Fanfiction Diablo II

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Le donjon de Baalbeuk

Par Ohm
Les autres histoires de l'auteur

Chapitre 1 : La Tour Glacée de l'Effroi

Chapitre 2 : Une si grande salle

Chapitre III : où il y a (enfin) un peu d'action

Chapitre 4 : Un maigre espoir

Episode 5 : Le vampire contre-attaque

Un vent glacé et mordant hurlait dans les plaines au nord d'Harrogath, arrachant sur son passage les plaintes des êtres peuplant ces contrées sauvages. Seuls des fous s'y seraient aventurés sciemment, en dehors de la pleine saison, quand le thermomètre daignait remonter au-dessus des -30°. Or l'individu qui se tenait au pied de la Tour tenait vraiment du fou : un visage taillé à la serpe, aux traits aiguisés par les outrages du temps, arborant dans son regard cette colère contenue devant un Obstacle stupide se dressant sur son chemin. Il avait établi un abri de fortune avec les restes de végétation persistante qui avait encore le courage de résister à l'étreinte glacée des steppes. D'une voix où perçait un ennui profond et un frisson évident, il murmura :

- Et merde... On se les gèle, ici !

La fourrure de loup qui l'abritait en partie de la fureur de la Nature commençait à être insuffisante quand une accalmie soudaine et inexplicable laissa ses oreilles sifflantes d'une tonitruante clameur. Intrigué par cette improbabilité, il risqua un oeil prudent en dehors de son refuge. Au loin, sortant de la forêt, marchait une silhouette entourée d'une aura tremblotante. La démarche résolue du personnage prouvait qu'il était déjà d'un bon niveau. Elle, en fait, car à mesure de son avance, il distinguait les vêtements de l'étrangère, révélant sa féminité. Les vêtements étaient cependant fort peu adaptés à ce climat, car relativement légers. Le druide (car c'en était un) sortit entièrement de son abri pour aller saluer la providentielle aide.

- Excusez-moi, mais si j'en juge par votre apparence et vos méthodes, je présume que vous appartenez au noble ordre des arcanes...

- Eh oui, c'est moi.

Elle s'interrompit un instant pour regarder un peu plus loin et reprit la parole.

- Mais qui est ce petit personnage ?

Surpris, le druide se retourna pour se retrouver face à une jeune femme, très petite, vêtue de cuir. Il ne l'avait pas entendue arriver, et se maudit intérieurement de son manque de vigilance. Il vit qu'elle était très jeune, paraissant sortir à peine de l'adolescence. Bien que sa tenue rouge et noire ne soit pas l'idéal dans un environnement arctique, elle paraissait se fondre dans le décor avec une grâce inattendue. A ses hanches étaient accrochés des gantelets au bout desquels des griffes brillaient dangereusement. Le druide déglutit péniblement en pensant à la finalité des ces accessoires.

- Bonjour ! dit-elle d'un ton enjoué. Vous aussi vous êtes là pour l'aventure ? J'avais entendu parler d'un donjon renfermant aventure, XP et trésors. Woah, c'est excitant, non ?

Le druide haussa un sourcil en se promettant de revoir ses cours de physionomie. Cette fille était immature et probablement inconsciente du danger qu'ils pourraient encourir dans cette quête.

- Quelle quête ? demanda innocemment la magicienne.

- Parce que tu es télépathe, en plus ?

- C'est un de mes petits talents, en effet.

- C'est bizarre, je n'en avais pas connaissance, et ce n'est dans aucun manuel.

- C'est normal ! On ne peut jamais savoir si l'auteur va jouer ou non avec la réalité. Tu sais, il se produit parfois des désordres cosmiques qui entraînent dans le continuum des dérivations qui à leur tour peuvent entraîner des perturbations qui se ressentent jusque dans notre réalité. Toutes les études là-dessus peuvent se trouver dans la Bibliothèque De La Connaissance Absolue Du Réel Et De Tout. De plus si on étudie de plus près la scholode de Gröngerbert , on remarque que...

- Je pense pas qu'on ait le temps pour discuter de ça... Si tu n'as pas remarqué, il fait un peu froid et je pense qu'on devrait rentrer, maintenant.

- Je ne suis pas sûre, objecta la jeune fille. J'ai entendu en ville des gens qui paraissaient intéressés par cette tour. Ce n'est pas totalement sûr, mais je pense que quelques bras en plus ne feront pas de mal, hein ?

- Elle n'a pas tort. De plus, si c'est le froid qui te gêne, je peux arranger ça...

Alors la mystique prononça une rapide incantation et pointa du doigt le sol. La neige fondit à toute allure et un feu s'alluma même sur les pierres blanches. Le druide allait la féliciter quand il aperçut du coin de l'oeil une forme arriver de derrière le mur du donjon. Un homme s'avançait résolument vers eux, une épée dans une main, un bouclier dans l'autre. Il rangea calmement son épée dans son fourreau et marcha tranquillement vers le petit groupe.

- Salut à vous, belle compagnie ! Vous m'attendiez ?

- Tu viens pour l'aventure ? hasarda le druide.

- Certes. Je suis paladin de l'ordre de La Lumière Étincelante De La Justice, De La Pureté Et De La Vérité Absolue, Destinée A Lutter Contre Le Mal Et Tout Et Tout....

- Aurais-tu par un extrêmement surprenant hasard un nom ? demanda la magicienne.

- D'où je viens, on m'appelle le paladin.

- Ah zut ! c'en est trop ! explosa la femme. D'abord on plagie, et maintenant, on n'a pas de nom. J'aurais dû choisir une aventure où l'auteur a plus d'imagination. Qu'est-ce que je suis venue foutre ici ?

- Excuse-moi, lui demanda poliment le druide, mais de quoi tu parles ?

- De quoi je parle ? Écoute, si je te demande ton nom, tu vas me répondre quoi ?

- ...

- Exactement ! Et je ne serais pas étonnée d'apprendre que la petite qui se trouve là s'appelle "l'assassin".

- PETITE ? Je suis pas plus petite que...

- Que Mikaimousse ?

Mikaimousse était le plus petit des êtres connus, ce qui ne fit qu'attiser la colère de l'assassin. Le paladin s'avança, afin d'éviter une confrontation plus qu'évidente depuis que la jeune fille avait porté ses mains à ses hanches avec un regard brûlant.

- Je vous en prie, les filles. Vous n'allez pas vous battre pour si peu...

- De quoi je me mêle ? rétorqua la magicienne. C'est une affaire entre la gnome et moi.

- Si tu cherches à avoir de quoi sertir des gemmes, je peux te faire des trous dans le corps, répondit la "gnome".

- Ouais, ben moi, je vais...

- T'auras pas le temps pasqueu...

- Et toi tu vas...

- VOS GUEULES ! tonna le druide. Y'a un mec bizarre qui s'approche.

- Tu vas pas remettre tes phrases piquées aux autres, lui jeta la magicienne.

Il ignora superbement cette remarque et se tourna ostensiblement vers l'homme qui venait vers eux en courant. Il paraissait à peine essoufflé et ne semblait pas incommodé par le froid. Son énorme gabarit interdisait toute tentative d'humour sur sa personne dans son rayon d'écoute. Accrochée dans son dos, une énorme lochabre dont le manche avait été en partie scié afin d'être plus facile à ranger. L'assassin, pourtant, dans sa juvénile stupidité, lança :

- Oh, un monstre !

- Gné ?

- Euh...

- Moi, barbare. Si toi embêter moi, moi décapiter toi !

- Ah ! haha... D'accccoooord.

- M'est avis que cet individu n'entre pas dans les critères standards de cognition, souffla la magicienne au paladin.

- Gné ?

- Oh, rien, noble barbare. Euh... Je disais que tu es, ben, euh... grand.

- Oh, merci. Moi fier être grand.

La magicienne soupira intérieurement.

- Bon, dit le druide, je pense qu'on peut y aller.

- On n'attend personne d'autre ? demanda la magicienne.

- Je ne crois pas. De toute façon, on peut pas attendre plus longtemps.

- Au fait, quel est le but de notre mission ? demanda innocemment l'assassin.

- Elle pouvait pas la fermer, celle-là ? siffla la magicienne entre ses dents.

