Fanfiction Diablo II

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La horde des braves

Par TheCrawler

Prologue

Chapitre 1 : Les rogues

Chapitre 2 : Une bien triste nouvelle

Chapitre 3 : Une foi imperturbable

Chapitre 4 : Héro ou trouble-fête

« C'est un jour sombre qui plane aujourd'hui au-dessus d'Harrogath. La neige tombe avec rage sur la ville. Dehors, on entend encore les explosions des boules maléfiques que lancent les catapultes sur les murs de pierres qui entourent la ville. Tous les barbares et autres combattants venants des lointaines contrés de du royaume de Sanctuary sont tous un peu nerveux à la vue de cette bataille. Pas moi, car je ne connais plus la peur ni la douleur. Mon âme n'a que soif de sang et réclame vengeance. Mon coeur rempli de haine bat sous mon imposante armure noire et dorée. La bataille va commencer et je suis prêt à venger la mort de l'être qui comptait le plus dans ma vie : ma soeur Elia. »

Quelqu'un cogna à la porte. Drek donna son approbation et la personne entra. Un homme de taille moyenne, avec la peau noire comme la nuit et qui portait une armure de métal argenté scintillant comme une étoile. C'était Logan, un paladin de grande renommée. Il était connu pour sa bravoure et sa grande expertise au combat. Il y eut un temps où Drek le détestait.

- Drek..., commença le paladin.

- Oui, c'est mon nom, répondit ironiquement Drek, sans même se tourner vers son interlocuteur et ne cessant de frotter son épée bâtarde.

- Je vois que, même démon, tu es aussi déplaisant. Soit, le rassemblement est dans une heure et demie.

- Compris, ferme la porte en sortant.

Après avoir remis son message, Logan tourna les talons et sortit de la chambre tout en refermant la porte.

« Ah, ce pauvre Logan. Je n'ai jamais aimé les paladins, et encore moins ceux qui tournent autour de ma soeur. En revanche, cet imbécile fini aimait profondément Elia et je que crois qu'il est aussi désireux que moi de se venger. Le seul respect que j'ai pour cet homme, je le dois à une compassion que nous partageons l'un envers l'autre face à cette tragédie et aussi au fait qu'il a sauvé mon âme. Oui... ça je ne suis pas prêt de
l'oublier. Je me rappelle encore comment tout cela a commencé. C'était par une sombre matinée, un peu avant l'aube... »
« Des nuages sombres hantaient le ciel à l'origine d'un bleu digne des plus belles peintures. Les arbres mourraient peu à peu et la faune était devenue quelque peu hostile. Quand j'ai quitté cet endroit, il y a sept ans, déjà, le soleil brillait et le paysage était plein de vie. Les arbres étaient verts et les oiseaux chantaient. C'était plutôt accueillant. Mais là, tout était terne, froid et remplit de prédateurs dangereux qui semblaient getter le moindre de mes pas.

- Que s'est-il passé ici ? , m'exclamais-je tout haut.

Voila la question que je me posais. Que diable s'est-il dont passé ici ? Mais cette question demeura sans réponse, pour l'instant. J'approchai d'un petit camp improvisé. Il était gardé par deux jeunes femmes à forte allure avec une crinière brune, vêtues d'une tunique également brune et portant fièrement leurs arcs. Elles étaient postées de chaque côté d'une ouverture dans les palissades de bois. Il me prit un court moment pour comprendre qu'elles pointaient leurs armes dans ma direction. Je m'immobilisai raide, retirai le capuchon qui se trouvait sur ma tête et levai les mains en l'air pour montrer que mes intentions n'étaient pas hostiles. Malgré cette manoeuvre, les deux femmes n'abaissèrent pas leurs armes et tendaient toujours leurs arcs dans ma direction, prêtes à me trouer comme une passoire au premier faux mouvement. Je devais réfléchir et peser chacun de mes mots si je voulais engager la conversation. Mais ce fut l'une d'elles qui brisa le silence en premier.

- Qui êtes-vous, demanda froidement celle de droite, et que faites-vous ici ?

- Je suis un guerrier nomade qui rentre à la maison, enchaînais-je en essayant de garder mon calme.

Elles n'avaient pas l'air satisfaites de cette réponse. J'étais donc encore en joue et celle de gauche poursuivit de manière plus menaçante.

- Écoute, gros lard, tu vas nous dire ton nom, ce que tu fous dans le coin et où tu vas. Si tu refuses, tu n'auras même pas le temps de te rendre compte de ce qui t'est arrivé que je te ferai une troisième narine.

- Écoutez, commençais-je en faisant un pas en avant.

- N'avances surtout pas ! me prévint-elle.

Je ne fis pas attention à cet avertissement et je fis un autre pas, tout en gardant mes mains en l'air. Elle lança un autre avertissement, mais je n'y fis toujours pas attention. Je sentais qu'elles commençaient à devenir nerveuses et celle de gauche semblait avoir une irrésistible envie de ne plus donner d'avertissements et de laisser ses flèches parler à sa place. J'abaissai donc mes mains et fis encore un pas.

- Je t'aurai prévenu ! fit-elle, sûre d'elle-même, ne sachant apparemment pas à qui elle avait affaire.

Ce qui devait arriver arriva. L'archère de gauche décocha une première flèche. En un éclair, je sortit mon épée et la plaçai sur la trajectoire du projectile. Elle alla ricocher sur le revers de la lame argentée de mon arme. C'est alors que l'autre décocha également sa flèche. Je pivotai alors sur le côté et la tranchai en deux.
À la vue de cette prouesse, les deux gardes eurent les yeux ronds comme des rubis purs et échangèrent chacune un regard. Leur stupeur fût cependant de courte durée et elles réarmèrent toutes deux leurs arcs, prêtes pour une nouvelle rafale de tirs. Mais cela me donna suffisamment de temps pour sortir mon écu de métal brillant, de me préparer pour charger sur mes agresseurs et à parer leurs prochaines attaques. Je fonçai alors dans leur direction tel un taureau enragé tout en poussant un hurlement bestial, mais en me dirigeant un tantinet plus sur celle de droite. Les deux décochèrent leurs flèches qui allèrent se percuter contre mon bouclier. Elles réarmèrent, mais au moment où celle de gauche allait tirer sa flèche, je lançai mon épée qui alla couper la corde à l'extrémité supérieure de son arc et se planter dans le mur derrière elle. Je fis ensuite une roulade vers l'avant pour éviter de justesse la flèche venant de droite. Cette roulade me permit de me rapprocher suffisamment de la femme de droite pour lui donner un coup de pied à la cheville, ce qui eut pour effet de la faire tomber vers l'avant, genoux à terre et de pouvoir lui administrer un bon coup de coude au visage.

La première étant hors d'état de nuire, il fallait maintenant s'occuper de la deuxième. Le temps qu'elle prit pour comprendre pourquoi sa flèche n'a pas décollé me permit de neutraliser sa partenaire. Lorsqu'elle aperçut la cause de la défectuosité de son arme, elle se précipita sur mon épée pour tenter de la retirer du mur. Avant qu'elle n'ait eu le temps de le faire, je pris mon bouclier et le lança comme un boomerang. Il alla lui frapper l'arrière de ses jambes et elle s'écroula en gémissant de douleurs. Je me relevai et j'avançai vers elle. Je la pris à la gorge et la leva de terre tout en retirant mon épée du mur au passage. Je lui pointai
l'extrémité de ma lame sur le visage et, d'un ton roque et menaçant, je lui dis :

- Écoutez-moi bien, j'ai fait cinq jours de marche pour revenir chez moi, et ce ne sont pas des petites emmerdeuses de votre espèce qui vont m'empêcher de passer.

- Nous devons poser ses questions depuis que..., commença-t-elle d'une voix étranglée et tremblante.

- FERME-LA ! hurlais-je sans prendre compte de ce qu'elle voulait me dire. Je ne veux faire de mal à personne, tout ce que je veux ce sont un peu de provisions et un endroit pour me reposer au moins quelques heures, ensuite je partirai.

- Nous serons ravies de vous accueillir parmi nous, voyageur, fit une autre voix qui m'était étrangère.

Cette voix mélodieusement féminine derrière moi appartenait à une femme vêtue d'une robe noire surmontée d'un revêtement violet avec un capuchon qui couvrait sa tête sans masquer son visage. Elle avança vers moi avec son escorte : deux autres femmes, mais avec une armure et une coiffure différente de celles des deux malheureuses gardes qui ont tenté de me bloquer le passage. Leurs crinières étaient blondes et entourées d'un anneau métallique doré. Elles portaient aussi toutes deux la même cuirasse rouge parfaitement moulée sur leurs sublimes corps aux courbes très généreuses et un petit maillot de la même couleur laissant paraître de douces et fermes cuisses.

