Fanfiction Diablo II

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La légion d'Harrogath

Par Ishtyon

La légion d'Harrogath

« Trag ! »

Le guerrier ouvrit un oeil fatigué. Reconnaissant son supérieur, il grogna, se leva et salua maladroitement :

« Capitaine. Que me vaut ce plaisir ?

« Epargne-moi tes sarcasmes, cracha l'officier, j'ai une mission pour ton groupe. Ramasse tes affaires et direction Harrogath. Et plus vite que ça !

« Et quels sont mes ordres... capitaine ? »

Avec un sourire cruel, le commandant lança : « Shenk ! »

Hochant la tête, Trag ramassa son paquetage et se dirigea vers ses guerriers qui se reposaient. Ils n'avaient pas pu dormir pendant plusieurs jours, leur position étant continuellement et de toute part attaquée par les hordes ennemies. Ils en avaient tué des dizaines, et perdu beaucoup des leurs, mais à chaque fois ils revenaient plus nombreux encore. Finalement, après quatre jours de combats, Trag avait ordonné le repli, abandonnant la position. C'était sans doute pour cela qu'on l'avait envoyé à Harrogath, pour le punir de sa lâcheté. De là bas, on en revenait rarement vivant. Les lignes de la ville tenaient depuis plusieurs mois, repoussant les attaques sans difficultés, jusqu'à quelques semaines, où une puissance inconnue semblait motiver les troupes ennemies. Depuis lors, le front ne cessait de reculer, et les pertes étaient très lourdes.
S'arrachant à ses pensées, Trag appela ses guerriers. Une heure après, ils se mettaient en route.

Après plusieurs jours de marche forcée, le groupe de guerriers rejoignit enfin les lignes d'Harrogath. Partout autour d'eux, les soldats semblaient épuisés. Tous arboraient des blessures pour la plupart graves, et une odeur suffocante régnait, signe que la gangrène s'était installée. Soupirant, Trag s'approcha d'un grand combattant à l'armure ternie, une lourde hache reposant sur ses genoux. A en juger par sa tente, il devait être le commandant, mais était aussi mal en point que ses subordonnés. Il leva les yeux sur le nouvel arrivant et une faible lueur d'espoir vint briller dans son regard.

« Vous êtes la relève ? »

Hésitant, Trag répondit prudemment : « Non, juste quelque renfort. Mais la relève devrait arriver bientôt.

« Très bien, installez-vous où vous pouvez et tenez-vous prêts au combat. Ces chiens n'ont pas attaqué depuis deux jours, on ne va pas tarder à les avoir sur le dos, et en force. »

Toute lueur avait déserté ses grands yeux noirs. Il ramassa son arme et s'éloigna en boitant bas.

Trag fit signe à ses soldats et se dirigea vers les fortifications sommaires. Devant lui s'étalait le champ de bataille, succession d'incendies et d'amas de cadavres en décomposition. Tout rappelait la mort. Même le ciel était noir, et le tonnerre claquait, se répercutant sur les flancs de la montagne. A certains endroits, la neige était rougie par le sang, tant humain que démoniaque, sur plusieurs dizaine de mètres. La guerre s'éternisait, et ils étaient en train de la perdre. Ravalant sa colère, il se détourna de ce spectacle morbide et rejoignit ses guerriers.

Le fracas des armes et les cris des blessés réveillèrent Trag en sursaut. Attrapant sa lourde épée dentée, il se rua à l'extérieur de sa tente miteuse, suivi de son groupe. Plusieurs centaines d'ennemis avaient investi les premières lignes, profitant de l'obscurité et de la fatigue des sentinelles, et avançaient sans relâche, taillant les défenseurs en pièces. Une pluie de feu s'abattait sur le campement, brûlant les tentes, blessant et aveuglant la plupart des guerriers. A la tête de cette horde se tenait une masse énorme qui avançait en décapitant tous ceux qui se dressaient sur son chemin. Un peu en retrait, un second maniait son sceptre de guerre avec dextérité, écrasant les membres et les crânes. Ces deux là semblaient mener l'attaque, arborant une mine réjouie, effrayante à la lueur des incendies, et semblaient beaucoup s'amuser. Revenant à lui, Trag chargea le flanc droit en hurlant.