- STOP ! dit le druide en voyant la fille porter rapidement ses mains à ses côtés. Nous devons détruire le mal.

- C'est tout ? ironisa la magicienne, même pas récupérer une statuette pour une prophétie ?

- S'il te plaît, c'est pas le moment...

- Enfin, intervint le paladin, c'est quand même ambitieux.

- Et ta quête de la pureté ?

- Compte sur moi, dit le paladin en se raidissant. Dis-moi juste qui il faut tuer.

- Baal.

- ...

- ...

- ...

- Gné ?

- Je crois que notre ami à muscles ici présent a parfaitement résumé la situation, dit alors la magicienne. Tu as bien dit Baal, le Tueur de Loi, le Destructeur de Tout, la Terreur de Partout et la Joie de Nulle Part ?

- Oui. Il y a un problème ?

- Nooooon. Je voulais juste savoir si j'avais bien compris.

- Alors on y va ?

Et les cinq compagnons s'enfoncèrent dans l'entrée obscure, les entraînant dans les abysses, vers des dangers inimaginables par l'esprit humain, qui auraient fait reculer les armées des Ténèbres, qui campait pourtant pas très loin de là, sans se soucier du donjon. Mais ceci sera conté dans le prochain épisode du "Donjon de Baalbaeuk".
La pièce dans laquelle la compagnie entra était de dimensions véritablement cyclopéennes. Les monstres du reste de l'acte y auraient facilement tenu. On distinguait le fond, sûrement très loin, car le plafond paraissait vraiment très près du sol, alors que là où ils étaient ils ne l'auraient pas touché en formant une échelle humaine. Il n'y avait âme qui vive, certes, mais une pléthore de cadavres jonchait le sol. Ces choses n'étaient pas humaines, et la boucherie paraissait assez récente. Mais rien de tout cela n'avait échappé à l'oeil aguerri des aventuriers. Enfin, du moins, trois d'entre eux.

- Mazette ! s'écria le paladin. Ca c'est du hall d'entrée. Je me demande combien de temps la femme de ménage va mettre pour nettoyer ce foutoir.

- Quoi ? demanda ingénument l'assassin.

- T'es aveugle ? Tu n'as pas vu les tas informes, devant nous ?

- Je t'ai pas causé, la prestidigitatrice. C'est au monsieur que je parle.

- Non, calmez-vous, les filles. Vous n'allez pas recommencer...

- Tu te mêles pas de ça, toi.

Pendant que la sorcière se préparait à se jeter dans la bagarre, le druide partit un peu en avant pour examiner les cadavres de plus près. En se penchant sur l'un d'entre eux, il remarqua des traces d'explosions, et regarda plus attentivement la disposition des corps. Ils semblaient avoir été fauchés par un souffle venant d'une créature dont les morceaux s'étaient incrustés dans les camarades alentours. Il ne restait de reconnaissable de cette créature que la tête, où une flèche était fichée entre les deux yeux. Le druide repartit vers le groupe où le paladin et le barbare retenaient respectivement l'assassin et la sorcière.

- Dites, les enfants, on a de la compagnie. Au moins deux, avec un assez bon niveau, d'après ce qui reste des bestioles, là.

- Pourquoi deux ?

- Un aventurier qui se diversifie trop est un aventurier mort. On a un archer et un nécromant en plus dans la tour. Au minimum.

- Ok. D'autres ennuis ?

- Ennuis ?

- Si c'est un groupe ennemi, ils risquent de nous tomber dessus. Si c'est un groupe ami, on va s'allier, les monstres seront plus forts, et on devra partager le trésor.

- Damned ! Je n'y pensais plus. Ce serait une sacrée fortune qui s'envolerait.

- Je croyais qu'on était là pour tuer Baal, intervint l'assassin.

- Mais c'est quand même bien si, au passage, on peut arriver à se faire un peu d'argent de poche, non ?

- Bon, alors qu'est-ce qu'on fait ?

Ils passèrent un petit moment en silence pour observer les lieux. Puis l'assassin prit la parole :

- C'est bizarre, mais cette salle est plutôt grande, non ?

- Tu nous apprends rien, mais continue, pour voir...

- Eh bien, étant donné qu'on a vu aussi l'extérieur, vous trouvez pas qu'ici, c'est plus grand ?

- Mais quel boulet ! explosa la sorcière. On t'a rien appris à l'école ? Je suppose que tu n'as jamais entendu parler de plans d'existence parallèles. La porte devait en fait être un portail, ajouta-t-elle un ton en-dessous, comme si elle réfléchissait tout haut.

- Ahhhhhhhh, d'accord.

- Ah bon ? T'as compris ? On va peut-être faire quelque chose de toi, alors.

- On recommence pas, ok ? Maintenant, mesdemoiselles, je vais vous demander de vous séparer et d'avancer de chaque côté de la file, on part en exploration. Merci d'avance... Non, tu arrêtes ton incantation, toi tu ranges ce piège à feu, et on repart calmement.

Ils avancèrent alors vers la porte qui était de l'autre côté de la salle (très loin, donc) en se frayant un chemin à travers les corps, en notant au passage des flèches cassées et des tas de glaise. Ils arrivèrent finalement au pas de la porte et s'arrêtèrent devant le problème qui se posait là.

- Ben qu'est-ce qui se passe ? demanda le druide et la magicienne qui étaient restés en retrait.

- Vous allez rire, dit l'assassin, il n'y a pas de serrure. Impossible d'utiliser mes talents.

- Gné !

- Il a dit que bordel, on va pas passer la nuit sur une p...

- Stop ! Je crois que j'ai compris. C'est bon, tu peux y aller.

Avec un léger sourire, le barbare sortit sa lochabre, testa le fil avec son pouce et commença à démolir consciencieusement la porte récalcitrante.

- Mais ça fait un boucan du diable ! cria le paladin.

- Il a jamais dit que ça serait silencieux, rétorqua la magicienne sur le même ton.

- Ouais. Mais en même temps, il dit pas grand chose.

- Je me comprends.

- Y'a que toi.

- Toi, la nabotte, t'vas voir ta tête à la sortie.

- Je t'attends avec impatience... dit-elle en caressant ostensiblement ses griffes.

_______________


- Je crois que c'est presque bon.

- Tu es sûre ? J'espère que tu as raison, j'ai l'impression que d'autres monstres se rapprochent. J'entends des coups répétés. Pourvu que mon mur tienne le coup.

- Est-ce qu'il t'a déjà lâché ? Aie confiance. On est déjà bien avancés, c'est pas le moment de faire demi-tour.

- Tu as raison. Mais alors dépêche toi. C'est pas que j'aie pas confiance, mais cet endroit me rend un peu nerveux.

- Pas de prob'... Voilà, c'est bon. On peut y aller.

- Ouf. Bon qu'est-ce qu'il y a derrière ? [il marcha prudemment dans le corridor] Qu'est-ce que c'est ? Comme c'est intéressant.

- quI eS-tU ?

- Oh, Seigneur ! Je.. Je suis vraiment navré ! Non, je,... je ne voulais pas vous déranger ! Non, je vous en prie,.. ne vous...

_______________


- Evidemment. Et qui a eu cette idée stupide ? demanda le paladin.

- C'est toi, répondit la magicienne. Quelques lignes plus haut, tu as autorisé le barbare à exploser la porte à coups...

- C'est bon, tu vas pas répéter tout le chapitre ! Non, ce que je veux dire, c'est qu'on est bien avancés, maintenant, avec une ex-porte détruite et un trou qui donne sur un mur de pierre. Et avec le raffut, tous les monstres du donjon vont accourir ici. Donc la question est : qu'est-ce qu'on fait, maintenant ?

Le druide réfléchit un moment en parcourant la salle du regard et dit :

- Bon. Il n'y a qu'une porte en dehors de celle où on est entré.

- On est d'accord.

- Ensuite, d'autres personnes sont passées avant nous, laissant pour preuve ces monstres, un peu partout.

- T'enfonces des portes ouvertes, là.

- C'est le cas de le dire. Bien. Donc il y a une issue. Et si on ne la voit pas, c'est ?

- C'est qu'elle est invisible !

