Fanfiction Diablo II

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L'Anneau de Berenhar

Par Qaillate
Les autres histoires de l'auteur

Prologue : Le Rhanatêk

Chapitre 1 : La guerre qui consume tout

Chapitre 2 : La lignée damnée

Chapitre 3 : Le dernier empereur

Chapitre 4 : L'héritage des rhanaks

Chapitre 5 : V-2000 ans plus tard

Chapitre 6 : La voix de la lumière

Chapitre 7 : Trois ans s'écoulent

Chapitre 8 : La découverte de la destinée

Chapitre 9 : Le choix des gardiens

Chapitre 10 : L'entraînement de Barnor et Leno

Chapitre 11 : Nouveaux pouvoirs

Chapitre 12 : Le départ

Chapitre 13 : Pandémonium

Chapitre 14 : Dans les flammes

Chapitre 15 : Retour aux terres mortelles

Chapitre 16 : Erghard s'en va

Chapitre 17 : Une piste

Chapitre 18 : Première bataille

Chapitre 19 : Ylln

Chapitre 20 : La capture du fort

Chapitre 21 : Scosglen

Chapitre 22 : Cendres

Chapitre 23 : Azmodan

Epilogue : l'anneau, le sang, la vengeance

A l'aube de Sanctuary, à une époque ancienne de plusieurs millénaires, apparut une puissance, une nation telle que les plus fabuleuses richesses du Westmarch ou du Khanduras ne paraîtraient que vétilles et babioles si on les eus comparées au fruit de la puissante économie de cette nation, si toutefois la comparaison fut possible. Ce pays, appelé aujourd'hui le Rhanatêk, fut à la fois le berceau de l'humanité, de la civilisation et de la magie humaine. En effet, les forces divines et infernales, opposées par le grand conflit, ne se souciaient guère du destin des hommes.

Lorsque le Rhanatêk fut parvenu à son apogée(qui semblait interminable, car le pays fut épargné par la décadence qui frappe aujourd'hui les empires orientaux), les démons furent tentés de corrompre les rhanâks , mais ceux-ci résistèrent à la tentation démoniaque ; furieux, les démons premiers décidèrent d' étendre la corruption infernale aux tribus primitives, marquant la première campagne de la guerre du péché. Les démons lancèrent alors les primitifs corrompus dans une guerre contre le Rhanatêk. Les soldats rhanâks, peu entraînés au combat, ne durent leur victoire que grâce aux objets magiques qu' ils possédaient. En effet, les mages rhanâks, face à la nécessité de la guerre, tentèrent d' ensorceler des armes afin de les rendre plus puissantes. Cet évènement marqua la naissance des forges enchantées du Rhanatêk.
Le métier de forgeron attirait de plus en plus de jeunes rhanâks, la plupart des autres se dirigeant vers l' art de la guerre, car celle-ci sévissait toujours. Aux forges de Rhanatêk étaient créés de très puissants artefacts à partir de vulgaires armes faites d' acier et de bois. Lorsque les enfers découvrirent cette intense activité guerrière, les démons s'en réjouirent et s'en inquiétèrent à la fois. Ils s'en réjouirent car ils savaient que ce nouveau penchant pour la guerre entraînerait les rhanâks à convoiter les territoires voisins, amorçant ainsi l'inexorable déclin du Rhanatêk. Lorsque le plus puissant royaume créé par les humains s' effondrera, l'humanité entière servirait les enfers, oeuvrant pour la défaite de la lumière et le règne des ténèbres. Les démons premiers envoyèrent donc des légions infernales traçant définitivement le destin des rhanâks quelle que soit l' issue du combat. Malgré tout le savoir et la sagesse de leurs mages et la dextérité et la force de leurs soldats, les rhanâks furent battus par les démons. Ceux-ci occupèrent le Rhanatêk pendant plusieurs décennies. Les Trois eux-mêmes vinrent fouler le sol de la Grande Cité( car le Rhanatêk n' était un empire à proprement parler mais une gigantesque ville ,qui aurait pu recouvrir le Westarch, le Khanduras et l' Aranoch). Les trois nommèrent un grand démon, Daehkrak, à la tête de la cité. Celui-ci régna en tyran pendant 77 ans. Durant la soixantième année du règne de Daehkrak naquit un enfant en apparence comme tous les autres ; cet enfant se prénommait Barahor. Il allait changer le destin du Rhanatêk et des rhanâks.

Barahor ruminait des idées de vengeance contre les démons. Comme tous les garçons de son âge, il voulait bouter les démons hors de son pays et rendre son peuple libre. Mais contrairement aux autres, il serait le seul à concrétiser ses rêves. Alors qu'il n' avait que 4 ans Barahor put apprécier la cruauté des démons à travers le barbaresque châtiment réservé au conspirateurs .Ce jour-là, Barahor ainsi que toute la population du Rhanatêk fut contraint d' assister à la mise à mort par écartèlement de son propre père, qui avait été surpris en train de fabriquer clandestinement une arme magique. A l'âge de 17 ans Barahor mena une grande révolte afin de détrôner les démons. Au coeur du combat, il s' était retrouvé seul face à face avec Daehkrak. Il vainquit celui-ci après un combat acharné qui dura plusieurs heures. Avant de rendre son dernier souffle, Daehkrak en appela à la puissance d' Azmodan, seigneur du péché.

- ô Azmodan, maître des péchés, seigneur des lacunes humaines, déchaîne ta puissance sur ce ver qui conteste ton autorité toute-puissante ! Condamne ce misérable et sa descendance à succomber au pire des péchés ! damnés soient-ils tous !

Barahor ne se préoccupa nullement de ces paroles et sorti au dehors afin d' annoncer la grande nouvelle à ses amis et leur prêter main forte. Mais ce qu'il vit alors dépassait le fruit de toutes ses espérances ; partout les rhanâks étaient vainqueurs sur les démons. Les quelques créatures en déroutes étaient furieusement poursuivuies et abattues .La vie pouvait reprendre à Rhanatêk . Etant donné que les anciens dirigeants étaient morts, Barahor se proclama empereur sous le nom de Barahor1er. Barahor Iyarmish était mort. La malédiction de Daehkrak commençait à se réaliser.
Barahor 1er dirigeait le Rhanatêk d'une main de fer. Mais lui et ses successeurs eurent tous un défaut : ils étaient tous excessivement orgueilleux. Certains avançaient q'il s'agissait d'une malédiction lancée par un être malfaisant au temps où le Rhanatêk était possédé par les démons, d'autres que c' étaient simplement un trait de caractère familial. Le cours des évènements donna par la suite raison aux premiers.

Il s'avéra en effet que le même orgueil se retrouva chez les descendants de Barahor 1er, Bearhôr, Ëarhor ,Ëriyak ,Riyak, Reyôhn ,Behreyùn. Chez ce dernier le péché d'orgueil était tellement présent que de nombreuses personnes le fuirent et partirent dans des provinces reculées de l'empire. Behreyùn convoitait de nombreux territoires voisins et commandita une armée pour conquérir les royaumes naissants Entsteig, Kehjistan, et Gondor (1). Les sages rhanaks s'en inquiétèrent et désapprouvèrent les décisions de l'empereur mais ils furent bannis de l'empire.

L'Entsteig et le Kehjistan conclurent une alliance (le Gondor c'était une connerie c'est pas dans l'histoire) contre le Rhanatêk, aidés par le clan des mages taans qui étaient aussi puissants que les mages rhanaks. La guerre fit de nombreuses victimes et coûta cher à chaque camp. Jamais les forges du Rhanatêk n'avaient été aussi débordées. Au terme de nombreuses batailles l' Entsteig tomba et le Kehjistan fut très faible. Le Khanduras et l'Aranoch s'allièrent au Kehjistan car les deux royaumes étaient menacés par l'avancée du rhanatêk.

Le Westmarch vint aussi grossir les rangs de la nouvelle alliance. Après le décès de Behreyùn, ce fut le général Reqar qui assura l'intendance de l'empire jusqu'à la maturité du dauphin. Le Khanduras, puis l' Aranoch et le Westmarch tombèrent les uns après les autres. Mais les années de guerre avaient considérablement affaibli le Rhanatêk, et le Kehjistan à force de nombreux assauts éclair, parvint à infliger des pertes incroyables à l'ancien empire déjà très faible. Aucun traité de paix ne fut signé entre les deux camps, mais la guerre cessa pour la simple raison que les deux nations n'avaient plus de troupes à envoyer. C'est à ce moment que les enfers décidèrent de frapper.

Les démons premiers envoyèrent des troupes en nombre considérable sur le Rhanatêk. Le tout jeune empereur Berênhar ne pu pas faire grand chose contre ces assauts. Il savait que le temps du Rhanatêk était révolu et que les jours de son empire étaient comptés.

1 : ah non ça c'est le seigneur des anneaux.
Berênhar fut de tous les empereurs rhanaks le plus sage et le moins orgueilleux. Il fut aussi le dernier. Il savait que son empire était condamné, mais se refusait à admettre qu'il pu sombrer dans l'oubli. Il fit entraîner tous les jeunes hommes de 20 ans et même certaines femmes volontaires. Berênhar ordonna qu' une arme enchantée soit créée pour chaque combattant rhanaks. Il créa la légion de Rhénaryiviz, une légion formée uniquement de mages combattants. Quant aux Raêvizs, les plus érudits de tous les mages rhanaks, Berênhar eu l'idée d'envoyer des patrouilles dans les terres avoisinantes afin d'empêcher que les démons infernaux ne puissent créer de passage vers la terre mortelle.

Ce qui restait du Kehjistan (c'est-à-dire des villages brûlés ,des ruines calcinées et des survivants terrorisés, le tout dirigé par une poignée de rescapés de guerre qui tentent vainement de rétablir une quelconque autorité sur un pays en proie aux pilleurs et aux brigands) refusa, ce qui était prévisible, la proposition d'alliance de Berênhar. Le Rhanatêk resta ainsi des semaines, en attente, l'oeil aux aguets, attendant des nouvelles des éclaireurs ou des raêvizs.

Deux mois plus tard, alors que la vigilance des rhanaks commençait à se relâcher, la ville fut attaquée de nuit, aussi soudainement que brutalement. Mais la garde réussit de justesse à contenir les cinq-cents démons assoiffés de sang au moment où ceux-ci parvenaient à enfoncer la porte. Un nouveau mois s' écoula avant que n'arrive l'homme blessé.

- Laissez-moi passer, vite je dois parler à l'empereur de toute urgence... j'ai une très mauvaise nouvelle dit l'homme dans ce qui semblait être à la fois un murmure et un cri. Sa voix était rauque et semblait avoir beaucoup de difficulté à parler.

- Qui êtes-vous et que voulez-vous demanda le garde à l'homme en manteau de rôdeur. -Ne me faites pas perdre de temps, stupide garde. Il sera bientôt trop tard alors laissez-moi passer je dois voir l'empereur immédiatement ! tonna l'inconnu.

- Parlez autrement à un garde de Rhanatêk, lui répondit le soldat qui se méfiait de plus en plus de cet inconnu, et identifiez-vous, ou j'appelle des renforts et vous serez abattu à vue !

- Je suis un raêviz et je dois voir l'empereur maintenant !

- C'est ça et moi je suis l'impératrice M...
Le garde ne put achever sa phrase car à ce moment l'inconnu sorti de son manteau un bâton et envoya une énorme boule de glace sur le soldat, qui se retrouva paralysé.

- Stupide fou insouciant, termina le mage.

Il se téléporta ensuite dans la salle du trône et annonça l' exécrable nouvelle à l'empereur.
- Quoi ! Les démons vous ont vaincus et ils marchent sur notre nation !hurla l'empereur.

- Ils nous ont submergés grâce à leur passage... commença le mage.

- Un passage ! mais vous deviez empêcher que cela se produise !poursuivit Berênhar.

- Mais nous avons échoué. J'ai accouru ici mais un garde m'a retardé.

- La peste soit de cet inconscient ! Avez-vous une quelconque idée de leur nombre ?

- Malheureusement non. Probablement plusieurs milliers. Peut-être plus...

- Nous devons mobiliser nos forces le plus rapidement possible et les envoyer là-bas. Les démons ont du établir un avant-poste. Nous devons frapper avant. Quant à vous, allez aux maisons de guérison.

- Seigneur, je me permets de vous conseiller d'attendre que l'armée démoniaque sorte de son avant-poste. Ils préparent sans doute des pièges pour votre armée dans leur base. Je vous conseille plutôt un affrontement en plein air sur un champ de bataille, comme dans l'ancien temps.

- Lazarian...

- Oui ?

- Guérissez vite . Nous aurons tous besoin de vous.

Le lendemain des espions furent envoyés surveiller les démons de près. Ils ne revinrent pas. Berênhar choisit finalement de patienter jusqu'à l'attaque. Celle-ci ne se fit d'ailleurs pas attendre. Lazarian avait eu raison : 7 000 démons en rangs ordonnés, des balrogs, des chevaliers de l'oubli, des seigneurs venimeux, des combattants apocalyptiques, des invocateurs de tempêtes, des démons abyssaux, des légions de morts-vivants et bien d'autres horreurs. Le Rhanatêk envoya de son côté 1 légion de Rhénaryiviz formée de 800 mages entraînés au combat , un corps de 2200 cavaliers, une armée d'infanterie de 4000 soldats et 1000 archers. Au total, 7000 démons contre 8000 combattants. Les rhanaks réussirent à mettre les démons en déroute , tout en subissant eux-mêmes de grandes pertes .Tous les cavaliers et les archers avaient été vaincus, il ne restait qu'une centaine de mages et quelques combattants, environ 400. Le fait le plus étrange est qu' au lieu des 14 500 cadavres qu'ils auraient du trouver(15 000 combattants, démons et humains, moins 500 survivants), ils en découvrirent 18 000 ; personne ne trouva d'explications à ce phénomène. Et personne n'eut le temps de faire une enquête, car les démons ne tardèrent pas à retourner à l'assaut. La menace de la guerre était omniprésente, et Berênhar convoqua les grands conseillers pour prendre des décisions.

- Majesté, je pense qu'il faut voir les choses en face : la suprématie du Rhanatêk est terminée, affirma Lazarian.

- Mais nous ne pouvons pas laisser les démons dominer notre monde, rétorqua Rhôr, un des conseillers impériaux.

- Il reste toujours le Kehjistan, proposa Niriak, un autre conseiller .La situation est en train de se stabiliser là-bas. Nous pourrions y envoyer nos troupes et notre peuple afin de pouvoir faire corps contre l'ennemi.

Mhanek pris la parole à ce moment :

- Leur gouvernement ne voudras jamais, c'est impossible...

- Il faudra bien faire quelque chose, l'interrompit Orak d'une voix goguenarde, à moins que vous ne préfériez vous laisser abattre par les démons les bras croisés sans rien dire.

- N' avez-vous donc pas d'idées, Lazarian ,questionna l'empereur ?

- Si, mais j' écoutais les propositions des autres en espérant qu' ils trouvent une autre alternative que la mienne qui n'est pas très réjouissante.

- Proposez la donc, nous jugerons si elle est applicable... insista Berênhar.

- Notre empire est voué à disparaître, mais nous nous devons d'assurer la survie de l'humanité. Je propose que nous envoyions des personnes importantes, des membres du haut conseil par exemple, dans les limites de l'empire qui constituaient autrefois les royaumes de Westmarch, Khanduras, Aranoch et Entsteig. Ils seront nommés à la tête de petites communauté chargées de restaurer ces royaumes lorsque la paix sera revenue et le Rhanatêk défait. Nous devrons donc nous charger d'éliminer le plus d'ennemis possibles afin que les communautés puissent accomplir leur devoir dans le plus grand secret.

- Mais je refuse, s'interposa l'empereur, que mon empire sombre dans l'oubli et soit occupé par les démons !

