Fanfiction Diablo II

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L'homme qui se prenait pour Diablo

Par Ingo
Les autres histoires de l'auteur

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Un voyageur vêtu d'une simple cape brune avançait dans l'ombre, dans la grande ville d'Harrogath. Il ne prit pas de temps pour se rendre à la maison de Qual-Kehk, ouvrit doucement la porte, personne ne l'a pas entendu entrer. Le voyageur marcha dans la maison, sans bruit. Il y avait deux pièces dans la maison. Le voyageur se trouvait dans la première, une table et deux chaises de bois était posées au centre, une chaudière remplie d'eau fumante dans le coin à sa droite, des ustensiles de bois, une assiette et un verre de terre cuite posés sur la table. Il n'y avait pas de porte pour séparer les deux pièces. Le voyageur continua sa marche jusqu'à l'autre pièce. Qual-Kehk dormait profondément sur un lit de paille, une simple couverture brune et lourde le recouvrait. Le voyageur remarqua une corde près du lit. Il la saisie, fit un noeud coulant pour passer la tête de Qual-Kehk dedans. Il tira violemment sur la corde et étouffa Qual-Kehk qui se réveilla instantanément. Le voyageur accrocha la corde à un crochet de fer sur le mur puis frappa Qual-Kehk au visage. Il devenait bleu et gardait la bouche grande ouverte sans parvenir à inspirer un minimum d'air. Le voyageur tira encore une fois sur la corde, puis relâcha, laissant Qual-Kehk agonisant et inconscient. La corde lui serrait le coup si fort qu'elle empêchait l'air de pénétrer dans les poumons de Qual-Kehk. Le voyageur avait quitté la maison ne serait-ce que quelques secondes avant la mort de Qual-Kehk.

« Allez, debout, on a besoin de toi ! »

Ah ces barbares, comment pensent-ils ? S'entraîner toute la journée plus durement que ne le peut son corps, dormir quelques heures par jour, un nombre insuffisant et vivre dans des conditions climatiques inappropriées à l'homme.

« Que dois-je encore faire ? Dis-je après mon lever brutal.

- On a un sérieux problème. Notre maître est mort.

- De quoi est-il mort ?

- Il a été étranglé. On veut savoir qui l'a tuer. On veut le venger.

- Bon, je vais aller voir. Où est-il mort ?

- Dans sa maison ! Rugit mon interlocuteur.

- Calmes-toi, je voulais juste en être certain.

- Alors fait vite. Je ne veux pas que son tueur ait le temps de partir d'ici. Je veux l'étrangler de mes mains. »

Je le laissai se faire des idées macabres. Je ne fit même pas un pas qu'une question m'est soudain venue à l'esprit : que vont-ils faire ces têtes vides maintenant que leur chef est mort ? Capituler à la première bataille ?

J'arrivai enfin à la maison, l'odeur de cadavre n'était heureusement pas présente. De plus que le temps glacial qu'il fait à l'extérieur amoindrit l'odeur. La scène n'était pas belle à voir. Un des barbares, Kuff, est entré pour me dire ce qu'il pensait du meurtre, mais, le connaissant, il ne devait pas penser grand-chose.

« D'après moi, ils étaient plusieurs. Qual-Kehk était bon, un grand combattant. Personne ne pouvait le tuer en combat à mains nues.

- De ce que je vois, lui répondis-je, il a été étranglé dans son sommeil. Un grand combattant ne vaut rien s'il ne respire plus. Le système respiratoire tient tout. Si on ne respire plus, les muscles sont moins puissants, notre force faiblit à vue d'oeil et la panique nous prend.

- Malgré cela, je suis certain que l'attaquant avait des complices.

- Je n'ai jamais dis qu'il n'en avait pas. Ce que j'ai dis, c'est que le tueur a fait ça tout seul. Qual-Kehk a perdu son seul combat sans armes. Tu parles d'un guerrier, il n'a même pas entendu son assassin entrer.

- Il devait être silencieux. Qual-Kehk n'était pas du genre à se faire surprendre.

- Mais cette fois-ci, il l'a été. Que tu le veuilles ou non, il est mort. À part la corde, quelque chose a été déplacé dans cette maison ?

- Je ne crois pas, non. Le tueur a ouvert la porte, mais c'est tout.

- Je vais tout de même vérifier. Tu peux y aller, je m'occupe de ça. »

Kuff resta un moment avant de partir, me gênant dans mon analyse. Il avait raison, aucun objet n'a été déplacé. L'assassin n'a pas laissé de traces de neige dans la maison, et celles qu'il a fait dehors sont perdues parmi les milliers de traces de pas dans la ville. Je jetai encore un oeil vers le cadavre de Qual-Kehk, ce qu'il pouvait être horrible. Il avait la gueule grande ouverte, je pouvais même voir ses amygdales, ses yeux n'étaient pas clos, impossible de fermer ses paupières tellement ses yeux étaient exorbités et il avait la marque de la corde sur son cou, tellement profonde !

Je parti de la maison, faisant l'analyse des chemins qu'aurait pu prendre le tueur. Il avait laissé des indices malgré lui. Je voulais les trouver. Les traces conduisaient jusqu'au coeur de la ville, de sorte qu'il peut aussi bien habiter à Harrogath qu'être voyageur. Avec cette seule piste, on pourrait même croire que c'est le corps de Bul-Kathos qui est venu le tuer. Par contre, la neige autour de ses pas était frottée. Le tueur avait probablement une cape qui traînait au sol, ou bien un objet qu'il avait prit dans la maison de Qual-Kehk. Étant donné qu'il n'y a pas de crime parfait et pas de crime sans raison, le tueur pouvait avoir voler un objet appartenant à Qual-Kehk, quoiqu'il était complètement cassé. Il pouvait également vouloir tuer Qual-Kehk pour attaquer Harrogath en évitant les impressionnantes stratégies de guerre et de défense de ce vieux grincheux. Le plus étonnant, c'est qu'après cette pensée, je ne me suis même pas senti en danger.

Le tueur pouvait donc être hors de la ville. Mais quelles villes sont près d'Harrogath et voulait l'attaquer ? Les grandes villes les plus proches sont Lut Gholein et Tristram. Aucune de ces deux villes ne veut attaquer Harrogath. S'agirait-il d'un des petits villages autour de la ville ? Le plus gros d'entre eux est Hullark, un village uniquement peuplé de druides. Malgré les différents entre Harrogath et Hullark, les druides restent plutôt pacifiques envers nous. Aucun druide n'en voulait aux barbares. Cependant, si les têtes vides d'ici pensaient à cela, il se pourrait donc qu'ils en veuillent à Hullark. Je courus donc voir l'un des barbares, plus massif que les autres, qui serait probablement le nouveau Qual-Kehk, malgré l'écart important d'intelligence.

« Bjor, dis-je, je peux te parler en privé ?

- Bien sur, Cain, venez dans ma tente. »

C'était la première fois qu'il me vouvoyait, cet imbécile. Il faut croire que depuis quelques jours, son cerveau a pratiquement doublé. Il est rendu à faire des phrases complètes !

« Alors, qu'y a-t-il ?

- C'est à propos de la mort de Qual-Kehk.

- Je t'écoute.

- Je pense qu'il se pourrait que la ville des druides, Hullark, ait manigancé tout ça.

- C'est-à-dire ? »

Ah oui, j'oubliais. Manigancé est un mot hors de son vocabulaire.

« Ça se peut qu'un des druides soit venu le tuer.

- Comment ? Alors, quand allons-nous attaquer et tuer ces druides pourris ?

- Du calme, j'ai dis que ça se pouvait. Tu peux reprendre tes sens. Avant tout, je veux que tous les habitants d'Harrogath restent polis envers les druides de Hullark.

- Mais, pourquoi ? S'ils ont tué Qual-Kehk ?

- Ils ne l'ont peut-être pas fait. Si jamais l'un de vous trouvez quelque chose d'anormal qui se passe à Hullark, je veux en être le premier averti.

- Je vais dire ça aux autres. Mais je ne sais pas s'ils vont le prendre aussi bien que moi. Et toi, tu fais quoi maintenant ? »

Évidemment qu'ils vont le prendre aussi bien, t'es celui qui comprend le moins dans cette ville.

« Moi je vais aller rendre visite à ces druides. Je dois à tout prix éclaircir cette piste. S'ils sont responsables de la mort de Qual-Kehk, je vais l'apprendre.

- Fais tout de même attention. S'ils veulent te tuer, tu feras quoi ?

- On verra rendu là. »

Je sorti de la tente avant qu'il n'ait le temps de poser une nouvelle question. Ce qu'ils peuvent nous emmerder à la fin ces barbares. Des questions, encore des questions, toujours des questions, aucun d'eux ne comprend clairement quelque chose de clair la première fois qu'on leur explique. Avec cette vitesse de compréhension, ils seront tous morts avant de savoir qu'ils sont attaqués.

La route est calme, la neige est molle et collante, la journée s'annonce chaude, pour ces terres. Aucun flocon ne tombe, le ciel est couvert de nuages pâles qui cachent faiblement le soleil. C'est beau parfois une marche dans les bois durant la période d'hiver, de regarder ces arbres aux branches nues, ces sentiers enneigés et ces traces plutôt étrange sur les bordures de ce sentier. Elles ressembles à des traces de pas, mais ce ne sont pas des pieds et aucune botte ne laisserait ce genre de trace. Je ne me souviens pas vraiment des traces devant la maison de Qual-Kehk, mais ça m'étonnerait que je ne les aie pas remarquées mieux que ça si elles étaient comme celles-ci. On dirait une trace de pied, mais plus gros que la normale, avec des cornes courtes sur les côtés. Ces empreintes de pied mi-humain mi-démon ne me rappelèrent qu'une seule chose : le retour de Diablo.

Lorsque le Seigneur de la Terreur fut vaincu à Tristram, notre héro devint de plus en plus isolé, jusqu'au jour où il disparut complètement. Ensuite, Tristram a été attaquée. Des armées de démons et morts-vivants sortaient de nul part. J'ai toutefois remarqué un homme au sommet de la colline qui surplombe Tristram. J'ai cru que cet homme était notre héro, devenu le nouveau Seigneur de la Terreur. Selon les légendes des pierres, celui qui s'enfonce la pierre au milieu du front recevra la puissance de cette pierre. Dans ce cas ci, notre héro était devenu Diablo. Je fus capturé, jusqu'à ce que l'on me délivre. Des aventuriers, sept au total, étaient venus me libérer. Ils ont anéantis les morts-vivants et démons qui régnaient de nouveau sur Tristram, puis m'emmenèrent dans un camp de rogues. Je les ai suivi, de ce camp jusqu'ici, à Harrogath, en passant par les enfers et Kurast. Je les ai aidé dans leur quête d'empêcher Diablo de revenir. Cette quête a échouée, alors ils l'ont changé pour la suppression des trois frères démons : Méphisto, Diablo et Baal. Cette quête fut réussie. Les pierres d'âmes de Méphisto et Diablo furent détruites à la forge des enfers, alors que celle de Baal a été détruite par l'archange Tyraël lui-même, avec son épée de lumière. Tout ça pour dire qu'il est impossible que le Seigneur de la Terreur foule à nouveau ce monde.

Alors qu'était-ce ces empreintes ? Où menaient-elles ? Le meilleur moyen de le savoir était de les suivre. Devais-je plutôt suivre ces traces ou aller à Hullark ? Je décidai de les suivre. Après tout, elles ne resteraient pas ici jusqu'à la fin des temps. Je devais les suivre avant qu'elles ne disparaissent. Elles suivaient heureusement le sentier. Une fois sorti du bois, je pouvais voir la cité d'Hullark sur ma droite, alors que les traces semblaient plutôt se diriger vers la gauche. Je décidai finalement de suivre les traces. On ne trouve pas des traces de monstres tous les jours sur les bordures d'un sentier.

Les traces me menèrent jusqu'à un petit village dont je ne connaissait pas le nom, probablement trop petit pour en avoir un. Je décidai toutefois d'entrer dans le village. À la porte, un garde, plutôt moche le garde, des petits bras, un minuscule bouclier rond et une épée courte, sans casque ni armure, pieds nus dans la neige, m'interpella.

« Arrêtez, ou je vous tue !

- Holà, quelle est cette méfiance d'un homme si âgé et inoffensif que moi ?

- Je m'excuse. Je suis encore sur les nerfs. Ce matin, nous avons appris la mort de notre chef. J'ai beaucoup de difficulté à comprendre ce qui a pu se passer.

- Votre chef est mort ? A-t-il été tué ?

- Je ne sais pas. Je ne suis pas responsable de ça. Déjà la simple vu de son cadavre me...

- Bon, mettez-vous pas à pleurer quand même. Je peux le voir ?

- Personne ne peut entrer dans notre village. Nous ne voulons pas perdre d'autres hommes.

- Allons, je ne suis pas ici pour faire du mal à qui que ce soit. Je pourrais même aider à votre enquête sur la mort de votre chef, je viens d'Harrogath.

- Harrogath ? Cette ville de barbares ? Je n'ai aucune raison de vous faire confiance si vous venez de là-bas.

- En fait, je ne viens pas vraiment d'Harrogath. J'y reste depuis plusieurs mois, mais je viens de Tristram. C'est ma ville natale.

- Mais Tristram est à l'autre bout du continent ! Comment avez-vous fait pour vous retrouver ici ?

- J'ai suivi des aventuriers, et les ai aidés. Ils devaient empêcher Diablo de revenir sur le monde.

- Mais il est revenu, et ses frères sont venus aussi ! Nous avons luttés contre les forces de Baal il y a de cela quelques mois.

- Justement, les aventuriers ont tués ces démons ! Ils ont détruits les pierres de Méphisto et Diablo. Tyraël a détruit celle de Baal. Maintenant, le monde est à l'abri des grands démons et cela pour toujours ! »

Bon, je sais que je suis sur les traces d'un probable démon, mais quand même, si je veux entrer je ferais mieux de ne pas l'affoler.

« C'est vrai alors ? Vous êtes Deckard Cain ?

- En personne.

- Alors que faîtes-vous ici ? Pourquoi restez-vous à Harrogath ? Pourquoi ne retournez-vous pas à Tristram ?

- Eh, Tristram est à plus de cinq jours en char d'Harrogath. Je n'ai pas envie de me taper tout ce trajet pour aller m'emmerder dans cette ville ! Y a rien à foutre là-bas.

- Bon, alors, si vous le dîtes.

- Tu me laisses entrer ? Je voudrais savoir ce qui a causé la mort de votre chef.

- Non, je vous l'ai dit. Je ne laisse entrer personne et encore moins si cette personne viens d'Harrogath.

- Bordel t'es encore moins brillant que ces têtes vides de barbares ! Je viens de te dire que je suis de Tristram et que je suis Deckard Cain !

- Tout le monde connaît l'histoire de Deckard Cain. N'importe qui peut se faire passer pour lui !

- Comment veux-tu que je te prouve que je suis qui je suis, alors ?

- J'en sais rien. Moi, ce que je veux, c'est que vous partiez et que vous ne tentez pas de revenir.

- Écoute, je suis ici parce que j'enquête sur la mort d'un des barbares. J'ai remarqué une piste étrange et elle se dirige ici. Je crois que celui qui a tué le barbare peut être celui qui a tué votre chef, ou encore un de vos villageois. Je doit à tout prix l'empêcher de commettre d'autres meurtres !

- Rien à foutre. Vous passez pas, c'est clair ?

- Écoute, encore, si tu ne me laisse pas franchir cette foutu porte, je retourne à Harrogath et j'informe les autres barbares que le meurtrier se trouve ici. Ton village ne résistera pas longtemps à la vengeance de plus de cent barbares !

- Tu n'en feras rien, tu ne passeras pas cette porte. Je vais achever ta vie de mon épée !

- Merde mais t'es parano toi ! Écoute, la magie Horadrim est plus forte que ton épée. Elle est plus forte encore que n'importe quelle magie. Je ne l'utilise pas souvent, mais si tu ne me laisses pas entrer et trouver qui est l'assassin d'un des barbares, je te jure que tu ne la tiendras plus jamais ton épée !

- En garde, vieux débris ! »
Alors là, j'étais étonné. Premièrement, jamais j'aurais cru que cet homme, environ cinq pieds deux, sans casque ni armure, sans même ses bottes, avec une petite épée et un bouclier insignifiant, se serait attaqué à moi. Deuzio, il s'est planté ! Le con ! Vous imaginez le tableau ! Un maigrichon qui s'attaque à un vieillard et, dès le premier pas, il tombe la face dans la neige ! J'ai pas bougé d'un poil, j'ai même pas commencé à me demander ce que je pouvais faire pour l'empêcher de m'attaquer, je veux quand même pas le buter, qu'il s'est enfargé dans je sais pas quoi. En plus, il lâche son épée et son bouclier pour se relever. Alors là, je ne savais pas trop comment m'y prendre. Non seulement j'avais à faire avec un parano, mais en plus de vouloir m'attaquer, il est nul à chier en combat ! Le pire c'est que je ne lui ai même pas flanqué la trouille en lui parlant de ma magie. Ce petit là, il a du courage. Bon, il se penche pour reprendre son épée : « Attention petit, tu vas tomber ! Lui dis-je en riant.

- Attends, tu vas voir. Je prends mon épée et je t'arrache la tronche ! » (1)

Bon, un petit sort de télékinésie et hop, l'épée va se perdre plus loin dans la neige. Le pauvre gars prend son bouclier, puis cours chercher son épée.

« Pas trop vite ! Lui criai-je. J'ai encore à te parler ! »

Il prend son épée et reviens moins agressif, signe qu'il a entendu ce que je lui ai dit.

« Bon, tu me crois quand je te dis que je suis Deckard Cain ?

- Je ne sais pas. Vous n'êtes pas le seul à connaître la magie. Je trouverais trop étrange de rencontrer Deckard Cain dans ces terres, reculées du reste du monde, si loin de votre ville natale.