- Pour une fois, la petite a raison, intervint la sorcière, mais elle est encore loin de la conclusion. La vraie porte est cachée par une illusion. Le sorcier qui l'a fabriquée est d'ailleurs très puissant, je ne ressens rien. Mais vas-y, expose-nous ton idée.

- Apparemment, tu la sais déjà. Tricheuse... Bon. Les illusions trompent l'esprit en agissant sur la logique. Je vais donc utiliser la logique pour détourner la logique. Celui qui a créé cette illusion ne voulait bloquer que des humains, afin que ses minions puissent se balader librement. N'ayant pas de monstre sous la main, je vais faire avec ce que j'ai.

Il porta alors trois doigts à ses lèvres et siffla deux notes graves et une suraiguë. Un loup surgit de l'entrée située à l'autre bout de la pièce et se dirigea à une vitesse vertigineuse vers le groupe, tout en évitant de toucher un seul corps étendu par terre. Il s'arrêta et tous purent enfin le voir, car il était presque impossible de bien le distinguer lorsqu'il courait à toute allure. Avec un pelage argenté presque brillant et une taille qui imposait le respect, le loup aurait pu être impressionnant. Deux choses contrastaient avec son aspect sauvage : ses lunettes de soleil et sa chemise à fleurs.

- Ca fait tellement longtemps que tu ne m'as pas appelé, je pensais que tu m'avais oublié. Qu'est-ce que tu faisais ?

- Désolé, mais le grizzly est plus pratique en combat. Là, on a un problème.

- Un seul ? Veinard.

- C'est pas le moment de faire de l'esprit. Au fait, pourquoi t'es habillé comme ça ?

- Vu que je suis pratiquement à la retraite à cause de ton manque de confiance en moi, je me suis acheté une petite île dans le sud, pour me reposer un peu.

- Ca explique pourquoi tu as mis tant de temps à venir. Tu pourrais enlever ces trucs ? Ca te va très mal et tu déconcentres tout le monde.

- Je vais mettre du temps à les enlever, tu vas me renvoyer au bout de deux secondes et je vais mettre un temps fou à les remettre. Alors, non.

- Bon, comme tu veux. Dis, on a une illusion sur les bras. Tu pourrais m'aider ?

- Le coup classique, quoi. Le long du mur de gauche, à vingt mètres environ du coin.

- Merci, vieux. A charge de revanche !

- J'attends toujours les trente-quatre fois précédentes, dit le loup en disparaissant prestement.

Les quatre autres aventuriers n'avaient que très peu suivi l'échange car ils avaient parlé en loup. Ils avaient encore du mal à se remettre de la vision de l'animal, sauf le barbare, qui ne suivait d'habitude pas grand chose.

- On y va ?

- Attends, j'ai pas tout compris, dit le paladin. Qu'est-ce qui s'est passé ?

- J'ai pas envie de tout réexpliquer. La sorcière pourra te renseigner.

- Ah, non. Tu n'as pas fait que parler en... enfin, quoi que ce soit, tu as pensé de la même manière. Et ça, j'ai pas compris.

- Gniark gniark !

- Je connais un gnome qui va se retrouver avec une orbe de glace dans la gueule...

- Même pas cap' !

- Chiche.

- STOP ! J'en ai marre de faire la police, dit le paladin. C'est le mal que je combats, pas les bêtises. Mais je peux voir le mal dans le fait que vous ralentissez la quête. Si ça continue, je vais sévir, et ça va faire mal. Alors on suit le druide et on discute pas.

Le mur de gauche de la salle était en tous points identique à ses trois frères, et il leur fut impossible de trouver la sortie secrète. ils fouillèrent à vingt mètres, à trente, partout et ne purent trouver le passage.

- Il se serait pas foutu de nous, ton copain ? demanda la sorcière après un quart d'heure de recherche.

- Nooooon. Il est taquin, mais il ne nous mettrait pas sur une fausse piste exprès.

- Tu crois ? Et la fois où il t'a envoyé sur le flanc du volcan en disant que c'était le seul endroit où on trouve de la neige fossile ? Et que le volcan s'est réveillé.

- Eh, mais comment tu sais ç... Arrête ! J'ai l'impression de pas avoir de crâne quand tu fais ça.
- N'empêche qu'il l'a fait.

- Mais là, j'étais seul. Il n'aurait pas envoyer balader quatre étrangers rien que pour me faire bisquer. Il est peut-être vache, mais il a un sens de l'honneur.

- Etre vache, pour un loup, c'est le comble. Eh, mais j'y pense... toi aussi, d'ailleurs, mais tu as dit qu'il ne pense pas comme nous. Quand il a dit le mur de gauche, c'était sa gauche, ou la gauche de la salle ?

- La salle, je suppose ?

- Nous avons immédiatement pensé la gauche de la salle, mais tu le voyais pendant qu'il parlait et il était dos à la porte.

- Hey ! Je m'en souviens même pas.

- Pas consciemment.

- [tilt]

- Exactement. Bon, on y va, ou on campe ici ?
- J'ai si froid... Je vais mourir ?

- Ne sois pas bête ! C'est tout à fait normal, tu t'es bagarré avec un monstre de glace. N'empêche qu'il était balèze, j'ai plus que la moitié de mon carquois. Il faudra que je trouve d'autres flèches.

- Ca va être facile, ici. T'as vu les bestioles ? Pas une qui puisse t'en fournir, ils n'attaquent qu'au corps à corps.

- T'as vraiment dû subir un choc violent. Les loots ne dépendent pas des armes des monstres. Et puis arrête de parler et détends-toi. Je crois qu'on est tranquille pour l'instant.

- En parlant de ça, qu'est-ce qu'on a gagné, cette fois ?

- Je t'ai dit d'arrêter de parler. En plus tu as l'air de ne plus savoir ce que tu dis. Ces machins, non seulement c'est résistant et vicieux, mais en plus c'est radin. Ils lâchent jamais rien.

- Je me demande quand même ce qu'il faisait si loin de la rivière glacée. D'habitude les monstres restent chez eux, non ?

- Tu as raison... Et.. Et si C'était sur le point de commencer ?

- Tu crois ?

- On ne peut pas être sûr. Mais il vaut mieux ne pas trop traîner. Pas le temps de dormir, je vais te donner une potion. Tant pis, ce serait mieux pour toi que tu te reposes un peu, mais le temps commence à jouer dans le camp adverse.

_______________


- Bon. On l'a quand même trouvé, ce passage. Ce que vous pouvez être soupçonneux !

- Oui, mais à cinquante mètres du coin. Ah, je te jure ! La prochaine fois, tu retiens ton loup jusqu'à ce qu'on trouve, d'accord ?

- J'ai rien dit... Il est juste très farceur, vous sav...

- Chut ! ordonna le paladin. J'entends du bruit. Planquez-vous !

- Où ça ? c'est un couloir.

- Ha.. Bon.............. Très bien. On recule et on envoie l'assassin en éclaireur.

- Hé ! Pourquoi moi ?

- C'est toi qui te caches le mieux dans l'ombre et qui es la plus furtive.

- C'est vrai, tu es arrivée juste derrière moi sans que je te remarque, la dernière fois, nota le druide.

- Euh... Ben... c'est que... voyez-vous, j'avais un TP caché juste derrière l'arbre. Hihi...hem.

- Bien joué. T'es niveau combien ? 2 ? 3 ? Reste tranquille et regarde les pros. Alors ? demanda la sorcière après un petit instant, qui y va ?

- Toi.

- Hé ! Pourquoi moi ?

- Ca se répète, par ici, dit le paladin. Si c'est des monstres, tu cries, tu fais un mur de feu pour bloquer le couloir et tu nous attends tranquillement. Sinon, tu cries, tu fais un mur de feu pour bloquer le couloir au cas où des monstres auraient entendu, et tu nous attends.

- Tranquillement ?

- C'est ça.

- Bon...

