Fanfiction Diablo II

Retour à la liste des Fanfiction

Guerrière

Par Ingo
Les autres histoires de l'auteur

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Une forme se découpait dans l'ombre. Une forme qui prenait l'allure d'une femme, elle avançait sereinement. Une courte robe verte de soie la couvrait, elle avait un diadème qui reposait sur ses cheveux longs et bruns. Des cheveux doux, qui volaient inlassablement au vent, d'une manière délicate et furibonde. La robe couvrait ses épaules féminines, jusqu'aux coudes. Ses avant-bras étaient bronzés, musclés à la perfection pour une femme. Ses mains étaient petites et mettaient en valeur ses doigts élancés et chaleureux, inactifs pour l'instant. Ses hanches rondes et droites ne dissimulaient aucune accumulation de graisse, mais sans la laisser paraître pour une anorexique. Ses cuisses étaient à demi couvertes par la robe courte qui se terminait, elles étaient de la couleur de ses avant-bras, tout aussi bien musclées et ses jambes fines et longues laissaient remarquer une longue marche exténuante.

Sa vitesse rapide et déterminée éloignait quelques bêtes qui rôdaient près d'elle. Elle avançait ainsi en direction d'un campement de rogues, et ce depuis Tristram. Elle y était arrivée pour détruire le mal de cette région, mais la tâche avait déjà été accomplie.

Quelques bêtes audacieuses tentèrent une approche, elle n'y réagit pas. Les animaux prirent confiance en eux-mêmes, puis s'approchèrent encore plus de la femme. Ils étaient maintenant à deux mètres d'elle, avant qu'elle ne réagisse. Elle leva les bras et murmura pour elle-même une phrase inaudible, puis rallongea brusquement ses bras le long de son corps, libérant une source d'énergie électrique qui fit occire les malheureuses bêtes qui s'étaient aventurées trop près d'elle.

Elle reprit sa route, du même pas, sans se déranger plus longtemps pour les faibles ennemis qu'elle venait de tuer d'un seul coup. Les quelques bêtes ayant vus le spectacle et la mort rapide de leurs semblables ne purent que rester figés sur place en attendant que la femme et sa colère passent.

Les arbres déposés çà et là entre les montagnes qui séparaient Khanduras du camp des rogues enjolivaient le paysage qui ne faisait que plaire aux yeux de la femme. Sa longue marche l'irritait, elle marchait depuis deux jours sans voir les remparts du camp à l'horizon. Sa fatigue l'arrêta, elle se coucha sur l'herbe qui lui chatouillait le cou et les oreilles, ses cheveux doux la caressaient tranquillement, la nuit commençait délicatement à se pointer. La femme ferma les yeux pour se reposer, puis s'endormie.

Elle rêva d'un homme, il était de dos. Il avait de courts cheveux noirs, une armure de cuir clouté lui protégeait le torse, ses braies n'étaient pratiquement pas protectrices et ses bottes de tissu non plus. Il semblait musclé et massif, il était grand. Elle s'approchait de lui, sur la pointe des pieds, il l'entendait tout de même.

- Je sais qui vous êtes et que vous ne savez pas qui je suis. Je sais pourquoi vous êtes là, pourquoi vous vouliez attaquer Tristram, détruire Diablo, je sais pourquoi vous avez décidée d'aller au camp des rogues, dit-il.

- Comment savez-vous tout cela, et comment puis-je être sûre que vous le savez ?

- Vous devez faire confiance à votre instinct. Vous saurez qui je suis lorsque je saurai si vous pouvez vous faire confiance.

- Comment puis-je vous prouver que je sais me faire confiance ?

- En laissant décider votre instinct sans penser où il vous mènera. Si vous le laisser mener votre vie, vous saurez vous faire confiance.

- Mais je dois me rendre au camp des rogues, il faut que je mange et je boive, je suis assoiffée depuis deux jours.

- Si vous faîtes confiance à votre instinct, vous n'aurez plus soif. Vous ignorerez la faim, vous saurez pourquoi vous êtes là et pourquoi vous y êtes arrivée.

- Et si je ne veux pas laisser mon instinct diriger ma vie, si je veux savoir qui vous êtes sans laisser ma vie être bouleversée et malmenée ?

- Vous ne pourrez pas savoir qui je suis et pourquoi j'y suis. Je suis la lumière, je vous offre le chemin éclairé. Il n'y a que vous qui pouvez vous y diriger. Je ne fais que vous dire ce que je fais, pas pourquoi je suis ici. Si vous ne prenez pas le chemin que je vous offre, une autre personne vous offrira un chemin que vous prendrez peut-être. Il n'appartient qu'à vous de décider quel chemin prendre. Je vous offre le mien alors qu'il y en a des milliers, je ne l'offre pas à tout le monde.

- Et qu'est-ce que ça veut dire ? Que dois-je vous faire confiance sans poser de question ?

- Cela ne veut dire que vous avez le choix. Je vous offre la vie guidée par l'instinct. Le ferez-vous ? Seule vous pouvez le savoir. Je ne vous dis que le moyen de le faire, mais jamais je ne dirai à quelqu'un de le faire.

- Comment trouverai-je de la nourriture si je ne sais pas où je vais ?

- Faîtes confiance à votre instinct, lui seul peut vous donner cette réponse. Il vous guidera à l'endroit où vous devez aller. Il ne vous guidera nulle part ailleurs qu'à l'endroit où vous devez vous rendre.

- Comment me direz-vous qui vous êtes si l'on ne se revoie jamais ?

- On ne se reverra que si vous laissez votre instinct vous guider. Il sait ce qu'il veut et il l'obtient toujours. Si votre instinct veut savoir qui je suis, il se saura.

- Tout ceci n'est qu'un rêve, je ne dois pas mélanger le rêve et la réalité.

- Si vous étiez incapable de sortir de votre rêve, comment pourrez-vous savoir à quel monde vous appartenez ?

L'homme disparut. La femme se réveilla en sursaut, cherchant désespérément autour d'elle cet homme qu'elle ne reverrait probablement plus. La nuit était d'un noir d'encre, de sorte qu'elle ne parvenait pas à voir ses mains. Elle se recoucha dans l'herbe, regardant les quelques étoiles qui réussissaient à percer la noirceur dans le ciel. Elle referma ses yeux, puis se rendormie.

Elle se réveilla au lever du soleil à l'horizon. Les moustiques se réveillèrent aussi et se mirent à danser dans les rayons pénétrant petit à petit dans la plaine. La femme s'étira, bailla et se leva avant de reprendre sa marche vers le camp des rogues, puis pensa à l'homme qu'elle avait vu dans son rêve. Elle se dit qu'il ne s'agissait que d'un rêve comme les autres, mais bien plus troublant, qu'on oublie facilement dans le restant de la journée.

Le soleil dardait ses rayons bien hauts dans le ciel. La femme se rappelait encore aussi bien des phrases de l'homme, des mots qu'il employait qu'au début de la journée. «Je sais qui vous êtes et que vous ne savez pas qui je suis. Je sais pourquoi vous êtes là, pourquoi vous vouliez attaquer Tristram, détruire Diablo, je sais pourquoi vous avez décidée d'aller au camp des rogues. Cette phrase était celle qu'elle se répétait sans cesse dans sa tête, mais sans oublier les autres.

"Comment a-t-il pu savoir tout de moi, sans même que je ne sache vraiment ce qu'il sait ? se disait-elle. Elle cessa sa marche pour s'étendre et réfléchir à ce rêve. Pourquoi cet homme était-il si convaincant ? Pourquoi était-il apparu dans ce rêve et pas un autre ? Pourquoi fallait-il qu'elle décide de suivre son instinct alors qu'elle mourrait de faim et de soif ?"

Toutes ces questions lui trottaient dans la tête, sans qu'elle ne sache y répondre. Elle se les répétait et se les répétait jusqu'à ce qu'elle décide d'ignorer ce rêve jusqu'à ce que l'homme réapparaisse dans un de ses rêves.

Elle se releva, se secoua pour faire tomber les quelques brins d'herbes accrochés à sa robe, puis reprit sa marche en regardant l'horizon. Elle voyait les murs du camp qui lui donnaient la joie de savoir qu'elle pourra bientôt manger et boire, qu'elle pourra dormir enfin dans un lit chaud et sec, qu'elle pourra parler avec des gens réels.

Elle avançait rapidement, mais le camp semblait rester toujours aussi loin. Sa marche rapide ne lui suffisait plus, elle se mit à courir jusqu'au camp qu'elle atteignit plus rapidement qu'elle ne le croyait. Elle toucha les murs de ses mains fines, le contact du bois brisé par la pluie et les vents la rendait plus heureuse encore. Elle se dirigea vers la grande porte d'entrée.

Elle fut désolée de voir que le camp était dans cet état. Le feu avait ravagé le camp, il était désert. Une auberge brûlait toujours, les murs s'étaient effondrés et ils s'empilaient sur le sol. Elle dégagea certaines pièces qu'elle pouvait bouger, il y avait le cadavre de tous les clients. Ce feu avait été spontané et sa dévastation fut très rapide. La cendre jonchait le sol du camp, il n'y avait plus une seule maison où le toit n'avait pas subit trop de brûlure pour pouvoir héberger. Le camp n'avait pas été abandonné, les villageois y sont morts en quelques secondes.

Elle s'adossa à un mur solide, assise sur l'herbe et cherchant quoi faire. Elle avait besoin de nourriture et d'eau, mais elle ne saura pas où en trouver. Elle resta assise le restant de la journée, jusqu'au coucher du soleil. Les rayons teintèrent vers l'orange, elle se leva. Elle cherchait un endroit dans le camp où il pourrait y avoir de l'eau et de la nourriture. Que ce soit du pain, de la viande, des baies, elle voulait absolument manger quelque chose. Elle se résigna à attendre le lendemain, la noirceur était devenue trop importante. Elle s'endormit au milieu du camp, couchée sur l'herbe. Elle rêva encore de l'homme qui sait tout d'elle.

- Pourquoi ne m'écoutez-vous pas ?

- Je veux savoir pourquoi je dois vous écouter.

- Parce que je vous offre le bon chemin. Maintenant, où comptez-vous aller ? Vous n'avez aucune idée de l'endroit où vous devez vous rendre. Votre instinct le sait, là où il y a de la nourriture.

- Laissez-moi tranquille, je veux contrôler ma vie. Je ne veux plus jamais que vous n'entriez dans mes rêves.

- Je ne peux pas vous laisser, vous allez mourir. Vous avez besoin de moi et mon chemin. Prenez-le, je vous en prie.

- Pourquoi ? Comment puis-je être certaine que vous ne m'envoyez pas sur le chemin de ma mort ?

- Parce que je suis ici pour vous aider, pas pour vous nuire.

- Je ne veux plus jamais avoir à faire avec vous. Partez, sortez de mes rêves, sortez de ma tête.

