Fanfiction Diablo II

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La résurrection

Par Haky(p

La résurrection

Il fut un temps où le Bien et le Mal s'entrechoquaient dans un ballet sempiternel de batailles.

Les Trois démons originels avaient régné dans la terreur mais un héros les avait défait et, pendant un certain temps les gens avaient vécu dans une paix faiblarde.

Désormais le Mal est revenu avec puissance, les mages en lisent les présages dans les senteurs de l'air et le grondement de la terre...

Le passé a resurgit...

_______________


Epée contre épée, le combat fait rage depuis quelques minutes. Il abat sa sombre lame, encore une fois je pare l'assaut. Au fond de ses yeux, luisent les flammes démoniaques, brûlant mon coeur de maintes blessures. Je sens que la prochaine attaque parachèvera son oeuvre : notre destruction.

Je vois son bras de justice infernale se lever au-dessus de ma tête, puis je m'effondre...

Le noir profond, est-ce la nuit douce et belle passée avec ma tendre Ilà ? Pourtant il fait froid et j'ai mal... si mal... que se passe t-il ?? Par pitié !

Allongé sur le sol dur et pierreux devant les restes presque éteint de son ancienne chaumière, Brög se réveilla en sursaut. Sentant avec surprise son corps endolorit et déchiré, les souvenirs de la veille lui revinrent à l'esprit comme un torrent acharné qui vous fait lâcher prise, et où la volonté n'existe que dans les grands idéaux.

Il essaya de se mettre debout mais son corps était détruit. Avec courage, il prit dans sa main la pierre runique qu'il portait dans la besace accrochée a sa ceinture. Projetant dans la pierre toutes les forces qui lui restaient, il incanta : Grasco Vacht !

Il sentit le pouvoir de la terre entrer en lui et le vent qui soufflait près de lui, le laissa sans mauvaises pensées. Retrouvant quelques forces, il put se lever avec difficulté. Au moins il pouvait marcher, son sort ayant guérit partiellement ses blessures les plus profondes. Il s'approcha de ce qui restait de sa demeure, avec l'espoir de trouver des objets, des indices qui lui donneraient la trace de sa femme et de sa fille. Il devait d'abord prendre un peu de repos car son sort continuerait d'agir et finirait de le guérir. Pour s'aider à rétablir, il partit à la rechercher d'herbes dont il connaissait les propriétés médicales et qui l'aideraient à atténuer les douleurs.

Pour la nuit il trouva refuge dans une caverne qu'il avait aménagé des années auparavant, grotte qui lui servait pour entreposer les armes en tous genres qu'il avait découvert lors de ses nombreuses voyages.

Le lendemain matin, le corps guérit, il chercha dans son armurerie les armes de la vengeance. Il choisit son arme préférée, la plus belle, la plus puissante, son Marteau de Tempête. Il enfila une armure souple mais robuste qu'un ami lui avait forgé, puis rendu magique par de multiples incantations.

Brög savait que celle-ci possédait surtout des vertus défensives et curatives. Enfin Il mit sur sa tête, le crâne de loup le plus terrifiant qu'il avait, sachant que le casque conférait des pouvoirs à son porteur.

Il n'oublia pas ses amulettes, la terre, le feu, le vent et l'eau qu'il avait toujours sur lui lorsqu'il combattait les forces du mal.

Concentrant toute sa puissance dans les éléments, il tenta de déceler une piste d'où il pourrait commencer ses recherches. Dans son esprit se visualisa un endroit qu'il reconnu tout de suite. Ce lieu était situé non loin de la grotte où il s'était abrité durant la nuit. La vision se dispersa rapidement dans l'oubli, lui laissant une impression de mal-être.

Sur le chemin il aperçut les multiples dégâts que le monstre avait laissé sur son passage : les arbres étaient calcinés, la terre noire, l'herbe tendre de la vallée, piétinée.

Comme tout druide il fut attristé par le fait que la nature soit encore la victime des guerres incessantes, qu'elle soit détruite, car son lien avec la Créatrice était très fort. Arrivé dans le vallon que lui avait montré la vision, il sentit le Mal qui rodait et la présence d'esprits démoniaques. Il chercha autour de lui un endroit ou la terre était encore saine mais n'en trouva pas. Il prit donc dans une de ses besaces une simple poignée de terre. S'agenouillant il posa sa main sur la terre pure qu'il avait déposé sur le sol et invoqua Keleg, l'un des deux loups qui était non seulement une puissante créature mais aussi un ami doué de paroles et avec lequel il entretenait parfois de longues discussions.

La voix grave du loup se fit entendre dans sa tête :

- Je n'aime pas cet endroit, il sent la mort.

- Moi aussi, répondit Brög de la même façon, par la pensée.

Il prit son marteau, prêt à frapper si le besoin s'en faisait.

Keleg s'écarta de son maître, à la recherche d'éventuelles traces de démons, mais la seule odeur qu'il perçut fut le doux fumet d'un viande cuite à point.

S'approchant d'une petite clairière toute aussi moribonde que le reste du vallon, il vu qu'un homme d'allure gaillarde était assit à même la terre et que celui-ci dégustait goulûment un morceau de viande à l'aspect appétissant. Keleg appela son maître qui ne tarda pas à le rejoindre et ils observèrent l'inconnu en silence.

En réalité l'homme dont le visage leur était caché, était un barbare mercenaire qui arrivait d'Harrogath, la Grande Cité aux milles exploits guerriers. Il avait reçu la mission d'explorer la région de Belgot pour observer les mouvements des derniers démons, rescapés de l'immense armée de Baal. Baal qui après sa chute, tué par la main d'un héros, avait laissé ses sbires sans chef et sans forces. Malheureusement, ces démons étaient encore dangereux, le pire concernait les rumeurs comme quoi le Seigneur de la terreur : Diablo, n'aurait pas succombé.

Ne voyant aucune malveillance dans les gestes du barbare, Brög décida de se diriger vers le campement.

Cependant il pensait surprendre le guerrier mais ce fut lui qui resta étonné devant la réaction de l'étranger ; alors qu'il était semblait-il trop loin pour être repéré par l'homme, il entendit la voix puissante de celui-ci.

Elle lui proposait de s'asseoir en sa compagnie. Il accepta la proposition avec plaisir car il sentait que le mercenaire n'était pas un mauvais bougre.

Exprimant son étonnement face à ce renversement de situation, Brög demanda :

- Comment as-tu fais pour savoir que j'arrivais ?

- Il se peut que j'ai acquis certaines compétences dites animales, répondit le barbare d'une voix profonde, en continuant de dévorer sa viande.

- Que fais-tu ici ? Et pourquoi t'es tu arrêté dans ses lieux ? , questionna encore le druide.

- Je te trouve bien curieux magicien !, lança le guerrier et il sourit en voyant ciller Brög.

- Mais je vais te répondre car je me pose la même question à ton égard. Je suis en mission pour ma cité, des rumeurs comme quoi Diablo n'aurait pas été tué lors de ce combat avec le héros vainqueur des trois.

