Fanfiction Diablo II

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La dernière fois

Par Quentin

Chapitre 1

Chapitre 2

Enfin la nuit tombe. Les ténèbres prennent lentement possessions des inhospitalières forêts de Manoar, la voilant d'une brume impénétrable. Je vais pouvoir commencer mon travail... Je considère mes missions comme autant d'oeuvres d'art. Je ne me contente pas de les réussir, j'en fais de véritables références, chacune unique. J'agis toujours avec une grâce inégalable, alliée à une expérience et une virtuosité rare. Je ne me contente pas comme mes innombrables collègues, vulgaires et amateurs, que méprises autant que des mômes, du résultat... Pour moi, le style compte avant tout. C'est un jeu, mais ici la défaite n'est pas autorisée. Un échec et c'est la mort.

Mais je dois pour l'instant rester concentrée sur mon objectif. Bientôt le noir sera complet et je pourrais commencer ma traque...

Une demi heure est passée. Toutes mes conditions sont remplies, je peux me mettre en chasse. Je sens au-dessus de moi des nuages approcher et l'air se charger d'humidité. Phénomène indécelable pour un humain normal, mais pas pour moi... Il pleuvra sous peu, je dois donc me hâter. Un échec serait extrêmement embarrassant et de toutes façon interdit.

Quelques minutes de recherche ont suffit à ma victoire : Ma proie, soi disant inaccessible, se dresse devant moi dans une clairière innocente. Je ne distingue que sa frêle silhouette, se découpant dans le pâle lueur des étoiles. Elle est assise en lotus, la tête levée vers le plus beau des champs. Une vapeur bleuté s'échappe de ses lèvres, fuyante jusqu'aux cieux. J'approche sans qu'elle ne puisse m'entendre, le tapis de mousse étouffant mes pas. Qui se douterait que ce lieu enchanteur serait bientôt souillé du sang le plus impur ?

Ma lame fut prompte et précise, détachant la tête du corps et l'envoyant rouler sur le sol. Je m'en saisis, satisfaite.

A ma grande surprise, elle n'affichait aucune expression de douleur ou même de surprise mais l'air insolent qu'on les enfants contents d'avoir trompé un adulte... La peur s'emparait tranquillement de moi. Quelque chose n'allait pas, et quelque chose de grave...

Ce ne fut qu'au dernier moment que je compris et que je me jetai sur le côté, évitant de justesse un éclair incandescent. Elle n'était pas morte ! Je me retournai, tremblante, et je la vis telle qu'elle était réellement : immatérielle et translucide...

Le corps que j'avais tranché n'était en fait qu'une enveloppe, un vulgaire déguisement. A présent elle se dressait devant moi, imposante et terrifiante par sa seule présence. Elle abordait un visage d'adolescente pas encore formé. Je ne lui aurais pas donné plus de quinze ans. Elle aurait du être belle et radieuse mais un cruauté insoutenable ravageait son visage, torturant ses traits comme l'aurais fait un fer chauffé à blanc. Ce sadisme insoupçonnable chez un être si jeune je l'avait ressentis dans son éclair : Il respirait l'envie de faire souffrir jusqu'à tuer...

Pour la première fois je doutais de moi... Cet enfant possédait une dureté et une maîtrise de la magie que je n'avais encore jamais rencontré. Je n'était pas de taille à lutter sur ce domaine qui était habituellement mien.

Nous nous tenons toutes deux debout, nos armes à la main, nous affrontant mentalement. Elle semble sur d'elle, comme l'atteste sa tenue : elle ne porte pas un semblant d'armure, juste un bâton et un robe blanche tachée de rouge ressemblant à un linceul... Comme si elle ne souciait pas des blessures physiques qu'elles pouvait subir. Une attitude qui constitue une provocation manifeste et une absence de peur insupportable... Que je dois cependant supporter : Un geste de ma part et elle m'enverrait une pluie de sorts. Cette fois je ne pourrais les éviter, elle est bien trop près. Je dois lui laisser faire le premier pas.

Les minutes passent, longues comme des heures. Ma patiente agonise, mon épée me hurle son envie de tuer. Je dois résister, ne pas craquer. La peur me tiraille les entrailles, me suppliant d'agir. Je sens que mes limites seront bientôt atteinte... Elle garde un visage détaché. Ses doigts jouent sur son bâton. Je ne sais comment une enfant peut présenter une telle absence de crainte...

Enfin elle agit : une fumée verte s'échappe sans bruits de son arme et se dirige lentement vers moi... Bien que la peur m'y pousse, je ne lui accorde pas un regard. Je me contraint à fermer mon esprit, déployant autour de moi des barrières psychiques interdites dont j'ai le secret et contre lesquelles vient butter la brume mortelle. La surprise de voir son plan faillir déstabilise un instant mon adversaire. Ce fut ma seule chance, je m'en saisis : Ma lame fusa tel une flèche. La gamine dû abaisser ses défenses et employer toutes ses forces à l'arrêter. J'en profitais pour me frayer mentalement un chemin jusqu'à son coeur. La tâche fut facile : toutes ses protections étaient abaissées...