Elles étaient toutes deux d'une très grande beauté. Mais plus je les regardais, plus je constatais que leur beauté était identique. En fait, elles semblaient être jumelles. Mon regard alternait entre les deux exquises guerrières et revint ensuite sur la femme qui m'avait adressé la parole. Je la regardais avec méfiance, car elle ne semblait pas effrayée à la vue de l'habilité avec laquelle j'ai neutralisé les deux jeunes filles qui gardaient l'entrée du camp. Je restai donc sur mes gardes et répondit à cette altercation.

- Vous n'avez pas peur que je massacre tout le camp ? Je suis une fine lame, vous savez.

Elle ne broncha même pas. Elle était sûre d'elle-même et tenait en haute estime les deux symboles de la beauté qui lui servaient de gardes du corps. De tout évidence, si je décidais de faire quoi que ce soit d'hostile, le proverbe « Qui s'y frotte s'y pique. » s'appliquerait sûrement à cette situation qui pourrait devenir fâcheuse, et je dis bien « fâcheuse », car s'il s'avérait que je sois vaincu par une femme, on penserait que j'aurais fléchi par sentiment pour le sexe opposé, ce qui ne fait pas partie de ma réputation. Soit, elle fit un sourire en coin et répondit :

- Vous n'en avez pas l'intention. Sinon, vous auriez, au lieu de juste les assommer, tué ces deux rogues et auriez déjà tenté de nous tuer toutes les trois.

- J'aurais échoué, d'après vous ? demandais-je avec un brin de prétention.

- Laissez-moi vous présenter mes meilleures guerrières, fit elle fièrement en se plaçant sur le côté pour que je puisse mieux admirer les deux vénus. Ce sont deux amazones originaires de l'île Skovos. Celle avec une lance, c'est Nila. Elle vous mettrait par terre en moins de quinze secondes.

- Ça reste à voir, fis-je d'un air incrédule.

Je n'eus le temps de cligner des yeux et de les ouvrir que je vis la pointe d'une lance juste sous mon menton. Je levai une fois de plus les mains en l'air. La propriétaire de la lance fit pivoter l'arme sur son axe et la retira doucement de sous ma gorge pour la planter dans le sol juste à côté d'elle. Après ce, la dame en robe noire poursuivit.

- Et celle avec l'arc, c'est Kara. Elle ne rate jamais sa cible.

- Ouais bon ! Dispensez-moi d'une démonstration pour cette fois, enchaînais-je rapidement, ne désirant pas servir de cible pour cette démonstration.

- Comme vous voudrez.

Elle fit un signe de la tête à l'archère et Kara rangea sa flèche. La femme en robe noire se retourna et marcha en direction du camp tandis que Kara alla porter secours aux deux rogues mal en point. Mais l'autre amazone resta immobile et, une main sur sa lance, me regardant d'un air méfiant. Après quelques pas, la femme en robe noire, ainsi que Kara, se retournèrent et regardèrent leur consoeur.

- Nila, commença la femme en robe noire d'un ton plus autoritaire. Il est notre invité, il peut donc entrer.

Mais elle ne broncha pas. Elle retira sa lance du sol et fit un pas vers moi. Elle la pointa une fois de plus en ma direction. Son regard était rempli de haine. Elle avait, de toute évidence, aucune confiance en moi. Sa soeur s'approcha et la retint par le bras, mais Nila se libéra rapidement de son étreinte et la repoussa brutalement vers l'arrière.

- Nila, arrête ! fit Kara à sa soeur, qui ne semblait guère porter attention à sa requête.

Le regard de Nila était foudroyant. Si ses yeux auraient étés des flèches, elles m'auraient passés au travers du corps et seraient revenues à la charge pour me transpercer à nouveau. Elle me dit alors d'un ton ferme et menaçant :

- Ne t'avise surtout pas de faire la malin, sinon je te garantis que tu ne reverras jamais la lumière du jour.

Sur ce, elle retira sa lance, tourna les talons et s'éloigna. C'était plutôt mal parti. J'emboîtai le pas et rejoignit la femme en robe noire.

- Veuillez excuser Nila, dit-elle doucement. Mais leurs parents à elle et Kara ont étés tués par des barbares sanguinaires. Nila a nourri une haine profonde pour les vôtres depuis.

- Eh bien elle sera contente de savoir que je ne suis pas un barbare, répondis-je.

- Ah bon ? Je l'aurais pourtant juré.

Nous marchâmes un peu. Le camp n'était qu'un ramassis de tentes et charrettes disposées ici et là. Il y avait un feu mourrant au milieu du camp et une charrette qui me semblait familière se situait à proximité. Le tout était entouré d'une palissade de bois. Le camp était vide. Seules quelques rogues étaient dehors pour surveiller le camp. Kara et Nila avaient ramené les deux malheureuses rogues qui gardaient l'entrée dans une grande tente et deux autres rogues furent assignées à ce poste.

J'avais peur de m'être attiré la haine de beaucoup de personnes, entre autres, cette amazone, dont la confiance portée aux gens se limite à l'extrémité de sa lance, les deux premières rogues, qui devront faire un léger séjours au soins médicaux, et les deux autres rogues qui ont dû être brutalement tirées de leur sommeil pour occuper le poste de garde des deux premières rogues. Seule cette femme en robe semblait avoir aveuglément confiance en moi. Pourquoi ?

- Veuillez m'excuser de ce manque de courtoisie, débuta-t-elle, me tirant de ma rêverie, mais avec toute cette agitation, j'ai oublié de me présenter. Mon nom est Akara. Je suis la grande prêtresse de la Sororité de l'Oeil Aveugle. Et vous êtes ?

- Mon nom n'a aucune importance, répondis-je.

- Vous ne tenez pas à être connu ?

- Vous avez deviné.

- Pourquoi ?

- Parce que vous posez trop de questions et que je n'ai pas le goût d'y répondre, ajoutais-je sévèrement. Alors je vous prierais de me montrer où je peux dormir et de me foutre la paix si vous voulez bien.

Nous restâmes silencieux un instant. Akara semblait quelque peu vexée. Je reconnu après avoir été trop loin, car c'était son camp et elle aurait pu me foutre dehors avec en prime quelques flèches dans le corps n'importe quand, mais elle n'en fit rien. Malgré ce fait, je ne le fis pas paraître, par orgueil. Ce fût elle qui rompit le silence.

- Nous nous levons à l'aube. Je vais vous conduire à votre tente. »
« L'aube s'était levée, mais le ciel n'en fut pas moins sombre et le paysage était tout aussi déplorable. Néanmoins, il y avait plus de vie dans le camp. Je n'avais dormi que trois heures. J'ai l'habitude, comme il était coutume pour les guerriers nomades du Royaume de Ehb, de dormir très peu et d'un sommeil très léger, car on ne savait jamais quel genre de créature infâme et assoiffée de sang pouvait nous tomber dessus durant la nuit. Je pouvais donc marcher durant une journée complète sans même m'arrêter une seule fois. Et je le peux encore, à titre d'information. Je n'avais pas le choix si je voulais rester avec le clan de guerriers nomades auquel je m'étais rattaché. Nous formions la Horde de Braves. Chacun avait un surnom, le mien était Drek le Valeureux. Avec les Braves, il fallait suivre le rythme, sinon on était laissé pour contre et livré à soi-même seul dans les forêts les plus sombres et les plus hostiles des profondeurs de Ehb. Ce qui m'a aidé c'est que je m'étais lié d'une grande amitié avec le chef des Braves. Je n'avais que dix-sept ans à l'époque. C'était le plus grand combattant que portait ce monde. Il maniait l'épée avec une rapidité que personne n'a su égaler jusqu'à présent, pas même moi. C'est lui qui m'a presque tout appris. C'était aussi mon meilleur ami et sa fin fût terrible. Mais bon, je suis en train de perds le fil de mon histoire. Je disais donc que c'était une matinée sombre qui pesait sur le camp des rogues. Mais cela ne semblait toutefois pas affecter le moral de ces vaillantes guerrières. Il y avait des rogues partout. Certaines ajustaient leurs arcs par-ci, d'autres montaient la garde par-là. En d'autres mots, j'avais intérêt à rester tranquille car, même aussi fort et aussi rapide que j'étais, je ne donnais pas cher de ma peau si je faisais le moindre faux pas. J'astiquais donc mon épée calmement en observant ce qui se passait autour de moi.