- Il se peut que ces rumeurs soient vrais, répondit le druide en se souvenant de son combat contre le monstre si puissant et si maléfique. Pouvait-il être Diablo en personne ? Cela expliquerait son incapacité à résister tant physiquement que mentalement aux assauts lancés par le démon.

- Saurais-tu des choses que j'ignore ?, dit le mercenaire suspicieux.

- Je ne sais pas... , dit mystérieusement Brög.

Le silence ce fit autour des flammes qui dansaient entre les bûches. Soudain le loup se leva d'un bond, tous les sens en pleine perception. Brög perdu dans ses pensées ne le vit pas mais le barbare toujours aux aguets s'en aperçu aussitôt.

- Ton loup a flairé quelque chose on dirait.

Réagissant enfin, le druide questionna son compagnon :

- Que t'arrives t-il ?

- J'ai la sentit la présence d'un serviteur du mal, mais je ne sais pas où il se trouve..., répondit le loup qui reniflait l'air alentour, espérant trouver la sombre créature.

Le barbare cherchait lui aussi dans les rares buissons encore en vie, mais les recherches restaient infructueuses.

Brög vit qu'il avait sortit de son étui une énorme hache à double tranchants, et il ne doutait pas que le guerrier sache s'en servir avec une grande précision.

- Je ne pense pas que ce soit une seule créature, plutôt un petit groupe, souffla le mercenaire en s'approchant doucement.

- Et ils ne sont pas loin...

A ce moment, une volée de flèches traversa la petite clairière, elle visait les trois compagnons. Brög et le barbare réussirent à esquiver, mais Keleg n'eut pas cette chance et une flèche vint se figeait dans patte droite. Sortit d'un bosquet, surgirent alors des possédés, mi-homme, mi-démon qui après avoir lâché leurs arcs, avaient dégainé leurs sabres.

Poussant un terrible cri de guerre, le barbare qui portait le nom de Gomêl, leva sa grande hache et se jeta sur les morts-vivants.

Le druide qui était pourtant un vaillant combattant préféra se tenir à distance pour jeter un sort.

Tournant vers le sol ses deux mains, il incanta un sort de feu. Il sentit dans tout son corps la magie parcourir ses veines et il lança le terrible sortilège qu'il avait préparé. De derrière les morts-vivants, le sol se mit à gronder et sous leurs pieds s'ouvrirent des abîmes de feu. Sur la dizaine qui avait les attaqués, quatre tombèrent dans le feu de Brög. Ils entendirent bientôt leurs cris d'agonie dans les flammes purificatrices.

Il prit son Marteaux de Tempêtes accrochés dans son dos et chargea à son tour le reste des créatures, suivit de près par Keleg qui avait réussi a retirer la flèche de sa patte blessée.

Au comble de la tumulte, le barbare faisait un carnage, Brög le découvrit très tôt puisque quatre morts gisaient à ses pieds et qui démantelés, formaient un tas grotesque.

Le druide abattit son arme projetant des éclairs vers son adversaire lui portant un coup fatal tandis que Gomêl tranchait en deux le dernier mort-vivant de sa hache.

Le guerrier tout souriant, fouilla les cadavres et y trouva quelques pièces d'or que les monstres avaient dû dérober à des victimes.

Brög comprit à quel point son nouveau compagnon aimait combattre, alors que lui préférait éviter de se battre. Lorsqu'ils furent assurés que aucun ennemis ne les attaqueraient plus, ils se rassirent autour du feu qui brûlait toujours et discutèrent durant une grande partie de la soirée et tard dans la nuit.

_______________


Ils s'éveillèrent avec le soleil qui amenait un peu de beauté et de gaieté à ce paysage désormais décharné. Les deux compagnons rangèrent leurs diverses affaires de voyage et ce mirent en route vers la ville la plus proche, le barbare voulait y récolter des informations pour poursuivre sa quête.

Brög avant de partir avait renvoyé Keleg dans les méandres infinies qui forment les rêves de la magie, car malgré les soins prodiguait par son maître, le loup se sentait affaiblit. Le druide pouvait compter sur d'autres créatures pour l'aider en cas de besoin.

Pendant la nuit, il avait compris que le barbare outre sa capacité à manier l'arme était très sympathique et ne ressemblait beaucoup à ce qu'on disait des gens de son espèce. Avoir de la compagnie durant le voyage vers ce qu'il cherchait était un apport non négligeable et les deux hommes le savaient fort bien.

Ils marchèrent toute la journée, sans trop parler, chacun pris dans le flot de ses pensées ou regardant les magnifiques contrées qu'ils traversaient sur leur rapide passage.

Ils ne firent une halte que pour se restaurer un minimum, le temps leur manquait, et le Mal pouvait se propager très rapidement.

Vers la fin de l'après-midi, ils purent prendre un peu de repos dans un village non loin de la grande cité.

Ils pénétrèrent dans une auberge qui semblait bien entretenue, cherchant un repas convenable à prendre.

Le patron, un homme grand à l'air aigre leur indiqua une table du bout de ses doigts émaciés.

Une jeune serveuse vint prendre leur commande puis apporta les boissons et le repas. Gardant le silence, les deux hommes observaient la salle. Il n'y avait pas beaucoup de clients malgré la grandeur de l'établissement. Brög remarqua une personne aux traits cachés par un capuchon, il comprit instantanément que quelque chose n'allait pas. Il croisa le regard de l'inconnu juste quelques instants et sentit la magie autour de lui, il dressa immédiatement une protection d'esprit, et l'effet se dissipa peu à peu.

Le barbare qui le dévisageait, comprenant que le druide était sur la défensive demanda des explications.

Lorsqu'il fut au courant de la situation, ils décidèrent d'aller parler à cet étrange personnage.

Traversant la salle, ils se dirigèrent d'un pas assuré vers l'inconnu.

Surplombant le mystérieux étranger, Gomêl avait posé la main sur l'épée qui pendait à sa ceinture, alors que Brög s'attendait à une nouvelle attaque magique.

Priant pour que l'inconnu ne l'oblige pas à utiliser ses pouvoirs en public, le druide demanda d'une voix neutre :

- Qui es-tu étranger ?

Un petit rire sortit de sous le capuchon, et une voix féminine s'exclama :

- Il me semble ne pas être la seule personne étrangère dans cette contrée !

Devant l'air ébahit des deux hommes debout à ses cotés, elle rit de plus belle.

Brög l'interrompit, il était surpris de rencontrer une femme dans ce pays sauvage, d'autant plus une magicienne.

Elle ôta son capuchon pour laisser apparaître son visage. Ce fut au tour de barbare d'être étonné quand il découvrit la beauté de la jeune femme. C'était connu les hommes du nord appréciaient les belles femmes. Si le barbare ne tomba pas sous le charme de l'étrangère ce fut à cause de la méfiance avait envers les sorcières.