Pendant que les quatre prudents aventuriers reculaient stratégiquement, la sorcière avança à pas de loup vers l'extrémité du couloir en prenant soin de préparer un petit sort offensif, juste au cas où. La salle où aboutissait le chemin était en tous points effrayante. Aux murs pendouillaient des dizaines de corps, pas tous humains, et la pluparts semblaient pires dans la mort que dans la 'vie', car en se décomposant les chairs, fragilisées, avaient laissé s'échapper des cadavres les viscères gluantes. Certains de ces organes étaient tombés dans des braseros, donnant à la lumière des couleurs étranges, fantasmagoriques. Pourtant cela fascinait la magicienne, qui aurait dû entendre une petite alarme dans sa tête au moment où elle voyait ces lieux. Au mépris d'un danger qui la guettait ici plus que nulle part ailleurs, elle avança, comme hypnotisée, sans remarquer que les murs côté couloir avaient été reculés, permettant à d'éventuels défenseurs de tendre une embuscade sans que les assaillants puissent les voir, et ainsi prendre en tenaille l'adversaire.

- Mais qu'est-ce qu'elle fait ?

- Elle est peut-être morte, suggéra l'assassin.

- Tu devrais réfléchir avant de parler. D'après ce qu'on a vu d'elle, ce n'est pas le genre de fille à se laisser tuer comme ça.

- On va voir ?

- Gné.

Pendant que la sorcière avançait dans la salle, une herse cachée en haut du mur, invisible de l'extérieur, se baissa doucement, sans bruit, comme si elle avait été huilée methodiquement chaque jour. Ce ne fut qu'après que la grille fut fermée que le sortilège se dissipa. Alors, de derrière elle, des hurlements se firent entendre et des monstres surgirent d'un peu partout pour encercler la sorcière. Sa première pensée fut : " Qu'est-ce que je fous là, moi ? ", puis, se ressaisissant rapidement, elle esquiva de justesse le premier coup porté par le monstre le plus proche. Le deuxième assaut fut plus précis et la sorcière ne resta en vie que grâce à son bâton, qui avait détourné le coup suffisament pour qu'il ne soit pas létal. Elle lança un choc thermique afin de voir plus précisément ce qui se passait, et de fait, les monstres étant ralentis, elle put entr'apercevoir une échappatoire. Courant à travers la masse tant que le sort durait encore, la sorcière fonça vers le mur et attrappa la chaîne qui se balançait. Puis elle grimpa pour atteindre la corniche surplombant la pièce. Il était temps, car les monstres commençaient à dégeler. De son perchoir, la sorcière jaugea l'assemblée pour choisir un sort. Soudain, l'ambiance générale se réchauffa de façon significative. Les créatures commençaient même à brûler.

- Qu'est-ce qui se passe ? murmura la sorcière pour elle-même.

Une voix parvint de l'autre côté de la grille.

- Ohé, cria le druide, tout va bien là-dedans ? Le paladin est en train de maintenir une aura de feu sacré pour t'aider à t'en sortir. Fais vite ! Il est déjà faible !
- Ok ! Dis-lui de tenir encore un peu ! répondit la magicienne sur le même ton.

Elle réfléchit un instant et se décida pour l'orbe de glace.

- T'inquiète pas ! lança-t-elle à l'assassin. Je t'en garde une au frais pour plus tard.

Le projectile fendit l'air en direction du sol, et au moment où il allait toucher terre, il explosa en une myriade d'étincelants éclats de glace. Les susdits éclats allèrent se ficher dans les monstres, avec cependant une efficacité réduite du fait de la chaleur ambiante. Malgé cela, les dommages chez l'ennemi furent non négligeables et après queques vagues de feu en plus, il n'en restait plus un seul debout. Quand les lambeaux du dernier monstres furent tombés, la sorcière soupira et lança une boule de feu pour le plaisir, puis sauta et se réceptionna artistiquement sur ses jambes.

- Et maintenant ? demanda le druide. La grille est toujours fermée.

- Regarde et apprends, dit la sorcière d'un ton sentencieux.

Alors le barbare s'avança à travers le groupe, s'accroupit devant la herse et prit solidement appui sur le sol. Il banda ses muscles, et dans un effort titanesque, essaya de soulever le tas de fer réticent. Car en fait, il ne bougea pas d'un pouce, malgré les tentatives répétées du barbare qui avait trouvé plus fort que lui. L'assassin regarda la magicienne avec un sourire malicieux.

- Oh, ben tiens ! Se pourrait-il que dans mon sac j'aie une petite fiole d'acide couleur 00D550 qui ronge aciers et métaux en tous genres ? Ce serait idéal pour ça, là.

- On n'a pas toute la vie. Ce serait bien que tu te grouilles un peu, et que tu fasses preuve de bonne volonté, pour une fois.

- Bon, dit le druide en s'interposant, toi, tu utilises l'acide, parce qu'on voudrait passer et qu'on n'a pas d'autre chemin, et parce que tu vas te retrouver avec un mort sur la conscience étant donné que le paladin est faible et que c'est la sorcière qui a les potions de rajeunissement.

- D'accord, d'accord, on s'énerve pas. Je voulais juste que la nigaude poiraute encore un peu. Mais vu qu'on est en cas d'urgence...

Elle sortit de sa ceinture une petite bouteille contenant un liquide d'un vert bizarre, l'ouvrit et versa le contenu sur la grille, qui fondit presque instantanément. Après la solidification de la flaque de métal, le petit groupe entra dans la salle et ils allongèrent le paladin par terre.

- Je voudrais pas vous presser, dit le druide, mais cette ambiance de crypte me met plutôt mal à l'aise. Si tu pouvais le soigner, qu'on reparte et que...

Puis son regard se posa sur l'autre côté de la salle où se tenait, impassible, une grille identique à celle qu'ils venaient de traverser, si ce n'est que celle-ci était intacte. Et solide.

- Euh, dis-moi, ton acide, là... il t'en reste beaucoup ?

- Ben...... Tu vas rire, mais..

- AAARRRHHH !

Sans attendre la suite, le druide se jeta sur l'assassin pour essayer de l'étrangler, mais elle esquiva facilement l'assaut. Puis elle le plaqua au sol, l'empêchant de se relever.

- S'il y a une chose que je déteste, c'est les PK. Alors tu te calmes, tu te relèves doucement, et on réfléchit à une manière de s'en sortir, ok ? Et fais gaffe si jamais une crise te reprend, je pourrais croire que t'en es un.

Tous dans la pièce s'étaient arrêtés et avaient regardé l'assassin en action. Elle n'avait, il faut bien le dire, que peu prouvé sa valeur jusqu'ici. Le druide se jura intérieurement de ne plus jamais se fier à ses secondes impressions. La sorcière, bien qu'un peu surprise, profita du silence pour narguer l'assassin.

- Hé ! regarde un peu...

Elle tendit les bras et un souffle glacial partit de ses doigts pour aller heurter la grille. Une auréole bleutée se forma au centre de celle-ci, et la magicienne s'addressa au barbare.

- Après toi.

- Gné.

Il avança et d'un coup d'épaule bien ajusté, fit voler en éclats l'obstacle fragilsé par le gel. La coterie s'engagea dans un sombre corridor où un investissement en torches n'aurait pas été superflu. Du point de vue des aventuriers. Ils débouchèrent dans une toute petite salle, certes exigüe, mais calme.

- Dis-moi, demanda l'assassin à sa rivale, tu pouvais te libérer dès le début ?

- Évidemment.

- Mais alors pourquoi tu m'as laissée me ridiculiser ?

- Je crois que la réponse est dans la question, non ?

Laissant là l'assassin, la sorcière se dirigea vers le paladin qui s'était assis dans un coin.

- Ca va mieux ? Merci pour ton aide. Ca m'a aidée, si si. J'aurai pu m'en sortir seule, mais grâce à toi, c'est allé plus vite.

- Euh... Je dois le prendre comment ?

- Très bien, ne t'inquiète pas. Mais comment ça se fait que tu sois si vité épuisé par une aura ? Je croyais que ça ne te pompait que la mana...

- Je t'expliquerai un jour. En attendant, on doit continuer. On est plus près du but que jamais.

