Fanfiction Diablo II

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Décrépitude

Par Moriag

Chapitre 1 : Bourrinage et magie

Chapitre 2 : Le Réveil du Déchu

Chapitre 3 : A peine croyable...

Chapitre 4 :...et certains y croient !

Chapitre 5 : En route !

Chapitre 6 : Les tribulations d�un D�chu dans l�Est, ou Petit Lexique Barbare � l�usage du lecteur

Chapitre 7 : sur la Terre comme en Enfer...

Chapitre 8 : Va y avoir du sport !

Chapitre 9 : intermède héroïque

Chapitre 10 : Intrigues et barbarismes

"Ah ah, Enfin !!! A présent que j'ai réuni les pierres runiques, je n'ai plus qu'à les assembler, et ensuite je serai invincible."

Ragnar, souriant, jouait distraitement avec les runes qu'il avait eu tant de mal à réunir, par troc, intimidation, échange et combat. Il avait réuni une sélection de 3 casques d'acier, sélectionnés tant pour leur résistance et leur allure que pour leur confort parfait. Il ne lui restait plus qu'à faire le choix final, puis à effectuer le sertissage.

Il y eut dans le couloir un léger bruit de robes, puis on toqua à la porte. Ragnar se leva, un grand sourire sur le visage :

" Aaaaah, enfin ma bière ! Entre, petite, et viens donc prés de m... Oh c'est vous, Caine..."

" Je crains qu'il n'y ait confusion mon ami. Il faut absolument que je vous..."

" Caine, je suis content de vous voir, merci, mais j'ai un rendez-vous, là. Et puis j'attends ma bière. Alors, je sais, vous avez sans doute des choses très importantes à me dire, mais j 'ai pas le temps".

"Mais écoutez, mon ami, figurez-vous que j'ai trouvé dans un vieux grimoire..."

"Vous devriez pas tant lire, ça donne des migraines. Regardez moi, je passe ma vie à respirer le bon air et à égorger les démons avec les dents... Eh bien jamais un rhume, rien. Si vous voulez, demain je vous emmène faire un peu d'exercice, je comptais aller à la chasse aux déchus avec mes potes."

"Je crois que demain j'aurai à faire, mon ami. "

Caine sorti, l'immense guerrier Barbare poussa un sonore Ouf de soulagement. Le vieux était sympa, soit, mais toujours à vouloir l' embrigader dans des galères pas possibles. Comme la fois où il avait dû s'échiner à cavaler pendant des heures dans la jungle, tout ça pour retrouver des bouts d'un type mort depuis des lustres, pendant que Caine lui cassait les oreilles avec ses "N'oubliez pas que vous n'êtes pas ici pour faire du tourisme, mon garçon, mais pour rechercher l'Oeil, le Cerveau, le Coeur et le Fléau de Khalim".

Prenant le casque qu'il avait en fin de compte choisi, Ragnar y plaça une à une les pierres runiques, se concentrant pour les sertir dans le bon ordre. Vu ce qu'elles lui avaient coûté, il aurait été dommage de ne pas exactement suivre la formule. Bientôt, il saurait si le mage l'avait ou non pris pour une brute stupide. Si c'était le cas, il le retrouverait et lui ferait passer le goût des mauvaises blagues !

Mises en place, les pierres runiques scintillèrent brièvement d'un éclat doré. Du moins, apparemment, la formule avait un effet.

Ragnar rangea soigneusement le casque dans son coffre,avec ses deux énormes épées, puis se rendit dans la salle principale de la taverne. Caine, fort heureusement, n'était plus là. Mettant le cap sur le comptoir, Il saisit au passage une accorte servante, tout en réclamant à grand bruit bière et nourriture.

Hah ! S'enfouir à longueur de temps dans des bouquins poussiéreux ? Merci bien !! L'alcool, le combat et les femmes, ça ça s'appelait vivre !
Camp des Rogues, 10 h du matin.

Un petit groupe piétinait sous la pluie prés de la tente d'Akara. Basileus, armé d'un chiffon et d'un bidon de produit pour armure, avait déjà nettoyé à fond son armure de paladin. Morty et Carlos, respectivement nécromancien et druide, avaient entamé une partie de cartes avec leurs familiers.(un des loups gagnait.)Coraya l'amazone discutait avec sa walkyrie, tandis que, à l'abri d'une tente, Aimèphe, la jeune ensorceleuse, trépignait impatiemment.

« Mais qu'est ce qu'il fabrique ce gros lourdaud ? Il ne s'est pas trompé de camp, au moins ? »

« Je ne crois pas. A mon avis il cuve encore. Hier soir, il est encore aller fêter je ne sais quoi à Harrogath avec ses potes. »

« Mais, et mon rush ? Je veux aller aux vaches ce soir moi !!!!!!!! »

« Bon, arrête un peu de râler, Aimèphe. En l'attendant, on se fait une petite chasse aux déchus. C'est son sport préféré, je suis sûre qu'on le retrouvera en cours de route. »

« Oooh, quelle migraine... L'impression d'avoir pris l' Arreat sur le crâne. Ohlala, ma tête...Pas à dire, elle arrachait la bière, hier soir. Bon, j'suis où là ? Tiens, c'est pas le camp ? »

Ragnar se redressa péniblement, essayant de rassembler ses esprits.

« Oh, chic !! Des Déchus ! Le Cercle de Pierres !! J'vais faire un massacre ! Mais ? Mais ?? Mais ???»