Celle-ci se présenta sous le nom de Keena et se disait sorcière, se dont Brög ne douta pas. Il constata qu'elle se montrait discrète quant à sa présence dans la région. Lorsqu'elle pose une question aux deux compagnons sur leur voyage vers les Montagnes Enflammées comme les nommaient les habitants d'ici, Gomêl répondit naturellement :

- Nous cherchons la trace d'un démon originel.

Brög le regarda mi étonné mi fâché car il devina en voyant le visage de son nouvel ami que la réponse n'était pas due à sa bonne volonté. Il fixa alors la magicienne dans les yeux puis usa de la télépathie :

- Je te conseille de ne plus jamais utiliser ton pouvoir de persuasion sur mon compagnon sorcière !, dit-il d'un ton colérique et autoritaire.

Elle sourit puis fini par répondre sans peur :

- Ce n'est pas en mal que j'ai usé de ma magie.

« J'espérais pouvoir vous aider dans votre mission », ajouta t-elle.

Gomêl encore sous le choc de son erreur demanda :

- Serait-il possible de savoir ce qui s'est passé ?

- Elle s'est servie de toi pour obtenir des informations quant à ce que nous entreprenons de faire.

Le mercenaire poussa un grognement de mécontentement mais ne dit plus rien.

- Vous savez je peux être très utile contre les forces du mal et certains démons ont déjà eu à faire à ma magie, insinua Keena.

Le druide se tourna de nouveau vers l'étrange et si belle femme qui lui lançait cette proposition.

Il pensa tout fort :

- Il est vrai que cela pourrait servir.

Il finit par accepter en hochant la tête.

- C'est d'accord, tu nous accompagnera. Mais ne t'avise pas d'user de ta magie contre nous, lui rappela t-il.

- Il faudra savoir me faire confiance, répondit-elle avec sérieux.

- Nous nous verrons donc demain matin au lever du soleil, conclut le barbare.

Il la virent quitter la table puis monter vers la chambre qu'elle avait loué pour une petite somme d'argent.

Puis après avoir payé leur repas, ils sortirent pour trouver un endroit propice pour passer la nuit.

Au matin, ils étaient tous au rendez-vous convenu, et sans perdre un tant soit peu de temps ils prirent la direction des montagnes. Ils ne devaient pas passer très loin de la grande cité d'Harrogath où habitait Gomêl. Il les invita à s'y arrêter pour prendre du repos mais aussi pour des raisons officielles en rapport à sa quête.

Abandonnant les grandes plaines, ils virent apparaître l'encolure des montagnes. Ces immenses mains de pierre tendues vers le ciel, perçant l'horizon encore emplit d'un rouge flamboyant.

Ils poursuivirent leur chemin sur de larges routes commerciales qui permettaient à la cité d'entretenir des échanges importants avec les cités des autres régions telles que Lut Gholein ou Kurast. Ce n'était pas le nombre extravagant d'étrangers qui rendrait ces routes inaccessibles. Après de longues heures de marche entrecoupées seulement par deux courtes pauses, les trois compagnons purent enfin contempler les hautes murailles d'Harrogath.

Le barbare était tout heureux de retrouver sa cité natale, il avait espéré y rentrer le plus vite possible lorsque l'intendant de la ville lui avait ordonné de rechercher les traces des premiers démons.

Il avait toujours pris les missions officielles comme des quêtes personnelles et un honneur que l'on accordait à un guerrier. Mais de vivre en solitaire n'était pas forcément dans ses habitudes et il était content d'avoir rencontré le druide qu'il appréciait de plus en plus.

A l'effet contraire, il se méfiait de la sorcière même si il n'était pas insensible à ses charmes.

Keena quant à elle, était contente de l'effet qu'elle avait provoqué sur les deux hommes, non qu'elle leur veuille du mal mais elle aimait à paraître dangereuse, chose qui ne l'était pas qu'en apparences.

Brög l'avait comprit dès le début, dès leur première rencontre dans cette auberge, et l'attaque psychique qu'elle avait tenté sur lui, l'avait persuadé qu'elle n'était pas une débutante dans la pratique des arts magiques.

Il se disait que malgré tout elle pouvait s'avérer un bon allié contre la chose qu'il poursuivait, bien qu'il ne savait toujours pas qu'elle était la force maléfique qui avait détruit sa vie.

En repensant à cet événement, Brög ferma les yeux et pria la nature de lui donner la force pour combattre la puissance du Mal, de combattre ses souvenirs... il avait encore l'espoir infime de retrouver sa famille mais il sentait au fond de lui que plus jamais il ne les reverrait.

Perdu dans sa pensée, luttant contre lui-même et les cauchemars de son âme, le druide s'était arrêter de marcher, et gisait désormais sur ses genoux, des larmes coulaient le long de ses joues salies par la poussière des routes. Gomêl et Keena le regardait, peinés par la souffrance qu'ils découvraient chez leur compagnon.

Le barbare s'approcha et lui posa sa main lourde et généreuse sur l'épaule :

- Ca va ?, dit-il simplement.

- Merci mon ami, ça va passer, répondit Brög.

Se relevant, il jeta un regard à la sorcière qui lui en rendit un plein de tendresse.

- Merci, dit-il dans son esprit sachant qu'elle pouvait l'entendre.

_______________


Enfin les lourdes portes de la cité s'avancèrent à leur rencontre. La fatigue accumulée se dissipa en partie grâce à la bonne humeur recouvrée du barbare. Il savait qu'il serait le bienvenu et que ses compagnons seraient bien accueillis par les siens.

Dans la rue principale se déployaient les longs étalages des marchands, chacun proposant leurs produits aux meilleurs prix selon leurs critères. Ils rencontrèrent quelques patrouilles que Gomêl saluait de la main quand il reconnaissait un ami.

Il les conduisit à sa demeure, petite et simple mais humble, cela suffisait pour prendre un repos amplement mérité.

Le barbare laissa ses amis s'installer chez lui car il devait contacter son capitaine.

En traversant les maintes rues qui architecturaient la grande cité, Gomêl entendit de forts éclats de voix :

- Toi, mécréant ! Excuse toi sur le champ !

- Ah ah ! Pour qui te prends tu pantin en armure !

Gomêl rigola en voyant la scène qui se déroulait sous ses yeux. Au milieu de la rue, un petit personnage à l'air arrogant toisait un grand soldat à l'armure lumineuse et il aperçu l'insigne d'or sur son plastron.

Contrairement au petit homme, le soldat ne riait pas et fixait avec intensité son interlocuteur.

Le petit homme qui semblait se prénommer Dibon, d'après les cris de ses complices qui l'encourageaient à se battre, tira un couteau qu'il plaça sous la gorge du soldat.

- Alors on fait moins le fier !, défiait le voleur.

Gomêl vit que le soldat restait calme et concentré sur le regard du petit homme. Ce qui eut pour conséquence de provoquer la colère du bandit.

- Tu vas voir !, lui cria t-il en essayant de trancher la gorge de l'inconnu.