Elle se réveilla, le soleil commençait sa levée. Le vent transportait une délicieuse odeur de pain frais et de viande chaude. Elle leva la tête et vit un repas servi sur un plateau argenté. Il y avait une coupe d'hydromel et l'urne à côté de plateau. Elle mangea sans se demander d'où et de qui venait ce repas si exquis.

Elle termina le plateau, mais garda l'urne à moitié pleine pour plus tard. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle pourrait faire pour survivre, elle ne savait pas où elle pouvait aller. Elle pouvait aller à Lut Gholein, une distance à peu près équivalente qu'entre Tristram et le camp. Elle pouvait aussi suivre la chaîne de montagnes et se rendre à Harrogath, mais cette idée lui déplut. Harrogath est une ville de barbares sanguinaires qui ne connaissent pas la chaleur de l'été. De plus que la distance entre Harrogath et le camp était au moins cinq fois plus grande qu'entre celle de Tristram et le camp. Elle pouvait également retourner à Tristram, mais elle ne voulait plus vraiment remettre les pieds dans cette ville. Elle opta donc pour Lut Gholein.

Elle sortit du camp, l'urne dans la main, puis prit la direction de Lut Gholein, en suivant la plaine et en s'éloignant des monts qui séparaient Tristram du camp.
Ses hanches adoptaient un mouvement suivant sa marche, mouvement fort joli. Elle avançai d'une manière céleste et agressive. Aucun animal ou bête ne voulait s'approcher. Certains l'ayant déjà vu détruire quelques malheureuses bêtes qui étaient trop dominées par leur instinct de chasse. Mais un autre animal ne semblait pas du tout impressionnée par la femme. Il avait faim, il devait manger de la viande fraîche. La femme lui semblait le repas qu'il espérait depuis tant de jours, fraîchement servie devant lui. Il tenta une approche qu'elle remarqua. Elle stoppa sa marche, sans se retourner, laissant son ennemi s'approcher.

Il s'agissait d'un monstre pubescent, de couleur brune. Il avait d'énormes membres, des biceps aussi gros qu'un tronc d'arbre, des cuisses au diamètre facilement deux fois plus grand que ce tronc, des doigts de la grosseur des bras de la femme. Sa tête sans cou le rapetissait légèrement, mais le protégeait aussi des attaques du ciel. Ses immenses épaules remontaient au-dessus de ses oreilles, il devait être d'une hauteur d'au moins trois mètres. Son torse était large d'un mètre et demi, avec des mains musculeuses qui peuvent écraser la tête de la femme sans le moindre effort.

Elle ne semblait pas impressionnée par ce monstre qui lui faisait face. Elle garda son sang froid, déposa son urne sur le sol herbeux, puis regarda le monstre dans les yeux, pour le défier. Il ne prit pas beaucoup de temps avant de réagir et de foncer sur la femme sans mercis. Elle disparut au moment même où il allait la prendre entre ses mains et lui briser les hanches. Le monstre regarda ses mains, ébahi par ce miracle qu'il ne parvenait à expliquer. Il regardait partout autour de lui, il ne la voyait nulle part. Il entendit alors un claquement, puis sentit une vive brûlure dans son dos. Son poil brun prit feu et lui brûla le dos avant qu'il ne puisse l'éteindre complètement dans l'herbe.

La femme eut un rictus lorsqu'elle vit la grosse bête se rouler dans l'herbe pour éteindre les flammes qu'elle venait de provoquer. La bête se releva spontanément, furieuse d'avoir été humilié ainsi, puis retenta une attaque que la femme n'eut aucune misère à éviter de la même manière que la première. Tout de suite, le monstre se retourna, mais la femme n'était pas derrière lui pour cette fois. Il grogna sa manifestation, il voulait un combat légitime et sans magie, mais n'y parvenait pas. Il allait perdre s'il ne trouvait pas une excellente stratégie, et il le savait.

Sa peau dénudée et brûlée dans son dos lui faisait mal, la femme était cachée et il sentait au fond de lui qu'elle préparait une attaque qui le tuerait probablement. Il regardait nerveusement partout, sans trouver la moindre trace de la femme. Sa première pensée était toujours assouvir sa faim, et il était prêt à combattre encore pour y arriver. La femme apparut devant lui, il eut le réflexe de frapper la cible qui reçut le coup. Elle n'avait pas eu le temps de se téléporter une nouvelle fois, et le coup puissant du monstre la cloua au sol, prise au piège. Elle voyait les énormes mains foncer sur elle, le regard noir du monstre, avide de nourriture, ne la quittait pas. Elle était adossée à une roche, avec une vive douleur à la tête. La bête fondit sur elle, alors qu'elle espérait un miracle pour la sauver.

La morsure lui fit mal, très mal. Elle hurlait sa douleur qui avait pour effet de faire fuir les autres bêtes autant que d'augmenter la puissance de la morsure du monstre. Il tenait ferme, les crocs plantés dans les cuisses de la femme. Elle voyait son sang épais et foncé couler sur les lèvres du monstre, qui la fixait toujours de ce même regard. Elle tentait de se sauver, mais pour chaque mouvement brusque de sa part, le monstre serrait de plus en plus sa proie. Elle dut s'arrêter, pour ne pas perdre ses jambes, puis vit la peau dénudée et brûlée sur le dos du monstre. Elle tenta une dernière chance, puis invoqua la foudre à son aide.

Elle avait apprit à orienter la foudre lors de son cours dans le clan des Zann Esu. Elle était descendante directe du créateur et étudiait l'art Esu depuis ses sept ans. La maîtrise d'une si grande source d'électricité était très difficile. Elle avait réussit à atteindre les cibles dans ses cours à quelques reprises, mais jamais n'avait réussi à frapper deux fois au même endroit. Cet art est très dangereux lorsque la cible est proche. Si la foudre manque la cible et tombe sur la personne l'ayant invoqué, ce qui est arrivé à de nombreuses sorcières Esu, elle était suffisante pour détruire la vie de cette personne.

Les nuages gris se formaient rapidement, la foudre se préparait tout aussi vite. Le moment de vérité, alors que la bête semblait vouloir en finir avec sa proie, la sorcière se laissa tomber sur le dos, sa tête cogna le rocher derrière elle, puis la foudre tomba sur le dos du monstre, où les poils brûlés ne le protégeait plus. La bête desserra son emprise, puis la femme put faire basculer le cadavre électrisé du monstre sur le côté.

Elle était encore aveuglée par la lumière vive de l'éclair et endolorie par la morsure de la bête. Son sang souillait ses jambes et sa robe verte qui teintait maintenant vers le brun aux endroits tachés. Elle se laissa retomber sur le dos, puis s'évanouie.

La légère brise emportait quelques feuilles d'arbre, de plusieurs couleurs. L'automne se terminait, bientôt l'hiver prendrait place. Les cheveux de la femme évanouie volaient au vent, ainsi que les quelques endroits de sa robe. Les blessures ne saignaient plus, mais le flot reviendrait au moindre mouvement musculaire.

Les légers bruits de la nature étaient troublés. Des bruits de chaînes perturbaient celui du vent, un frôlement de tissus déplaçait les brins d'herbe, une respiration lente alertait les animaux qui se cachaient lors du passage d'un homme. Il était vêtu d'une longue cape rouge qui s'attachait autour du cou de l'homme d'un noeud serti d'une améthyste étincelante. Une armure de maille tressaillait en un léger tintement à chaque pas de l'homme. Ses cheveux étaient cachés par un chapeau excentrique, formé de tissus. Une plaque métallique était posé sur le dessus, de laquelle sortait une plume d'un rouge vif, symbole d'un marchant chez les Horadrims. Il était chaussé de bottes caparaçonnées qui ne laissait que des traces, sans provoquer de murmure qui pourraient trahir sa présence. Bien qu'inutile, une ceinture en fils d'araignée lui traversait le torse. Il portait, sous son armure, des braies et une chemise blanches.

L'homme avançait lentement, d'un pas assuré. Il semblait, à première vue, un homme fortuné. Son chemin croisait celui de la sorcière, qu'il suivait sans le savoir. Il ne l'avait pas vu et marchait depuis le camp des rogues. Il était allé chercher quelques nouvelles, avec la destruction du camp à raconter à son retour. Il repensait aux débris encore enflammés du camp, aux maisons effondrées, aux cadavres calcinés. Toutes ces choses étaient pourtant invisibles de l'extérieur du camp devenu désert. Aucune rogue n'avait survécue, aucun villageois. La pensée de ne plus jamais pouvoir revoir son ami Warriv l'attrista. Il ralentit le pas, puis s'agenouilla et pria la lumière qui le guidait pour apporter son vieil ami dans le bonheur du paradis.

Il termina sa prière, puis reprit sa marche. Il était bien plus déterminé, jusqu'à ce qu'il croise la femme, étendue sur le dos, les cuisses blessées et recouvertes de sang, ainsi que le cadavre malodorant d'une énorme bête allongé près d'elle. Il se pencha, examina tranquillement la femme. Elle n'avait aucune autre blessure que les deux énormes trous formés des dents de la bête dans ses cuisses. Un rictus déformait légèrement le visage doux et parfait de la femme.

L'homme coupa un arbre pour en garder le tronc qu'il coupa à la verticale. Il creusa une partie du tronc en laissant l'autre sur le sol. Il mit une couche d'herbe et déposa la femme endormie dans le rondin. Il déposa également l'urne d'hydromel sur le ventre de la femme et utilisa des branches pour former une poignée solidement attachée au tronc et ensuite continuer sa route en traînant la souche de la poignée.

Le berceau balançait sur les roches jonchant le chemin. Les blessures de la femme étaient refermées légèrement, ce qui empêchait le sang de couler lors d'un cahotement du tronc. L'homme traînait inlassablement le tronc, ne s'arrêtant que pour manger et dormir. Il jeta l'urne d'hydromel qu'il avait fait boire à la femme pendant son sommeil. L'herbe commençait à disparaître tranquillement pour laisser place au désert qui cernait Lut Gholein. Cela faisait trois jours que l'homme traînait la femme.

Lut Gholein s'exhibait lentement à l'horizon. Une cité si grande, près de la mer Twin. La souche était sèche, mais bien solide. La femme était toujours inconsciente, depuis plus de quatre jours. L'urne d'hydromel était vide et l'homme mourait de soif. Il n'avait pas fait boire la femme depuis plus de douze heures, mais gardait confiance en voyant l'immense ville qui semblait flotter sur une dune du désert.

« Une dernière nuit et on y est, se murmura l'homme. » Il fit glisser la femme dans son berceau sur la dune. Il tomba au milieu, laissant la femme rouler dans le sable et le tronc descendre jusqu'au bas. L'homme avait raté la glissade, mais avait réveillé la femme qui se redressa brusquement. Elle eut à peine le temps de jeté un regard apeuré et inquiet à l'homme avant de tomber sur le dos et glisser le restant de la dune puis de retomber inconsciente.