Akara était devant sa tente, qui était un peu à l'écart. Elle discutait avec une femme qui était ni une guerrière rogue ni une amazone, du moins pas par son accoutrement. C'était une femme plutôt jeune, de vingt-cinq à trente ans au moins. Elle portait une cotte de maille qui lui couvrait presque tout le haut du corps avec une espèce de cape rouge qui partait de son épaule gauche jusqu'au bas du corps. Elle avait de jolis cheveux roux qu'elle avait entouré d'un bandeau noir. De toute évidence un officier de bataille. Malgré mon ouie très fine, je n'arrivais pas à entendre ce qu'elles se disaient. Mais cela me concernait car la femme officier tournait souvent son regard dans ma direction.

Tout comme l'amazone, elle ne semblait pas avoir confiance en moi. Je commençais à m'y habituer car je n'avais de cesse d'entendre les autres rogues chuchoter à mon sujet depuis que je m'étais levé. Elle dû voir que je la regardais, car la femme officier prit Akara par le bras et l'emmena derrière la tente.

Pour moi, ce qu'elles se disaient n'avait aucune importance, car j'allais bientôt partir pour Tristram et elles n'entendraient plus parler de moi. Et oui, j'allais retrouver ma petite soeur que je n'avais pas vu depuis si longtemps, Elia. Je l'avais laissée trop longtemps seule avec cette vieille folle d'Adria, une véritable demeurée. J'aillais aussi revoir Griswold, le forgeron du village. J'ai longtemps travaillé pour lui. Et aussi ce vieux débris de Deckard Cain. Un homme sage qui m'avait dit un jour que l'homme n'est un valeureux guerrier que dans son coeur, non dans sa gloire. Cette phrase hante mon esprit matin et soir depuis ce jour. Au moment où je voulus soulager un petit besoin essentiel, une voix familière retentit derrière moi. Une voix que je n'avais pas entendue depuis des années. Quoiqu'un peu ravagé par le temps, je la reconnus presque tout de suite.

- J'étais sûr que c'était toi, commença cette voix, le fameux "Guerrier Étranger" qui manie l'épée avec une rapidité surhumaine et qui a mit deux rogues d'élite par terre en moins de dix secondes. Tu sais que tu leur fiche toute une trouille ?

Je me retournai et fus content de revoir le même habit bleu et gris d'une couture typique des pays de l'orient. Le même visage légèrement bronzé garni d'une épaisse moustache d'un noir profond. Le même homme avec qui j'avais tant voyagé. Le même homme plein de bontés qui m'avait recueilli jadis dans un moment de désespoir.

- Warriv ! m'exclamais-je, yeux écarquillés et le sourire aux lèvres.

- Drek ! fit il, en avançant vers moi les bras tendus.

Je me levai d'un bond pour aller enlacer, amicalement bien sûr, ce vieil ami de longue date. Car en effet, je connaissais Warriv depuis très longtemps. La première fois que je l'ai vu, c'était quand j'avais quitté Tristram pour partir à l'aventure, mais je fus pris de court au beau milieu du désert, sans eau ni provision. En plus, je sentais que les vautours me regardaient plus bizarrement que d'habitude. Alors que je croyais que la fin était proche, cet homme est venu à me sauver. Il m'a amené à Lut Gholein, où j'ai pu faire le plein de provisions et acheter quelques armes avec l'argent que je m'étais fait en travaillant pour Griswold. J'ai ensuite pris le premier bateau pour Ehb. Je l'ai revu ensuite à Maren sur la Péninsule Utréenne, il y a trois ans. Le fait de le revoir après si longtemps, était d'un grand réconfort.

- Alors, comment te portes-tu, jeune Drek, me demanda-t-il joyeusement en relâchant son étreinte.

- Pas trop mal, répondis-je en faisant de même. Comme tu peux le voir, je m'amuse à terroriser tout un camp de pauvres rogues avec mes prouesses de combattant.

- Drek... Tu sais que ce n'est pas gentil prendre son pied à faire du mal au gens, fit Warriv, comme pour me gronder.

- C'était juste pour rire, répliquais-je d'un air un peu idiot.

Nous partîmes à rigoler. Décidément, ce vieux bougre n'avait pas changé du tout.

- Je t'offre quelque chose ? me demanda Warriv en reprenant son sérieux.

- Pourquoi pas ? Qu'est-ce que tu as ?

- De la bière noire tout droit sortit de la taverne de Falraen, la meilleure de toute la péninsule. T'as pas oublié, j'espère ?

- Comment oublier cette bière avec un léger soupçon de vanille, dont une seule gorgé est un péché cruel qui mérite un billet immédiat pour l'enfer.

- Je t'es pas demandé de me faire de la poésie, fit il tout en se mettant à rire de plus belle.

Nous marchâmes en direction de sa caravane tout en discutant de tout et de rien. J'écoutai Warriv me raconter ses derniers voyages à travers Sanctuary, mais mon esprit avait trouvé une autre occupation. Je surveillais la femme officier, désormais seule, du coin de l'oeil. Elle nous regardait intensément, moi en particulier. J'ignorais ce qu'elle me voulait et ça ne me plaisait pas.

- Est-ce que tu m'écoute ou tu fantasme sur Kashia ? fit Warriv en m'agrippant par le bras.

- Kashia ?

- Oui, Kashia ! L'une des dernières officier des rogues. C'est elle qui mène les rogues au combat, ici.

- Je vois, répondis-je, pensif. Elle a toujours l'air aussi aimable comme ça ?

- Non, je crois qu'elle n'apprécie pas beaucoup les étrangers et encore moins ceux qui font une entré comme la tienne.

Je décidai de laisser le sujet en suspend. Après tout, ce n'était pas entièrement ma faute. C'était cette foutu rogue qui n'avait pas appris à être polie avec les gens. Elle m'avait traité de "gros lard" et j'ai tendance à perdre mon calme quand on m'insulte. Soit... Nous continuâmes notre chemin et arrivâmes à sa caravane. Il me servit ma bière et continua à raconter son périple à travers le royaume. J'écoutais son histoire tout en sirotant ma bière et en jetant quelques coups d'oeil du côte de cette Kashia.

- Tu dis que Kashia n'aime pas les étranger, pourtant y'a l'air d'avoir pas mal de monde dans le coin, finis-je par dire, en voyant un groupe de personnes non loin d'un des tentes qui, de toute évidence, étaient ni des
rogues, ni des amazones ni même du sexe féminin.- Beaucoup d'étrangers passent par ici mais repartent après une nuit de sommeil, quelques provisions et des armes. La plupart d'entre eux remercient Akara de son hospitalité en payant ou en lui rendant quelques services que seuls leurs compétences de guerrier peuvent lui offrir. Mais d'autres, par contre, restent ici et profitent de cette hospitalité juste pour être en sécurité dans un endroit tranquille et draguer les rogues à leur guise. De plus, ils n'ont aucun respect pour les autres.

- Répugnant... !

- Tu l'as dis. Mais parle-moi un peu de toi. Où vas-tu maintenant ?

- Chez moi, voir ma p'tite soeur.

- Ah oui !... ta soeur. Tu m'en as tellement parlé. Comment elle s'appelle déjà ? Elia, c'est ça ?

- Ouais, répondis-je en songeant à ma charmante et belle petite soeur.

Nous restâmes une fois de plus silencieux, mais Warriv n'avait pas l'air d'apprécier le silence car il ne mit pas beaucoup de temps à le rompre.

- Et où c'est, chez toi ?

- À Tristram.

Warrive avala sa gorgé de peine et me regarda alors d'un air surpris et apeuré, comme s'il s'était retrouvé face à face à un démon.

- Tristram ?...

- Oui, Tristram..., répondis-je simplement en l'interrogent du regard. Pourquoi cette question ? Et pourquoi tu fais cette tête là ?

- Tu n'es apparemment pas au courant, fit il d'un air tristement grave.

- Au courant de quoi ? m'empressais-je de lui demander, inquiet.

Warriv prit une profonde inspiration et poursuivit.

- Tritram est tombé sous l'assaut d'une armée de créatures démoniaques tout droit venues des enfers. Il y a eu très peu de survivants. Je suis désolé, Drek.

Ce que je venais d'entendre me fit l'effet d'une main glaciale qui se refermait peu à peu sur mon coeur. Elia... ma tendre petite soeur. Le seul être qui compte vraiment pour moi... morte ? Non, je me refusais à le croire. Non... Elle était en vie, je le sentais au fond de moi. C'était une Ilagore et la plus brillante fille que je connaissais. Elle était en vie, et je devais la retrouver.