Il y avait là, comme d'ordinaire, une bonne dizaine de Déchus, occupés à prendre leur café matinal. La seule réaction à la vue de Ragnar fut Rakanishu qui s'avança vers lui en piaillant de colère :

« T'es en retard ! Et il est où ton matos ? »

Ragnar s'apprêtait à riposter « Tu vas voir, demi portion », et à avancer des arguments frappants, quand il réalisa soudain que sa figure était exactement à la hauteur de celle de Rakanishu ! Horrifié, il baissa les yeux et constata les changements : un corps malingre aux courtes jambes torses, une coupe de cheveux ridicule, et une petite voix de fausset !! Rakanishu s'impatientait :

« Alors il est où ton matos ? C'est qu'ils vont bientôt arriver, les grands types ! Fais gaffe j'ai LEB !!»

« Euh... Mon matos...Euh ben hier y a une Rogue corrompue qui a eu besoin d'un volontaire pur aller dans sa chambre... Euh et j'sais plus, j'viens de me réveiller chef... »

« Veinard !! ç'aurait dû être moi, c'est moi le chef ! Bon, tu te mets vers le waypoint, et quand les grands types passent, tu les attires vers nous. Héhé, mon LEB, ils vont le sentir passer ! Imparable, mon plan ! Surtout, tu fais gaffe aux gros gars avec deux armes : ils t'arrivent dessus, t'es mort. Heureusement qu'ils sont pas bien futés ! »

Tout en marchant tristement vers la dalle, Ragnar réfléchissait péniblement aux événements de la veille au soir. Qu'avait il bien pu se produire pour qu'il soit ce matin en proie à une telle déchéance ?

Voyons... après avoir bu quelques tonneaux de bière, lui et ses potes avaient fait une petite virée dans les Collines Sanglantes. Ils avaient baffé Shenk et rectifié Eldritch, quoi de plus normal... Au retour, il avait folâtré quelques heures avec sa mercenaire, Elissa, puis, resté seul...

OUI ! Resté seul, il avait tiré de son coffre son magnifique casque runique tout neuf, puis avait décidé de faire un petit test en solo. Ensuite, il se souvenait vaguement avoir touché un autel...

« Une malédiction ? Vite, je dois aller au camp ! Ils pourront sûrement me soigner ! J'ai de la chance, voilà le waypoint... Mais ? ça marche plus ? »

Ragnar était en train de piétiner la dalle enchantée en poussant des petits couinements de colère, sous l'oeil amusé de quelques hommes chèvres, quand soudain la pierre s'illumina de reflets bleutés. Les hommes chèvres balancèrent dans une mare leurs canettes de bière, ramassèrent leurs haches et se mirent en formation de combat...

« Je savais bien qu'en tapant dessus, ça.... Oh non !!! »
« Attention, les voilà ! Formez le troupeau, cornes en position, chargez !! Toi, le Déchu, du large ! »

Ragnar se précipita derrière un buisson et plongea. Derrière lui, il entendit des grognements gutturaux, ponctués de bêlements affolés et de bruits d'explosion. Quelques instants plus tard, le chef des hommes chèvres passa à côté de lui, cavalant à toutes jambes. Un éclair aveuglant s'abattit soudain sur la créature, et explosa en une myriade de projectiles éblouissants. Une haute silhouette en armure étincelante s'approchait d'un pas assuré...

« Basileus ? Hé, Basileus !! Je suis drôlement content de te trouver mon pote, figure toi...»

« Approche, démon, que je te purifie la gueule !!! »

Le paladin levait déjà son sceptre de guerre, prêt à invoquer la colère divine, quand la voix de Coraya s'éleva en un rire cristallin.

« Attends, Basileus... il est marrant celui là. Je me demande s'il court aussi vite qu'une flèche... »

« Attendre ? Il ne faut jamais manquer de frapper les engeances maléfiques ! »

Alors même qu' ils commençaient à se chamailler, le reste du groupe arriva. Ce fut aussitôt une prise de bec magistrale.

« Le touchez pas ! Je veux les drops ! C'est MA partie ! »

« Ils m'ont tué un de mes squelettes, les salauds... Voilà un spécimen parfait. Attrapez le ! »

« Y me manque juste un XP pour mon niveau ! Ici, XP, ici... Petit, petit...»

« Je veux Oculus ! »

« Et si on le gardait pour Ragnar ? Avec du bol, quand il l'aura étripé, on verra bien s'il cache un Oculus... »

« Ouais, Warriw pourrait le surveiller et... Hé dis donc le gnome, où tu vas comme ça ? »

Ragnar, profitant de la prise de bec, venait de piquer un sprint en direction des Pierres de Cairn, se félicitant d'avoir l'avantage « très rapide ». Avec un peu de chance, il pourrait se fondre au milieu des serviteurs de Rakanishu. D'habitude, seuls les boss les intéressaient.

Une flèche de lumière blanche passa en crépitant droit devant lui, le loupant d'un cheveu, puis revint sur lui en exécutant un huit parfait, et se planta juste là où il s'apprêtait à passer. Il trébucha et s'étala sur une souche. .Un instant plus tard, la voix de Coraya lui parvint, juste d'au-dessus de lui.

« J'ai fait exprès de ne pas le toucher, bien sûr. Je crois que c'est un genre de boss. »

« Alors il a un item ! Je le veux ! Je suis sûre qu'il a Oculus ! »

« Mais, les gars, c'est moi ! »

Suivit un silence soudain, seulement troublé par les jérémiades de Aimèphe.

« Qui a dit ça ? »

« Les serviteurs des Enfers ne... Attends, mais c'était vrai... Ce Déchu sait parler ! »

« Si ça se trouve, alors, il a de la valeur... Non, les loups, couchés ! »

« Soit tu t'expliques très vite, l'avorton, soit on laisse Morty faire ses expériences sur toi... »

Ragnar s'assit en tremblant sur le sol. Il ne connaissait que trop bien l'habitude qu'avait Morty de rechercher sans cesse de nouveaux cobayes pour les poisons qu'il créait. Mais, quelle honte ce serait de devoir avouer son triste sort.... Sûr qu'ils se moqueraient de lui pendant 3 mois...