Les conseillers se montrèrent plus favorable au plan de Lazarian :

- Je pense que c'est une bonne idée, et que ce se Lazarian qui mène les groupes de survivants, car c'est lui qui en a le seul mérite, dit Niriak au nom de tous les conseillers.

- Je préfère de loin assister le roi jusqu'à la fin de son règne. Et afin d' éviter que notre empire sombre dans l'oubli, je propose que l'empereur lui-même forge un artefact surpuissant, qui sera conservé en souvenir du Rhanatêk.

- Mais cet artefact pourrait être dérobé par des pillards...

- Pas s'il est gardé...je connais un sortilège très puissant qui pourrait empêcher cela.

Lazarian expliqua que ses recherches l'avait amené à découvrir un très puissant sort qui rendrait la personne voulue presque immortelle, en lui faisant conserver son énergie son apparence au moment de l'application jusqu'à ce que sa tâche soit accomplie.

Après moult débats, le haut conseil adopta les décisions suivantes :Des communautés de survivants seraient formées dans le plus grand secret et envoyées à l'emplacement de chaque ancien royaume. Un membre du haut conseil dirigerait chacune des communautés. Mhanek irait en Aranoch, Orak en Entsteig, Niriak en Westmarch et Rhôr en Khanduras. Le Rhanatêk enverrai des troupes afin d'escorter des mages qui devront fermer la porte utilisée par les démons pour recevoir des renforts, tandis qu'une légion d'infanterie créerait une diversion. Aux forges du Rhanatêk ,Berênhar forgerait lui-même un anneau à son nom. Cet anneau serait placé par la suite en lieu sûr et sous bonne surveillance.

L'histoire du Rhanatêk était définitivement et irrémédiablement tracé.
Menarnar sortait avec difficulté du sommeil . Son jeune frère Miniryak dormait toujours profondément. Il repensa alors à l'histoire que leur avait raconté leur père hier soir, une histoire d'un pays dont il ne se souvenais plus le nom ; Rhetatak, Rhatatek, quelque chose comme ça. Mais il se souvenait bien de la dispute entre son père et sa mère lorsqu'il était couché. Sa mère avait crié sur son père, elle avait dit"Pourquoi tu leur a parlé de ça, il son beaucoup trop jeunes !"et son père avait répondu"Menarnar est déjà suffisamment grand et Miniryak le sera bientôt également". Menarnar n'avait entendu la suite et n'eut pas le temps d'y repenser car sa mère venait le réveiller.

- Il est l'heure de te réveiller Menarnar, ou tu vas être encore en retard au lycée.

- J'aime pas le lycée. C'est ennuyeux ces histoires de lumière et de démons.

- Tu dois aller au lycée de Zakarum pour apprendre tout ce qui...

- Est nécessaire pour devenir un prêtre de Zakarum. Mais je ne veux pas devenir prêtre, je veux être un héros, comme celui qui a vaincu Diablo et Méphisto,ou l'autre qui a tué Baal. Je veux aussi sauver le monde et devenir l'ami des archanges.

- En attendant tu n'as que 12 ans tu vas te contenter d'aller à tes cours ou sinon je vais me fâcher et je vais appeler les barbares surveillants et ils t'emmèneront au lycée en te soulevant par une oreille.

Menarnar se leva en grommelant, pestant contre les barbares surveillants, le lycée de Zakarum et l'injustice du monde. En sortant, il entendit indistinctement un"Il est l'heure de te réveiller, Miniryak",suivi d'un soupir de fatigue qu'il attribua à son frère.

Menarnar avait 12 ans, il était donc né l'année même de la mort de Baal. Il allait au lycée de Zakarum, seul bâtiment scolaire dans les environs. Il est vrai que le nord du Kehjistan n'était pas un endroit très peuplé. Il avait la chance d'être né après la période du sang. A présent, de nombreux pays avaient des bons dirigeants, et n'étaient plus des terres désolées sans autorité ni loi."A présent, le Westmarch et le Khanduras, unifiés, étaient dirigés par le roi Grihor et la reine Ercala

L'Aranoch avait conservé son ancien calife et les ruines de l'Entsteig étaient divisées en 3 parties appartenant à ces 3 pays. La totalité des hordes barbares étaient regroupées en une nation dirigée par l'intendance du roi Besakir et de la matriarche Raszagal (1) de la matriarche Elly, en attendant le retour du roi (2) Kratenbo descendant de Bul-kathos et sa femme. Seule la ville d' Harrogath étaient autonome et dirigée par Hosrok, descendant de Hast et sa femme Anya. Dans le sud, les elfes avaient obtenus leur indépendance et le Kehjistan était dirigé par le conseil des rescapés(dont les membres les plus connus sont Hratli, Ormus, Meshif, Asheara... ). Les druides étaient commandés par le roi-guerrier Nek. Le Khanduras avait récemment été attribué à Treng-Al et sa femme Natila. Les îles amazones étaient quant à elles menées par les intendants Vedila et Ke-lok'tan en attendant le retour de la princesse Minoka et de son homme Kratenbo."

En allant à l'école, Menarnar révisait mentalement sa leçon de géographie. En allant à l'école, Menarnar pensait qu'il commençait une journée normale et ennuyeuse.

1 :toute ressemblance avec le nom d'un personnage d'un autre jeu de blizzard est fortuite.
2 :toute ressemblance avec le titre d'un livre de J.R.R.Tolkien est également fortuite.
Ce matin, le professeur leur parla des démons premiers. Il allait devoir retenir leurs noms et leur fonction. Cette perspective le fatiguait d'avance ; il haïssait devoir apprendre et retenir des choses inutiles. Il préférait de loin se battre contre des animaux sauvages et d'autres enfants de son âge. Dans sa classe se trouvait son parfait opposé, Rêlmen, un enfant particulièrement morne et studieux. Lorsque le professeur demanda aux élèves quels étaient les noms des grands démons, Rêlmen fut le premier à répondre :

- Il y a 4 démons secondaires : Duriel, prince de la douleur, Andarielle, maîtresse de l'angoisse, Azmodan, seigneur des péchés et Belial, seigneur de la duperie. Il y a aussi 3 démons primaires : Diablo, seigneur de la Terreur, Méphisto, seigneur de la Haine et Baal, seigneur de la destruction. Andarielle, Duriel, Méphisto, Diablo et Baal ont été tués par un groupe d'aventuriers.

- Mais alors Belial et Azmodan sont toujours en vie, monsieur, s'éveilla brusquement Menarnar ?

- Oui, lui répondit son professeur. Ils vivent toujours. Mais probablement plus pour longtemps.

- Maintenant les démons sont très affaiblis alors les forces de la lumière pourront les écraser.

- Si on compte sur les archanges, on peut attendre une éternité, il ne font jamais rien !Il n'y a que Tyrael , s'écria Noonrac, qui fait quelque chose !

Le professeur les ramena à l'ordre :

- Calmez vous tous ! La Lumière protège les mortels ! Noonrac, sachez que les forces du bien veillent sur vous, même si vous ne le savez pas ! Mais ne vous éloignez pas de la Lumière ou ils cesseront de vous protéger.

- Vieux grigou gâteux et fanatique. Lumière de mes fesses qui a laissé crever ma famille en soi-disant veillant sur eux ,murmura Noonrac, ces archanges ne sont que des incapables !
Mais le professeur avait entendu :

-NOONRAC DEHORS DE MON COURS ! FICHEZ-MOI LE CAMP D' ICI !

Mais Noonrac n'eut pas le temps d'obéir à son professeur, car à ce moment une lueur jaillit de nulle part et dit

- Nul ne bafouera la Lumière sans être châtié !
La lueur disparu aussitôt mais un éclair bleuté aveuglant traversa le plafond et frappa Noonrac de plein fouet. Il ne resta plus du garçon que des habits, desquels s'échappa un crapaud terrorisé(1).
Le professeur voulu rompre le silence, mais ne trouva rien à dire.

- ...

Personne n'osa parler durant plus d'un quart d'heure. Après ce jour, Menarnar resta changé à jamais.

1 : NON, MON HISTOIRE N'A RIEN A VOIR AVEC HARRY POTTER !

Ajout de l'auteur post-scriptum (ça l'fait le latin, non?) : bon c'est vrai que ce chapitre apporte pas grand chose à l'histoire mais je me rattraperai !
- Menarnar ! Maintenant tu vas te mettre à bosser compris ! Tu as intérêt à faire ton travail de maison ! Sinon c'est moi qui vais t'y forcer beugla Merenhyor !

- Non, je veux pas, répondit l'intéressé.

- Tu vas le faire ou tu vas encore redoubler ton année.

- M'en fout.

- Tu vas voir !

Cette fois Merenhyor était à bout. Il cessa de proférer de vaines insultes et entra dans la pièce de son fils silencieusement. Celui-ci était allongé sur son matelas. Il plongea sur Menarnar et lui asséna un formidable coup de poing dans le ventre, mais ce dernier riposta en envoyant son père valser à plus de deux mètres. Merenhyor revint à la charge. Il plaqua son fils au sol mais celui-ci se dégagea et lui répondit par un puissant coup dans la mâchoire. Le combat dura environ cinq minutes. Menarnar tenta de frapper son père au visage mais celui-ci esquiva le coup et avec une force effroyable, souleva son fils de 15 ans par le bras et l'envoya voler ; Il atterrit sur un tas de foin à plus de cinq mètres de là. Puis il s'approcha de son fils et lui dit :

- Tu es encore trop prévisible. C'est pas demain la veille que tu battras ton vieux. Et maintenant fais ton boulot ou tu auras affaire à ta mère, qui est beaucoup plus dangereuse, dit-il avec sourire entendu et amusé, auquel répondit une joyeuse bourrade de son fils.

En sortant de la chambre, il ne vit pas la jambe traîtreusement dissimulée dans l'ombre du couloir. Il se prit inévitablement les pieds dedans, et une nouvelle lutte entre Merenhyor et son second fils Miniryak venait de commença.

Le lendemain, en allant au lycée de Zakarum, Menarnar et Miniryak croisèrent Drarnio, un ami des deux frères.

- Il paraît que Relmên a dit que vous n'êtes que deux abrutis belliqueux qui finiront sous les griffes d'un démon.

- Ah bon ?

- C'est peut-être pas vrai... c'est Noonrac qui a dit ça.

- Conneries ou pas il va se faire démolir ce Relmên.

- Le pauvre...

- Le plains pas, ça ira vite.

Menarnar était en sixième et dernière année au lycée Zakarum et il avait 15 ans, car il avait redoublé son année. Miniryak était lui en quatrième année et avait 12 ans. Drarnio et Noonrac avaient eux aussi redoublé(pour toute information, Noonrac retrouva sa forme humaine environ deux semaines après sa transformation en crapaud). Relmên n'avait pas redoublé, mais il avait simplement demandé à effectuer une année supplémentaire.

- Pauvre faux-jeton de lèche-cul-de-déchu "avait murmuré Menarnar à l'oreille de son voisin à cet instant.

A la sortie des cours, Menarnar et Miniryak se retrouvèrent.

- On rentre ?

- Non, j'ai un rendez-vous...

- Ah ouais, avec Relmên.

- Exactement, tu viens ?

- Evidemment.

- A propos, le v'là !

- Quoi ?

- Mais ?!!Il se tire ma parole !

- Vite on doit le choper !

Relmên courait vers le bois. L'engrenage des rumeurs avait bien agit et ils se lançaient à sa poursuite comme il avait prévu. Il ralentit l'allure ; après tout, il ne fallait surtout qu'ils le perdent de vue. Très vite il se rendit compte qu'il n'avait pas à ralentir, car ses poursuivants étaient extrêmement rapides. Il continua sa course folle parmi les broussailles de plus en plus denses. Son plan allait fonctionner. La prophétie vieille de plus de deux millénaires allait s'accomplir. Il vit enfin la grotte ; ses poursuivants n'étaient plus très loin. Sa tâche était enfin terminée. Il entra dans la grotte, suivi de Menarnar et Miniryak.

Ils avançaient dans la caverne sombre et humide(1). Miniryak hésitait à poursuivre son chemin.

- Tu ne crois pas qu'on devrait arrêter là ?

- Non, on doit continuer pour réduire ce minable en bouillie.

- Moi, cette caverne me flanque la trouille.

- Me dit pas que tu as les boules là où Relmên n'a pas hésité à entrer !

- Non t'as raison ça iras.

- J'espère parce que sinon ça veut dire que t'es une poule mouill...

- Oh la ferme !

- Hé, y a un mur au fond !

- T'es sûr

- Je t'assure !

Menarnar passa devant son frère et se cogna contre une épaisse paroi de granit.

- Y a sûrement moyen de passer, puisque Relmên n'est pas là !

Il appuya contre la base de mur et celui-ci bascula soudainement le faisant tomber dans le trou qui s'ouvrait. Le mur se remit en place tranquillement.

- Menarnar ! eh, t'es passé où ? Si c'est une blague elle est pas drôle.

Il fit de même que son frère et chuta à son tour. Il se releva dans une vaste salle(2). Les murs de la pièce étaient de magnifiques peintures, peut-être vieilles de centaines d'années. Au fond de cette salle se dressait un siège sur lequel était assis un vieillard d'un âge indéfinissable.

- Qui êtes-vous ?demandèrent en coeur les deux frères.

- Je me nomme Lazarian, leur répondit le vieil homme...

1 : merci Marius
2 : re-merci Marius
- Et vous avez été nommé pour protéger l'anneau, fit Miniryak, c'est ça ?

- Précisément.

- Et vous avez fait pratiquer sur vous un sort d'immortalité loyale.

- C'est cela.

- Et nous sommes les héritiers de Berênhar, dernier empereur du Rhanatêk.

- En effet. L'aîné, en fait, est l'héritier. Mais vous êtes tous deux de très noble ascendance.

- Bon, fit Menarnar, vous la terminez quand votre blague. Et où est Relmên ? Et par où on sort d'ici ?

- Ce n'est pas une plaisanterie, Relmên n'existe pas et vous ne sortirez pas d'ici tant que vous n'aurez pas accepté votre destinée.

- Eh vous vous croyez où ?Laissez-nous sortir d'ici où on vous écrase.

Sur ce, Menarnar se mit à appeler Relmên en hurlant, lui disant qu'il avait intérêt de forcer son grand-père à les laisser sortir d'ici ou il ne le retrouverait pas en bon état. Il criait vainement, tandis que Miniryak restait le plus calme possible.

- Pour la dernière fois, répéta Menarnar, montrez-nous la sortie.

- Pas tant que vous aurez compris et accepté votre destinée.

- Tant pis pour vous alors.

Et Menarnar plongea brusquement sur le frêle vieillard. Celui-ci esquiva avec une vivacité surprenante. Menarnar se retourna et donna un grand coup de poing dans le ventre de Lazarian, qui ne sembla nullement affecté du coup. Puis ce dernier riposta en donnant un grand coup de bâton sur le jeune homme, ce qui, à la grande surprise de Miniryak, l'envoya voler au fond de la salle, c'est-à-dire à plus de quinze mètres. Menarnar revint au combat visiblement diminué, et le vieil homme riposta avec autant de force, le frère de Miniryak fit un second vol plané. Menarnar abdiqua :

- D'accord, admettons que ce que vous avez dit n'est pas une vaste plaisanterie, pouvez-vous au moins le prouver ?

Le mage répondit en se transformant instantanément en Relmên, puis revint à son apparence normale. Puis il leur montra un petit objet scintillant.

- Ceci est le dernier souvenir du Rhanatêk sur ce monde.

- Menarnar, demanda Miniryak à son frère, c'est pas le pays de l'histoire que papa nous a raconté il y a trois ans ?

- Si...et je commence à y croire...