- C'est bon. Tout le monde a le droit d'être méfiant. Par contre, si je te dis que je viens aider à résoudre la mort de votre chef. Tu me laisses entrer ?

- Je sais pas si je devrais.

- Pourquoi en serais-tu empêché ? Par qui ? Ton chef est mort.

- Un vote a été unanime. Notre village devrait être en quarantaine.

- Je comprends. Bon, tu me laisses entrer ? Je vais au moins tenter de reconstituer la scène. »

Sur ce, je n'ai même pas attendu la réponse du jeune homme pour passer la porte. Je suis resté surpris quand j'ai senti la pointe de son épée dans mon dos.

« Tu ne vas nulle part. Si tu bouges je t'empale sur mon épée.

- Bon, si tu cherches à me tuer, fais le tout de suite.

- Je ne cherche pas à te tuer ! Rugit-il. Je veux que tu partes et que tu laisses notre village tranquille.

- Bon, alors, fini de rire. Puisque tu ne veux aucunement me laisser entrer, je vais devoir utiliser la force. Si je peux m'exprimer ainsi.

- Tu ne l'utiliseras pas, ta force. Tu bouges et je te tue.

- Tu ne pourras pas me tuer. Tu n'en es pas capable. Je vais donc bouger et tout ce que tu feras sera remettre ton épée collée à mon dos.

- Ne me met pas au défi de te tuer.

- Si, je te lance ce défi. Je ne le ferais pas si je savais que tu en étais capable. »

Bon, alors, le mec lève son épée et moi je me jette à terre. Il frappe dans le vide comme un con. C'en est un. Reste plus qu'à le glacer là. Figé, il tombe. Comme ça au moins il ne m'embêtera plus. Je le laisse tout seul, hors du village, puis je vais le dégeler lorsque je repartirai. Moi, j'entre. Le village est plutôt moche, petit, délabré. Mais bon, je reste dans une ville plus connu, plus grande et plus propre. Il est donc normal que je trouve les autres villes et villages moins beaux. La plus grosse maison se situe en plein centre du village. Très décorée, sûrement la maison du chef mort. Je m'y dirige, un peu inquiet de ne voir personne dans l'allée principale, la seule d'ailleurs. J'arrive enfin à la porte, puis l'ouvre. L'odeur fût la première chose que je remarquai de la pièce. C'était celle de chair morte, de décomposition ainsi que d'excréments. La scène, deuxième chose que j'ai remarqué, n'était pas vraiment mieux. Je voulais au moins savoir comment il était mort, mais j'ai remarqué une troisième chose dans la pièce : je n'étais pas seul.

Mon arrivée ne fût pas très discrète. Il n'y avait que des hommes, tous me regardaient, aucun ne me connaissait, enfin, je ne connaissais personne non plus. Ils semblaient être surtout des druides, mais quelques barbares y étaient aussi. Étonnant que certains druides et certains barbares aient fait la paix. Je ne bougeais pas, puis l'un des barbares, très costaud, grand et massif m'interpella.

« Tu es qui, toi ?

- On me nomme Deckard Cain. Je suis d'Harrogath. Maintenant que je vous ai dis mon nom, dites-moi le votre.

- Je suis Kelurth. Qui t'as permis d'entrer ?

- L'homme à la porte.

- Je lui ai pourtant ordonné de ne laisser entrer ni sortir personne. Si le meurtrier se trouve encore ici...

- Votre chef a donc été assassiné. Intéressant. J'enquête sur la mort d'un barbare. Assassiné lui aussi.

- Notre chef a été tué lâchement. Il a été tué dans son sommeil. Cette nuit.

- Le barbare aussi a été tué dans son sommeil.

- Ton histoire de barbare ne nous intéresse pas. Je veux savoir qui a tué notre chef. Je veux le tuer. Qu'il aille au diable, ton barbare.

- Je crois qu'il serait possible que l'assassin qui a tué votre chef soit celui que je recherche.

- Ils étaient plusieurs.

- Vous les avez vu ?

- Non.

- Comment pouvez-vous l'affirmer, alors ?

- Notre chef était un excellent combattant. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il était notre chef. C'est le plus fort du village qui devient chef.

- A-t-il été étranglé ?

- Comment veux-tu que je le sache ? Je t'ai dis que je n'ai pas vu les assassins.

- Je peux regarder le cadavre ? Il m'aidera à reconstituer la scène.

- Allez-y. »

Bon, enfin j'arrive à ce que je venais chercher dans ce foutu village. À entendre parler le barbare, je croyais que, pour la première fois de ma vie, je m'ennuis du vocabulaire des barbares d'Harrogath. En m'avançant, j'ai remarqué qu'une sorte de vase était en mille morceaux au sol, comme si on l'avait jeté là. J'ai cherché sur quoi il pouvait tenir avant d'être cassé, puis j'ai vu une sorte de table de nuit derrière le groupe des druides et barbares. Arrivé au cadavre, j'ai remarqué qu'il avait beaucoup de sang séché sur le visage. Son nez pouvait donc avoir été cassé à coup de poing ou d'arme. Il avait les mains autour de sa gorge. Il a donc probablement été étranglé.

« Je peux déplacer ses mains ? Demandai-je.

- Si vous voulez, répondit le même barbare. »

Je déplaçai donc sa main droite, qui était sur le dessus, en premier, puis sa main gauche. Je les posai sur son ventre, puis regardai attentivement le cou du chef. Il avait une trace de corde bien profonde, comme Qual-Kehk, mais, elle semblait pareille. Comme si la corde qui avait étranglé ces deux hommes était la même. Je n'en était pas certain, mais c'était une hypothèse qui me laissait croire fortement que l'assassin de Qual-Kehk et du chef de ce village était le même.

« Il a été étranglé, dis-je.

- Et alors ?

- Alors, le tueur était peut-être seul.

- Personne ici n'aurait pu battre notre chef seul.

- Le tueur n'est pas ici. Et si votre chef a été étranglé, sa capacité musculaire a été amplement diminuée.

- C'est-à-dire ?

- Il aurait pu être tué par un gamin d'une quinzaine d'années.

- Non, non ! Je refuse de croire ça.

- Je n'ai pas dit qu'il a été tué par un gamin d'une quinzaine d'années, mais qu'il aurait pu être tué par ce gamin. Et, l'assassin peut toujours bien être une femme. Il n'y a aucune trace de grande force musculaire.

- Et la trace qu'il a au cou, alors ?

- La corde était serrée. J'y arriverai même. Si votre chef a été étranglé dans son sommeil, alors l'assassin a usé de la même stratégie que celui qui a tué le barbare à Harrogath.

- Je t'ai dis qu'on s'en branle de ton barbare.

- Si c'est le même, il est donc parti d'Harrogath, dis-je en ignorant la remarque du barbare, puis est venu ici et a tué votre chef.

- Et qui donc a fait ça ? Dit un druide.

- C'est ce que je compte trouver. Votre chef, avait-il des biens importants ?

- C'est quoi un bien important ? Répond le barbare, à mon sans étonnement.

- Avait-il beaucoup d'argent, des bagues en or, des pierres précieuses, de bonnes armes ou quelque chose qui vaut cher ?

- Il avait un vase. Il était beau. Mais je ne sais pas où il est maintenant. Tu crois que le tueur l'a pris ?

- Non, pas s'il s'agit de ce vase, dis-je en désignant les morceaux sur le sol.

- Oh non ! Son vase, il est brisé ! »

Merde, je me trouve où moi ? Au milieu d'une gang d'attardés ? J'explique que le tueur n'avait pas de motif monétaire pour le tuer, et ils chialent parce que le vase est brisé. Je commence vraiment à m'ennuyer des barbares d'Harrogath. Le plus étonnant, c'est que ce fut un druide qui a dit que le vase était brisé.

« Bon, je vais vous laisser. Je dois poursuivre le tueur. L'arrêter avant qu'il ne tue d'autres personnes. Y a-t-il une auberge dans ce village ? Ou quelqu'un qui loue des chambres pour une nuit ou deux ?

- Vous voulez dormir ici ?

- Non, je veux savoir si le tueur a dormi ici.

- Il y a Grack. Tu le trouveras avant la sortie. La dernière maison à gauche.

- Merci. »

Enfin, je ne suis pas déçu de quitter ce groupe de barbares et druides pas très intelligents. La maison était la seule qui avait deux étages dans le village. Par contre, mon entrée ne fut pas très remarquée. J'ouvris la porte, sans faire attention à quoi que ce soit, elle fit un léger grincement lors de son ouverture, mais c'est tout. Je la refermai, il n'y avait aucun son dans la maison mise à part le feu qui ronronnait dans la cheminée. C'était, de plus, la seule lumière de la pièce. Je me trouvais dans un petit hall, qui se terminait par un mur à deux mètres devant. La porte était à la gauche de la maison et était un peu avancée, de sorte qu'il y ait un mètre de mur sur la droite et un mètre de trou pour entrer dans l'autre pièce : le vrai hall. L'escalier se trouvait à gauche de la maison, la cheminée au centre à droite. Il y avait des chaises de bois rond qui m'avaient l'air très inconfortables et une table basse. Au fond il y avait une sorte de bar où les clients devaient probablement payer leur chambre et peut-être leurs bières. Il n'y avait personne à part moi à cet étage, je décidai donc de monter.

Les escaliers craquaient sous la pression de mes pieds, le craquement déformait le silence et le ronronnement du feu. J'avais l'impression que nous étions le soir car aucune lumière de l'extérieur ne pénétrait dans la maison. Une fois en haut des escaliers, il y avait un long couloir avec des portes pour les chambres. Il y avait, en tout, quatre chambres dans la maison. Je rompit le silence : « Grack ? »

Je n'obtins pas de réponse. Du moins, c'est ce que je croyais. Dès que je me retournai pour descendre les marches, j'ai entendu quelqu'un derrière moi qui m'a dit : « C'tu m'veux ?

- Vous êtes Grack ? Demandai-je.

- Ouais, c'est moi. Et toi, t'es qui ?

- Je suis Deckard Cain. J'aimerais vous poser quelques questions.

- Ah, m'sieux Cain veut m'poser une coupe de questions hein ? Et bin qu'il aille au diable le m'sieux Cain. J'ai d'jà eu assez d'ennuis hier soir. J'en veux pas aujourd'hui. La maison est fermée, jourd'hui.

- Attendez, quels ennuis vous avez eu hier soir ? Que s'est-il passé ?

- Un mec, il est arrivé. J'le connaissais pas, il était pas du village, ça c'est sur ! Et il a foutu l'bordel dans la barraque.

- Qu'a-t-il fait ?

- Coutez m'sieux, j'viens d'vous dire que j'voulais pas d'ennuis aujourd'hui. Vous allez m'foutre la paix ?

- Je veux savoir ce qu'a fait cet homme. De quoi avait-il l'air ? D'où venait-il ?

- C'qu'y avait d'l'air ? Ah ça, personne pourra vous l'dire. Personne a vu son visage.

- Comment ça ? Personne ne la regardé ? Il n'a pas payé ?

- Mouais, au moins il a payé. Il a pas laissé beaucoup, mais un ch'tit quèque chose. C'est sur, c'est pas suffisant pour tout rembourser, mais c'est mieux que rien.

- Mais pourquoi vous n'avez pas vu son visage ?

- Il avait une cagoule. Bin, un semblant de cagoule. Son capuchon faisait trop d'ombre, on voyait rien. De toute façon on se sacrait bin de savoir de c'qu'y'avait d'l'air ! Du moment qu'y paye sa chambre pour le temps qu'y y reste, y a pas de troubles. Il pouvait même rester dedans du début à la fin sans être dérangé si y voulait.

- Il avait l'air stressé, tendu, à vif ?

- Pas vraiment non. Y'était plutôt calme. Y faisait pas d'mouv'ment brusque, y marchait pas vite non plus.

- Vous savez vers où il est partit ?

- Non, et j'veux pas l'savoir non plus. Si j'veux l'revoir c'est juste pour lui casser la gueule ! Mais, encore là, il a l'air plutôt expérimenté en combat et j'suis pas sur de pouvoir le battre.

- Comment savez-vous qu'il est expérimenté ?

- Bin c'tait hier. Y a partit une bataille et pas mal de monde ont participé. Y ont pété pas mal de mes meubles, mais c'est pas l'pire.

- C'est quoi, le pire ?

- C'est que personne a réussi a lui faire mal. Il les a tous buté, un après l'autre. Y'en a un qu'y a embarqué sur son dos pis qu'y a commencé à l'étranglé. Le bonhomme l'a tiré dans l'mur. Y s'est pas r'levé avant c'matin. Maintenant y a une méchante bosse su'l'crâne.

- Il y a d'autre villages proches où il aurait pu aller ?

- Bin y a toujours la grande ville, Harrogath, et y a aussi Hullark qu'y est pas mal gros aussi.

- Et des petits villages, comme celui-ci ?

- Ah, des ch'tits villages ! Y'en a un pas loin, c'est le village de Franzer. Paraît qu'un mec s'est faite buté y'a pas longtemps. Moi j'suis pas sur d'y croire, mais on sait jamais.

- C'est par où, Franzer ?

- À l'ouest. Et si vous voulez bien me verser un peu de monnaie puisque j'ai répondu à toutes vos questions, j'ai un immeuble a arranger moi.

- Désolé, je n'ai rien sur moi. Mais je repasserai plus tard pour vous donner quelque chose, je vous jure ! »

Sur ce, je n'attends pas qu'il me réponde et je descend les escaliers plutôt rapidement pour mon âge. Je sort de la maison puis sort du village. Je m'enfarge dans quelque chose puis m'écrase au sol, la face dans la neige.



(1) Bon, ici il y a sûrement plusieurs personnes (dont je ne connais que les nicks) qui vont se poser la question : Ingo est-il bien québécois ? Oui, si j'emplois ces mots là c'est juste pour être compris de tous ! (Facile comme explication) Mais, par contre, vous ne me verrez pas écrire « tarlouze » dans un de mes textes. C'est mon coté québécois : j'hais ce mot !
Je me relevai, puis regardai dans quoi je m'étais enfargé. Je me trouvais un peu con lorsque j'ai vu l'homme que j'avais glacé. Celui qui gardait le village et qui m'a empêché d'entrer. Je l'avais complètement oublié. Bon, maintenant il fallait que je le dégèle. Et merde, il allait probablement s'en prendre à moi encore une fois. Il allait m'en vouloir et il voudrait me tuer. Bon, s'il est pour faire ça, et bien je ne le dégèlerai pas. Je vais le laisser là, glacé, devant la porte du village. Ils le verront bien un jour et le dégèleront. Ils sont peut-être un peu con mais ils ne le laisseront pas mourir, ces villageois. Ils sauront probablement le dégeler. Tant pis s'ils ne le savent pas, moi, il faut que j'aille voir à Franzer. Le gars m'a dit que c'était vers l'ouest. Le seul problème, c'est que je suis un peu perdu. Je ne sais plus trop par où est Harrogath et, en fait, j'ai complètement perdu le nord !

Bon, si je récapitule. Le bois est à ma droite, l'homme gelé derrière moi et le village aussi. Je devrais peut-être retourner à Harrogath par le bois. Après tout, c'est désert dans cette région et je ne vois aucun village proche. Peut-être que je n'y arriverais pas aujourd'hui, l'homme de l'auberge m'a dit que c'était à l'ouest, mais je ne sais pas combien de temps à la marche. Ce que je serais mieux de faire, selon moi, c'est d'aller à Hullark pour aujourd'hui et demain, partir en char vers Franzer. Peut-être que certains barbares d'Harrogath savent où se trouve ce village. Je leurs demanderai à mon arrivée, après être allé à Hullark.

Je retournai vers le bois, les traces démoniaques avaient disparues. Sans doutes recouvertes de neige, quoiqu'il n'ait pas semblé neiger depuis mon dernier passage dans ce bois. C'était un peu étrange, mais ce n'était pas ma principale préoccupation. Le voyage de retour fut aussi paisible que l'aller, sans bruit effrayant, sans rencontre avec qui que soit ou avec le tueur. Je revins à l'entrée du bois, Harrogath était devant moi, toujours affolée par la mort de Qual-Kehk. Je pris la direction d'Hullark, sans passer par Harrogath. Je n'avais aucunement l'envie de revoir un barbare aujourd'hui, surtout s'il est pour m'achaler avec la mort de son chef ou de son maître. Encore moins si ce barbare manque crucialement de vocabulaire.

Je craignait arriver trop tard à Hullark, de sorte qu'il ait fallu que je rentre à Harrogath à mon arrivée, mais j'y suis arrivé vers la fin de l'après-midi. La porte était gardée par deux druides, armées d'une lance et d'un bouclier chacun. Ils avaient une tête de loup en guise de casque et des peaux leurs servaient d'armures. Ils semblaient complètement inconscients, ils regardaient droit devant eux, ne bougeait pas, ne clignaient même pas des yeux (j'exagère, bien sûr). Je me décidai à entrer, alors je passai devant eux et dès que je touchai la porte, j'entendis l'un deux me dire : « Vous n'entrez pas. »

Bon merde, ça recommence.

« Qu'est-ce qu'il y a ?

- C'est le conseil qui a décrété l'impossibilité de pénétrer dans la ville sans autorisation. Avez-vous cette autorisation ? »

Les druides tenaient leurs lances pointées vers moi, je serais mort au moindre geste brusque de ma part. J'étais toutefois bien heureux de pouvoir parler avec des gens dotés d'une intelligence suffisante pour avoir un vocabulaire acceptable.

« Je ne crois pas, mais j'aimerais justement parler à votre conseil.

- C'est impossible. Vous ne pouvez pas entrer sans autorisation.

- Pourriez-vous aller lui demander si je peux entrer pour leur poser quelques questions ?

- De la part de qui ?

- Deckard Cain.

- Vous êtes d'Harrogath ?

- Oui, enfin non. J'y habite depuis quelques temps mais je suis de Tristram.

