le démentiellement riche marchand n'était autre que l'avatar de ce démon .

THANOS... J'AI UN MAIGRE MAIS REEL AVANTAGE SUR TOI.

_______________


Les trois paladins, tous des hommes de Noupha, tentaient de l'encercler.

"Asheara, veuillez nous suivre sans faire d'histoire... fit l'un d'entre eux.

- Alors, celui d'entre vous qui m'attrapera partagera la couche de Noupha cette nuit ? lança t-elle.

- Ne parlez point ainsi de l'Executrice !!!! rugit l'un des paladins.

CELUI LA DOIT ETRE SON AMANT EN TITRE OU CROIRE ENCORE L'ETRE.

- Une fois que je serai en ville, elle ne le demeurera pas longtemps !

- Tes mages sont emprisonnés, les autres en place ont été tués ou se sont enfuis ! ricana dans un grognement le même homme.

Ce fut un pincement de coeur pour Asheara car elle sut que ce n'était pas du bluff, elle était payée pour son gambit. Après avoir provoqué l'homme elle obtenait une inquiétante mais véritable information. Elle se prépara alors au combat pour deux raisons.

La première c'est qu'elle n'était pas sure que l'amant énervé ne tente pas de la tuer si elle se rendait.

La deuxième c'est qu'elle était persuadée que l'homme qu'elle avait entendue plus loin prendrait sa tête sans état d'âme. Car la voix familière était celle d'un serviteur de Thanos lui même. En un éclair Asheara venait de dévoiler nombre de zones d'ombres.

Mais l'éclair suivant ne fût pas dans son esprit.

L'amant imbécile venait de se faire trancher la gorge. Asheara arma une boule de feu contre le plus proche des autres paladins. Quand celle ci quitta ses doigts , sa mystérieuse alliée avait déjà occis le troisième.

"Natalya !" réalisa soudain Asheara.

- Vite!" lui répondit la Visjerei.

MA BOULE DE FEU ETAIT UNE ERREUR pensa tristement Asheara. Le regard courroucé que lui lança l'assassin confirma son jugement.

Elles s'enfuirent dans la forêt.

_______________


"Deux techniques de morts différentes. Vous avez donc deux au moins deux cibles.

Ainsi s'exprimait le séide de Thanos dont Asheara avait auparavant reconnu la voix.

- Nous devrions déjà en référer aux capitaines !" grogna un paladin.

Le serviteur du démon ursidé réagit instantanément. Le paladin s'effondra sans une seule blessure apparente.

"Trois techniques de morts différentes. Vous auriez donc trois cibles, pour peu que vous estimiez avoir une chance contre la troisième."

Les autres "paladins" qu'Elmer considérerait plutôt comme des hommes d'épées mal dégrossis saisirent le message. Ils partirent dans la forêt. Un seul d'entre eux resta là.

"Je pars prévenir la Garde que des Ironwolves haineux ont attaqué la tour" déclara t-il.

Son interlocuteur sourît. Celui ci comprenait vite ! On pourrait probablement en faire quelque chose, une fois qu'il ne serait plus nécessaire pour lui d'arborer les couleurs grotesques de ce non moins
grotesque Ordre du Zakarum.

PARFAIT, PEUT ETRE LES CAPITAINES ACCEPTERONT T'ILS DE SE MONTRER PLUS DURE
AVEC LES CAPTIFS ET M'AUTORISERONT ILS A LES QUESTIONNER...

Il ne fut pas difficile à Asheara et Natalya de se mettre en sûreté. "Arrêtons nous" ordonna Natalya. Elles étaient camouflées profondément dans la forêt.

"Ce monstre espère peut etre que nous allons tuer la dizaine d'hommes qu'il nous a envoyé, afin d'avoir tout le loisir d'adapter une version à sa sauce de l'assassinat de plusieurs Fils de la Lumière"

Natalya ne répondit pas tout de suite.

Puis :

"Ca fait un jour que je te suis Asheara. Et mon instinct de ne pas me dévoiler à toi plus tôt a été inspiré. Trois hommes de l'ours te suivaient et depuis bien plus longtemps que moi. Trois morts a l'heure actuelle."

LES HOMMES DE L'OURS ???!!! THANOS L'OGRE GRIZZLI ???

Asheara se demandait si elle allait enfin apprendre quelque chose de positif en cette journée finissante.

"Je pourrais te parler des heures, essayer de te ménager, mais je pense que la meneuse d'hommes que tu est accuseras le choc si je suis directe !

L'Ironwolf ne doutait pas que ce qu'elle allait annoncer allait lui paraître davantage extraordinaire,
aussi se décida t'elle a lui parler d'abord du massacre des paladins et du renommé Theorg par une créature non répertoriée.

- Attend Natalya...

Elle lui raconta tout. Mais Natalya la déçut en ne paraissant pas tant surprise que ça. En effet elle finit par dire :

- J'ai observé un spécimen de ce genre il y a deux lunes.

Stupeur.

- Dix membres de mon ordre suivent les mouvements des deux créatures et font le vide devant elles. Elles semblent ne pas vouloir pour l'instant se diriger vers de lieux très habités. Dans le cas contraire, nous évacuons les zones.

- Deux ????!!!

Asheara se dit que décidément c'était une mauvaise journée. Mais se félicita de l'efficience de l'ordre des assassins.

- D'accord. Bon, reprit-elle, dis moi ce que tu voulais me dire.

- Non. Lis le plutôt...

Elle lui tendit une lettre.

- Qu'est ce...

- Une possession d'un premier serviteur de Thanos a avoir croisé ma route peu de temps aprés votre départ de Kurast, et la raison pour laquelle je vous cherchais toi et Elmer. J'ai du me débrouiller pour que le cadavre soit anéanti afin que l'absence de la lettre ne fut pas remarquée en cas de découverte du corps"

Asheara lut la lettre en silence. Elle ne pu s'empêcher de blêmir.

- Il faut prévenir Elmer!!! souffla t-elle.

- Ou peut être Noupha, mais j'aurais préféré prévenir Elmer avant, d'autant qu'elle a quitté Kurast.

- Tu penses que Noupha n'est pas au courant ?

- Noupha croit servir Thanos en pouvant retirer son soutien à tout moment, mais elle ne sait peut être pas que Thanos se sert d'elle jusqu'à ce qu'il soit en mesure de contrôler lui-même Zakarum.

- Elmer y verrait plus clair."

La lettre, lue par un protagoniste moins engagé n'aurait aucun sens. Les deux femmes y avaient cependant compris une chose terrifiante.