- L'histoire de l'empereur Berênhar qui avait forgé un anneau, et qui l'avait laissé à la garde de son serviteur le plus loyal, le mage le plus érudit du royaume, et qui avait envoyé des nobles pour refaire les vieux royaumes ?

- Sauf que ce n'est pas une histoire, affirma Lazarian en rougissant légèrement, mais des faits qui se sont passés il y a plus de deux mille ans. D'ailleurs, votre père la connaissait car il est lui aussi un descendant direct de Berênhar.

- Mais alors que doit-on faire, demanda Menarnar qui était convaincu depuis que Lazarian avait cité son père, avec cet anneau ? Le prendre ? Le détruire(1) ? Le garder ?

- A l'époque où Barahor libéra le Rhanatêk, Daehkrak, le puissant démon qui l'occupait, jeta une malédiction(2) sur lui et ses descendants. Il les condamna à être en proie au péché d'orgueil, qui provoquerait leur perte.

- Mais aucun démon n'est assez puissant pour lancer une telle malédiction !

- Aucun, sauf Azmodan, maître...

- Des péchés, oui ,je sais déjà...

- Daehkrak en appela à sa puissance. Les effets furent tels que l'orgueil enflerait démesurément au fil des générations, jusqu'à ce qu'il engendre la fin de la lignée. Ainsi, les descendants de Barahor, Bearhôr, Ëarhor, Ëriyak, Riyak, Reyôhn et Behreyùn furent de plus en plus orgueilleux, jusqu'à Berênhar. Alors finit la lignée. Avant la fin, Berênhar forgea un anneau à son nom, dont on ignore tout des propriété. Ce que je sais, c'est que vous devez briser la malédiction.

- Briser la malédiction ? Mais comment ? On n'est que des gamins ?

- Pas moi, rétorqua Menarnar.

- Vous devrez détruire Azmodan.

Les deux frères se turent soudainement, puis se mirent à poser plein de questions à la fois, ce qui donne le résultat plutôt confus que voici :

- CommentjeonpourralibéreraisvaincrelemondeAzmodanetbriserquilaestmalédiction

undémonafinsecondairelaverl'honneursurpuissantdesonempereursn'yrhanaksarrivera

àsavoirmesjamaisancêtres. Ceserahéroiqueimpossible.

- Bon...Mais vous ne pourrez pas détruire ainsi un démon majeur.

- Vous avez raison on doit avertir nos parents.

- Ils savent où vous êtes.

- Gné ?

- Ils savent que vous êtes les vengeurs et que le temps est venu.

- Bon on doit faire quoi alors ?

- Vous devez vous entraîner.

- Comment ?

- Voici les sept gardiens combattants-il désigna sept statues de pierre au fond de la salle, ils vous entraîneront.

- Ce sont des statues...

- Nous verrons. Gardiens, réveillez-vous et accomplissez votre tâche !

Les statues se mirent alors à bouger, et leurs corps prenaient des couleurs. Ils devenaient humains. Menarnar dénombra quatre hommes, dont un très musclé, et trois femmes, dont une lui plaisait particulièrement, mais passons car le héros ne doit pas passer pour un pervers. Lazarian fit les présentations. Le grand musclé était un barbare, il se nommait Barnor. La femme blonde qui, non j'ai dit passons, s'appelait Aïbade, l'homme assez âgé et à la mine sombre était un nécromancien et se nommait Far-el, La femme brune à la peau basanée était une Zann Esu et s'appelait Miria, l'autre femme brune au regard très froid se faisait appeler Kieroa, l'homme à l'armure très brillante était paladin et se nommait Maer, le dernier, Menarnar ne put deviner qui il était, il s'appelait Leno.

- Bien, dit Lazarian, maintenant, procédons au test...

1 : si ça vous donne un goût de déjà vu(ou lu), c'est normal.
2 : ouais, je sais, j'ai pas été très original sur ce coup-là...
"Mmmh...celui-là est beaucoup trop chétif, dit Kieroa en désignant Miniryak, il ne fera jamais un bon assassin.

- Je ne sens presque aucune aura magique en celui-là, affirma Miria, je ne pourrais en faire un bon sorcier.

- Merci ,dit Menarnar, c'est très gentil...

- Ces deux-là n'ont pas la foi pour devenir des paladins.

- En es-tu sûr, Maer ?

- Absolument certain.

- Alors reposes-toi.

Le corps de Maer prit soudainement feu, puis les cendres s' assemblèrent pour reformer une statue de pierre au fond de la salle. Puis Miria et Kieroa firent de même quelques minutes plus tard. Barnor observait minutieusement Menarnar.

- Je crois que celui-là fera un très bon barbare.

- Bien. Nous procèderons à l'entraînement plus tard.

- Il pourrait faire l'affaire, dit lentement Far-el ,qui avait observé Miniryak pendant tout ce temps, mais je sens qu'il n'est pas fait pour être nécromancien...

- Evidemment, dit Aïbade d'une voix douce mais ferme, tu ne vois pas qu'il doit être entraîné au javelot et à l'arc !

Alors qu'un conflit commençait, Lazarian se décida à intervenir :

- Peut-être devrions-nous...

- Il est à moi, dit l'homme sombre appelé Leno, et qui était resté silencieux en observant Miniryak, et ça crève les yeux. Il a le potentiel, pour invoquer des familiers, comme l'a dit Far-el, il est suffisamment athlétique pour intervenir au corps à corps, comme l'affirme Aïbade, et il transpire l'aura magique, donc il a tout pour être un druide.

Ces argument convainquirent Far-el, Aïbade et Lazarian. Far-el s'approcha de Miniryak et lui dit :

- Tu iras loin, petit, très loin...

Et Aïbade s'approcha de Menarnar et lui murmura :

- Je sais que nous nous reverrons.

Menarnar ne comprit pas grand chose à ce qu'elle venait de lui dire, mais ça lui faisait plaisir d'avance.

- Bien, termina Lazarian alors que Far-el et Aïbade redevenaient statues, je vous laisse partir. Revenez le plus tôt possible pour vous entraîner avec Barnor et Leno."

Sur ce, le mur arrière de la salle bascula et la lumière du jour entra dans la pièce. Menarnar et son frère ressortirent à l'air libre.
Menarnar et son frère avaient parlé à leurs parents de leur rencontre avec Lazarian. Merenhyor leur avait alors annoncé que ce qu'ils avaient entendu était vrai, qu'ils étaient réellement les héritiers de l'empire dont il leur avait parlé. Il leur ordonna de voir le vieil homme le plus fréquemment possible. Ils devaient s'entraîner régulièrement pour accomplir leur tâche.

- Mais pourquoi c 'est à nous de détruire un démon secondaire, et pas, par exemple, à toi ?

- Parce que je ne suis pas l'élu.

- Gné ?

- L'élu est le descendant caché de Berênhar .Il fait partie de la soixante-quatrième génération après l'empereur (Berênhar était le 8ème empereur, 8x8=64, donc la soixante-quatrième génération).

Et c'est ainsi qu'il fut décidé que les deux frères iraient voir Lazarian 2 fois par semaine. Très rapidement, les trois jours suivants passèrent et il fut temps de rendre visite à Lazarian. Menarnar et Miniryak entrèrent dans la grotte, empruntèrent le passage secret et se retrouvèrent dans la grande salle. Le vieil homme les attendait.

- Bien, vous êtes là. Barnor, Leno, venez ici.

Les deux statues prirent vie, comme lors de leur dernière visite.

- Enfin on va pouvoir s'amuser, tonna le barbare.

- Faites tout ce que Barnor et Leno vous diront de faire.

Le barbare et le druide emmenèrent les deux garçons dans un coin et commencèrent l'entraînement.

- Hum... je crois q'on va commencer part travailler... ta musculature, dit le barbare d'une voix forte.

Bientôt, donc, Menarnar et Barnor se retrouvèrent en position de pompes(et oui c'est vieux comme le monde ces bonnes vieilles pompes) et au commandement du barbare ils faisaient tous les deux une pompe(1).

- Je vais t'apprendre à invoquer les éléments.

- Comment on fais ?

- On ne fais rien, répondit Leno à Miniryak avec une pointe d'agacement, c'est la nature qui fait.

- Gné ?

- Ce gamin était peut-être trop cartésien après tout, pensa Leno, j'aurais sans doute du le laisser à Aïbade...

Et pendant que Menarnar faisait avec grand peine sa cent vingt et unième pompe et Miniryak ne réussissait, après plusieurs minutes de concentration, qu'à produire une petite étincelle en guise de tempête de feu et que Leno se tenait la tête entre les mains, Lazarian se disait pour lui-même :

- Ca va être dur, très dur...

1 : c'est vrai que le suspense est pas très fort là.
Allez, fainéant, finis-moi ces 150 pompes en vitesse !

C'était la deuxième fois que les deux frères allaient s'entraîner. Barnor continuait ses éternelles P.E.A.E.P.F.L.C.A.L.V.D.B(pompes et autres exercices pour former le corps à la vie de barbare), et Leno avait réussit tant bien que mal à apprendre à Miniryak la tempête de feu.

- Bon, refais-moi une tempête de feu.

Miniryak s'exécuta, et une vague enflammée envahit la salle.

- Eh, regarde ça, frérot, j'ai réussi un puissant sortilège druidique.

- Quel vantard...

- Tu parles Menarnar ! alors c'est que t'es pas tout a fait fatigué ,s'exclama Barnor, c'est très bien !

- Merci...

- Tu peut donc me faire encore 100 pompes !

- ...

Leno ,de son côté, tentait de faire comprendre à Miniryak que la tempête de feu n'était qu'une base, mais celui-ci s'amusait à envoyer desdits sorts. Le druide fit alors un signe à Lazarian. Celui-ci lui répondit et un shaman déchu apparut derrière Miniryak.

- Raaah ! un démon !hurla Leno d'une voix faussement effrayée.

Miniryak , toujours dans sa folie incendiaire, envoya une tempête de feu sur le démon. Le shaman de broncha pas et riposta avec une boule de feu qui envoya le garçon trop enthousiaste bouler son sur frère alors que celui-ci finissait sa cent cinquantième pompe. Leno fit quelques gestes d'un air désinvolte et un gigantesque ouragan apparut sur le démon qui s'effondra mollement.

- Ouaaah...

- Ca c'était un vrai puissant sortilège druidique.

- Ouaaah...

- Tu as encore beaucoup à apprendre.

- Ouaaah...

- Tu sais dire autre chose.

Et les deux frères reprirent l'entraînement de plus belle. En rentrant chez eux, Menarnar savait se servir de toutes les armes, mais Barnor avait observé " quelque prédisposition pour les épées à deux mains et les lances ". Il avait également décuplé ses capacités martiales et savait fouiller le corps d'un démon pour y trouver une potion. Miniryak pouvait invoquer une tempête de feu(mais ça on le savait déjà), un vent arctique qui permettait de glacer une cible, il pouvait invoquer 2 corbeaux et se transformer en loup en conservant cette forme pendant environ 40 secondes. Durant la semaine suivante, ils continuèrent leur entraînement et Menarnar avait appris à asséner des coups formidables et à bondir à une hauteur spectaculaire et il avait beaucoup progressé grâce aux P.E.A.E.P.F.L.C.A.L.V.D.B de Barnor, et Miniryak savait invoquer désormais 5 corbeaux plus puissants. Lazarian était plutôt satisfait de leur progression. Quelques mois plus tard (je vais pas vous faire une description détaillée de l'évolution de leurs pouvoirs), ils maîtrisaient une bonne vingtaine de pouvoirs différents. Lazarian interrompit leur séance.
" Cet entraînement sera le dernier. J'ai quelque chose de capitale à vous dire.
- Votre entraînement est à présent terminé. Vous partirez après-demain à l'aube combattre Azmodan.

- On ira où ?

- Vous viendrez ici. Je sais où se terre le seigneur des péchés. Je vous ouvrirait un portail .

- On ne va pas y aller comme ça ?

- Non, je vous fournirais votre équipement.

- Une fois de l'autre côté du portail, qu'est-ce qu'on fait ?

- Quelqu'un vous attendra et vous dira que faire. Avez-vous d'autres questions ?

- Non.

- Bien ; Barnor, Leno, travaillez leur force et leur dextérité.

L' entraînement se poursuivit de plus belle mais celui-ci était uniquement physique. A la fin de celui-ci, Lazarian procura à Menarnar et Miniryak des potions au cas où ils ne trouveraient pas le sommeil, et ils rentrèrent chez eux sans dire un mot, écrasé par la pression de leur départ. Le lendemain, ils firent leurs adieux à leurs parents( je ne suis pas doué pour raconter ce genre de choses donc je zappe) et s'en retournèrent pour la dernière fois à la grotte. Là, Lazarian leur donna leur équipement.

- Menarnar, cette armure sera la tienne.

Lazarian désigna une armure de tournoi étincelante et sertie de nombreux diamants. Il lui donna également une épée à deux mains à peu près aussi haute que Barnor(qui mesure dans les2m30) ,une pique, des gants, des bottes, un casque de combat, etc... Miniryak obtenu une demi-armure enchantée, ce qui la rendait(l'armure) beaucoup plus légère , un bassinet au centre duquel était incrusté un rubis d'une rare pureté, un lourd marteau, un grand arc, ainsi que tout l'équipement nécessaire.

- Menarnar, j'ai quelque chose de très spécial pour toi.

Le vieil homme lui montra un magnifique anneau.

- C'est l'anneau de ton ancêtre, Berênhar (d'où le titre de l'histoire). Personne ne sait vraiment quelles sont ses propriétés. Toutefois je sais qu' Azmodan est protégé par un sortilège très puissant qui ne peut être contré que par un mortel qui serait le descendant direct de l'empereur et qui serait en possession de l'Anneau. Garde-le quoi qu'il arrive. Miniryak , j'ai également quelque chose pour toi.

Il lui montra une amulette.

- C'est l'amulette Heptimale, l'artefact le plus puissant jamais créé au forges du Rhanatêk, en dehors de l'Anneau dont on ignore tout. Elle augmentera considérablement ta puissance. Sa pierre est fait d'archéna. Cette matière rarissime a servit entre autres à la création des pierres d'âmes. Cette amulette contient un peu des esprits des plus puissants raêvizs du Rhanatêk.

Sur ce, le vieux mage ouvrit un portail rouge.

- Allez-y. Quelqu'un vous attend. Bonne chance.

Avant que les frères n'aient eu le temps de dire quoi que ce soit, Lazarian se changea en statue, qui se désintégra en un tas de sable qui lui-même alla s'éparpiller sur les murs de la salle. Ceci eu pour effet de faire trembler les parois de la grotte et le plafond de celle-ci s'écroula alors que Menarnar et Miniryak franchissaient le portail. S'ils s'étaient retournés, ils auraient vu l'esprit de Lazarian bouger ses lèvres en un dernier souhait de réussite avant de rejoindre le royaume des morts. La caverne s'écroula peu après. Les frères arrivèrent dans un endroit sombre mais d'une architecture remarquable, qui était visiblement abandonné depuis des années et dans lequel régnait un silence impressionnant. Le portail se referma derrière eux .

- Bienvenue, leur dit une voix mystérieuse derrière eux, dans l'ancienne forteresse de Pandémonium...
Ils se retournèrent prestement en cherchant des yeux celui qui leur avait parlé. C'était un homme entre deux âges, de faible carrure et vêtu d'une vieille robe de mage grise usée par le temps et les voyages. Il se tenait appuyé sur un bourdon de bois qui faisait sa taille. Celui-ci se présenta avant qu'ils n'aient pu parler.

- Je me nomme Erghard Cain, neveu de Deckard Cain. Et vous êtes Menarnar et Miniryak. Je suppose que vous connaissez votre mission. Vous devez trouver Azmodan et le tuer.

- Où est-il, demanda Menarnar, qu'on en finisse .