Rapide comme l'éclair, le soldat dégaina et para la lame du couteau, il prolongea son mouvement pour frapper du plat de sa lame le poignet de son adversaire qui lâcha son poignard et poussa un petit cri en se voyant à son tour menacer par le soldat.

- Ne me tuez pas !, implora t-il. « Par pitié ! »

- Je ne tue que les adversaires valeureux ou ceux qui en vaille la peine, répondit simplement le soldat. Non les pleutres et les couards de ton espèce ! Disparaît maintenant et retient cette leçon.

Gomêl qui avait observait toute la scène, avait remarqué la vitesse et la précision impressionnante du guerrier. Le fait qu'il n'est pas tué son agresseur l'intriguait.

Il se dirigea vers l'inconnu et le héla :

- Bonjours étranger ! Que fais-tu dans notre cité à part donner des leçons d'honneur et d'escrime à de pauvres gens ?

Le soldat ne répondit pas à la pique lancé par le barbare mais le fixa du regard.

- Tu as perdu ta langue ?, continua le grand guerrier.

A l'opposé de la situation précédente ou le soldat dominait en taille son agresseur, le barbare était en position de force. A vrai dire il se savait l'un des plus costaud de la garnison avec son deux mètres dix et ses cents vingt kilos de muscles.

Le soldat fini par dire :

- Je ne cherche pas à me battre avec chacun des hommes armés de cette ville mais juste quelqu'un qui puisse me conduire devant les dignitaires qui la dirigent.

Le barbare fut déconcerté par la demande exigeante du soldat. Il décida d'en savoir plus un peu plus à son encontre :

- Qui es-tu et d'où viens-tu ?, dit-il d'un ton qui se voulait jovial et non agressif.

- Je suis un paladin de la Lumière et j'appartiens à la guilde des purificateurs !, déclara le guerrier. Mon nom est Turok Hawat.

- Tu dois venir de loin pour porter un nom tel que le tien, répondit Gomêl sans méchanceté.

- Du désert, vers Lut Gholein, reconnut Hawat.

Ils se tenaient toujours face à face au milieu de la rue, mais plus personne ne leur prêtait aucune attention.

Rompant le silence, le natif d'Harrogath s'adressa au paladin avec respect :

- Je peux sûrement accéder à ta requête, je dois moi même rencontrer le capitaine des armés de la cité dans l'heure.

- Je te suis alors.

Le barbare reprit son chemin suivit de près par Turok Hawat.

Ils arrivèrent après quelques minutes devant les portes de la caserne, mais Gomêl se dirigea vers la droite du bâtiment, empruntant une petite ruelle. Il attendit que le paladin le rejoigne puis il entra dans une porte dissimulée. Il traversa encore de longs couloirs, puis arrivé devant une lourde porte de bois, il frappa.

Un garde entrouvrit la porte, l'arme à la main mais lorsqu'il vit le visage du barbare il sourit :

- Entre !, dit-il sans dissimuler sa joie.

Son visage se renferma quand le paladin voulut passer.

- Qui est-ce ?, demanda t-il en se retournant vers Gomêl.

- Laisse le venir, je me porte garant de sa conduite, répondit le géant.

Turok Hawat sourit intérieurement, ce n'était pas son genre de mettre la pagaille, le barbare pouvait lui faire confiance. Les paladins étaient des guerriers qui prônaient les valeurs morales, telles que l'honneur et la loyauté, ils croyaient aussi en une divinité supérieure qui les protégeaient au milieu des combats. Les guildes qui composaient l'ordre des Paladins de la Lumière servaient à distribuer les tâches de chaque guilde dans la protection contre le Mal mais aussi pour montrer que les opinions pouvaient se différencier suivant les guildes.

Ils pénétrèrent à l'intérieur d'une petite pièce qui ne se composait que d'un bureau, une chaise et une bibliothèque, rien de plus banal. Ils attendirent un moment puis d'une porte surgit un grand hommes aux épaules larges comme un mur d'enceinte. Sa barbe grisonnante faisait ressortir ses yeux brillants où vivaient la force et l'intelligence.

Gomêl se frappa la poitrine du poing et présenta le paladin à son capitaine :

- Capitaine voici un homme qui tient à vous présenter une requête, je crois que l'on peut lui faire confiance.

- Je suis Turok Hawat, paladin défenseur de la Lumière, intervint l'homme en question.

- J'ai entendu dire que vous aviez envoyé un de vos hommes à la recherche de démons, il semblerait que j'ai des informations à lui apporter, continua t-il.

Gomêl sourit, il le cherchait donc, quelle coïncidence étonnante.

- Tout ce qui concerne mes hommes me concerne aussi, répondit Qual-Kehk. Qu'as-tu à me dire ?

Le paladin hésita, il ne semblait pas faire totalement confiance au chef de guerre.

Le voyant douté, Qual-Kehk lui dit :

- Si cela peut te rassurer, celui qui se tient à tes côtés et ta fait la faveur de t'accompagner ici est l'homme que tu recherches !

Et il partit d'un rire tonitruant suivit par Gomêl qui se retenait depuis que le paladin avait expliqué le but de sa venue dans la ville.

Turok Hawat acquiesça de la tête et se tourna vers le grand barbare :

- Il se trouve que j'ai suivit un certain temps un démon qui se dirigeait vers les montagnes, je ne pense pas qu'il s'agisse d'un démon de moindre importance.

Le barbare réfléchit, il se pouvait que ce démon soit Diablo.

- Crois-tu qu'il s'agisse de Diablo ?, s'adressa t-il à Turok.

- C'est possible, vu la dévastation qu'il créer sur son passage, mais je n'ai pas voulu le combattre seul, je ne pense pas que j'aurais pu le terrasser...

- Tu reconnais tes propres limites, intervint Qual-Kehk. C'est la preuve que tu dois être un bon guerrier.

- Un excellent, confirma Gomêl. Je l'ai vu à l'oeuvre.

- Que décides-tu Gomêl, peut-il t'aider ?, demande la capitaine.

- Je n'en ai jamais douté.

Puis le barbare raconta à son tour ce qui lui était arrivé et la rencontre avec le druide et la sorcière.

- Ils peuvent être de précieux alliés, conclue t-il.

Le grand chef de guerre grimaça, les sorcières n'avaient pas bonne réputation chez les gens du nord mais si Gomêl connaissait la valeur de cette femme, il pouvait bien lui donner sa confiance.

- hummm... as-tu besoin d'un escorte ?, questionna Qual-Kehk.

- Je choisirais deux des meilleurs, nous ne serons pas de trop, répondit le géant.

Ils prirent congés du général et empruntèrent le chemin de la demeure du barbare.

Là-bas, le druide dormait allongé sur quelques coussins, ses armes et armure reposaient non loin de là, Keena avait disparu.

Lorsque Brög se réveilla, les trois compagnons discutèrent de la route qu'il faudrait prendre pour arriver dans le coin le plus reculé des montagnes où se terrait certainement le démon.

Le soir venu, la magicienne revint toute souriante. Elle annonça aux trois autres qu'elle avait trouvé un guide qui les conduirait par les passages les plus sur.