Après un hoquet de surprise elle compris qu'elle ne pourrait plus m'arrêter et déchaîna alors sur moi un déluge de feu. Mes boucliers tinrent le coup mais je tombai à terre sous le choc. Jamais je n'avais eu à subir une telle puissance. J'avais cependant pris le contrôle de son coeur et rien ne pouvait plus m'empêcher de gagner cette bataille. Après une ultime tentative de me tuer elle s'effondra, épuisée. Je sentais au creux de ma main le muscle encore tout jeune se forger puis se vider inlassablement de son sang. Je fis le fis imploser, mettant un terme une fois pour toutes à sa misérable existence...

Victoire...
L'ectoplasme de la fillette s'évapora sans un bruit, diffusant une douce fraîcheur. Son enveloppe charnelle repose immobile à mes pieds. Il me faut sa tête comme preuve... Je la trouve non loin. L'expression qu'elle aborde n'a pas changé, toujours autant d'insolence. Elle ne changera d'ailleurs plus...

J'embrase le bûcher de fortune où j'ai déposé le corps inanimé. Il ne doit rester aucune trace matérielle de ce qui s'est passé. Je ne pourrai cependant éliminer les relents de mort dont s'est imbibé cette clairière. Trop de haine, trop de violence ont vu le jour dans ce lieu.. Il restera maudit et stérile à jamais.

Les bûches s'embrasent, éclairant les profondeurs de Manoar. Des flammes lèchent la peau glaciale de ma victime. Ce monstre, responsable de centaines de meurtres infâmes et actes de tortures, est âgé de 12 ans seulement... L'adrénaline du combat commence juste à se dissiper, mon coeur reprend un rythme normal. Quel doux goût que celui de la victoire ! J'ai eu tort de douter de mes capacités. La force psychique de mon adversaire m'a soufflée et je reste impressionnée par une telle maîtrise, mais il lui manquait la maturité et le discernement nécessaire aux combats. Seule l'expérience peut apporter ces éléments indispensables. A vouloir grandir trop vite...

Le feu s'étire loin dans le ciel à présent. Il projette sur le sol des ombres dansantes au gré du vent, qui s'est subitement levé... Ses sifflements bruissent à mes oreilles, lancinants et aigus. Des plaintes de damnés... Mon regard se pose sur le cadavre,et à ma grande horreur je me rend compte qu'il ne se consume pas. Que se passe-t-il ? Une odeur immonde de pourriture s'élève du sol et me prend à la gorge. Une peur terrible s'empare de moi, à tel point que je dois lutter pour ne pas crier... L'air devient glacé, ce malgré l'intense brasier. Mes yeux vagabondent, cherchant une réponse à ces phénomènes... Les étoiles s'éteignent, comme si elles refusaient d'assister au spectacle. Je crois voir des corps prenant forme dans le feu. Ils se déchirent avec une brutalité inouïe. Des branches me fouettent le visage. J'empoigne ma lame et les tranchent. Le vent chuchote à mon oreille des horreurs que mon cerveaux refusent d'entendre. Je sens le contrôle des événements m'échapper.

Puis tout s'arrête subitement. Plus de vent, plus de sifflements, plus d'odeur, plus de bruits,plus de froid. Seul résonnait dans cette forêt ma respiration saccadée et mon coeur dont les battements s'emballaient. J'attends la suite, la peur au ventre, tel que j'en avais envie de vomir. Car elle viendra, la suite. Inévitablement. Quelle que chose dans cette gamine était encore vivant... Combien de fois faudrait-il que je la tue ? Je sers de plus fort mon épée dans une main, mon trophée dans l'autre. Je voudrais fuir, échapper à cette terreur, mais mes jambes ne me portent plus, la crainte me paralyse.

... Et la suite arriva, bien pire que tout ce que j'avais imaginé : La tête hurla, un hurlement de démon, horrible et emplis de souffrance. Les yeux roulent dans leur orbite, me fixent, s'en vont. Mes mains lâchent leurs prises et se collent sur mes oreilles, diminuant le son. Mais le cri se fait plus perçant et me vrille les tympans. Autour de moi apparaissent des fantômes nacrés, les victimes de Rhysna l'Ombre. Leur corps translucides baignés des reflets brûlants du bûché entament une marche funèbre vers le plus profond de l'âtre, où repose un autre corps. Je tente de tuer ces démons mais ils se rient de mes coups et me passe au travers.

La tête n'en fini pas d'hurler, augmentant mon supplice. Ivre de douleur, je fini par me laisser tomber. Les larmes que j'ai depuis mon enfance retenue coulent le long de mes joues...Quand ce cauchemar s'arrêtera-t-il ?

Soudain le cri redouble de puissance. Je ne peux retenir une plainte tant je souffre. Je sens s'échapper d'entre mes mains un flot de sang. J'ai mal à en mourir, chacun de mes nerfs me rugit sa douleur, allié comme un seule homme pour me torturer. Combien de temps cet enfer va-t-il durer ? Je prie pour m'en sortir.

Nouvelle vague de décibels, plus douloureuse encore. Je n'ai plus idée de ce que fait mon corps, seule compte cette souffrance infinie qui m'irradie. J'hurle mon mal et, dans un dernier regain de lucidité, je prie qu'on m'abatte. Mille fois la mort plutôt que devoir subir encore ce calvaire. Pitié, tuez moi...

AAAAAHH !!! Tuez-moi...Tuez-moi...
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