« Ben, ben, je... oui je parle. En fait, les gars, vous avez vraiment de la chance. Une chance à peine croyable ! Emmenez moi au camp, et je vais vous expliquer ».
Emmener le Déchu fut problématique. Il était en effet impossible de lui faire passer des waypoints. Les aventuriers décidèrent donc de le ligoter. Puis, Carlos prit la forme d'un gigantesque grizzly, et saisit le captif par la peau du cou. Basileus grommela « Vous me coûtez cher, avec vos conneries » en déroulant un parchemin de Portail de Ville.

Quelques instants plus tard, tous arrivaient au camp des Rogues. Akara approcha dans un froufroutement de velours noir, et prit la parole d'un ton sec.

« Je vous rappelle nos règles, chers hôtes. Notre campement vous est ouvert, mais ces.... créatures n'y sont pas les bienvenues. »

« On vous le donnera après pour faire une cible, OK ? »

Les aventuriers traînèrent leur captif en direction du feu de camp, sous les yeux ébahis de Warriw.

« Alors maintenant soit tu t'expliques, soit on te fait rôtir. »

« Chiche ! J'suis immunisé au feu ! De toutes manières, celui là il brûle pas. Bon, vous fâchez pas, je vais tout vous dire. Vous savez que c'est bientôt la sortie de la 1.10, hein ? »

« Ca fait un an qu'elle est récente ta nouvelle... »

« Oui, bien sûr, mais vous savez, y a une nouvelle quête, hyper difficile, dont personne ne sait encore rien ? Avec un super objet ?»

« Et alors ? »

« Bon, vous savez, chez Blizzard, ils n'ont presque plus personne pour le patch; alors ils ont choisi une partie au hasard, pour tester la nouvelle quête. Et moi, j'suis là pour vous donner les indices. »

« Oh le bol ! Il est où Ragnar ? Il faut que je le whispe, qu'il s'amène en vitesse !! »

« Non, surtout pas çà ! Cette partie n'est pas stable du tout, alors si vous commencez à trifouiller les commandes avancées, à faire venir du monde, ou des trucs comme ça, vous risquez de vous retrouver en Royaume hors-jeu... ce serait bête, non ? »

« OK, on doit faire quoi ? »

« Ben d'abord, il faut me montrer à Caine, qui va ensuite vous dire... mais il est pas là ? »

« Bouge pas, on revient avec le vieux.»

Le petit groupe s'en fut rapidement, laissant Ragnar sous la garde d'un énorme loup aux yeux étincelants, qui grondait férocement au moindre geste du Déchu.

Quelques minutes plus tard, un portail s'ouvrait, livrant passage à Caine. (Ragnar se précipita vers le vieillard.) Un autre , ouvert quelques secondes plus tard, permit au groupe de rentrer au bercail.

« Trop facile, Tristram ! Vous avez vu ça ? 2 Tirs Multiples et plus personne. »

« Super, je l'ai eu mon niveau. »

« L'amulette rare, je la veux ! C'est MA partie ! »

« Aimèphe, la ferme. »

« Caine, enfin je vous retrouve ! C'est moi, Ragnar ! J'ai besoin de votre aide ! »

« Mon garçon, hier j'ai essayé de vous avertir : votre formule runique fonctionne, mais elle forme le casque maudit Décrépitude, dont vous constatez les effets. C'est un objet maudit, vous ne pouvez donc pas le retirer, du moins pas sous cette forme.»

« Mais alors, je vais rester comme ça ? C'est affreux ! »

« Vous pourriez demander au jeune Morty de vous faire exploser ; ainsi vous perdriez forcément cet objet... »

« Euh pour ça là j'suis pas très chaud, vous savez... On est en Hardcore, là. Il y a sûrement une autre solution... »

« J'ai effectivement une idée. Pendant que vos amis se querellent, mettez moi au courant de la situation exacte. Nous allons vous tirer de là, cher petit. »
Camp des Rogues, 10 h 20

Le bourdon de Caine tapait avec un bruit sourd sur l'herbe du campement tandis qu'il s'approchait des aventuriers, Ragnar à la remorque.

« Aaah, jeunes gens, félicitations, je vois que vous avez activé la quête spéciale ! »

« Mais on n'a pas eu de nouvelle fenêtre de quête, c'est pas normal ça... y a pas un bug ? »

« C'est normal, voyons, noble Amazone, c'est une quête expérimentale. Elle sera listée en 1.10, pas avant. Si on avait assez de monde pour tester, vous l'auriez, mais pour ça il nous faudrait un BattleNet payant et... »

« Oui, mais je l'ai jamais vue sur aucun site cette quête moi, même pas sur Cheater's Actualités. Alors ça me semble bizarre... », grommela Aimèphe.

Cain se redressa dans le bruissement de ses robes, affichant un air profondément blessé.

« Insinueriez-vous, Mademoiselle, que je vous donnerais de faux indices ? Vous m'insultez et après cela vous voudriez que j'identifie vos objets magiques pour rien ? J'étais en préretraite, mais si ça continue je vais reprendre mes tarifs du premier Diablo... Bien sûr, vous êtes libre de renoncer... mais cela pourrait empêcher vos amis de finir cette quête. Vous croyez qu'ils vous en voudraient ? »

« Ben non, justement, c'est mes potes, je suis sûre que... euh... »

Les mots de la jeune ensorceleuse s'étranglèrent sans sa gorge en voyant les regards de son compagnon. Morty dit, d'un ton plus glacial encore d'ordinaire :

« T'es à quel niveau, déjà ? Dans les 7, c'est ça ? »

« Non, non, pas encore, vous gagnez presque tout l'XP... » s'empressa de répondre Aimèphe.