- Tu as raison. Bon ! cria-t-elle à la cantonnade. On reste ici environ une heure. Ensuite on repart direction les sous-sols. C'est généralement dans ces coins-là qu'on trouve les boss. Ils préfèrent les endroits enterrés, très profonds avec plusieurs niveaux de gardes. Mais ce n'est pas le moment de flancher. Aujourd'hui commence le règne de la résistance ; nous ne nous laisserons pas abattre devant la Terreur grandissante. L'ennemi est puissant, certes, mais nous, nous sommes pourtant là ! Nous sommes une équipe, et on est prêts ! Si nous sommes ici, maintenant, c'est pour se battre, alors nous nous battrons ! Pour la victoire, camarades !

- Tu devrais arrêter de faire des répliques longues comme des paragraphes. Ca a tendance à te monter à la tête...

- Quoi qu'il en soit, nous allons rester nous reposer, et puis on repartira. Pas d'objection ?

- Une question, hasarda le druide. Qui t'a élue chef ?

- Euh, toi, je crois. Oui, tu avais demandé le vote, et tu as même levé les deux mains. De plus, tu as préparé une petite médaille où il y a marqué "chef", je dois l'avoir quelque part, et...

- D'accord, c'est bon, n'en dis pas plus, je me rends...

- Dites, c'est un peu embarassant, dit le paladin, mais est-ce que quelqu'un pourrait m'aider... humpf... à me relever ? Je crois que mon armure coinçe un peu.
Quand la sorcière se réveilla, elle vit tout de suite qu'il y avait un problème. En premier lieu, elle n'aurait jamais dû s'endormir. Elle s'était assoupie depuis... Depuis quand, au fait ? Elle fouilla sa mémoire pour tenter de reconstituer les événments qui avaient mené là. Après leur petite halte, ils avaient trouvé un escalier descendant et l'avaient suivi. Arrivés en bas, une petite rixe avait éclaté, rixe pendant laquelle l'assassin avait lâchement griffé la sorcière sans aucun motif (à part - peut-être - le trait de feu qu'elle avait laissé échapper dans le dos de la jeune femme). Le paladin les avait séparées comme d'habitude, puis... puis ?... Le cours des choses échappait à la sorcière. C'était le noir total, le vide après ce moment. Une embuscade ? Un piège ? Elle n'en savait rien.

Un rayon de soleil vint la tirer de ses pensées. Un rayon de soleil ? Ils étaient donc au-dessus du niveau du sol ? Ils ?... Ou juste elle ?... Elle pensait encore à sa solitude, quand un grésillement se fit entendre à l'autre bout de la cellule :

- Frrrrccchhhhrrcchhh... Un, deux, un, deux. Test. Test. C'est bon, chef, allez-y.

- Hem hem... Je m'addresse aux aventuriers capturés récemment. Vous avez étés pris en train de violer un sol sacré, pour cela vous méritez la Peine. Vous en saurez plus prochainement. Ne comptez pas vous échapper, ce niveau sera votre tombeau. MWAHAHAHAHAHAHA !!!!! Crchhhhhhhhhh..........

Pas commode, le type, pensa la sorcière en se rapprochant du coin de la pièce d'où venait le bruit. Elle y trouva un petit objet bizarre, conique, relié au mur par un fil qui s'enfonçait à travers. Au centre du cône se trouvait un curieux... 'machin' ? qui avait la forme - avec beaucoup d'imagination - d'une bouche. Au-dessus du cône, deux antennes, sans utilité apparente. La sorcière manipula avec précaution l'appareillage pour tenter de découvrir son utilisation.

- Fouiiiiiiiiichhh... t'aime tellement, comment pourrais-je jam... Crrrrrrrr... front dégagé sur la majeure partie d'Entsteig, des températ... Grzzzrzzzz... depuis les Enfers, c'était P.P.D.Mon, à vous les stu... Frchhhhh... xécutés demain mati...... ien enfermés, auc...... tériel dans mon bureau, le mot de passe est...... ion", passe plus tard... Crfgergjhjiorj.....

Puis, le silence absolu. Un silence affreux, signe d'une solitue extrême, un silence qu'il est difficile de supporter. Stoïquement, la sorcière fit le tour de la pièce pour déterminer les issues. La fenêtre ? Trop haute. La porte ? Pourquoi pas... Solide, mais en bois, elle se dit qu'un petit barbecue s'imposait. Elle prit du recul pour ne pas être brûlée par les débris, et invoqua une boule de feu au creux de sa main. Laquelle disparut presque instantanément dans un petit 'pfouf', laissant la sorcière incrédule regarder sa main avec stupéfaction.

- MeCENSURECENS de saloCENSURECENSURE de faCENS de crotte ! Un bouclier occulte !

Ne pouvant se résoudre, à cause de sa maigre constitution, à enfoncer la porte, ce qui aurait causé et d'un une grande douleur à l'épaule, et de deux très peu de résultat en ce qui concerne la porte, elle s'assit contre le mur, et réfléchit à une manière de sortir de là sans trop de dégâts.

_______________


- Bouh... Pas commode, ce type, se dit le druide après le petit discours.

Il se leva, et remarqua le temps magnifique qu'il faisait dehors. " Dommage, un temps idéal pour la pêche. " Il regarda la pièce autour de lui, une petite cellule exigüe, d'environ... allez, 4 x 4 mètres, avec un plafond incroyablement haut. Il sonda soigneusement les murs, dans l'espoir de découvrir une faille, le moindre petit passage, mais en vain. On aurait dit que la salle avait été spécialement préparée pour lui. " Tant pis, il me reste la méthode bourrine. " Il siffla de nouveau, mais cette fois les notes étaient plus longues et plus graves, quatre en tout, après quoi il attendit. Longtemps. Un corbeau se matérialisa alors à ses côtés, portant dans son bec une lettre. Le druide, abasourdi, lui tint à peu près ce langage :

- Mais qu'est-ce que c'est que ce binz ? J'ai appelé le grizzly...

- Je suis désolé, mais j'ai des ordres. C'est pour toi, je sais pas ce que ça contient, je suis juste chargé de te le donner. Ne me blâme en rien dans cette affaire.

- Ouais... Allez, casse-toi. Pour la peine, t'auras pas de fromage. Tu le perds tout le temps.

- Radin ! J'ai pourtant dit qu'on ne m'y reprendrait plus...

- Oui, mais un peu tard. De tout façon, j'ai plus rien. On m'a tout pris.

Avec un croassement dédaigneux, le corbeau partit par où il était venu. Le druide prit le temps de lire la lettre, puis, les yeux exorbités, la relut encore deux fois pour s'assurer qu'il ne rêvait pas.

- MeCENSURECENS de saloCENSURECENSURE de faCENS de crotte ! (1)

[L'auteur vous demande d'être tolérants, je n'ai pas eu le courage de retranscrire ici la lettre à cause des fôtes d'ortograf. Sachez cependant que son contenu a de quoi donner au druide la possibilité de dire sa réplique. Le grizzly - car c'est lui - dit ici en des termes plus respectueux que le druide peut aller se faire voir, qu'il l'embête pas parce que le loup l'a invité à partager son cottage, qu'il lui enverra peut-être une carte postale, et qu'il en a marre d'être toujours celui qui se tape le sale boulot pour être révoqué dès qu'il a tapé qui il fallait, et que zut à la fin.]

- Fiez-vous aux compagnons animaux... Ouais, tu parles ! Bon, qu'est-ce que je vais faire, maintenant ? Je vois rien à faire, je peux pas utiliser le pouvoir de la Nature en intérieur, je parle tout seul, bla bla bla...

_______________


Debout au centre de la cellule, épuisé, le paladin se demandait comment il allait s'en sortir. Il avait tout essayé : l'enfoncement, les coups de poings, même les auras - pourtant si épuisantes -, rien n'y faisait, il avait juste droit aux quolibets du garde devant la porte. Il allait s'asseoir, quand il entendit un bruit sourd, suivi par celui d'un corps qui s'affaisse au sol. Puis, après quelques secondes de silence, un déclic retentit et la porte s'ouvrit pour laisser apparaître l'assassin souriante, une engeance majeure à ses pieds.

- Allez, sors, on n'a pas toute la vie...

- Comment as-tu fait pour te libérer ? Et pour arriver jusqu'ici ?

- Aucune serrure ne me résiste ! Et puis, j'ai pas besoin d'armes pour me battre.

