Fanfiction Diablo II

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La Pierre Noire

Par Bear's Beard
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Chapitre 1 : Les marais sans nom

Très loin au Sud de Tristram, dans une région inconnue des sages de Kurast. Dans un lieux d'où, de mémoire d'hommes, aucun humain n'était jamais allé, du moins d'où aucun n'était revenu, à laquelle seuls quelques vieux manuscrits donnaient un nom, le Kashatkam. En ce lieu désolé, au fin fond d'un marais sombre et humide, un groupe avançait lentement. Le lieu était très propice à une embuscade et ce qui devait arriver arriva : surgis de nulle part, des monstres encerclèrent le petit groupe. Un tel silence se fit que l'on pouvait entendre les coeurs battre. Les deux parties s'observaient pour savoir qui des deux attaqueraient les premiers. Après quelques minutes passées dans un silence de mort, les créatures démoniaques, créées pour le combat et voyant les humains hésiter ne se firent pas attendre très longtemps : elles se lancèrent sur la troupe humaine, vite suivies par d'autres bêtes à leur service.

Une mêlée infâme commença alors. Le marais d'où ne provenait peu de temps avant qu'un lourd silence, était maintenant l'origine de bruits peut attrayants, on entendait le bruit du métal qui rencontre le métal, le membre coupé qui tombe sur le sol, la chair démoniaque déchiquetée par les lames humaines et les corps humains tranchés par les griffes des démons. Les humains se battaient frénétiquement mais face à la haine des êtres abyssaux ils étaient loin de faire le poids. Durant les longues heures que dura la bataille, les deux camps avaient vu diminuer leurs effectifs lentement mais de manière inexorable. Quand le combat fut proche de la fin, seul deux humanoïdes étaient encore debout. Le Bien face au Mal, la Lumière face aux Ténèbres, la matière face à l'antimatière, l'Ordre face au Chaos, les deux extremum du monde manichéen dans lequel ils s'affrontaient.

La première de ces créatures était un être de haute taille à la peau sombre et vêtu d'une grande robe de sorcier. Il s'agissait d'un démon nécrophage du 7e plan du royaume des six cent soixante-six abysses, les glyphes magiques dessinées sur sa vêture étaient très claires pour l'oeil d'un connaisseur : la bête maléfique appartenait à une caste de nécromancien de l'outre monde. Un oeil encore plus connaisseur aurait pu reconnaître le bâton qu'il tenait dans ses mains : un long manche en ébène entièrement orné de têtes de mort et de corps de petits démons, serti de plusieurs joyaux brillant d'un sombre éclat morbide, le tout surmonté d'une pièce métallique enserrant une grosse pierre de laquelle émanait une lueur d'un rouge très sombre. C'était le bâton de l'archi-mage Tolsadum, une puissante relique dotée de pouvoirs terrifiants.

Le héros du Bien n'avait rien à envier à son homologue maléfique : il était titanesque. Il ne portait qu'un simple pagne en peaux de bêtes, aucune pièce d'armure n'était visible mais cela ne faisait pas une grande différence car le géant avait la peau tel le métal, capable d'entailler les lames les plus solides. Cette particularité était commune à tous ses semblables, les barbares des hautes terres du nord, une contrée pourtant fort éloignée du marécage boueux dans lequel il pataugeait. Son torse et ses bras laissés nus étaient couverts de peintures complexes accentuant la musculature déjà imposante du colosse, peintures auxquelles lui et son peuple attribuent de nombreux pouvoirs surnaturels liés à l'esprit totémique sous la protection duquel il se trouve. Malheureusement pour lui ces pouvoirs sont très souvent plus imaginaires qu'autre chose. Il serrait dans ses mains une hache aussi gigantesque que lui, son long manche en chêne était si large que la main d'un homme normal n'aurait pas réussi à en faire le tour. La lame de l'arme était si grosse qu'elle pesait autant que l'armure que portent les paladins de Zakarum. Les heures de combat qui avaient précédé ce duel avaient fait monter en lui une telle frénésie qu'il paraissait enragé, comme ne se rendant pas compte de se qui se passait, tuant sans discontinuer. On comprend alors pourquoi il ne semblait pas craindre son adversaire pourtant si puissant.

Comme d'un commun accord, lorsqu'ils furent chacun face à l'autre, après avoir tué leurs adversaires précédent au même instant, ils s'arrêtèrent pour se jauger l'un, l'autre et pour reprendre leur souffle. Enfin plutôt, la créature démoniaque jaugeait le barbare car un démon n'a pas besoin de reprendre son souffle et le géant reprenait son souffle car dans l'état de rage dans lequel il se trouvait, il n'aurait pas pensé à observer son adversaire. Même dans son état normal le guerrier n'aurait pas songé à observer son opposant : pour lui l'observation doit être faite durant le combat, s'arrêter pour le faire avant passerai à ses yeux pour de la couardise.