- Il devrait se trouver dans les enfers souterrains.

- Et comment on y va ?

- Il faut d'abord le repérer, car les enfers souterrains sont quasiment infinis.

- Ca risque de prendre du temps.

- Il existe un système afin de le découvrir.

- Lequel ?

- Quand Diablo ,Méphisto et Baal furent détruis par un groupe de guerriers humains, de nombreux démons tentèrent de diriger les enfer, notamment Azmodan et Belial. Une guerre éclata entre les deux démons et ils se retranchèrent dans des fortifications magiques introuvables.

- Génial...

- Azmodan reprit le système inventé par Diablo (le système des sceaux) et l'utilisa afin de pouvoir être en contact avec ses troupes sans risquer d'être attaqué. Il installa son système à l'emplacement de l'ancien sanctuaire du chaos.

- Donc nous devons y aller.

- Exactement.

Et les trois compagnons de s'aventurer bravement dans les terres grises et désolées nommées steppes infinies qui étaient en contrebas de la forteresse.

Ils y affrontèrent quelques démons ,et ils en profitèrent pour utiliser quelques sorts (saut de combat, tornade, volcan, frénésie, loup lugubre, loup-garou et autres machins qui transformèrent les steppes infinies en champ de bataille en proie à un bordel pas possible). Mais Menarnar interrompit la petite sauterie sanglante en demandant à Erghard :

- Qu' est-ce qu'on cherche au fait ?

- Les plaines du désespoir.

- Et c'est où ?

- Après les steppes infinies.

- Mais alors elles ne sont pas infinies ?

- Non, c'est juste façon de dire.

Et les combats reprirent, mais les démons étaient de moins en moins nombreux. En fait, à peu près un quart d'heure plus tard, il n'y en avait plus.

- On est en enfer alors où sont les démons ?demanda Menarnar d'un air déçu

- Le coin a été nettoyé par un groupe d'aventuriers, ceux qui ont tué les trois.

Miniryak mit fin à cette conversation ô combien intéressante mais ne concernant absolument pas le moment présent :

- Là-bas, un pont !

Ils traversèrent le pont et se retrouvèrent dans les plaines du désespoir. Il y marchèrent sans rencontrer âme qui vive, sauf quelques chevaliers de l'apocalypse qui erraient bêtement. Harassés par de longues heures de marche, ils s'arrêtèrent pour dormir. Ils durent supporter une autre journée de marche, ou plutôt 24 autres heures car une journée doit correspondre à un trajet parcouru par le soleil dans le ciel, or le soleil ne brille pas en enfer. A un moment, Erghard s' écria :

- Ca y est. Voilà notre but !

Il désigna ce qui sembla aux deux frères être une gigantesque torche. En fait, c'était une cité en flammes.

- La cité des damnés a été mise à sac et livrée au feu par le groupe d'aventuriers dont vous avez déjà entendu parler. Mais c'est toujours un lieu maudit et sans doute quelques créatures parmi les plus fourbes de l'enfer ont échappé au brasier. Nous devrons être prudents.

- On est obligé d'y aller ?

- Oui, car c'est là que se trouve le passage vers les enfers souterrains.

- Et m...

Les trois aventuriers s'avancèrent vers la gigantesque cité embrasée, telle une torche éclairant d'une lueur macabre les landes mornes et sans fin que sont les plaines du désespoir et les steppes infinies. L'entrée était gardée par une grande porte de bois sombre aux lourds gonds tachés de sang qui de toute évidence n'était pas humain ,et le sol était jonché de cadavres carbonisés. La cité était abandonnée, mais lorsque les trois héros passèrent la porte, ils sentirent une telle vilenie, une telle malignité démoniaque qu'ils faillirent devenir fous. Les voix de tous les damnés qui avaient habités ces lieux hurlaient à la mort dans leurs esprits, les cris de mort bestiaux des démons abattus ici tourmentaient leurs âmes. A chaque pas mille cris supplémentaires retentissaient dans leurs têtes. Tant bien que mal, ils parvinrent à découvrir une plate-forme de téléportation qui les ramena à la forteresse de Pandémonium. Une fois là-bas, ils titubèrent quelques instants et s'écroulèrent, enfin délivrés de leurs tourments mentaux...
« Debout, fainéants ! Les enfers souterrains nous attendent dit Erghard Cain d'une voix ferme qui résonna dans toute la forteresse de Pandémonium.

- Mmmh... pas tout de suite on est fatigué.

- Quelle bande de fainéants. Et ça se prétend élu. Les héros qui ont eu la peau des trois étaient plus énergiques. »

Après une séance d'étirements(1) et de bâillements qui dura une bonne demi-heure, les trois « vaillants » aventuriers prirent leur petit-déjeuner de circonstance, c'est-à-dire rien. Ils reprirent le portail et retournèrent à la cité des damnés. L'incendie ne s'était pas calmé et ils durent subir le même supplice que lors de leur précédent voyage. Toutefois, ils réussirent à trouver la force de continuer et descendirent dans la rivière de feu. Là, leur torture cessa, du moins la torture mentale ;leur tourment physique due à l'inimaginable chaleur qui sévissait dans là-bas ne faisait que commencer. Les enfers souterrains étaient une véritable fournaise, à côté de laquelle le climat du désert d'Aranoch aurait pu paraître agréablement doux et frais. Ils se tenaient sur une grande île parmi bien d'autres sur un océan de roche en fusion. De temps à autre, un squelette carbonisé sortait de la lave en lançant un muet appel de ses mâchoires carbonisées, ou un cri rauque et bestial de démon résonnait sur les parois de l'immense caverne, si celle-ci possédait une quelconque limite, ce qui était un fait pour le moins douteux. Les trois compagnons durent subir l'effroyable chaleur du lieu pendant d'interminables heures de marche qui paraissaient d'autant plus interminables qu'ils se sentaient fondre comme un vulgaire bout de fer dans une forge. Le mouvement de la plaque de basalte sur laquelle ils se trouvaient, ajouté à la déformation des images due à la chaleur excessive et aux vapeurs méphitiques exhalées par le bassin de lave leur donnait le tournis. Au terme d'une longue journée de marche parmi bien d'autres sans croiser âme qui vive, il se trouvèrent face à une rangée de socles de pierre qui supportaient d'imposantes statues qui précédaient un pont bâti sur la lave. Ils traversèrent le pont se heurtant à quelques démons. Bientôt, les démons devinrent de plus en plus nombreux et finalement Menarnar et Miniryak durent faire face à une véritable armada de diantrefosses, étrangleurs, grotesques et chevaliers des abysses, qui de toute évidence étaient postés là pour garder l'entrée, et donc semblaient peu enclins à les laisser passer. Le combat fut âpre et le dallage de pierre recouvert de cadavres comme l'humus recouvre le sol de Scosglen. Ils se trouvèrent face à face avec l'entrée du sanctuaire du chaos. Comme précédemment, il y avait deux socles de pierre, mais ceux-ci étaient abandonnés. L'endroit ressemblait à une cathédrale gothique, comme une sombre parodie de l'église de Tristram. Le paradoxe entre la beauté de la cathédrale et de ses vitraux et la sauvagerie et la laideur repoussante de la caverne infernale était tel que tout esprit humain en ressortirait troublé. Ils entrèrent dans le sanctuaire du chaos. Celui-ci était complètement désert .La forme du sanctuaire rappelait celle d'une croix. Au centre de la croix, ils découvrirent un grand pentacle réalisé à même le sol. A cet endroit, le sol était même recouvert de suie, marque du combat des champions de la lumière contre Diablo lui-même, 17 ans auparavant.

« Vous allez devoir ouvrir les cinq sceaux qui sont aux extrémités. Normalement, Azmodan apparaîtra ici. Toutefois, le fait que le sanctuaire est désert me fait douter. Il n'est pas certain que le résultat soit celui que nous attendons. Préparez-vous toutefois à affronter celui pour qui vous êtes venus jusqu'ici. »

Les trois compagnons s'en allèrent donc ouvrir les 5 sceaux, puis revinrent au pentacle.

1 : Pas les étirements de sport, les étirements de quand on est fatigué.
Le système des sceaux se déclencha, et une lumière rouge sang envahit le sanctuaire. La source de cette aveuglante lueur ce trouvait être le pentacle, aussi Menarnar, Miniryak et Erghard s'y dirigèrent. Ce ne fut pas Azmodan qui apparut, mais un seigneur venimeux visiblement dotés de pouvoirs supérieurs au commun de sa race et à l'air belliqueux quoique surpris. Le combat s'engagea aussitôt. Menarnar fit un bond impressionnant pour atterrir à côté de son adversaire et lui faire tâter de son épée d'ivoire, mais celui-ci résista au choc et un duel démarra jusqu'au moment où son frère invoqua un grizzly à côté du démon. Celui-ci fut débordé et dut fuir. Ils le poursuivirent.

"J'ai rien trouvé.
-Comment ça se peut ?
-aucune idée. »

Ils obtinrent bientôt la réponse, car le démon revint à eux en volant(si vous êtes observateur, vous aurez remarqué que les seigneurs venins ont des ailes, et si en plus vous êtes imaginatif, vous aurez pensé qu'elles servaient peut-être à quelque chose), brisant au passage un des vitraux du sanctuaire. S'en suivit une, hem, disons, une retraite stratégique de la part d' Erghard Cain, couvert par Miniryak tandis que son frère se battait contre le démon. Menarnar maîtrisait le combat(et par là le démon) jusqu'à ce qu'il ressente une vive douleur. Son anneau se resserrait autour de son doigt et sa chair était écrasée entre l'anneau et l'os. Miniryak vint au secours de son frère qui était tombé à terre. Le seigneur venin le frappa avec son épée et Miniryak riposta avec ses énormes griffes d'ours. Les deux adversaires usèrent de toute leur force, essayant de faire ployer leur ennemi. Le démon et l'ours restèrent ainsi cinq bonnes minutes, tandis que Menarnar restait allongé à terre. Puis Miniryak eut l'idée fabuleuse(quoiqu'il aurait pu l'avoir avant)d' enfoncer son autre « main » dans le ventre du seigneur venin ce qui eut pour effet assez prévisible de le mettre à l'agonie . Le démon s'effondra et à la grande surprise du jeune homme et d' Erghard implora pitié. Sa voix était rauque et son parler hésitant et aproximatif, mais restait compréhensible.

« Ne me tuez pas...je vous dirai ce que vous voudrez.
-Où est Azmodan ?
-Le maître est parti... comme l'Ennemi, Belial...
-Où sont-ils allés ?
-Dans votre monde. Ils ont été appelés par leur maître.
-Mensonge ! Les Trois sont morts !
-je ne sais pas davantage que vous qui les a convoqué.
-Comment sont-ils revenus dans notre monde ? C'est impossible ! La pierre-monde a été détruite. Il est impossible d'ouvrir un portail vers les mondes mortels et la porte de l'enfer sous Travincal a été également détruite.
-Il existe une autre porte... quelque part au plus profond des domaines infernaux...
-Bien, nous en avons suffisamment appris. Démon, si vous tenez à la vie, guidez-nous à cette porte, nous verrons ensuite quel sera votre sort. »
« Cela se trouve au delà de la rivière de feu, bien plus loin que le sanctuaire de Diablo, à distance égale du repaire d'Azmodan et de celui de Belial.
-par où y allons-nous ?
-il faut traverser l'étendue de lave. »

Sur ce, il s'envola vers une île de basalte, derrière le sanctuaire du chaos. Cain se téléporta, et Miniryak invoqua un vol de corbeaux qui les soulevèrent avec une grande difficulté, tout particulièrement Menarnar. Finalement, les quatre «compagnons», atteignirent une autre île, et marchèrent pendant 3 journées. Après avoir gravi un dôme de cendres, ils trouvèrent une arche sur les pans de laquelle étaient inscrites de nombreuses runes dont la nature démoniaque ne faisaient pas de doute.

« Et maintenant ?
-Je ne sais pas comment fonctionne cette porte, je connais juste son existence, répondit gravement le démon.
-il faut sans doute déchiffrer les incantations, supposa Miniryak, pouvez-vous les traduire, Erghard ?
-sans doute, sans doute... mais il me faudra bien du temps et de la patience...
-alors commencez maintenant, nous monterons la garde, lui dit Menarnar.
- je peux retraduire oralement les runes, mais si elles sont en langue démoniaques, comme je le pense, il me sera très difficile de les comprendre.
-je vous aiderai, coupa le démon. »

Et ainsi, alors que Cain retranscrivait les runes sur un papier, Menarnar et Miniryak montaient la garde autour du dôme et le démon gardait les yeux fixés sur la lave, semblant concocter quelque complot.

Menarnar s'approcha discrètement de son frère, cherchant à éviter d'être remarqué par le démon.

« Tu lui fais confiance ?demanda-t-il
-sans doute pas plus que toi, répondit Miniryak.
-A mon avis il va essayer de nous fausser compagnie. Ou même de nous tuer. Ce qui est sur, c'est qu'il se sait en situation d'infériorité. Il ne tentera rien tant que nous serons tous les deux éveillés.
-il va falloir le tenir à l'oeil. En aucun cas nous ne devons lui laisser l'occasion de nous trahir.»

Ainsi, les deux frères décidèrent de rester vigilant quant au démon, et d'alterner leurs tours de garde, et ce pendant trois jours, c'est-à-dire, jusqu'à ce qu'Erghard leur annonce non sans une nuance de fierté dans la voix :

« Ça y est, j'ai terminé. »

le résultat était le suivant :

"Qa marnec osamaen kai barnox eqrain sogar. Kalkhl mwzai krwnacrak pwgal kukla adou gea nekra. Qei zagnun arcoi oi learjoi kai o skienco estezousin zagnuy, zagnun apcoi qei h nika titia po adou, demwnoi , kai mal kai caoV, h dora esteria palea. O benyeiro titien, jrancien h dora, en spakra h jwqmaglay.
Gar qria exicamn cadrwrk qwr adou phkelmal stardh zeru. Ouglouk mrain zigra, balioq, krhniamenwzounika, kai ra nikia kai h nekrh .Dicrur sjhn kembria tor paza ar tarkaV top jizwr .Tor oplouk nikein Azmodan, kwn tor nazgra berenartoar qoc tiazna broznekriay.»

« C'est écrit qu'il faut prononcer une incantation pour ouvrir la porte vers sanctuary, affirma le démon.
-Je la prononcerai. A partir d'où est-ce ?
-de là, termina le démon en montrant un passage de son doigt griffu.
- Ghâr thria exishamn shadraürk thôr adou , païkelmal stardê dzerû.Ouglouk mraïn dzigra, balioth, krèniamenôdzousika, kai ra nikia kai nekrê. Dishrur sphèn kembria tohr padzâ ahr tarkâsh tohr fidzör. Tohr hoplouk nihrkein Azmodan, khôn tohr nazgra berenhartoar thoch tiazna broznekriaps.»

Le portail apparut entre les pans de l'arche, rouge, lançant de temps à autre des éclairs. Le démon s'y engouffra, suivit de Cain et des deux frères.
- Traîtrise !

Ce fut le dernier cri d'Erghard Cain. Le seigneur venin, après avoir tué le dernier des horadrims, s'embusqua à nouveau dans l'ombre. Menarnar apparut, suivi de son frère. Avec un hurlement de rage, il s'élança sur les deux frères, qui étaient horrifiés à la vue du cadavre du vieil homme.