L'ours avait fait fabriquer une autre Orbe, de la même espèce qui avait asservi Zakarum à l'Apogée de la Haine. Et cette orbe serait bientôt active...
Résumé du Chapitre III :

Asheara arrive dans les faubourgs de Kurast et grâce à l'intervention de l'assassin Natalya échappe à une embuscade. Une fois retournées dans la forêt les deux femmes échangent alors leurs informations .

L'assassin ne semble guère surprise par ce que lui révèle le chef des Ironwolves au sujet de la mystérieuse créature massacré Theorg le Barbare, Haül le Nécromancien et le détachement de Luther.

En revanche, la surprise se lit sur le visage d'Asheara lorsque cette dernière lit la lettre que Natalya a dérobé à un serviteur du Seigneur Thanos, en route pour Kurast. D'après la missive, le despote aurait fait fabriquer en secret une orbe de corruption - semblable à celle qui avais permis à Méphisto d'asservir Zakarum - à Travincal...


_______________


L'ombre glissait le long des murs, aussi prestement qu'un serpent. Elle arriva enfin à sa destination, une large porte sur laquelle brillait des Runes de Pouvoir. Puis elle prit forme humaine, celle d'un homme d'âge mûr. Sa voix bien que faible résonna dans les couloirs vides.

"Combien de temps... Combien de temps depuis le début de cette servitude ?"

Elle se souvînt. Ces années au service de Thanos, quand celui-ci commençait tout juste à accumuler de la Puissance. Il l'avait servi de son mieux, utilisant ses sombres pouvoirs et ses connaissances pour éliminer ses ennemis. Il lui avait été fidèle. Il fût le seul à l'accepter comme il l'était. Il était jeune, il lui avait fait confiance. L'ombre rugit.

"Pour finir ainsi !"

Thanos l'avait trahi... Sitôt qu'il ne lui fût plus d'utilité, Thanos et ses pairs qui lui étaient encore fidèles l'avaient enfermé dans ce donjon souterrain, condamné à servir de Gardien jusqu'à la nuit de son règne, son corps et son essence à jamais séparés par cette porte qui lui était infranchissable.

Mais maintenant, il devait la franchir, et rapidement. Il avait senti une présence maléfique, et surtout, terriblement hostile. Elle s'approchait et il n'aimait pas ça. En pleine possession de ses moyens, il n'aurait pas craint le combat, mais là... Les choses étaient différentes, il lui fallait de l'aide.

Soudain, il s'arrêta de penser, une expression de satisfaction sur son visage.

Il venait de trouver la personne qui serait son libérateur...

_______________


Elle se déplaçait avec la souplesse, la grâce et la discrétion d'un félin en chasse. Son regard balayait sans cesse les lieux. Le couloir souterrain principal était désert en cette heure avancée de la nuit. Il était peu probable qu'elle croise les gardes du Donjon. Elle se demandait d'ailleurs si ces derniers avaient connaissance du passage qu'elle comptait emprunter afin de quitter la forteresse sans être remarquée.

Une étrange sensation l'habitait : un subtil mélange de peur et d'excitation. Elle réalisait qu'elle venait de franchir un pas décisif, elle agissait à l'encontre de son propre père. Elle, Louve. il était temps pour elle de voler de ses propres ailes et de montrer au monde qu'elle existait.

Elle avançait avec une extrême prudence, chacun de ses pas étant le fruit d'une mûre réflexion. Mais plus elle progressait et plus elle ressentait une sorte de malaise. Quelqu'un l'observait ! Elle tourna la tête dans toutes les directions. RIEN. Mais son instinct ne la trompait pas. Elle allait devoir jouer très serré. Si quelqu'un d'autre dans cette forteresse était au courant de ses projets de fuite.

_______________


Il la regardait avec une certaine délectation. Elle était immobile et tournait la tête vers tous les recoins du couloir. Elle savait. Elle avait conscience qu'elle n'était pas seule. Il avait bien fait de la suivre. Plus il l'observait et plus il avait la conviction d'avoir enfin trouvé son Elue.

Les traits du visage de la jeune femme lui étaient familiers, bien qu'il ne l'ait jamais rencontrée auparavant. Peu importe ! Elle serait parfaite.

« Je sens ton angoisse monter, ma belle. Patience. Bientôt tu ne feras qu'une avec la Peur. »

_______________


Elle s'arrêta. Elle sortit un parchemin de sa tunique sombre qu'elle déplia. Son regard effectuait des va-et-vient sans cesse entre l'étoffe de papier et le mur gauche du couloir. Puis elle replaça le document dans son vêtement. Elle y était !

Elle ferma les yeux, et s'immobilisa, les bras le long du corps. Une aura d'un bleu clair lumineux enveloppa sa silhouette. Une légère secousse dans le mur se fît brièvement ressentir. Puis, une cavité apparut et s'étendît jusqu'à ce qu'elle fût de la dimension d'une porte !

Louve esquissa un sourire. Elle était bien la fille de Thanos ! Elle s'engagea dans la cavité, oubliant même qu'elle avait perçu une présence qui semblait la suivre, où qu'elle aille.

_______________


Il jubilait intérieurement. Décidément, elle avait de la ressource ! Cela faisait une éternité qu'il errait dans ce souterrain, et il ignorait totalement l'existence de ce passage ! Le destin le récompensait d'une
forte séduisante manière.

L'ombre s'engagea à son tour dans ce passage providentiel.

_______________


Le passage était plutôt étroit, ne permettant qu'à une seule personne de s'y engager à la fois. Elle évoluait dans une sorte de grotte, comme en témoignait la roche humide qui l'entourait. Sa progression s'avérait plus facile qu'elle ne l'avait prévu, cette dernière étant facilitée par la présence de mousse phosphorescente qui éclairait son chemin avec autant d'efficacité qu'une rangée de torches dans une galerie.

Au bout d'une durée qu'elle estima à une heure, la clarté s'intensifia et le passage dans la roche s'élargit considérablement. Ce n'était pas la mousse qui, cette fois-ci, pouvait être à l'origine d'une telle lueur. Etait-elle proche de la sortie ? Le soleil était-il en train de se lever ?

Elle déboula dans une vaste caverne. Elle s'arrêta et observa. Des torches étaient fixées en hauteur sur la paroi rocheuse. Devant elle, se dressait une gigantesque porte à double battant constituée de bois et d'acier.

Quelqu'un avait aménagé ces lieux !

Elle n'eût pas le temps de méditer davantage sur sa découverte. Un rugissement d'une rare violence se fît entendre. D'un passage qu'elle n'avait pu remarquer surgît une forme gigantesque. La chose avança, jusqu'à être visible, éclairée par les torches de la caverne. Louve sentît sa chair se glacer. Un grizzly lui barrait le chemin.