- Alors ne pensez même pas que le conseil puisse un jour accepter de vous laisser entrer.

- Et pourquoi cela ?

- La guerre entre Hullark et Harrogath a été déclanchée aujourd'hui par un barbare qui se dit le nouveau chef de la ville.

- Qui était-ce ?

- Je n'ai pas le droit de vous divulguer cette information. Mais, si vous habitez à Harrogath, vous devriez le savoir.

- Attendez, si je suis ici, c'est pour régler ce différent entre Harrogath et Hullark.

- Avez-vous un papier signé par le chef de la ville d'Harrogath pour parler au nom de cette ville ?

- Dois-je absolument m'en procurer un ?

- Si vous voulez empêcher la guerre, oui.

- Bon, d'accord. Je reviendrai demain avec ce papier. D'ici là, pourrais-je vous demander de ne pas lancer l'offensive envers Harrogath ? Je vous promets qu'Harrogath n'en lancera pas.

- Je ne suis pas responsable de cette décision. C'est au conseil de décider. Mais je vais la proposer lors de votre départ.

- Je vous remercie. »

Sur ce, je laissai les gardes druides pour retourner à Harrogath et trouver le barbare qui s'est élu chef sans ma présence et qui avait annoncé la guerre à Hullark. C'était probablement Bjor, mais je restais incertain. Mon voyage d'Hullark à Harrogath fut comme tous les autres de cette journée, paisible, sans encombres, mais, malheureusement, sans indices non plus.

Mon arrivée à Harrogath fut comme celle des deux dernières places : chiante. Encore bloqué dehors, la porte protégée par des gardes qui m'empêchait, moi, d'entrer.

« T'entres pas, toi. Sinon tu y passes.

- Écoutes, je suis Deckard Cain. Tu te rappelles de moi ?

- T'entres pas pareil. »

L'ennui avec ces barbares n'est pas seulement leur manque de vocabulaire ni leur entêtement à faire ce qu'ils croient bon de faire, mais également la stupidité incroyablement bien installée dans leurs cerveaux qui fait qu'ils ne laissent même pas entrer l'homme le plus intelligent de la ville.

« Je veux voir ton chef. Je veux surtout savoir qui c'est.

- Rien à foutre, tu passes pas.

- Alors va me le chercher.

- Tu ne me donnes pas d'ordres. T'attends là jusqu'à ce qu'il sorte.

- Tu veux me laisser entrer merde ? Sinon j'utilise ma magie. Tu l'as déjà vu à l'oeuvre.

- À quoi ?

- Bon, je vais te parler clairement. Tu me laisses entrer ou je te casse la gueule et tu ne te relèveras pas.

- Attends. Mon chef a dit de ne laisser entrer personne. Je sais pas si t'es déguisé en Deckard moi.

- Tu veux une preuve, alors.

- C'est ça. Et de quoi manger aussi. J'ai faim.

- Bon, alors comme preuve, je vais utiliser ma magie. Étant donné qu'il n'y a pas de cible proche, je vais l'utiliser sur toi.

- Attends, je veux pas que tu me bute.

- Alors laisse moi entrer. Tout de suite !

- Ça, non. Je peux pas.

- Bon, tu l'auras voulu. » Je levai mes bras et commençai à bouger les lèvres, me murmurant absolument rien. Je cherchais tout simplement à l'impressionner pour qu'il cède et que je n'ai pas besoin d'utiliser ma magie pour entrer. Mais là, il ne bougeait pas, il ne cédait pas et il me faisait chier. Je commençai finalement à perdre patience et j'utilisai réellement ma magie. Je lui envoyai un bon coup de choc mental pour qu'il s'effondre sur le sol, lâchant son épée.

J'enjambai le corps, posai mes doigts sur son cou pour savoir s'il avait encore un pouls, il en avait un. J'entrai dans la ville, laissant le barbare sur le sol à l'extérieur, puis me dirigeai chez moi. Sur ma route, je vis Bjor. Je l'interpellai : « Tu es le nouveau chef ?

- Oui, me répondit-il.

- Alors il faut qu'on parle.

- Ça peut attendre ?

- Pas vraiment. Tu es occupé ?

- C'est la mort de Qual-Kehk qui m'occupe.

- Moi, c'est la guerre que tu as déclarée à Hullark qui m'occupe.

- Viens dans ma tente. »

Enfin, j'allais pouvoir le raisonner. Il m'amena dans sa tente puis nous servit une bière chacun. Il s'installa, nous étions sur des chaises en bois rond, très inconfortables, la table était également de bois rond et les verres cuits tenaient mal dessus.

« Tu n'habite pas dans la maison de Qual-Kehk ? Puisqu'il est mort, demandai-je.

- Je devrais y emménager demain. Il est mort cette nuit après tout.

- Où est le corps, maintenant ?

- Nous l'avons enterrés. Il fait maintenant parti du cimetière de nos aïeux. Sa place était méritée.

- C'est vrai qu'il avait sauvé cette ville dans maintes batailles et guerres. Surtout celle contre Baal et ses légions.

- Oui, un bon chef. J'espère pouvoir en faire autant.

- Bon, nous avons suffisamment parlés de la mort de Qual-Kehk. Maintenant, je veux savoir pourquoi tu as déclanché cette guerre contre Hullark.

- Ce sont eux qui ont tués Qual-Kehk, j'en suis sûr.

- Pas moi.

- Tu y es allé pourtant. Tu devrais voir qu'ils sont différents.

- Non, je n'ai pas pu entrer. Et cela parce que tu as déclanché cette foutu guerre prématurément.

- Mais, je l'ai déclancher plusieurs heures après ton départ.

- Je ne suis pas allé à Hullark en premier. Je suis passé par le bois et j'ai été dans un village dont je ne me rappelle plus le nom. Leur chef a aussi été tué. Ne me dit pas qu'Hullark a pu en vouloir à un village perdu et minuscule.

- J'en sais rien ! Ce que je veux c'est venger la mort de Qual-Kehk. Nous allons raser cette ville !

- Tu n'en feras rien ! Ne lance pas d'offensive. Ils sont bien préparés et ton attaque ne fera que se briser sur les murs d'Hullark comme les vagues sur les rochers d'une falaise.

- Et comment le sais-tu ? Si tu n'y es pas allé.

- J'en arrive d'Hullark. Après avoir recueillis quelques renseignements au village no-name, je suis allé faire un tour à Hullark pour avoir plus de renseignements. Mais je n'ai pas pu entrer. Et cela parce que tu as engagé la guerre contre eux !

- Ne me met pas la faute sur le dos. Tu n'avais qu'à t'y rendre avant d'aller à ce village.

- J'ai demandé aux sentinelles de ne pas lancer d'offensive. Il m'a dit qu'il en fera part au conseil. Je leur ai promis que tu n'en lanceras pas. Au moins, n'en lance pas. J'ai besoin d'aller dans cette ville.

- Je vais te donner une journée. Si tu n'as pas les renseignements demain à la tombée de la nuit, nous les attaquerons.

- Pourquoi pendant la nuit ?

- Nous sommes des barbares. Nous sommes réputés pour nos attaques nocturnes. Nous avons réussis à détruire de grandes armées pendant la nuit.

- Oui, mais c'était Qual-Kehk qui était chef. Il avait d'excellentes stratégies. Tu t'es embarqué dans une guerre qui tu risques fort de perdre.

- NOUS NE LA PERDERONS PAS ! Rugit-il.

- Si tu attaques, oui, vous la perdrez. Laisse-moi y aller.

- Je te l'ai dis, je te donnes une journée, fait-il en se calmant un peu et en se rassoyant.

- Je vais avoir besoin de ton autorisation écrite et signée pour entrer à Hullark. Sans elle, la guerre est perdue car je ne pourrai pas entrer.

- D'accord. Je te fais cette faveur mais je veux des résultats. Ramènes-moi la preuve qu'ils n'ont pas tués Qual-Kehk et j'annule la guerre. Je leurs présenterai même mes excuses. »

Il m'étonnait ce Bjor ! Jamais je ne l'aurais entendu dire qu'il s'excuserait un jour. De plus, il avait appris beaucoup de mots depuis ce matin. Bon, j'étais heureux qu'il sache écrire, ça pourra éviter une guerre. Il fit la lettre que je lui avais demandée et il la signa, comme je lui avais demandé. Il me la remit dans les mains et me dit : « Tu as une journée. »

Je pris la lettre et sorti de la tente après avoir vidée ma bière. Je ne lui ai pas dit un seul mot après qu'il m'ait remit la lettre, puis je parti chez moi pour me coucher. Cette belle journée a été l'une des plus épuisante que j'ai vécu.

Ma nuit fut très plaisante ! J'ai dormi comme un bébé sans avoir trop froid, trop chaud ou être trop inconfortable pour me réveiller. Je me suis d'ailleurs réveillé par moi-même, l'une des choses que j'aime le plus. J'avais toujours mon papier, la journée s'annonçait un peu moins belle que l'autre, mais je pouvais toujours éviter la guerre entre Harrogath et Hullark. Je me levai, puis sorti de chez moi après m'être habillé. La ville était endormie, mais quelques barbares montaient la garde pour ne pas être attaqués par surprise. L'intermédiaire de ma demande au conseil a complété et réussis sa « mission », heureusement. Il me restait donc à aller à Hullark et parler au conseil pour tenter de ramener des preuves qu'Hullark n'est pas responsable de la mort de Qual-Kehk.

Par chance, ce n'était pas les mêmes barbares qui montaient la garde devant la porte que lors de mon arrivée. J'ai pu sortir beaucoup plus facilement que j'ai entré. Je n'ai même pas eu besoin de parler. Une chance, je n'aurais pas aimé converser de nouveau avec des gens sans vocabulaire.

Comme d'habitude, ma marche vers ma destination, peu importe soit-elle, s'est déroulée sans incidents, sans rencontres et sans indices. Mais, à mon arrivée à Hullark, j'ai remarqué quelque chose. La ville n'était pas pareil. Elle avait changée depuis hier et je ne savais pas ce qu'il se passait. Je me rendis à la porte, deux nouveaux gardes druides la barraient. J'ai engagé la conversation : « Bonjour, messieurs, je peux entrer ?

- Vous nous prenez pour qui ? Nous sommes en guerre, partez.

- Je viens en messager d'Harrogath. Je dois parler à votre conseil.

- Le conseil est occupé et vous ne pouvez pas entrer sans autorisation de ce dernier. En avez-vous une en votre possession ?

- J'ai un message signé du chef d'Harrogath. Je ne viens que quérir des renseignements, dis-je en lui montrant le papier.

- Quels renseignements ? Me demanda-t-il en examinant le message.

- C'est confidentiel.

- Dans ce cas, ce n'est pas important. Partez ! Dit-il en me redonnant vigoureusement le mot.

- Un instant, ça pourrait empêcher la guerre. Je crois que votre conseil prendrait une sage décision d'accepter de s'entretenir avec moi.

- Je vais voir ce que je peux faire. Restez ici, je reviens. »

L'autre druide gardait sa lance fermement empoignée dans sa main, prêt à me tuer si j'osait un quelconque geste suspect. Le druide prenait du temps, ça ne paraît pas si long cinq minutes, mais quand on reste debout à rien faire ça peut prendre plus de temps qu'on ne le croit !

Enfin, il passa la porte et me dit : « C'est bon, vous pouvez entrer. Le conseil s'est réuni dans la grande maison au centre de la ville. Vous ne pouvez pas la manquer, elle est droit devant vous lorsque vous entrez.

- Merci, dis-je aimablement. »

Enfin j'ai pu entrer dans une ville sans encombre. Je n'ai pas eu à combattre ou utiliser mes aptitudes magiques. Je me dirigeai rapidement vers la maison au centre, sentant que tous les druides me fixaient du regard à mon passage. Lorsque j'atteignis la porte, elle s'ouvrit devant moi, puis un druide me fit signe d'entrer, comme s'il savait que j'allais ouvrir la porte et qu'il l'ait ouvert pour moi.

L'intérieur était accueillant, l'odeur d'encens me déplaisait, mais je n'y pouvais rien. C'était une odeur utilisée pour un rituel druidique, mais je ne me souvenais plus lequel. Le chef du conseil, qui était assis à une grande table rectangulaire devant moi, ainsi que tous les autres membres du conseil, se leva et me dit : « Vous pouvez dire ce que vous êtes venus dire. Nous vous écoutons.

- Je viens d'Harrogath. Si le chef barbare Bjor vous est hostile, je vous suis amical. La guerre a été déclanchée par un meurtre commis à Harrogath. Bjor vous a pris pour coupable puisque vous êtes les seuls qu'il soupçonne. Je ne vous crois pas coupable car j'ai une autre piste qui est possiblement celle de l'assassin. Je viens demander la paix, et pour cela je vais avoir besoin de preuves que vous n'avez pas tué notre ancien chef.

- Qu'entendez-vous par preuves ?

- Y a-t-il eu des départs des druides d'Hullark vers Harrogath avant-hier soir ?

- Je n'en sais rien. Hullark est une grande ville, nous ne savons pas toujours qui part et qui entre chaque jour. Maintenant, quelle piste suivez-vous et pourquoi croyez-vous qu'elle peut être celle de l'assassin que vous recherchez ?

- La piste m'a conduis à un petit village dont j'ai oublié le nom. Un meurtre a été commis dans ce village, rassemblant beaucoup à celui commis à Harrogath. Les traces que j'ai suivi et qui m'ont menés à ce village ressemblaient à celle de quelqu'un mi-homme mi-démon. »

Le conseil se mit à parler ensemble, silencieusement de sorte que je n'entendais absolument rien et c'était un peu chiant, mais bon. Je n'y pouvais rien non plus.
« Nous voudrions savoir comment sont morts votre chef et l'homme du village. S'ils se ressemblaient, quels étaient leurs points en commun ?

- Tous deux ont étés tués durant la nuit, dans leur sommeil. Les deux ont été étranglés, ce qui a pour effet de diminuer grandement les capacités physiques de cette personne. L'assassin semblait doué en combat, mais jamais je ne l'ai vu. Un aubergiste m'a dit qu'il avait vu quelqu'un d'étrange, probablement l'assassin, et qu'il avait combattu avec les autres clients de l'auberge. Aucun d'eux n'a pu le blesser. J'ai remarqué également que les morts avaient le nez brisé. Le tueur les a probablement frappés en les étranglant, pour leur faire perdre conscience et ainsi achever son travail et les tuer sans difficulté. »

Le conseil se remit à discuter silencieusement, d'une manière chiante pour moi, puis le chef se leva et dit : « Nous avons pris une décision.

- Je vous écoute.

- La description de ces meurtres est semblable à celle du meurtre commis cette nuit dans notre ville. Nous soupçonnons Harrogath d'avoir envoyé un tueur pour tuer notre chef de guerre. Notre diagnostique est semblable au votre, il a été étranglé durant son sommeil et frappé au visage. Son nez est également cassé.

- Il est donc possible que ce soit l'assassin que je recherche.

- Nous voulons avoir soit l'aveu que vous avez tué notre chef de guerre, soit une preuve que vous ne l'avez pas fait.

- Pour l'aveu, je n'étais pas au courant de ce meurtre jusqu'à maintenant et je ne crois pas qu'Harrogath vous ait attaqué car j'ai fait promettre à Bjor de ne pas lancer d'offensive. Il m'a donné une journée pour ramener une preuve venant de vous que vous n'avez pas tué notre ancien chef avant de lancer sa première attaque, elle sera nocturne.

- Pourquoi nous dites-vous que cette attaque se déroulera la nuit ? Pour que nous restions éveillés durant la nuit entière pour tomber de fatigue le lendemain et recevoir finalement l'attaque attendu de votre ville ?

- Non. Je veux éviter la guerre. Je veux une preuve autre que votre parole que vous n'avez pas tué notre ancien chef et j'amènerai une preuve ou un aveu d'Harrogath, comme vous le voulez.

- Nous ne savons pas comment vous prouver que nous n'avons pas tué votre ancien chef. Mais, si vous nous êtes amical, vous nous croyez sur parole ?

- Moi je vous crois, mais Bjor ne vous croira pas.

- Demandez-lui une preuve qu'il n'a pas tué notre chef de guerre et nous vous remettrons une preuve que nous n'avons pas tué votre ancien chef. Est-ce un bon marché ?

- Oui, je vais de ce pas à Harrogath et je reviendrai aujourd'hui avec la preuve que vous demandez. Cependant, j'aimerais, de nouveau, que vous ne lanciez pas d'offensive vers Harrogath jusqu'à mon retour. J'essaierai d'en faire autant pour Harrogath.

- Entendu. Nous allons élire un nouveau chef de guerre pendant votre absence.

- Merci à vous. »

Sur ce, je quittai la maison et la ville pour retourner à Harrogath. Mais, hors de la ville, je remarquai encore ces traces étranges qui semblaient se diriger vers le nord. Là, j'étais un peu confus. Je ne savais pas si je devais suivre les traces et enfin trouver l'assassin ou retourner à Harrogath pour tenter d'empêcher la guerre.

J'ai réfléchis et j'en suis arrivé à la conclusion suivante : si je recherche l'assassin, c'est pour éviter la guerre. Or, si je suis les traces, la guerre entre Harrogath et Hullark s'enclenchera et j'aurai échoué de toute façon. Je devais donc retourner à Harrogath en premier.

Une nouvelle fois, mon voyage fut agréable. Je crois maintenant que je n'ai plus à vous le dire car il l'est à chaque fois. Je vais donc me fermer la gueule pour que vous puissiez lire tranquille sans avoir à relire le passage : mon voyage fut paisible. Ou : mon voyage fut agréable. Ou encore : mon voyage ne m'apporta ni rencontre désagréable, ni indice, malheureusement. Quoique celui-là m'a apporté la piste du probable tueur au tout début. Mais bon, j'arrête. Me voilà à Harrogath maintenant.