- Drek, je crois qu'on a de la compagnie, me dit Warriv tout bas, me ramenant à la réalité.

En effet, en me retournant je vis cinq guerriers, d'une allure qui ne reflétait guère l'intelligence, venir dans notre direction. Ils n'avaient pas l'air du type brave et vaillant. Sûrement de ces barbares sans manières dont Warriv m'avait parlé plus tôt. Quatre d'entres eux étaient de grands gaillards assez costauds avec des épées. L'autre par contre, celui qui semblait être à la tête du groupe, était plus petit et de moins forte carrure, et il ne semblait avoir qu'un simple couteau.

- Ce sont eux les crétins dont tu m'as parlé tout à l'heure ? demandais-je à Warriv, sous le même ton de voix.

Warriv hocha de la tête lentement. Quoi qu'ils voulaient, ils avaient intérêt à être courtois car je n'étais pas d'humeur à supporter les conneries d'un bande d'arriérés. Quand ils furent assez près, le moins costauds des cinq prit la parole.

- Bonjour l'ami, fit il joyeusement. Belle journée, non ?

- Ces terres ont déjà connus des jours meilleurs, faites moi confiance, répondis-je d'un ton neutre.

- Dois-je comprendre que tu viens souvent par ici, étranger ?

Je ne répondis pas à cette question et je gardai le silence en croisant les bras sur ma poitrine. Je ne voulais finalement pas faire la conversation avec cet homme qui ne semblait pas beaucoup aspirer l'intelligence.

- Que me voulez-vous ? lui demandais-je finalement.

- Moi et mes copains, on voulait t'inviter à picoler un peu avec nous.

Les quatre autres acquiescèrent l'un à la suite de l'autre. Je les regardais avec mépris. Tous des idiots, des gâchis lamentable du monde de l'intelligence. Je n'aurais aucun mal à les écraser tous les cinq en même temps. Ce n'était d'ailleurs pas l'envie qui me manquait, mais je n'avais pas envie par contre de m'attirer des problèmes avec les rogues pour avoir d'avantage troublé la paix en ces murs.

- Désolé, je ne suis pas partant, leur répondis-je en essayant de garder mon calme.

- Comme tu veux. Toutefois, ce n'est pas la véritable raison de notre visite.

- Tiens donc...

- Nous voulions te proposer de te joindre à nous sur un gros coup. Vois-tu, le monastère des rogues est rempli de richesse et de trésors caché. Bien sûr, il peuplé de démons, mais là n'est pas vraiment le problème. Le problème est que seule cette maudite bonne femme d'Akara sait comment ouvrir les portes du monastère. Si on arrive à faire cracher le morceau à cette pute, tu seras un homme riche. Bien entendu, pour ça on risque de devoir massacrer une partie du camp, mais avec toi de notre côté je ne crois pas que ce soit un problème, conclu cet enfant de bâtard en ricanant comme un idiot.

- Espèce de monstre ! intervint Warriv. Drek, ne les écoute pas.

Je lui fis signe de ce calmer et j'observai à nouveau les cinq bouffons de fortunes qui se dressaient devant moi.

- Une offre intéressante, commençais-je, voyant la satisfaction dans le visage du débile heureux et de ses apprentis débiles heureux, et la surprise mélangée à déception dans celui de Warriv, mais j'ai une autre proposition encore meilleure à te faire. Toi et tes quatre lavettes derrière toi, vous quitter le camp pour ne jamais revenir, comme ça personne ne sera blessé ou tué et je ne serai pas obligé de vous découper tous les cinq en rondelles.

Warriv fut soulagé et ravi d'entendre ceci, mais les cinq sous-fifres de l'ignorance debout devant moi, non.

- Comment oses-tu ? s'exclama-t-il, le visage mauvais. Je t'offre la richesse...

- Et je te la balance à la figure, connard, l'interrompis-je, le regard encore plus mauvais.

- Tu vas le regretter. Les gars... occupez-vous de lui.

Je regardais le condamné à mort afficher un grand sourire tandis que ses compagnons dégainèrent leurs épées en avançant vers moi. Je sortis la mienne et me préparai au combat.

- C'est toi qui vas le regretter.

Ils continuèrent à avancer lentement. C'est alors que celui à l'extrême gauche chargea en hurlant, brandissant son épée au-dessus de sa tête. Il fut suivi presque immédiatement des trois autres qui l'imitèrent tous à leur manière. Le premier abattit son épée sur moi, mais je bloquai son attaque avec la mienne. J'esquivai sa charge par sa gauche pour ensuite lui enfoncer mon épée dans le dos et administrer un coup de pied au visage du second attaquant au passage. Je lui tranchai par la suite l'abdomen et me préparai juste à temps pour parer l'attaque de celui qui venait à ma droite. Je frappai si fort sur son épée qu'elle alla voler quelques mètres plus loin, ce qui me permit de lui enfoncer ma lame dans le ventre sans problème.Celui qui était le plus éloigné de moi avait eu le temps, pendant que je m'occupais des trois autres, de me contourner et de me charger par derrière. J'attendis qu'il fût assez près de moi pour ensuite pivoter sur mon axe, en retirant par ce fait même mon épée du corps de son compagnon, et lui tranchai la tête. Ils s'écroulèrent presque tous en même temps dans une mare de sang qui ne cessait de se répandre. Les quatre hommes étaient morts. Après avoir regardé, l'un après l'autre, les cadavres de ces crétins finis baigner dans leur sang, je passai au cinquième homme, cet adepte de la stupidité qui était resté à l'écart pendant que ses copains de faisaient étaler. Ses yeux étaient écarquillé et sa bouche grande ouverte. Il était de toute évidence en train de souiller son pantalon tellement il était terrifié. Il était complètement figé par la peur. J'avançai d'un pas rapide et furieux. C'est là qu'il se défigea et sorti son poignard pour le pointer vers moi en reculant nerveusement.

- Je...je suis...un maître du couteau, bégaya-t-il, alors fais gaffe.

Je continuai à avancer au même rythme et lui à reculer. J'aurais pus le croire si il n'avait eu l'air aussi nerveux, mais comme ce ne fut pas le cas. Il fini par trébucher sur une pierre et tomber en échappant son poignard qui atterrit un peu plus loin. Le temps qu'il prit pour le chercher du regard me permis de gagner du terrain. Lorsqu'il l'eu trouvé, il tendit la main pour essayer de le récupérer, mais en vain, car je lui écrasai vivement le bras avec mon pied, lui empêchant de l'étendre plus loin.

Il poussa un cri de douleur et implora ma pitié en pleurnichant. Je le pris alors par le collet et le levai de terre. Je levai mon arme au niveau du corps, prêt à lui enfoncer la lame de mon épée dans son ventre de petit salopard.

- Je vais te saigner comme un lapin, ordure, lui dis-je entre les dents.

- Lâchez-le, cria une autre voix étrangère derrière moi, une voix féminine.

Je fis un léger sursaut, intérieurement bien sûr. La rage m'avait tellement aveuglé que je ne vis pas que j'étais presque encerclé par des rogues qui pointaient leur arcs, flèches tendus, dans ma direction. Il y avait parmi elles Kashia, cette satané Nila, Kara et Akara. Disons que pour ma tentative de ne pas troubler la paix, c'était plutôt raté.

- Je vous en prie, laissez-le, Drek, reprit alors Akara. Trop de sang a coulé en ces murs aujourd'hui. Ne mêlez pas le vôtre au leur.

Je regardai une dernière fois autour de moi et revins sur l'ignoble personnage que je tenais à bout de bras. Il implora une fois de plus ma pitié. Je le regardai droit dans ses yeux effrayés et lui dis d'une voix calme et menaçante:

- Fiche le camp d'ici. Quitte la région et ne reviens jamais. Si je te revois dans les parages... je te découpe en petits morceaux et je te donne en pâture aux loups. Compris ?

Il hocha la tête. Après ce, je le relâchai. Il quitta le camp à toute vitesse sans même prendre le temps de reprendre son arme. Je ne le quittai pas des yeux jusqu'à ce qu'il ait disparu derrière la palissade de bois. J'aurais tant aimé le rattraper pour lui arracher le coeur de propres mes mains. Mais pour le moment, j'avais mieux à faire. Je devais partir pour Tristram et retrouver ma petite soeur adorée. »
« Il y avait deux marchands d'armes et d'armures dans le camp. L'un était un marchand nomade, un certain Gheed. Il était coincé là en raison des régions avoisinantes tout à coup devenues hostiles. Il était venu me parler peu de temps après que j'ai massacré les quatre guignols. Cet escroc me racontait comment il faisait d'énormes profits en racontant à l'autre marchand des
supposés récits d'aventures. Le symbole de la cupidité même. L'autre était une femme assez jeune mais de forte carrure. Charsi, je crois. Elle avait de longs cheveux blonds couverts de suie et elle portait fièrement sa tenue de forgeron noire. Elle avait également une voix si délicate pour son apparence, quasi juvénile.