La surprise aidant, le démon se retrouva en bonne posture ; Menarnar gisait blessé à ses pieds, tandis que les derniers serviteurs de Miniryak mouraient. Toutefois, celui-ci, voyant la défaite des créatures qu'il avait invoqué, décida de passer au combat, et se métamorphosa non pas cette fois en un grand ours sanguinaire, mais en loup agile et meurtrier. Une lueur de folie imprégnait son regard. Il invoqua un vol de corbeaux et se cacha dans les fourrés avoisinants. Le démon, qui était sur la défensive en attendant l'attaque du loup-garou, fut fort déconcentré par les assauts répétés des corbeaux qui s'acharnaient sur sa tête, en essayant de lui crever les yeux. Trop occupé à donner des coups d'épées dans l'air, en cherchant vainement d'atteindre les volatiles, il ne put qu'apercevoir indistinctement la forme sombre qui se rua sur lui. Ils luttèrent âprement jusqu'à ce que le démon renvoie Miniryak sur un arbre proche d'un puissant coup d'épée, et il s'en fallut de peu pour que le loup regagne le couvert des arbres. Le démon, gravement blessé, déploya ses ailes et allait atteindre la cime des arbres lorsque Miniryak bondit du feuillage et plongea sur le seigneur venin qui se retrouva plaqué au sol. Le jeune druide se retrouva une nouvelle fois projeté sur le tronc d'un arbre ; le démon le chargea à nouveau, mais cette fois-ci Miniryak invoqua un esprit gardien derrière son adversaire. L'esprit bondit dans le dos de l'infâme et démoniaque créature, forçant celle-ci à courber son cou vers l'arrière, de sorte que Miniryak, d'un mouvement prompt, égorgea le démon qui mourut dans un embrasement spectaculaire. A ce moment même, Menarnar redevint conscient et Miniryak reprit sa forme humaine.

- Où est passé le démon ?demanda Menarnar

- il est retourné à la poussière...lui répondit son jeune frère d'un air sombre.

- Et Cain, il n'est quand même pas mort ?

- Si, le démon l'a tué avant que nous ayons eu le temps de passer la porte.

- Je suppose qu'on va devoir retrouver Azmodan, maintenant. Nous devrions chercher un village ; si un démon secondaire foule le sol de cette région, on y trouvera sans doute des nouvelles de l'endroit où il se trouve, et de la direction qu'il emprunte.

- On ne sait même pas où on est.

- De toute façon, la première chose à faire est de donner à notre défunt ami une sépulture décente. Dit Menarnar, mettant fin à la conversation.

Ainsi, les deux frères passèrent la fin de cette funeste journée qui avait vu la fin de l'ordre horadrim à préparer la tombe d'Erghard. Lorsque tout fut fini, Il posèrent l'épée du démon sur le lieu de sommeil éternel de feu leur ami.

Longtemps s'éleva la tombe du dernier horadrim, et les démons redouteraient d'y passer dans les guerres qui survinrent par la suite. Le lendemain, ils prirent le sentier qui les conduisit au dehors de la forêt.
Le lendemain, donc, ils prirent la direction de l'ouest, du moins c'était ce qu'ils pensaient. En effet, en sortant de la forêt, ils aperçurent la mer. Ils résolurent de s'y diriger pour trouver un port, et donc un lieu pour obtenir des renseignements. Ce qu'ils ignoraient, c'est qu'ils se trouvaient dans une plaine comprise entre le chaîne de Tamoe, les mers jumelles et au nord de l'Aranoch., alors qu'ils se croyaient au nord du Kehjistan. Au bout de quelques heures de marche, ils atteignirent la côte, et là ils campèrent. Après une nuit de repos bien méritée, ils partirent derechef pour quelques heures de marche, et, dans la matinée, ils arrivèrent à un village de pêcheurs. Menarnar choisit une auberge pour passer la journée et glaner des informations sur les déplacements d'Azmodan (car on voit notamment dans la 1ère cinématique de diablo que les démons ne sont pas vraiment des champions de la discrétion).

Après une journée entière à écouter les divers ragots des villageois ,ils réservèrent une chambre pour la nuit à l'auberge de la bise marine. Voici un court résumé de ce qu'ils avaient pu entendre (d'intéressant) :

- Les attaques de démons sur des marchands s'étaient multipliées récemment.

- On n'avait plus de nouvelles de certains villages.

- Cinq jours auparavant, un type étrange, encapuchonné et de haute taille était arrivé à l'auberge.

- Un autre du même genre était arrivé le lendemain.

- Durant les deux jours où ils étaient restés dans le village, à bavarder dans leur coin, les hommes se battaient plus souvent, les enfants faisaient des cauchemars, les anciens avaient des accès de fièvre et déliraient, et les chiens ainsi que d'autres bêtes bien plus dangereuses hurlaient à la mort à la nuit tombée.

- Ils sont partis il y a deux jours vers le nord.

Une fois qu'ils furent seuls dans leur chambre, Menarnar engagea la conversation :

« Bon, je crois qu'il n'est pas difficile d'interpréter ce qu'on a entendu.

- Je demande pourquoi Azmodan et Belial viennent sur notre monde et où ils se dirigent.

- Vers le nord... je me demande ce qu'il y a là-bas qui peut les attirer.

- Il nous faudrait une carte.

- Je crois que j'en ai vu une dans la salle du bas. »

Sur ce, Menarnar et Miniryak s'endormirent l'un après l'autre. La nuit et le matin qui s'ensuivirent se déroulèrent sans événement notable. Ils se réunirent de nouveau dans leur chambre après le déjeuner.

« Il n'y a que deux choses qui peuvent les attirer dans le nord, dit Menarnar, le mont Arreat et Scosglen.

- Il ne faut de toute façon pas laisser Azmodan prendre trop d'avance sur nous.

- Oui, mais où aller ?

- Tu as une pièce sur toi ?

- Oui.

- Pile, le mont Arreat, face, Scosglen. Quel que soit le résultat, on part demain.

- C'est risqué, mais ça me va. »

Menarnar lança la pièce. Face.
Menarnar et Miniryak passèrent l'essentiel de la journée à acheter des fournitures pour leur voyage. De même que la veille, aucun événement notable ne survint. La nuit venue, les deux frères eurent du mal à trouver le sommeil à l'idée de leur nouveau départ. Très tôt le lendemain matin, ils repartirent vers le nord, en longeant la côte. Le jour, ils marchaient accompagnés par le chant des mouettes, la nuit, ils dormaient bercés par la chant des mouettes jusqu'au jour où Miniryak décida d'invoquer des corbeaux pour tuer les mouettes qui le « saoulaient ». De nombreuses journées s'écoulèrent durant lesquels ils marchèrent, seul dans ces plaines désertes. Un jour, (le onzième après leur départ et le sixième après le massacre des mouettes), Menarnar aperçut au loin un gros nuage de poussière.

- Qu'est-ce que ça peut être ? s'interrogea-t-il.

- Qu' est-ce qui se passe ? demanda son frère, qui était resté à l'écart.

- Regarde là-bas, dit-il en lui montra le nuage de poussière en mouvement, on dirait que ça vient vers nous.

- Tu penses qu'ils sont à quelle distance ?

- J'en sais rien. C'est dur à estimer dans cette plaine.

- Je propose qu'on attende demain. Pas de feu cette nuit. On ne sait pas si cette chose est hostile.

Sur ce, ils repartirent pour finalement s'arrêter au crépuscule sur une petite butte isolée parmi le flot vert-bleu de l'herbe gelée par le rude climat du nord. Le soleil se coucha quelques dizaines de minutes plus tard derrière les montagnes de la chaîne de Tamoe, à l'ouest.

Ils s'éveillèrent sur leur île perdue dans la mer de rosée matinale sous le regard bienveillant de l'aube naissante. Le nuage au nord était plus proche et on voyait à sa base un nombre conséquent d'hommes en armes qui couraient à travers les plaines. A cette distance, on voyait qu'il ne s'agissait non pas de poussière mais d'un brouillard du à la projection dans l'air d'un grand de gouttes de rosée à cause de la course des soldats.

- Ils seront sur nous dans 2 ou 3 heures, je pense.

- Je me demande ce qu'un si grand nombre de soldats faits dans ce coin, se demanda Miniryak.

- On le saura bientôt.

En effet, deux heures plus tard, les deux jeunes frères purent voir plus ou moins distinctement les guerriers. Ils étaient une soixantaine mais semblaient être de taille plus petite que la normale. Trente minutes plus tard, ils purent voir parfaitement ceux qui étaient désormais à moins d'un kilomètre d'eux. Ce n'étaient pas des hommes, mais des engeances démoniaques. Le temps que Menarnar et Miniryak réagissent et dégainent leurs armes, les démons étaient sur eux. Le combat tourna rapidement en leur défaveur, étant donné la supériorité numérique écrasante des monstres. En dix minutes, ils furent encerclés et seulement une dizaine d'engeances étaient morte. Dix minutes plus tard encore, les deux frères avaient été éloignés l'un de l'autre et se trouvaient en grande difficulté. C'est alors que Miniryak se souvint de son amulette, qui lui avait été offerte par Lazarian. Il exécuta une engeance qui le menaçait et profita d'un instant de répit pour se concentrer sur son amulette. Il ferma les yeux, et, à sa grande surprise, il était entouré d'une grosse vingtaine de cadavres lorsqu'il les rouvrit, mais il se sentait plus faible. Menarnar, qui lui avait tout vu fut impressionné lorsqu'une quinzaine de puissantes novas émana du corps de son frère pour annihiler les démons alentours. Aussitôt, une trentaine de démons qui se pressaient autour de lui chargèrent son frère. Il s'en fallut d'une trombe pour que celui-ci survive.

- Cette fois, on est quitte.

- Je crois bien.

Ils reprirent leur voyage ; le surlendemain, ils arrivèrent au campement déserté des engeances. Ils furent alors tirés de leur contemplation de ce si morbide paysage par un cri de détresse et d'agonie, un cri humain.
« La ferme, humain ! J'en ai marre de tes gémissements. C'est toujours moi qui me tape les sales boulots pendant que les autres vont chasser. Je me demande pourquoi Gach veut te garder en vie ; si ça tenait qu'à moi, je t'aurais déjà flanqué mon épée dans le bide, alors arrête de te plaindre !

Menarnar et son frère s'approchèrent de l'origine de ces paroles à pas feutrés. Cachés derrière une tente montée en désordre, ils virent une engeance qui pestait après un homme bâillonné et qui avait les poings et les pieds liés. Miniryak banda silencieusement son arc de cèdre et encocha une flèche. L'engeance trop occupée à donner des coups de pied au captif et à jurer n'entendit que le sifflement de la flèche, trop tard. Le démon s'écroula non sans avoir gratifié l'homme attaché d'un crachat visqueux et sanglant.

- Ca va ?

- Merci...qui êtes-vous ?

- Nous sommes deux voyageurs ; nous allons à Scosglen. Je suis Miniryak, et mon frère s'appelle Menarnar.

- Mon nom est Ylln. Je suis un marchand ;ma caravane a été attaquée par ces créatures, j'ai été fait prisonnier et ma famille a été...enfin...vous voyez ce que je veux dire. Mais...dépêchez-vous...partez, le reste de leur horde va bientôt revenir.

- Calmez-vous. Votre famille a été vengée, la horde ne reviendra pas.

- Vous avez réussi à...

- Nous les avons tous tués.

- J'ai peine à y croire. Vous devez être de grands guerriers. Ils étaient une bonne soixantaine.. »

Ils aidèrent Ylln à se relever et le soignèrent. Ils sortirent ensuite du camp des démons pour passer la nuit plus à l'est sur une plage le long des côtes des mers jumelles.

« Qu'est-ce que je pourrais faire pour vous en remerciement ?

- Nous allons à Scosglen, et nous devons passer par l'isthme d'Oswonn. Vous êtes marchand, vous devez connaître la région, et vous pourriez nous accompagner.

- Vous allez à Oswonn. Vous ignorez donc les évènements récents ?

- Que s'est-il passé ?

- Il y a une petite dizaine de jours deux hommes mystérieux, si c'étaient bien des hommes, ont attaqué le fort qui garde l'isthme et depuis les démons le tiennent, et ils ne laissent passer personne.

- Nous avons donc choisi la bonne piste. Azmodan doit savoir qu'il est poursuivi. Seul lui et son frère Belial ont pu faire ça. Nous n'avons pas le choix. Une traversée serait trop risquée, nous allons devoir reprendre le fort.

- Je peux vous guider jusqu'au fort, et même jusqu'aux frontières de Scosglen, mais j'ai des cousins dans le sud à Lut Gohlein et à Hasoas qui attendent des nouvelles de moi. Mais pourquoi diable voulez-vous aller à Scosglen ?

- Nous devons rattraper un ennemi qui se dirige là-bas pour une raison que nous ignorons.

- C'est cet Azmodan qui a attaqué Oswonn ? Qu'est-il au juste ?

- C'est un démon secondaire, le seigneur des péchés, le fils de Méphisto.

- Votre tâche ne sera pas facile. Mais je jure sur ma vie que je vous aiderai du mieux que je le pourrai, du moins jusqu'à Scosglen.

- Voilà qui est dit. Mais le soleil est depuis longtemps couché, et nous devrions nous reposer, car demain, et les jours suivants, une longue marche nous attend.

Après le sixième jour de marche, ils virent enfin au loin le fort qui surveillait l'isthme d'Oswonn entre le golfe de Scosglen et la baie des cormorans.

Le fort était une grande bâtisse en pierre de forme plus ou moins hexagonale au centre de laquelle se dressait un donjon à la silhouette sombre, massive et imposante. Deux murs épais de quatre mètres prolongeaient la partie centrale jusqu'au bord de l'eau. Deux portes étaient construites dans ces murs, qui mesuraient chacune quinze mètres de large. Le tout était délimité par deux hautes tours à l'aspect menaçant. La garde y était montée comme partout ailleurs dans le fort et des groupes de six démons arpentaient le chemin de ronde.

« On a de la chance que la nuit soit noire ,chuchota Ylln. Ils ont des guetteurs nyctalopes...

- Pas moyen de passer par les portes. Les herses ont l'air solides, dit Miniryak, et les murs me paraissent épais. Comment on pourra défoncer ça ?

- Ce qui est sûr, c'est qu'il va falloir les prendre par surprise. On va les attaquer sur deux points différents en même temps.

- J'ai une idée pour moi mais comment tu vas faire ?

- Ne t'inquiète pas. Je sais ce que je fais. Ylln, vous resterez en arrière.

- J'attaque à droite, toi à gauche.

- On va bien s'amuser. »

Sur ce, les deux frères partirent silencieusement et les ténèbres nocturnes les enveloppèrent.

« Ce ne sont même pas des adultes, se disait Ylln, pourtant, ça ne m'étonnerait pas qu'ils réussissent... »
Gog entama sa ronde ;la nuit était noire, même pour un malfaisant nocturne comme lui.

Son camarade Oak, lui, monta dans la tour. Tout était normal, jusqu'au moment où une tâche plus sombre que les ténèbres de la nuit retint son attention. Celle-ci se trouvait de l'autre côté de la porte, près de la tour ouest. Au moment où il allait sonner de son cor en os d'humain, le chemin de ronde trembla sous ses pieds. Des vapeurs et des fumerolles inquiétantes sortaient du sol à la base du mur. Le sol était comme pris de convulsions, et les fondations ne semblaient pas pouvoir supporter longtemps ces violents soubresauts. Sans vraiment savoir pourquoi, Gog couru vers la tour ouest. L'instant d'après, le pan de mur sur lequel il se trouvait s'effondra dans une lueur rouge incandescente. Une colonne de fumée épaisse et opaque s'éleva des décombres. Un volcan s'était formé. Pendant ce temps, sur la face ouest du fort, tandis que l'attention de tous les gardes était retenue par le volcan, un javelot parti de nulle part et frappa de plein fouet un démon en patrouille.

Le javelot avait atteint sa cible. Menarnar tira sur la corde qui y était accrochée, pour vérifier la sûreté de son appui ;puis il entama l'escalade du mur.