J'entre, pour la première fois j'entre sans dire un mot à quiconque. C'était le même barbare qu'hier soir alors il a du apprendre sa leçon. Je me dirige vers la tente de Bjor, il n'y est pas. Je vais chez Qual-Kehk, je le troue assis à la table, en train de boire et probablement se saouler.

« Bjor ! Dis-je.

- Ah, Cain. Bonjour. En forme ?

- Oui, j'ai, je crois, de bonnes nouvelles pour toi. Je pourrai éviter la guerre, mais pour cela j'ai de nouveau besoin de toi.

- T'as toujours besoin de moi. J'en ai assez, débrouilles-toi.

- Bjor ? T'es bizarre là. T'es déjà saoul ?

- Un peu.

- Pourquoi tu fais ça ?

- Pour célébrer la foutu mort de notre ancien foutu chef. Pas une bonne raison ça ?

- Je ne crois pas non. Lâche cette urne. J'ai besoin de toi et tu vas m'aider.

- Y'en a marre de tes conneries. Laisse-moi. Je veux être seul.

- Je ne te laisserai que lorsque j'aurai enfin obtenu de toi ce que je veux.

- Alors qu'est-ce que tu veux qu'on en finisse ? Une bonne grosse baffe ?

- Non. Je veux une preuve, autre qu'une parole, que tu n'as envoyé personne tuer le chef de guerre des druides d'Hullark. »

Mon interlocuteur resta silencieux.

« Réponds-moi Bjor. »

Un grognement sourd me fit prendre conscience que Bjor s'était endormi. Le foutu con. J'ai besoin de lui pour éviter la guerre et il s'endors en pleine conversation. J'ai le goût de lui en coller une, mais il va tomber inconscient si j'utilise ma magie (je ne peux quand même pas le frapper avec ma forces musculaire) alors je ne peux pas. Je m'approche de lui puis le secoue pour le réveiller.

« Hein ? Quoi ? T'es encore là toi ?

- Oui, et je ne partirai pas bientôt. Surtout si tu es pour t'endormir de nouveau, dis-je en reprenant ma place.

- Bon, qu'est-ce que tu veux ?

- Une preuve que tu n'as pas tué le chef de guerre d'Hullark.

- Il est mort ? Vraiment ?

- Oui, ils sont en train d'en élire un autre. J'ai besoin de cette preuve. Maintenant.

- Eh bien t'en a ma parole. Tu me crois sur parole, non ?

- Moi oui, mais pas eux.

- Bon, on a un relevé des entrées et sorties de la ville. Tu y es aussi. Je sais que tu es sorti un peu avant le levé du soleil aujourd'hui. Mais je n'ai pas regardé depuis ton arrivée alors j'en sais pas plus.

- Je peux jeter un coup d'oeil ?

- Ouais, il est à la porte. T'as besoin de moi, encore, sinon les gardes te laisseront pas le voir.

- Alors viens avec moi.

- Mais, j'peux pas finir mon urne avant ?

- T'as assez bu pour l'année. Viens, marcher te feras du bien.

- T'es chiant, tu sais ?

- Je sais, mais tu l'es aussi. Allons-y. »

Bjor daigna enfin se lever, après avoir fait une grimace de douleur. Son foie semblait être au bord de tout rejeter le contenu de son estomac. (Ici, c'est la version littéraire. Sinon, ça donnerais plutôt : Il va dégueuler bientôt, j'le sens.)

Nous marchons, un peu lentement dû au rythme de marche de Bjor saoul, jusqu'à la porte d'Harrogath. Une fois arrivés, Bjor leur demanda de me laisser regarder les entrées et sorties de la ville, inscrites dans un livre depuis le déclanchement de la guerre. Mais, vous me connaissez mal si vous pensez que je ne vous écrirai pas ce qu'il a dit exactement.

« Chi vous plaît, faudrait laicher monsieur Cain ainsi présent orgarder dans l'live qu'on a faite avec les sorties de la ville d'entrée. Je lui en donne motre permission et puis chi vous êtes pas contents tant pis. »

Un peu surpris, les gardes barbares dirent ensembles : « Chef ? Ça va bien ?

- Mouais, mouais... mais faut pas trop en d'mander là, barnak. Si j'va bien j'resterai pas longtemps a bien aller parce que vous m'faite chier pis ça m'tente pas.

- Chef ? C'est quoi il faut faire exactement ?

- Commenchez pas à m'faire plus chier qu'le diable lui-même fait pas chier Cain, va vous l'dire.

- Je vais vous expliquer, et lui il est d'accord, dis-je aux gardes de la ville. »

Après leur avoir tout dit, ils me laissèrent le livre et je commençai à regarder. Il n'y avait pas beaucoup d'entrées et de sorties, mais les noms y étaient inscrits et les écritures étaient différentes. Bjor a posé un geste intelligent en choisissant des gardes qui savent lire et écrire.

« Je peux emmener le livre avec moi à Hullark ? Dis-je aux gardes. Bjor est d'accord, mentai-je.

- Vous êtes sur ? Ce n'est pas son genre pourtant d'accepter des choses comme ça. »

Alors là, un barbare garde qui me surprend énormément. Il fallait faire très attention à lui, il était un peu plus intelligent que les autres car il savait faire des phrases complètes et me vouvoyer !

« Oui, il m'a dit que je pouvais le lire et l'emmener. Bjor ne peux pas me refuser beaucoup de requêtes, je l'aide à faire son travail.

- Bon, et bien, si vous le dîtes. Vous pouvez y aller mais inscrivez votre nom dans les sorties.

- Merci ! »

Pour la première fois, je remerciai le monde d'avoir créé les barbares aussi stupides ! J'allais peut-être empêcher la guerre d'éclater entre Hullark et Harrogath. La nuit commençait à tomber alors que j'arrivai aux portes d'Hullark. (Non je n'ai pas marqué comment s'est déroulé mon voyage, vous le savez déjà). Je présentai le même mot de Bjor qu'à l'autre druide qui gardait la porte lors de ma première venue aujourd'hui, il me dit un peu les mêmes choses, mais surtout : je vais aller voir.

« Dîtes au conseil que j'apporte la preuve. »

Encore quelques minutes à patienter devant la grande et imposante porte d'Hullark, menacé par l'autre garde s'il fallait que je bouge. Ce fut moins long cette fois, le chef du conseil était même venu lui-même à la porte pour me voir en personne. Il me fit entrer et m'amena à la grande maison au centre de la ville, comme tantôt. Il s'installa à sa table et dit : « Alors, comment pouvez-vous prouver qu'aucun barbare n'est venu ici ?

- J'ai avec moi le livre des relevés des entrées et sorties de la ville depuis avant-hier, et ce jour et nuit avec la position du soleil ou de la lune dans le ciel grâce à deux pratiques inventions : le sextant et le bâton de Jacob.

- Et comment pouvons-nous être sûr que toutes les entrées et sorties de votre ville sont là ?

- J'ai confiance en Bjor. Je sais que vous, non, mais si Bjor avait laissé sortir quelqu'un sans qu'il n'apparaisse dans cette liste, il me l'aurait dit.

- Et pourquoi en êtes vous si certain ?

- On dit souvent que la vérité se trouve dans le vin. Bjor avait trop bu quand il m'a parlé tout à l'heure. Il m'a avoué qu'il n'avait laissé sortir personne.

- Comment pouvons-nous être sur de tout cela ?

- J'ai vu Bjor saoul de mes yeux. Il ne vous reste plus qu'à me croire sur parole car je ne peux pas prouver que je l'ai vu dans cet état. »

Le conseil resta silencieux un moment (non, ils ne parlaient pas entre eux) puis : « D'accord, je vous crois, moi.

- Merci.

- Maintenant, c'est à notre tour de vous prouver que nous n'avons pas tué votre chef.

- En avez-vous élu un autre ?

- Oui, presque. Le conseil a choisit les cinq druides les plus astucieux et un vote parmi les autres druides de la ville a été lancé. Nous saurons les résultats bientôt et nous pourrons savoir lequel sera notre nouveau chef de guerre.

- Et pour la preuve que vous vouliez m'apporter ?

- Il nous est presque impossible de trouver quelque chose d'aussi éphémère, mais nous avons réussis à le dénicher. Pour vous prouver que nous n'avons pas tué votre chef, nous avons parlé avec chaque militant de la ville, aucun ne prétend y être aller. Ce n'est pas la preuve que vous espérez, je sais, c'est pourquoi j'ai trouvé autre chose pour vous. La nuit d'hier, le meurtrier de notre chef a été suivit par l'un des nôtres. Il se nomme Vanghul et il est expert en combat ainsi qu'en camouflage. Il est revenu avec un morceau d'étoffe du tueur. Il est plutôt brunâtre et foncé, mais on voit clairement que le tissu nous est inconnu à nous, les druides. Jamais nous ne saurions faire ce genre de vêtements.

- J'ai également trouvé un morceau de tissu provenant du meurtrier. Il correspond, jusque là, à la description que vous m'en faite. Je peux voir et comparer les deux morceaux ?

- Vous avez le votre ?

- Je le traîne depuis que je l'ai trouvé. Je ne savais pas quand il pouvait être utile, mais je savais que ce n'était pas une mauvaise idée que de le traîner. J'aimerais aussi parler à ce Vanghul, j'aimerais avoir son récit sur la poursuite du tueur.

- Bien. Peut-être empêcherons-nous avec ces objets la guerre entre barbares et druides.

- Oh, cette guerre existe depuis la mort de Bul-Kathos et celle de son conseillé. Jamais nous ne réussirons à faire taire ce passé, mais nous pouvons éviter beaucoup de combats inutiles entre barbares et druides.

- Vous parlez avec sagesse, mon brave. Je vous emmène de ce pas chez Vanghul. Il garde l'étoffe chez lui. »

Le chef du conseil se leva et m'emmena comme promis à la maison de Vanghul. (Ai-je besoin de vous dire que mon voyage entre ces deux maisons de la ville fut agréable et sans incident ?)

Vanghul accepta, un peu à contrecoeur, de me laisser regarder l'étoffe en question. Je l'examinais alors que le chef du conseil semblait dire à Vanghul ce que je faisais ici et pourquoi j'avais droit à regarder cette étoffe, ainsi que l'emmener si elle ressemblait à celle que je possédais déjà. Je le remerciais au fond de moi-même, car je n'aurai pas besoin de tout lui expliquer à mon tour. Je n'aurai même rien à dire à Vanghul sauf quelques remerciements qu'il mérite d'ailleurs très bien.

Les morceaux de tissus se ressemblaient énormément. Et, comme l'a dit le chef du conseil, il n'a pas été fabriqué par un druide d'Hullark. Aucune personne de cette ville ne sait comment tisser ça.

Après mon examen un peu exagéré, j'ai été voir Vanghul alors que le chef du conseil (non mais ça devient long à écrire ça... le chef du conseil par ci, le chef du conseil par là...) lui avait dit que je voulais entendre son récit. Vanghul (moins long à écrire, lui) me récita donc son chemin, sa furtivité, ses tentatives échouées de deviner où le tueur de mes deux allait, à la longue ça devenait chiant, je commençais à avoir envie et lui qui n'en finissait pas avec son récit de merde, j'ai fait ça ici, ça là, puis je l'ai suivi là, puis là...

Je m'en fou, je veux juste aller pisser. Je reviens après. Enfin, c'était long pour rien car il m'a dit : « Alors qu'il dormait, j'ai pris un morceau de sa cape qu'il avait laissé sur la chaise proche de son lit, puis je l'ai ramené. »

Absolument rien d'intéressant, rien d'utile. Il n'a même pas vu le visage du tueur. Tout ce que je sais, c'est qu'il est parti dans le village au nord d'Hullark et que Vanghul le suivait. Rien de plus chiant !
Enfin, je pouvais me soulager. Sur la route entre Hullark et Harrogath qui, encore une fois, fut une route paisible. À mon retour à Harrogath, la nuit tombait presque. J'étais fatigué, dure journée, mais il fallait que j'aille voir Bjor avec les deux morceaux de tissu. Il était, encore une fois, dans la maison de Qual-Kehk. Heureusement, il n'était pas saoul, cette fois.

« Ah, salut Cain. En forme ?

- Pas mal, oui. Je vais pouvoir éviter la guerre. J'ai remit le livre à tes gardes et j'ai ramené la preuve qu'Hullark n'a pas fait tuer Qual-Kehk.

- Alors là, jamais tu ne finiras de m'épater.

- J'ai deux morceaux de tissus avec moi, tout deux appartenants au tueur de Qual-Kehk et du chef de guerre d'Hullark.

- Emmerdant jusqu'ici.

- Ta gueule, et laisse-moi finir. C'est, à priori, le même tueur. Pourquoi est-ce que, après avoir tué Qual-Kehk, un druide d'Hullark irait tuer son chef de guerre ?

- Ben, je sais pas moi, pour prendre sa place ?

- Non, car le tueur n'est pas druide. Le tissu a été fabriqué par je ne sais trop qui avec quelques pouvoirs magique qui surpasse mes connaissances.

- Tout un tissu !

- Oui. Alors, aucun druide d'Hullark ne sait comment faire ce genre de vêtements.

- Et ils ne peuvent pas sortir l'acheter ?

- C'est une bonne question, mais loin d'être réfléchie. Au cas où tu ne le savais pas, Hullark n'a pas d'argent. Ils ne veulent pas s'associer aux marchands que nous connaissons, ils ne veulent pas de cette monnaie internationale. Ils ont la leur et elle ne sert qu'à Hullark. Ils n'ont pas besoin de plus.

- Ah oui, c'est vrai. Donc, ils auraient pus se la faire donner, cette armure

- C'est une cape.

- Bon, cette cape alors.

- Tu donnerais une cape qui vaut quelque chose comme dix millions de pièces d'or ?

- C'est ce qu'elle vaut ?

- À en juger mes connaissances, oui. Elle recèle des pouvoirs magiques incroyables ! Plus fort encore que les miens. Et de la manière dont il a l'air de se déplacer, le tueur, avec ce qu'il porte, on dirait un nouveau retour de Diablo.

- Attends. Tu veux dire que Diablo marcherait encore sur ce monde ? Mais c'est impossible !

- Je le sais bien ! Les pierres d'âmes ont été détruites par les sept aventuriers. Comment pourraient-elles avoir été reconstituées ?

- C'est à moi que tu le demandes ?

- Ce que je te demande à toi, c'est d'aller à Hullark et de retirer la guerre que tu leur as lancée. Fais la paix avec cette ville, du moins, jusqu'à ce qu'ils la rompent.

- Bon, bon. Je vois que je n'ai pas d'autre choix ! Tu as encore gagné, Cain. T'es content ?

- Si je suis content ? Tu parles ! J'ai évité la guerre, grand !

- Mouais, bon... J'y vais.

- Ramène de quoi boire, on va fêter ça !

- Oh non ! Je ne touche plus à l'alcool. Pour aujourd'hui du moins. Fête tout seul ! »

Sur ce (oui, je sais, je le dis souvent le sur ce, mais c'est cool), Bjor parti vers Hullark alors que je riais, heureux d'avoir évité cette guerre. Maintenant, j'avais deux destinations : le village au nord d'Hullark, dont je ne sais pas encore le nom, ainsi que Franzer. Je décidai de passer la nuit en premier, puis d'aller à Franzer demain. J'entendais au loin le cheval du char de Bjor, il partait vraiment pour Hullark et arrêter la guerre. Moi, j'allais me coucher sur cette journée chargée.

Réveil brutal, désagréable, chiant à fond ! Bjor était venu me lever : « Debout Cain. T'as du boulot !

- Comment j'ai du boulot ? Qu'est-ce que t'as fait encore ?

- Moi ? J'ai rien fait.

- Alors c'est quoi l'histoire de la job ?

- Viens, tu comprendras.

- Je peux finir ma nuit avant ? L'aube n'est même pas arrivée !

- Je t'ai dis viens, tu comprendras. »

Ah l'emmerdeur. Il faut toujours qu'il agisse ainsi. Je me levai, m'habillai, puis l'accompagnai comme il le voulait. Il m'amena hors de la ville. Au début je voulais tout simplement le tuer pour m'avoir réveillé ainsi sans m'expliquer pourquoi, mais quand il m'a montré un barbare agonisant près de la grille d'entrée d'Harrogath, j'ai eu peur de comprendre.

« Il a été attaqué, mais il est vivant, dit Bjor. Il a besoin de ton aide.

- Je ne suis pas expert en soin tu sais. T'aurais dû aller chercher Malah.

- C'est lui qui voulait te voir. Et puis Malah, elle dort.

- Pour vrai ? Et moi, je ne dormais pas ? Tu sais, c'est étrange mais je crois qu'il y a plusieurs personnes qui dorment en plein milieu de la nuit.

- Ça va, ta gueule. Je vais la chercher. En passant, c'est Jnir le nom du garde. »

Bjor parti dans la ville, cherche Malah. Il ne reviendra que dans une dizaine de minutes, alors j'en ai profité pour parler un peu avec Jnir.

« Malah sera bientôt là, tu va t'en sortir, dis-je pour le rassurer.

- Cain ! Vous êtes là, enfin. Je voulais...

- Du calme. Tu vas empirer la situation. Respire, puis va à ton rythme. Pas au mien.

- Le... L'homme qui nous... a attaqué...

- L'homme qui vous a attaqué. Jusqu'ici, je suis.

- Il... Il est étrange. Il a emmené... Ruff avec lui... je crois qu'il... est mort maintenant.

- Qui est Ruff ? L'autre garde ?

- Oui...

- Tu sais qui vous a attaqué ?

- Non... Mais ce n'était pas... Pas un druide... Il... Il combattait comme un chef... Comme Qual-Kehk... Non... Mieux encore !

- Mieux que Qual-Kehk ? Il portait une cape brunâtre ?