« Bien. Alors, jeunes gens, dans un premier temps vous devez passer les boss de fin des 5 Actes. Puis, venez me retrouver à la Forteresse de Pandémonium. »

« Ouhéé !! Alors j'ai quand même mon rush !! »

« Aimèphe, tu te tais et tu nous suis, ou il va y avoir un malheur... » grommela Carlos.

Le groupe passa dans un portail que venait d'ouvrir Coraya, Aimèphe dûment bâillonnée en remorque, laissant Caine et Ragnar seuls dans le campement avec ses occupants habituels.

« Au fait, Caine, vous n'auriez pas de nouvelles d'Elissa ? »

« A ma connaissance, elle reste pour un temps à Harrogath afin de vous chercher. Le chef des troupes, Qual Kehk, lui a offert l' hospitalité de sa caserne ».

Le petit Déchu s'assit, prenant un air abattu.

« Ah le salopard !! Déjà ce vieux croulant de Drognan qui m'a donné une formule foireuse, et maintenant l'autre lobotomisé me pique ma copine... »

« Vous allez bientôt pouvoir vous expliquer avec Drognan, je crois que vos amis sont sur le point de vaincre Andarielle. Quand nous serons à la Forteresse de Pandémonium, je pourrai prendre mes dispositions auprès de l'Archange Tyraël et... Ecartez vous, les voila ! »

Le petit groupe émergea en courant d'un portail. Basileus se tenait au milieu d'eux. Chacun était nimbé de douces flammes bleues. Morty et Carlos se ruèrent vers Akara, transportant Aimèphe qu'ils avaient ligotée à une perche. La jeune ensorceleuse, livide, respirait à peine.

Caine se dirigea vivement vers Warriw, lequel fit la grimace et sortit une petite cage de sa carriole.

« Nous sommes prêt pour le voyage, mon jeune ami. »

« Très bien, mais le Déchu il rentre là dedans, et il y a un supplément à payer. »

« Mais en principe les voyages sont gratuits non ? »

« Justement. »
Lut Gholein, 10 h 37

Jerrhyn recula, fixant d�un air ahuri la minuscule cr�ature qui s�extirpait p�niblement de sa cage.

� Warriw, il est hors de question que je vous ach�te ce... cette... enfin, �a ! Et n�essayez pas de dire que c�est pour mon personnel, j�ai d�j� assez d�ennuis comme �a. Gardes ! �

Warriw sourit m�chamment, tout en tirant un long coutelas :

� Je ne sais pas trop s�il est taill� pour travailler dans votre harem, mais �a doit pouvoir s�arranger facilement, Monseigneur. Il devrait amuser vos favorites... �

� Nonnonnonon !!! Caine, au secours ! �

Deux lanciers qui se tenaient aupr�s du sultan s�avanc�rent vivement, tout en s�effor�ant de garder leur s�rieux. Cependant, Ragnar s��tait d�j� pr�cipit� dans les rues, se faufilant vivement entre les passants. Ce qui ne tarda pas � semer une belle panique ! Les citadins s�enfuyaient de toutes parts en criant qu�un d�mon s��tait �chapp� des �gouts, tandis que la minuscule cr�ature cavalait � toutes jambes et que les gardes fon�aient en bousculant les �tals.

Il trouva enfin une ruelle l�g�rement � l��cart, en travers de laquelle pendaient, sur une cordelette, des pi�ces d��toffe diaphanes. Impossible de mener plus longtemps la poursuite � ce rythme : avec des jambes aussi petites, essayez de distancer des gaillards r�solus... Il attrapa un tissu � sa port�e (un m�tre) et tira...

� Caine, je suis l� ! �

Caine baissa les yeux, et distingua une silhouette maigrichonne, drap�e dans un voile translucide beaucoup trop long , qui tiraillait fr�n�tiquement sa robe. Il s�appr�tait � la chasser d�un solide coup de bourdon mais... fort heureusement, la voix �tait famili�re.

� Qu�est-ce qui vous prend de vous attifer ainsi, mon jeune ami ? �

� Vous m�aviez oubli� sur le chariot de Warriw ! D�j� que j�ai �t� secou� pendant tout le trajet ! Et j�ai failli finir favorite dans un harem ! �

� Ah non, pas exactement, mon jeune ami.... � Caine s�accroupit et chuchota bri�vement dans l�oreille du petit �tre. Ce dernier se mit � trembler.

� Pays de sauvages !! Dites, on part bient�t ? Dites ? �

Fara, � quelque distance, avait suivi l��change en se tordant de rire. A pr�sent, elle se baladait non loin d�eux, jouant de temps � autre � lancer un gros marteau en l�air, tout en les surveillant du coin de l��il.

� Vos amis sont dans le d�sert en ce moment. Ah, �a y est, ils ont d�clench� l��clipse... Ca devrait �tre l�affaire d�une petite heure, puisqu�ils n�osent pas lancer MapHack... Nous avons donc le temps d�aller voir Drognan... �

� On pourrait pas s�acheter une bi�re en cours de route, Caine ? J'ai dr�lement soif moi... �

� Je crains qu�on ne la vende qu�en chopes ici, pas en gobelets, mon pauvre gar�on. Si les gardes vous cherchent toujours, il vaudrait mieux ne pas attirer l�attention... Les dames ne boivent pas ce genre de choses dans cette ville. �

Drognan, qui se tenait � l�entr�e de son �choppe, s�inclina profond�ment devant son vieil ami :

� Caine ! Heureux de vous voir. Quelle est la ravissante fleur du d�sert qui vous accompagne ? �

Un instant et quelques explications plus tard, luttant pour garder son s�rieux, il les fit passer derri�re une lourde tenture. La boutique donnait sur un petit salon, meubl� d�un sofa, de coussins et d�une petite table o� fumait un narghil�. Une cruche d�eau fra�che, sur un geste du mage, flotta en l�air et emplit 3 verres.