- Curieux, j'en viendrais presque à t'apprécier.

- Connaissant l'esprit étriqué des paladins, tu m'en vois flattée.

- Je ne suis pas si classique que ça, comme paladin.

- Bon. On parlera plus tard, les autres attendent.

Ils se dirigèrent vers un couloir d'où venaient des beuglement terribles, comme si on appliquait des tisonniers rouges sur des plaies ouvertes. La porte d'où provenaient les hurlements était étonnamment bien gardée, trois sentinelles étant postées là. Avec une célérité peu commune, l'assassin se glissa derrière eux et, d'un magnifique coup de pied circulaire, les envoya au tapis tous les trois. Après ça, elle ouvrit la porte, révélant le barbare, hurlant et se débattant comme un forcené, enchaîné au mur de sa geôle. En voyant l'assassin, il se calma immédiatement.

- D'accoooord. Tranquille, gros nounours, on vient de libérer. Tu bouges pas, d'accord ?

- Gné.

Sitôt libre, le barbare déchaîné (2) se rua dans le couloir, courant à travers le niveau, criant toujours. Les deux aventuriers l'avaient perdu de vue, mais suivirent facilement la piste grâce aux cris.

_______________


La sorcière réfléchissait toujours à un plan d'évasion quand une tornade passa devant la porte, la réduisant presque en cure-dents, sans parler de la sentinelle postée devant. Tout ce qu'elle avait pu entendre était un hurlement rageur qui, après un effet doppler particulièrement marqué, disparut dans l'obscurité. Elle se hasarda prudemment dans le couloir, suivant la direction de la tornade. Elle déboucha dans une grande salle, apparemment le point central du niveau. Là étaient réunis le barbare essoufflé, l'assassin et le paladin en grande discussion, et le druide qui arrivait par un couloir auxiliaire.

- Impressionnant tout de même, je persiste, disait le paladin.

- Qu'est-ce qui ce passe ici ? demanda la sorcière.

- Le barbare a fait des trombes à mains nues, et l'assassin trouve que c'est complètement inutile, mais je maintiens que c'est impressionnant. Ca montre une grande maîtrise.

- Attends... Trombes à MAINS NUES ?

- Ouais... Pas mal, hein ?

- Ca m'avait l'air efficace, quand il est passé devant chez moi.

- Ben tiens... intervint l'assassin. Ca m'aurait étonnée que tu sois d'accord.

- N'empêche que c'est grâce à lui qu'on est libres.

- Ne me dis pas que tu ne lis plus les esprits ?!? C'est la meilleure nouvelle de la journée.

- Ta gueule. C'est qui alors ?

- C'est elle, répondit le paladin en désignant sa voisine.

- ... HEIN ?

- Nananère... Bon ben moi, je vais ouvrir cette porte.

- Pffff. Si le barbare n'a pas réussi, je ne vois pas comment tu pourrais...

- [CLIC]

- clic ?

- Si ces messieurs-dame veulent bien se donner la peine, dit l'assassin avec un sourire qui lui faisait trois fois le tour de la figure...

Ils progressèrent lentement dans le petit couloir, et débouchèrent dans une salle qu'on aurait pu qualifier de répugnante. Les murs rouge sang affichaient nombre de corps pendus par les mains, par le cou, et certains même par des choses qui n'étaient certainement pas humaines... Sur des tables, un peu partout, d'autres cadavres à moitié dévorés. Sur les rares endroits des murs dépourvus de carcasses, des bibliothèques pourries, remplies de livres moisis qui n'avaient sûrement pas été ouverts depuis des siècles, menaçaient de s'effondrer. Au bout de la salle, pas si grande que ça malgré la description, un coin calme, bizarre, n'ayant pas sa place ici, avec un bureau, une cheminée, et un fauteuil retourné, masquant aux aventuriers un éventuel occupant.

- Bienvenue... Je vous en prie, salissez-vous les pieds, ne venez pas faire de propretés... Vous êtes ici chez moi. Je suis étonné de votre persévérance, mais tout autant impressionné. Mais dans ce lieu s'achève votre quête. Vous pouvez noméroter vos abba... abitt... ababba... Vos jours sont comptés !

Il se retourna, révélant sa personne. C'était un homme, de noble allure, avec une grande prestance, même assis. Il se leva, et son visage passa dans un rayon de lumière, ce qui permit à tous de bien le dévisager. Sa peau, étonamment pâle, était mise en contraste par ses cheuveux du noir le plus profond, et par ses lèvres très rouges. Ils ne purent le voir que peu de temps, car il se rassit brusquement, tordu en deux, crispé, se tenant la tête à deux mains.

- Merde ! Qu'est-ce qui lui a pris de me mettre dans un bureau qui a vue sur l'extérieur ? Il veut se débarrasser de moi, ou quoi ?

- Votre patron, je ne sais pas, dit la sorcière, mais lui, là, il a l'air pressé de vous vaincre.

Le barbare, en effet, écumait de rage, se retenant difficilement de foncer vers le vampire pour le réduire en pièces. En fait, il ne se retenait pas vraiment, c'était le druide, ainsi que le paladin, qui le gardaient en arrière.

- Ah, toi... tu peux encore marcher ? Je dois avouer que tu m'impressionnes. Comment te portes-tu depuis notre dernière rencontre ? Beaucoup moins bien, on dirait. Enfin baste. Tu ne tiendras plus très longtemps.

- Euh... dit la magicienne à ses compagnons. Si c'est bien ce que je crois, on est en présence d'un des premiers lieutenants de Baal. Et pas des moins puissants. Ca va être serré...

- Si tu le d... Hey ! le barbare s'est échappé !

De fait, le colosse fonçait vers le boss, qui lui lançait des boules de feu, que le barbare esquivait tout en courant. Au dernier moment, dans un éclair de lucidité [réussite critique en jet d'intelligence], il sauta sur le côté, et ramassa sa lochabre, rangée à côté du matériel confisqué aux aventuriers. Il se retourna, faisant face, du haut des ses deux mètres neuf, au vampire qui semblait soudainement tout petit.

- Ah... héhé... Oui, bon, bienbien... Oui mais là, tu triches, avec ta vorpale, c'est sûr que maintanWOUAAAAH !

Sans lui laisser le temps de finir sa phrase, le géant avait bondi vers l'ennemi, qui se réfugia derrière une tapisserie tissée en peau, semblait-il. Le reste du groupe accourut, recupérant son équipement, tandis que le barbare déchirait la toile du mur, révélant un grand portail rouge. Ils se penchèrent, et aperçurent au travers une étendue herbeuse, avec quelques buissons épars un peu partout.

- Bon... On le suit ? demanda le druide.

- On n'a pas trop le choix, c'est la seule issue du niveau. Je ne sais pas si tu as vu, mais il n'y a pas d'escaliers, et l'ascenceur n'a pas été inventé à Sanctuary. Donc...

- Alea Jacta Est (3), trêve de palabres, on fonce !

Et ils s'engoufrèrent dans la sphère (4) écarlate. Après un léger temps de récupération nécessaire, comme après chaque portail, ils étaient prêts à continuer. Soudain, de derrière un buisson, surgit une créature résolument féminine. Elle s'avançait d'une étrange démarche vers le groupe, avec un balancement étrangement bizarre.

- Oh la vache ! dit le druide en écarquillant les yeux...

- Tu l'as dit, approuva le paladin.

- Quelqu'un a déjà fini en normal ? demanda la sorcière.

- Non, répondirent en choeur les membres de la coterie.

- Alors y'a un problème.

Des autres fourrés sortaient à leur tour des vaches. Le fait qu'elles soient bipèdes n'était pas le plus embêtant. Le plus gênant, en dehors de leur nombre croissant de plus en plus, était qu'elles paraissaient agressives, et très bien armées. Le combat s'annonçait rude.

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1 : Vive le copier/coller !

2 : Déchaîné... haha ! Vous avez compris ? HAHAHA... non ? pfffff... Allez relire vos Astérix.

3 : vient de 'Alea' : allez les gars ; 'Jacta' : fini de jacter ; 'Est' : on y va, c'est vers l'est.