_______________


Il pestait intérieurement. Il venait de voir surgir le grizzly de la pénombre. La jeune femme se retrouvait en fort mauvaise posture. Il ne pouvait intervenir pour l'aider. Il désirait conserver toutes ses forces pour elle. Il resterait en tant qu'observateur, priant pour que cette femme soit digne du destin qu'il lui réservait.

_______________


Elle ne comprenait pas. Habituellement, les animaux sauvages répondaient spontanément à son appel mental. Non seulement le Grizzly semblait sourd à ses ordres, mais il continuait à avancer vers elle ses crocs bien visibles.

La créature se dressa sur ses deux pattes antérieures. Elle devait bien mesurer dans les trois mètres ! Ses yeux renvoyaient une lueur rouge braise. Louve comprît. Le grizzly était possédé Et elle ne connaissait qu'une seule personne capable d'un tel sortilège : Thanos, son père.

La créature d'un geste de balayage tenta de lui arracher la tête. La jeune femme qui se tenait prête effectua une roulade arrière qui la mît provisoirement hors d'atteinte. Elle se releva en un éclair. Le grizzly, furieux de n'avoir rencontré que de l'air lors de son attaque se remît à quatre pattes et bondît sur Louve.

De justesse, cette dernière fît un saut latéral et manqua de se cogner contre la paroi rocheuse. De plus en plus frustrée la créature rugît de plus belle et se prépara au prochain assaut.

« Je n'ai plus le choix. »

Elle colla son regard dans celui du grizzly et se mît elle aussi à pousser un long rugissement. Elle sentît aussitôt une rage sanguinaire l'envahir. Sa force décuplait, des poils d'un blanc éclatant poussaient sur sa peau, ses mains laissaient place à des pattes aux griffes longues et acérées, ses muscles grossissaient et sa taille augmentait considérablement. Cette croissance si brusque fît se déchirer sa tunique sombre. Le loup garou venait de se réveiller.

Le grizzly chargea. Louve effectua un saut à la verticale et se retrouva sur le dos de la créature à la retombée. Elle planta profondément ses griffes dans ses flancs. Aussitôt, le grizzly hurla de douleur et se mît à s'ébrouer, de manière à désarçonner ce cavalier improvisé.

Mais le loup garou tenait bon. Il accentua la pression de ses griffes. Du sang jaillissait de la créature dont la fureur était à son comble. Cette dernière eût subitement l'idée de se remettre debout.

Déséquilibrée, Louve n'eût d'autre choix que de lâcher prise. En un éclair, le grizzly qui lui tournait le dos se présenta de face et écarta ses membres supérieurs. D'un bond spectaculaire, le loup garou se jeta sur la gorge de son adversaire. Mais c'était sans compter sur la réactivité de ce dernier. Il interposa sa patte supérieure gauche. Les crocs du loup garou allèrent s'y planter. Aussitôt, le grizzly, dans un mouvement de lancer projeta la femme-loup contre la paroi rocheuse.

Mais les loups garous avaient autant d'agilité et de souplesse qu'un félin. Au lieu de s'écraser contre la roche, Louve s'y réceptionna parfaitement sur ses pattes inférieures et y prît appui pour se propulser à une vitesse impressionnante sur le grizzly. Aussi réactive qu'elle soit, la créature se laissa complètement surprendre ; le loup, à l'impact, lui saisît la gorge. La violence du choc fût telle que le grizzly tomba sur le dos, Louve allongée sur son ventre.

Elle resserra son étreinte autour du cou de la créature. Cette dernière la saisît de ses deux pattes supérieures au niveau de la taille et serra également, de manière à lui briser les côtes. Plus elle tentait l'étranglement, et plus elle sentait ses os se comprimer sous la pression exercée par le grizzly. La douleur avait envahi tout son corps. Elle venait de réaliser qu'elle était condamnée à continuer la lutte. Elle devait étrangler son adversaire avant que ce dernier ne la broie complètement.

C'était un combat contre la peur, contre la souffrance. Elle se mît à rugir, elle faisait plus qu'un avec la haine ; sa haine de la vie, sa haine envers son père qui l'avait totalement mise de côté, envers sa mère qui avait commis l'ultime crime en la mettant au monde. Toute la douleur qu'elle ressentait se transposait dans ses rugissements. Elle ne voyait plus la tête du grizzly : elle ne voyait plus que le visage de son père.

Elle resserra son étreinte de plus belle, jusqu'à ressentir également la douleur au niveau de ses griffes. « JE TE HAIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIISSSS

SSSSSSSSSSSSSSSS !!!!!!!!!!!!!!!!!!!! »....

_______________


Il n'en revenait pas ! Il venait de sentir la vie du grizzly s'éteindre. Il vît la jeune femme reprendre son apparence humaine. Elle gisait, toute nue, inconsciente sur le ventre de la créature morte.

Cette fois, il ne doutait plus. Grâce à elle, sa servitude allait prendre fin. Il décida de la laisser reprendre ses esprits. Qu'elle se repose tout son saoul. Après tout, elle l'avait amplement mérité.

Maintenant que la providence avait placé cette femme sur son chemin, peu lui importait de patienter, d'attendre le moment idéal. L'éternité valait bien ça.

_______________


Cela faisait presque deux jours qu'il avait quitté l'Ecole et le fief du puissant marchand.

Fezznir attendait... Il attendait pour réagir à une opportunité mais aussi pour tenter de comprendre ce qu'il était arrivé après son évanouissement.

TYRAEL N'AURAIT PAS PU GARDER LONGTEMPS LE CONTROLE ET LE MONSTRE NE POUVAIT PAS RETOURNER DANS LE PLAN INFERNAL. POURQUOI NE SE PASSE T'IL RIEN ? LA REGION EST UNE DES PLUS URBAINE ET PEUPLEE DE SANCTUARY !!!

A l'exception du très large domaine de la forteresse de Thanos d'où il venait, la Grande Cité du commerce de Kraftheim était en effet en passe de devenir l'un des pôles d'attractions les plus importants du large continent.

Seule Kurast aurait pu rivaliser avant l'arrivée de la Haine.

Fezznir avait pu noter cependant en périphérie de la région une énorme concentration de troupes. La richesse de Thanos lui avait permis de lever une armée locale de quelques dix mille soldats ce qui était à priori le triple de la garnison habituelle. De plus ces soldats semblaient plus entraînés que jamais et équipés pour la guerre, non le maintien de l'ordre régional. Et bien sur, leurs capitaines étaient aux ordres de Thanos, le Conseil des Anciens n'ayant plus réellement de pouvoir.

Mais de tout cela il était au courant, comme il savait aussi que le Seigneur Thanos envoyait régulièrement des émissaires en direction de Kurast.