� Ce qui vous arrive, Ragnar, est regrettable. J�ai essay� de vous dire que cette formule n�avait pas �t� test�e.... Vous m�avez r�pondu, si j�ai bonne m�moire... voyons... oui, vous avez sorti vos �p�es et vous m�avez dit : � Donne moi le mot magique, ou je t�empale sur ton b�ton �, puis vous �tes parti avec votre jeune amie arch�re... �

� J�ai dit �a, moi ? �

� Oui, et vous avez ajout� en partant des commentaires tr�s int�ressants sur les hommes en robe, les ensorceleuses en bikini et les sceptres de puissance.... Puisque je vous tiens pour un moment, vous pourriez sans doute me donner quelques explications ? Le moment me semble id�al pour m�expliquer vos m�taphores, n�est ce pas ? �

� Ah ? J�ai dit tout �a ? Un m�ta fort, vous voyez, c�est un type qui a fait vraiment beaucoup de musculation, comme les Barbares mais en encore plus fort... Il vous chope, il vous plie en quatre avec deux doigts, c�est terrible.... �

Le malheureux d�chu suait � grosses gouttes. Mine de rien, il avait commenc� � empiler tous les coussins � sa port�e, dans l�espoir de se construire une fortification. Drognan, souriant, faisait mine de ne rien remarquer. Comble de malchance, Caine, les yeux clos, semblait somnoler sur son divan !!

� Avec deux doigts ? Quelle co�ncidence, je connais un sort qui, lanc� selon certains param�tres bien sp�cifiques, a presque exactement le m�me effet ! Mais je parle, je parle, alors que vous avez tant de choses � me raconter ! Vous m�avez aussi dit : � Ouais, on m�a montr� la civilisation, moi si �a continue je reviens avec ma horde et on te montre la barbarie �. Eh bien, expliquez-moi.... �

Ragnar, depuis l�abri de sa barricade, avait entrepris de tirer sur les robes de Caine. Le vieillard ronflait l�g�rement et semblait ne rien remarquer.

Drognan ex�cuta un geste complexe, ses poignets donnant l�impression de se traverser mutuellement � plusieurs reprises. Les coussins et Ragnar s�envol�rent � environ 1 m�tre du sol. Le pauvre d�chu saisit au vol l�un d�entre eux et se le plaqua sur la figure. Les yeux du vieux mage �tincelaient, mais le pire �tait bel et bien qu�il continuait � sourire.

� La t�l�kin�sie, mon jeune ami, a ceci de fascinant qu�on peut aussi bien l�utiliser pour manier des objets d�licats que pour faire des choses... tr�s inventives � un adversaire. Je vais pouvoir mettre la derni�re main, gr�ce � v�tre aide, � mon � Anatomie des Monstres et D�mons �. Souriez, vous servez la Science ! �

Ragnar avait r�ussi � s�emparer de la carafe d�eau. Il la lan�a sur Caine avec l��nergie du d�sespoir. L�eau s��chappa, et, sur un geste de Drognan, forma une grosse bulle, qu�il commen�a � diriger vers la figure du d�chu. Mais la carafe elle-m�me, oubli�e, lui �chappa et se fracassa bruyamment contre un mur. Caine s��veilla en sursaut.

� Qu�est ce qui se passe ? C�est d�j� l�heure ? Ragnar, enfin, � quoi jouez vous encore, mon gar�on ? �

Drognan, reposa d�licatement Ragnar et les coussins, ne se privant toutefois pas de l�inonder.

� Il voulait me buter ! Un peu plus et je repeignais les murs ! �

Drognan haussa les �paules.

� Vous d�lirez jeune homme. Si j�avais voulu vous tuer, ce serait d�j� fini. Et de toutes fa�ons, je suis un bon, je ne tue pas moi... Ah, on dirait bien que l��clipse est termin�e ! Vos amis ont d� finir. Je vous sugg�re de pr�parer vos affaires.... Je suppose qu�ils sont occup�s � courir la ville, vous avez juste le temps d�aller aux quais. �

� Allez, les filles, un sourire ! �

Aim�phe, Coraya et la walkyrie de cette derni�re avaient pris place sur le balcon du palais de Jerrhyn, et prenaient des poses, tout en rajustant leurs coiffures, tandis qu�un peintre local t�chait de se concentrer sur son travail. Les commentaires fusaient :

� Basileus, t�es s�r que ta religion te permet de nous regarder ? �

� Il peut se d�p�cher, j�ai une crampe ! �

� Dommage que Ragnar ne soit pas l�, il adore faire des sauts depuis la balustrade et atterrir sur le peintre... �

� Il a dropp� que de la merde Duriel, c�est pas juste, c�est ma partie... �

� Aim�phe, ferme-la... �

� Pas de probl�me, mais dans la cale. Warriw m�a pr�t� une cage o� votre animal domestique sera tr�s bien. Ca nous fera un petit suppl�ment de bagages... �
(Intermède)

Kurast, 11 h 51

Caine, retroussant ses robes, empoigna Ragnar, encore dans sa cage, et cavala comme un fou le long des quais de pierre rongés par la végétation tropicale. Hors d'haleine, il jeta son fardeau au pied du socle vide du Gibdinn (il y eut un couinement indigné), rajusta sa tenue, et attendit.

11 h 53 et 17 secondes

« Fastoche ! Explosé en trois coups, l'affreux ! »

« Ouaip. Hé, Caine, c'est quoi tous ces bidules ? »

« Y a un Shako ! A moi ! »

« Bon, assez rigolé, c'est au tour de Diablo de passer à la casserole. Go ! »

Caine se dirigea vers le monument au pied duquel Ormus, encore interdit de stupeur, considérait les objets rares que les héros avaient jetés au sol en partant, et, empoignant Ragnar, grimpa l'escalier qui menait à un clocheton de pierre. Arrivé au sommet, il tâtonna, appuya sur une pierre légèrement en saillie. Un panneau coulissa. Une intense lumière bleu blanc rayonna.