- Vous êtes un barbare, pas vrai ?, me questionna-t-elle d'une voix timide.

Je la regardai avec une légère frustration dans les yeux. J'en avais mare que les gens me prennent pour une des ces brutes complètement stupides qu'étaient les barbares. Moi, contrairement à eux, j'ai eu une éducation. Je sais lire et écrire. Je sais manipuler plusieurs armes, pour ne pas dire presque toutes les armes. Je sais parler une autre langue, et je sais aussi faire un sort de feu, mais je ne le maîtrise pas à la perfection. Qui plus est, je ne l'ai utilisé qu'une seule fois car je n'aime pas vraiment la magie. Je préfère et très de loin un bon combat corps à corps.

- Non, je n'en suis pas un, rétorquais-je finalement.

Elle resta un moment silencieuse et quant à moi, je continuai à inspecter les armes. Je tombai sur un splendide arc long. Je n'en revenais pas, il était fait en markle, un bois qu'on ne retrouve que dans les forêts au abord de Meren, dans la Péninsule Utréenne. C'est un bois extrêmement résistant et est réputé pour sa combustion lente ainsi que ses propriétés magiques. En effet, beaucoup de mages et de grands sorciers prient leur bâton de cette forêt. Lans, le chef des Braves, me disait que c'était causé par les fées qui peuplaient ces bois. Il disait que lorsque les fées se déplaçaient, leurs ailes déposaient une sorte de poussière magique un peu partout et que parfois, cette poussière retombait sur les racines des arbres. Lorsqu'il pleuvait, elle se mêlait à l'eau qui allait nourrir les racines. Je me trouvais trop vieux pour croire en ces sottises que l'on contait aux jeunes enfants pour qu'ils dorment. Mais mon opinion changea lorsque je fus sauvé par elles, trois ans plus tôt.

- Intéressant, hein ?, fit la voix mélodieuse de la forgeronne. C'est Warriv qui me l'a apporté. C'est du tarkle, je crois, hésita-t-elle.

- Du markle, corrigeais-je, les yeux toujours fixés sur l'arc.

Je jetai un coup d'oeil dans sa direction, elle m'interrogea du regard.

- C'est du markle, repris-je, agacé. Un bois très rare qu'on ne retrouve que sur la Péninsule Utréenne, très loin d'ici.

Je saisis la corde avec mes doigts et je m'apprêtais à la tendre lorsque Charsi s'empressa d'ajouter :

- N'essayez pas, même moi je n'y suis pas arrivé. Je ne sais pas à qui appartenait cet arc, mais il devait être drôlement f...

Elle s'arrêta de parler net et me fixa les yeux écarquillés. J'avais tendu l'arc jusqu'au niveau de l'oreille. Elle n'arriva pas à dissimuler sa stupéfaction. En fait, elle me regardait comme si j'étais le divin Créateur en personne.

- Vous êtes... Drek, balbutia-t-elle d'excitation, Drek le Valeureux ?

- Non, répondis-je sachant trop bien que c'était faux.

Mais la forgeronne ne semblait pas m'avoir entendu, sans doute sur le coup de l'excitation. J'ignorais ce que Warriv lui avait dit, en supposant qu'elle ait apprit mon nom de lui, mais il avait intérêt à s'expliquer.

- Warriv a dit que vous seriez le seul à pouvoir le faire, enchaîna-t-elle sans me laisser finir, excité comme une gamine. Il m'a tant parlé de vous. Je suis un peu jalouse j'aimerais bien partir à l'aventure, mais...

Pendant qu'elle débitait ses conneries, je faisais des pieds et des mains pour contrôler la rage qui je sentais monter en moi, Drek le Valeureux n'était pas un héro. Le grand guerrier qu'il fut a aussi été tenu responsable de bien des désastres.

- Il suffit !, éclatais-je, finalement. Assez !

Le silence revint durant un moment. La pauvre femme était terrifiée, telle une gosse tombée face-à-face avec une bête enragée. Car c'est ce que j'étais devenu après mon départ de la péninsule, une bête le coeur rempli de rage.

- Cet homme est mort, repris-je, plus calme, il y a plusieurs années déjà.

Charsi n'insista pas et retourna à ses occupations, vexée. Une autre personne que je n'aurai pas à la bonne. Une voix résonna derrière moi, qui m'interpellait. Charsi, en entendant le nom de Drek et en voyant que cela ne pouvait s'adresser à personne d'autre que moi, retrouva son sourire. Je me retournai. Cette voix qui m'appelait était celle de Kara. Je l'avais reconnu par son arc.

- Que me voulez-vous ?, lui demandais-je quand elle fut assez près de moi.

- Akara veut vous voir, fit-elle d'un ton sec sans pour autant laisser paraître une quelconque hostilité.

Je sentais que j'allais avoir des problèmes.

- Je dois partir, lançais-je, cherchant à tout prix une échappatoire.

- Nous savons, mais elle désire s'entretenir avec vous une dernière fois.

Cela ne devrait prendre que quelques minutes.

- C'est déjà trop, conclus-je, espérant qu'elle en reste là.

Mais mes espoirs furent vains. Au moment où je ramenais mon regard sur l'arc que je tenais encore entre les mains, j'entendis un léger grincement de bois. Je compris alors l'importance que cette femme accordait à sa tâche.

- Vous ne m'avez toujours pas vu faire une démonstration des mes compétences à l'arc, poursuivi-t-elle avec un brin d'arrogance. Vous voulez essayer ?

Je poussai un léger soupir, vaincu. Je voulais partir, mais je ne voulais pas non plus avoir les rogues sur le dos et être obligé de toujours surveiller mes arrières durant mon voyage pour ne pas me prendre une ou deux flèches dans le dos. Et j'en avais assez des emmerdes. Déjà que je suis sûrement banni d'Ute, le diminutif d'Utréenne (c'est comme ça que les gens l'appellent là-bas), pour y avoir relâché un fléau dévastateur. Je leur devais bien ça de toute façon, pour toute la pagaille que j'avais causée.

Je me tournai donc vers Charsi en lui demandant :

- Combien pour l'arc et un carquois de flèches ?

- Je vous l'offre. Tout est gratuit pour vous et revenez me voir si vous avez besoin de quoique ce soit, dit-elle toujours aussi enjoué.

Je la regardai un instant, puis son sourire s'enfuis et son regard se déroba. Puis je la remerciai et sa joie revint subitement. Je fis signe à l'amazone que je la suivrai et elle rangea sa flèche. Je la
suivis jusqu'à la tente d'Akara où celle-ci m'attendait. Mais elle n'était pas seule. Il y avait cette Kashia, Warriv et Nila. Je sentais de l'hostilité venant de Nila et Kashia. Cette haine pour moi était aussi intense de l'une que de l'autre, telle que ça leur donnait des airs de famille. Akara de son côté, semblait presque ravie de me voir. Je n'arrivais pas à cerner cette femme. J'avais foutu la merde dans son camp et elle m'accueillait à bras ouvert.

- Heureux que vous aillez pu venir, fit-elle avec son sourire de femme habituelle.

- Écoutez, je suis vraiment désolé d'avoir foutu le bordel chez vous, mais...

Elle m'interrompit d'un geste de la main.

- Je ne vous en veux pas. Je suis même heureuse que vous nous ayez débarrassé d'eux.

- Ah oui ?, lançais-je, surpris. Donc vous saviez se qu'ils manigançaient ?

- Nous les avions à l'oeil depuis un certain temps, moi et Warriv. Nous attendions seulement que des preuves pour les mettre dans le même état que vous avez mis.

J'avais du mal à comprendre. Pourquoi aurait-elle besoin de preuves pour chasser ou tuer qui que ce soit dans son propre camp. Elle m'expliqua alors qu'elle avait un certain ordre à respecter et elle ne voulait pas que les autres voyageurs pensent qu'elle faisait massacrer des innocents par plaisir. Inutile, mais cela ne me regardait pas.

- Mais ce n'est pas pour ça que je vous ai fait venir, reprit-elle.

- Vraiment ? Pourquoi, alors ?

Elle s'éclaircit la voix et poursuivi.