- Je... Ne le sais pas... Il... Faisait beaucoup... Trop sombre pour voir... La couleur. »

Malah arriva avec Bjor à cet instant. Elle était beaucoup plus moche que d'habitude, Malah. Déjà qu'elle n'est pas super, quand elle sort du lit alors... J'aime autant mieux me taire. Je sais que c'est un peu chiant pour vous les lecteurs, mais ça vaut mieux. Croyez-moi.

Malah commença à administrer ses soins délicatement à Jnir. Elle savait très bien comment s'y prendre avec les blessés et les malades. Elle a fait cela toute sa vie et même moche et à peine réveillée, elle arrive à faire des miracles. Moins impressionnants que les miens, mais tout de même, elle est douée.

Bjor appela d'autres gardes barbares qui aidèrent Malah à transporter Jnir dans sa maison (la maison de Malah). Une fois à l'intérieur, Malah nous dit qu'elle s'en occuperait seule. Je n'ai eu aucune autre idée que de finir ma nuit tranquille, et c'est ce qui s'est passé.

À mon nouveau réveil, j'ai été directement à la maison de Malah. Elle me dit que Jnir se portait bien et qu'il avait besoin de repos. (C'est toujours ce qu'on dit après tout, pourquoi changer ça ?)

J'ai été voir Bjor qui était déjà levé, lui aussi, puis lui appris que je devais me rendre à un certain village du nom de Franzer.

« Franzer ? Qu'est-ce qui t'attire là-bas ?

- Parait qu'il y a eu un meurtre possiblement relié à celui de Qual-Kehk, du chef du village no-name et de l'ancien chef de guerre d'Hullark.

- Et tu comptes t'y rendre comment ?

- Je n'en sais absolument rien. Je ne sais même pas par où est ce village.

- Au sud.

- C'est loin ?

- Au moins cinq heures de marche.

- Combien de temps en char ?

- J'en sais rien, je n'y suis jamais allé. Mais si tu en cherches un, je peux te prêter le mien. Je n'ai pas à sortir aujourd'hui. Y a du taponnage à régler ici.

- Quel taponnage ?

- Bah, des choses élémentaires ! Des cours à donner aux recrues, des stratégies défensive et offensive à inventer, bref, une journée de routine.

- Bon, j'accepte ton char alors. Je vais revenir dès que je sais tout ce qu'il me faut.

- Parfait. Bonne chance. »

Il devenait intelligent ce Bjor. Peut-être que le poste de chef d'Harrogath a un effet psychologique sur le cerveau d'un barbare, l'obligeant à devenir intelligent. Espérons qu'il n'ait pas à devenir aussi grincheux que Qual-Kehk. Le char fut attelé par les hommes (barbares pas très intelligents, la normale quoi) de Bjor, anciennement les hommes de Qual-Kehk. Un magnifique étalon d'un noir brillant, un des plus rapide d'Harrogath ! J'avais vraiment de la chance d'avoir autant de pouvoir sur le chef de la ville.

Encore une fois, il n'y a pas d'utilité à vous décrire mon voyage. La seule chose de différente est que j'ai noté combien de temps ça ma pris. Un bon trois quart d'heure en char, versus cinq heures à pied. Franchement, Bjor m'avait beaucoup aidé jusqu'ici, contrairement à ce que l'on peut croire. Le village n'était pas bien gros, un peu plus que l'autre no-name, mais tout de même petit.

Évidemment, j'allais devoir me retaper le bordel incroyable nécessaire pour entrer dans un village et ce depuis qu'il y a eu un meurtre. S'il y en a eu un. La sentinelle semblait à vif, il me fixait, gardait son arc tendu du haut de sa tour.

« Du calme, mon ami, dis-je. Je ne suis ici que pour avoir quelques renseignements.

- Que voulez-vous savoir ? »

Tiens, un autre qui avait un vocabulaire suffisant pour me vouvoyer. Je ne l'aurais pas cru avec la grosseur du village, mais bon, Harrogath est la plus grosse ville et celle au moins gros vocabulaire. Quoique depuis quelques temps ça s'est beaucoup amélioré.

« Je veux savoir s'il y a vraiment eu un meurtre ici.

- Qui vous a parlé de ça ?

- Ce n'est pas important.

- Alors vous n'avez rien à faire ici. Je ne répondrai pas à cette question si ce n'est pas important. Partez, monsieur. »

Je le savais. Toujours cette foutu manie de mettre dehors n'importe qui ! Mais il fallait absolument que je garde mon calme. Je savais faire dévier une flèche de sa trajectoire alors s'il devenait agressif, je saurai survivre et m'enfuir.

« C'est un aubergiste d'un village à l'est d'ici.

- Quel est le nom du village ?

- Je ne m'en souviens plus, je ne suis pas sur de déjà l'avoir su.

- Vous avez bien essayé. Partez, ce n'est pas important, comme vous le dîtes.

- Écoutez, je suis sur les traces de cet assassin. Si vous pouviez me laisser voir le corps et tenter de reconstituer la scène, s'il a été assassiné, je pourrai savoir s'il est en lien avec le tueur que je recherche.

- Personne ne vous a dit qu'il y avait un mort ici.

- Personne ne m'a dit le contraire.

- Vous êtes plus intelligent que vous en avez l'air. Mais aucune astuce ne vous permettra d'entrer.

- Bon. Et une menace, alors ?

- Quelle menace ? Vous pensez pouvoir me tuer ? Je suis en haut d'une tour et j'ai mon arc prêt à servir.

- Je le vois bien que vous êtes haut avec votre arc. Mais moi j'habite Harrogath et j'ai un certain pouvoir sur le chef de la ville. Si je veux raser votre village, je lui demande et demain il ne restera que des cendres ici.

- Je ne vous crois pas. Vous êtes peut-être intelligent, mais vous n'oseriez pas faire ça ! »

Là, je dois admettre qu'il avait raison. De plus qu'Harrogath est très loin de Franzer. Le temps que je parte demander à Bjor d'attaquer et le temps que les barbares arrivent, Franzer aura le temps d'être évacué.

« Écoute, petit. Je peux te tuer si je le désire. Mais je ne le ferai pas car ce n'est pas ce que je veux. Celui que je veux tuer c'est probablement celui qui a tué l'un des votre.

- Pourquoi voulez-vous le tuer ?

- Parce qu'il a tué l'un des notre, à Harrogath. Je cherche à le venger.

- Alors allez-y. Laissez Franzer tranquille et partez le tuer.

- Si je suis venu ici et que je sais qu'il n'y est pas, c'est pour avoir des renseignements d'où il peut être maintenant. Est-ce que c'est votre chef ou chef de guerre qui a été tué ?

- Partez, monsieur. Vous ne saurez rien d'ici.

- Donc, si c'est lui, a-t-il été tué durant son sommeil ? A-t-il été étranglé ?

- Partez.

- Merci, c'est tout ce que je voulais savoir.

- Attendez ! »

Je le regardais descendre dans son village, puis la porte s'ouvrit légèrement. Il sortit et me dit : « Comment avez-vous su tout ça ?

- C'est la méthode qu'utilise l'assassin que je recherche. Jusqu'ici, il n'a tué que les personnes qui s'occupent de la défense et des attaques des villes et villages. Il en a tué au moins quatre avec le votre. Il attaque dans la nuit et tue durant le sommeil en étranglant sa cible. C'est un homme dangereux et je compte l'arrêter.

- Si vous voulez reconstituer la scène, comme vous le vouliez tantôt, vous pouvez entrer.

- Non, ça va aller. J'ai ce qu'il me faut. Si tout ce que j'ai dit est exact, c'était bien lui. Je vous conseille d'élire un nouveau chef de guerre et de vous préparer à une attaque. Il se peut que cet homme fasse partit d'un groupe ou une organisation qui ne cherche qu'à détruire les villes et villages de cette région. Si c'est le cas, il est bien organisé.

- D'accord, je ferai selon votre conseil.

- Je vais repartir. Adieu »

Sur ce (encore le foutu sur ce), je le laissai et partit en char vers Harrogath. Pour une fois, je vais raconter mon voyage car il n'a pas été sans indices. Non, ce n'était pas encore ces traces étranges qui je ne sais pas si je dois les lier à l'assassin mais que je le fais quand même, mais c'était autre chose. Une longue trace de sang. Elle coupait complètement le sentier, et aucune trace de pas proche. Je décidai d'attacher le char à un arbre, je ne veux pas que mon cheval se sauve après tout, puis il me restait à savoir dans quelle direction elle venait ainsi que dans quelle direction elle allait, cette trace. D'un côté comme de l'autre, des arbres et la grande ligne rouge qui se faufile entre eux.

Un craquement de branche. Je me retourne : un petit oiseau merdique qui m'a fait chier en me faisant sursauter ainsi. Bah, j'ai tout de même réussi à vous tenir en halène pendant quelques secondes, il me semble.
Comment suivre une trace de sang dans la neige qui n'a ni début ni fin visible ? Aucune trace de pas sur les côtés, aucun indice de la direction prise, aucun frottement visible non plus ?

Bon, suffit les questions, il me semble qu'Harrogath est vers la gauche. Mon instinct me dit ça alors, je l'écoute. Je prends à droite, laissant mon char attaché à l'arbre près du sentier. Difficile de se perdre, si j'ai à revenir je n'aurai qu'à suivre la trace dans le sens inverse. J'ai du marcher ainsi, penché, à travers les arbres pendant plus d'une heure, avant d'enfin voir quelque chose d'intriguant. Une genre de grotte dans la roche, recouverte de neige. La trace de sang se dirige à l'intérieur. J'avais un peu peur (riez pas, vous auriez peur vous aussi) d'entrer, jusqu'à ce que je me dise : « Tu es le dernier des Horadrim. Comment penses-tu que quelqu'un puisse te faire peur si ta magie est la plus forte de ce monde ? »

Je suivis donc la trace de sang et m'engouffrai dans la grotte. Elle n'était pas bien profonde, juste assez pour qu'on ne voit rien de l'extérieur. Un cadavre de barbare termine la longue trace de sang, probablement le garde que le tueur a emporté, et des centaines de carte de la région. Je crois que j'avais trouvé le repaire, ou un des repaires, du tueur. Peut-être aurait-il été mieux de ne pas traîner ? Tant pis, je veux savoir qui c'est et ce qu'il veut à tuer tout ce beau monde.

Les cartes sont bien détaillées, on sait le nom de toutes les montagnes. Certaines ont un X rouge dans le coin supérieur droit. Ce qui est plutôt impressionnant, c'est que chaque carte ne contient qu'une ville ou un village. Chacune possédait un nom inscrit à l'encre noir dans le haut, habituellement centré. Sur la carte d'Harrogath, il y avait le nom Qual-Kehk d'inscrit et un X rouge était au coin supérieur droit. Celle d'Hullark n'y était pas, celle du Franzer, oui. Le nom inscrit dans le haut était Mal'var Kuen. Un X rouge était également au coin supérieur droit.

J'ai beaucoup réfléchit à ça, puis j'ai pensé que le nom en haut de la carte pouvait être le nom du chef de guerre à éliminer et le X rouge signifiait si la tâche avait été accomplie ou non. Celle d'Hullark n'y était pas, comme je l'ai dit plus haut, et je voulais savoir la raison. Peut-être que le meurtre était trop récent ? Pourtant, il a été commis hier. Avant-hier il y avait eu les meurtres à Harrogath, au village no-name et à Franzer, mais je n'étais pas sur du dernier. Hier, il y avait celui d'Hullark. Vanghul avait suivi l'homme jusqu'à un village au nord d'Hullark. Je ne savais toujours pas le nom, mais la seule carte que j'ai trouvé qui était au nord d'Hullark, selon mes coordonnées d'Hullark (les coordonnées que je crois exactes), était celle d'un village du nom de Tryla, mais ce village semblait être à au moins deux cents kilomètres d'Hullark. Le nom inscrit dans le haut était celui de Xarès. Probablement le chef de guerre, la cible du tueur.

Je sorti de la grotte en laissant tout à sa place, puis suivit la trace de sang dans le sens inverse. Après quelques secondes de marche seulement, j'ai entendu une voix grave derrière moi : « Deckard, comme on se retrouve. »

J'ai pivoté, puis vit un homme portant une cape brune, les deux étoffes que j'avais en ma possession provenaient probablement de cette cape. Son visage était dans l'ombre de son capuchon relevé, et la cape traînait au sol de sorte que je ne pouvais pas voir ses pieds.

« Qui es-tu ? Dis-je.

- Tu ne me reconnais pas ? C'est vrai que j'ai beaucoup changé depuis notre dernière rencontre.

- Montres-toi, je pourrai peut-être te reconnaître.

- Oh, mais tu m'as déjà reconnu. Tu ne le sais juste pas. Tu n'es pas prêt à savoir qui je suis, alors tu ne le sais pas.

- Ta gueule ! Je ne me laisserai pas dire ça par un con comme toi.

- Jusqu'ici, qui est le plus con d'entre nous ?

- Qui es-tu ? RÉPONDS !

- Calme-toi. Ça ne sert à rien de s'énerver, tu le sais bien.

- Je ne veux pas te faire de mal alors répond moi qu'on en finisse. Retire ce capuchon que je puisse voir ton visage. Sinon je le retirerai moi-même.

- Comment compte-tu t'y prendre ?

- Je suis Horadrim. Je connais la télékinésie et la maîtrise très bien. Je n'aurai même pas à bouger que tu n'auras plus cette cape sur les épaules.

- Eh bien, essaye-toi. »

Il y avait un piège. Je le savais bien. Sinon, il ne m'aurait pas dit qui est le plus con d'entre nous. Que se passerait-il si j'essayais ? Avait-il un visage tellement laid que j'en serais resté figé et qu'il aurait profité de mon état pour m'en coller une et me tuer ?

« Qu'attends-tu ? Dit-il.

- C'est quoi le piège ?

- Quel piège ?

- Tu ne me demanderais pas d'enlever ta cape avec ma télékinésie après m'avoir dit : qui est le plus con d'entre nous.

- Je vois que tu l'es moins que je ne le croyais. Mais tu l'es toujours plus que moi. Jusqu'ici, jamais je ne t'avais vu réfléchir autant.

- QUI ES-TU ?

- Calme-toi, te dis-je. Ça ne sert absolument à rien de s'énerver. Tu le sais bien. Tu le sais plus que moi.

- Es-tu le tueur ?

- Tueur, assassin, méchant, monstre, il y en a même qui croient que je suis Diablo.

- Tu sais très bien que je vais à nouveau m'énerver.

- Oui, je le sais. Oui, je suis le tueur. Non, je ne te crains pas.

- Pourquoi ?

- Tu sais pourquoi.

- Qu'a-t-elle cette cape ? Pourquoi est-elle si puissante ? Qui l'a envoûté ?

- Oh, tu commences à suivre la bonne piste. Cette cape est celle de mon père. Il me l'a donné et l'a reçu de son père. Le père de mon père l'a reçu de son et ainsi de suite pendant onze générations.

- Qui en est le créateur ?

- Son nom ? Je ne le sais même pas moi-même !

- Alors, qui était ton père ?

- Il n'est pas mort.

- Quel est son nom ?

- Tu es intelligent, Deckard. Je ne te le dirai pas. Tu dois comprendre pourquoi tu ne sais pas la réponse pour la trouver. Je te le dis tout de suite, ta magie ne te servira à rien pour t'aider.

- Pourquoi cela ? Elle m'a aidé à te trouver. Sans elle, j'aurais manqué quelques indices.

- Oh vraiment ? Bien, si tu crois. Mais, comment peux-tu être sur que tu les aurais manqué sans ta magie ?

- Ben, c'est elle qui m'a aidé à entrer dans un village et une autre fois à Harrogath.

- Ah, le petit au village dont tu ne sais pas le nom. Tu l'appelles même le village no-name ! Tu sais, t'es marrant des fois, Deckard. Pour Harrogath, il te l'a dit le barbare. T'as qu'à attendre que le chef passe par là. Le plus marrant c'est qu'il est passé environ cinq minutes après ton attaque. C'est lui qui a réanimé le garde barbare. Et pour le village, avec le petit avec son épée, il ne t'aurait pas frappé si tu étais resté debout. Il aurait lâché son épée et t'aurait laissé entrer car tu avais raison à son sujet : il n'est pas capable de frapper qui que ce soit.

- Comment sais-tu tout ça ? Tu m'as suivi ?

- Oh non ! C'est qu'on est liés toi et moi.

- Liés ?

- Non ! Je déconne ! On n'est pas lié pour le moins du monde ! C'est que j'ai des sorts moi aussi. J'utilise un sort dont toi, dernier Horadrim, ne saura jamais l'utiliser. C'est un sort de vision. Je peux voir ce que je veux sans y être.

- Ingénieux. Pourquoi je ne pourrai jamais l'utiliser ?

- Tu es Horadrim. Cette magie ne peut qu'être utilisée par les gens de ma race.

- Et de quelle race es-tu ?

- Tu le sais très bien.

- Oh, tu m'emmerdes avec tes tu le sais, tu devrais le savoir, tu le sauras quand tu sauras pourquoi tu ne le sais pas. Et arrête de rire de moi !

- T'es marrant Deckard.

- C'est pas une raison pour rire de ma gueule devant moi.

- Je sais. Mais bon, c'est parfois dur se contenir. Bon, il est temps de partir. C'est pas que tu m'ennuis mais j'ai toujours des courses à faire moi. À la prochaine, Deckard.

- Attends ! »

Et merde, il a disparu. Il fait chier l'enculé ! Bon, il fallait que je sache pourquoi je ne sais pas qui il est pour savoir qui il est cet enfoiré. Fait chier ça ! Bon, je devrais aller voir Vanghul pour savoir quel était le village jusqu'où il avait suivit le tueur qui j'étais supposé connaître déjà. Et surtout, s'il y avait eu un meurtre du chef de guerre dans ce village.

