Fanfiction Diablo II

Note de l'auteur : Un GRAND merci à Neobarbouz pour l'idée géniale du "lapin-hurlant". Elle aura su renouveler le plaisir du jeu. Merci aussi à tous ceux qui ont contribué sur le forum à l'élaboration de la pertinente liste d'équipement du barbare-lapin (mais peut-on encore l'améliorer ?).

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Une nuit froide envahissait les rues. Chacun rejoignait rapidement sa demeure ; pour y retrouver les siens et la chaleur d'une bonne flambée. Quelques flocons voletaient dans l'air piquant, présageant d'un hiver précoce.

Une silhouette imposante s'avançait furtivement. Elle évitait au maximum les lueurs tremblotantes des torches fixées sur les murs lépreux. L'homme, puisque c'en était un, se maudissait de son choix vestimentaire. L'ample cape à capuche, d'un blanc immaculé (camouflage efficace dans les plaines gelées), ne le dissimulait nullement dans la pénombre. Il arriva enfin devant la porte branlante qui laissait filtrer la lumière rougeoyante d'un feu. Une main puissante frappa discrètement, et, ayant annoncé sa présence, le mystérieux visiteur entra. D'un rapide regard, il examina la pièce unique et son mobilier vétuste ; une pauvre paillasse défraîchie, un vilain placard bas. Il remarqua les cruchons vides qui s'entassaient dans un coin. puis se fixa sur la forme recroquevillée près d'un maigre foyer. De sa taille immense, l'inconnu écrasait l'occupante des lieux.

La vieille femme habitait une bicoque délabrée, adossée aux murailles qui ceinturaient Harrogath. Elle survivait, pauvrement, dans cette ville hostile, rejetée par tous. Certains la disaient même sorcière.

Serrant ses haillons contre son maigre torse, elle s'adressa à son visiteur d'une voix pâteuse. Ses yeux hagards n'avaient même pas quitté les flammes vacillantes.

- Salut à toi, Lapin_Hurleur, les esprits qui me tiennent compagnie m'avaient annoncé ta venue... Tu peux m'appeler Mélagra.
Son haleine chargée agressa l'odorat développé de l'homme. Il était plus habitué à l'air vivifiant des steppes glacées qu'aux effluves nauséabondes de la cité.

- Maudit soit-elle ! Pensa-t-il, elle est encore enivrée. Malah devrait stopper son commerce d'alcool de baies fermentées. Surtout depuis que les engeances infernales se soulagent sur les buissons...

Rabattant son capuchon, l'homme étouffa un juron. Les traits massifs de son visage, rehaussés de tatouages rituels d'un bleu profond, se tordirent de rage.

(On peut facilement reconnaître un membre des Lapins-Hurlants aux fameux tatouages en forme d'oreilles sur le haut du crâne. Malheureusement, ils sont souvent dissimulés sous de solides casques, NDA)

- Écoute-moi bien, sorcière, je ne te crains pas ! Tous tes tours, tes gesticulations (bien qu'elle n'ait esquissé aucun geste) ne me font pas peur ! Oui, je suis Lapin_Hurleur, fils du chef Grandes_Zoreilles, de la caste secrète des Lapins-Hurlants, et je ne crains personne ! Je défie tout Harrogath !

Le barbare poussa alors un grand cri de défi. Un meuh retentissant qui fit trembler les murs de la masure.

- Silence, imbécile ! L'interrompit-elle en le menaçant d'un doigt noueux. Le mouvement de son bras sec fit s'entrechoquer les bracelets et amulettes qui ornaient son poignet. Ils scintillaient imperceptiblement, regorgeant d'une puissante magie. Tu vas faire débarquer toute la cité avec tes meuglements ! Courageux, oui tu l'es, je le sens ; mais pour affronter sans péril les dangers de l'au-dehors, tu dois auparavant acquérir les reliques et artéfacts les plus rares ! Ils te préserveront des éléments et te rendront presque invincible !

- Mais de quoi parles-tu, femme ? Je ne compte que sur ma vitalité incommensurable et sur les aptitudes de saut et de course que les miens ont développées jusqu'aux limites de l'humain ! Que ferai-je donc de tes breloques, de tes antiquités ?

La vieille femme éclata alors de rire. Un rire grinçant, découvrant ses gencives à demi édentées.

- Pauvre naïf ! Crois-tu vraiment que tes dons naturels, tes capacités te sauveront d'une boule de feu ? D'un jet de foudre ? D'un épieu de glace ? Que nenni ! Après cette réplique cinglante, elle étouffa un rôt grave. Elle attrapa d'un geste malhabile un cruchon proche, et avala une longue rasade. Elle essuya sa bouche d'un revers de manche douteux, puis le tendit à son visiteur.
- T'en veux ?

Lapin_Hurleur recula en grimaçant.

- Tu ne m'intoxiqueras pas avec ce poison, sorcière ! En plus, songea-t-il dégoûté, elle a bu avant...Trêve de beuverie ! Révèle-moi enfin où je peux me procurer cet indispensable équipement ! Il prononça cette dernière phrase avec ironie.