« Moi qui m'étais toujours demandé à quoi servait ce bâtiment... »

« Vous ne voudriez pas qu'à mon âge, j'emprunte le salon de Méphisto ? Il y reste souvent des monstres, voyez vous, et c'est un peu humide pour mes vieux os.... Je vous déconseille de l'emprunter seul, il y a des... sécurités... Passez, nous avons besoin de parler à Tyraël avant que vos amis n'en aient fini avec Diablo.... »

(Fin de l'intermède)


Le passage donnait sur un immense passage dallé, éclairé par de hauts vitraux. Des choeurs célestes retentissaient sous les voûtes. Caine s'y engagea d'un pas vif, traînant son compagnon qui avait tendance à tituber, bouche bée. Imaginez l'effet pour une bestiole qui mesure 1 mètre et pèse quarante kilos tout mouillé...

« Je ne savais pas que le bâtiment de l'acte 4 était si grand moi ! Si Basileus voyait ça... »

« Il est hors de question qu'il visite, nos réserves d'objets sont dans ce bâtiment. S'il apprenait ça, après il considérerait même les pièces d'équipement les plus pourries comme de saintes reliques. Vous ne tenez certainement pas à ce qu'il célèbre une messe à chaque fois que vos amis et vous-même tuez un monstre ! Et puis, d'autres problèmes en découleraient...»

Caine fut interrompu dans ses explications par un éclair. Tous deux bondirent sur le côté, tandis qu'apparaissait un personnage de haute taille, baignant dans un halo étincelant. Une lame de lumière blanche apparut à sa main. L'apparition demeurait à environ 1 mètre au-dessus d'eux, brassant l'air de ses immense ailes. Son visage, dissimulé dans l'ombre d'un profond capuchon, donnait l'impression d'être tourné vers le déchu. La voix de l'être résonna en eux, douce et résolue.

« Je suis Azraël, Protecteur de Pandémonium. Caine, veuillez vous écarter de cette créature impie, ça va gicler. »

Caine se redressa en s'époussetant, s'éclaircit la voix :

« Hum... Je regrette, mais c'est un cas... particulier, Azraël. »

Il avait nettement conscience que Ragnar tentait de se dissimuler derrière lui. Il décocha en douce un petit coup de son bourdon, et chuchota :

« Tenez vous tranquille, et lâchez mes robes, ou il va croire, en prime, que vous êtes lubrique ! »

« Aïeuuuu ! ! Mais c'est lui, là, c'est sa faute ! Avec ses ailes qui battent, si je vous lâche, je m'envole ! »

Azraël parvint à prendre un air perplexe, ce qui est un véritable exploit quand on n'a, en guise de visage, qu'un grand capuchon bleuté où brillent deux lumières. Il prit une décision .

« Caine, c'est tout à fait irrégulier. Si encore c'était une espèce protégée... »

« Alors, conduisez-nous à Tyraël. Je lui expliquerai tout. Ca vous ennuierait de vous poser ? J'ai passé l'âge d'avoir les genoux à l'air.... »

« Très bien, Caine, vous l'aurez voulu. Gardez un oeil sur ce démon. Vous répondez de lui. »

Azraël replia ses ailes et atterrit gracieusement au sol. Il se mit en marche, ses pas vibrant lourdement sur le sol dallé. Il émettait toujours une lumière bleu blanc éblouissante.

Arrivé à un immense portail, aux vantaux rehaussés de sculptures, l'ange s'arrêta et tira sur un grand cordon. On entendit nettement un bruit de carillon (comme quoi on peut être Archange et acheter des bidules d'un goût franchement douteux), puis, un bip et un léger déclic. La porte s'ouvrit lentement, donnant sur une pièce imposante.

« Ah, Caine, entrez, entrez ! Azraël, mon invité et moi-même, nous prenons les choses en main... personnellement.... Ces gens sont... de vieilles connaissances... »
« Lui ! ?? Là ?? Mais !!! Mais... Caine, qu'est ce qu'il fout ici ? Y va buter tout le monde !! »

La vaste salle où venaient d'être introduits les deux voyageurs était un grand salon, meublé de fauteuils à la taille de leurs occupants. Dans l'un se tenait Tyraël, qui venait de parler. Penché sur une petite table sur laquelle il disputait une partie d'échecs, il sirotait un soda, dont, d'après les bruits qu'il émettait, il tentait d'attraper les dernières gouttes avec une paille. L'être assis en face de lui, rouge, colossal, bardé de pointes, se retourna lentement pour un effet maximal et sourit en direction des visiteurs... Diablo en personne !

« Tiens, tiens... Lentement ou vite, le gnome ? On te laisse le choix. »

« Hein, quoi ? »

Ragnar réalisa que les deux êtres le regardaient d'un air particulièrement pénétrant.

« Ce que je veux dire, c'est : tu préfères que Tyraël te tranche la tête d'un coup, ou que je te découpe lentement en tout petits bouts ? Et d'abord, descends des bras du vieux croûton ! »

« Mais heuu.... Qu'est ce qui vous prend ? Je n'ai jamais rien fait de... oh merde.... »

Ragnar se souvint progressivement d'un nombre phénoménal de combats remportés dans le Sanctuaire du Chaos, des blagues foireuses, des poses comiques, des critiques sur le butin...

Et aussi des blagues sur « le poulet ridicule et inutile », des peintures souvenirs, des remarques, qui, sur le moment, avaient mis Basileus dans une sainte colère...