Je refais donc mon chemin en sens inverse et reviens à mon char. Mon cheval avait soif, je le savais, je le voyais. Faut dire que j'avais soif aussi. J'ai monté dans le char et, au désespoir du cheval, je l'ai fait courir jusqu'à Harrogath où il a pu boire et manger à sa guise. Tout comme moi. Je mangeais sans me préoccuper du reste du monde, de sorte que je n'ai jamais entendu Bjor s'approcher de moi jusqu'à ce qu'il me fasse sursauter en me disant : « Jnir est réveillé. Il va bien et il aimerait te voir.

- Je finis de manger et j'y vais.

- Il dit qu'il a vu le tueur.

- Je l'ai vu aussi tout à l'heure. Je lui ai même parlé. »

Bjor semblait impressionné. Je ne savais pas s'il l'était plutôt parce que j'avais vu et parlé avec le tueur ou parce que je ne l'étais pas moi-même.

« Tu t'es battu avec lui ?

- Oh non. Un type charmant ce tueur. Je voulais lui casser la gueule, mais j'ai pas pu.

- Pourquoi ça ?

- Il a disparu.

- Comme ça, au beau milieu de nulle part ?

- Ben ouais.

- Attends. Tu ne l'as pas suivi, attaqué ou empêcher de partir ?

- Ben, je voulais, mais il s'est téléporté.

- Ah ! »

Ben oui, ah ! Il ne savait plus quoi dire et il restait là pour m'emmerder. J'ai vite terminé mon repas et calé mon verre puis hop, chez Malah. Encore une fois, mon voyage fut à ne pas raconter.

« Ah, vous voilà, maître Cain. »

Faut dire qu'elle sait parler, Malah. Elle est moche, certes, mais beaucoup plus intelligente que les barbares. C'est peut-être pas la femme avec qui j'aimerais le plus converser, mais faut admettre que c'est mieux qu'avec un sans-vocabulaire.

« Oui, me voilà. Jnir est encore réveillé ?

- Il n'est pas près de se r'endormir.

- Je peux le voir ?

- Il n'attend que ça. »

Bon, la vieille nous laisse, Jnir et moi. Elle part à quelque part, ce n'est pas important. Ce qui compte, c'est ce que Jnir voulait me dire.

« Il sait se battre cet enculé.

- T'es en pleine forme, toi.

- Ouais, Malah est bonne pour nous guérir rapidement.

- Oui, bon. Tu veux me dire quoi, au juste ?

- Que je me suis battu, avec Ruff, contre ce connard. Fait chier, il est parti avec Ruff inconscient.

- J'ai trouvé le corps de Ruff tout à l'heure.

- Oh non ! »

J'espère tout de même qu'il va pas se mettre à brailler le décès de son ami. Au moins, je ne lui ai pas dit qu'il était mort dans une grande souffrance. Éventré, pas pendu ou étranglé, ÉVENTRÉ ! J'imagine pas quelle lac il va lui sortir des yeux si je lui dit que Ruff a été éventré.

« Comment est-il mort ? »

Ça y est ! Fallait qu'il me la pose, cette question. Fait chier Jnir ! Je ne veux pas le faire pleurer pour rien, je ne vais donc pas tout lui dire.

« Il a été tué. »

Ouh, c'est fort un peu ça. Tué, tué comment ? Je suis prêt à gager que c'est la prochaine question qu'il va me poser. En fait, vous, vous ne l'êtes pas puisque c'est moi qui écris l'histoire. Je mets un bémol sur ce qu'il dit et je vous fais avaler qu'il me pose la question : tué comment. Et là, j'empoche l'argent que vous aviez parié contre. Mais, je vais vous épargner ces dettes car, de toutes façons, je suis un personnage fictif. Il ne va donc pas me poser la question (je veux pas le faire brailler plus qu'il braille déjà, vous le savez) et il va continuer ce qu'il avait à me dire. C'est un barbare après tout. Pas gros d'intelligence alors il ne se doute de rien. On lui dit que son ami est mort tué et il est content, il ne veut pas en savoir plus.

« Reste que cet enfoiré est un foutu bon combattant avec une épée.

- Il avait une épée ?

- Ouais, et le plus impressionnant c'est que, non seulement il savait s'en servir, mais il savait aussi frapper avec son poing libre et lancer des sorts qu'on avait encore jamais vu !

- Il vous a lancé des sorts ?

- Pas à moi. Juste à Ruff. Il a réussi à l'assommer à distance. Le connard ! Si je le tenais, je lui ferais sortir la cervelle par les narines !

- Du calme, tu ne le tiens pas. Et je ne crois pas que tu y arriverais, s'il sait si bien se battre.

- À dix, on lui pète la gueule.

- Ça reste à prouver. T'as vraiment que ça à me dire ?

- Ben, c'est important, non ? Je suis le seul à avoir vu le tueur et à m'en être sorti.

- Tu as vu son visage ?

- Non. Il était caché sous son capuchon.

- Bon, t'es pas le seul alors. On est trois. Il y a un druide d'Hullark qui l'a vu, le premier, ensuite toi et moi.

- Tu l'as vu aussi ? Tu l'as buté ?

- Non. Il s'est sauvé.

- LE LÂCHE !

- Il disait qu'il pouvait me tuer facilement. Je ne sais pas si j'aurais bien fait de l'attaquer. Il a vraiment l'air puissant. C'est tout, alors ?

- Mouais, c'est tout.

- Merci. »

Je sorti de la maison de Malah en lui faisant signe (à Malah, pas à la maison) que j'en avais fini avec Jnir. Je retournai voir Bjor, un peu à mon grand désespoir, pour lui redemander son char. Il fallait que j'aille voir à Hullark, que je parle encore avec Vanghul.
Je vous tiens, alors ! Vous n'avez aucune idée du pourquoi je veux parler avec Vanghul. Et c'est ma dernière fin de chapitre qui vous a fait le plus chier. Obligé d'attendre le prochain, celui-ci, tenu en halène. C'est chiant et j'en suis fier. Alors là, c'est doublement chiant. Je vais donc cesser ma fierté de fin de chapitre et je vais continuer l'histoire. Encore une fois, aucune raison de raconter le voyage en char entre Harrogath et Hullark. Mais, une fois rendu, pas de problème à la porte. Faut dire que les gardes me connaissaient un peu, j'ai pu entrer en leur disant un simple salut.

Ils m'ont répondus de quoi de très ressemblant. Rien de plus à dire, rien de moins. Dans le village, j'ai trouvé la maison de Vanghul assez facilement, mais Vanghul, lui ! Introuvable. Évaporé. (C'est ce mot là qu'on emploi dans des moments comme celui-ci, non ?)

Une seule chose me vint à l'esprit : trouver le chef du conseil. Celui là, il pourra me dire où se trouve Vanghul. Il est peut-être encore en mission, peut-être qu'il a été tué par le tueur. Peut-être et peut-être, je le saurai quand j'aurai parlé avec le chef du conseil que je cherche et que je ne trouve pas non plus.

Là, j'y ai repenser. Vraiment con alors ! Pourquoi j'ai pas eu la foutu idée élémentaire de regarder dans la maison du conseil ? Je sais, je suis con de ne pas y avoir pensé plus tôt. Mais on ne peut pas penser à tout aussi vite tout le temps, non ?

Fait chier, il était là ! Je me sentais plus que con.

« Ah, Deckard Cain. Vous allez bien ?

- Pas impossible. Je cherche un de vos druides, Vanghul. »

Le conseil resta complètement silencieux. Un silence pesant, annonciateur d'une mauvaise nouvelle. Une nouvelle que je craignais entendre. Il fallait que ce foutu con de Vanghul se fasse descendre quand j'avais, pour la première fois, besoin de lui !

« C'est une triste chose que nous devons vous annoncer à propos de Vanghul.

- Il est mort ?

- Non. Du moins, s'il l'est, nous ne le savons pas.

- Pourquoi est-ce si triste, alors ? (C'est vrai, quoi. Moi, j'étais plutôt content de savoir qu'il était peut-être vivant.)

- Il a été capturé par, selon nous, le tueur que vous cherchez.

- Je l'ai trouvé, ce tueur. Nous avons parlé un peu.

- Que s'est-il passé ?

- Il a avoué avoir tué ces chefs, ceux qui avaient le commandement militaire des villes et villages.

- Et vous, qu'avez-vous fait ?

- Je lui ai demandé qui il était et il ne m'a pas répondu. (S'il fallait que je leur dise que je le sais sans le savoir, ils vont mal comprendre.)

- Pourquoi ne vous a-t-il pas répondu ?

- Il s'est sauvé. Il a utilisé un sort de téléportation et s'est enfui.

- Avez-vous trouvé autre chose à son sujet ?

- Une grotte que je pense être son repaire, ou l'un de ses repaires.

- Croyez-vous qu'il en ait plusieurs ?

- Jusqu'à maintenant, il a tué, en ma connaissance, quatre hommes qui commandaient les défenses militaires de quatre villes et villages ainsi qu'un garde d'Harrogath. J'ignore encore pourquoi il s'en est pris à ce garde.

- Ce que vous dîtes est grave. S'il a tué quatre hommes commandant les armées de quatre villes et villages, peut-être veut-il les attaquer sans avoir à éviter les stratégies de guerre des villes et villages.

- Alors, dans ce cas, n'aurait-il pas du attaquer une fois que le chef de guerre était mort avant d'attendre qu'un autre soit élu ?

- Aurait-il un motif, autre qu'attaquer les villes et villages, selon vous, pour tuer tous ces hommes ?

- Ce n'est pas impossible. Je ne sais pas lequel, mais ce n'est pas impossible. Il doit, pour l'instant, être le seul au courant de son motif pour tuer ces personnes.

- Alors, vous dîtes que vous êtes venu voir Vanghul. Que vouliez-vous de lui ?

- J'avais besoin d'un renseignement.

- Quel était-il ?

- J'aurais aimé qu'il me montre le chemin jusqu'au village dans lequel il a suivi le tueur. Mais, je ne crois pas qu'il pourra, s'il n'est plus là.

- J'ai envoyé quatre druides le chercher. Selon nos sources, il se trouverait dans une grotte au nord de la ville. Elle est profonde mais n'en a pas l'air. Est-ce le repaire du tueur que vous aviez trouvé ?

- Non, celui que j'ai trouvé se trouve au sud-est d'ici. Mais, comme je l'ai dit, il n'est pas impossible que le tueur ait plusieurs repaires.

- Voulez-vous y aller, vous aussi ?

- Donnez moi les coordonnées de cette grotte et j'y vais.

- Elle est à une vingtaine de minutes de marche au nord de la ville. »

Et oui, j'y vais réellement. Déjà sur la route puisque je n'ai rien d'autre à dire sur ce qui a été dit. Je leur ai répondu merci, puis j'ai fais un agréable voyage jusqu'au nord du village. J'ai remarqué que seulement Hullark se disait une ville. Les autres villes et villages le prenaient pour un village. Un gros, certes, mais un village quand même. Hullark est plutôt petit par rapport à Harrogath. À partir d'Hullark (je commence à être tanné de l'écrire ce mot là), je me suis rendu jusqu'à la grotte où le chef du conseil avait envoyé quatre druides. C'est vrai qu'elle ne paraissait pas profonde vu de l'extérieur.

À l'intérieur, pas grand-chose. Un cadavre, oui, celui de Vanghul, et c'est tout. Rien d'autre ! Des murs de pierre, la lumière d'une torche accroché au mur (il n'y en a qu'un, un mur rond qui fait tous les murs) ainsi que le cadavre plutôt affreux de Vanghul. Lui aussi a été éventré. Par contre, aucune trace de sang à l'extérieur de la grotte. Peut-être que chose dit le tueur ne voulait pas m'attirer à l'intérieur alors il n'a pas laissé d'indices à l'extérieur. Le seul problème, c'est qu'il n'y a aucune trace des quatre druides qu'a envoyé le chef du conseil.

Il est vraiment dégueulasse, Vanghul. Les intestins à moitié dans son ventre et à moitié hors de son ventre (si jamais vous le faîtes à quelqu'un, attention, ça sent la merde ! ! !), il y avait du sang partout, sur le mur, au plafond et une grande flaque au sol. Il était adossé au mur, comme s'il s'était assis et s'était ouvert le ventre lui-même puis que son sang avait pissé jusqu'au plafond ainsi que coulé au sol alors qu'il s'essuyait les mains sur le mur. Dégueulasse ! Par contre, il était étrange. On dirait qu'il était mort en cachant quelque chose. Je m'appuyai à son épaule pour mieux le regarder (même s'il est dégueulasse) et puis il tombe sur le côté.

Oh merde ! Il a écrit derrière lui avec son sang. Il voulait que je voie ça et l'avait caché avec son corps. C'était tout de même assez illisible car son linge avait absorbé une bonne partie du sang et avait étendu le reste. J'étais toutefois capable de discerner quelques lettres. Vanghul voulait écrire le nom du tueur, et c'est ce qu'il avait fait, mais elle était moche, son écriture. Et maintenant que son linge eut effacé la moitié de ce qu'il avait écrit, je n'ai vu que deux lettres : B et o. B était en majuscule et commençait le nom, o était en minuscule et était la troisième lettre. Il y avait une tache en guise de deuxième lettre et après le o, une autre tache. Je ne savais pas s'il n'y avait qu'une lettre ou deux, mais le nom n'était pas bien long. Ça pouvait me suffire pour l'instant. C'est sur que si j'avais le nom au complet ça m'aurait grandement aidé, mais tant pis. Je vais faire sans.

« Maître Cain ? »

Ah merde, j'espère que c'est pas le tueur. Mais non ! Il m'appelle Deckard, lui. Alors c'est qui ? Je regarde (logique), et voilà ! Les quatre foutus druides que le chef du conseil avait envoyé. Celui en tête, le seul qui voyait à l'intérieur, jeta un oeil sur Vanghul. Logiquement, il n'a fait qu'une conclusion : je suis le tueur.

« Vous allez mourir ! S'écria-t-il alors qu'il sortait son épée, ses compagnons faisant de même.

- Un instant, dis-je. Il y a une explication. J'ai été voir le chef de votre conseil et il m'a donné les coordonnées de cette grotte.

- Pourquoi étiez-vous aller le voir ? Dit-il toujours en maintenant son épée pointée vers moi.

- Je voulais voir Vanghul.

- Pour le tuer ?

- Non ! Je voulais aller au village où il a vu le tueur.

- Pourquoi êtes-vous ici, alors ?

- Je vous l'ai dit. Votre chef de conseil m'a donné les coordonnées de cette grotte. Moi, la seule question que j'ai en tête, c'est pourquoi êtes-vous arrivés si tard ?

- Nous avons été attaqués, dit-il en baissant son épée.

- Attaqués ? Par le tueur ?

- Eh bien, pas vraiment attaqués. Nous avons attaqués le tueur, plutôt.

- Et vous vous en êtes sortis ?

- Évidemment, on courrait après et, alors qu'aucun de nous ne s'y attendais, il a disparu.

- Oui, c'est son genre. Il s'est téléporté. Avez-vous une idée d'où il pouvait aller ?

- Non. Il partait vers la forêt, mais aucune raison, sauf celle que nous le pourchassions, ne pourrait l'emmener là-bas.

- Il veut peut-être aller là où personne ne pourrait croire qu'il est.

- C'est possible. Voulez-vous qu'on vous y emmène ?

- Vous pourrez retourner là où il a disparu ?

- Bien sur, nous sommes des druides. Nous savons exactement où il a disparu.

- Alors, allons-y. »

Les druides me menèrent donc là où ils me l'avaient dit. Je leur en fus reconnaissant, puis ils repartirent vers Hullark, transportant le message de la mort de Vanghul. La forêt était recouverte de neige, comme toutes les forêts. Il n'y avait que des conifères et, je dois l'admettre, c'était fort joli ces épines vertes perçant à quelques endroits la couverture de neige.

La forêt n'était pas très dense, heureusement. J'y entrai, c'était calme, doux, beau. J'adorais cette forêt. Elle était au pied du mont Arreat. Je me promenais, sans savoir où j'allais exactement. Je ne faisais que chercher les traces du tueur après tout, rien d'autre. Je marchais, marchais et marchais encore, puis : encore ces traces de pas étrange. Je les suivis (évidemment), dans le sens qu'elles allaient (évidemment), pour arriver à une troisième grotte dans de la roche. Elle était très enfouie sous la neige et se fondait très facilement à la forêt, de sorte qu'à cent mètres, on ne l'aperçoit pas. Les traces se dirigeaient à l'intérieur, moi aussi.

« Encore toi, Deckard ? Fit une voix venant de l'intérieur de la grotte.

- Ouais, encore. »

J'entrai, puis vis le tueur (combien s'attendait à ce que je voie quelqu'un d'autre ?). Il était debout, au milieu de la grotte, sa cape brune bien placée sur lui pour que, bien sur, je ne puisse pas voir son visage. Il y avait une torche allumée au fond de la grotte, la seule source de lumière à l'intérieur.

« Tu me suis, si je comprends bien.

- Ouais, t'es moins con que t'en as l'air.

- Toujours aussi drôle, Deckard.

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Je crois qu'ici, ce serait plutôt à moi de te poser cette question. Pourquoi me suis-tu ? Ah non, je le sais. Tu crois pouvoir m'arrêter, tu crois pouvoir m'empêcher de régner sur Sanctuary !

- Alors c'est ça, ton but. Régner sur Sanctuary. Pourquoi ? À quoi ça te servirait ? Le monde ne va-t-il pas à merveille si ce n'est de tes meurtres ?

- Il faut croire que non. J'ai réussi à troubler ce monde. Si je l'ai fait, pourquoi est-ce que n'importe qui d'autre ne pourrait-il pas le faire ?

- Ce n'est pas tout le monde qui sait utiliser la magie et combattre comme tu le fais.

- Comment sais-tu comment je me bas ? Tu ne m'as jamais vu me battre, Deckard.

- J'ai parlé avec un barbare contre qui tu t'es battu. Il t'a vu, lui, te battre.

- Ah, Jnir ?

- Comment sais-tu son nom ?

