Fanfiction Diablo II

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La complainte

Par Rancid_Fan
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La complainte

"A life you live long is simply a moment to me,
a tiny drop of water in the sea of eternity"


Tiger Army, Incorporeal



Lazarus était un Archevêque pieu et honorable. Lorsqu'il arriva, accompagnant le noble Roi Léoric, nous étions loins d'imaginer ce qui allait se dérouler par la suite...

En ces temps le royaume du Khanduras menait une vie paisible, s'épanouissant grâce aux échanges commerciaux effectués avec le royaume voisin de Westmarch. Un petit village nommé Tristram bénéficiait de cette économie fructifiante, bien justement méritée, qui lui permit rapidement de s'étendre et d'oublier les maux passés. Au nord du village se tenait un étrange monastère, semblant avoir supporté le poids de plusieurs décennies. L'endroit était en piteux état, mais dégageait toutefois l'impression d'avoir été une place d'une grande importance.

Le bâtiment s'apparentait à une sorte de cathédrale, et un cimetière y était juxtaposé. Les murs gris peinaient à ne pas tomber pendant que la toiture se dévoilait, planche après planche. Personne ne su jamais expliquer la présence de cette bâtisse. Seul un sage du nom de Deckard Cain prétendait connaître son histoire, mais pour une mystérieuse raison il préféra la garder secrète. La seule information qu'il nous révéla était la présence de labyrinthes creusés dans ses entrailles. Léoric, lors de son arrivée, y installa le siège de son pouvoir une fois les réparations effectuées. Si seulement nous avions su...

Celui qui fut autrefois un Roi noble et fier devint jour après jour instable, comme s'il était sous l'emprise d'un Mal terriblement puissant. Ajoutés à cela d'autres faits vinrent nous accabler : le fils de Léoric, Albrecht, avait disparu, au même titre que Lazarus. De sombres plaintes se faisaient entendre la nuit, semblant provenir de lointaines profondeurs sous la terre. Des créatures difformes sortaient parfois du monastère et rôdaient, profitant de l'absence du soleil.



L'Archevêque revint en ville, un jour, affirmant avoir été enlevé par un puissant démon dans les labyrinthes du bâtiment. Habile orateur, il s'adressa à nous autres habitants en affirmant qu'une fois nombreux et armés il nous serait facile de nous débarasser de ce démon. Qui, parmi une population troublée et sans repère, aurait pu douter de ses dires ? Qui aurait pu déceler la trahison qui se profilait ? Une armée fut donc improvisée, composée de personnes qui n'avaient aucune once de méfiance. Nous ramassâment pelles, pioches et autres outils en jurant de revenir avec le jeune Albrecht et de triompher de celui qui se terrait dans l'obscurité.

La vingtaine d'homme que nous étions s'en alla donc, suivant le bon Archevêque. Il flottait ce soir là dans l'air un sentiment mêlé de vengeance et de courage. Personne cependant, au centre du village, ne s'aperçu des regards inquiets du soigneur et de Cain l'Ancien. Nous étions décidés à éradiquer le Mal qui avait pris possession du monastère et qui transformait nos terres en une vaste lande inquiétante. Lazarus restait en retrait, vantant notre mérite et récitant ses prières afin de nous protéger de l'Ombre.

Alors que la cathédrale, retombée en ruines depuis longtemps, se profilait à l'horizon, un certain malaise prit possession de nos esprits. L'effet de meute qui avait prédominé jusqu'ici s'atténua, et notre marche se fit de plus en plus crispée. Les premiers pas dans le bâtiment furent prudents. Celui-ci était dévasté, comme si une grande bataille venait de s'y être déroulée. Le sentiment lugubre qu'il inspirait de l'extérieur se révélait justifié, le silence inquiétant aguerissant les sens.

Nous avançames au milieu des débris de pierre et de bois, essayant de nous frayer un passage entre les bancs renversés et les statues écroulées. Un homme s'arrêta stupéfait face à un mur. Ce dernier avait été marqué de sang et de ce qui semblait être les traces d'une magie noire. On avait pris un soin méticuleux à déformer les symboles religieux pour leur donner une allure profane. Lazarus psalmodia quelques mots, puis nous invita à poursuivre notre chemin en direction des escaliers qui descendaient devant nous.

La tension augmenta d'un cran lorsque nous arrivâmes à hauteur des dernières marches. Les ténèbres nous entouraient entièrement, et nos torches peinaient à les repousser. Nous empoignâmes tous nos armes de fortune et avançâmes selon les indications de l'Archevêque. Des couloirs et des salles composaient le labyrinthe, parsemés de colonnes de support, d'arches et de tombes d'anciens et puissants mages. Bien que l'endroit fut désert nous ressentions tous une présence qui semblait nous attendre. Ce sentiment se fit de plus en plus fort à mesure que nous descendîmes de niveau en niveau, l'atmosphère semblant véhiculer une certaine magie impie.