Sans répondre, elle plongea la main dans une bourse de cuir sombre qui pendait à sa ceinture. Elle en ressortit une poignée d'osselets et de runes qu'elle lança sur la terre battue. Elle examina la configuration en manipulant nerveusement ses bracelets. Elle marmonnait des phrases dans un langage incompréhensible. Quelque peu effrayé, le barbare comprit à cet instant qu'on l'avait guidé, avec pertinence, vers une femme de grand pouvoir (malgré ses évidents problèmes de boisson. Elle semblait passer plus de temps sous l'emprise brumeuse de l'alcool que lucide).
Après quelques longues minutes, elle redressa la tête et s'exprima d'une voix pensive.

- La route sera longue, les épreuves difficiles ; mais une fois que tu auras réuni tout ce que je t'aurai désigné, tu deviendras le plus invincible des Lapins-Hurlants de ta tribu !

A ces mots, Lapin_Hurleur se mit à rêver ; il se voyait déjà en haut de l'affiche, aux côtés de légendes comme Qual-Kehk, ou les Trois Anciens (qui en leur temps avaient botté les fesses de Baal...), survolant les champs de bataille, défiant les démons pour ensuite s'enfuir, intouchable, d'un formidable saut. Il rentrerait au campement, auréolé de gloire, et ferait enfin la fierté de son père... Ses souhaits les plus fous seraient exaucés...

- Aouch ! Il fut rudement tiré des ses pensées par un choc sur la cheville. La vieille, pour le coup, avait été rapide et précise. La canne de bois noueux, posée derrière elle, l'avait atteint violemment.

- Reviens sur terre, barbare ! Assena-t-elle. Il est encore loin le jour ou tu rejoindras les tiens ! (A croire qu'elle avait lu dans son esprit). Elle sortit de sa rude blouse un petit parchemin jauni, ainsi qu'un minuscule crayon dont elle mouilla la pointe du bout de la langue. Tu devras réunir :
[liste]
[o]Le légendaire Visage d'Arréat, qui te donnera compétences et bonus appréciables. Il y aussi le Visage d'Andariel ; mais il a un petit défaut, et je ne saurai te le conseiller...
[o]Le Kaléidoscope de Mara (c'est une veille copine. Je te donnerai son adresse. En te montrant très gentil, et habile, et endurant, je suis sûr qu'elle te la cèdera). C'est l'équivalent de ton futur casque.
[o]L'Ange Gardien. Bon, je sais, c'est une armure pour ces efféminés de paladin du lointain Sud ; mais elle vaut vraiment le coup, malgré tout.
[o]Deux anneaux uniques ; le Corbeau Gelé et l'Étoile Naine. Ils renforceront tes résistances.
[o]La Tonnerre des Dieux, ceinture de grande puissance (celle-là va être coton à récupérer). Les trois éléments réunis absorberont, de plus, le froid, le feu et la foudre !
[o]Pour les bottes, je me tâte... Y'a bien les Marche-Flots, mais je verrai plutôt les Marches de l'Enfer... Je suis sûre qu'elles correspondront plus à ta vie ; car tu vas jouer avec le feu... C'est ta destinée de Lapin-Hurlant qui le veut.
[/liste]- C'est bien beau tout ça, l'interrompit-il, mais les armes ? Tu n'as pas parlé de mes armes !

Le rire de la vieille femme ébranla presque autant les murs que le précédent cri du barbare. Elle ne pouvait plus s'arrêter. Elle essuya une larme.

- Un Lapin avec des armes, finit-elle par dire dans un souffle, c'est la meilleure blague que j'ai entendu dans ma longue vie ! Et tu peux me croire, elle a été longue !

- Ne m'insulte pas Mélagra ! Lapin_Hurleur était vexé. Il me faut bien quelque chose pour parfois me défendre, non ? Alors indique-moi un équipement à ma mesure. Son ton était pressant.

- J'ai entendu parler d'un objet très particulier, une dague. Ce n'est pas vraiment une arme, plutôt un puissant artefact, très utile pour les lanceurs de sorts... la mythique Dague Sorcière. Elle fut forgée en grand nombre pour les Horadrims, aujourd'hui éteints. Si tu pouvais t'en procurer deux, ce serait le Walhalla. Avec ça, tu ne ferais pas de mal à une mouche mais tes sorts s'en trouveraient grandement accélérés, et tes résistances accrues ! Voilà, la liste me semble close. Elle finit de la compléter, et l'acheva d'un petit gribouillis informe.

- C'est un charme de protection que tu as tracé là ? Demanda le barbare en prenant respectueusement le bout de parchemin.

- Non non, éluda-t-elle. La sorcière semblait gênée. J'ai voulu représenter un petit lapin, mais j'ai un peu merdé les pattes arrières... Voilà voilà, tout est dit, tu peux commencer ta quête... Une dernière chose toutefois ; si tu venais à passer par les Quais de Kurast, vas voir mon vieux pote Alkor. Tu lui demanderas un flacon de son fameux remède contre les coups de froid. Tu me le rapporteras.

Un remède ? Encore du tord-boyau oui ! Se dit Lapin_Hurleur. Vieille alcoolique invétérée !

- Que les Dieux veillent sur toi Mélagra ! Proféra-t-il d'une voix sonore. Je te remercie pour ton aide ! Le Monde et ses mystères m'attend ! Et il sortit. Il disparut rapidement dans l'obscurité.

Il n'entendit pas la sorcière qui prononça d'une petite voix " même pas un bisou ??? "