Elle apprit que le paladin se joindrait à eux dans leur expédition. Durant toute la soirée et tard dans la nuit, ils conversèrent sur l'existence du Mal, des démons, le besoin d'un équilibre entre les Ténèbres et la Lumière, ils tissèrent ainsi les liens de l'amitié pour vivre et vaincre en vers et contre tout.

A l'aube, avant que l'astre solaire ne soit levé au dessus des montagnes, les quatre amis partirent à la rencontre des deux barbares que Gomêl avait choisit pour partir avec le groupe. Le premier, Kukal était de taille moyenne mais semblait solide comme le roc, ses bras étaient deux troncs d'arbres, son torse celui d'un ours. Le second était beaucoup plus élancé, tout aussi musclé, son nom était Fako. Deux monstres qui apporteraient leur expérience et leur force d'animal.

Keena leur avait expliqué durant leurs discussions que le guide les attendrait à l'endroit où les passages deviendraient plus délicats, voir impossible à emprunter sans l'aide d'une personne qualifiée.

La première partie du voyage s'effectua sans difficultés car ils n'étaient encore que dans l'ouverture des montagnes en altitude basse ou moyenne. Chacun portait sur lui ses propres affaires personnelles et son arme favorite. Certains portaient même des talismans magiques comme Brög qui connaissait la magie des éléments, tandis que les barbares croyaient surtout dans la force de leurs bras.

Jusqu'à l'heure où le soleil arrive au zénith dans le ciel, le petit groupe marche d'un pas rapide et léger sans penser au destin macabre qui pouvait les attendre.

Au moment ou les petites routes devenaient des chemins impraticables, Kukal qui marchait en tête de file, devina la silhouette d'un homme qui les observait. En s'avançant, Keena reconnut le guide avec qui elle conclu son marché. C'était un homme de haute taille, maigre et efflanqué mais dans ses yeux noirs se lisait une détermination, une force calme qui semblaient dormir en lui.

Ses tempes grisonnantes informèrent Brög que l'homme devait avoir dans la quarantaine, peut être moins.

Il salua les nouveaux venus de sa longue main calleuse puis d'une voix grave comme des profondeurs de la terre, il se présenta :

- Bonjours, je m'appelle Gando...

Un à un ils se nommèrent, puis le guide les mena à travers les monts aux hauteurs déchirées par une mystérieuse colère tombée des cieux.

Après avoir traversé des minces cours d'eau et escaladé de nombreux promontoires, le groupe arriva dans un petit canyon.

Gando s'arrêta et se tourna vers Gomêl :

- Je ne me rappelle pas de ce défilé !

- Es-tu sur de ne pas t'être trompé ?, demande Gomêl.

- Non ! Cette voie a été rajouté !, s'écria l'homme habillé de noir.

Il sembla paniqué pendant quelques secondes mais ce reprit bien vite.

- Il va nous falloir passer par ce chemin même si je suppose que quelqu'un veut nous y forcer, décréta Gando.

- Alors nous passerons, dit le barbare.

Le guide s'avança le premier, suivit de prés par les barbares et le druide. Keena et Turok fermaient la marche.

Le paladin malgré son armure ne paraissait en aucun cas gêné par son poids. Il se demandait depuis leur départ si ensemble ils pourraient affronter et vaincre ce démon si puissant.

Il observa les longs murs qui entouraient le canyon qu'ils traversaient. Des ses yeux aiguisés il vit le danger tombé du ciel. Un torrent de pierres commença à se déverser au-dessus de leurs têtes.

Il cria pour alerter ses compagnons... mais trop tard, Fako fut touché au bras par un énorme rocher, et le bruit de son membre arraché résonna dans le canyon pareil à un terrible avertissement.

Gomêl se jeta sur le côté pour éviter une grosse roche qui lui était destinée.

A l'instant où la sorcière allait se faire écraser, elle disparue.

Enfin on entendit plus aucun sons. Gomêl sortit du petit abris qu'il avait trouvé et tendit la main.

- Il ne pleut plus !, rigola t-il.

Mais personne ne rit à sa blague, même si tous remarquèrent que le barbare ne perdait pas son sens de l'humour. Le géant et Kukal regardèrent tristement leur compagnon Fako qui gisait sur le sol, inconscient. Ils se tapèrent trois fois la poitrine avec le poing fermé en son honneur et en signe de vengeance. Mais Fako n'était pas mort, et quand il reprit conscience, la joie s'installa dans leur coeur. Son bras avait bien été arraché, et le druide lui appliqua des sois pour stopper l'écoulement de sang.

Tout d'un coup, une chose tomba aux pieds du groupe. Gando l'identifia comme un corps de gobelin carbonisé. Ils entendirent des cris aigus provenant du haut du canyon puis deux nouveaux gobelins cramoisis s'écrasèrent sur le sol.

Apparemment un combat se déroulait sur les hauteurs qui les entouraient.

La sorcière réapparue et les informa de ce qui s'était passé :

- Je me suis téléportée, dit-elle tranquillement.

Les autres la regardaient avec des yeux écarquillés sauf Gando qui ne semblait en rien surpris.

- Ce sont des gobelins qui nous ont attaqué, j'ai essayé de les détruire mais nous avons droit à toute une horde !, expliqua Keena.

- Ils savent bien qu'au corps à corps ils n'ont aucune chance, commenta Gomêl.

Baissant les yeux, il vit que la terre sous leurs pieds se mouvait dans une sorte de danse mortelle. Soudain, de terre, surgirent des bras décharnés, une des mains attrapa Brög à la cheville, puis une autre, il s'enfonça petit à petit dans le sol. Le paladin se porta à son secours, il trancha la première main et le druide qui avait sortit son couteau tailla celle qui l'emportait encore vers les profondeurs du sol.

Quand il leva les yeux il vit que ses amis étaient aux prises avec des morts vivants. Gomêl tranchait des membres dans tous les sens et les zombis préféraient s'en prendre à la sorcière.

Keena avec son bâton les repoussa, puis de ses mains jaillirent des éclairs éblouissant, réduisant en cendres trois revenants. Gando les cria :

- Nous devons sortir d'ici !

Brög le vit désigner le haut des murs de pierres et de terres qui formaient le défilé où ils combattaient : d'autres créatures en descendaient le long, telles d'énormes araignées. Il rejoignit le guide suivit de Turok et de Gomêl, la sorcière ne mit pas longtemps à arriver.

- Où est Fako ?, demanda Gomêl, inquiet.

- Il est resté derrière, constata Gando.

Au milieu des combats, le barbare se battait avec la rage de la vengeance, pour s'être fait piégé aussi bêtement. Il ne voyait plus où il frappait, mais il tuait et cela le soulageait. Il en voulait plus, plus de sang.