Soudain, au détour d'un corridor, une étrange et sombre lumière émergea. Une voix y murmurait un langage incompréhensible, mais son intonation nous glaça le sang. Sans même connaître la signification des mots prononcés nous savions qu'il s'agissait de nécromancie ou d'une quelconque formule maléfique. Les premiers hommes qui franchirent le dernier angle qui nous séparait de l'orateur s'arrêtèrent net, pris de stupeur. Lorsque je les rejoignis mon coeur s'arrêta de battre une infime seconde, et une horrible terreur vint m'envahir. Devant nous se tenait Diablo lui-même. Le Seigneur de la Terreur tourna alors son imposant corps rouge vers nous, et ce qui s'apparenta à un sourire apparu sur son visage.



Ce qui se passa ensuite se déroula très vite, mais nous sembla durer une éternité. Lazarus, jusqu'alors effacé, s'avança et se joignit à Diablo. L'obscure lumière de la pièce nous révéla quelque peu ses traits, et il devint évident que l'Archevêque était corrompu ; les marques qu'avait creusé le temps sur son visage transformaient son allure pleine de sagesse en un rictus démoniaque. Je ne sais si mon cerveau me joua un tour - parfois imaginaire et réalité se confondent - mais il me sembla que la robe de celui qui fut autrefois le bras droit du Bien avait soudainement pris une teinte mortellement violette.

L'ancien conseiller de Léoric ferma les yeux, et quelques secondes s'écoulèrent pendant lesquelles rien ne se passa. Au moment où les premiers hommes - jusqu'ici paralysés par la peur - reprirent leurs esprits, les mains de Lazarus semblèrent s'embraser. Ce n'était pas du feu, mais une énergie dont le pouvoir avait été oublié il y a bien longtemps. Les paupières closes, le mage murmura des mots qui semblaient provenir de la même langue qu'avait utilisé le Seigneur de la Terreur quelques instants auparavant. Lorsqu'il rouvrit ses yeux, arborant un sourire où se mêlaient satisfation, haine et perversité, nous ressentîmes tous une altération de l'air nous environnant.

Une onde de magie s'échappa du traître. Elle se développa tout autour de lui, se propageant dans l'air avec une rapidité déconcertante. Diablo l'absorba sans difficulté, semblant même en saisir une certaine vigueur, puis elle toucha le premier humain. Je me souviendrais toujours du cri qu'il poussa alors. C'était comme si toute la souffrance qu'il avait pu subir durant son existence se mêlait à un désespoir sans fond et irrévocable. La vague d'énergie m'atteignit à la seconde suivante. La première sensation fut physique ; on eut dit qu'un mur de feu englobait ma chair pour la consumer à l'infini. Des voix hurlèrent ensuite dans mon esprit, y semant le Chaos et la confusion. Je ne pouvais comprendre ce qu'elles criaient, mais elles m'ôtèrent toute forme d'humanité. Enfin, dans une ultime agonie, je sentis mon âme se dissocier de mon corps afin de s'en extirper. Très peu de personnes survécurent à la trahison de Lazarus, et ce fut en cette nuit la fin de tout espoir pour Tristram.



J'ignore ce qu'il est advenu des autres victimes. Elles ont sûrement été livrées quelque part dans les Enfers afin d'y être atrocement torturées pour l'éternité. Ce n'est hélas pas le sort qui m'a été réservé. Je ne saurais dire si le mien est pire, mais il n'est en tous cas certainement pas meilleur ; je n'appartiens ni au royaume des vivants, ni à celui des morts. On m'a condamné à érrer en Enfer, prisonnier d'un plan éthéré dont je ne peux me délivrer. Ma forme corporelle a disparu depuis longtemps, ne laissant que mon âme tourmentée, et je dois sans cesse repousser la folie que m'apporte la solitude.

Il n'y a pour moi plus de passé, ni d'avenir. Le temps s'est figé à cette sombre nuit où Lazarus nous a conduit vers notre mort. Les images de ce carnage me reviennent sans cesse, hantant ce qu'il reste de ma raison et me poussant petit à petit vers cette folie qui m'assaille. Je suis forcé de réentendre ces cris de déchirement et de douleur pure à l'infini, augmentant l'intensité de ma souffrance à chaque seconde. Rien ni personne ne peut me délivrer.



"Brise les os, et le corps s'en remettra. Brise l'esprit, et le corps en mourra..."
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