4 : Pas vraiment une sphère, mais je n'arrive pas à trouver le terme exact pour cette forme. Disons... une ovoïde ?
- Où es-tu allée, ma soeur ?

- Tuer les cochons.

- Et toi, ma soeur ?

- La femme d'un matelot avait des châtaignes dans... (1) Qui êtes-vous ?

- Oups, excusez-moi. Nous cherchons un individu du nom de Baal. Vous l'avez peut-être croisé, il est aussi moche que vous trois réunies.

- Mes soeurs ! Une intruse s'est introduite dans la partie du donjon que nous a réservée le Maître ! Défendons notre demeure et la sécurité de la tour ! Nous...

Une flèche se ficha dans la poitrine de la sorcière qui venait de parler. Presque au milieu. En fait, légèrement en haut à droite par rapport au milieu pile. Bon, dans le coeur, quoi. Par conséquent, la femme s'écroula sans plus de bruit que le *vlouf* d'un vieux corps décrépit qui s'effondre. Les deux autres sorcières se regardèrent incrédules un petit moment, hésitant entre la riposte immédiate et la reddition non moins immédiate. Une autre voix s'éleva.

- C'est pas sérieux d'avoir laissé traîner cette marmite de glaise, mesdemoiselles. Je suppose que vous êtes célibataires, même moi qui ai l'habitude de traiter avec les cadavres, j'ai rarement vu quelque chose d'aussi moche. Donc, la glaise...

Il agita sa baguette d'ossements, et la marmite remua, puis du récipient sortit une main grotesque, déformée, dont les quatre doigts ressemblaient au mélange entre des saucisses cocktail et des boudins blancs. La main fut rapidement suivie par un bras, et aggrippa le rebord de la marmite, comme pour se donner une impulsion. En moins de temps qu'il n'en faut pour dire supercalifragilistiquexpialidocious cinq fois de suite sans se tromper, un golem était sorti de la glaise. Et la situation se compliqua singulièrement pour les deux survivantes. Qui ne le restèrent pas longtemps, vu la célérité du golem qui avait bénéficié de bonus conséquents. Une fois le petit massacre peinard achevé, l'amazone tira une flèche dans la tête de chacun des corps.

- Pourquoi tu utilises des flèches pour ça ?

- Je m'assure qu'elles sont bien mortes.

- C'est pas ce que je veux dire... Y'a des poignards faits pour.

- Désolée, déformation professionnelle. On continue ?

- Minute, je voudrais voir un peu ce qu'elles ont laissé. Alors... Quelques pièces, un fourbi d'alchimiste, une gemme de basse qualité, les griffes de Trang'Oul, une bouteille d'huile, du papier toilette, deux épon... LES Griffes ????

Oubliant toute dignité (2), il se jeta littéralement en direction des gants tant convoités, et retomba à son plus grand désarroi sur le sol dallé à trois mètres de l'artefact. L'amazone, en prenant son temps, se pencha pour les ramasser et les mettre dans son sac, le tout sous les yeux du nécromancien.

- Rends-les moi, voleuse ! Ils me sont précieux ! dit-il en se raclant la gorge d'une drôle de façon, sans doute dûe à la chute.

- Alors je veux ma Doctrine de M'avina.

- NON !! C'est moi qui l'ai eue !

- Et à quoi elle va te servir, cette ceinture ? M'avina, ou alors adieu Trang'Oul.

- Méheu... tu es cruelle.

- Et c'est toi qui dis ça ?

- D'accord, dit le nécromancien en se relevant péniblement.

Il s'approcha, la ceinture dans les mains, quand deux bestioles, surgirent de nulle part, l'une le frappa par derrière, suffisemment fort pour le déstabiliser et prendre la ceinture, et l'autre fit de même pour l'amazone et les gants. Puis elles s'enfuirent vers le couloir le plus proche. Posément, l'amazone sortit deux flèches de son carquois, pendant que son compagnon s'affolait. Elle visa l'ouverture du couloir dans lequel les deux créatures avaient déjà disparu, et relâcha la corde. Elles partirent alors, et tournèrent avec une synchronisation parfaite au coude du couloir, et un *pfout* indiqua que les cibles avaient été touchées.

Arrivant à hauteur des deux monstres, le nécromancien remarqua la prison de glace qui les entourait.

- Flèche de glace ET traceuse ? Tu combines tes capacités, maintenant ? On n'est pas dans Sacred !

- J'ai mes petits secrets, répondit-elle malicieusement...

_______________


Quatre ans plus tôt, vers 15h30.

- Bon, dites au Vénérable Arbre Mojo qu'il se débrouille pour son problème, Hyrule c'est un peu loin. Quelle est la prochaine affaire, Johnson ?

Assis confortablement dans son fauteuil, le directeur des relations héroïques gérait les conflits en cours et les puissances maléfiques émergentes. Johnson, son assistant, greffier et ami de toujours, feuilletait l'importante liasse de papiers recensant les problèmes du moment.

- Euh... Baal.

- Ah... quand même...... Bienbienbien. Envoyez l'agent Fisher, ça devrait aller.

- Il n'est pas disponible, il a pris des congés pour s'occuper de sa fille.

- Bon, pas grave. Euh, Snake devrait pouvoir s'en charger.

- Non, désolé. Il s'est cassé un ongle et ne peut plus bouger.

- Harry Potter ?

- Grippé.

- Donald Duck ?

- Il a signé avec Square et on n'a pas de nouvelles de lui pour le moment.

- Bon, il ne nous reste plus qu'une seule solution, dit-il en prenant son téléphone d'une main tremblante. Oui, le Bosquet Féérique ? le "cas particulier" est toujours chez vous ? Bien, nous avons besoin de lui. Oui, je sais que c'est étonnant, mais... non, je... oui, mais v... HO ! bon. Dites-lui de venir, point.

_______________


De nos jours, mais on se fiche de l'heure.

Le vent soufflait sur la plaine. Les cinq aventuriers, dos à dos, formant un cercle, jaugeaient leurs assaillantes. On pouvait sentir une tension dans l'air, et si en écoutant bien, en tendant l'oreille, on entendait un harmonica jouer un air de western, on n'allait vraiment pas bien. Un "Prêts ?" fit une cassure sonore au milieu des "Meuuuuh !". Aussitôt les aventuriers foncèrent vers la masse bovine, tranchant, griffant, brûlant, bref, exterminant une bonne partie des adversaires.

- On devrait trouver le chef ! L'avoir pourrait les faire reculer ! hurla la sorcière pour se faire entendre des autres.

- Bonne idée, mais où est-il ?

- Je crois que j'ai trouvé, dit l'assassin...

En effet, le couteau qu'elle venait de lancer en pleine tête d'une des vaches n'avait pas vraiment donné de résultats probants, qui plus est une onde de choc partit dans tous les sens au contact de l'arme. En gros, la vache-boss était devant eux. Par un réflexe de survie louable, et avec une incroyable coordination, ils se réfugièrent derrière un vieux muret branlant, mais qui tenait encore debout, pour éviter les éclairs et les dégâts électriques qui pouvaient faire somme toute assez mal.

- D'oh ! Ca c'est d'la vache de compétition, créfieu !

- Bon, dit la sorcière en ignorant le druide, j'ai une idée, elle peut marcher, mais je sens que notre vertueux compagnon ne va pas aimer.

- C'est bon, j'ai compris. T'en fais pas pour moi, mais essayez de faire vite...

Pendant que le paladin se concentrait, tout le monde prépara son équipement, qui des griffes et des explosifs, qui une hache, qui une petite liste de sorts somme toute efficace et dévastatrice. Puis ce fut le moment de foncer dans le tas, sans plus réfléchir. Ils arrivèrent à hauteur du bovin, qui les tenait cependant en respect grâce à la longueur de sa hallebarde. La sorcière lança un trait de feu vers les pattes arrières de la vache pour la déstabiliser, et, comme de raison, elle baissa sa garde un instant. Le druide invoqua des sarments pour immobiliser le boss, le barbare fit le tour de l'animal pour commencer à lui labourer le dos à coups de hache, et l'assassin sauta, assez spectaculairement, convenons-en, pour se retrouver sur les épaules de la vache et laboura consiencieusement son visage avec les griffes. Tout ceci fit fit se cabrer l'ennemi, découvrant son ventre sensible, et la sorcière ne tarda pas à enchaîner les boules de feu et de glace, car il faut bien varier les plaisirs. Tous étant protégés par l'aura anti-électricité du paladin, ils s'en sortirent sans mal, et le monstre s'écroula bientôt, dans un mugissement atroce.