L'ivresse du combat le submergeait et son épée taillait. Il jeta un coup d'oeil autour de lui, une douzaine de corps gisaient par terre. Il ne sentit pas la présence de ses compagnons. Il les chercha du regard, ils étaient rassemblés et semblaient décider à partir de ce lieu. Ce moment d'inattention lui fut presque fatal. Un coup au visage le fit basculer en arrière. Un mort-vivant tomba sur lui dans l'espoir de lui trancher la jugulaire.

Fako le repoussa des deux jambes, il se releva rapidement et courra vers le petit groupe.

- Il ne va pas y arriver !, cria Gomêl. Il se précipita vers son ami.

Fako trébucha sur un cadavre et mordit la poussière. Il avait du sang sur les yeux. Il vit Gomêl se porter à son aide et tuer un de ses poursuivants. Il sentit le géant le relever. Mais les zombis revinrent à la charge.

Gomêl fut projeté loin de son ami par deux revenants. Un peu sonné Gando l'aide à se relever.

Fako tenait difficilement sur ses jambes mais son coeur voulait des morts. Il cria vers la sortit du canyon :

- Cassez-vous !

Il se détourna une dernière fois pour voir ses frères frappaient leurs torses avec le poing fermé ; il sut, et ferma les yeux.

Il ne voulait pas mourir, il aimait la vie, mais sa force et son courage lui servirait à ralentir les morts.

Il rouvrit les yeux, un frisson de plaisir lui parcouru l'échine, il cria sa fureur meurtrière mais les zombis ne ralentirent pas pour autant. Avec violence il se porta au contact, trancha la tête pourrie du premier revenant, le second se retrouva sans buste. Par derrière il sentit l'odeur puante d'un des cadavres vivants, il se retourna, la créature tenait dans sa main une lance. Celle-ci s'approcha de lui inlassablement, il tenta de dévier la pointe mais elle ne fit que glisser, il sentit un froid lui percer les poumons, sa dernière pensée fut pour la douce lueur du soleil qui tombait non loin des montagnes... de son destin.

Le grand guerrier était enragé. Il avait vu son compagnon mourir sous ses yeux, il n'avait rien pu faire car les zombis l'en avaient empêché. Il avait du fuir comme un lâche !

Il se vengerait.

Gando les menait de nouveau mais il n'était plus réellement sur du chemin, les autres marchaient en silence. L'envie de vaincre semblait être perdu après la mort de Fako.

La nuit était tombée emmenant avec elle les derniers lambeaux d'espoir qui persistaient encore dans le coeur de chacun.

Ils s'installèrent sur un plateau isolé en espérant qu'ils y seraient tranquille pour la nuit. Ils allumèrent un feu grâce au bois ramassé par le druide. Puis ils mangèrent la nourriture qu'ils avaient emporté avec eux, puis Gomêl prit le premier tour de garde.

Quand Turok vint prendre place à ses cotés, ils regardèrent ensembles les douces étoiles qui luisaient.

- Elles semblent lutter contre le noir de la nuit, mais elles ne disparaissent jamais, souffla le paladin.

Sa voix juste et douce s'éleva alors au-dessus du vide qu'ils surplombaient :

- Aussi vide que peut paraître le coeur du monde,

Aussi insensé que peut paraître la vie d'un homme,

Son courage comme un poing dressé,

Son espoir comme un bouclier,

Son visage tourné vers les cieux,

Les yeux brillants dans le soleil,

Il doit croire et avoir foi.

- Je ne te pensais pas poète mon ami, dit le barbare.

Turok sourit.

- Ne te méprends pas, ce sont les paroles de mon ordre, un peu comme une prière si tu veux.

Puis jusqu'à ce que parte Gomêl, ils laissèrent vaguer leurs esprits vers des pensées inconnues.

Ils furent réveillés par une longue plainte portée par un vent froid venant du nord. Gando n'était plus là.

- Ce lâche nous a abandonné !, rugit Kukal.

- C'est mal me connaître barbare, répondit la voix éraillée du guide qui grimpait vers le plateau.

- J'ai exploré le lieu où nous sommes... ce qui est étrange c'est que je ne le connais pas.

- N'es-tu pas notre guide ?, s'exclama Brög.

- Oui mais cela ne devrait pas être comme nous le voyons, je connais cette région par coeur, conclut Gando perplexe.

Keena intervint :

- Il y a de la magie derrière tout ça mais il ne faut pas en être tant étonné car le démon que nous pourchassons n'est pas un démon ordinaire.

Ce fut au tour de Brög de déclarer :

- Je suis d'accord avec elle, pourtant une chose m'intrigue. Cette magie ne correspond pas à celle d'un démon originelle. Une autre grande puissance doit exister pour lancer un tel sortilège.

Une autre plainte stridente leur perça les tympans.

- Nous devons continuer, nous ne sommes pas loin, lança Gando en descendant la pente d'un pas vif, laissant ses compagnons qui se dépêchaient pour le rattraper.

Quelques heures après, sous un soleil de plomb, ils arrivèrent à un grand monument taillé dans la pierre.

La structure avait du être magnifique à l'époque des grandes guerres mais ce que leurs yeux contemplaient n'étaient plus que de sombres ruines.

Gando qui observait l'entrée se présentant à eux, leur dit :

- Ce n'est pas ici que nous devons pénétrer dans ce lieu, il existe un autre passage moins dangereux.

- On dirait que le vide se trouve au sein de cette entrée, dit Turok en réprimant un frisson.

Le guide les entraîna vers la gauche du monument, suivant un étroit défilé. Puis virant brusquement à droite, ils découvrirent l'entrée dissimulée. La même étrangeté se dégageait du trou qui se dessinait dans la roche. Mais Gando s'y engagea sans hésitation et les autres le suivirent sans se retourner et voir le soleil rouge qui déclinait bien avant le soir, signe de désespoir.

Le noir les engloutit. Keena lança un sort de feu, une faible clarté apparue mais les ténèbres semblaient absorbées toutes les sources de lumière. Ils progressèrent hâtivement dans de longs couloirs, traversant de rares salles ou la poussière recouvrait les murs délabrés. Puis les décors changèrent, des tâches sombres se répandirent sur le sol sale et ils rentrèrent dans une grande pièce qui puait la mort.

La lumière du sort de Keena devenait opaque et on ne distinguait que difficilement les visages.

L'air était nauséabond, lourd du passé. Tout doucement les murs se mirent à bouger, s'éloignant de la compagnie.

Une lumière évanescente fit luire faiblement la nouvelle salle qui se présentait à eux. Gomêl leva la tête pour comprendre que seul le ciel était un toit au-dessus d'eux.

Le hurlement strident se fit entendre derechef, mais plus près, plus puissante.

Un bruit d'ailes siffla à la droite de Brög et une grande griffe s'enfonça dans son épaule.

Le druide hurla et tomba sur le sol, ses compagnons étaient désormais sur leurs gardes.

Turok l'épée tirée, se dirigea vers le magicien et lui demanda :

- Ca va ?

Il du se coucher face contre terre pour esquiver la deuxième créature qui tenter de le décapiter. Se roulant par terre, il leva son arme et trancha l'aile du monstre qui fini sa course après avoir perdu sa tête...