- Warriv nous a dit qui vous étiez. Il n'a pas cessé de venter vos exploits et votre courage, Drek le Valeureux.

La rançon de la gloire. J'en avais mare d'être pris pour un héro. Je croyais qu'en venant ici, personne ne saurait qui j'ai été et que je pourrais enfin oublier Drek le Valeureux. Mais je me trompais. Warriv ne savait pas toute l'histoire. Il n'a pas vu le mal ce que j'ai fait sur la péninsule. J'étais loin d'être le héro qu'il croyait que j'étais.

- Ne vous fiez pas toujours à tout se qu'on vous raconte sur moi, répliquais-je simplement, ne voulant pas entrer dans les détails.

- Tu as toujours été trop modeste, fit Warriv, le sourire aux lèvres.

Je lui lançai un regard sombre et son sourire s'effaça, comme pour Charsi. J'adore cet effet que fait ce regard aux gens.

- Peu import que vous ayez une grande renommée ou non. Nous vous avons vu l'oeuvre en matière de combat et je crois que vous êtes en mesure de nous aider.

À ce moment, je me suis souvenu de ce que Warriv avait dit, qu'Akara pouvait demander quelques services qui impliquait d'avoir l'étoffe d'un guerrier. Je n'avais pas le temps pour ça, car j'avais ma soeur à sauver. Il n'était pas question que je perde mon temps avec ces conneries.

- Je ne suis pas intéressé.

- Ne refusez pas tout de suite. Écoutez au moins ce que j'ai à vous proposer.

Akara marcha vers sa tente tout en racontant son récit. Elle me conta elle comment elles avaient été chassées de leur monastère par une puissante démone nommée Andarielle. Elle me raconta aussi que plusieurs de leurs soeurs avaient été corrompues par celle-ci et qu'elles étaient les seules survivantes. Tout à fait passionnant, si j'avais eu le goût de dormir. Quand elle eu fini sa « touchante » histoire et moi de piquer mon petit roupillon, intérieurement bien sûr (oui je sais me montrer courtois sous mes allures de brute enragée), je repris la parole sur mon ton habituelle.

- C'est très émouvant tout ça, mais qu'est-ce que j'ai à y gagner moi, là-dedans ?

Elle se tourna vers moi et me regarda droit dans les yeux.

- Comme je vous l'ai dis, nous avons affaire à un démon très puissant, mais nous ne savons que très peu de choses sur elle. Deckard Cain peut nous aider. C'est un sage versé dans la magie Horadr...

- Oui, je connais Deckard Cain, la coupais-je. Venez-en aux faits, si vous voulez bien.

- Puisque vous allez à Tristram, nous voudrions que vous rameniez Cain ici.

- Et c'est tout ?, demandais-je, stupéfait.

- Non...

Elle marqua une pause et jeta un oeil vers Kashia pour revenir dans ma direction ensuite.

- Nous apprécierions que vous nous aidiez dans notre lutte contre Andarielle.

- Nous y voilà, fis-je, tout fier de moi comme si j'avais élucidé le mystère du siècle. Pourquoi moi ? Il y a déjà plusieurs braves guerriers dans votre camp sûrement prêts à jouer les héros.

- Ils sont, pour certains, très braves, mais ils ne veulent pas risquer leur vie dans cette périlleuse campagne. Si quelqu'un d'assez courageux pouvait les encourager et les guider, ils accepteraient peut-être.

- Donc, vous voulez un général pour guider les troupes.

- On peut dire ça, oui, conclut-elle, amusée par cette remarque.

J'avançai vers Akara, les bras croisés.

- Et qu'est-ce qui vous fait croire que Cain est toujours en vie ?

- Qu'est-ce qui vous fait croire que votre soeur l'est toujours ?, me demanda-t-elle avec un zeste de prétention dans sa voix.

Je me tournai vers Warriv encore une fois, furieux. Il baissa les yeux, gêné. Il parlait trop et je n'aimais pas ça.

- Mais je répète, j'y gagne quoi là-dedans ?

- Tristram est très loin d'ici. Nous pouvons vous donner le moyen d'y aller en quelques heures.

Je poussai finalement de nouveau un soupir de découragement. Décidément, ce n'était pas mon jour. Quoi que je dois dire que l'offre était alléchante.

- D'accord pour Cain, soupirais-je en revenant vers Akara, mais oubliez-moi pour Andrielle. Je ne veux pas me mêler de ça. Je veux rentrer chez moi avec ma soeur et vivre tran...

Nous fûmes interrompu par un visiteur impromptu. Une rogue passa comme un coup de vent et se planta devant Akara. Elle la salua et lui annonça que les éclaireurs étaient revenus.

- Bien, je viens dans quelques minutes, fit-elle à la rogue.

- Mais il y a un problème, rajouta la rogue.

Kashia réagit fortement à cette annonce.

- Que ce passe-t-il ?

- Une seule des quatre rogues est revenue et elle semble très mal-en-point.

Akara et Kashia se regardèrent à nouveau.

- Allons-y, fit Akara en suivant la rogue.

Ils suivirent tous les cinq, Akara, Kashia, les jumelles et Warriv, la rogue vers l'infirmerie. Si on me demandait aujourd'hui pourquoi, je ne serais encore le dire, mais je les suivis également. Une fois arrivé, nous nous dirigeâmes vers le lit le plus entouré. Du regard, je croisai les deux rogues qui m'avaient si soigneusement accueilli, plus tôt ce matin là. Je leur décrochai un sourire mesquin et elles eurent un léger geste de recule (tant pis pour la courtoisie).

- Que s'est-il passé ?, interrogea Kashia en devançant Akara.

Une vielle femme, qui semblait être plus expérimentée en médecine que les autres, affirma :

- Elle dit qu'elles ont été attaquées quelque part dans les plaines. Elle ne s'en tirera pas.

Akara s'approcha de la rogue blessée et parla doucement d'une voix réconfortante comme elle savait si bien le faire.

- Qu'as-tu vu ?

La main sanglante de la rogue s'accrocha vigoureusement à la robe d'Akara et elle se souleva un peu de son lit. Ses yeux étaient écarquillé et vitreux, et sa bouche crachait le sang.

- Ils ar... rivent, commença-t-elle d'une voix faible. Un... repaire sur les pl... aines. Flavie est... encore...

Tout à coup, sa respiration s'éteignit et ses yeux grands et vides pointèrent l'horizon. Elle lâcha prise et retomba sur le lit. Elle avait rendu son dernier souffle.

Akara se releva et tourna son regard sur moi, et je lui rendis. Je savais exactement où elle voulait en venir. Une foi imperturbable... Je ne serais pas étonné que cela cause sa perte un jour.
« Nous étions dans la tente de Kashya. Elle était un peu plus grande que celle d'Akara. Assez pour contenir cinq ou six personnes. Il y avait dans un des coins un lit avec un arc et un carquois de flèches traînant à son pied. Plus au milieu, se tenait une table sur laquelle étaient étendues quelques cartes et plans. Une seule lampe, suspendue au-dessus de la table, servait d'éclairage. Un petit coin douillet, quoi !

Nous étions tous présents autour de cette table. Kashya expliqua, penchée au dessus de ses cartes, où elle avait envoyé ses rogues ce matin, donc où devait se trouver le repaire. Moi, j'étais un peu à l'écart, me demandant encore ce que je faisais là. De plus, je ne saisissais pas exactement de quoi elle parlait. Akara dû voir que je ne suivais pas les explications, car elle m'expliqua qu'elles envoyaient des éclaireurs par intervalle de trois jours pour trouver la source d'où provenaient tous les monstres et zombies qui erraient dans les plaines entourant le camp, et jusqu'à maintenant, les recherches s'étaient avérées infructueuses.

- Donc, c'est là que vous irez, reprit Kashya.

Je levai les yeux. Tous les regards étaient braqués sur moi. Je savais que j'aurais dû rester à l'extérieur.

- Oh non ! N'y pensez même pas, rétorquais-je.

- Il est un peu tard pour ça.

- J'ai dit oui pour Cain et c'est tout !

Kashya cogna sur la table avec force. Tous les objets qui s'y trouvaient se mirent à planer une demi seconde au-dessus de la table.

- Écoutez-moi, gros imbécile, grogna-t-elle. Nous vous avons offert, malgré moi, notre hospitalité même après votre entrée plutôt déplacée ! Nous ne vous avons pas foutu dehors du camp après que vous ayez semé la pagaille ici !

Pendant qu'elle se vidait le coeur, Kashya avançait vers moi telle un félin sur sa proie. Je croyais qu'elle allait me bondir dessus à tous moments pour me déchiqueter sauvagement en morceaux.