L'homme descendit rapidement. Il tenta de réveiller la femme à nouveau en lui donnant des petites tapes sur les joues, mais n'y parvint pas. Il remit la femme dans le tronc, puis continua de la traîner en montant la dune suivante. La nuit tomba et le froid stoppa l'homme. Il recouvra la femme de son manteau, puis s'installa près de son petit feu grésillant pour regarder la ville à l'horizon. Il s'en était rapproché depuis la dernière fois qu'il l'avait regardée. Il se coucha sur le sable pour s'endormir très peu de temps après.

À son réveil, son premier geste fut de regarder si la femme était encore dans le tronc. Elle y était, heureusement. Elle semblait dormir paisiblement, le coin des lèvres retroussé en un sourire éphémère. L'homme sourit, bien qu'il sache qu'elle ne le voyait pas. Il se leva, joyeux d'être presque à Lut Gholein, mais très assoiffé. Il prit le tronc, puis le traîna comme à son habitude. Il atteignit Lut Gholein aux alentours de midi, alors que le soleil brûlant était bien haut dans le ciel.

« Bonjour Greiz, vous... commença le garde.

- Bonjour, bonjour, le coupa Greiz. Tu peux aller me chercher Drognan, cette femme a peu de chance de survivre. Et ramène de l'eau.

- Entendu. » Le garde commença une course et bifurqua sur la droite à la première porte pour entrer sans cogner. Greiz traîna le tronc jusqu'à l'intérieur de la ville, sur les dalles saupoudrées de sable. Il entendait la conversation entre le garde et Drognan à l'intérieur de la maison : « ... et il traîne une femme qui a peu de chances de survivre selon lui, disait le garde.

- Bien, pas la peine de s'énerver. Je vais aller la voir et faire tout ce que je peux pour la sauver. De toute façon Greiz à l'habitude d'en mettre trop alors elle est probablement qu'un peu blessée. »

Greiz attendait patiemment, les bras croisés sur son ventre, le regard tourné sur la femme. Il espérait qu'elle se réveille, qu'elle bouge pour montrer qu'elle n'était pas morte. Sa peau blanche et moite ne le rassurait pas. La femme était glacée, les jambes bleues et les plaies noires. La robe verte flottait sur son corps, signe qu'elle n'était pas trop serrée. Le garde sortit de la maison au pas de course, puis s'éloigna dans la ville. Puis, un vieillard vêtu de vêtements orangés sortit à son tour.

« Bonjour Greiz, vous allez bien, demanda-t-il.

- Bonjour Drognan, je vous ai emmené cette femme, je l'ai trouvé inconsciente et blessée grièvement.

- Bah, ça ne doit pas être si grave. Qu'est-ce qu'elle a ?

- Regardez vous-même, je ne saurais le dire. »

Drognan avança lentement, faisant résonner lourdement son bâton sur le sol à chacun de ses pas. Il resta figé en regardant les plaies de la femme, échappa son bâton qui s'écrasa au sol sans rebondir, puis demanda : « Où l'as-tu trouvé ?

- Sur la route, je revenais du camp des rogues et elle était étendue sur le sol.

- Ses blessures sont graves, elle n'a pas put marcher avec ces trous. Tu as vu celui qui lui a fait cela ?

- Il y avait un cadavre à côté d'elle. Une véritable bête aux poils bruns, avec une grande plaie dans le dos. Il empestait et je crois bien que ses blessures sont infectées.

- Elle est en train de mourir. Une chance que tu l'as ramené à temps. Viens, portes-la dans ma maison. Dès que tu pourras, dit à Jerhyn qu'il faut que je lui parle.

- Je devais justement aller le voir. Je reviens du camp des rogues avec des nouvelles importantes.

- Quelles nouvelles ?

- Le camp a été attaqué.

- Comment ?

- Lorsque je suis arrivé, il n'y restait que des débris brûlés, des maisons effondrées et des cadavres calcinés. Les rogues n'ont pas eut le temps de réagir.

- Va, préviens Jerhyn de ce que tu me dis. Dit-lui qu'il faut que je lui parle aujourd'hui même. C'est une affaire de la plus haute importance.
« Greiz, je t'attendais. J'ai une nouvelle mission pour toi. Mais, tout d'abord, j'écoute tes informations du camp des rogues.

- Une bien mauvaise nouvelle, Jerhyn. Le camp a été attaqué. Aucune personne n'a survécu.

- Ce que tu dis là est horrible. As-tu découvert un indice nous permettant de découvrir l'attaquant ? Il se peut qu'il veuille ensuite attaquer Lut Gholein.

- Il ne reste que des cendres.

- Je vais surveiller cela de près. Nous devons augmenter la défense de la ville et surtout, trouver celui qui a attaqué le camp.

- J'ai d'autre chose à vous faire part.

- Je t'écoute.

- Sur le chemin du retour, j'ai trouvé une femme qui était à l'article de la mort. Je l'ai ramené à Drognan qui saura sûrement la sauver.

- Je vais aller voir Drognan. Maintenant, retrouve l'homme ou le monstre responsable de la destruction du camp des rogues. J'irai voir Drognan pour qu'il m'explique puisque toi, tu es pressé.

- Je vais commencer les recherches.

- C'est ce que j'attendais de toi. Maintenant, va. »

Greiz repartit rapidement en direction de sa maison. Chacun de ses pas était lourd, il ne cessait de penser. Comment peut-il trouver qui a attaqué et détruit le camp ?

« Gardes, escortez-moi chez Drognan, cria Jerhyn. Je vais aller parler à ce vieux fou. »

Jerhyn sortit à son tour du palais, quatre gardes l'entouraient, tous à l'écoute du moindre son ou moindre geste pouvant être considéré comme une menace. Le trajet était sécuritaire dans la grande cité de Lut Gholein. Mais Jerhyn restait toujours aussi prévoyant, de sorte que jamais il n'eût été attaqué par surprise.

Jerhyn entra chez Drognan sans cogner, demandant directement : « Que c'est-il passé lors du retour de Greiz ?

- Il a trouvé cette femme. Elle était après mourir. Heureusement, il est arrivé à temps. J'ai pu la sauver. Elle reprend ses forces tranquillement. Elle ne se réveillera pas avant quelques jours, mais elle survivra.

- Crois-tu qu'elle sait qui a pu attaquer le camp des rogues ?

- Je n'en sais absolument rien. Je n'ai pas vu le camp, je ne saurais dire depuis combien de temps il a été attaqué. Ce dont je suis certain, c'est que cette femme est blessée depuis environ cinq jours.

- Et sais-tu ce qui a pus la blesser autant ?

- Greiz m'a dit qu'il avait vu une grosse bête morte à coté d'elle. Il ne l'a pas ramenée parce qu'il ne pouvait pas et qu'elle empestait.

- Bien. Et pour cette femme, elle n'a besoin que de repos ?

- Oui, j'ai fais tout ce que je pouvais faire pour elle. Maintenant, elle va reprendre ses forces, puis se réveillée.

- Alors tu ne lui es plus d'aucune utilité. À moi non plus d'ailleurs.

- Mais...

- GARDES, TUEZ LE ! »

Drognan se mit à courir, mais sa maison ne contenait qu'une seule pièce. Il se retrouva rapidement pris au piège dans un coin. Un des garde s'approcha de lui, leva son épée en fixant le regard désespéré de Drognan, puis coupa Drognan en diagonale, du cou du coté droit jusqu'au dessous du bras gauche.

Drognan se sépara en deux morceaux, qui tombèrent chacun de leur coté. Le sang coula au sol alors que Jerhyn et ses gardes se préparaient à partir. La garde rangea son épée dans sa gaine après avoir essuyer rapidement le sang sur les vêtements du cadavre. Jerhyn sortit le premier, faisant signe à deux gardes de condamner les fenêtres et la porte. Puis demanda aux deux autre de ramener la femme avec eux.

Greiz était dans sa maison, fouillant partout, cherchant désespérément quelque chose. Il n'avait aucune idée de ce qu'il cherchait réellement. Un simple indice, un point de départ, une menace quelconque contre le camp des rogues. Il ne trouvait rien. La maison était sans dessus dessous. Il se rendit dans l'auberge d'Atma, cherchant plutôt à se calmer qu'à manger et boire quelque chose. Il voulait également lui parler de l'attaque du camp des rogues et tenter de trouver un renseignement qui pouvait lui être utile pour lui faire commencer sa quête.

« Bonjour Greiz, dit Atma. Tu n'as pas l'air en forme.

- Ah, Atma. Non, le seigneur Jerhyn vient de me confier une tâche, plutôt difficile.

- Tu veux quelque chose ?

- Un indice, ou une bière.

- Je t'offre la bière, mais pour l'indice il faudra que tu m'en parles d'avantage. »

Greiz entra dans l'auberge, suivant Atma jusqu'au bar où il s'installa. Atma lui servit sa bière, puis posa ses coudes sur le bar en bois, avant de croiser ses mains délicates et d'y poser sa tête. Elle regarda intensément Greiz alors qu'il buvait la moitié de sa chope en une gorgée. Il déposa sa bière, puis remarqua comment Atma le regardait : « Quoi ?

- Je t'observe.

- Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai fait ?

- Rien. Mais je veux savoir de quoi tu t'occupes pour avoir aussi soif.

- Jerhyn m'a demandé de lui dire qui avait attaqué le camp des rogues.

- Le camp a été attaqué ?

- Moi et ma facilité de révéler à tout le monde les choses confidentielles...

- Y avait-il des survivants ?

- Aucun. Tous morts. Toutes les rogues, ainsi que mon vieil ami Warriv.

- Tu as une idée de la raison de cette attaque ?

- Non. C'est pourquoi j'ai soif.

- Tu n'a pas la moindre piste, aucune trace ou quelque chose qui peut te lancer dans ta quête ?

- Écoute, j'ai déjà perdu assez de temps à fouiller partout dans ma tête la raison de l'attaque ou même qui pourrait l'avoir attaqué. Tout ce que je sais, c'est que l'attaquant pouvait se rendre soit à Tristram, soit à Lut Gholein ou encore à Harrogath.

- Il pourrait être ici ?

- Il n'y a rien de certain. À part que le camp est détruit. Probablement que le camp a été attaqué par surprise, avec une grande armée, mais encore là je n'ai pas de piste.

- Il y a un groupement qui se forme à Lut Gholein. Ça m'a tout l'air d'être un clan d'adolescents anarchistes, mais il y a encore bien plus d'adultes que je ne l'aurais cru.

- Et alors ?

- Ils viennent souvent ici, ce sont mes meilleurs clients. À chaque fois, ils se plaignent des autres villes. Jamais pourtant je ne les ai entendus parler de Lut Gholein. S'ils savaient que le camp des rogues a été détruit, ils seraient probablement bien contents.

- Crois-tu qu'ils pourraient déjà être au courant ? Qu'ils sachent même qui ou quoi a organiser cette attaque ?

- J'en sais rien ! Mais je te promets que si tu reviens ce soir, je te dirais ce que j'ai entendu d'eux aujourd'hui.

- Chère Atma, toujours aussi gentille et belle.

- Allez, va t'occuper de tes affaires. Reviens ce soir.