Gomêl essuya sa hache sur ses bottes, puis dit à ses amis :

- Attention ce sont des moines Venderantes, évitez leurs ailes pleines de griffes !

Gando se pencha brusquement, une flamme de feu s'échappa d'une main invisible.

Brög grâce à son armure réussit à se relever péniblement, il tenta de se concentrer sur un sort.

Keena lança un puissant bouclier magique, elle aussi se préparait pour un sort, un sort de glace.

Du ciel arrivaient à présent une centaines de créatures piaillant et piquant vers leurs proies.

Une dizaine fut vite rejetée par le bouclier de la sorcière, mais les moines réussirent à passer à travers.

Kukal était entouré par deux des monstres, il les décapita avec détachement, du tranchant de sa colossale épée.

Turok et Gomêl protégeaient le guide qui ne bronchait pas mais qui de toute façon ne possédait pas d'arme adaptée à la situation.

Enfin Brög lança son sortilège et le vent de la pièce se transforma en tornade, grande et belle, tournoyant.

Elle emporta la majorité des créatures et celles qui restaient, tentèrent de lutter mais les orbes de glace de Keena et les coups d'épées et de haches eurent bien vite raison d'elles.

Une brise lourde et âpre soufflait maintenant dans la chambre où l'on ne voyait plus les murs et le plafond, comme dans un nouveau monde.

Le druide pansait sa plaie avec des herbes ramassées durant le voyage.

Le vent de la tornade avait laissé un décor ravagé de pierres et de stalactites.

Soudain, telle une lance de pierre, une d'elle vint se figer dans l'abdomen de Kukal qui gémit. Son corps inerte s'éteignit sur le sol, son visage exprimait une terrible expression d'incompréhension, la mort avait crispé sa mâchoire.

Les survivants n'eurent pas le temps de pleurer leur ami car une nouvelle rafale de stalactites fonça droit sur eux.

Se jetant à terre, ils ne furent qu'un peu sonnés.

Keena lança un sort de clairvoyance pour tenter de comprendre d'où provenaient les attaques. La petite troupe se regroupa légèrement pour se protéger les uns les autres.

Quelques instants plus tôt, ils savouraient leur victoire sur les malfaisantes créatures, dorénavant ils sentaient un pouvoir encore plus terrible régner sur les lieux.

Turok qui n'avait pas perdu ses esprits les empressa de trouver une solution :

- Quoi que soit ce truc, il nous faut la détruire !

Gando acquiesça de la tête, ses longs cheveux blancs brillant dans la lumière tamisée du sort de feu.

Il pensait savoir ce qu'était ce pouvoir : celui d'un démon. Or ce n'était pas Diablo, non. Un démon beaucoup plus ancien, plus puissant qui était resté endormi durent de longues années.

- Il s'est réveillé... , murmura t-il.

Gomêl se pencha vers lui :

- Sa tourne rond dans ta tête mon vieux ?

Il esquissa un sourire mais se rembrunit bien vite, quelque chose clochait, il le sentait.

Gando paraissait ne pas l'avoir entendu, il semblait en transe.

- Il s'est réveillé, le règne des humains va se terminer..., répétait leur compagnon.

Keena et Brög s'approchèrent, le druide était soucieux :

- On dirait qu'il lutte avec quelqu'un...

La sorcière ajouta :

- Je crois que notre ami ne nous a pas tout dit sur lui...

- Comment ça ?, coupa le barbare.

- Je pense que Gando est ce qu'on appelle un nécromancien, un magicien des morts, lui répondit-elle d'un air perplexe.

Au même moment, les yeux de Gando s'ouvrirent, découvrant son regard d'un noir total.

- Je te tiens mon mignon !, cria t-il.

On entendit un lourd rugissement, l'air vibra et une désagréable odeur pénétra leurs narines.

Gando revint à la réalité :

- Je l'ai trouvé, leur expliqua t-il simplement. Préparez-vous à combattre !

Comme si ils avaient reçu un ordre, ses compagnons se tinrent prêt à se battre. Turok frappa son épée sur le long bouclier qu'il tenait, répondant ainsi au coup de poing de Gomêl sur sa poitrine de titan. Keena récitait des incantations, Brög leva son lourd marteau.

Tandis que le grésillement dans l'air s'accentuer, le nécromancien les avertit :

- Faites attention à son apparence trompeuse, il est plus puissant que ce qu'il veut bien nous montrer !

Turok se demanda comment il était possible à son ami de savoir qui était ce monstre que nul autre ne connaissait.

Parmi l'odeur de putréfaction et les corps des créatures déchiquetées, commença à se dessiner une forme aux proportions gargantuesques.

Un large torse couvert de pourriture, des bras, des jambes où s'aillaient des veines bleues qui permettaient de percevoir la circulation de ce sang démoniaque. Puis des yeux noirs et profonds comme le néant s'entrouvrirent, au fond perçait le Mal même et une sombre perversité.

La monstruosité grogna de rage, soufflant sa colère dans un rire sinistre.

Lors de l'apparition du démon, chacun des membres avait ressentit au fond de lui une peur profonde, de celle que l'on refoule en nous même.

A présent, la créature ne leur inspirait que du dégoût.

Coupant court à leurs pensées, le monstre lança une attaque magique. Un froid pénétrant s'empara des membres du barbare qui chut sur les dalles de pierres, son corps ne voulait plus lui obéir.

Keena tenta bien de le protéger avec un bouclier de chaleur mais ce fut en vain.

Dans le dos du démon, Brög et Turok frappèrent le démon avec leurs armes lui arrachant au passage des morceaux de chairs qui ressemblaient plus à de l'écorce pourrie.

Se retournant, il décocha un coup de poing au paladin, l'envoyant loin de lui et froissant son armure par la force du coup.

Même si il ne semblait ne rien avoir sentit, de ses blessures suintait une glue liquide dégoûtante à souhait.

Gomêl toujours figé dans cette expression de statue grec vit le monstre se diriger de son pas nonchalant dans sa direction.

Keena survint alors, de son bâton jaillit une orbe de glace de grosse taille, qu'elle dirigea vers le démon.

- Ashka, souffla t-elle.

Il encaissa l'attaque de front et sembla se raidir sous le froid glacial de la magie. Brög s'avança alors vers lui, tenant son Marteau de Tempêtes à deux mains. Pourtant méfiant, il ne put esquiver le terrible coup qu'il reçut de plein fouet, il fut projeté loin du combat et survécut grâce au bouclier ériger par son casque de loup.

Dans sa tête, il sentait un burin lui martelait le cerveau, et la douleur allait en s'amplifiant.

Enfin Gando se joignit aux autres, il avait régénérer ses forces, car le sort qui lui avait permit de faire apparaître Shushkina le Puissant, l'avait exténué.

Tenant son couteau pointe vers le bas, il engagea le démon.

Il tournait autour de lui avec dextérité, contrôlant ses mouvements à la perfection. Plusieurs fois il évita les coups que lui portait son adversaire puis avec souplesse, arrivait à le blesser avec son long couteau à la lame ondulée.