La diversion avait parfaitement rempli son effet. Miniryak se métamorphosa en loup et monta dans un arbre. De là, il bondit par-dessus la muraille, et retomba dans la cour. Sous sa forme de loup, l'escalade du donjon central ne posa pas de problèmes.

Des flammes s'élevaient maintenant du cratère du volcan ;d'énormes boules feu jaillissaient de la gueule de l'édifice volcanique pour exploser au contact du sol ou de toute autre chose. Gog suivit du regard une de ces boules, et vit avec horreur qu'elle se dirigeait droit sur la tour où se trouvait son camarade Oak.

L'explosion fut impressionnante, et Menarnar en fut quasiment aveuglé. Son frère était parfois surprenant. Maintenant, ils n'avaient plus qu'à se battre. Menarnar dégaina son épée d'ivoire, et chargea vers la tour nord.

Du toit du donjon, Miniryak contemplait le chaos occasionné par le volcan. Puis il se ménagea un passage à travers le toit et atterrit dans le poste guet. Il égorgea les trois farfadets qui s'y trouvaient et reprit sa forme humaine, pour commencer un rituel d'ouragan.

Gog couru vers le donjon central. Aucun démon dans les murailles ne semblant devoir réagir, il valait mieux avertir l'autorité principale du fort. Il dévala les escaliers vers le sous-sol du donjon.

Menarnar aperçut un malfaisant nocturne courir à travers la cour centrale d'Oswonn. Il sortit son fuscina, et se jeta à ses trousses.

L'ouragan extermina tous les démons du fort qui n'était pas dans le donjon. Miniryak le vida lui-même, laissant les sous-sol à son frère. A l'est, le jour se levait.

Gog remontait vers la surface ;il avait reçu l'ordre de rassembler les survivants à la surface. C'est alors qu'il aperçut la lueur de l'aube. Ses yeux blessés par le soleil, il ne vit pas venir Menarnar. Les trois pointes du fuscina s'enfoncèrent dans son torse, il tituba un moment, puis s'effondra.

_______________


Le soleil était maintenant à son zénith. Menarnar, Miniryak et Ylln étaient réunis dans la cour centrale.

« regarde ça, une plaque de mage, un arc long de siège et une massue de guerre, dit Miniryak en montra le tas d'objets qu'ils avaient trouvés puis réunis, c'est génial !

- J'ai trouvé une armure en dents de requin sur le chef, un mort-vivant, et aussi une pique de bataille, une lame de bourreau et un masque rageur.

- Je vous avait sous-estimés, guerriers. Grand est votre talent au combat et j'espère que vous réussirez votre quête. Mais maintenant il me faut prendre le chemin du retour. La capture d'Oswonn est une grande nouvelle, et je dois en avertir les autres marchands.

- C'est ce que vous avez de mieux à faire. Adieu, donc, et remplissez votre devoir, et puissiez-vous retrouver une vie heureuse après la mort de votre famille.

- Je l'espère. Je m'en vais maintenant, et vous souhaite bonne chance, mes amis.»

Sur ce, il partit et plus jamais ne fut revu par aucun des deux frères.

Vu de la tour, le royaume de Scosglen se résumait à une immense forêt de sapins et plus aux sud, de chênes, de bouleaux et d'autres résineux. Cette mer de verdure s'étendait presque à l'infini jusqu'à l'horizon, à une distance que l'oeil humain ne saurait estimer. Lorsque la nuit tomba, ils avaient déjà dépassé les sous-bois et s'enfonçaient dans la forêt à proprement parler. Vue de l'intérieur, la forêt n'était à l'accoutumée pas obscure, mais, au contraire, lumineuse, radieuse et grouillant de mille bruits tels que le chant des oiseaux, le galop des cerfs, le vol des feuilles mortes ou encore la douce mélodie du vent parmi les branches. Mais la forêt avait changé. Les arbres étaient courbés, et ne laissaient pas passer la lumière du jour. Les cerfs et tous les autres animaux étaient noirs. Les loups rodaient, les corbeaux couronnaient de leur vol funeste la voûte végétale. La couleur des ruisseaux ne donnaient pas envie de boire l'eau souillée par quelque force maléfique. Même le vent ne soufflait plus, et l'air était lourd et étouffant d'anxiété et d'angoisse. Toute la forêt semblait aux aguets. Pour les deux frères, l'origine de ce maléfice ne faisait aucun doute.. Ils passèrent des semaines à errer ainsi dans la forêt, sans rencontrer aucun druide ni démon.

Jusqu'à cette fameuse nuit.
La nuit tombait, une nuit de plus après une journée de recherche. Cela faisait maintenant un cycle de Lune qu'ils n'avaient pas croisé ni homme ni créature maléfique. Les pâles rayons de la pleine Lune filtraient non sans difficulté au travers de l'épaisse voûte sylvestre, créant des jeux d'ombres effrayants. Menarnar et son frère étaient dans une petite clairière, allongés aussi confortablement que possible parmi les herbes folles. Alors qu'ils s'apprêtaient tous deux à tomber dans les bras du sommeil, des bruits des brindilles brisées retinrent l'attention de Miniryak qui se redressa en position assise. Le silence revint, et avec lui la fatigue. Il se rallongea, et crut distinguer parmi les ténèbres environnantes deux faibles lueurs rouges, qui disparurent tandis que ses yeux se fermaient.

Son sommeil toutefois fut de courte durée ; réveillé par des secousses visiblement imputables à son frère aîné, il se releva en sursaut et saisi sa massue de guerre à la vue de ce qui les entouraient, lui et Menarnar. Un grand nombre de paires d'yeux rouges qui ne prenaient plus la peine de se dissimuler les encerclait. Un rugissement s'éleva des ombres tel un signal et une douzaine de loups aux poils uniformément noirs, aux yeux rouges et grands comme des chevaux, surgirent de toutes part et fondirent sur les deux frères.

« Des wargs !»

Les wargs, ne prirent pas la peine de crier « des humains !» avant des passer à l'attaque. Ils se battirent sauvagement, mais dès lors que l'effet de surprise fut passé et que Miniryak eut trouvé le temps d'invoquer ses serviteurs, le combat passa à l'avantage de Menarnar et Miniryak. Mais les wargs étaient des ennemis furieux et acharnés dans le désespoir et l'affrontement dura jusqu'à l'aube. Las, les deux frères jugèrent plus utile de se reposer plutôt que de continuer à arpenter la forêt en quête d'un village. Le soleil, malgré sa hauteur dans le ciel ne parvenait pas à éclairer convenablement les bois. Il n'empêcha pas Menarnar et Miniryak de s'endormir.

Miniryak bougeait et marmonnait dans son sommeil.

Un homme en costume d'apparat sortait un anneau d'une forge entouré par des prêtres en train d'accomplir un rituel. Miniryak pouvait voir le visage de cet homme, fier et triomphant. Mais alors qu'il tenait l'anneau à la main, les prêtres achevèrent leur rituel. Miniryak vit alors l'homme se tordre de douleur tandis qu'une brume verte, son âme, s'extrayait de son corps pour se loger dans l'anneau qui tomba par terre, lâché par l'homme qui était à présent allongé face contre terre, comme mort. Un des prêtres ramassa l'anneau puis disparut. Miniryak, comme s'il s'éloignait de la forge, vit alors que celle-ci était au sommet d'une pyramide située au milieu des ruines fumantes d'une gigantesque cité. La fumée était épaisse et l'empêchait de respirer. Il suffoquait.

Il se réveilla alors, mais étouffait toujours, car une main couvrait l'essentiel de son visage, une main qui l'empêchait de crier. Il se sentit traîné vers l'arrière, tandis qu'on le fit se retourner.

L'homme qui se tenait devant lui était sale, le visage creusé de rides de fatigue, les cheveux sales et les habits en lambeaux. Ses cheveux bruns étaient collés entre eux par ce qui semblait être du sang séché. Ses deux bras, quoique couverts de blessures et de brûlures, le tenaient d'une main ferme en dépit de l'angle inquiétant que formait son poignet gauche. Il trouva tout de même la force de l'envoyer contre un pin massif.

« Qui êtes-vous ? lui demanda-t-il de la voix rauque de celui qui est resté silencieux longtemps.

- Nous ne sommes que des voyageurs.

- Que faites-vous ici ?

- Ca ne vous regardez pas.

- Au contraire, si. Je me demande comment vous avez pu survivre jusqu'à maintenant seuls... et si jeunes... mais ça n'a plus aucune importance. Partez.

- Nous ne sommes pas en danger et de toute façon nous ne partirons pas.

L'homme esquissa une grimace qui devait être un sourire. Il dégaina une dague que Miniryak n'avait pas remarquée à sa ceinture.

- Tu es courageux, mais tu ne peux pas comprendre »

Il s'interrompit. Une voix autoritaire prit alors la parole.

« Tournez-vous.

Miniryak reconnut à peine la voix de son frère aîné. Le ton était tranchant, ferme, impérieux.

- Pas un geste. Ajouta Menarnar alors que l'homme s'était tourné face contre un arbre. La pointe de l'épée de Menarnar affleurait son dos.

- Lâchez votre dague. Celle-ci tomba avec un bruit mat.

- Qu'alliez-vous faire ?

- Rengaine ton arme et je...

Menarnar sembla alors croître tandis que toute la forêt autour s'assombrissait, comme pour mieux mettre en évidence sa présence tout à coup impressionnante. Pendant un instant, Miniryak crut voir en lui une autre personne qu'il lui semblait avoir déjà vu, puis son frère redevint normal.

- Que faites-vous ici ? Qui êtes-vous ? Que nous voulez-vous ? »

L'homme marqua une pause avant de commencer son récit.

« Je m'appelle Vonan, et j'habitais un village druide dénommé Ollfast, à quelques journées de marche d'ici. Il y a quelques temps, deux rôdeurs sont arrivés à Scosglen. Leur venue a complètement changé la forêt. Elle est devenue fourbe, et dangereuse. D'affreuses créatures des Temps Oubliés ont reparues, et les animaux deviennent fous. Il y a peu, Notre glorieuse capitale, Xanidrya, où s'élève le divin Glòr-àn-Fhaìdha, le chêne sous lequel Fiacla-Géar lui-même créa l'ordre des druides, a été capturée par une puissance maléfique inconnue. On ne peut plus y accéder. Depuis lors, tous les villages de Scosglen sont menacés, et ils sont détruits les uns après les autres.

C'était il y a neuf jours. Notre village, pourtant protégé par de vaillants combattants, a été attaqué en pleine nuit par une horde de démons et d 'autres créatures innommables. Les combats ont fait rage jusqu'à l'aube, car la caserne de Kel'Zanx, dans laquelle nous nous étions réfugiés a pris feu par quelque sorcellerie. Nous avons été contraints de sortir, et les soldats comme les villageois ont été mis en pièce. C'est à ce moment que Kel'Zanx, le chef des guerriers, m'a chargé de porter un avertissement à l'avant-poste d'un autre village.

- Où se trouve cet avant-poste ?

- Juste ici... dit Vonan, montrant un tas de cendres à l'ombre d'un conifère imposant.

- Bon...

Le regard de Menarnar croisa celui de son frère. Il s'approcha de Vonan et trancha les liens qui immobilisaient ses poignets.

- On se repose cette nuit, demain on part pour Ollfast. »

La nuit fut tranquille. Vonan leur servant de guide, ils arrivèrent à Ollfast avant que le soleil n'ait pu monter haut dans le ciel. S'il ne faisait pas de doute qu'il y avait eu un village ici, on pouvait se demander quelle force avait put le ravager ainsi. La palissade avait été détruite en maints endroits, de sorte que seule la face ouest du village était fortifiée. Au nord-ouest, un temple en pierre était à moitié effondré. Nombre de maisons n'étaient guère plus que des ruines fumantes. Ollfast était affreusement déformée en son centre par un immense cratère, tandis que les chênes alentours avaient le tronc couvert de suie. Alimenté par quelques ruisseaux, le cratère s'était rempli d'eau jusqu'à former un étang empourpré par le sang. Les maisons dans les arbres avaient été arrachées, et gisaient, détruites et éparses, ça et là sur le sol. Il ne restait plus d'un édifice religieux imposant que quelques pierres renversées. Seuls quelques bâtiments étaient encore debout, mais aucun n'avait demeuré intact.

« Bon, entama Menarnar d'un ton résigné mais pessimiste, on va commencer par rechercher des survivants et de quoi leur permettre de survivre.»
« On va se séparer pour être plus efficace, dit Menarnar. Miniryak, tu contournes le cratère par la gauche vers l'espèce de temple, je pars vers la droite, Vonan, vous inspectez les restes de la palissade. Soyons prudents.

- Je n'ai pas d'armes fit remarquer Vonan.

- Prenez ceci.

Menarnar lui tendit sa pique de guerre.

- Ne faites pas l'idiot avec çà, la pointe empalerait un homme sans difficulté. Maintenant, allons-y.»

Vonan avançait lentement et d'un pas qui se voulait assuré. Selon son raisonnement, si des survivants se cachaient dans les palissades, ils seraient dans une tour de guet. Il progressait vers la ruine fumante lorsqu'il aperçut une silhouette familière non loin de lui. Un homme malingre, emmitouflé dans un manteau de fourrure et à la démarche malhabile, errait au hasard parmi les décombres.

« Lui ! par quel artifice ? Comment cet être perfide a-t-il pu survivre ?

Il se faufila aussi discrètement que possible derrière l'homme, puis l'étendit au sol, et l'immobilisa en plaçant le fer de sa pique à distance dangereuse de la gorge de l'autre.

Warshan, espèce de traître ! Je parie que c'est toi qui as fomenté cette attaque ! Tu es de mèche avec les rôdeurs, et tu as du passer une sorte de pacte avec eux pour qu'ils épargnent ta vie, c'est çà ?

- Vonan, s'il te plaît ne soit pas stupide... répondit le dénommé Warshan, déglutissant avec difficulté.

- J'ai l'esprit parfaitement clair. En fait, rien n'a jamais été si clair pour moi. Meurs !

Une autre voix retentit.

- Vonan, non, arrête ! »

Deux hommes arrivaient en courant.

Miniryak progressait lentement le long du cratère, guidés par des lumières de torche. Il parvint aux ruines d'un sanctuaire qui consistait en un cercle de pierres dressées en cercle autour d'un bloc de granit vertical d'environ cinq mètres de haut. Ce bloc subsistait toujours, dressé mais désormais solitaire, son ombre recouvrant les autres monolithes écroulés. Miniryak s'avançait fasciné par la puissante aura magique dégagée par la pierre. Il entendit un bruit pourtant quasi-inaudible derrière lui et se retourna juste à temps pour parer un coup de dague qui lui était destiné. En face de lui se tenait une femme en tunique de prêtresse, la dague toujours à la main.

« Vous n'êtes pas un goranth.

- Bien observé, répondit Miniryak avec une certaine ironie, même si je ne sais pas ce qu'est un goranth.

- Que faites-vous en armes dans un lieu sacré ?

- Ces ruines ?! un lieu sacré !

- Ces ruines forment le cromlech d'Ollfast, qui malgré les dégâts subits n'a perdu ni de sa sainteté ni de son pouvoir.»

- Et vous êtes ?

- Janna, la prêtresse de la nature à Ollfast.

- Vous êtes donc une rescapée ? Savez-vous si...

Il fut coupé par la voix de Vonan. Deux hommes arrivaient.