- Promis ! »

Greiz sortit de l'auberge, un peu apaisé d'avoir enfin une possibilité de piste. Il décida d'aller faire un tour chez Drognan, pour voir si la femme qu'il avait trouvée ne s'était pas suffisamment rétablie pour se réveiller. Il resta figé lorsqu'il vit la maison condamnée, sans possibilité de jeter un coup d'oeil à l'intérieur. Sa première pensée fut d'aller parler à Jerhyn. Il s'y résigna, bien décidé à savoir ce qu'il était advenu de Drognan et pourquoi sa maison était-elle condamnée.

À son arrivée au palais, il apostropha le garde qui s'enfuit à l'intérieur du palais, sous les yeux de son patron. Greiz entra, cherchant le chemin qu'aurait pus prendre le garde dans le palais. Jerhyn arriva, puis vit Greiz. Son regard s'assombrit avant qu'il ne dise : « Greiz, avez-vous avancer dans votre quête ?

- C'est difficile à dire. J'étais allé voir Drognan pour savoir si la femme que j'ai ramenée -

- Elle est ici, le coupa Jerhyn.

- Elle est réveillée ?

- Non. Pas depuis que j'ai été la voir. Après t'avoir mit en charge de ta quête, j'ai été proposer à Drognan mon palais pour soigner cette femme, plutôt que sa maison. Elle est condamnée pour qu'il ne se fasse rien voler alors qu'il ne rentrera pas chez lui pendant plusieurs jours.

- Puis-je voir la femme ?

- Ce serait préférable qu'elle se repose seule. Dès qu'elle se réveille j'envoie un garde t'en avertir. Viens me voir si jamais tu dois quitter la ville. Je veux être le premier averti et je pourrai te donner un cheval.

- Il y a autre chose. Je voulais savoir qui est le garde que vous avez placé à l'entrée.

- Un nouveau, il m'a dit que vous l'aviez engagé la semaine précédente.

- Mais, je n'ai engagé personne depuis plus d'un mois.

- Tu en es sur ? Il n'est pas à l'entrée ?

- Il s'est sauvé. C'est pourquoi je veux savoir qui c'est.

- Je m'occupe de son cas. Toi, tu devrais retourner chez toi et continuer de chercher des indices pour trouver qui pourrait avoir attaqué le camp des rogues. Va, maintenant. »

Greiz ressorti du palais, réfléchissant à ce que Jerhyn venait de lui dire. Jerhyn se promenait rarement sans ses gardes, de plus qu'il semblait cacher quelque chose. Greiz se rendit jusque chez lui ou il s'étendit sur son lit, puis continua de penser à cette journée qui n'était pas encore finie.

Il se rendit à l'auberge d'Atma dans la soirée, comme il lui avait promis. Il ne la trouva pas tout de suite et s'installa au bar en demandant une bière. Atma arriva alors qu'il demandait une seconde bière.

« Tu arrives au bon moment, Greiz, dit-elle.

- Tu as trouvé quelque chose ?

- Le groupe dont je te parlais, ils m'ont données bien plus d'informations que je ne comptais avoir.

- Quelles informations ?

- Ils sont encore ici, allons dehors. Nous pourrons parler plus à l'aise. »

Greiz ne pris même pas le temps de penser qu'il avait une bière et se précipita dehors. Une serveuse l'apostropha pour qu'il paye, puis Atma lui fit signe que tout allait bien. Greiz se sentait comme un gamin qui veille plus tard qu'il ne peut. Atma le calma un peu, puis ils marchèrent dans les rues de Lut Gholein. Après plusieurs longues minutes, elle lui dit enfin : « Ils savent que le camp des rogues est détruit. Et j'ai l'impression que ce sont eux qui en sont responsables.

- Qu'est-ce qu'ils ont dit ?

- Que le camp avait bien brûlé et que c'était tant mieux comme cela.

- Qui l'a dit ?

- C'est un des leaders. Ils est plus costaud, un peu comme Geglash. Mais Geglash n'en fait pas parti, j'en suis sure.

- Tu sais comment il se nomme ? Où il habite ? Est-il encore à l'auberge ?

- Calmes-toi Greiz, je vais tout te dire, mais calmes-toi. Oui, il est encore à l'auberge, non, je ne sais pas où il habite et son nom est Klaurn.

- Comment ont-ils su que le camp a été attaqué ?

- Ça, j'en sais rien. Ils n'ont pas parlé une seconde de la manière dont ils l'ont appris. Mais ils ont aussi parlé de Drognan et d'une certaine femme.

- Une femme ? C'est probablement celle que j'ai trouvée sur mon chemin. Qu'ont-ils dit ?

- Ils ont dit que la mort de Drognan était la meilleure chose qui pouvait arrivée à cette ville. Je ne suis pas complètement de leur avis, mais au moins il n'embêtera plus personne.

- Drognan est mort ?

- C'est ce qu'ils ont dit.

- J'ai été voir Jerhyn aujourd'hui. Il m'a dit que Drognan travaillait dans le palais maintenant. Il avait plus de facilité à soigner la femme.

- Drognan ? Travailler dans le palais ? C'était bien la dernière chose qu'il voulait.

- Comment ça ?

- J'en sais rien, mais il passait son temps à se plaindre du palais. Bon il se plaignait de beaucoup de choses, mais principalement du palais et de Jerhyn. Et un grincheux comme lui est bien difficile à faire changer d'avis.

- Mais, pourquoi est-ce que Jerhyn m'aurait menti ?

- Là, je ne peux pas t'aider.

- Je ne le disais pas pour que tu m'aides, mais si tu trouves autre chose tente de me le faire savoir.

- Ça veut dire quoi exactement ?

- Je vais bientôt repartir pour le camps des rogues, chercher quelconque indice pouvant me faire continuer. Je devrais être de retour dans une semaine.

- Une semaine sans toi ! Mais je vais m'ennuyer.

- Et ça, ça veut dire quoi ?

- Rien, je faisait que mettre un peu d'humour dans notre conversation mais tu n'as pas l'air d'apprécier mon initiative. Alors on retourne à l'auberge, tu finis ta bière, tu payes et tu pars pour le camp.

- Je n'aurais jamais cru que tu me hâterais de partir.

- C'est pour que tu reviennes plus vite. Retournons à l'auberge. »

Greiz mit sa main sur la hanche d'Atma alors que cette dernière posait sa tête sur l'épaule de Greiz. Ils repartirent vers l'auberge, comme un jeune couple amoureux.
Greiz repartait seul, dans le désert, vers sa même destination : le camp des rogues. Atma le regardait partir alors qu'elle n'avait pas beaucoup de clients, qui d'ailleurs étaient tous servis. Elle est restée à regarder le désert bien après que Greiz ait disparu à l'horizon. Elle contemplais les dunes qui reflétait les rayons du soleil et le ciel bleu, sans nuages. Elle était perdue dans ses pensées, toutes dirigées sur Greiz et sa quête, presque sans pistes. Elle resta plus d'une heure, jusqu'à ce qu'elle dû continuer son travail puisque les autres serveuses étaient débordés. Des clients entraient, la porte ne restait jamais fermée bien longtemps. Certains d'entre eux, les plus forts surtouts, perdaient déjà leurs moyens, embrouillés par l'alcool qui pénétrait dans leur sang. Quelques semblant de batailles éclataient, ce qui faisait rire les autres clients qui possédaient tous leurs sens, car les clients en pleine bataille et affectés par l'alcool arrivait à peine à se frapper, tous tombaient et aucun ne sortait vainqueur.

La soirée était bien remplie, Atma ne pris pas de pause pour arriver à servir ses clients rapidement. Il était l'heure pour elle de les mettre à la porte pour fermer l'auberge pour la nuit. Quelques-uns refusaient de partir, ceux qui s'étaient battus surtout. Mais l'alcool les empêchait de résister dû à leur manque de contrôle. Les serveuses les mirent à la porte sans trop de problèmes, puis partirent à leur tour. Atma se retrouva seule, elle commençait à éteindre les chandelles sur les tables, puis elle entendit le plancher craquer derrière elle. Elle se retourna violemment, s'accota à la table pour finalement remarquer qu'il n'y avait rien. « Sans doutes mon imagination. » se disait-elle. Elle frotta la table avec son linge humide, éteignit la chandelle puis pris la direction de la table suivante avant de se cogner contre le ventre d'un grand individu qu'elle reconnaissait mal dû au manque d'éclairage. Il lui semblait que c'était le chef dont elle avait parlé à Greiz, mais n'en était pas certaine. L'homme décroisa ses bras, puis Atma se fit bâillonné alors qu'elle se faisait attacher les poignets dans son dos. Elle tenta de se débattre avec ses jambes, mais le chef les pris sous son bras alors que d'autres hommes levaient le reste de son corps.

Elle se fit couvrir les yeux et emmenée hors de l'auberge, elle sentait le vent froid et faible contre sa robe. Elle ignorait combien de temps elle fut emmenée ainsi, mais lorsqu'elle fut posée on lui retira son bandeau qui lui cachait les yeux. Elle ne voyait qu'un simple cachot sans lumières mis à part celle qui provenait de la porte. Elle tenta de se lever mais une main puissante la poussa vers le sol sur son épaule. Un homme grand et massif sorti du donjon puis ferma la porte. Atma se retrouva seule dans un donjon puant et sans éclairage. Elle se coucha sur la brique, les mains encore noués dans son dos et bâillonné. Elle mit beaucoup de temps à se calmer et encore plus à s'endormir.

Son réveil fut brutal. Un homme lui criait après pour qu'elle se lève puis lui donnait des coups de pieds dans les côtes. Elle parvint à se lever, malgré la douleur immense qu'elle ressentait. L'homme la pris par les cheveux et la traîna hors de la cellule. Elle se retrouva alors face à l'homme qui l'avait capturé la veille. C'était bien le chef du clan dont elle avait parlé à Greiz. L'homme lui tenait toujours les cheveux, puis le chef lui cria de la lâcher. Atma regardait autour d'elle, elle voyait des pierres brunes et grises recouvertes de mousse verte. Il y avait des tuyaux de cuivre qui sortaient du plafond et qui se dirigeait vers les murs ou le plancher. Il y avait plusieurs portes, probablement pour plusieurs cellules. Elle regarda le chef qui n'avait pas bougé. L'homme derrière elle la débâillonna.

« Qu'est-ce que vous me voulez ? Demanda-t-elle.

- C'est moi qui pose les questions ici, rétorqua le chef. Qui est l'homme qui est parti vers le camp de rogues ?

- Écoutez, je... » Atma ne savait plus quoi dire. Elle ignorait comment le chef était devenu au courent de cela, mais elle n'osait pas lui parler de Greiz.

« J'écoute.

- Je... ne sais pas.

- Ognar, rappelle-lui un peu. »

Atma reçu un coup de pied derrière son genou. Elle tomba au sol, puis reçu un deuxième coup, dans le dos. Le pied d'Ognar se posa sur son cou alors qu'elle avait le visage collé au sol.