- La seule chose qui s'oppose entre l'envie qui me ronge l'esprit de vous trouer la peau et vous, ajouta-elle une fois arrêté si près de moi que je pouvais entendre et sentir sa respiration, c'est qu'on croit que vous pouvez nous être utile. Donc, vous allez vous rendre utile ! Compris ?

Elle fit une pause, et je n'ajoutai rien. Elle me foudroya carrément des yeux. Je ne savais quoi dire. Elle avait raison. Mais j'étais trop orgueilleux pour l'admettre.

- Alors, vous acceptez, ou vous préférez goûter à la lame de mon épée ?

Je me penchai légèrement sur elle pour approcher ma tête de la sienne, question qu'elle entende aussi ma respiration.

- Essayez, pour voir, fit-je entre les dents.

À une vitesse que je qualifierais de « rapide », Kashya porta sa main sur son épée avec la ferme intention de la retirer de son étui et de me l'enfoncer dans le corps. À cette tentative, je ne fis que donner un léger coup presque imperceptible sur le côté de mon attaquant. Cependant, celui-ci fut freiné en voyant Akara s'interposer, en posant sa main sur celle de Kashya qui tenait l'épée, entre son envie folle de m'envoyer auprès des anges et moi.

Kashya me porta un regard haineux et ne lâcha pas son arme. J'affichai un sourire satisfait en jetant un petit coup d'oeil vers le bas, pour ensuite revenir sur elle. Son visage passa de la colère à la confusion et elle fit de même. C'est là qu'elle vit la pointe métallique d'un couteau, dépassant de mon poing refermé, très près de l'ouverture de sa côte de maille. Elle s'avoua vaincu et rangea son épée. Je fis la même chose avec mon couteau, tournai les talons et je pris le chemin de la sortie. Ensuite, je retournai à la tente que l'on m'avait assigné pour remballer mes affaires. J'en avais assez vu ici, pour moi il était temps de partir. Cependant, après quelques minutes de solitudes, Warriv vint me rejoindre.

- Que se passe-t-il avec toi, Drek ? me demanda-t-il, visiblement contrarié.

Je me tournai vers lui et lui pointai mon doigt sous le nez en signe d'avertissement.

- Toi, ne commence pas, grondais-je, ne voulant rien entendre, je n'ai pas besoin de sermons aujourd'hui !

Nous restâmes un court instant à nous fixer droit dans les yeux, Warriv afficha un visage plein de déception que je n'avais jamais vu chez lui. C'était le seul ami qu'il me restait dans ce bas monde et j'étais en train de l'envoyer se balader.

- Qui plus est, qu'est-ce que tu leur as raconté pour qu'il me prennent pour de ces guerriers légendaires ? commençais-je à le questionner. Pourquoi cette foutu Akara tient tant à m'avoir comme...

Je m'interrompis, cherchant le mot juste.

- Comme héro ? compléta Warriv.

- Ouais, disons !

Warriv s'approcha de moi lentement, sans pour autant paraître troublé par mes excès de colères.

- Écoute, Drek. Le jeune garçon que j'ai connu, jadis dans le désert, était un héro. Il ne renonçait pas et rien ne lui faisait peur. Akara l'a vu aussi. Tous les guerriers qui ont accepté étaient bien courageux, certes, mais aucun d'entre eux n'est revenu et les monstres rôdent toujours.

- Qu'est-ce qui te fais croire que ce sera différent pour moi ?

Il mit ses mains sur mes épaules et parla doucement à la manière d'Akara.

- Drek... Pour la plupart, ils partaient pensaient être des héros. Quand je t'ai connu, tu savais que tu en étais un. Tu le sentais au fond de toi. Les choses que tu faisais, les combats que tu menais, c'était plus qu'héroïque. Tu n'avais pas peur. Pourquoi ? Car tu y croyais dur comme fer. Pour toi, c'était clair que tu étais fait pour ça.

Sur ces paroles, je sentis une profonde honte grandir dans mon coeur. Il est vrai qu'avant d'être banni d'Ute, j'ai fait de grandes choses. Mais j'avais aussi, par ma faute, perdu un être cher et beaucoup de personnes ont péri. À cette pensée, je dû user de tout mon contrôle pour retenir les larmes qui montaient à mes yeux.

- Tu es un héro, Drek, reprit Warriv. Tu me répétais tout le temps que c'était ton destin de le devenir.

Je baissai les yeux et détendis mes muscles. Warriv avait raison, c'était mon plus cher désir. On m'offrait la chance de pouvoir prouver ma valeur. Même si cela ne me tentait guère, je pourrais peut-être m'accorder le pardon que je cherchais, et il est vrai que Tristram était très loin d'ici. Je ramenai mes yeux sur mon ami et fis naître un sourire sur mes lèvres.

Un peu plus tard, je me rendis, avec Akara, Warriv et les deux jumelles amazones, dans la tente qui faisait office de taverne. C'était l'endroit où les guerriers nomades et les voyageurs se recueillaient pour boire ou manger. On y conversait bruyamment, tel qu'Akara ne parvint pas à passer outre le bruit pour demander le silence. Je décidai alors d'user d'initiative.

- VOS GUEULES, criais-je à gorge déployée, ET ÉCOUTEZ LA DAME !

Le silence tomba spontanément et tous nous regardèrent. Le calme maintenant établi, je laissai la parole à Akara.

- Braves guerriers et preuxs voyageurs, nous sollicitons votre aide. Des démons ont instauré un repaire, non loin d'ici. Il se peut qu'ils décident d'attaquer le camp d'ici les prochains jours. Toutefois, si vous nous apportez votre aide, nous arriverons probablement à les repousser.

Je vis bien qu'elle n'avait captée l'attention de pratiquement personne. Ces hommes et ces femmes qu'abritait cette tente ne semblaient pas en quête de gloire ou d'aventure. Mais je savais se qui pourrait les motiver.

- Écoutez, commençais-je en coupant Akara dans son discours, il y aura une récompense de 500 pièces d'or pour ceux qui accepterons et vous aurez le droit de ramasser tout se que vous trouverez.

À cette annonce, plusieurs d'entre eux se redressèrent sur leur siège et semblèrent écouter les oreilles grandes ouvertes. J'avais attisé leur attention. Les plus riches et les moins intrépides d'entre eux ne bronchèrent même pas.

- Alors, qui est avec nous ? repris-je, souhaitant qu'il y ait au moins une réponse.

Il eut, à mon grand désarroi, un long moment de silence. Je n'avais pas visé le point rouge de la cible, je le craignais. Au moment où je croyais devoir doubler la prime, une voix s'éleva de fond de la tente, là où était rassemblé un petit groupe de guerriers.

- Absolument tout ce que nous trouvons, pas vrai ? fit cette voix.

Celui qui parla était un homme assez costaud. Malgré le fait qu'il était assit, il ne semblait pas plus grand que moi, mais sa carrure était un peu plus imposante. Il était entouré de cinq personnes : quatre hommes et une femme. Tous portèrent des armures improvisées. En fait, on aurait dit des restes d'armures fixées sur des tuniques, mais avec une perfection telle qu'on aurait juré qu'elles allaient ensembles. Si ils n'avaient pas dépensé un prix exorbitant sur les armures, ils s'étaient repris sur leurs armes. Épées longues, épées à deux mains, haches de guerre, masses d'arme... Tous les six portaient des armes puissantes et dispendieuses.

- C'est exact, lui répondis-je en lançant un regard complice è Akara, qui me fixait, les yeux plein de questions. N'est-ce pas Akara ?

Le chef des rogues hocha la tête. Pour l'homme costaud, le temps était à la réflexion. Pendant ce court moment, Akara me chuchota son opinion septique à propos de succès des négociations. J'eus tôt fait de la rassurer en affirmant que ça marchait à tous coups.

- Eh bien, s'exclama finalement l'homme costaud en se levant, vous pouvez compter sur Qual-Kehk et le clan des Crânes de la Mort !

Les cinq autres lancèrent en choeur un grand cri d'enthousiasme. Nous en avions au moins six, c'était déjà ça. Toute fois, c'était encore peu.

- D'autres volontaires ? lançais-je à la petite assemblée.

À cette demande, nous vîmes se redresser d'un bond, dans un bruit de frottement métallique, un homme une armure d'un métal scintillant. Sa peau, qui était d'un noir pénétrant, faisait contraste avec son armure.

- J'irai à votre aide, dame Akara, dit-il, avec une noblesse ridicule.