Quand le temps, qui paraissait figé, reprit son cours et que le duel s'engagea vraiment, les deux adversaires se ruèrent dessus comme les lames de deux épées lors d'un duel, avec une vitesse et une férocité tellement fortes qu'elle aurait pu terroriser les spectateurs s'il y en avait eu. Le colosse appliqua la stratégie qu'il connaissait le mieux et qui jusqu'à maintenant lui avait permis de survivre avec succès, une technique très simple et brutale qui consistait à foncer dans le tas et à fendre les ennemis en deux en écoutant leurs os craquer lorsque la lame de la hache les rencontrait après avoir tranché la chair des pauvres victimes encore conscientes de ce qui se passe. De son coté, le visiteur de l'outre monde déchaînait le feu de ses sorts tout en esquivant avec une vivacité surnaturelle les coups. La montagne humaine lançait sa hache de tous cotés, le démon était si agile que les coups de hache semblaient lui passer à travers le corps et ressortir de l'autre coté sans l'avoir touché. La magie infernale ne ratait pas sa cible, elle. De nombreux projectiles créés par les incantations du sombre seigneur vêtu de sa robe de mage venaient s'écraser contre les pectoraux surdimensionnés de l'autre duelliste. Malgré le déluge magique sous lequel il se trouvait, le barbare ne semblait pas en ressentir les effets, ce qui souffrait le plus était la toison de poils qui ornait son torse. Il continuait de donner des coups dans toutes les directions où le démon paraissait être, mais en vain, tout se qu'il parvenait à faire était de tuer les quelques invocations nécromanciennes stupides que son opposant appelait et de tailler les longues feuilles des plantes du marais putride qui faisait office de champ de bataille. A cause de ces efforts inutiles, il s'épuisait sans réussir à infliger la moindre blessure au serviteur des trois frères. Quand il accepta enfin de comprendre que sa technique ne le mènerait à rien il se résolut à en changer. A sa ceinture se trouvaient plusieurs haches de lancer, ayant planté sa hache dans un arbre proche de là, il saisit les armes de jets et les lança sur le nécromancien avec une vitesse que seul le peuple d'Harrogath et sa prodigieuse force accompagnée d'une dextérité à toute épreuve pouvait atteindre, lançant deux haches d'un coup, une avec chaque main. Le nécromancien, se trouvant face à un mur de lames, dû porter toute son attention sur les projectiles pour parvenir à les éviter. Ce fut exactement l'effet attendu par le lanceur qui profita de cette diversion pour récupérer son arme et sortir du champ de vue de sa cible. Quand la dernière hache volante eue frôlé le démon il commença une incantation destinée au responsable de sa fureur, responsable qui était bien entendu le héros du bien. On peut imaginer sa surprise lorsqu'il vit l'endroit où se trouvait le géant entièrement vide. Faisant alors appel à ses sens surdéveloppés il repéra très vite le barbare mais le temps qu'il se retourne pour lancer son sort il n'eut que le temps d'entrevoir la lame qui lui trancha le coup.

Le fil parfaitement aiguisé sépara la peau desséchée et ridée qui donnait cette couleur marron noir à l'être abyssal. Après le cuir ce fut au tour de la chair, le corps était en si mauvais état qu'ils était rongé par des vers qui se promenaient dans toute la carcasse et qui avaient creusé de nombreux couloirs. Cet état se traduit par un bruit étrange produit par l'air chassé des conduits par la hache qui poussait. Vint ensuite le moment qui arracha un sourire au vainqueur : la colonne vertébrale, qui après une brève résistance, céda en un long craquement, en était la cause. La tête finalement séparée de son attache originelle alla rouler sur une petite bande de terre qui émergeait tandis que le reste inerte tombait à la renverse dans l'eau pour pourrir lentement. Le gagnant allait soigner ses quelques blessures quand un rire roque se fit entendre. Rire qui venait d'une tête esseulée juste avant et qui se mua rapidement en une voix :

- Tu crois en avoir fini avec moi ? Mais crois-tu que l'on se débarrasse d'un démon comme moi aussi facilement ? MOUAHAHAHA Bientôt je me réincarnerai en toi, dès que tu seras mort.

- Dans ce cas tu peux attendre longtemps. Je ne vais pas mourir de sitôt petit nécromancien et tu es loin d'être en mesure de me faire passer de vie à trépas.

- En es-tu sûr ? Lorsque j'aurai rendu mon dernier souffle dans ce corps tous les êtres morts des environs seront rappelés à la vie et se jetteront sur toi.