Sur le coup, tout ça avait paru drôle.

Caine, cependant, s'avança tranquillement vers les deux êtres, malgré les contorsions et les couinements apeurés du déchu.

« Messeigneurs, je comprends votre attitude et votre légitime colère; cependant, si je me suis permis de m'introduire ici avec le jeune Ragnar, c'est que j'ai pensé que vous pourriez prendre quelque plaisir à certaine petite idée... J'ai pris quelques notes sur ce parchemin, si vous vouliez bien vous donner la peine de... Au fait, Seigneur Tyraël, à votre place j'avancerais ma tour en E3 ; la E4 vous rendrait vulnérable à ce cavalier, là. »

Il se recula, tandis qu'ils se penchaient tous deux sur le document, et chuchota :

« Si ils vous parlent à nouveau, ne jouez pas à nouveau l'innocence : ils ont su qui vous étiez dés le premier coup d'oeil... »

« Pas juste ! Mais qu'est ce que Diablo fait ici ? En principe, on est chez les gentils .. »

« Exact, mon garçon. Mais voyez vous, comme les aventuriers viennent assez peu le voir, et qu'il n'aime pas rester coincé des heures de suite dans ses sceaux, lui et Tyraël ont conclu un Pacte. D'ailleurs, le Tyraël de la salle publique de Pandémonium est une simple projection. Vous pensez bien qu'un Archange a bien des choses à faire, et ne saurait tolérer les fantaisies juvéniles des passants...Et comme Tyraël n'aime pas être reçu par Diablo, à cause... hum... des jeunes dames de son harem, d'ordinaire ils sont ici »

« Harem ? Mais y en a pas ! On voit jamais de succubes ni rien ! D'ailleurs c'est pas juste... »

« N'aggravez pas votre situation en allant donner des idées à Diablo, mon petit... Souvenez- vous de Lut Gholein... »

12 h 15

Pendant ce temps...

« Bon, plus qu'à faire les boss... Aimèphe, tu ouvres les sceaux et surtout tu remontes tout de suite vers Saint Poulet, compris ? »

« Paroles de mécréant ! »

« Celui-là, ça a été chaud...J'ai plus que mes corbeaux »

« Si tu n'allais pas au contact, tiens... avec les flèches, c'est plus facile. »

« Raoul, Maurice, Nestor, Félicien, Popaul ... Tous mes squelettes ! Ils ont buté tous mes squelettes ! Les salauds !! »

Morty se tenait assis au milieu d'un tas d'ossements disloqués et noircis, considérant tristement un crâne et un tibia, tout ce qui restait du dernier de ses serviteurs, lesquels avaient été éparpillés façon puzzle de 15 000 pièces.

« J'aurai jamais le temps de tous les remonter... »

« Le boss, il avait un anneau rare ! C'est à moi !! C'est MA partie ! »

« Et c'est NOUS qui dégustons pendant que Mademoiselle se planque. Alors, la ferme, ou je vais oublier les préceptes de charité de mon Ordre et t'apporter la juste rétribution de ta cupidité. »

« Euh...Basileus, tu pourrais pas parler français ? »

Le Sanctuaire du Chaos avait rarement aussi bien porté son titre. Toutes les allées étaient jonchées d'ossements, de morceaux de métal tordus et de bouts de chair de démons. Par ailleurs, la dispute au beau milieu du lieu impie rajoutait à la chaude ambiance. L'armure du paladin avait, par endroits, été griffée et noircie ; les fourrures du Druide avaient été à moitié brûlées au cours d'un corps à corps contre un démon noir résolument peu amical. Même Coraya, qui pourtant se contentait d'ordinaire de soutenir ses compagnons d'une bonne distance, avait eu maille à partir avec un groupe de spectres, et était encore couvertes d'ecchymoses livides là où le toucher glacial des créatures l'avait atteinte, vampirisant ses forces intérieures.

« Ragnar nous serait bien utile... d'habitude, avec lui, les démons font pas un pli. Dommage qu'on puisse pas l'appeler, il s'amuserait comme un fou ! »

« Oui, il adore leur arriver dessus en Trombe et se tailler en sautant... Il va nous en vouloir d'avoir loupé la quête spéciale... »

« Bon, on n'y peut rien. Je rachète les fautes de toutes ces âmes égarées, histoire qu'on y voie clair, et après on s'occupe du Gros.... »

« Euh, attends, il me faut à peu prés 17 corps.... »

Quelques instants plus tard, Morty était entouré d'une cohorte cliquetante...

« Ca va, mon armée est au complet. A toi ! »

Basileus posa un genou en terre, joignant ses mains gantées d'acier, et se concentra, murmurant quelques mots dans la Langue Sacrée du Zakarum. Une lueur cuivrée émana des pieds du paladin en prière, et se diffusa tout autour de lui. Dés qu'elle enveloppait un cadavre de démon, celui ce se changeait doucement en poussière, tandis que l'âme de la créature s'élevait joyeusement vers les cieux.

Quand Basileus se redressa, il semblait reposé. Il parcourut du regard le Sanctuaire du Chaos, à présent vide de cadavres.

« Ah, ça fait du bien, d'apporter la Rédemption aux impies... Prêts, vous autres ?»
Dans les vastes appartements, l'ambiance avait légèrement changé. Diablo et Tyraël tenaient depuis déjà un bon moment un conciliabule animé, dans un langage lent et mélodieux. En fin de compte, l'archange se tourna vers eux :

« Je dois aller tenir compagnie à votre jeune amie. Caine, nous allons transmettre votre idée. Je crois que les réponses seront... enthousiastes. »

Le sol commençait à vibrer. Diablo se dirigea vivement vers un vaste pentacle sert dans le sol, dont une des pointes venait de s'illuminer d'un éclat bleu blanc.