La nouvelle exécutrice, Paladinissime d'un Ordre du Zakarum en pleine renaissance semblait avoir fait de l'alliance avec la cité du commerce l'axe de sa politique. Kurast, partiellement en ruines, avait en effet grand besoin de matières premieres, d'artisans.

SI LES HOMMES DU PEUPLE DE L'EST CONNAISSAIENT LA VRAIE NATURE DE THANOS, ILS EGORGERAIENT LA PALADINISSIME POUR CETTE ALLIANCE CONTRE NATURE.

Fezznir avait aussi appris d'une connaissance disciple de Rathma que l'ours avait rallié les nécromanciens.

Il ne comprenait toujours pas le pourquoi d'une telle alliance, il lui avait toujours semblé que la communauté de Rathma détestait Thanos.

Et ce qu'allait entreprendre l'ours n'allait certainement pas vers un équilibre stable de la vie et de la mort...

Tout plongé à ses pensées en flânant dans la grande cité le jeune intriguant n'avait pas encore remarqué qu'il était suivi de très prés.

_______________


Anophée suivait le jeune homme depuis trois heures et ne pouvait s'empêcher de se demander si on ne l'avait pas mal renseignée.

Curieuse mission que celle qu'on lui avait confiée ! Le jeune homme ne semblait guère redoutable et était ennuyeux à se promener sans but dans les rues de cette bruyante cité.

Mais leur guide avait montré les derniers jours qu'il était inspiré dans ses décisions, et Anophée s'en rappelait pour se dire que peut-être quelque chose lui échappait.

Fezznir, toujours visiblement inconscient d'être suivi entra alors dans une taverne.

LE GITE DU BERSERKER.

La jeune fille connaissait de nom cette taverne ou tout les petits caïds du quartier venaient se donner en spectacle, vouant un véritable culte à ces lointains barbares dont ils ne connaissaient que lieux communs et culture approximative. Anophée qui connaissait très bien un de ces colosses personnellement se rappelaient ce que son ami BEOLF lui en avait dit .

"Ces hommes recherchent dans ce bar, cette passion commune de l'inconnu, une échappatoire au climat de cette Cité, bien trop commerciale, bien trop faussement sophistiquée. Quelques uns d'entre eux, en étant nés dans ma patrie, auraient apprécié l'existence du Nord"

Marykka la compagne du barbare avait alors répliqué :

"Beolf tu enjolives. Ce n'est un repère de poivrots, de brigands minables et d'affabulateurs ennuyeux !

- Oui mais ils servent une assez bonne bière!"

Mais il ne semblait pas à Anophée que celui qu'elle devait surveiller réponde à aucun de ces profils. Le regard intelligent qu'elle avait fugitivement relevé du jeune homme n'était pas celui d'un raté.

Et s'il n'avait pas la carrure d'un homme du nord il était assez bien fait de sa personne.

ANOPHEE TU DERAPES.

Elle finit par soupirer et utilisa un de ses pouvoirs de dissimulation avant d'entrer à son tour dans l'auberge. Une jeune fille assez petite et somme toute jolie ne pourrait que provoquer un tollé...

Une femme d'age moyen et sans attraits pourrait passer pour une servante.

_______________


L'ombre prît une apparence humaine et profita de ces instants de calme pour inspecter du regard la pièce où il se trouvait. Il se remémora le chemin qu'il avait fait en suivant la jeune femme. A priori, il devait se trouver quelque part à proximité des quartiers ouest de la forteresse de Thanos.

Il s'approcha de la jeune femme et l'effleura de sa main spectrale. Il fut assailli de diverses images et d'émotions.

"Colère, Jalousie, Haine" murmura-t-il. Des sentiments forts, qui mènent à la perte".

Il sourît. Maintenant, il comprenait pourquoi il avait ressenti ce pouvoir. La fille de Thanos en personne se trouvait à ses pieds. Cette fille qui en arrivait à haïr son propre père et à vouloir fuir loin de son emprise.

Il regarda la lourde porte. Malheureusement, cette voie se termine ici. Malgré tout son courage et sa force, elle ne pourrait ouvrir une porte aussi lourde, cela demeurait surhumain, même pour une lycanthrope.

Il détourna son regard sur la fille de Thanos. Il se souvenait d'elle alors qu'elle n'était qu'un bébé braillard dans les bras de sa mère. Au moins, pouvait-il dater sa servitude en tant que Gardien d'une bonne vingtaine d'années. Cela ne fit qu'attiser sa colère contre son "ancien" compagnon.

Enfin, Louve reprît connaissance. Elle vit alors la silhouette sombre d'apparence humaine proche d'elle. De ses orbites émanait une lueur blanchâtre et terne. Surprise, elle retrouva vite ses instincts de défense et se releva prête à en découdre.

Mais la forme ne bougea pas. Un silence lourd et oppressant l'entoura. De plus en plus, elle sentait la peur l'envahir...

"Qui... Qui es-tu", finit-elle par dire.

- On m'a donné beaucoup de noms. Mon père me donna un nom, pour qu'à jamais mon Pouvoir je ne puisse oublier. Ma mère me donna un nom, pour qu'à jamais, mon Destin je ne puisse oublier. Mais c'est par celui que Thanos me donna que tu me reconnaîtras. Je suis le Gardien."

Le Gardien. Louve sentit son courage s'envoler. Le serviteur loyal de Thanos. Gardien des souterrains de la forteresse. Chargé d'éliminer les intrus, les indésirables, les traîtres. Toute personne autre que Thanos qui oserait s'aventurer dans le sanctuaire de Thanos. Que faisait-il ici ? Son père l'avait il déjà découverte ? Elle sentît sa résolution faiblir.

Mais la haine, la frustration et la colère envers son père lui redonnèrent la force. Malgré son épuisement suite au combat contre le grizzly, elle rassembla les forces et se métamorphosa.

"Haine, colère.."soupira l'ombre "arrête cette folie..."

Mais il était trop tard. Louve se jeta sur le Gardien. Mais elle ne fit que le traverser. De rage, elle continua de plus belle ces assauts. Le Gardien ne bougeait pas, inflexible.

Lentement, il leva un bras. Une douleur fulgurante surgit dans la tête du lycanthrope qui émit une plainte remplie de douleur. Sa volonté est forte, pensa-t-il, plus que je ne le pensais. Il lui fallait tenir, même si cette attaque mentale, lui était énormément coûteuse en énergie.

Enfin, quand la douleur et la fatigue eurent raison de sa résistance, Louve tomba à genoux et repris sa forme humaine.

"Tu es calmée ?" lui dit le Gardien.

Louve n'apprécia pas le ton ironique de ses propos, et émît un grognement.