Je pouffai de rire intérieurement. Cet homme était-il si hâtif de mourir ? C'était lamentablement hilarant. Personne d'autre n'avait l'air intéressé à cette proposition... je reformule : personne « d'intelligent » n'avait l'air intéressé à cette proposition. C'était compréhensible. Pourquoi risquer la mort pour une poigné d'or ?

Je terminai de me préparer pour le voyage et je m'apprêtais à aller voir Akara, lorsque j'eus une visite inattendue : le guerrier suicidaire noir en armure. Il me salua et je lui rendis brièvement et ajoutai, en me dirigeant vers la sortie :

- Vous devriez vous préparer pour la bataille.

- Je suis fin prêt, déjà, répliqua-t-il.

Je le félicitai et continuai ma route. J'avais autre chose à faire que d'engager la conversation, surtout avec lui.

- Qui êtes-vous ? lança-t-il avant que je sois trop loin pour l'entendre.

Je m'arrêtai net. Que me voulait-il ? Que me voulaient-ils tous ? J'avais accepté cette quête pour avoir la paix, croyant enfin n'avoir plus de compte à rendre à personne. Mais voilà que je devais répondre aux inutiles questions d'un, par le soin porté à l'armure et ses agis d'homme courageux, paladin. Ils se croient si supérieurs, ceux-là, et ça, ça me mettait en rogne.

Je pivotai sur moi-même pour faire face à mon interlocuteur. Il se tenait bien droit. Visiblement à l'aise et en parfaite équilibre dans son armure. Il portait aussi une sorte de couronne en guise de casque et une cape partant de ses épaulettes et tombant jusqu'au niveau des genoux. En effet, il semblait prêt, épée rangé et bouclier à la main.

- Je suis celui à qui il est préférable de ne pas parler ! rétorquais-je.

- Oui ! J'ai déjà entendu cette légende quand j'étais enfant. Mais si j'ai bonne mémoire, c'était un monstre hideux tout cornu qui faisait peur aux enfants qui s'aventuraient trop loin dans les forêts entourant Kurast, et à ce que je vois, vous n'avez pas de cornes.

Je m'avançais rapidement de ce petit arrogant de paladin. Il commençait à étouffer ma patience.

- Est-ce que tous les paladins sont chiant comme vous ou est-ce simplement vous qui ne savez pas apprécier la vie à sa juste valeur ?

- Vous êtes Drek Ilagore, n'est-ce pas ?

Mon coeur cessa de battre un instant en entendant mon nom. Qui était cet homme ? Comment savait-il mon nom ? Toutes sortes de questions me traversèrent l'esprit, mais une seule franchit les parois de mes lèvres.

- Que me voulez-vous ?

- Juste faire connaissance.

J'étais très énervé. Partagé entre la colère et l'incrédulité. J'espérais qu'il puisse me foutre la paix.

- Je suis Logan, fit-il en me tendant la main.

Je ne bronchai pas et fis apparaître l'impatience dans mes yeux. Il vit que je n'étais pas enclin aux salutations, alors il retira sa main.

- Pourquoi voulez-vous faire connaissance avec moi, lui demandais-je ?

Je lui adressai un regard suspicieux, mais il ne parut pas le remarquer. Qu'est-ce qui le rendait si confiant ?

- Disons que nous avons un ami commun, u...

- Ah !... Je vois..., le coupais-je. Et je suppose que cet « ami » n'a cessé de venter mes qualités de combattant ou mes prouesses à l'épée et c'est pour ça que vous voulez mon amitié, c'est ça ?

Le paladin eut un rire en coin très agaçant, même si tout chez cet homme m'agaçait.

- Pas vraiment, non. En fait, à ce qu'on m'a dit, je crois même être en mesure de vous battre.

Ces mots me heurtèrent telle une gifle au visage, quoiqu'en fait, cela me fit plus l'effet de milliers de piqûres de mouches sur mon orgueil. Le vouvoiement était devenu inapproprié, maintenant.

- Vraiment ? Tu m'en diras tant.

Et je me retournai pour repartir. Du moins, c'est ce que je voulais qu'il croie. Mais en un éclair, je refis demi tour sur mon axe en sortant mon épée. D'un coup sec, mais à force modérée, je l'abatis sur cet insolant, question de ne pas trop lui faire de mal. Cependant, ma lame s'immobilisa, avant même de toucher son armure, dans un grand bruit de choc métallique. Après un bref moment de stupeur, je vis la lame argentée du paladin, à demi sortie de son étui, faire obstacle è la mienne.

- T'es plutôt rapide pour un paladin, lui lançais-je d'un ton provocateur.

- Si je me fie à ce que j'ai entendu, répliqua-t-il, on dirait que vous vous êtes amélioré.

Là, c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Ce crétin vantard allait voir de quel bois je me chauffe. Furieusement, je repoussais mon adversaire vers l'arrière et déclarai :

- Le premier qui se fait désarmer ou jusqu'à abandon.

- Un duel, hein ?

- Ouais et sans bouclier.

Le paladin regarda son bouclier un instant avec réticence et, après mures réflexions de sa part, il le lâcha. Il allait mordre la poussière. Nous commençâmes le duel. Tous deux derrière nos épées, nous nous fixâmes mutuellement. De mon côté, je sondais intensément son regard pour tenter de deviner ses pensées. C'était une tactique que Lans m'avait enseignée. J'espérais aussi que de la sorte, mon adversaire s'impatiente attaquerait le premier. Mais il n'en fit rien. Sa patience était de fer.

Après un moment, je crus que nous finirions par ne faire qu'un avec le sol et que l'on deviendrait un monument historique. Les gens viendraient par milliers pour voir « Les Duellistes ». À cette terrifiante pensée, je décidai de prendre l'initiative. D'ailleurs, mes jointures commençaient à me démanger.

Je frappai donc le premier. Je fis mon premier coup, mais nous entendîmes le bruit caractéristique de nos lames s'entrechoquant. Alors j'attaquai encore, mais ce fut le même résultat. Et encore une fois... même chose. Ce petit jeu devenait de plus en plus héritant. J'arrivais plus difficilement à garder mon sang froid. Néanmoins, ce merdeux n'avait encore rien vue.

- Je vois que ton expertise du combat est loin d'être limité, lui dis-je tout en gardant la même arrogance. J'aurai beaucoup de plaisir à te remettre à ta place.

- Ne vous méprenez pas, mon ami, je suis la plus fine lame de tout l'orient, répondit-il avec le sourire aux lèvres.

Je poursuivis le combat, la rage au coeur. Mon désir d'écraser ce maudit paladin comme un vulgaire insecte s'accentuait progressivement, et tant pis si on avait un guerrier de moins pour la bataille. J'avançai sur lui avec vigueur en lui envoyant un déluge de coups aussi rapidement qu'il m'était possible de faire, compte tenu de la distance entre lui et moi. Tous, il les para avec agilité. Après une très courte pause, je refis la même manoeuvre. Mais le paladin ne sembla pas se décourager. Je gagnais en colère, mais perdais en maîtrise. Je refis encore une série de coups, mais le dernier sonna plus creux ; j'avais relâché me prise sur mon épée. J'avais fais paraître un signe de fatigue. Une erreur que mon adversaire ne mit pas longtemps à percevoir. Donc il en profita pour pivoter sur lui-même, m'administrer un bon coup dans le ventre avec le manche de son épée, ce qui eut pour effet de me faire complètement lâcher prise sur mon arme, et il n'eut qu'à la saisir en passant. Bref, j'étais vaincu.

Je m'écroulai sur les genoux, les bras repliés sur mon abdomen, en tentant de retrouver mon souffle. Je n'arrivais pas à croire d'avoir été vaincu comme ça. Moi, Drek Ilagore, fils de Marekl Ilagore et ancien membre de la Horde des Braves, vaincu par « UN » paladin ! Mon orgueil chéri en avait prit un coup.

Pendant que je respirais difficilement, toujours recroquevillé sur le sol, le paladin s'approcha de moi. Il me tendit mon épée en me disant que j'avais bien combattu. Il me tendit également la main pour m'aider, mais je la repoussai énergiquement du revers de la main.

- Fiche-moi la paix, grognais-je d'une voix étouffé. Hors de ma vue !

Le paladin n'insista pas. Il jeta mon épée devant moi et s'éloigna. Si j'en avais eu la force, j'aurais saisi mon épée, je me serais levé d'un bond et j'aurais enfoncé la lame tranchante de mon arme dans l'armure de cet enfoiré pour qu'elle traverse son corps d'extrémité en extrémité. Mais pour le moment, j'avais des choses plus importantes à faire, comme respirer. »
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