- Ben, je sais tout, Deckard. Y compris pourquoi tu me suis, je viens de te le dire. Par contre, toi, tu ne sais pas tout. Et tu aimerais bien tout savoir.

- Pourquoi dis-tu cela ?

- Je t'offre de t'unir à moi. Je t'offre de contrôler le monde. Je t'offre de devenir un dieu !

- Je te fais peur ? Tu veux que je cesse de te suivre et, pour cela, tu n'as trouvé qu'à me demander de me joindre à toi ?

- Tu ne me fais pas peur, Deckard. Tu le sais. Je suis bien plus puissant que toi, je t'écraserais en un rien de temps.

- Jnir m'a dit qu'une dizaine de barbares en viendrait à bout, de toi.

- Jnir ! Il ne sait même pas de quoi il parle ! Si je te dis que tous les barbares d'Harrogath ne sont rien contre moi ?

- Tu mens ! Tu le sais, je te fais peur et ça te fait chier !

- Houlà ! Tu deviens agressif, Deckard. Pourquoi cela ? Le sais-tu ?

- Parce que l'agressivité est le meilleur atout pour tuer la personne qu'on veut voir disparaître !

- Oh oh ! Tu veux me voir disparaître ? Je m'y attendais.

- Et alors ? J'aurais toujours bien pu le crier haut et fort du haut de la plus haute tour d'Harrogath. Tout le monde le sait !

- Oui, tu aurais pu. Mais, Harrogath n'a pas de tour.

- Une expression.

- Je sais, je sais. Et je suis encore venu tout faire foiré en la démolissant avec un fait.

- Le seul fait est que je vais te casser la gueule.

- Deckard, Deckard ! Calme-toi, veux-tu ? Tu commences à devenir chiant à la fin.

- Et toi, pourquoi tu ne t'énerves pas ?

- Le calme est la plus belle chose en ce monde. La tranquillité, la douceur.

- C'est plutôt ironique que ce soit toi qui dise cela.

- Je sais. C'est très ironique car je ne tue pas en douceur. Mais, c'est la seule chose pour laquelle je tue autant de gens. Je veux contrôler Sanctuary pour rendre ce monde calme, doux et tranquille.

- Comment comptes-tu y arriver ?

- C'est bien simple, je tue autant de monde que je peux, puis ceux qui restent sont terrifiés. Ils font une bêtise et s'empresse de la réparer pour ne pas y passer. Je verrai tout, Deckard, TOUT !

- Pas terrible comme idée.

- Ça ne m'étonne pas que tu dises cela.

- Rien ne devrait d'étonner.

- C'est vrai, mais, parfois, je me laisse surprendre. Je fais mal mon travail, je ne regarde pas partout, je laisse passer quelque chose. Ça arrive à tout le monde, l'erreur est la plus grande chose qui caractérise l'être humain.

- C'est très vrai, mais, pour contrôler ce monde, il ne faut pas faire d'erreur.

- Tu as raison. J'avais deux choix qui me permettaient de ne pas faire d'erreur. Ces deux choix te concernent.

- Moi ?

- Oui. J'avais le choix, qui en réalité te revenait, de t'inviter à me joindre et de diriger ce monde ensemble et celui de te tuer. Tu m'as obligé de prendre le deuxième choix, Deckard. Sans devoir choisir entre ces deux choix, nous ne serions pas ici, tu ne saurais pas tout ce que je viens de te dire, tu ne m'aurais jamais vu ainsi. Tu ne me trouverais pas ! Tu resterais ici, à croire que j'y suis encore, alors qu'en réalité cela ferait longtemps que je serais parti pour une autre ville, tuant tous les chef des villages sur ma route.

- Alors, si tu veux me tuer, ne devrions-nous pas se battre, maintenant ?

- Chaque chose en son temps, Deckard. Tu es pressé, tu as pourtant atteint une certaine maturité avec ton âge. Tu devrais comprendre que la vie doit être prise sérieusement et chaque chose doit être fait en son temps. Ça ne sert à rien de se presser.

- T'es con !

- Franchement, Deckard ! Pourquoi, cette fois-ci ?

- T'es con parce que tu oses dire que chaque chose doit être fait en son temps, que la vie doit être sérieuse !

- Et alors ? C'est pas vrai ?

- Ben, non.

- Comment non ?

- C'est simple. Si tout était fait en son temps, nous serions dehors en train de se battre.

- Ah, c'est ça ! Non, avant de te tuer tu dois savoir qui je suis.

- Alors, t'es qui ?

- Là, t'es con !

- Bordel, tu fais chier !

- Non ! Tu devrais me remercier. Je te laisse le plaisir de découvrir par toi-même qui je suis. Ce n'est pas le meilleur moment ? Ce n'est pas le seul qui te remplirait de fierté ? Je ne veux pas te tuer sans que tu n'ais été au moins une fois fier de toi dans ta vie, Deckard.

- Bon. Alors t'es qui ? Je te connais depuis longtemps ?

- Oh oui ! Très longtemps.

- Bon, donc t'étais avec moi à Tristram.

- Ah, non. Pas si loin dans le temps.

- T'étais avec moi lorsque les aventuriers ont tués Baal ?

- C'est récent ça. Remonte un peu plus quand même.

- T'étais avec moi quand j'ai été délivré de Tristram ?

- Bingo ! Là, tu viens de trouver la première fois qu'on s'est vu.

- T'es un des aventuriers ?

- Oui, continue.

- Un instant. Si t'étais avec nous contre Méphisto, Diablo et Baal, comment se fait-il que tu te prennes pour l'un d'eux ?

- Hein ?

- Ben oui, t'es habillé exactement comme notre ancien héro, celui de Tristram, lorsqu'il s'est...

- Lorsqu'il s'est... ?

- Tu n'as pas vraiment détruit la pierre d'âme de Diablo, c'est ça ? Tu as détruit une autre pierre !

- Pas du tout. Il n'y en a plus de pierre d'âmes. Que nenni !

- Alors, pourquoi es-tu déguisé en Diablo, avant qu'il ne devienne démon ? Pourquoi fais-tu ces traces dans la neige qui ressemblent à celles de Diablo en mutation ?

- C'est un sort.

- Les traces ?

- Ouais. Pour ce qu'il s'agit du déguisement en Diablo, c'est simple. Mettre la faute sur quelqu'un d'autre.

- Tu voulais que les gens craignent le retour de Diablo, c'est ça ? (1)

- Ouais, t'avances !

- Et là, tu te pointes avec ta cape magique et tu butes tout le monde. Ensuite, tu prends le contrôle de Sanctuary. Et t'es fier de toi ?

- Tu n'y arriverais même pas, Deckard. Te reste plus qu'à trouver qui je suis. »

Qui il est, facile à dire. J'avais une chance sur sept. Mais, si les aventuriers sont tous repartis chez eux, alors c'est soit le druide, soit le barbare. Pour connaître la magie, c'est le druide, mais jamais je n'aurais cru qu'il puisse voir des endroits spécifiques grâce à sa magie.

« Comment se fait-il que tu sois capable de voir des endroits sans y être ? Comment se fait-il que tu sois capable de te téléporter ? Tu n'es pas la sorcière.

- T'as raison là-dessus. Je suis pas la foutu sorcière. Pour le reste, c'est ma race. »

Sa race ? Encore cette foutu race. Seul le barbare appelait les autres barbares des gens de sa race. C'était donc lui !

« Bjor !

- Dans le mille, Deckard ! »

Sur ce, il enleva son capuchon et je vis alors le visage de mon vieil ami, en qui j'avais eu foi, en qui je croyais. Je le trouvais bon, jusqu'à maintenant. Tout s'expliquait dans ma tête : pourquoi il était devenu si intelligent si rapidement, comment il savait m'éviter et me trouver quand il en avait besoin, comment se fait-il qu'il savait si bien se battre...



(1) Quand je dis « craignent », ce sont les gens dans Sanctuary. En réalité, s'il n'avait pas détruit la pierre (bon, peut-être qu'elle n'est pas détruite la pierre de Diablo, Blizzard peut toujours projeter un Diablo 3), ça ne ferais que vous faire languir le deuxième retour (je dis bien retour) de Diablo.
Bjor remit son capuchon, puis me fit signe de sortir. Le combat entre lui et moi allait bientôt commencer. C'était donc notre dernière étape. Je ne comprenais pas pourquoi il voulait se mesurer à moi. Il savait que j'étais terriblement plus puissant que lui. Il y avait un piège, encore. Je suis aussi plus intelligent que lui et je voulais éviter son piège : sa cape. Il ne s'en séparait pas. Elle était magique, je le savais. Je l'avais vu sur les deux morceaux que j'avais d'ailleurs dans ma poche.

Comment pourrai-je le vaincre s'il porte une cape dont j'ignore complètement les caractéristiques ? Comment se faisait-il que je n'aie jamais vu ce genre de magie auparavant ? Sa race, mon cul ! Il n'y avait rien de particulier à sa race. Les barbares sont des brutes, des têtes vides, celui là pensait pouvoir m'en rouler une. Il se trompait, j'allais le vaincre. Je ne savais juste pas comment.

« Alors, Deckard, on se dégonfle ? Tu voulais pourtant me faire la peau il n'y a pas si longtemps.

- Enlève ta cape.

- Comment ?

- Enlève ta cape.

- Pourquoi je devrais t'écouter ? Pour faire une erreur ? Tu l'as dis toi-même. Je ne pourrai pas contrôler Sanctuary en faisant ne serait-ce qu'une seule erreur. Je n'enlèverai pas cette cape pour tout l'or du monde.

- Je le savais ! Elle t'immunise à mes sorts. Tu vas me combattre sans prendre un seul risque. Ce n'est pas un combat, c'est de l'effronterie aux barbares et aux aventuriers !

- Et alors ? Tu vas y passer. Personne d'autre que toi ne sais que cette cape m'immunise aux sorts.

- Alors, combattons. Tu gagneras peut-être, mais ce sera par tricherie. »

Bjor était un peu surpris de mon geste et je le voyais dans son visage. Toutefois, il était certain, tout comme moi, qu'il allait gagner. Il sortit une grande épée de sa cape, rangée dans une gaine à sa ceinture, puis la brandit à deux mains en la faisant danser devant lui. Il me fixait droit dans les yeux, sans pourtant que je ne vois les siens, et il se préparait mentalement à m'attaquer. Pour ma part, je restais debout, sans faire le moindre geste, sans penser à la moindre astuce de m'en sortir. Je me sentais mourir alors que le combat n'était que sur le point de commencer.

Puis, Bjor rugit ! Il fonça sur moi. Par réflexe, je créai un mur de feu devant lui. Il le traversa, sans aucune douleur, puis continua de mon foncer dessus dans son élan. J'esquivai son attaque en me jetant au sol sur la gauche. Il s'arrêta et me fit légèrement penser à un boeuf. Pas très brillant, après la charge l'autre a disparu. Il le cherche désespérément devant lui et ne parvient pas à le trouver. Il se retourne, finalement, pour rugir d'avantage et recommencer son attaque. Mais Bjor ne recommença pas. Il abaissa son épée, puis la lâcha d'une main, sa main gauche. Il me regardait sous son capuchon, puis leva sa main libre dans les airs. Une boule bleue semblait se former devant sa paume présentée à moi. Légèrement visible, elle semblait flotter dans les airs, devant sa main. Elle tournait sur elle-même, devenant plus opaque à chaque seconde.

Il la lança sur moi. Elle se sépara en trois à mi-chemin, puis fondit directement dans ma poche, avec les deux morceaux de la cape de Bjor. Je n'ai aucunement ressenti la moindre douleur, un peu comme Bjor et mon mur de feu. Bjor sembla étonné de ce prodige jusqu'à ce qu'il réalise que j'avais les deux étoffes dans ma poche. Non seulement la cape immunisait celui qui la portait à toutes les magies existantes, mais, de plus, elle les attirait. Bjor reprit son épée de ses deux mains, alors que moi je me relevais, puis recommença son attaque. Je voulu fuir, mais mon pied s'enfonça dans la neige jusqu'à mon genou. Bjor, me voyant ainsi, voulu en profiter pour m'administrer le coup de grâce, mais j'ai mis mon poids sur ma jambe arrière pour l'enfoncer encore plus. Finalement, je tombai dans un trou qui n'était qu'un piège à loup, ours ou tout autre animal. En tombant, mes mains se sont automatiquement chercher un appui, sans que je ne le veuille, puis agrippèrent la cape de Bjor pendant qu'il passait au-dessus de moi.

La fin de ma chute arracha la cape de Bjor. Je me retrouvai donc dans un trou, sans moyen de sortir, alors que Bjor n'avait plus sa cape magique. Elle était en lambeaux, mais elle pouvait toujours servir. Je vis Bjor apparaître au-dessus du trou, puis il me dit : « Chien !

- Alors, répondis-je. Qui est le plus con, maintenant ?

- FAIS CHIER, DECKARD !

- Allons, ce n'est pas la peine de s'énerver, lui répondis-je en m'esclaffant complètement.

- Tu vas voir ! Tu ne t'en sortiras pas comme ça.

- Toi non plus, Bjor. Tu n'es plus invulnérable à mes attaques magiques, désormais.

- Mais t'es même pas capable de sortir de ce foutu trou, Deckard. T'avais raison, ça ne sert à rien de s'énerver. Tu vas moisir là alors que je vais prendre le contrôle de Sanctuary. Tu étais mon seul grand obstacle.

- Tu ne pourras pas sans ta cape. Tu ne sauras jamais combattre plus de cent talentueuses sorcières de Zann Esu. Elles vont te tuer sans difficulté, les doigts dans le nez !

- Alors je vais la prendre sur ton cadavre. Tu ne survivras pas longtemps, pris au piège dans un trou, sans eau ni nourriture.

- Bjor, je vais sortir de ce trou.

- Alors, fait-le donc.

- J'attends que tu partes.

- Ça ne te servira à rien ! Je pourrai voir quand tu vas sortir et puis je n'aurai qu'à me téléporter jusqu'ici pour t'achever.

- Pas si j'ai ta cape.

- Elle n'est pas immunisée aux attaques de corps à corps.

- Peut-être, mais tu ne pourras pas m'attaquer. Je vais te tuer grâce à mes sorts. Je pourrais même le faire présentement. »

Du coup, la tête de mon ancien ami disparu du cercle dans lequel je le voyais. J'avais réussi à lui faire peur et j'avais même presque gagné ce que jamais je n'aurais cru gagner.

« T'as peur, alors ?

- Peut-être, répondit-il frustré. Mais je ne te laisserai pas gagner, Deckard. »

Je vis alors son épée suspendue au-dessus du trou, la lame vers le bas. Il tenait le manche d'une main et me dit : « Tu abandonnes ou je lâche l'épée ?

- Vas-y, lâche donc. »

L'épée tomba alors que Bjor ouvrit sa main. J'utilisai mes compétences de télékinésie (logique, non ?) puis déviai sa trajectoire pour la planter dans le sol à côté de moi.

« Maintenant, dis-je, tu n'as plus d'épée, plus de cape et perdu contre moi. C'est qui le plus con d'après toi ? »

Bjor ne répondit pas. Il venait de se faire clancher, et pour la peine. Il le savait et se refusait de l'admettre. J'utilisai à nouveau mon sort de télékinésie pour retirer l'épée de la neige (je suis vieux, je pouvais pas le faire tout seul), puis la fis tourner à l'horizontal au-dessus de moi. Elle fendait la neige parfaitement. Je coupai donc la neige, toujours un peu plus large, jusqu'à ce que l'épée puisse me faire un chemin (non couvert) incliné pour sortir. (Pas bête, hein ?)

Bjor n'étais plus là, exactement ce que j'aurais cru. Je fis lever l'épée très haut au-dessus des arbres puis la redescendis rapidement dans le trou qu'elle avait fait dans le trou. (Difficile de comprendre, c'est quand Bjor a lâché l'épée et qu'elle a fait un trou dans mon trou.)

L'épée s'enfonça tellement loin que plus personne ne pourra la retirer de là tant qu'il y aura de la neige. Et, connaissant ces terres, on n'est pas près de ne plus en avoir. Je retournai donc à Hullark, avec la cape en lambeaux, en cherchant partout où pouvais se cacher Bjor. Il était beaucoup moins puissant et découvert. Je devais donc le trouver pour le tuer, pour en finir une fois pour toutes. (Y'en a combien des pour ? Trois ? Eh ben...)

Dommage que mon voyage jusqu'à Hullark, d'une durée d'environ trente minutes, n'ait pas été concluant. Une fois arrivé, toujours le même procédé : incapable d'entrer.

« La guerre entre Hullark et Harrogath a de nouveau éclatée, dit le garde druide.

- Je dois à tout prix voir le conseil. Cette guerre est, selon moi, un acte désespéré du tueur. J'ai la preuve que le conseil attendait tant.

- Je dois aller vérifier. Si le conseil ne veut pas vous voir, ne pensez pas entrer.

- Dîtes-lui que je suis Deckard Cain. »

Encore bloqué devant la porte, mais pas pour longtemps, cette fois. Après une minute, au plus, le chef du conseil était à la porte avec le garde druide qui reprenait son poste. Je pus entrer sans problème pour parler au conseil, comme d'habitude.

« Vous dîtes avoir la preuve que nous attendions ?

- Oui. Bjor est le tueur.

- Bjor ? Mais c'est impossible. Il est venu, à l'instant, déclaré la guerre, de nouveau, entre Harrogath et Hullark.

- Selon moi, c'est la seule chose qu'il pouvait faire pour s'en sortir. Et ça, il le savait. Je viens de combattre avec lui et j'étais sur de perdre. Seulement, avec beaucoup de chance, j'ai réussi à gagner. Il n'a plus sa cape qui l'immunise à toutes les magies et il a perdu son épée également.

- Croyez-vous vraiment qu'il puisse être le tueur ? Après tout, il aurait tué de ses barbares.