« Alors écoutes, ma belle. Chaque fois que tu oublie quelque chose, que tu restes trop longtemps à réfléchir à quel mensonge tu pourrais tenter de me faire avaler ou que tu cherches à t'enfuir, mon cher Ognar se fera un plaisir de recommencer ce qu'il vient de faire, ou pire. Tu me comprends ?

- Vous êtes un salaud.

- Je sais. Alors, qui était-ce ?

- C'était le chef des mercenaires. Un bon client de l'auberge.

- A-t-il un nom ?

- Arg... il s'appelle... Greiz.

- Bon, on avance un peu. Il est bien parti pour le camp des rogues. Ai-je raison ?

- Oui.

- Bon ! Naphor, Etheik et Algra, partez sur l'heure pour le camp des rogues. Vous devez arrêter Greiz. Tuez-le.

- Bien, chef, répondirent trois voix.

- Pourquoi... voulez-vous le tuer ?

- Je t'ai dis que c'est moi qui pose les questions. Mais je vais tout de même répondre à celle-ci. Le camp des rogues a été brûlé par notre clan, c'était l'ordre de mon supérieur. Il nous a dit que si quelqu'un tentait de mettre son nez dans nos affaires, nous devions le tuer sans attendre. Maintenant, je n'ai plus à te poser de questions. Ognar, remet-la dans sa cellule.

- Bien, chef. »

Atma fut soulagée lorsque la pression du pied d'Ognar sur son cou partit. Mais Ognar la pris par les cheveux et la remit dans sa cellule brutalement. Il referma la porte et Atma se retrouva de nouveau plongée dans les ténèbres.

La femme se réveilla, après plusieurs jours dans le coma. Ses plaies sur ses jambes cicatrisaient bien, elle avait faim et soif. Elle remarqua qu'elle n'avait plus que sa robe verte sur elle. Elle se leva, ses longs cheveux tombèrent sur son dos, elle mis pied à terre pour constater que le sol était fait en marbre et lui glaçait les pieds. Elle sortit de la pièce qui n'avait qu'un lit, pour se retrouver devant un couloir plutôt long. Elle ne se sentait pas très forte, elle savait qu'elle ne pouvait pas recourir à sa magie si elle en avait besoin. Elle ne savait pas du tout où elle était, mais entendit des pas. Elle retourna dans son lit puis se replaça exactement comme lorsqu'elle s'était réveillée. Elle ferma les yeux et attendit. Il y avait deux personnes qui sont entrés dans la pièce. Il y eu un long moment de silence, puis l'une d'elles pris la parole : « Bon, si demain elle ne s'est toujours pas réveillée, tuez-la. Il ne fait pas qu'elle parle à qui que se soit. Si elle ne sait rien à propos du camp des rogues, c'est tant mieux. Vous pourrez la laisser partir. Sinon, tuez-la.

- Bien, maître. »

La femme entendait une des deux personnes partir, probablement le maître. Elle n'osait pas ouvrir les yeux, même s'il le fallait. Elle entendait l'autre personne faire les cent pas dans la pièce, puis, après plusieurs minutes d'attente, elle vint près d'elle et lui parla tout bas : « Je sais que tu dors, mais je te parle tout de même. Tu es belle et si tu ne te réveilles pas, je vais en profiter avant de te tuer. »

La femme ouvrit les yeux et se leva subitement : « Tu ne pourras pas, je suis réveillée depuis déjà plus longtemps que tu ne le crois.

- Alors, c'est la mort qui t'attend, ma jolie. Ne t'en fait pas, tu ne sentiras rien. Si on te tue, c'est parce que tu en sais trop.

- J'en sais trop à propos de quoi ?

- Ne me prends pas pour un idiot.

- C'est ce que tu es.

- Ah, tu veux rire. On verra bien qui rira le plus lorsque tu seras pendue.

- Vous ne réussirez pas à me pendre.

- Et pourquoi cela ?

- Parce que je suis Kunhadra, fille de Kythord. Je suis descendante directe avec le créateur du clan Zann Esu et j'ai étudié leur art depuis mes sept ans. Je le maîtrise très bien et aucune personne ne sera capable de me tuer, peu importe quel moyen.

- Eh bien j'ai des nouvelles pour toi. Mon maître savait qu'avec tes armes et tes vêtements tu connaissais la magie. Pendant que nous tentions de te garder en vie, on te donnait des potions qui t'empêchait d'avoir suffisamment d'énergie pour t'en servir à ton réveil. De plus, nous t'avons enlevé toutes tes armes et vêtements magique. Je ne crois pas que tu sauras résister à la mort qui t'attend.

- Ma magie se régénère toute seule, demain j'en aurai assez pour partir d'ici avec mes armes et vêtements que vous m'avez volés. Je pourrai survivre et lorsque j'aurai assez récupéré, je reviendrai me venger.

- D'accord, dans ce cas, nous allons te pendre tout de suite. »

Kunhadra n'eut pas le temps de bouger que déjà l'homme se rua sur elle. Il lui attacha les mains dans le dos avec une corde qu'il avait dans la poche. Il l'emmena dans le corridor en la faisant marcher devant lui. Kunhadra tentait de se sauver, mais à chaque fois l'homme resserrais sa poigne et elle ne réussis pas à partir. Ils descendirent des marches pour se retrouver dans une grande pièce au plafond très haut.

« Ah, elle est enfin réveillée, fit une voix qui provenait de l'arrière de Kunhadra.

- Oui, maître, dit l'homme. »

Kunhadra tenta de se retourner pour savoir qui était le fameux maître, mais l'homme ne la laissa pas faire.

« Elle a vraiment l'esprit d'une guerrière, cette petite, dit le maître.

- Elle n'est pas assez forte pour fuir, mais elle me dit que sa magie se régénère. Elle tentera de nous tuer lorsqu'elle sera suffisamment puissante et elle sait que nous avons brûlés le camp des rogues.

- Alors va la pendre. C'est Greiz qui nous l'a emmenée. C'est incroyable comment les choses vont bien. Personne ne saura que nous avons détruit le camp des rogues. Ce sera pareil pour Harrogath, pour Kingsport et Duncraig. Pour Tristram aussi. Une fois que nous aurons conquis ce pays, nous pourrons nous attaquer à l'autre. Nous détruirons Kurast, Ureh et Viz-Jun. Puis nous pourrons ensuite nous emparer des îles Skovos, Philios et Lycander. Tout le monde de Sanctuary sera à nous. Et personne ne pourra plus nous résister.

- Je vais aller la pendre, sinon nous ne pourrons pas conquérir Sanctuary.

- Bonne idée. Moi, je vais allez voir ce que Klaurn a fait à Atma et qu'est-ce qu'elle a dit. GARDES ! »

Kunhadra se sentit poussée dans le dos pour qu'elle marche. Elle se rendit, toujours ligotée, jusque sur un palier à l'arrière, donnant sur les jardins, puis le désert. L'homme mit une corde autour du cou de Kunhadra, puis lui dit : « C'est dommage que je n'ai pas pu profiter de toi avant que tu meurt. Tu es tellement belle. Bon, c'est l'heure. »

La corde autour du cou de Kunhadra se resserra alors que l'homme tirait grâce au système de poulies. Ses pieds quittèrent le sol et la corde commença à l'étranglée. Kunhadra se sentait près de la mort et était à cours d'idée pour se sortir de cette impasse. Elle sentait sa magie trop faible pour l'aider. Même un trait de feu ou une seconde d'inferno était trop difficile pour elle. Elle passât ses mains nouées sous elle pour les poser sur le billot de bois dans lequel entrait la corde. Elle se hissa au billot pour s'y aggriper. La corde cessa de l'étrangler et elle put reprendre son souffle.

« Qu'est-ce que tu fais là toi, descend ! S'exclama l'homme.

- Non, dit Kunhadra. Pas tant que tu ne me promettras pas de ne pas me pendre.

- Je te promets de te pendre. Et malgré ta petite tactique, je peux encore y arriver. »

L'homme tira la corde et Kunhadra se sentit de nouveau étranglée. La corde entrait dans le billot pour ressortir par l'extrémité et s'accoter sur une poulie, ce qui faisait que l'homme n'avait besoin que de tirer la corde pour pendre la personne qui y était accrochée.

Ce petit instant lui suffit pour récupérer un peu d'énergie. Elle savait qu'elle n'avait pas d'autre choix que de tenter de brûler la corde si elle voulait se sauver. Elle commença à se concentrer, alors que la corde commençait à l'empêcher de respirer, puis elle jeta un trait de feu très faible sur la corde. Elle commença à fumer, Kunhadra souffla un peu et la corde pris feu. Elle lâchât, puis Kunhadra sauta du palier dans les jardins pour tomber sur la terre retournée, épuisée. Elle tentait de se lever, mais c'était pour elle un effort physique extrêmement douloureux et difficile. Elle avait perdue beaucoup trop d'énergie en se sauvant la vie, une nouvelle fois. Elle parvint toutefois à se lever, puis se traîner dans les buissons tandis que l'homme qui avait tenté de la pendre était partir du palier pour descendre par un autre chemin.

La porte s'ouvrit et la lumière aveugla un peu Atma qui s'était habitué à la noirceur de sa cellule après les heures passées à l'intérieur. Ognar entra, puis la pris encore aussi brutalement par les cheveux, pour ensuite la mener hors de sa cellule. Elle vit le chef seul dans la pièce.

« Pourquoi me sortez-vous ?

- Il faudra que je te le répète combien de fois que c'est moi qui pose les questions ici ? Bon, mon supérieur arrive. S'il te pose peu importe quel question, réponds la vérité et rapidement. Sinon tu finiras morte. »

Ognar la poussa pour qu'elle avance. Elle voyait des gardes arrivés, puis, Jerhyn ! Elle voulut crier qu'elle était retenue prisonnière, mais les gardes ne semblaient pas vouloir neutraliser le chef et Jerhyn ne semblait pas surpris ou inquiet de sa présence. Ognar lâchât Atma puis partit par où Jerhyn et ses gardes venaient d'arriver.

« Alors, dit Jerhyn au chef, elle a dit quelque chose ?

- Elle a dit à Greiz que nous avons brûlés le camp.

- Comment ? Atma, comment as-tu su que nous avions attaqués ce camp ?

- C'était donc vous ! Qui donc se serait soucié que notre roi pouvait être un criminel et donner l'ordre de tuer nos amies rogues ? Pourquoi l'avez-vous fait ?

- Je t'ai dit que tu ne poses pas de questions, rugit le chef.

- Calmes-toi, Klaurn. Elle m'amuse. Il est vrai que personne ne pouvait penser que j'aurais pu donner l'ordre d'attaquer ce camp. La raison pour laquelle je l'ai fait je ne te la dirai pas. Je sais que tu ne sortiras probablement pas vivante d'ici, mais un malheur peut toujours arriver. Maintenant que j'ai répondu à tes questions, réponds à la mienne.