"Sache que quels que soient tes pouvoirs, tu ne peux rien contre moi. Aucune attaque physique ne peut me blesser. Il te faudrait un pouvoir bien supérieur au mien pour que tu puisses me résister... Même si je dois admettre que malgré ton jeune âge, tu disposes d'un étonnant potentiel. Mais rien de bien surprenant de la part de la fille de Thanos."

Le Gardien se tut. Louve, le regarda, surprise. Il la connaissait. Mais comment ?

"Je suis venu te proposer un marché, qui te seras profitable, à toi comme à moi, et qui assurera ta victoire sur ton Père".

Elle n'en croyait pas ses oreilles. Le Gardien qui trahirait son Père, ça sentait le piège, mais sa curiosité était attisée. Le Gardien le savait. Bientôt, il l'amènerait là où il voulait, et, enfin, cette servitude, ce supplice prendra fin.
Résumé du chapitre IV :

Ignorant qu'elle est épiée par une ombre mystérieuse, Louve, la fille de Thanos, entreprend de s'échapper de la forteresse de son père par un passage secret enfoui dans les souterrains. Malheureusement, la sortie est gardée par une porte indestructible et un monstrueux grizzly !

Après un combat qui faillit lui coûter la vie, elle fait connaissance avec l'ombre qui l'espionnait : le Gardien. Ce dernier, serviteur de Thanos chargé de veiller sur les souterrains, lui propose une alliance.

Pendant ce temps, dans la Cité du Commerce de Kraftheim, fief du Seigneur Grizzly, Fezznir, disciple démoniste de l'Ecole, encore sous le choc de l'expérience d'invocation, ignore qu'il est surveillé par Anophée, une jeune enchanteresse.


_______________


Shangrar trouvait la nouvelle inquiétante. Chargé depuis quelques années par le Seigneur Thanos de l'administration de certaines de ses affaires financières les plus secrètes, l'ex membre du maintenant fantoche Conseil des Anciens de Kraftheim, la Cité du Commerce, lisait la missive pour la deuxième fois.

COMMENT ONT ILS PU ???

L'Ecole d'Invocation et de Contrôle des Démons, plus couramment appelée l'Ecole, venait de se faire livrer pas moins de cinquante jeunes esclaves et "recrutées" sur des critères très précis : vierges, jolies, en pleine santé.

ET LES HAREMS DE THANOS ET DE SES HOBEREAUX QUI PEINENT A S'APPROVISIONNER EN CE MOMENT !

En effet, depuis que la région était en militarisation intensive, il y avait beaucoup de capitaines loin de leur familles. Thanos, calculant toujours pour être plus populaire, souhaitait organiser davantage de fêtes pour ses hommes.

Mais le plus gênant était que le descriptif des esclaves correspondait à une cargaison originellement destinée aux harems de Thanos lui-même.

COMMENT ONT ILS OSE DETOURNER CETTE CARGAISON ?

En dehors de cette cargaison d'esclaves femelles, au vu du document, l'Ecole avait aussi fait très fort dans ses approvisionnements.

Des matières premières occultes en grand nombre, des matériaux de maçonnerie et d'autres orphelins mâles destinés pour la plupart à devenir de futurs acolytes, serviteurs de seconde zone lors des rituels macabres de l'Ecole.

Tout ça représentait bien plus que les notes de frais que recevaient régulièrement les services de Shangrar.

ILS ONT DETOURNE DE L'ARGENT, BEAUCOUP D'ARGENT.

Shangrar y risquait sa tête.

Il fît appeler un de ses hommes de main, tout en se demandant ce que lui réserverait le seigneur Thanos si il était au fait de la nouvelle.

"Olgerin. Prend quarante hommes et va..."

Il hésita. Il fallait être discret.

"Non. Commence par me trouver les deux capitaines sensés superviser les activités de l'Ecole pour le Seigneur. Amène-les moi vite ici. Mais prépare quand même des hommes et place-les à proximité de l'Ecole."

Le lieutenant , un robuste gaillard d'une quarantaine d'années, salua et sortit.

IL FAUT AGIR VITE ET PRECISEMENT.

Décidément, il était contrarié.

_______________


« Quel genre de marché ?, lui demanda-t-elle.

- Simple, mon aide pour t'échapper d'ici et mon soutien dans tes futurs projets, en échange de ma liberté. Il me faut pour cela récupérer mon corps. Thanos a séparé mon esprit de ce dernier. Celui-ci se trouve dans une salle qui m'est interdite sous cette forme, mais pas pour un être tel que toi.

Louve le regarda dubitative.

- Ton aide ne m'intéresse pas, je n'ai pas besoin de ton aide pour sortir.

- A ta guise... Si tu comptes utiliser ce passage, oublie cette idée. Malgré toute ta détermination, tu ne pourras pas ouvrir cette porte.

Louve se retourna vers la porte. En effet, elle semblait assez lourde, et ces derniers combats l'avait épuisée. Elle doutait de ses capacités à pouvoir l'ouvrir.

- De plus, poursuivît le Gardien, utiliser un cheval des écuries de ton père n'est pas une excellente idée pour une fuite discrète. Les gardes te remarqueraient assez vite et partiraient à ta poursuite. Je connais par contre un chemin secret qui te mènera jusqu'à l'orée des bois à l'ouest.

Louve fut estomaquée. Comment savait-il tout ça ? Elle comprît.

- Tu... as sondé mes pensées !

- Exact... Je vous ai suivi jusqu'ici et j'ai assisté à votre combat contre le grizzly. Je suis impressionné...

La jeune femme resta dubitative

- Alors Louve ?, lui demanda-t-il, cet arrangement vous sied-il ?

- Je vous libère et vous m'aidez à sortir...

- Aussi simple que cela.

Elle se sentait piégée. Mais que faire, sa voie de salut était désormais impraticable, et elle ne connaissait pas d'autre issue.

- Soit ! Où se trouve cette salle ?

- Excellent, suivez-moi.

Il s'interrompit

- Oh, il serait sage qui pensiez à vous vêtir chaudement, les souterrains sont froids et humides, je serais navré si par malheur, vous preniez froid...

Louve prît alors conscience de sa nudité, due à sa métamorphose. Un bref sentiment de honte succéda à la colère et elle chercha rageusement dans son sac un habit de secours.

- Je suis prête, dit-elle énervée.

- Bien, allons-y !", rétorqua le gardien amusé.

_______________


Au bout d'un long moment à errer dans le dédale du souterrain, Louve et le gardien arrivèrent jusqu'à la salle. Sur la porte, les runes qui y étaient gravées émettaient une lumière scintillante.

"Je ne puis m'avancer plus loin, le sceau m'en empêche.

- Que dois-je faire ?

- Le sang d'un être doté de puissants pouvoirs est nécessaire pour briser les runes qui scellent la Porte. Ce sang doit être appliqué sur la rune centrale. Ne t'inquiète pas, cela n'est pas mortel, quoique assez douloureux, je présume.