Menarnar errait un peu au hasard parmi les arbres. Il n'y avait rien d'intéressant dans cette zone, si ce n'est quelques ruines de maisons brûlées. Un tas de débris se distinguait du reste par sa taille. Menarnar s'approcha, puis fouilla les ruines. Dégageant les pierres une à une, faisant voler les bouts de bois dans son dos il mit à nu toute une réserve de nourriture et de plantes médicinales. C'était bon à prendre, une véritable aubaine : Miniryak et lui pourraient continuer leur quête tout en assurant aux survivants de quoi subsister. Menarnar ignorait que s'il avait fouillé davantage, il aurait retrouvé le cadavre du guérisseur, enseveli sous les pierres qui l'avaient tué lorsque sa maison s'était effondrée. Menarnar empaqueté avec le plus de soin possible les plantes, les baies et le sanglier salé dans un ballot de tissu qu'il déposa au pied d'un orme pour ne pas être encombré lors de la suite de ses recherches. Cependant qu'il se redressait, sa vue fut attirée par un temple en piteux état. Il paraissait de construction récente, car aucune plante grimpante n'avait entamé l'escalade de ses parois de marbre. Comme charmé par les pierres d'une blancheur éclatante, il s'approchait sans méfiance, un sourire béat sur le visage. La flèche qui lui frôla l'oreille gauche avant de s'enfoncer profondément dans le tronc d'un frêne le tira de sa léthargie avec une certaine efficacité, pour ne pas dire avec une efficacité certaine.

Il dégaina son épée en se retournant. Un jeune homme, sans doute à peine plus vieux que lui, se tenait dans l'ombre.

« N'entrez pas là-bas...

- Qu'est-ce que...

- Ne vous mêlez pas de nos affaires. N'entrez pas là-bas.»

Et l'homme s'en fut avant que Menarnar n'ait pu répondre. Par pressentiment ou par méfiance, il décida de suivre ce conseil, et continua vers le nord. Ollfast était délimitée au nord par une falaise escarpée mais peu épaisse. Un tunnel avait été pratiqué pour traverser ce bourrelet de Sanctuary, et pour relier Ollfast au reste de Scosglen. L'entrée, une porte taillée à même la pierre s'était effondrée ; seule en restait une inscription runique sur le montant supérieur qu'un horadrim même n'aurait pu traduire, tout puits de savoir qu'il était. Ces runes en fait étaient des caractères zarkens signifiant :

« La voie est fermée. Ses créateurs ne sont plus, ils reposent en son ventre. Il n'est plus de passage. La voie est fermée.»

Vaine menace, à présent, car les seules personnes la comprenant n'avaient plus été revues depuis des éons. Menarnar se détournait de l'éboulis lorsqu'un cri retentit. Il couru aussi vite qu'il put.

Il reconnut le jeune homme de tout à l'heure, maintenant bien visible, l'arc à la main. Il était brun, et à peine plus vieux que lui, car son visage portait encore les marques de l'acné d'adolescent. Face à lui se tenaient trois créatures à la silhouette simiesque, grandes comme un homme adulte, la peau noire et abondamment velue. Ils portaient chacun une tunique de mailles et tenaient une lance pour le premier, deux haches pour le second et une épée bâtarde et un poignard pour le troisième. Menarnar chargea et la créature à la lance cligna des yeux sans comprendre alors que ses intestins se répandaient sur le sol. La seconde eut un léger soubresaut lorsque son crâne fut fendu en deux au niveau des naseaux. Le troisième, celui aux deux haches, beugla et chargea Menarnar tandis que celui-ci fit de même. La créature para le coup plus par chance que par réflexe, mais ne put qu'émettre un gémissement pathétique lorsque Menarnar, se retournant et laissant son bras décrire un vaste mouvement circulaire, le sectionna en deux.

Vonan se retourna si rapidement que sa lance entailla légèrement le menton de Warshan. Celui-ci eut un bref glapissement apeuré mais ne bougea pas et ne souffla mot.

« Verghunt ! Eunon ! Vous êtes vivants !»

- Vonan, toi aussi, grâce aux esprits !

- J'ai tant craint pour vous tous... le visage de Vonan s'assombrit. Combien êtes-vous ?

Les dénommés Verghunt et Eunon se regardèrent de façon éloquente. Ce fut Verghunt qui prit la parole.

- Eh bien, nous sommes une grosse vingtaine.

- Seulement une vingtaine de survivants...

- D'autres ont peut-être survécu qu'on n'a pas trouvé, s'empressa de modérer Eunon.

Warshan se releva.

- Mais toi, Vonan, comment est-tu revenu ?fit-il d'un ton où pointait l'accusation. Cela tient assurément du miracle, ironisa-t-il.

- Je suis venu grâce à l'aide de deux jeunes guerriers qui m'ont aidé et soigné.

- Alors il faut tout de suite les retrouver conclut Verghunt.»

Miniryak et Janna s'observaient, chacun tentant d'évaluer la sincérité de l'autre quand Vonan et Verghunt arrivèrent en courant. Verghunt était un homme plutôt âgé, l'ancien chef du village, quoique ce fut un titre plus honorifique qu'autre chose. Les cérémonies religieuses étaient dirigées par la prêtresse, les décisions militaires étaient généralement prises par le chef des guerriers. Verghunt ne voyait généralement pas ce partage du pouvoir d'un très bon oeil, mais la situation lui convenait. Il était en place depuis bien longtemps, et sa barbe avait poussé, blanchi (tout comme ses cheveux), son visage s'était creusé de rides, tandis qu'il occupait le siège en chêne massif dans la maison du chef. Ses yeux noirs avaient la profondeur infinie d'un abîme de savoir. Son regard toujours alerte pétillait de l'intelligence du renard, blason de sa famille, reflétaient la sagesse antique des druides.

« Janna ! Par les esprits, tu es vivante !

- Les esprits, c'est d'eux que nous tenons le miracle qui nous épargné du sort qu'a subi le reste du village.

- Les survivants se sont regroupés dans la palissade. Et nous y serions restés, si Vonan n'était pas revenu. Quand je pense à ce qui aurait pu t'arriver si nous t'avions laissée là... mais qui est-ce ? fit-il en se tournant vers Miniryak.

- Je suis Miniryak. C'est nous qui avons trouvé Vonan, et lui-même nous a guidé jusqu'ici.

- Qui désignes-tu par « nous» ?

- Mon frère Menarnar et moi. On est arrivé à Scosglen il y a à peu près un mois. Nous sommes venus par l'isthme d'Oswonn, en reprenant le fort.

- Vous avez repris Oswonn ? Quel a ton frère pour avoir réussit un tel exploit ?

- Il a quinze ans, trois de plus que moi. Mais je l'ai bien aidé, il n'y serait pas arrivé sans moi, répondit Miniryak avec une fierté très mal dissimulée. Ensuite on est entré dans la forêt, et plus tard on a rencontré Vonan qui nous a guidé jusqu'ici.

- C'est un véritable prodige! Mais où est ton frère ?»

Son frère était assis sur une pierre couverte de lichen, en compagnie d'un autre jeune homme. Après avoir discuté, Menarnar apprit que le jeune homme s'appelait Zanya, qu'il était le fils de Kel'Zanx, le chef des guerriers. Son père et quasiment tous ses hommes étaient avaient connu une mort héroïque au combat il y a dix jours. Depuis, Zanya pourchassait toutes les créatures qui vagabondaient encore à Ollfast, pillant tout ce qui pouvait l'être. Il avait tué quelques-unes de ces créatures isolées, mais ces trois-là lui avaient tendu une embuscade. Menarnar lui raconta à son tour son histoire. Lorsqu'il eut terminé, ce fut le silence, puis ils entendirent parmi le murmure confus du vent dans les feuille le son de voix humaines.

« Verghunt ! C'est la voix de Verghunt !s'exclama Zanya. Viens, Menarnar, il y a d'autres survivants, suis moi !»

Et ils coururent. Une heure plus tard, tous les survivants d'Ollfast étaient réunis dans un grand abri de bois improvisé, où chacun raconta son histoire et écouta celle des autres ;ce fut l'heure des retrouvailles et des réjouissances, malgré le deuil qui les accablait tous.

Menarnar et Miniryak furent portés en héros et fêtés aussi dignement que possible jusqu'au lever du soleil. Alors que la plupart des rescapés émergeaient lentement du sommeil, Menarnar était allé faire part à Verghunt de sa décision de repartir rapidement d'Ollfast. Ce dernier s'y était tout d'abord fermement opposé, puis sous l'insistance du jeune homme il accepta à reculons.

« Toutefois, si cela ne vous paraît pas exagéré, reprit Verghunt au moment où Menarnar s'en allait, j'aimerais vous demander un dernier service. Le temple que vous pouvez voir d'ici a été construit par quelques disciples de Zakarum, récemment. J'ai personnellement pris la décision de les tolérer parmi nous, car notre village pouvait se targuer d'une flatteuse réputation quant à son hospitalité, et je n'avais envie de briser cette réputation. Bref, ils se sont installé dans un temple pas trop pompeux et suffisamment humble. Nous les y avons laissé vivre leur vie et vénérer leur dieu. Le temple semble avoir été relativement épargné, et j'aimerais que vous voyiez s'ils ont survécu.

Verghunt enchaîna ensuite sur une série d'avertissements relatifs aux risques d'éboulements, mais surtout aux créatures qui pourraient poser un problème.

- Vous devez savoir que la forêt est particulièrement dangereuse, ainsi que tout ce qui y a été construit. Il semblerait tout d'abord qu'une partie des animaux soient devenus exceptionnellement agressifs et puissants. Vous pourrez les reconnaître à leurs yeux jaunes, mais surtout à leur comportement agressif et à leur grande taille. Vous ignorez également sans doute que les humains ne sont pas la seule race intelligente vivant à Scosglen. Il y a également les centaures qui se montrent habituellement amicaux. Eh bien, il semblerait qu'eux aussi ait été affectés, car ils ont tous subi une hideuse mutation. Leur buste est toujours celui d'un homme ou d'une femme, mais la partie inférieure de leur corps est maintenant celle d'une monstrueuse araignée. Ils se montrent également hostiles et impitoyables. Il est fort possible que ces changements soient du à un problème avec l'un des esprits de la forêt, mais je ne puis en être certain. J'en viens au problème majeur, les goranths.

- Ils sont faibles coupa Menarnar.

- Oui, mais c'est une race qui a disparu depuis des siècles. Et voilà qu'ils reparaissent ! Et j'ai l'impression que d'autres races se sont éveillées...

- Que voulez-vous dire ? Quelles races ?

- Mais ce serait de par trop chimérique. J'ai cru un jour voir une de ces créatures, mais je n'en suis même pas sur, et il n'y a jamais eu d'autres témoignages. Il serait fort stupide de ma part de vous alarmer pour des illusions. Je vous recommande d'être méfiant. Il se peut que des créatures extrêmement puissantes arpentent la forêt.

- Je serai prudent.

- Cela signifie-t-il que vous acceptez ?

- C'est exact.»
Le temple dans sa partie souterraine s'étendait en un corridor sinueux menant à la nef et à la salle de prière. Menarnar s'engagea seul à l'intérieur en fin de matinée. Dans le dédale, il rencontra plusieurs wargs et de nombreux centarachéens(surnom qu'il avait décidé d'attribuer aux centaures mutants).

Au bout du corridor, deux paladins qui gardaient la porte menant à la salle de prière étaient aux prises avec trois centarachéennes. Le premier se débattait furieusement pour échapper au sort de son compagnon qui gisait déjà au sol, contemplant impuissant ce qui lui tenait auparavant lieu de ventre, et d'où son sang s'échappait à gros bouillons. Tandis que l'autre rendait son dernier souffle, le paladin encore en vie décapita une centarachéenne qu'il avait déjà délestée de ses deux bras. A peine eut-il le temps de savourer sa victoire que la lance d'un autre hybride le transperça de dos. Le troisième monstre, se retournant, vit Menarnar et fonça dans sa direction. Celui-ci, d'une glissade, se retrouva sous l'abdomen hypertrophié de la créature. La centarachéenne agacée par l'agilité du vermisseau redressa son abdomen, puis l'abattit de toute sa force sur le jeune homme, qui était déjà à moitié terrassé par l'intenable puanteur de l'organe hypertrophié. Menarnar plaça alors son épée à la verticale et laissa la créature s'empaler dessus. La centarachéene poussa un cri strident et affreusement humain, avant de s'effondrer sur ses propres entrailles. Le dernier monstre eut un instant d'hésitation alors qu'il chargeait le jeune guerrier, que Menarnar mit à profit pour enfoncer la pointe de son fuscina dans sa gorge.

C'est ainsi, couvert de sang, qu'il entra dans le temple à proprement parler. Il rencontra le chef des fidèles, un dénommé Héloc, et un accord d'entraide fut vite trouvé entre les villageois et les fidèles. Verghunt honora donc sa promesse, et confia à quelques hommes forts la tâche de dégager l'entrée de la grotte. Les deux frères purent donc reprendre leur route en début d'après-midi, après d'émouvants adieux avec leur ami Vonan.

A l'intérieur de la caverne, les parois semblaient suinter l'obscurité. Le noir était total. Les deux frères avançaient aussi bien que possible, deux aveugles trébuchant à la moindre irrégularité du sol. Au détour d'un couloir, Miniryak sentit une alcôve sur sa gauche. Il parvenait à y deviner la silhouette d'une sculpture représentant un être à mi-chemin entre un grand oiseau terrestre et un démon ailé. Fasciné par le réalisme de la statue, il tendit la main vers son bec d'un geste lent. Lorsque Menarnar se retourna, il comprit trop tard ce qui allait se passer. Le bec se referma à une vitesse fulgurante sur la main de Miniryak. Celui-ci saisit son marteau dans la main valide qui lui restait et frappa la statue au hasard. Le démon de la pierre dut relâcher son emprise pour esquiver. Miniryak surmonta sa douleur et, empoignant son marteau à deux mains cette fois-ci, l'abattit sur le crâne de la créature qui vola en éclats de pierre, de cervelle et de sang noir. Ils reprirent immédiatement leur marche et parvinrent à une grande salle qui semblait avoir été le théâtre de furieux affrontements. En effet, de nombreux goranths gisaient écorchés vifs ou décapités, et le sol présentait de longues traînées de sang ainsi que quelques membres arrachés à leurs propriétaires. Hors cela, la salle était de toute beauté, soutenue par des piliers de cristaux à demi incrustés dans ses parois, elle comportait également trois colonnes de diamant presque pur, dont une était brisée. Lorsque Menarnar et Miniryak s'approchèrent des deux colonnes restantes, ils découvrirent avec stupéfaction ce qu'elles contenaient.

Un humanoïde assez grand, couvert d'écailles et avec un visage allongé de lézard dormait dans chaque colonne, d'un sommeil immobile et vertical. Le fait que la troisième colonne ait été brisée, et que son occupant ait disparut, expliquait facilement les signes de combat dans la salle. Les deux frères échangèrent un regard de connivence. Ils n'étaient pas seuls dans la caverne.

Pourtant, bien qu'ils croisèrent d'autres cercueils vides, Menarnar et Miniryak ne rencontrèrent pas âme qui vive par la suite. Cependant, alors qu'ils devinaient la lumière du jour au détour d'un dernier couloir, une bille de fronde siffla aux oreilles de Menarnar. Surpris, il se retourna pour voir ses agresseurs, deux homme-lézards armés de frondes, ainsi qu'un troisième qui restait en retrait, plus grand, et dont Menarnar n'arrivait pas à voir l'arme. Très vite, deux flèches vinrent se ficher dans les poitrines des deux frondeurs. Miniryak avait été plus prompt à la réaction que son frère.

Le troisième homme-lézard s'approcha des deux frères et tenta d'engager la conversation.

«Kass snipkoîtassa ash ?

-Osh znaï sa znup ?

Il tenta à nouveau sa chance dans d'autres langues.

-Kôtogn brodzbor esk ?

-Êtes-vous des humains ?

-Qu'êtes-vous et que nous voulez-vous ?