- J'ai écouté vos subalternes parler lorsqu'ils étaient à mon auberge. Ils parlaient si fort que je ne suis probablement pas la seule à les avoir entendu.

- Qui d'autre les a entendus ?

- Je n'en sais rien, n'importe qui. Du moment qu'il passait près de l'auberge.

- Si tu m'as dit que tu n'étais probablement pas la seule à les avoir entendus, c'est que tu sais que quelqu'un d'autre les a entendus. Je veux savoir qui c'est.

- Je ne sais pas qui d'autre peux les avoir entendus, je vous jure.

- RÉPONDS ! S'exclama Klaurn.

- Tais-toi, Klaurn. Elle ne ment pas. Maintenant, pourquoi l'as-tu dit à Greiz ?

- Parce que vous lui avez donnés la mission de trouver...

- Continue.

- Mais ça n'a aucun sens. Pourquoi lui avez-vous donné la mission de trouver qui a attaqué le camp si vous en êtes responsable ?

- Aucune piste ne le mènera à moi. Même s'il sait que c'est notre clan qui l'a détruit, il ne saura jamais que je suis le chef. S'il trouve quelqu'un d'autre que notre clan, c'est cette personne qui subira toute les conséquences de cet acte.

- Heu, chef, dit timidement Klaurn.

- Qu'y a-t-il ?

- J'ai envoyé Naphor, Etheik et Algra pour le tuer.

- QUOI ? »

Atma eu un rictus au coin des lèvres. Elle voyait à présent comment leur clan était mal organisé. Mais son sourire disparu lorsqu'elle se rappela qu'elle ne sortira probablement jamais vivante de cet endroit.

« Rattrapes-les avant qu'il ne soit trop tard. Si Greiz meurt, ta tête et ton corps feront deux. Part maintenant et tâche de réussir. Greiz ne doit jamais se soucier qu'il est en danger.

- Bien, chef. »

Klaurn partit au pas de course. Jerhyn appela Ognar qui remit Atma dans sa cellule aussi brutalement qu'à son habitude.
Kunhadra se réveilla. Elle était toujours dans les buissons, probablement que son meurtrier ne l'a pas retrouvée. Il faisait très froid et très sombre, mais elle avait récupéré beaucoup d'énergie. Elle avait très faim et la gorge très sèche. Elle se leva, elle ne vit personne, puis elle commença à marcher en faisant le moins de bruits possible et en laissant le moins de traces possible. Elle contourna le palais, puis vit comment était Lut Gholein. Une grande cité, au bord de la mer, entouré d'un grand désert. Elle se dirigea vers la maison la plus proche du palais puis se blottit contre le mur sous la fenêtre.

Elle retira la corde autour de son cou, puis la jeta sur le sol. Déjà, elle savait qu'elle ne pouvait pas rester à Lut Gholein et qu'elle avait besoin de ses objets pour partir. Elle voyait le garde de la journée précédente tenir une torche et sortir du palais, mais elle fut surprise de voir qu'il ne se dirigeait pas vers l'arrière. Il était seul et s'engagea sur une rue. Kunhadra le suivit, seule dans le noir. Elle pouvait se guider grâce à la lumière de la torche tout en sachant que le garde ne la distinguerait pas dans l'obscurité de la nuit.

Il arpentait les rues alors que Kunhadra le suivait. Elle ne savait pas du tout où elle pouvait se rendre et ignorait le temps qu'il lui restait à le suivre. Elle savait qu'elle ne pouvait pas retourner en arrière, car elle se perdrait et serait fort probablement retrouvée par d'autres gardes, puis amenée dans une nouvelle prison à attendre l'heure de sa mort. Le garde bifurqua sur une nouvelle rue, puis, lorsque Kunhadra arriva à l'intersection, il avait disparu. Kunhadra s'allongea au mur de la maison la plus près, puis attendit. Elle ne savait pas ce qu'elle attendait exactement, que le garde ressorte, que la nuit se termine ou qu'elle trouve où il a put aller.

Elle se leva, puis commença à regarder un peu partout, l'oreille attentive au moindre son. Elle remarqua une trappe, mais elle n'avait pas entendu le garde bouger quoi que ce soit. Elle se pencha, puis sentit une odeur de poisson et de déchets qui provenait de sous la trappe. Probablement qu'elle avait été ouverte il y a peu de temps, mais cela peu encore remonter jusqu'au début de la journée. Elle ouvrit la trappe, l'odeur se fit plus forte et des pas se faisaient entendre de l'intérieur. Kunhadra passa la tête dans l'ouverture, puis remarqua qu'elle menait vers les égouts. Mais ils étaient plutôt bien organisés pour des égouts. Des couloirs, des torches aux murs et même le garde qui avait tenté de la tuer. Elle venait de le retrouver, dans les égouts. Elle descendit par la trappe puis se posa délicatement au sol, sans le moindre bruit. Le garde avait tourné sur un autre couloir. Kunhadra referma la trappe, qui ne fit aucun bruit, à son grand étonnement. Elle longea le mur du couloir jusqu'à l'intersection dans laquelle avait tourné le garde.

C'était un véritable labyrinthe. Des dizaines de couloirs partaient dans toutes les directions. Kunhadra ne voyait plus le garde et comme tout était éclairé, elle ne pouvait pas l'attendre sans un jour être découverte. Elle savait cependant qu'elle avait suffisamment d'énergie pour se défendre si elle en avait besoin. Elle prit le premier couloir sur sa gauche. Il était large et profond, mais elle voulait tout de même explorer un peu les environs. Il n'y avait aucun bruit de pas ou de paroles. Elle était seule avec bien des rats, comme dans tous les égouts. Elle marchait, jusqu'à une grande salle qui donnait sur beaucoup de portes. On aurait cru un donjon, mais elle ne savait pas si les portes donnaient sur des cellules. Elle entendit alors des bruits de pas derrière elle, ainsi que deux voix. Elle reconnue celle du maître qui a donné l'ordre au garde de la tuer, mais ne connaissait pas l'autre. Elle se dirigea vers sa droite, puis ouvrit la première porte. Elle s'engouffra dans la cellule noire à reculons, en laissant un faible rayon de lumière pénétrer. Elle posa sa tête sur le mur et regarda dans la salle.

Elle sursauta lorsqu'une voix derrière elle dit : « Qui êtes-vous ? Vous n'êtes pas avec eux ?

- Pardon ? Dit Kunhadra.

- Je suis Atma, j'ai été emmenée ici depuis je ne sais plus quand. Maintenant, qui êtes-vous ? »

Kunhadra hésita. Elle ne savait pas si elle devait donner son nom à une inconnue. Elle se dit que finalement, si elle était dans une cellule, elle ne voulait sûrement pas lui faire de mal.

« Je suis Kunhadra, répondit-elle tout bas.

- Êtes-vous venue me sauver ? Ou me tuer ?

- Ni l'un ni l'autre. Je me cache parce que je ne veux pas être repérée.

- Vous êtes une espionne ?

- Non. J'ai faillit être tuée par un garde. Mais j'ai réussi à me sauver grâce à mes talents de sorcière.

- Vous êtes une sorcière! S'exclama Atma. Êtes-vous la femme que Greiz a ramenée ?

- Je ne connais pas de Greiz, mais je ne sais pas comment je suis arrivée à Lut Gholein.

- Pourquoi deviez-vous être tuée ?

- Je ne sais pas trop. De ce que je comprends, j'en sais trop sur la destruction du camp des rogues. Mais tout ce que je sais, c'est qu'il est brûlé.

- Vous êtes bien la femme que Greiz a ramenée. Il est repartit vers le camp depuis quelques jours. Je crains pour sa vie.

- Et vous, comment êtes-vous arrivée ici ?

- J'ai été enlevée alors que je fermais mon auberge. Mes employés doivent se demander où je suis.

- Vous ne faîtes rien pour sortir ?

- Hélas non. Je ne peux pas tenter de fuir sans être tuée. Je ne suis pas une sorcière, je n'ai aucun talent en magie. Je ne sais pas me battre non plus.

- Pourquoi seriez-vous tuée ? Vous pouvez partir de la ville, aller à Tristram.

- Je ne connais personne ailleurs que dans cette ville si ce n'est que ceux qui voyagent. Et puis Tristram tombera bientôt, comme le camp des rogues.

- Pourquoi cela ?

- Je crois que c'est la prochaine ville que Jerhyn va attaquer.

- Jerhyn ? Ce n'est pas le maire de la ville ?

- Si, justement. C'est un peu pourquoi je ne peux pas m'enfuir.

- Mais, les citoyens ne font rien pour empêcher Jerhyn d'attaquer les autres villes ? Même qu'une fois le camp détruit, il devrait être pendu par le peuple.

- La plupart des gens ne savent même pas que le camp est détruit. Et s'ils le savent, ils ne sauront pas que Jerhyn est à la tête de tout cela. C'est même probablement lui qui a ordonné au garde de te tuer. Il doit maintenant avoir bien peur d'être découvert. Si les citoyens apprennent que Jerhyn a détruit le camp, il sera bel et bien tué. Il veut ta peau, Kunhadra. Il fera tout pour l'avoir. Tu n'es en sécurité nulle part.

- Je saurai me défendre si je devais de nouveau affronter la mort.

- Crois-tu que tu pourras tuer tous les mercenaires de Jerhyn ? Ils ont réussis à détruire le camp des rogues, alors une simple sorcière.

- Les rogues ne connaissaient pas la magie.

- Peut-être, mais je suis sure que tu n'aurais jamais pu détruire le camp. Les mercenaires de Jerhyn l'ont fait.

- Que devrais-je faire ?

- Je ne sais pas. La seule chose dont je suis plus que certaine, c'est que Jerhyn veut te tuer. Il ne veut pas que les citoyens sachent qu'il est l'auteur de la destruction du camp des rogues.

- Alors on devrait leur dire, aux citoyens.

- On ? Écoutes, je ne crois pas que je devrais te suivre. Si on échoue, nous mourrons toutes les deux. Et puis je ne ferai que te ralentir. Tu as l'air d'être une sorcière plutôt talentueuse.

- Je ne suis pas pour te laisser seule ici. Tu vas mourir sans nourriture.

- Ils me nourrissent. Je ne sais pas pourquoi mais ils veulent que je reste en vie. Par contre, s'ils savent que je me suis évadée et que je me trouve avec toi, ils voudront me tuer, moi aussi.

- Alors, on doit fuir la ville pendant le plus de temps possible.

- Oui, c'est une option. Nous pourrions aller trouver Greiz, puis lui expliquer tout. S'il n'est pas mort.

- Pourquoi serait-il mort ?

- Il y a un garde, supérieur aux autres, qui a envoyé trois de ses hommes le tuer. Jerhyn lui a ordonné d'aller les arrêter. Il veut que Greiz trouve un autre coupable pour que Jerhyn puisse attaquer autant de villes qu'il veut alors que tous craindront une personne ou un monstre innocent.

- Il faut tenter de le sauver, si le garde supérieur n'arrive pas à temps.