- Vous êtes au courant de beaucoup de choses.

- En effet, ce rituel ne m'est pas inconnu."

Il ne continua pas plus loin ses explications. Sa voix trahissait une certaine impatience.

Louve prît la dague qu'elle avait emmené avec elle et se coupa légèrement la paume de la main. Elle appuya alors sur la porte au niveau de la rune.

Elle sentît un picotement dans sa main, puis une vive douleur lui parcourut le bras. Elle voulait enlever la main de la porte, mais quelque chose l'en empêchait. Les runes se mettaient à briller de plus en plus, un sifflement de plus en plus strident se faisait entendre.

Louve crût que tout son être allait exploser...

Puis, plus rien. La porte était ouverte. Abasourdie, elle regarda sa main. Plus aucune trace de la coupure. Elle entra dans la salle. C'était une pièce étonnamment grande. Des braseros flambaient aux quatre coins de la pièce et illuminaient la pièce.

Au centre de cette vaste salle, se trouvait un autel, sur lequel gisait le corps d'un homme. Elle s'approcha. Il semblait dormir. Elle entendit une voie derrière elle.

"Enfin, je vais pouvoir retourner à ma vraie forme".

L'ombre modifia son apparence et se déversa dans la pièce telle une eau noirâtre. Elle pénétra dans son corps. Une lumière vive entoura le corps du Gardien, et un cri inhumain en sortît.

Aveuglée et assourdie, Louve recula.

Quand finalement, la lumière redevint normale. Louve regarda le Gardien. Il ressemblait à un homme d'une trentaine d'année, ses cheveux blancs cascadaient jusqu'à ses épaules. Il paraissait assez séduisant... loin de l'image terrifiante de ce qu'elle se faisait d'un serviteur démoniaque de son père.

"Enfin, sentir, respirer, vivre... Quelle jouissance !

- Tu t'extasieras plus tard. Maintenant dis-moi comment sortir d'ici !

- Je vais te guider.

- Un moment ! répliqua Louve, je t'ai libéré, mais ça s'arrête là. Avec toi à mes côtés, autant crier sur tous les toits que je m'enfuis. Mon père ne tarderait pas à te retrouver et moi aussi par la même occasion.

- Tu n'as rien à craindre, ton Père ne pourra pas m'emprisonner aussi facilement. Le rituel qu'il a accompli par le passé requiert certains éléments qu'il ne possède plus.

Louve lui ricana au nez.

- Tu sous-estimes Thanos, il est bien plus puissant que tu ne l'imagines.

- Tu refuses mon assistance...

- Pas besoin d'une lumière qui brillerait comme un phare dans la nuit. J'ai accompli ma part du marché, à toi d'accomplir la tienne.

- Ma libération ne consiste pas uniquement à mon unification. Je ne serai libre qu'hors de cette forteresse.

- Tu peux courir, tu as intérêt à m'indiquer le chemin. De toute manière, j'ai suffisamment récupéré pour..."

Sa phrase resta en suspend. Soudainement, le Gardien se tenait devant elle. Comment... ?

Un violente douleur apparût dans le bras droit que le Gardien venait de saisir. De ses yeux dorés émanaient rage et colère. Elle voulût se défendre, mais le Gardien lui serra le cou.

Une autre douleur tout aussi atroce surgit. Elle sentait ses os exploser et son sang bouillir, elle avait de plus en plus de mal à respirer. Lentement le Gardien la souleva. Puis avec une violence et une rapidité inouïes, il la poussa contre le mur, tout en maintenant son étreinte.

La douleur se faisait de plus en plus insupportable, elle voulait crier, mais ses paroles mourraient sur ses lèvres. Des larmes commençaient à perler aux coins de ses yeux.

Le Gardien continua à maintenir son étreinte. "Espèce de sale fille insolente", pensa-t-il, "Apprends ta première et ta dernière leçon : ne sous-estimes jamais ton adversaire !"

Il vit alors les larmes couler sur les joues de Louve qui peu à peu perdaient leur couleur rosées.

Soudainement, il ne se voyait plus tenir Louve, mais une autre femme. Une femme rousse qui elle aussi pleurait. Mais pas à cause de la souffrance, c'était de la tristesse. Elle murmura quelque chose pratiquement inaudible.

Le Gardien écarquilla les yeux. "NON, PAS CA !!". Il relâcha son étreinte et recula.

L'air remplit alors d'un seul coup les poumons de Louve. Sonnée, elle reprît peu à peu sa respiration. Elle regarda son poignet et examina la blessure suintante.

Le Gardien lui tournait le dos.

Elle se releva lentement.

"Prends le couloir à ta droite et prends la deuxième intersection à ta gauche. A partir de cette intersection, compte les torches à ta droite et arrête-toi à la troisième. Soulève-la. Un passage te mènera dans les jardins de la cour des quartiers ouest. C'est un secteur peu sécurisé. Il s'y trouve une statue en forme de Grizzly. Une des griffes de la patte arrière droite peut être déplacée, libérant l'accès à un passage qui te conduira hors de ces murs. Tu seras à découvert pendant un moment, donc soit vigilante. Va maintenant"

Louve repris son sac, hébétée et commença à reculer.

"Louve. En te révoltant contre ton père, tu as signé ta propre mort. Sois-en consciente. Il ne tolèrera pas que tu aies bafoué ainsi son autorité. Sois prudente. Bonne chance."

D'un geste vif, Louve disparût dans le couloir.

Arrivée à l'intersection indiquée, Louve hésita. Qu'est-ce qui lui indiquait que ces indications étaient vraies ? Même si elle avait fui par peur, maintenant, elle commençait à reprendre confiance.

Non, elle était sûre qu'il ne lui avait pas menti. Quelque chose en elle le savait. Habituée aux mensonges qui empoisonnait la cour de Thanos, elle était devenue suspicieuse, mais là, il était évident qu'il était sincère. Quelque chose dans sa voix... De l'honnête ? Jamais de la part d'une
créature maléfique, elle se serait attendue à ça.

Elle décida de suivre les indications du Gardien, mais en restant vigilante.

Arrivée à la torche, elle l'enleva. Un déclic se fît entendre. Louve regarda de toute part, les sens en alerte. Derrière elle, le mur bascula lentement. Elle s'avança alors lentement dans ce nouveau passage, éclairée par la torche.

_______________


«L'opposition sera bien négligeable », fît le Seigneur Thanos, d'un ton serein. Il présidait à une immense table sur laquelle était posée une carte de Sanctuary. Noupha, Denethor et Lapalisse étudiaient consciencieusement cette dernière tout en écoutant les commentaires de leur hôte.

