Fanfiction Diablo II

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La douleur

Par Azurblind
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La douleur

Je m'engouffrais dans une interstice sombre du mur titanesque qui se dressait devant moi. L'obscurité oppressante de ce lieu m'empêchait de discerner correctement mes pas avisés. L'odeur de la corruption n'avait pas touché la pureté du lieu dans lequel je me trouvais. J'avais quitté la lumière quelques instants auparavant et déjà je regrettais d'être entré, d'avoir franchi le seuil de la grande porte. Je ne pouvais faire marche arrière, ma mission était primordiale pour l'avenir de Lut Gholein, la cité aux milles joyaux. Je ne savais cependant pas encore le mal que j'allais rencontrer. Ma torche ne m'aidait guère, elle empêchait plutôt mes yeux de s'habituer au noir. Je ne pouvais néanmoins pas la perdre, de peur de me déposséder de la dernière lumière qui m'était confiée. J'agrippais mes armes avec une telle force que le pommeau de mon épée a laissé des marques irréversibles sur la main. Une humidité omniprésente dominait le tombeau de l'ancien mage. Ce changement de température soudain me déconcentrait, être envahit pas le froid après une traversée complète dans le désert n'est pas chose conseillée. Jamais je n'ai autant ressentit la lourdeur d'une armure. En temps normal, je ne me serais jamais plaint de la seule chose qui me garde en vie, mais durant cette quête toutes mes peines me semblaient accentuées. Je sais maintenant pourquoi, et je suis encore plus effrayé que lorsque j'ai vue la chose qui inspirait une telle oppression, une telle dureté.

Le chemin s'éclaircissait devant moi quand j'arrivai à l'entrée d'une vaste salle. Ma torche ne m'était plus d'aucune utilité, beaucoup d'autres flambeaux ornaient les murs de la pièce. Je m'assis quelques instans sur un pilier qui s'était affaissé. Je ne réfléchissais pas beaucoup, le terme exacte serait plutôt la méditation. Une méditation de combat. Je priais dieu et tous les prêtres du Zakarum, mon ordre bénit. En effet, à cette époque, j'étais un Paladin. Un chevalier élu de dieu pour apporter la lumière là où les ténèbres règnent. L'aura naturel que j'apportais en ce lieu se mêlait étroitement avec l'atmosphère de cette tombe. Même si le mal avait souillé depuis longtemps le sol de ce lieu, la puissance du sacrifice du sage enterré ici rayonnait encore suffisamment pour chasser toute déchéance infernale. Pendant mon repos, assis sur cette colonne, je repensais à Tal-Rasha, au dévouement de cet homme qui était enfermé ici, avec la mission de contenir Baal dans son corps. Quand l'archange baigné de lumière avait enfoncé l'éclat de pierre d'âme dans l'abdomen du mage et qu'il avait scellé son destin à tout jamais, le condamnant à lutter pour l'éternité contre l'esprit de la destruction, Baal. Tandis que moi, jeune paladin, je m'enfonçai dans l'antre pour faire face à un tout autre démon.

Après cette pause de courte durée, je repris mon chemin, toujours plus profondément dans le noir béant. Le plafond, invisible à mes yeux, me semblait inexistant. Des chauve-souris longeaient les parois, gémissant leurs cris stridents et malsains. Plus aucun éclairage ne me profitait à présent, seul contre le néant, j'avançais lame en main. Un bourdonnement sourd berçait l'air, serpentant dans les couloirs de ce labyrinthe de pierres. De plus en plus près de moi, le son s'échappait dans la direction opposée, comme si ma présence était épiée. La créature qui tentait de m'attirer vers elle avait ce don, celui de feindre, mais ce n'était malheureusement pas sa seule capacité. Comme si des esprits m'envoûtaient, suivaient mes pas, me donnant la direction à suivre. Je me sentais comme dans un de ces rêves ou l'on tente de fuir en restant sur place. Je voulais fuir, dieu m'en est témoin, j'aurais pu abandonner, mais j'ai persévéré. Le mal qui m'attirait vers lui et que j'essayais de fuir me donnait maintenant le courage d'avancer. D'un pas ferme je gagnai le coeur du tombeau, laissant les essences malsaines danser autour de moi, presque riant. Le métal de mes chaussures écrasait le sol à chacune de mes enjambées, le bruit raisonnait dans le chenal. Le bourdonnement, toujours plus puissant, semblait me parler, me charmer. Insensible à l'influence du malin, je gagnai maintenant l'ouverture de la chambre funéraire. L'orifice au centre n'attendait plus que le bâton des rois, seul artefact magique capable d'ouvrir un passage vers le mage, vers Tal-Rasha. Avec prudence j'enfonçai la tige dans l'emplacement. Une lumière bleuté, sorte de fusion de l'énergie pure, envahit l'antichambre. La terre se mit à gronder. Déstabilisé, je ne puis faire autrement que de chuter. Un rayon fendit l'air et alla terminé sa route dans le mur d'en face, détruisant celui-ci avec la plus grande force. Je me relevai doucement et attendit que mes yeux s'habitue à l'obscurité. Ramassant mon épée, je m'approchai du trou béant. Cette ouverture donnait sur un escalier volumineux qui semblait descendre vers un deuxième niveau de la sépulture. Plus un bruit ne se faisait entendre. Une tension terrible s'emparait de moi à chaque marche parcourue. Les esprits semblaient avoir disparu j'étais maintenant seul avec mon destin.