« Laissez ces deux là ! Concentrez-vous sur les autres ! »

Il perfora les premières lignes d'attaquant, ses guerriers à la suite. Plusieurs ennemis tombèrent et furent piétinés, et le rang commença à reculer sous cet assaut désespéré. Couvert de sang, Trag se battait avec rage, taillant, feintant, abattant sa lame qui déchirait la chair. Plusieurs plaies saignaient abondamment sur son torse et ses épaules, mais il ne s'en souciait guère, porté par l'ivresse du combat. Son groupe commençait à faire ployer le flanc des attaquants, et les échos d'une bataille similaire de l'autre côté les encourageaient à continuer encore et encore. Si les deux flancs reculaient, les deux héros seraient encerclés et succomberaient sous le nombre. Une faible lueur d'espoir animait désormais les défenseurs, et l'issue du combat pouvait pencher en leur faveur.

Soudain, un vacarme assourdissant retentit, et le sol trembla. Déséquilibré, Trag perdit l'équilibre et s'affala sur le sol. Heureusement pour lui, tous ceux autour de lui se retrouvèrent aussi par terre. Cherchant d'où venait le phénomène, il aperçut avec stupeur un énorme bloc de pierre rouler devant lui, fendant les rangs, écrasant ceux qui ne pouvaient l'éviter. Plusieurs autres blocs tombaient ça et là, broyant autant de démons que d'humains. Les catapultes étaient entrées en action, leurs projectiles tombant un peu partout, décimant les lignes ennemies et amies.

« Les imbéciles ! »

Jurant, Trag ordonna à ses soldats de reculer. S'ils restaient là, ils seraient mis en pièce par leurs propres armes de siège, mais s'ils reculaient, ils ne pourraient tenir la position bien longtemps. Autant reculer vivant que tenir mort. De toute façon, le résultat serait le même désormais. Petit à petit, d'autres groupes les suivirent, et la retraite se transforma en débandade. Ceux qui traînaient trop étaient inlassablement exterminés par les assaillants ou les lourds blocs de pierre.

Alors qu'ils arrivaient à la limite du camp, un énorme démon obèse surgit devant eux, tenant un long fouet ardant dans sa main. Il tua les guerriers qui tentèrent de passer, forçant les fuyards à s'arrêter. Regardant en arrière, Trag vit que le peu d'avance qu'ils avaient grignotée se réduisait de plus en plus. S'avançant, il cria :

« Laisse nous passer Shenk ! Les humains sont trop nombreux et trop forts. Mourir ici ne sert à rien, si nous... »

Un coup de fouet le frappa au visage. La lanière de cuir laissa une profonde estafilade sur la joue. La douleur était insoutenable, et Trag sentit ses jambes fléchir. Avec difficulté, il parvint à rester debout.

« Qui ose ! Nomme-toi, traître !

« Je suis Tragar'n'Arok, de la 5e Légion de Baal. Les humains vont nous exterminer et je tiens plus à ma vie qu'à une bataille déjà perdue. Ecarte-toi, ou je te tuerai, Shenk le surveillant ! »

A ces mots, le gros démon éclata de rire, et fit claquer son fouet une nouvelle fois. Trag se jeta à terre et roula, évitant de justesse le cuir brûlant. D'un coup de rein, il parvint à dévier sa trajectoire et se releva derrière son adversaire. Hurlant, il abattit son épée qui se planta dans la clavicule du gros démon. L'impact fut si violent que la lame se brisa, et Trag sentit son bras s'engourdir. Shenk cria de douleur et fit volte face, balançant son énorme poing qui vint le frapper au visage. Trag sentit sa pommette éclater et le sang couler sur son visage. Sonné, il tomba à terre, et vit à peine une énorme masse de chair blanche émerger du rang de ses compagnons, se taillant un chemin à coup de hache, ni un homme en armure scintillante abattre son sceptre sur le crâne de Shenk, qui explosa sous l'impact, projetant du sang et de la cervelle sur lui. Un peu plus loin, une jeune humaine immolait ses camarades survivants qui cherchaient désespérément à fuir. Le contact chaud et répugnant de la cervelle lui fit reprendre ses esprits, il se leva précipitamment et prit la fuite, courrant aussi vite qu'il le pouvait pour échapper aux envoyés de la Lumière. Le grand barbare allait se lancer à sa poursuite, mais le paladin du Zakarum le retint par le bras. Trag courut pendant des heures, sans direction précise, jusqu'à ce que ses jambes ne puissent plus le porter. Alors, il s'écroula dans la neige et sombra dans l'inconscience.

Quand il émergea, il resta un long moment allongé sur le dos, contemplant le ciel. Le soleil commençait à percer l'épaisse couche de nuage, et les quelques rayons qui l'atteignaient lui réchauffaient le visage. Enfin, il se leva et se mit en marche. Lut Gholein l'appelait.
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