- Il a tué Qual-Kehk pour prendre sa place. Pour un garde nommé Ruff, je n'ai aucune idée du pourquoi il l'a tué.

- Et vous avez mit l'épée où ?

- Elle est enfoncée très profondément dans la neige. Personne ne pourra la sortir de là. Je dois maintenant trouver Bjor et en finir avec lui, le tuer.

- Il doit être parti pour Harrogath. En attendant, quelle était donc cette fameuse cape magique ?

- Je ne peux pas vous la laisser. Si Bjor devait la reprendre, alors je n'aurai plus une seule chance de le tuer. Je dois maintenant partir, je reviendrai pour vous laisser la cape lorsque je saurai que Bjor sera mort.

- Alors, bonne chance. »

Bon, il était passé par Hullark. Exactement ce que j'avais prévu. Maintenant, il a dû fortifier Harrogath, l'empêcher de me laisser entrer. Il va falloir que j'utilise ma magie pour pénétrer à l'intérieur.

Mon voyage, ai-je réellement besoin de le décrire ? Toujours la même chose, Bjor ne se trouve malheureusement pas sur mon chemin et je ne vois aucune trace pouvant m'indiquer s'il est parti ailleurs qu'à Harrogath. Au portes de la ville, personne. La grille était bien évidemment close et je ne pouvais pas entrer. Je voyais la manivelle pour ouvrir la grille. Je voulais utiliser ma télékinésie pour la faire monter, mais une voix venant du haut de la rambarde me fit sursauter : « Te voilà, Deckard.

- Cesse donc de m'appeler Deckard, Bjor. Je ne suis plus un ami pour toi et tu n'es plus un ami pour moi.

- Je m'en fou ! T'as vraiment cru que j'allais perdre sans dire mon dernier mot, Deckard ?

- Et c'est ce qu'il va se passer.

- J'ai des petites nouvelles pour toi. Mes hommes le savaient depuis le début. Sans eux, jamais je n'aurais tué Qual-Kehk. Sans eux, jamais nous n'en serions là. Ils m'ont beaucoup aidé, tu sais ?

- Je m'en fou ! De toutes façons, si tu prends réellement le contrôle de Sanctuary, tu les tueras. Tu t'en fou aussi bien que moi.

- Oh, non ! Je ne les tuerais pour rien au monde. Ils sont, en quelques sortes, ma garde personnelle.

- Et bien, tu diras à ta garde personnelle que tu en as tué un, Ruff.

- Ils le savent. C'était une chose qui m'avait échappé. Ruff était un traître. Je l'ai puni comme l'on puni les traîtres.

- Alors, descend. Je vais te punir.

- Oh oh ! Tu as l'air bien sur de toi, Deckard.

- Je le suis. Tu n'as plus ta cape et je ne l'ai pas emmené. Tu ne la retrouveras pas.

- Mais si, elle est à Hullark.

- Même si elle y était, tu ne pourras pas aller la chercher. Je te retiens ici. Aucun barbare ne peu sortir si je l'en empêche.

- Tu dis vrai. C'est pourquoi je dois d'empêcher de nous en empêcher. J'ai, avec moi, la pierre d'âme de Diablo. (1)

- Alors je n'ai pas menti. Tu as détruit une autre pierre.

- Exactement ! Deckard, tu vas devenir aussi brillant que moi si tu continue.

- Que comptes-tu faire avec cette pierre ?

- Ceci ! »

Bon, vous devez bien vous l'imaginer. Il se la rentre profondément dans le milieu du front, d'un coup sec. Et là, il tombe. Comme un con. Au moins, il ne tombe pas à l'extérieur de la ville. Là, il devrait faire comme l'autre et attendre une bonne semaine et demie avant d'enfin pouvoir se transformer. Eh non ! Après une quinzaine de secondes, le voilà qui sort de la ville en détruisant la grille, notre bon vieux Diablo.

Sa voix était devenue incroyablement grave (à Bjor, pas Diablo). Mais elle restait tout de même semblable à celle de Bjor. Diablo, ou Bjor, savait qu'il était, ou est encore, Bjor. J'ai remarqué son changement de voix lorsqu'il m'avait dit : « T'es foutu, Deckard.

- Je ne crois pas. Diablo, le Seigneur de la Terreur, n'est nul autre qu'un pauvre foutu barbare qui avait perdu contre moi. Modifié, bien sur, mais je saurai te buter, Bjor !

- Tu crois ça ? Voyons voir. Sauras-tu être suffisamment puissance pour me vaincre, le terrible Diablo ? Ils ont été sept, dont moi, pour me vaincre. Un vieux débris comme toi ne peux rien ! »

Il était bizarre. Diablo et Bjor réunis en une seule personne. Le monstre que j'avais devant moi parlait de Bjor avec « je » ainsi que de Diablo avec « je ». Confus ! J'étais très confus. Énormément confus...
« À Tristram, dis-je, tu as perdu contre une seule personne, Diablo.

- C'est faux ! J'ai gagné malgré tout. Je suis revenu et cet homme est mort, maintenant. »

Par contre, il avait raison, là. Voilà comment il fallait que ça se passe : combattre et gagner contre Diablo. Mais, bien sûr, je ne pouvais pas combattre un démon aussi gigantesque et puissant, j'allais perdre. Bjor était stupide, Diablo l'est aussi, mais un démon est au moins cent fois plus fort qu'un homme. Il saura résister à mes sorts jusqu'à ce qu'il arrive à moi et qu'il me frappe. S'il y arrivait, j'étais mort. Il fallait que je l'en empêche. Il fallait que d'autres personnes m'aident. Pas les barbares d'Harrogath, ils ne m'écouterons pas. Par contre, les druides d'Hullark voudront certainement venger Vanghul. Ils voudront aussi venger leur ancien chef de guerre. Pour cela, ils devaient m'aider à mettre Diablo au sol, pour une troisième fois.

« Cette fois, personne ne m'arrêtera. Mon armée foulera bientôt mon monde : Sanctuary.

- Pourquoi t'en prends-tu uniquement à Sanctuary ? Pourquoi ne veux-tu pas conquérir les cieux ?

- C'est mon principal but. Pour y arriver, Sanctuary doit être à mes pieds. Sans contrôler ce monde, les archanges ne pourront plus y venir pour m'empêcher de rester. Ils vont perdre, cette fois !

- Tu as été vaincu deux fois, pourquoi crois-tu que tu gagneras, cette fois ?

- Parce que tu n'y seras pas. Tu n'aideras personne pour tenter de me vaincre, tu ne pourras plus dire un seul mot à quelqu'un car tu seras mort ! Ta magie Horadrim ne sera pas assez puissante pour me vaincre.

- Je suis encore sur Sanctuary et tu n'es pas assez fort pour me vaincre ! »

Diablo commençait à rugir. Il pétait les plombs, tout simplement. J'avais raison et il le savait. Le combat entre lui et moi aurait été dangereux. Je savais que je ne pouvais pas résister à ses coups puissants, mais il savait que ma magie finirait par le tuer plutôt rapidement. Notre force représentait la faiblesse de l'autre.

Il rugissait beaucoup, il voulait me frapper mais il avait encore des choses à me dire. Je savais que ce ne serait pas des choses vitales, peut-être qu'elles ne seront même pas importantes, mais il avait encore à parler.

« Je vais te tuer, Deckard !

- Je vais te tuer aussi, Diablo. Qu'attends-tu ?

- Hullark tombera en premier. Je vais envoyer mes barbares pour le détruire. Si tu me tues, l'un d'eux prendra ma place et Diablo restera sur ce monde. Hullark t'aidera peut-être à me tuer une fois, mais pas cent ! »

Merde ! Il avait fait un geste très brillant ! Jamais j'aurais cru que Bjor ferait renaître Diablo avec ses hommes. Si je le tuais, il fallait que j'enlève la pierre à une armée de barbares enragés qui feraient tout pour l'avoir. Par contre, si je leur laisse, Diablo revient et c'est le même scénario. Le tuer pour le laisser revenir, puis le tuer encore, puis encore et encore et encore...

« Tu es à cours d'idées, Deckard ?

- J'en trouverai une.

- Hélas, tu n'auras pas le temps. »

Tout défilait dans ma tête, tous mes souvenirs, tous mes actes brillants, toutes mes pensées, toutes mes actions, mais, évidemment, c'est jamais ce que l'on veut qu'on a. Aucune de mes pensées ne servait contre son astuce incroyable. Il fallait que je pense encore plus loin que lui pour le contrer et, je dois l'admettre, j'avais beaucoup de misère. (1) Je ne savais pas comment m'y prendre et si je ne le trouvais pas rapidement, j'allais y passer et emporter Sanctuary avec moi.

Évidemment, j'ai eu une idée. Qui ne s'y attendait pas ? Bon, je vais vous expliquer mon idée avant de la mettre en action. Il se peut que vous ne compreniez pas alors vous le lirez plus bas et comprendrez. Sinon, prenez des cours de lecture.

L'idée était simple, mais complexe (déjà ça part mal). Il s'agissait d'empêcher Diablo d'attaquer, même de l'empêcher complètement de bouger, pour m'occuper du peuple d'Harrogath. Pour cela, je ne savais pas trop comment m'y prendre, mais il fallait l'éloigner de la ville et, probablement, le jeter dans un trou profond et étroit. Un canyon aurait été beaucoup trop large et il aurait pu remonter grâce aux parois rocheuses facilement (pour lui) agrippables (2). De toutes façons, il n'y avait pas de canyon proche dans lequel je pourrais le jeter. Il y avait toujours la possibilité de creuser un trou, un peu comme celui dans lequel je suis tombé tout à l'heure (tout à l'heure signifie un chapitre précédent), mais bien plus gros, évidemment, ainsi que plus profond. Il n'en a pas toujours l'air, mais il est grand, Diablo.

Je pouvais aussi utiliser ma télékinésie, mais sur un démon aussi gros et puissant que Diablo, c'est un peu difficile. Il fallait que je trouve un autre moyen, s'il y en avait un. Comment se débarrasser d'un démon aussi gros que le Seigneur de la Terreur ? Comment l'empêcher de nuire sans le tuer pour autant ?

Diablo marchait lentement vers moi, chaque pas faisait trembler le sol. Chaque pas faisait un bruit sourd et chaque pas me faisait penser plus vite et plus fort encore. Il s'arrêta devant moi : « Je te propose une deuxième fois de te joindre à moi. C'est ta seule chance de survivre.

- Je préfère mourir que de me joindre à toi pour détruire le monde !

- Ainsi soit-il, alors. »

Diablo leva son immense et puissant bras de démon dans les airs, puis le rabaissa, vous l'avez deviné, directement sur moi. Évidemment que je n'ai pas encaissé le choc ! Je me suis facilement glisser sur le côté pour qu'il s'enfonce la main dans la neige. Il n'est, malheureusement et incontestablement, pas resté coincé là. Il a ressorti sa main de la terre, de toute beauté ! Une énorme main démoniaque sortant ainsi d'une terre froide recouverte de neige d'un blanc éclatant ! Je recommencerais le combat juste pour cette scène. J'exagère un peu, mais c'était vraiment beau.

Fait chier Diablo. Comment j'allais pouvoir le buter moi maintenant ? Il y avait au moins une centaine de barbares qui n'attendaient que je le tue pour prendre sa place. Le truc : détruire la pierre. Pour ça, il faut aller en enfer, aux forges, puis fesser sur la pierre avec le marteau. Seule chose : plus de marteau ! Cet enfoiré de barbare à la con la détruit en disant qu'on n'en aurait plus jamais besoin. Correction : il n'en aurait plus jamais besoin !

Reste à le buter. Facile à dire. Il est tourné vers moi, à environ quinze pieds, puis se penche en avant pour me lancer l'un de ses fameux sort de foudre que tout le monde évite toujours. Moi, je l'encaisse. Sa magie ne me touche pas grâce aux morceaux d'étoffe dans ma poche (3).

« Tu traînes encore ces foutus morceaux de cape ! À quoi ils peuvent bien te servir ?

- Me sauver la vie. Sans eux, je serais déjà électrocuté à cause de ta magie. J'suis pas con !

- Bah, si tu veux. Seule chose : tu vas quand même mourir ! »

Terrorisant, non ? Un gros monstre, quatre fois ma taille, me dit clairement qu'il va me buter. Je vous verrai à ma place. Bon, il dit pas grand-chose dans le jeu, une coupe de mot incompréhensible quand il apparaît, mais fallait bien le faire parler un peu pour mettre du piquant.

Parlant de piquant, je lui lance une boule de feu. Ça le fait chier, il n'a plus sa cape. Alors, une autre, puis une autre. Il bondit, merde, sur moi. Un grand coup sur le clapet pour que je me la ferme. Pour ceux qui n'ont pas d'imagination, je vais décrire un peu la scène. Après les trois boules de feux (english : fireballs), il, Diablo, saute vers moi, Deckard Cain, puis me frappe sur la tête pour que j'arrête de lui lancer des boules de feux (d'où le 'clapet pour que je me la ferme'). Maintenant, vous devez bien vous l'imaginer (surtout les plus imaginatifs), je suis à moitié enfoncé dans la neige, ou dans la neige jusqu'à la taille. Le gros Diablo qui rie devant moi. Pour lui, c'est facile de sortir de la neige; il est fort. Par contre, moi, c'est légèrement différent.

Primo : je n'ai pas la force incroyable de Diablo. Deuzio : j'ai les bras collés à mon corps et je ne peux pas utiliser mes sorts. Quoi faire ? Il n'y avait qu'une seule personne, si on peut dire personne, qui pouvait me sauver. C'est cette même personne, si on peut dire personne, qui pouvait détruire la pierre de Diablo. Vous l'avez deviné, il s'agit bien de Tyraël. Alors, il se pointe comment, lui ? Yo Tyraël, j'ai besoin de toi. ARRIVE !

Bien sûr que ça n'a pas marché ! J'ai déjà raconté et entendu trop d'histoires, de contes et de légendes avec des malheurs et des malheurs. Le héro s'en sort toujours seul et, s'il appel quelqu'un, il arrive à temps. Dans la vraie vie (si j'ose m'exprimer ainsi), c'est différent. Appel quelqu'un lorsque tu as grandement besoin de lui, comme dans ma situation, et il arrive avec un bon dix minutes de retard, quinze si c'est une femme (clin d'oeil). Bon ben va chier Tyraël. Tu me fait languir ici à t'appeler et je sais que tu ne viendras pas, alors tant pis. Je vais tenter de me débrouiller.

Diablo me prit dans sa main géante et me tira de la neige. Sa main était chaude et légèrement confortable, mais ce n'est pas le temps de parler de ça. Il serra, mes bras étaient toujours collés à mon corps, la douleur devenait moins supportable pour finalement être insupportable. Il serrait si fort qu'il se rentrait probablement les ongles (ou griffes, en son cas) dans la paume de sa main. Je commençais à avoir de la difficulté à respirer, mon thorax était prisonnier de l'étreinte massive de Diablo (comme on dirait dans un vrai roman). Puis, il me lâcha. Je tombai au sol pour m'y écraser (quel âge vous me donnez ?) alors que Diablo restait debout, droit. Il avait l'air surpris, blessé, son sang coulait au sol dans son dos. Que ce passait-il ?

Les grandes ailes de Tyraël apparurent sur les côtes de Diablo, je compris alors qu'il était venu quand je l'avais appelé. Il arracha la pierre du front de Diablo, qui tomba au sol en versant des litres de sang, puis reprit l'apparence d'un corps d'homme faible, blanc et minuscule roulé sur lui-même. C'était Bjor. Il avait un énorme trou dans son crâne (vous le devinez, ça vient de Diablo 1) par lequel sortait beaucoup de sang et était complètement nu. Tyraël lança la pierre au-dessus de lui pour la détruire d'un coup d'épée. Le Seigneur de la Terreur ne reviendra plus jamais sur ce monde ! C'est à ce moment précis que je m'évanoui.

À mon retour à la conscience, Tyraël était devant moi et me fixait. Nous étions dans une grande pièce d'un blanc aveuglant et dont les murs semblaient être faits de nuages. Tyraël s'installa sur une chaise de bois que je n'avais pas vu, puis je remarquai que j'étais moi-même assis sur une chaise de bois semblable. Impressionnant et passionnant, n'est-ce pas ?

« Va falloir parler, toi et moi, dit-il. »

De la lumière blanche se mit à m'entourer. Elle était si claire que je devais fermer les yeux pour ne pas être aveuglé. Je ne sentais pas mon corps bouger, je sentais toujours le sol sous mes pieds et je sentais toujours le froid qu'il faisait à Harrogath sur ma peau.

« Ouvre tes yeux, t'es ridicule. »

J'ouvris les yeux, sachant que la lumière si claire n'y était plus. La chaleur se mit à m'entourer, une chaleur agréable, paisible. Tyraël était devant moi, son visage caché dans l'ombre de sa cape de lumière.

« Où sommes-nous ? Demandai-je.

- Dans une salle, au paradis.

- Alors, je suis mort ?

- Pas du tout. T'as réussi à accomplir une tâche extraordinaire, Deckard.

- Mais ?

- T'as oublié un truc qui fait un peu chier. Diablo ne reviendra plus maintenant. C'est sûr.

- Qu'est-ce que j'ai oublié, alors ?

- T'as pas décongelé l'homme du village no-name. »



(1) En réalité, il fallait que je pense plus loin que moi puisque c'est moi (Ingo) qui fait penser les deux personnages dans cette histoire. C'était pour ceux qui n'avaient toujours pas compris que je suis l'unique écrivain et réalisateur de l'histoire et de tous ses chapitres.

(2) Pour le mot agrippable, je ne suis pas trop sûr s'il existe. Je le mets là en espérant que vous comprenez ce que j'essaie de dire. Sinon, une des nombreuses définition du mot accrocher (pas s'accrocher) signifie passablement la même chose. Merci beaucoup de votre compréhension.

(3) HAHA ! Vous l'aviez oublié celui-là, hein ?
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