- Il s'appelle Klaurn. Et de toutes façons, nous non plus n'arriverons pas à temps. Toi peut-être, mais pas moi.

- Mais je ne saurais peut-être pas répondre à toutes ses questions.

- Je ne le pourrai probablement pas non plus. Et puis, comment veux-tu qu'on sorte de cet endroit ? Je ne sais même pas où nous sommes.

- Dans les égouts, je crois.

- Les égouts de Lut Gholein ? Mais c'est vrai! Ça explique cette odeur. Mais je ne savais pas qu'il y avait des cachots dans ces égouts.

- Moi non plus. Mais, si on veut sortir un jour, il faudrait peut-être y aller.

- Et ensuite ? On quitte la ville ?

- Oui, mais je ne connais pas le chemin jusque là.

- Je vais te guider. Mais je ne partirai pas chercher Greiz avec toi.

- Que vas-tu faire ?

- Je vais me cacher dans mon auberge. Il y a suffisamment de nourriture pour que je tienne deux semaines. Peut-être plus. Tu m'y retrouveras à ton retour. J'espère que Greiz seras avec toi. Il saura quoi faire, lui.

- Bon. Je vais pouvoir le trouver en quelques heures. Mais pour le retour, ce sera plus difficile. Je sais me téléporter, mais lui ne le sais pas. »

Kunhadra se retourna et regarda hors de la cellule par l'entrebâillement de la porte. Il n'y avait personne, elles pouvaient donc sortir sans avoir à combattre. Elle se tourna, face à Atma : « Nous pouvons y aller. Il n'y a personne.

- Alors, allons-y. »

Kunhadra ouvrit la porte. La lumière entra dans la cellule. Atma due se couvrir les yeux pour ne pas être aveuglée. La voie était bien libre. Kunhadra sortie, suivie par Atma. Elle vit pour la première fois comment était Atma. Une belle et grande femme, la peau blanchit par l'obscurité de la cellule et le manque de nourriture. Elle avait les cheveux un peu ébouriffés et les yeux injectés de sang. Sa robe habituellement pourpre était tachée de sang à plusieurs endroits. Elle n'était pas chaussée et ses pieds semblaient très fragiles, comme s'ils avaient été mangés par les rats. Kunhadra se demandait comment elle faisait pour tenir debout. Atma regardait partout autour d'elle, surtout vers le corridor. Il était libre, mais long. Elles devaient le traverser rapidement et sans bruit pour ensuite sortir et se diriger vers l'auberge d'Atma, tout près de l'entrée de la ville.

Kunhadra continuait d'observer Atma, jusqu'à se qu'elle lui dise : « Dépêchons-nous, ils peuvent arriver à tout moment. »

À ces mots, Kunhadra réagis. Elle pris l'initiative et commença à courir, tout en regardant si Atma suivait. Elle ne semblait pas éprouver de difficulté malgré sa force très diminuée. Elles ne prirent pas beaucoup de temps avant d'arriver au bout du couloir. Kunhadra voulu ouvrir la trappe, mais elle entendit une voix derrière elle : « Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ? »

Elle se retourna, puis vit un homme armé d'une lance qu'il brandissait de ses deux mains. Elle plaça ses bras à l'horizontal, perpendiculairement à son corps. Atma remarquait que Kunhadra bougeait légèrement les lèvres, avant d'être aveuglée par une vive lumière blanche. Elle se jeta au sol, sur le ventre, avant de risquer de regarder de nouveau. Elle vit Kunhadra qui la regardait et le corps de l'homme étendu sur le dos, sans vie. Elle se releva, Kunhadra ouvrit la trappe puis sortie. Elle tendit la main à Atma et l'aida à sortir à son tour.

Elles se retrouvèrent alors dans la ville, hors des égouts. La noirceur de la nuit les dissimulait, ce qui leurs permettaient de se déplacer dans les rues sans êtres trouvées. Kunhadra referma la trappe alors qu'Atma commença à se diriger vers son auberge. Les deux femmes arrivèrent enfin à l'auberge d'Atma. Atma contourna l'immeuble alors que Kunhadra la suivait, puis elle se rendit à l'arrière. Il y avait une porte plutôt délabrée. Elle était fermée, mais Atma l'ouvrit sans problèmes. Kunhadra suivit Atma à l'intérieur. Il faisait aussi sombre que dans la cellule, jusqu'à ce qu'Atma allume une bougie qui éclaira faiblement l'endroit. Atma referma la porte puis en ouvrit une autre. Kunhadra la suivit et elle se retrouva dans l'auberge, les chaises étaient montées sur les tables, tout était sombre. Atma monta à l'escalier à gauche du bar, faisant signe à Kunhadra de la suivre. En haut des escaliers, il y avait un long couloir avec des portes sur chaque côté.

« Ce sont les chambres, dit Atma.

- Et où comptes-tu te cacher pendant que je tenterai de retrouver Greiz ?

- Suis-moi. »

Atma s'engagea dans une chambre. Il s'agissait de l'antépénultième porte sur la droite. Kunhadra la suivit, elle fut surprise de voir Atma enlever un morceau du mur, la bougie déposée sur le plancher. Atma posa le morceau sur le reste du mur de droite, puis reprit la bougie avant d'entrer dans le mur. Kunhadra entra à son tour par le trou qui ne devait être que de trois pieds de haut. Elle vit un lit sur sa droite et un vide sur sa gauche. Atma s'engagea sur la gauche, toujours en faisant signe à Kunhadra de la suivre. Elles descendirent une échelle contre le mur, dans un carré d'environ deux pieds de largeur.

Une fois descendues, Atma ouvrit le mur comme dans la chambre, puis dit : « Ici, c'est la cuisine de mon auberge. J'étais la seule qui connaissait l'existence de ce passage jusqu'à ce que je te le montre. J'espère que tu te sens flattée. »

Kunhadra regarda Atma droit dans les yeux, puis commença à sourire alors qu'Atma pouffait faiblement.
Kunhadra se téléportait sans cesse, à la recherche de Greiz. Elle prenait la direction du camp, en prenant bien soin de regarder partout autour d'elle si Greiz n'y était pas avant de repartir. Atma lui avait fait une petite et rapide description, ce qu'il lui permettrait de le reconnaître facilement. Elle se rendit jusqu'au camp des rogues, sans avoir trouvé la moindre trace de Greiz. Elle eut soudain peur qu'elle n'ait pris trop de temps, que Greiz se soit fait tuer sans qu'elle n'ait pu intervenir. Elle repartit vers Lut Gholein, toujours en se téléportant, mais elle les espaçait moins. Elle mit plus d'une heure avant de trouver Greiz, alors qu'il combattait trois hommes à lui seul. Kunhadra sentit qu'il n'avait probablement pas besoin de son aide. Il était un très bon combattant à l'épée alors que les autres hommes avaient des lances. Il paraît les attaques de ses ennemis et tentait parfois d'en frapper un. Il réussit à briser la lance d'un des hommes qui lui lança son restant de bâton. Greiz le reçut au visage et tomba sur le dos. Un autre homme avança et leva sa lance pour l'abattre sur Greiz. Il parât l'attaque aussi bien qu'il sache le faire. Même couché, Greiz était encore un sacré combattant et difficile à tuer. Kunhadra savait au fond d'elle-même que Greiz ne tiendrait pas ainsi indéfiniment et qu'il sera probablement tué si elle n'intervenait pas.

Elle se téléporta près de la bataille et rassembla son énergie pour lancer une boule de glace sur l'homme qui attaquait Greiz. Elle le toucha et l'homme gela sur place, tomba et cassa. Kunhadra lança une boule de feu sur l'autre homme. Il tenta de l'éviter, mais la boule le toucha aux jambes et ses vêtements se mirent à brûler sur sa peau. Le troisième était en fuite. Elle le remarqua et plaça de nouveau ses bras à l'horizontale. Un grand jet de foudre toucha le dos de l'homme qui tomba, mort. Greiz se releva, puis donna un violent coup d'épée sur l'homme qui brûlait. Il lâcha son épée une fois qu'il savait que les trois hommes étaient morts, puis regarda Kunhadra.

« Vous êtes bien Greiz?

- Oui. Et vous, vous êtes la femme que j'ai ramené à Drognan?

- Je ne saurais dire la vérité, mais je suis persuadée que oui.

- Pourquoi me cherchiez-vous?

- Vous étiez en danger.

- J'ai remarqué.

- Atma m'a bien décrit votre apparence. Vous -

- Vous connaissez Atma? Coupa Greiz.

- Je l'ai connu sans le vouloir. Je suis rentrée dans une cellule pour me cacher, puis elle était là.

- Dans une cellule?

- C'est une histoire plutôt longue à raconter. Nous devrions retourner à Lut Gholein pour rassurer Atma.

- Attends! Avant de bouger, je veux savoir qu'est-ce qui est arrivé à Atma.

- Elle saura mieux le dire que moi, mais lorsque je l'ai trouvée, elle était enfermée dans les égouts sous la ville. J'ai réussi à la libérer et maintenant elle vit cachée dans l'auberge.

- Dans l'auberge? Il n'y a pas d'endroit où se cacher dans son auberge.

- Il y en avait un. Elle me l'a montrée. Nous irons la retrouver là. Je t'expliquerai ce qui se passe en route.

- Je peux savoir pourquoi Naphor, Algra et Etheik tentaient de me tuer?

- Ce sont ces trois cadavres?

- Oui. Trois anciens gardes de Jerhyn. Je ne comprends pas pourquoi ils en sont venus à le trahir et tenter de me tuer. Faisaient-ils parti du clan dont Atma m'a parlée?

- Je crois que tu ne sais pas vraiment quelle ampleur a ce clan. Atma pourra t'expliquer tout ça mieux que moi. Ce que moi je sais, c'est que je devrais être morte et que Jerhyn ne cherche qu'à me tuer.

- Crois-tu que Atma est vraiment en sécurité dans son auberge?

- Tu ne saurais jamais la trouver. »

À ces mots, Greiz resta sans voix et ne bougea pas un seul muscle. Kunhadra commença à marche, enjambant le cadavre devant elle, puis se retourna en voyant que Greiz ne la suivait pas. Elle resta quelques minutes à le regarder, alors que lui regardait les morts, d'anciens amis avec qui il s'était battu sous des températures inhumaines. Il s'assied sur le sable en croisant les jambes.

« Qu'y a-t-il? Demanda Kunhadra.

- Pourquoi? Pourquoi m'ont-ils attaqués? Ils étaient de bons et vieux amis. Pourquoi ont-ils trahi Lut Gholein?

- Greiz, je crois que tu devrais penser à tout ça une fois en sécurité.

- Quelqu'un d'autre cherche à nous tuer?

- Je ne sais pas pour toi, mais Jerhyn cherche à me tuer. Je crains fort qu'être seuls dans un désert ne soit pas la meilleure place pour se cacher de lui. N'oublie pas que son armée a réussie à détruire le camp des rogues.