Pourtant le monstre ne se montrait pas gêné.

Turok lui aussi c'était remit à tourner autour du démon, et lui asséna un terrible coup du tranchant de sa longue épée, amputant un membre qui pendait le long du torse en putréfaction.

Cette fois le démon rugit de douleur et un flot de liquide puant jaillit de son bras qui traînait désormais sur le sol.

Libéré de l'emprise glacée, Gomêl se redressa progressivement, à ses pieds il ramassa sa hache à double tranchants et la leva devant ses yeux rageurs.

Brög qui s'était relevé avant le barbare, sentait encore le coup du démon sur ses côtes. Il allait pourtant falloir avoir la tête froide si il voulait lancer des sorts.

Il invoqua ses deux loups, lançant un ordre simple et efficace :

- Occupez-le, j'ai besoin d'un peu de temps.

Tandis que le druide se concentrait sur le sort le plus puissant qu'il connaisse, Keleg et Wareg entrèrent dans une danse de mort. Ils harcelaient sans cesse le démon qui ne savait plus où donner de la tête, sa blessure toujours ouverte empestant l'espace qui l'entourait.

Au fond de lui Shushkina grondait contre lui-même, il était en train de se faire avoir par une bande d'humains.

- Non !, rugit-il et de son bras blessé gicla un jet visqueux qui se dirigea vers le paladin.

Le fluide se transforma en une sorte de créature liquide et rampante.

Turok essaya de lui asséner un coup d'épée mais son arme ne fit que traverser l'étrange forme vivante qui d'un bond s'éjecta sur l'armure du paladin déjà bien abîmée par le démon.

Il se roula sur le sol pour écraser la créature mais celle-ci resserrait son étau et il ne pouvait plus respirer.

Le rire du démon se répercuta à travers le noir obscur.

- Pauvres mortels, dit-il en évitant l'attaque de Wareg.

- Pauvre crétin, répondit Gomêl avec un sourire mauvais, il se dirigea lentement vers la monstruosité.

_______________


Gando était penché sur le paladin, il l'entendait murmurer des prières à la Lumière avec les dernières bribes de souffle qui lui restait.

- Ne t'inquiètes pas mon ami, le rassura t-il. Tu ne vas pas souffrir longtemps.

Il leva son arme, récitant un sort sur le couteau qui s'abaissait vers le corps gisant du paladin.

La créature gluante sentit la lame s'enfoncer dans son corps, puis elle implosa sous l'effet du sort du nécromancien. Turok retrouva son souffle avec plaisir et difficulté, il soupira.

- Merci..., réussi t-il à croasser.

A côté de Brög, Keena se tenait debout les bras devant elle.

Gando trouva la scène étrange, de les voir côte à côte, dans une transe magique.

Brög ouvrit les yeux, il voyait tout à travers un filtre rouge qui lui voilait les yeux. Il sentait la colère qui régnait dans son être.

Il avait eu le temps.

Le démon sentant une grande puissance, se tourna vers le druide.

En un instant, une deuxième puissance parut, c'était Keena, belle mais si terrible dans le combat.

Le ciel vira au rouge sang, un ciel trituré et colérique.

Brög pointa son poing qui tenait le Marteau de Tempêtes qui semblait hurler et battre du métal ; il cria à l'encontre du démon :

- Je me rappelle ma femme et mon enfant...tu ne les oublieras pas non plus !

Il lâcha la colère des cieux sur cet ancien démon, le père des puissants.

Des pierres de feu tombèrent sur Shushkina, dévastant tout ce qu'il y avait à proximité et blessant le démon avec violence.

Des lambeaux de sa chair se détachèrent de lui, tombant par terre avec des bruits mous.

Ses entrailles vomissaient un feu infernal.

La sorcière invoqua à son tour la puissance du ciel, la tonnerre gronda dans un bruit assourdissant et la foudre se déchaîna.

De nouveau, le monstre fut touché, et les éclairs qui venaient d'en haut pour se figer en lui, rappelaient la main d'un Dieu désappointé.

Shushkina était une torche vivante, et tant la douleur était insupportable, il ne vit pas surgir Gomêl.

Le Barbare était dans une furie destructrice, toute sa rage était tournée vers ce démon qui se moquait de lui.

Saisissant sa hache à deux mains, il se précipita à l'encontre du monstre qui brûlait vif.

Il attendit que la bête lui fasse face et balança sa lourde hache qui depuis ce temps là, serait appelée : « La Faucheuse de Destinée » ; vers le cou qui se présentait à lui.

Avec une force et une finesse imparable l'arme aux doubles tranchants s'enfonça dans la gorge du démon qui s'abattit lourdement sur le sol en poussant des cris de rage qui se transformèrent rapidement en râles d'agonie.

Les cinq compagnons entourèrent Shushkina qui gisait dans son sang et les déchets de son corps pourri.

Gando se pencha et dans une langue oubliée et gutturale, il adressa ces quelques mots au démon :

- Glinba àlà dhur Shushkina ? « Ta mort n'est-elle pas ta liberté ? »

- Utù ina glinba Shtuki !, répondit le mourrant. « La tienne viendra bien assez tôt ! »

Sa bouche esquissa une dernière grimace qui se voulait être un sourire, puis il se tut à jamais.

Dans son visage se mêla une multitude d'autres visages, des abominations s'entrechoquèrent sur ses traits, trop de douleurs et de cauchemars, qu'ils durent détourner leur regard.

Un seul s'abandonna à la vision qui s'offrait à son esprit.

Brög revit sa femme, la mort de sa fille et la tristesse qui existait toujours en lui.

Mais comme elle était arrivé, la vision s'estompa, et il revient à la retourna, libéré d'un ancien poids.

Ils se regardèrent, fatigués et las de tous ces combats. Gando les guida de nouveau vers la sortie de la montagne.

Le voyage leur parut long, très long, mais au bout d'un interminable tunnel surgit enfin la lumière lointaine du soleil.

Lorsqu'ils y parvinrent, l'éclat puissant les éblouit un instant, cependant ils apprécièrent la chaleur protectrice qui les rassurait.

_______________


En quittant les lieux, chacun eut une ultime pensée pour ceux qui étaient tombés, puis Keena avec l'aide des pouvoirs de Brög les téléporta loin de cet endroit maléfique.

De retour en ville, ils restèrent ensemble plusieurs jours, mais leurs souvenirs les suivaient de trop près et ils finirent par se séparer, chacun retournant à ses occupations.

Il y eu des gens pour me raconter que leurs chemins se recroisèrent par la suite, et ils unirent leurs forces pour lutter contre le mal qui malgré la chute du Puissant, ne pouvait disparaître.

Il me semble même qu'ils eurent l'idée de créer leur propre ordre. Turok étant le seul membre de son ordre, ils décidèrent d'adopter ce nom. Quel était-il déjà... Ah ! Cela me revient, on les surnommait les Purificateurs... les tueurs de Démons !
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