« Ah, sacré Grand Vizir... Jamais fichu de tenir le choc... Je devrais bien en changer, un de ces jours... »

Un autre point de lumière apparut.

« Rien du tout sur celui-ci... Hmmm, vous brûlez, là... Voyons comment mon brave Corrupteur d'Âmes va s'en sortir... »

Ragnar sortit prudemment de derrière les jambes de son compagnon, et chuchota :

« Caine, et si ce plan, vous me l'expliquiez à moi aussi ? »

« Salut, Saint Poulet ! Te dérange pas, je fais que passer. Bouge surtout pas, ça te fatiguerait ! »

Aimèphe venait d'arriver dans la cour publique du Pandémonium. Elle alla jeter un coup d'oeil aux marchandises de Jamella, puis s'en détourna avec un mouvement dédaigneux du menton.

« Pas de matériel correct, elle cause même pas, et elle voudrait encore qu'on achète ? Et depuis quand les figurants ont des droits, d'abord ? Bon, qu'est ce qu'ils fabriquent, les neuneus ? »

« Hmmm... Il s'est bien défendu... Plus qu'un sceau... A présent, De Seiss... Ils vont souffrir, à ce que je vois... J'espère qu'il a reçu mes ordres. »

12 h 34

« Attention ! Cassez vous ! »

« Rrrah, encore 8 squelettes démolis !! Il va me le payer...»

« Attendez... Je vous ouvre une voie, foncez ! »

Coraya se concentra sur les sphères de lumière blanche projetées par les mages squelettes, et exécuta un curieux mouvement de la tête. Alors que ces sinistres sphères d'énergie arrivaient jusque là à toute allure, chacun de ses compagnons se rendit compte qu'il en discernait plus aisément la trajectoire. Dés lors, foncer au travers des rangs des squelettes, que repoussait brutalement l'aura du paladin, fut un jeu d'enfant pour les guerriers, tandis que Coraya, Morty et les mages de ce dernier les soutenaient par un terrible tir de barrage.

Peu après, De Seiss se retrouvait au corps à corps contre un paladin en proie à une sainte colère et un druide dans un état de fureur bestiale, tandis que les corps de ses suivants explosaient autour de lui et que des flèches venant de nulle part s'enfonçaient dans ses derniers sorts défensifs.

Diablo venait d'attraper sur une table un petit brumisateur. Il l'avala précipitamment, tout en s'apprêtant à entrer dans le pentacle dont les cinq pointes étaient maintenant activées.

« Je vois que c'est à moi... hum, hum... do, ré, mi...Agrouar, Grrror, Grroar Grrr !! »

Tout en passant le pentacle, il balança à terre un petit diapason à moitié fondu, qui rebondit sur les dalles avec un joyeux petit « pling ».

Le sol du Sanctuaire du Chaos s'était mis à vibrer avec un bruit de tonnerre. Les flammes omniprésentes semblaient brûler plus intensément. Aimèphe, que ses compagnons venaient de faire passer, courut vers l'angle d'un pilier proche de l'énorme pentacle enflammé et jonché de crânes, tandis que ses compagnons prenaient leurs positions. Les vibrations du sol avaient atteint une telle intensité que la jeune fille était obligée de se cramponner aux chaînes et aux ossements de l'âme enchaînée au pilier pour ne pas tomber (L'âme damnée en question en profitait pour se rincer l'oeil, comme souvent quand il y avait des rushs. Comme quoi il y a toujours de petites consolations, même dans les pires situations).

« Attention, le Gros arrive ! »

« Oui, on a entendu... c'est l'heure de sa raclée !! »

Diablo apparut au milieu du pentacle, et fut aussitôt accueilli par une salve de flèches glacées, tandis que Basileus et Carlos le chargeaient , escortés par un golem de feu tout juste invoqué par Morty. Il riposta par une vague de feu ardent. Les deux combattants bondirent sous l'immense pavois du paladin, et attendirent que le plus gros soit passé avant de reprendre leur assaut.

« Le plus dur, songea le démon, ça va être de ne pas toucher la petiote... »

12 h 47

« Ouf ! On l' a eu ! Bon, on va voir Caine ? »

« Pff, évidemment, encore rien de correct... Il pourrait pas lâcher des bons objets de temps en temps ? »

« Ca fera toujours quelques pièces d'or à la vente... »

« Pas de quoi payer mes réparations. Tu sais combien ça coûte, les boulons d'armure sainte ? Et ils ne font même pas de réductions pour les prêtres, c'est un scandale. »

« Si je te parlais des prix des flèches... »

« Oui, mais toi c'est de la consommation industrielle, c'est pas pareil. »
« Enfin, Harrogath, mon pays ! Dites, Caine, je ne me souvenais pas qu'il faisait si froid... »

Caine venait de sortir du portail de Pandémonium, et, passant devant la vieille Malah, se hâtait vers le puits de la ville, Ragnar sur les talons.

« Vos amis devraient en avoir tout au plus pour une demi heure, mon garçon. Je vois qu'ils sont déjà en route... »

« Ouais... Caine, vous savez que votre plan me plaît de moins en moins... Qu'est ce qu'il me veulent les primates là ? Ils ont jamais vu un déchu d'abord ? »

Qual Kehk et quelques uns de ses hommes s'étaient approchés. L'un d'eux attrapa Ragnar par la peau du cou, et le maintint en l'air, gigotant et couinant.

« Eh, Caine, c'est quoi cette bestiole ? On peut la buter ?»

« C'est sûrement pas un guerrier en tous cas. Pas l'air d'être un mage, il a pas de robe ni de bâton... »

Qual Kehk, qui avait écouté attentivement les observations de ses hommes, conclut :

« Alors, ça doit être un espion. Faites le parler et tuez le. Après, on verra si c'est mangeable. »
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