- Alors pourquoi devrions-nous nous cacher? Ne serait-ce pas mieux d'aller tuer Jerhyn lui-même?

- Si tu le fais, que crois-tu qu'il va se passer ensuite?

- Je... J'en sais rien.

- Atma m'a dit qu'il n'y a pas d'habitants au courant de cette affaire. Comment réagiront-ils si tu tue Jerhyn sans leurs expliquer ton geste?

- Ils... voudront me tuer?

- Exactement. Et tu ne pourras pas fuir une ville entière. Lut Gholein enverra des messagers aux autres villes pour les prévenir de ta traîtrise alors que tu ne faisais que respecter la justice. Tu irais vivre dans des montagnes et des forêts à te cacher du reste du monde pour survivre. Tu ne crois pas que tu devrais être traité autrement de la part des villes que tu sauverais?

- Peut-être.

- Peut-être? Juste peut-être? Greiz, tu m'écoutes au moins?

- Oui... je crois. Mais, comment allons-nous nous y prendre? En attendant, c'est un peu comme si on avait tué Jerhyn. On se cache.

- Si on se cache, c'est pour avoir le temps de réfléchir. Une fois que nous saurons comment prévenir les villes de la traîtrise de Jerhyn sans qu'il ne s'en aperçoive et avec des preuves valables, il ne nous restera plus qu'à le tuer.

- Ce que tu dis. Ça explique tout! Ça explique pourquoi Jerhyn m'aurait menti à propos de Drognan, ça explique le fait que mes trois anciens amis m'aient attaqués, ça explique même pourquoi Jerhyn m'a demandé de trouver l'attaquant du camp.

- Au moins, tu me crois.

- Nous devons aller chercher Atma. Nous devrions nous rendre à Kurast par la suite. Nous ne pourrons pas rester à Lut Gholein tant que Jerhyn sera vivant. Nous aurons besoin d'aide, d'une personne sage. Nous aurons besoin de...

- De qui?

- Du dernier Horadrim!

- Bon. Je ne sais pas trop ce qui te prends, mais je ne vois pas du tout ce que tu entends par ce dernier Horadrim. C'est un humain, au moins?

- Oui! Aux dernières nouvelles il était à Kurast. Il est sage, il saura nous aider.

- Bon. J'ai deux questions à te poser : Comment veux-tu qu'on se rende à Kurast? Et sais-tu au moins comment il se nomme?

- Son nom est Deckard Cain. Par contre, pour aller à Kurast, il y a la mer Twin et la rivière Argentek à traverser.

- Et, évidemment, il n'y a qu'à Lut Gholein qu'on peut utiliser un bateau pour s'y rendre. Si nous tentons d'en voler un, Jerhyn nous pourchassera dans la journée qui suit, peut-être même dans l'heure qui suit, avec un bateau plus rapide et armé d'une vingtaine d'hommes. À vingt contre trois, c'est un peu risqué non?

- Le voyage est plus court qu'il ne le parait. Une journée, peut-être une journée et demi de bateau et nous y serons.

- Je continue de croire que Jerhyn nous rattrapera avant.

- Il y a deux autre moyens d'aller à Kurast. On peut passer par Kingsport, traverser la mer Twin et longer la côte Est vers le Nord, ou passer par les terres barbares, traverser le détroit entre ces terres et celles du Scosglen, le détroit est toujours gelé, puis redescendre vers le sud sur la côte Est. Il ne nous restera plus qu'à traverser la rivière Argentek pour nous rendre à Kurast.

- Ils sont un peu longs, tes chemins.

- C'est ça ou voler un bateau à Lut Gholein. À toi de décider.

- Je ne déciderai pas. Nous déciderons ensemble, Atma, toi et moi.

- Alors, allons-y, à Lut Gholein. »

Greiz rattrapa Kunhadra et ils marchèrent dans le désert en direction de Lut Gholein. Il n'y eu aucun autre ennemi qui les dérangea. Kunhadra avait suffisamment récupéré, elle pouvait retourner au palais et prendre ses affaires en utilisant sa magie sans que les gardes ne la voie.

Ils allèrent à l'auberge par le chemin qu'Atma avait montrée à Kunhadra, alors que Greiz semblait perdu. Il suivait Kunhadra comme elle avait suivit Atma quelques jours plus tôt. Atma les attendais hors de la chambre, dans le couloir. Elle était accoté au mur et semblait dormir, mais elle ouvrit les yeux lorsqu'elle entendit l'escalier craquer. Elle fondit sur Greiz, laissant quelques larmes couler sur ses joues. Kunhadra se croyait de trop, jusqu'à ce qu'Atma lui dise : « Merci, Kunhadra.

- Ce n'est rien. Il s'en serait probablement sorti tout seul.

- Vous avez eu à combattre? Demanda Atma, un peu effarée.

- Un peu, oui, lui répondit Greiz. Trois de mes anciens élèves. Ils sont devenus de fiers guerriers, mais ils avaient de mauvaises intentions.

- Écoutes, Atma, nous avons un peu parlé Greiz et moi. Nous croyons que le mieux serait d'aller à Kurast pour voir Deckard Cain.

- C'est exact, renchéri Greiz. Deckard Cain est un sage Horadrim. Il saura probablement nous aider lorsque nous lui exposerons le problème.

- Comment comptez-vous y aller? Demanda Atma.

- Nous? Dit Greiz. Je ne veux pas que tu restes seule ici, Atma.

- Déjà que tu es restée ici pendant que je cherchais Greiz. Tu es aussi importante aux yeux de Jerhyn que Greiz ou moi. S'il te trouve, il te fera dire où nous sommes et probablement comment nous nous y rendons. Tu dois venir.

- Mais, je ne suis pas faite pour être aventurière. Toi, Kunhadra, tu connais la magie mieux que tout. Tu n'as pas peur de te défendre et de tuer ton adversaire au besoin. Toi, Greiz, tu connais si bien l'art des armes que tu l'enseignes aux autres. Tu es même capable d'affronter de tes anciens élèves. Alors que moi, je suis bonne pour servir de la bière et des repas, écouter les conversations inutiles entre les clients. Je ne saurais vous aider si je pars avec vous.

- Par contre, si tu ne viens pas, tu sauras nous nuire, dit Greiz.

- Je ne crois pas que Jerhyn pourra me trouver ici. J'ai de quoi tenir pour bien des jours aussi.

- Il n'y a pas que ça, Atma. Si tu restes, nous nous inquiéterons pour toi. Si en plus il fallait que Jerhyn te trouve, je ne voudrais pas avoir à te retrouver morte à mon retour. Je t'en pris Atma, viens avec nous.

- Je... ne crois pas avoir d'autre choix. Si je vais avec vous à Kurast, c'est bien parce que vous ne voulez pas que je reste ici. Mais, j'aimerais toutefois avoir une certaine utilité.

- Nous ne serions pas revenus aussi vite si tu n'en avais pas, Atma, dit Kunhadra. Nous avons élaborés les trois routes envisageables. Tu sauras nous aider car il y a deux de ces routes qui durent une ou deux semaines, alors que l'autre est trop dangereuse.

- Quelles sont ces routes?

- La première, dit Greiz, c'est le Nord. Nous passerions par le détroit du Scosglen pour redescendre sur la côte est et contourner la rivière Argentek. Le voyage s'effectuera en plus de deux semaines, probablement.

- La seconde, dit Kunhadra, c'est d'aller à Kingsport, de traverser la mer Twin en bateau et de longer la côte Est vers le Nord et d'entre dans la rivière Argentek pour se rendre à Kurast ainsi. Je te laisse deviner la troisième.

- Voler un bateau à Lut Gholein?

- Exactement! Greiz dit que c'est possible. C'est le chemin le plus cours, deux jours au plus. Mais je crois vraiment que Jerhyn nous pourchassera et nous rattrapera avant même que nous n'entrions dans la rivière Argentek. Je ne crois pas en la possibilité de cette route.

- Attendez, je crois qu'enfin je trouve mon utilité. J'ai un client à l'auberge, il va souvent à Kurast pour chercher de la marchandise et la ramener à Lut Gholein. Il retourne à Kurast pour rapporter ce qu'il n'a pas vendu ici et prendre d'autre marchandise. Il saura probablement vous emmener à Kurast et Jerhyn ne sera pas alerté puisque vous ne volerez pas de bateau.

- Crois-tu qu'il acceptera? Demanda Greiz.

- Je crois, oui. Il vient périodiquement à l'auberge et je m'en suis fait un ami. Son nom est Meshif.

- Il part quand pour Kurast? Demanda Kunhadra.

- Demain ou après-demain. Peut-être aujourd'hui. Je ne suis plus trop sûre de quel jour nous sommes, mais je sais qu'il n'est pas encore parti. Je l'ai vu tout à l'heure.

- Attends, dit Greiz. Tu es sortie de l'auberge aujourd'hui?

- Je suis restée derrière l'auberge. J'ai pu voir Meshif, mais je n'ai pas vu son bateau. Il ne devrait pas partir aujourd'hui, mais ce n'est pas impossible.

- Bien, dit Greiz quelque peu soulagé. Je crois qu'aucun de nous trois ne peut aller le voir s'il y a des gardes. Kunhadra, puisque tu sais te téléporter, veux tu y aller?

- Même si je ne voulais pas, je n'aurais pas vraiment le choix.

- C'est exact. Si des gardes te prennent en chasse, enfuis-toi mais ne reviens pas à l'auberge. S'ils savent que nous sommes ici aujourd'hui, demain, Atma et moi seront morts.

- Ça va, Greiz, je sais comment me débrouiller. Ne crains rien, je ne suis même pas sûre qu'il y aura des gardes qui sauront me voir. Mais, on n'est jamais trop prudent, c'est vrai. Par contre, si j'ai à fuir, comment vais-je faire pour vous prévenir? »

Atma regarda Greiz qui ne semblait pas savoir répondre lui non plus.

« Je crois, dit Atma, que si tu as à fuir, nous aurons aussi à fuir.

- Donc, renchérit Greiz, si tu ne reviens pas pendant un certain moment, nous partirons de Lut Gholein Atma et moi. Nous irons vers Kingsport. Si nous ne nous retrouvons pas en route, nous nous retrouverons dans cette ville.

- Ça me semble bien, dit Kunhadra. Je vais y aller. S'il y a juste un ou deux gardes, je m'enfuis?

- Ce serait peut-être mieux, quoique nous auront peut-être à les tuer une autre fois.

- Alors je ne m'enfuirai pas. S'il y en a plus que cinq, je pars. Sinon, je les anéantis et je retrouve Meshif. »
Aucun commentaire - [Poster un commentaire]
Il n'y a pas de commentaire. Soyez le premier à commenter cette histoire !

Poster un commentaire

Vous devez vous identifier pour poster un commentaire.
Nombre de visites sur l'accueil depuis la création du site Diablo II : 42.984.587 visites.
© Copyright 1998-2024 JudgeHype SRL. Reproduction totale ou partielle interdite sans l'autorisation de l'auteur. Politique de confidentialité.