En arrivant à la dernière marche, un souffle me glaça le sang. Un odeur putride envahissait la salle. Je me déplaçai sur un sol visqueux et mouillé. Une présence imposante semblait demeurer dans cette pièce sans que je puisse voir de quoi il s'agissait. Je cognai mon pieds dans une masse molle et dense, en mouvement. Un petit gémissement plaintif s'échappait de la chose que j'avais heurté. Cette créature s'enfuit lentement, je ne m'aperçu qu'ensuite que j'avais affaire à une sorte de larve grise recouverte de pics noirâtres.

Mes yeux, de plus en plus expérimentés, distinguaient de mieux en mieux la structure. Plusieurs dizaines de larves de même sorte rampaient sans but sur le sol peint de leur bave écoeurante. J'enfonçai bientôt ma lame dans une de ces choses que je ne saurais nommer. Un cri s'extirpait d'une de ses cavités sonores, avant que la chenille ne perde la vie. Je m'abaissai pour la voir de plus près quand un grondement puissant émergea de l'autre bout de la chambre. Une grande forme avançait vers moi avec une vivacité surhumaine. Je fis un bon en arrière et plaqua mon bouclier en avant pour me défendre de cet agresseur inconvenant. Lui aussi stoppa et laissa découvrir son corps tout entier.

En face de moi se dressait une créature énorme, d'environ dix mètres de hauteur, une bouche béante aux dents acérées, surmontée d'une corne qui épousait la forme de son crâne. Deux extraordinaires appendices pointus, grands comme un étalon, lui servaient de bras. Le reste de son organisme rappelait celui d'un insecte. Une sorte de queue de serpent lui permettait de se mouvoir. Son échine qui soutenait le poids de ses deux pics laissait découvrir jusqu'à la base de sa queue, un appareil gestatoire, montrant qu'il était le créateur de ces larves si nombreuses. Quelques pattes fines stabilisaient la partie de son corps qui touchait le sol, elle aussi jonchée de pics.

Il resta quelque instant immobile comme pour se présenter. Je ne mis pas beaucoup de temps à me rendre compte que la chose qui se dressait n'était autre que Duriel, le seigneur de la douleur, l'un des quatre démons mineur de l'enfer. Je compris alors qu'il me faudrait plus que force et courage pour battre cet ennemi. Mon bouclier me permis d'éviter quelque uns de ces assauts violents mais il ne tarda pas à voler en éclat face aux bras titanesques du monstre. Ma formation de Paladin me donnait un avantage de défense contre Duriel. Là où un humain normal aurait plié sous les coups, je résistais en ayant ma foie pour tout écu. Chacune de ses attaques auraient pu être la dernière. La douleur atroce m'empêchait de réfléchir, je n'ai pas pu esquiver tous ses assauts, et ses lourdes pinces se sont plusieurs fois abattues sur mon corps. Mais à chaque fois, je m'écartais pour reprendre des forces avant de frapper le monstre de mon épée. J'ai rapidement repéré les points faibles du seigneur de la douleur. Bien que monstrueux et laid à souhait, Duriel avait un mal incroyable à se déplacer, ses attaques puissantes mais lente devenait aisée à éviter, et petit à petit, il faiblit. Le combat dura une éternité, sans mes auras de protection je ne serais plus là pour raconter mon aventure. Son esprit lui même m'assaillait, extirpant la moindre de mes douleurs, la moindre de mes souffrances. Il cherchait désespérément à faire le mal, à me faire du mal. Aucune épreuve n'a jamais été aussi dure que mon combat avec lui, autant physiquement que moralement. Mon esprit, subjugué par tant de violence, perdit conscience et ordonna à mon corps de s'écrouler, trop exténué pour continuer la bataille.

A mon réveil, je nageais dans un liquide visqueux et malodorant. Un certain temps me fut nécessaire pour m'apercevoir que j'était au beau milieu des entrailles du monstre, ma lame profondément enfoncée dans son ventre. Ses yeux fermés, le seigneur de la douleur était retourné en enfer, avec ses frères. J'avais réussit sans même m'en rendre compte à détruire l'enveloppe charnelle qui permettait à Duriel de sévir sur le plan mortel. Combien de morts futurs ais-je évité en offrant aux humains un temps de répit avant que le démon ne retrouve un corps ôte pour se reformer ? J'aurais dû terminé ma mission, voir si Tal-Rasha était toujours dans sa tombe, luttant lui aussi contre son propre démon, mais je n'ai pas eu la force d'avancer, je suis remonté au jour, presque aveugle, laissant mes armes dans le cadavre sans vie du démon occis. Le désert m'offrait un avenir incertain s'étendant à perte de vue part delà les dunes ensablées.
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