« Il subsistera malgré tout des îlots de résistance disséminés dans tous le pays, remarqua Denethor sans lever les yeux de la carte. La Sororité de l'oil Aveugle sera, je pense, un adversaire des plus coriaces.

- Et Lut Golhein est fort bien défendue, ajouta le Prince Lapalisse. La garde a été renforcée depuis le passage du Rôdeur.

- Je ne l'ignore pas, fît Thanos, toujours d'un ton posé. Lut Golhein n'est pas notre objectif premier et ce pour les raisons que vous venez d'évoquer. Je ne veux pas m'enliser d'entrée de jeu dans un siège, qui affaiblirait nos forces, aussi conséquentes soient-elles. Il en va de même pour les Rogues. Notre stratégie vise un contrôle progressif du pays ; par conséquent, notre première cible doit être obligatoirement la plus faible de toutes.

- Et Kurast semble être le candidat idéal, fît Noupha avec un sourire de connivence.

- Excellente analyse, Exécutrice. Etant donné que vous contrôlez l'Ordre de Zakarum et que ce dernier siège à la Cité Temple de Travincal, autant considérer Kurast comme acquise.

- Je vois, fît le Prince Lapalisse, en utilisant son emplacement maritime, vous comptez étouffer Lut Golhein en bloquant ses principales voies commerciales.

- C'est effectivement ce que j'envisage mais à plus long terme. Dans l'immédiat, nous utiliserons Kurast et Travincal pour héberger l'ensemble de nos forces et les préparer pour la campagne à venir. Nous prendrons progressivement le contrôle de Sanctuary en commençant par l'Est. Puis, nous étendrons notre emprise aussi efficacement qu'un cancer. »

Un homme fît soudainement irruption dans la salle. Il s'agissait de l'aide de camp du Seigneur Thanos, un individu de petite taille, vêtu d'une bure sombre, des yeux de braise.

« Seigneur Thanos ! fît-il, d'une voix tendue.

- J'espère, Mescalito, que tu as une excellente raison pour m'interrompre de la sorte.

- Pardonnez mon indiscipline, Maître, mais un incident s'est produit dans nos souterrains. »

_______________


La réunion avait été ajournée, Thanos voulant s'entretenir seul avec Mescalito. En apprenant qu'il y avait eu des problèmes dans le souterrain, il était devenu furieux. Les affaires concernant son château ne regardant que lui, il avait demandé à ses invités, avec toute sa gentillesse qui le
caractérise, de sortir.

Des servantes étaient venues peu de temps après pour les guider dans leurs quartiers respectifs, où ils pourraient se reposer.

Lapalisse pestait. Il ne pouvait accepter la manière dont il se faisait traiter par son hôte, et encore moins avec une telle suffisance de sa part. Il profitait de cette nuit fraîche pour une promenade en solitaire dans les jardins du château.

Enfin... Seul, c'était vite dit. Il venait de croiser son deuxième garde qui patrouillait dans le secteur. Bizarrement, la garde avait été renforcée à proximité des quartiers des invités situés dans l'aile ouest. Soit-disant pour leur sécurité.

"Sécurité, mon oeil." Ce sale ours psychotique l'épiait, plutôt.

Tout d'un coup il vit quelque chose bouger derrière un buisson. Son regard ne le trompait pas. Une partie du mur se mouvait. Il vit alors surgir une silhouette qu'il reconnut aisément même par cette nuit sans lune. Il se retourna. Un autre garde approchait. Il le héla prestement.

"Eh là, mon bon ami, il me semble avoir vu quelque chose !

- Où messire ?

- Par là, dans les broussailles".

Le prince désignait une direction à l'opposée de celle où, cachée, Louve retenait sa respiration. En entendant le garde s'éloigner, elle souffla.

Une voix derrière elle la fît sursauter.

"Alors, mademoiselle, on fait des sorties nocturnes ? Votre Père serait chagriné d'apprendre ça".

Louve maudit ce coup du destin. Elle n'appréciait guère le Prince Lapalisse, mais elle savait combien il détestait son Père. Il fallait jouer serrer mais il lui restait une chance de s'échapper.

_______________


Le Gardien tomba à genoux et regarda ses mains. De blanches, elles passèrent à rouge. Il lui semblait avoir une substance poisseuse et chaude dans la bouche. Ca avait le goût qu'il connaissait bien : le goût du sang.

Puis il se vit portant un cadavre dans ses bras, le cadavre de la femme de sa vision. Son corps était mutilé, et sa robe complètement rougie par le sang. Seul son visage semblait avoir été épargné par les blessures.

Un visage d'une femme triste mais sereine par delà la mort. Un visage d'une femme qui jadis avait été d'une beauté exceptionnelle. Un visage d'une femme qui jadis avait été sa mère.

_______________


L'attente dura une heure, qui aurait été une éternité pour Shangrar, s'il n'avait pas après le départ de son capitaine remis en ordre tout ce qui concernait l'Ecole dans ses dossiers. Il avait en outre imaginé un plan de rechange au cas où il deviendrait dangereux d'être dans les parages quand Thanos apprendrait la nouvelle.

Le plan était simple, et lui garantissait une chance de vivre si son maître se lâchait sur lui.

ESPERONS QUE CECI NE SOIT QU'UNE IRREGULARITE !

Enfin, un serviteur annonçait l'arrivée d'Olgerin, et bien sur de Florent et Amaliah les deux "responsables", de la supervision de l'Ecole, capturés alors qu'ils flânaient en ville.

Shangrar venait de relire leurs dossiers. Il n'avait pas compris par quel subterfuge ils avaient été nommés à ce poste !

DEUX FETARDS NOTOIRES !

L'Ecole qui avait été protégée par Thanos lors des années où l'inquisition de Zakarum était bien ingrate envers son bienfaiteur...

"Faites-les entrer" finit par dire le notable.

Flanqués par douze soldats en armures de cuir de démon (ironiquement des produits de l'Ecole) Olgerin à leur tête, les deux lieutenants , l'air furieux et dont la mise indiquait qu'ils n'avaient pas voulu suivre docilement ses hommes, furent introduits dans son salon personnel.

PARFAIT JE SAIS A QUOI M'EN TENIR A LEUR SUJET ! SI ILS AVAIENT REELLEMENT PEU A SE REPROCHER ILS SERAIENT SEREINS.

"C'est un scandale ! hurla Florent dès qu'il fut en face de son hôte !

LE BUTOR A BU ! MAIS CE SERA PLUS FACILE...

- Shangrar, le Seigneur Thanos sera informé de...

- SILENCE !

Shangrar venait d'utiliser sa voix de commandement. Il l'utilisait très peu en de pareille circonstances, préférant faire fructifier ce don au sens propre comme au sens figuré, pour négocier de juteux contrats à son avantage et celui de son Maître.