La voix qui s'était faite de plus en plus faible finit par se taire dans un long râlement qui s'acheva par l'apparition d'un éclair qui traversa tout les corps inertes et qui s'avéra être le puissant envoûtement dont parlait le nécrophage. Quand la décharge électrique finit sa course dans un arbre, de nombreuses animations nécromantes se levèrent dans le grincement de leur armure déjà attaquée par la rouille ou le craquement des os à demi brisés. Un autre rire se fit alors entendre, moins roque et désagréable que le premier mais tout aussi terrifiant :

- AHAHA. Si t'as rien d'autre que ces quelques cadavres tu peux dire adieu à ta cure de jouvence dans mon corps.

Les morts-vivants s'approchèrent lentement de la montagne de muscles, se traînant pour la plupart, rampant pour les autres, mais aucun n'était en bon état. Dès qu'ils eurent formé un groupe compact, le barbare prit sa hache à deux mains et, la tenant à bout de bras, il commença à tournoyer. Cela ressemblait à une danse et cela aurait pu être trouvé beau mais il aurait fallu aimer le son que produisait le choc de l'acier contre la carapace des petites bêtes démoniaques réanimées, son presque aussitôt suivit d'un autre encore plus glauque de viscères qui giclent de tous cotés car ce qui les contenait avait littéralement explosé suite au coup. Il aurait aussi fallu aimer voir les crânes voler pour rebondir dans un bruit sec sur les branches des arbres, quand il ne s'embrochaient pas dessus, créant ou élargissant des orifices dans l'os, dispersant de petits éclats un peu partout. C'était un spectacle étrange qui s'acheva quand le dernier des deux fois nés fut mort deux fois. Le danseur était alors au sommet d'une petite colline formée d'os, de membres ensanglantés, d'armes ébréchés, de crânes couverts d'hémoglobine coagulée, de boucliers fendus, d'armures en miettes et des gants dans lesquels se trouvait parfois un des yeux de leur ancien propriétaire, tombé là par hasard.

Après s'être assuré que tout le monde était définitivement mort, le barbare nettoya son équipement et ramassa les haches qu'il avait lancé ainsi que tout ce que les morts avaient sur eux et qui pourrait lui être utile : les lourds boucliers de deux paladins malchanceux ou inexpérimentés qui s'étaient fait dévorer par quelques créatures infernales, il comptait les faire travailler par le premier forgeron qu'il trouverait pour en faire des épaulières ou des cuissardes, il ne savait pas encore. Il avait aussi récupéré de l'argent, jamais inutile, et des vivres qui, même s'il pouvait jeûner pendant plus d'un mois, lui seraient d'un grand réconfort après les longues journées de marche qui l'attendaient. Il trouva, sur le corps de celui qui menait l'expédition avec laquelle il faisait route, une amulette aux gravures tortueuses et marquées de signes incompréhensibles, une gemme qui semblait pleine d'un brouillard luisant d'un éclat bleuté était sertie en son centre. Bien qu'ignorant sa fonction, le profanateur de cadavre se douta qu'elle serait essentielle pour accomplir la quête dans laquelle il s'était lancé et que ses compagnons plus infortunés que lui voulaient eux aussi tenter avant que la Grande Faucheuse ne vienne les rappeler. Le fils d'Harrogath aurait bien aimé ajouter parmi ses trophées le bâton du démon nécrophage nécromancien mais à l'approche de sa main, une décharge électrique partait et l'obligeait à la retirer. Il devait s'agir d'une relique trop maléfique pour un combattant du bien comme lui.

Quand il fut fin près à partir le soir tombait et il était exténué par le long combat qui venait de se dérouler. Il ne marcha donc que peut de temps vers une colline où l'air serait plus respirable que dans l'eau nauséabonde du marais. Peu de temps plus tard il arriva au sommet du monticule et se prépara à passer la nuit. Il ramassa tout le bois sec qu'il trouva et alluma un feu qui, grâce aux secrets qui se transmettent de père en fils, ne s'éteindra qu'après son départ le lendemain. Il mit la lame de son couteau dans les braises et commença à honorer l'esprit totémique dont il était le fils spirituel, l'esprit de l'ours, qui apporte force et courage lors des combats.

« Öorsbarbüt t'appelle
Esprit de l'Ours
Öorsbarbüt a vaincu ses ennemis grâce à toi
Esprit de l'Ours
Öorsbarbüt te vénère
Esprit de l'Ours
Öorsbarbüt est heureux d'être né sous ton signe
Esprit de l'Ours
Öorsbarbüt te remercie
Esprit de l'Ours »

Une lente mélopée suivit ces paroles rituelles. Les graves sonorités produites par le barbare étaient apaisantes et ressemblaient à une méditation.

Quand ce fut achevé il retira le couteau des flammes qui avaient porté le fer au rouge et l'appliqua contre ses plaies pour cautériser. La douleur n'arracha qu'un froncement de sourcils au guerrier endurci qu'il était. Après avoir passé une baume dont il tenait le secret de sa mère sur les chairs brûlées, il se laissa choir dans les limbes du sommeil.

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