- Tiens, les autres vaches ont disparu !

- Ca doit être parce que le boss est mort, répliqua la sorcière.

- [SBLAF]

- ????

Un bruit sourd parvint de derrière le muret, attirant les aventuriers vers l'endroit où gisait le paladin, à bout de souffle, comme s'il avait fait toutes les épreuves des JO d'été, sous une chaleur infernale, avec une armure de plates complète, et aucune assistance médicale, sans entraînement préalable, et était sur le point de perdre conscience. L'assassin se précipita, décrocha une potion de santé et la fit boire au paladin.

- Tiens, ça devrait te remettre sur pied.

- Glouglouglou.

- Je pense qu'est venu le temps des explications, dit la sorcière.

- Tu devrais déjà savoir, au vu de tes "anciens" talents, rétorqua sarcastiquement l'assassin.

- Moi, oui, mais peut-être serait-il temps que tout le monde le sache, afin de se connaître mieux pour fonctionner plus efficacement en groupe.

- Je pense que tu as raison... voilà,

"Je n'ai pas toujours été paladin de l'ordre de La Lumière Étincelante De La Justice, De La Pureté Et De La Vérité Absolue, Destinée A Lutter Contre Le Mal Et Tout Et Tout, auparavant j'étais contrebandier. Ne me regardez pas comme ça, moi aussi j'ai été jeune... J'oeuvrais à Lut Gholein, en compagnie de Meshif et Geglash. On était une bande de potes à l'époque, et nous avions monté une affaire de transport de marchandises et de personnes à travers Sanctuary, le tout, bien entendu, dans une illégalité relative, sachant que les bénéfices de nos transports -nous n'étions pas bénévoles, loin de là- n'étaient pas vraiment déclarés. Mais tout se passait à merveille, les fonctionnaires trop curieux se retrouvant miraculeusement avec une bonne somme d'argent entre les mains... Je vous ai déjà dit de ne pas me regarder comme ça. Je vous vois venir : comment est-il devenu paladin avec tout ça ? j'y viens, calmez-vous...

Bon. Un jour, alors que Meshif était parti avec une caravane inspecter des marchandises assez spéciales et ne devait rentrer que plusieurs jours plus tard, et que Geglash entretenait sa gueule de bois, une femme s'est présentée à moi. Elle devait embarquer de toute urgence en direction de l'ouest et ne voulait pas prendre la route du désert, pour des raisons de sécurité. Si elle avait su - et moi aussi, d'ailleurs-... Je me débrouillais pas mal avec notre bateau, Meshif était le spécialiste, mais j'avais fait assez de sorties en mer pour savoir le diriger, et Geglash s'occupait plutôt de la maintenance au sol... Il ne restait que moi, et je ne pouvais pas refuser l'appel d'une mignonne demoiselle en détresse -qui d'ailleurs payait rubis sur l'ongle-. Nous avons donc embarqué, mais j'ai oublié de consulter l'oracle de maythayofr'ahns, qui peut nous prédire quand sont réunies les meilleures conditions pour naviguer. Et je n'ai donc pas pu savoir qu'il y aurait une tempête juste sur notre route et qu'il serait trop tard pour faire demi-tour. Elle est arrivée subitement, alors qu'on ne voyait déjà plus les côtes de Lut Gholein.

Je me suis réveillé sur une plage, étonné d'être encore vivant, et plus qu'inquiet sur le sort de ma passagère -et accessoirement sur la réaction de Meshif à la disparition de son bateau- mais je n'ai pas eu le temps de m'en inquiéter longtemps, et je m'écroulai dans le sable. Je me réveillai plus tard, dans une sorte de temple, apparemment, un homme me regardant fixement. J'appris par la suite que c'était le père de la fille, et le grand-prêtre du temple, consacré à Hadriel -oui, il y a des gens qui vénèrent des archanges-. Il n'avait pas vraiment de colère envers moi, plutôt de la tristesse à propos de la catastrophe, et je décidai de me mettre à son service pour essayer de me faire pardonner. Et je suis entré dans l'ordre de La Lumière Étincelante De La Justice, De La Pureté Et De La Vérité Absolue, Destinée A Lutter Contre Le Mal Et Tout Et Tout. Nous n'avons pas un statut bien défini, donc notre nom est encore un peu court."

- Mais quel est le lien avec tes faiblesse concernant les auras ? questionna l'assassin.

- J'y viens. Vous avez remarqué que je ne me suis pas orienté vers la magie au début de ma carrière. Loin de là, même... Donc j'ai ce pendentif...

- Original, coupa le druide.

- Ce pendentif, donc, qui me sert à canaliser la magie à partir de ma propre énergie personnelle.

- En gros, tu pompes sur ta vie pour faire de la magie ?

- Mais c'est qu'elle est futée, notre génie, dit la sorcière.

- Je t'ai rien demandé, retourne jouer avec tes vaches.

- Tiens, c'est vrai, où sont-elles passées ? demanda le paladin

- Elles ont disparu à la mort du chef, répondit l'assassin.

- Oh... bon boulot.

- Tu as déjà essayé de l'enlever, je suppose ? dit-elle en s'approchant.

- Oui, mais j...

Un magnifique vol plané interrompit cette phrase, et l'assassin atterrit à une quinzaine de mètres de là.

Un peu plus tard...

- On dirait qu'elle revient à elle...

- Gné.

- Combien j'ai de doigts ?

- Mmmmmpfff... gah... quarante-deux.

- Elle a l'air d'aller bien, c'est bon.

- C'est une protection, je voulais te prévenir.

- Il est vachement sympa ton archange ! La vache, ça picote ce truc !

- Bon, allons-y, dit la sorcière, nous avons encore pas mal de chemin avant Baal, et ce serait bête de perdre trop de temps en route. La victoire devrait bientôt être à nous, en route, compagnons !

Alors qu'ils approchaient d'un bosquet pas trop loin, ils virent une silhouette déjà familière, malheureusement hors de portée immédiate. En les voyant, le vampire lanca dans leur direction un sortilège, et sauta dans le portail qui luisait entre les arbres. Il ne ciblait pas le groupe, car la boule d'énergie vint s'écraser à plusieurs mètres de la coterie, mais une boule de feu aurait été préférable... En effet, Jaillissant du sol à l'appel muet mais énergique du vampire, une horde de monstres (et pas des plus beaux) apparut, et après le temps d'une légère récupération post-invocatoire, se précipita (3) vers les aventuriers. Lesquels passèrent rapidement en revue les options possibles de réactions et choisirent la plus saine : fuir à toute allure vers le portail.

- Tu pourrais pas nous téléporter, histoire qu'on aille plus vite ?

- Je suis feu et glace. Pas éclair.

- Ca c'est pas de bol.

- Tais-toi et cours, nabot-girl.

Ils parvinrent à atteindre le vortex alors que les premiers monstres commençaient à leur lécher les talons. Le barbare les renvoya en arrière en trombant, ce qui lui permettait d'avancer tout en frappant (4), et l'assassin lançait des potions explosives. Ils sautèrent dans un joyeux désordre à travers l'orbe rouge, et la sorcière, sitôt arrivée, dressa un mur de feu pour dissuader les éventuels héros de passer. Il va sans dire que les monstres de base ne sachant pas passer les portails, cette précaution s'avéra inutile. Mais on ne sait jamais.

- On est où ?

_______________


1 : Le premier à trouver la suite de cette phrase aura la satisfaction d'avoir su percer à jour le mystère d'une référence pas facile. Le deuxième aussi. Et puis les autres aussi.

2 : On part du principe qu'il en a eu. Compliquez pas les choses, s'il vous plaît.

3 : C'est la horde qui se précipite. Donc singulier. Faut suivre, c'est un peu mou, aujourd'hui...

4 : Car il n'y a pas que des joueurs de Diablo2 qui lisent ceci.
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