Les deux captifs se turent immédiatement.

- Florent et Amaliah. Vous étiez responsables de la supervision de l'Ecole auprès de notre maître. Mes rapports parallèles m'indiquent que soit vous êtes de vrais idiots, soit vous avez trahi.

OU PIRE LES DEUX PENSA T-IL.

- De quoi nous accuse-t-on? lança Amaliah, le moins malade des deux.

C'EST LE MOMENT DELICAT.

- De conspiration contre le seigneur Thanos, de lui avoir dissimulé de vitales informations alors que c'était précisément votre travail de rapporter les moindres bizarreries de l'Ecole.

Les deux prisonniers blêmirent. Le gambit était un succès.

DANS LE MILLE. IL NE S'AGIT PAS BEL ET BIEN QUE DE SIMPLE DETOURNEMENTS DE
FONDS ! L'ECOLE N'EST PLUS FIDELE A THANOS. C'EST PLUS GRAVE.

Le maître des lieux lança un regard à Olgerin.

- Nul besoin d'un interrogatoire courtois après tout. Fais-les conduire les à mon Maître des Questions par ton second lieutenant et reste là il faut que je te parle. "

Shangrar venait de signer l'arrêt de mort des deux hommes qui se mirent à protester, à pousser des cris alors qu'on les emportait en dehors de la salle.

Cela aurait été très risqué en d'autres circonstances et ça l'était toujours, mais là il flairait quelque chose de plus gros que ce à quoi il s'attendait initialement. Bien plus gros.

Une fois seul avec Olgerin, Shangrar lui demanda :

"Comment s'est passé l'arrestation ?

- Rapide en dépit de leur résistance, mais je ne saurais garantir si la nouvelle est remontée jusqu'a l'Ecole.

- C'est précisément pour cela que tu dois agir vite.

Il inspira.

- Ou en sont tes hommes aux abords de l'Ecole ?

- Ils attendent vos instructions...

- Je veux que tu fasses arrêter TOUT LE MONDE dans l'Ecole, y compris d'éventuels membres extérieurs qui pourraient s'y trouver. N'aie aucune pitié pour ceux qui résisteraient. Fait fermer l'Ecole en suite et laisse une importante garnison.

- Il en sera fait selon vos ordres mais...

- Mais ?

Le capitaine demanda :

- Et si ils usent de magie ?

IL EST VRAI QUE L'ON NE SAIT PAS PRECISEMENT DE QUOI SONT CAPABLES CES
DEMONISTES. MAUDITS SOIENT ILS ! PAS UNIQUEMENT DE LIRE DES RUNES POUR SUR.

- Utilise les prêtres de Rathma de la Garde.

Les nécromanciens étaient depuis peu présents dans quelques bataillons de l'armée, et le Seigneur Denethor devrait probablement en envoyer de plus grands nombres sous peu.
Il y en avait trois dans la Garde de son ministère.

- Sont ils dignes de confiance ?

- Ils détestent les démonistes et ça me suffit !"

Le capitaine salua et sortît.

BIEN, MAINTENANT IL FAUT JOUER SERRE. SI TOUT CE PASSE BIEN, THANOS SERA
CONTENT QUE J'AI DEBUSQUE CETTE CONSPIRATION.

DANS LE CAS CONTRAIRE...

_______________


Thanos contemplait le cadavre du grizzly dans un silence de mort. Ses traits crispés trahissaient une irritation certaine. Mescalito, l'observait, attendant qu'il prenne la parole. L'aide de camp aurait donné toute sa fortune pour ne pas être en présence de son Maître en de pareilles circonstances.

A son grand soulagement le Seigneur des ursidés brisa le silence.

« Est-ce toi qui a découvert le corps ?

- Oui Maître. Comme vous le savez, j'ai l'habitude d'inspecter nos souterrains afin de m'assurer que nos. secrets ne courent aucun danger.

- Et ?

- Le passage était ouvert, Seigneur Thanos, c'est ce qui m'a interpellé.

- Je vois. As-tu vérifié la porte ?

- Oui, Maître. Elle est intacte, aucune trace de quelconque nature.

- Ce qui signifie donc que l'auteur de cet acte injurieux se trouvait à
l'intérieur de nos murs.

- C'est ce que je crains, Seigneur. Pourtant, si j'ai bonne mémoire peu de personnes en ces lieux avaient connaissance de ce passage. Je me demande qui a bien pu.

- Il n'y a qu'un seul moyen de le savoir, Mescalito, le coupa Thanos. Ordonne aux patrouilles de contrôler toute la forteresse. Je veux savoir qui manque à l'appel.

- Oui, Maître !

- Et surtout, ne commets aucune exception ! »

_______________


Le bruit de leur armure résonnait au sein de la jungle humide. Les deux hommes progressaient assez rapidement, malgré leur fardeau. L'un deux était armé d'une épée dont la lame avait l'apparence et le reflet du cristal. Son compagnon était équipé d'un marteau de guerre.

Tout observateur, à leur vue, jurerait d'avoir en face de lui des Paladins en patrouille. La réalité était cependant un brin plus complexe.

« J'espère que vous savez ce que vous faites, Klorel, fît Hadriel.

- Kurast est notre seul salut, mon ami. Les paladins de l'Ordre du Zakarum nous seront d'une aide fort appréciable !

- A condition que ayons réellement besoin d'aide ! Je vous signale que pour l'instant, nous ne nous basons que sur vos « sensations à l'égard de Tyraël ».

- Je vous souhaite un jour, Archange Hadriel, d'avoir, tout comme moi, la responsabilité de former un disciple, de le voir évoluer, se bonifier, de tisser avec lui des liens solides. Peut-être alors seriez vous en mesure de comprendre.

- N'essayez pas de me culpabiliser.

- Ce n'est nullement mon intention. Au fond, je sais ce qui vous préoccupe. Sans votre statut d'immortel, loin de vos semblables, vous vous sentez vulnérable.

- N'est-ce pas votre cas ?

- Bien sûr que si. Pourtant, il est de mon devoir de me rendre chez les mortels, et de savoir ce qu'il est advenu de Tyraël. Je vous assure que sans la destruction de la Pierre-Monde, je ne vous aurais jamais demandé de m'accompagner. »
Aucun commentaire - [Poster un commentaire]
Il n'y a pas de commentaire. Soyez le premier à commenter cette histoire !

Poster un commentaire

Vous devez vous identifier pour poster un commentaire.
Nombre de visites sur l'accueil depuis la création du site Diablo II : 42.984.329 visites.
© Copyright 1998-2024 JudgeHype SRL. Reproduction totale ou partielle interdite sans l'autorisation de l'auteur. Politique de confidentialité.