-Du clame, mammifère. Vous êtes donc bien des humains. Bien qu'il n'y ait que peu de chance que votre intelligence assez médiocre vous permette de saisir le sens de mes paroles, je vous apprendrai que je suis le maître zarken Hirlui. Les derniers des nôtres ont été confinés dans ces prisons, mais avons été amenés à la réminiscence par le réveil du grand maître Ssaszokanterundiss.

-Ne croyez pas votre race si puissante. Nous venons juste de tuer deux d'entre vous.

-Un zarken ne goûte guère que l'on remette en cause sa supériorité sur tous les autres vivants. Je vais vous démontrer céans le contraire de ce que vous venez fort stupidement d'affirmer. »

La discussion était close. Hirlui empoigna alors son arme. Menarnar put alors la voir. Il faut se figurer un bâton de un mètre quarante de long avec, au bout de chacune des extrémités, trois chaînes terminées chacune par une boule d'acier d'un rayon de quinze centimètres hérissée de pointes, ou encore deux monstrueux fléaux joints l'un à l'autre. Une telle arme pouvait, pensait Menarnar, être aussi dangereuse pour son propriétaire que pour sa cible. Il ne s'en jeta pas moins au combat.

Mais la supériorité physique de Hirlui était incontestable. FraPpant avec férocité, parant avec célérité, esquivant avec vivacité, l'homme-lézard paraissait intouchable et menait les deux frères à bout de force. Miniryak ne tarda pas à s'effondrer, exténué. Son frère ne se portait guère mieux. Alors que ses forces le quittaient, Menarnar sentait une autre volonté s'imposer à lui, et prendre possession de son corps, à partir de son index droit. Une des chaînes de Hirlui s'enroula autour de son épée, puis il se retrouva désarmé.

Cependant Menarnar ne se démonta et entama une curieuse danse, sautant, se baissant, se roulant à terre pour éviter les masses d'acier meurtrières. Hirlui ,agacé par la ténacité de cet adversaire, commit finalement une erreur qui permit à Menarnar de le désarmer et d'utiliser l'arme. Il parvint à s'en servir pour porter un coup aux jambes, à la tête, au torse puis à nouveau à la tête de l'homme-lézard. Tandis que son adversaire se relevait péniblement, Menarnar son fuscina et le lança superbement, embrochant au passage Hirlui. Le fuscina toujours encombré du cadavre de l'homme-lézard alla terminer sa course dans la paroi de la caverne. Le jeune homme eut alors une étrange sensation, comme s'il sortait d'un demi-sommeil; le souvenir du combat qui venait juste de s'achever était nébuleux, et plus il tentait de se le remémorer, moins ses idées étaient claires. Menarnar contempla, interdit, l'anneau à son index droit, puis il récupéra son équipement et son frère et sortit enfin de la caverne.

Lorsqu'ils sortirent de la caverne, le disque solaire n'était plus très loin de la ligne de l'horizon. Ils étaient arrivés près du coeur même de Scosglen, et la voûte végétale s'était faite plus opulente que jamais. Pour éviter quelque rencontre nocturne tant inopinée que regrettable, Menarnar décida qu'il valait mieux dormir en sécurité dans les branches d'un séquoia.

Miniryak s'éveilla assez tard dans la matinée. Lorsqu'il ouvrit ses yeux encore encroûtés, il vit indistinctement devant lui un gros disque jaune, dont le diamètre faisait à peu près la longueur de sa main. Peu à peu, il distingua la pupille verticale, la tête d'environ trois mètres de longueur, à mi-chemin entre le dinosaure et le crocodile, soutenue par un long cou qui descendait en deçà de son champ de vision. La peau du monstrueux reptile était couverte d'écailles vert émeraude et sa gueule était garnie de dents aussi longues pour certaines que l'avant-bras de Miniryak. Ce dernier n'avait jamais croisé pareille créature mais y associa un nom qu'il avait quelquefois entendu :dragon.

Et il ne se trompait pas. Pour relater au mieux le sentiment qu'éprouvait Miniryak à ce moment-là, il faut rappeler quelques détails. Tout d'abord, Miniryak est un adolescent d'à peine plus de douze ans, mesurant moins d'un mètre soixante et pesant environ cinquante kilos. En face de lui, un dragon vert dans la force de l'âge, âgé donc de plusieurs siècles, mesurant presque quinze mètres de hauteur et pesant environ vingt tonnes. Le jeune homme était tétanisé. Il regarda en direction de son frère, mais celui-ci dormait, encore plus vulnérable que lui. Miniryak se résigna. Il fallait éloigner le dragon. Il sauta de sa branche, se concentra sur le pouvoir de son amulette, et réceptionna d'une chute de quasiment quinze mètres comme s'il venait de sauter d'un muret. Puis il se mit à courir au hasard, tandis qu'un jet de flammes s'abattit à l'endroit où il se trouvait un instant auparavant.

Miniryak ne parvint pas à garder longtemps le rythme nécessaire pour distancer le dragon. Obligé de changer fréquemment de direction pour se prévenir du souffle enflammé de la créature, il fut bien vite épuisé et dut s'arrêter dans une clairière. Alors que le sol tremblait de plus en plus fort à mesure que le dragon approchait, une ombre crut sur les bruyères. Au départ, elle ne couvrait qu'une faible surface. Miniryak se prépara à vendre chèrement sa peau. Deux arbres ployèrent devant lui, annonçant l'arrivée imminente du titanesque reptile. L'ombre couvrit alors la majeure partie de la clairière et le bruit du battement d'énormes ailes fit lever le regard de Miniryak. Un second dragon allait se poser. Celui qui avait poursuivi le jeune homme jusque là bomba le torse, avec la ferme intention de protéger son territoire. Les deux bêtes colossales commencèrent à s'affronter. Miniryak, bénissant sa chance, s'enfuit sans demander son reste, laissant les deux géants à leur duel.

Il retrouva son frère un peu plus tard. Tous deux reprirent leurs recherches ; par bonheur, ils ne renouvelèrent pas l'expérience d'une rencontre avec un dragon. Ils passèrent plusieurs à arpenter la forêt, mais leurs efforts ne furent pas vains.

C'était une nuit particulièrement obscure, sans lune ni étoiles, de celles qui terrifient les enfants en bas-âge. Les ténèbres, telles un rapace démesuré, étendaient leurs ailes d'ombres sur la forêt, aveuglant et avalant toute chose. Pourtant, lorsqu'Il s'approcha, une noirceur plus indicible encore envahit les coeurs de Menarnar et Miniryak. Azmodan approchait.

« Je sais que vous me suivez depuis plusieurs jours. Croyez-vous donc avoir l'ombre d'une chance de me vaincre ? Je sais tout de vos craintes, de vos vices. Tombez à mes genoux !

L'esprit insidieux d'Azmodan pénétra celui de Menarnar, cherchant quelque péché qu'il pourrait mettre à profit pour le corrompre. Mais il tomba sur un os.

-Savais-tu également tout de cela, démon ? Menarnar dévoila son anneau.

-Oh, cette babiole explique beaucoup de choses. Ainsi, ton ver d'ancêtre, s'est arrangé pour que tu finisses le travail, n'est-ce pas ? Détrompes-toi. Tu n'est que le pathétique descendant d'un non moins pitoyable lignée. Mais voilà que je me sens d'humeur affable. Je vais t'offrir une faveur. Je vais te libérer de cette malédiction. Oui, sois heureux ! car ton cadavre sera celui d'un homme libre. »

Et il attaqua. Azmodan ressemblait à un grand humanoïde de presque deux mètres cinquante de hauteur. Sa peau d'une pâleur cadavérique était tendue sur ses os, comme s'il n'avait pas de chair ni d'organes. Sa figure ressemblait à un crâne humain grimaçant, orné de deux yeux comme des rubis noirs cramoisis par le mal, fenêtres sur une âme fourbe depuis toujours maléfique. Sept petites cornes ceinturaient le haut de son crâne, comme une sinistre parodie de couronne. Ses mains étaient pourvues d'énormes griffes rétractiles aussi tranchantes que la lame d'un katana.

Il chargea Menarnar en l'attaquant de ses griffes, forçant celui-ci à reculer tout en parant. Le jeune homme se retrouva acculé contre un arbre, et le coup qu'il esquiva sectionna le tronc. Menarnar dut effectuer une roulade pour éviter le tronc, ce qui le rendit vulnérable. Alors qu'Azmodan se préparait à lui asséner le coup fatal, il fut bousculé par un Miniryak changé en ours-garou et bien décidé à le défier. Le démon et l'ours-garou échangèrent plusieurs coups sans qu'il apparaisse que l'un fusse supérieur à l'autre. Azmodan psalmodia alors une incantation qui pour effet de provoquer une petite déflagration entre le deux bras de Miniryak, suffisante pour lui faire ouvrir sa garde. Il fonça sur lui, les griffes prêtes à pénétrer la chair de l'ours-garou. Menarnar sortit alors de nulle part pour parer le coup destiné à son frère. Mais il ne tint pas très longtemps, et une déflagration le souleva pour le projeter à plusieurs mètres de là, tandis que son épée termina son vol bien plus loin encore. Un rictus de satisfaction se dessina sur le visage d'Azmodan alors que ses griffes sortaient de des phalange, qui se mua en grimace de rage lorsque trois loups se placèrent entre lui et Menarnar. Celui-ci, au sol, eut un faible sourire; son frère n'aimait décidément pas avoir de dettes envers lui.

Mais le cadavre de lierre invoqué qui lui tomba dessus le ramena à la réalité. Les serviteurs de Miniryak disparaissaient les uns après les autres à une vitesse affolante. Dépourvu d'arme, Menarnar n'avait aucune chance, mais il devait intervenir. Il décida fort stupidement de ramasser le lierre invoqué par son frère et sectionné par Azmodan, et de s'en servir comme d'un fouet. Son intervention eut le mérite d'attirer sur lui l'attention du démon, mais pas celui de le blesser. Le démon avait maintenant comprit que chaque fois qu'il était sur le point d'achever l'un de ses deux ennemis, le second venait à l'aide du premier. Il devait donc se débarrasser momentanément d'un des deux frères. Il mit en application sa nouvelle tactique. Un coup de coude bien placé envoya Menarnar au pays des songes.



Le noir. Puis des formes se dessinèrent, peu à peu. Des arbres. Les sens et la mémoire revinrent à Menarnar les uns après les autres. Il entendait des bruits de combats dans le lointain. Il laissa errer son regard, jusqu'à les voir.

Son frère et Azmodan se tenaient tous deux sur un tumulus rocheux, et là ils luttaient l'un contre l'autre. Le démon était en fâcheuse posture. Son adversaire, renforcé par sa métamorphose en loup-garou, était plus leste, plus vif, plus rapide. Pour se protéger, Azmodan avait embroché un bout de bois mort sur ses griffes, et s'en servait comme d'un écu. Menarnar se leva et alla chercher son épée, bien décidé à venir en aide à son frère.

Azmodan tenta de déclencher une déflagration pour gêner son adversaire, mais il fut déstabilisé par le loup-garou. La déflagration fut déplacée et créa un petit éboulement sous lequel son bras fut enseveli. Menarnar courait, la lame au poing, mais il était encore loin du tumulus. Azmodan n'avait plus que son bras porteur du tronçon de bois pour se défendre.

Alors que son destin paraissait déjà clos, plusieurs évènements se produirent presque simultanément. Miniryak reprit sa forme humaine alors qu'il assénait un coup d'un violence formidable qui fit voler en éclats le bouclier improvisé du démon. Un copeau se retrouva propulsé en plein plexus du jeune homme qui eut le souffle coupé. Azmodan parvint à dégager son autre bras de l'éboulis, et, emporté par la violence de l'effort, vit ses griffes s'enfoncer profondément dans le flanc de Miniryak.

«Noooooooon !»

Menarnar courait toujours, les larmes aux yeux.

Lorsque Azmodan retira ses griffes, Miniryak tomba à genoux. Ses yeux étaient grands ouverts, dans une expression de surprise, et un filet de sang s'écoulait du coin de sa bouche. Il tenta de respirer, mais ne parvint qu'à émettre un râle d'agonie. Il n'entendait rien, ne voyait qu'à travers un voile opaque, et ne sentait plus que le sang sucré dans sa bouche, son coeur qui battait en vain; il aurait voulu avoir ses parents à ses côtés. Azmodan le redressa d'un coup vertical, du bas vers le haut. Le jeune homme fit quelques pas en arrière, puis alla s'écraser quelques mètres en contrebas. Il était mort avant d'avoir touché le sol.

Menarnar arriva auprès du corps de son frère, pleurant sans retenue et criant son nom. Il resta là, prostré devant la dépouille de celui qui avait été son frère, son compagnon, et son meilleur ami. Azmodan ne s'attaqua pas à lui, non qu'il eut éprouvé une quelconque pitié pour Menarnar, mais plutôt n'ayant pas envie de se battre à nouveau après avoir échappé de peu à la mort. Le jeune homme se releva alors, et vit le démon qui s'en allait. Il y avait plus de haine dans ses yeux qu'aucun mot ne saurait le décrire.
Vous qui lisez ces lignes devez vous demander. «Qui a écrit cela ? qui est-il, cet homme, si c'en est un ?». Ah, qui suis-je. Excellente et sournoise question qui me hante. Un homme, ou plutôt son ombre. Je n'ai plus de famille, d'amis, de nom-on l'oubliera vite, plus d'histoire en fait. Un homme hors du temps, sans passé ni avenir. Mais je ne suis pas seul. Jamais seul. Il est là, avec moi, dans moi, Il est moi. Son âme n'a pas fusionné avec la mienne, mais Elle l'accompagne. Il ordonne, j'obéis, et ce jusqu'à la fin de mes jours, que j'abrégerais s'Il me le permettait.

Parlons-en donc, de mes jours passés. Au départ, je n'ai pas senti Sa présence. Erghard, peut-être, par la pureté de son aura horadrim, m'en protégeait. Puis le vieux mage est mort, et là Il a commencé son oeuvre machiavélique. Cela m'est d'abord apparu comme un simple pacte. J'utilise Sa force pour vaincre mes ennemis, et Il vit à travers moi. Qui aurait cru que cet anneau, que m'avait donné le si sage Lazarian, renfermait une terrible malédiction? Le savait-il lui-même? M'avait-il menti, comme les gardiens qui nous promettaient un grand avenir ? Me voilà maintenant condamné à errer, seul, jusqu'à ce que j'accomplisse la mission qui m'a été dévolue de force, et, en somme, fort injustement.

J'aurai d'abord voulu me débarrasser de l'anneau, me débarrasser de lui, mais il était fixé dans ma chair.

Mais j'ai désormais accepté ma mission, je la mènerais à bien. Mes intentions ont rejoint celles de Berênhar : occire Azmodan. Lui le voulait pour venger son honneur, et celui de Son peuple et de Ses ancêtres, moi, plus modestement, pour venger la mort de mon frère. A présent, je suis le chasseur, et ma proie est le seigneur des péchés. Le reste n'a plus aucune espèce d'importance. Le bien, le mal, la justice, la pitié, tout cela n'a plus de valeur. Seuls comptent le châtiment, la vengeance, et la mort, la mort donnée à son ennemi.

Je sais que je ne pourrais pas vivre tant qu'Azmodan existera, et sans doute pas davantage lorsqu'il ne sera plus. Mais peu importe à présent, je vengerai mon frère, je donnerai la mort à mon ennemi, ou je la recevrai en essayant.»


Menarnar se redressa et relut les quelques lignes. La feuille de papier était couverte d'encre rouge qui brunissait en séchant. Il paraissait que l'homme supportait mieux son malheur en l'exprimant. C'était faux, pensa-t-il, car son esprit était toujours chagrin. Menarnar alla recouvrir de terre les maigres cendres de son feu de la veille, puis il récupéra son équipement, et se prépara à partir. Il lâcha la feuille, qui s'envola au gré du vent, se faufila entre les troncs, puis disparut dans le lointain.
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