Fanfiction Diablo II

Retour à la liste des Fanfiction

Le retour des Trois

Par SF
Les autres histoires de l'auteur

Chapitre 1 : la première pierre

Chapitre 2 : Tal Rasha

Chapitre 3 : Tristram

Chapitre 4 : La bataille d'Entseig

Chapitre 5 : Conseil de guerre

Chapitre 6 : Ruines

Chapitre 7 : Le puit

Chapitre 8 : Sescheron

Chapitre 9 : Le Sanctuaire du Chaos

Chapitre 10 : Flash

Chapitre 11 : La bataille du portail

Chapitre 12 : La sortie de l'enfer

Chapitre 13 : Le mot de la fin

Un vent gelé balayait les pentes enneigées du mont Arreat. Le siège d'Harrogath était désormais achevé et une atmosphère de calme régnait sur la Toundra Glacée trop longtemps ravagée par les combats. Les remparts de pierre disparaissaient peu à peu sous la neige ou s'effondraient dans les fossés dont les pieux en bois pourrissaient doucement.

Les rayon pâles de la lune faisaient baigner la scène dans une lueur laiteuse seulement perturbée par le flamboiement d'un puis infernal qui se refermait doucement. Une silhouette massive encapuchonnée dans une large cape grise en surgit et entreprit de gravir le mont Arreat d'un pas vif et assuré. La brise mordante faisait voler les pants élimés du vêtement, révélant des pattes imposantes couvertes d'épaisses écailles. Elle disparût dans le Chemin des Anciens.

Un animal poussa au loin une longue plainte déchirante qui fit vibrer l'air nocturne comme la corde trop tendue d'une Folle Furieuse après le tir. Le sifflement oppressant du vent qui montait vers le sommet du mont Arreat lui répondit d'un air lugubre en s'engouffrant sous les arches de pierre entourant l'Autel des Cieux sous le regard agressif des Nephalims statufiés.

Il y avait là Madawc Le Gardien, bien campé sur ses jambes, les bras levé au ciel comme s'il était en train de pousser un puissant cri de guerre. A sa droite se dressait Talic Le Défenseur, son large bouclier rond dans une main et une longue épée dans l'autre, prêt à tromber dans ses ennemis. Enfin, à Gauche de Madawc se tenait Korlic Le Protecteur, une immense hache entre les mains, figé dans la position du barbare qui, à peine retombé de son saut d'attaque, s'apprête à porter un coup très violent.

Un grincement aigu se fit entendre alors que la créature encapuchonnée émergeait du chemin des anciens. Elle se dirigea directement vers la grille du Donjon de la Pierre-Monde et la secoua brutalement en vain. Celle-ci ne bougea pas. La créature se retourna et s'élança jusqu'à l'Autel des Cieux qu'elle débarrassa de la couche de neige qui le recouvrait à l'aide d'une immense griffe. Elle lut alors d'une voix âcre l'incantation d'appel des Nephalims rédigée en runes ainsi découverte.

Le sol se mit à trembler alors qu'une voix d'outre-tombe déclamait une mise en garde pour quiconque tenterait de pénétrer le lieu sacré où avait résidé la Pierre-Monde. Soudain, la voix s'arrêta visiblement troublée. Lorsqu'elle reprit, le ton était emplis de colère et de haine:

"Azmodan, sombre démon de l'Enfer, que convoites-tu donc ici alors que la Pierre-Monde n'est plus ? Viendrais-tu chercher la dépouille putride de Baal afin d'assouvir un quelconque sombre dessein ?..."

Sans déserrer les crocs, le démon toisa les statues d'un air méprisant.

"Après tout, qu'importe. De toute façon, nous, les esprit des Nephalims ne te laisserons jamais accéder au Tempe de la victoire sur les trois. Nos lames réunies te renverront dans les Enfers que tu n'aurais jamais du quitter aussi sûrement que Tue L'Enfer pourfendant le déchu."

Aussitôt, les statues de pierre se changèrent en guerriers. D'un mouvement souple, le démon s'élança vers la porte du Donjon de la Pierre-Monde, sortant une large griffe de la cape et dépassa Madawc qui s'écroula coupé en deux au niveau de l'abdomen. De son corps sanguinolent s'éleva un nuage de poussière d'or qui reforma la statue à l'endroit qu'il n'avait pas quitté. D'un bond, Korlic fut sur le monstre qui, ouvrant largement la cape laissa voir son corps de lézard, ses yeux rouges maléfiques et les immenses griffes qui dépassaient de ses mains à la manière des katars de l'assassin et sur lesquelles Korlic s'empala lamentablement. Le corps se dissout à son tour en paillettes d'or. Stupéfait par la tournure catastrophique du combat, Talic tenta de fuir vers le chemin des anciens. Azmodan projeta sa longue langue rose à sa poursuite, le saisit à la taille et le ramena sur sa poitrine où il le broya entre ses griffes. Un amas de chair se répandit au sol avant de s'envoler à son tour vers son socle.

La grille du Donjon de la Pierre-Monde se déverrouilla dans un roulement d'engrenage. Le démon s'engagea dans les tunnels d'un pas vif, laissant flotter sa cape au vent frais du sous-sol. L'obscurité totale du lieu désert ne semblait pas le perturber. Il trouva facilement son chemin à travers les étages jusqu'à une pièce que l'absence de la Pierre-Monde rendait démesurément grande. Il jeta un regard dédaigneux vers un amas de petits tas d'or que personne n'avait pris la peine de ramasser et s'avança jusqu'au cadavre nauséabond de Baal que la décomposition prenait peu à peu. Des lambeaux de chair meurtrie visiblement parsemés d'impacts s'étiraient entre les os brisé apparents. La main droite crispée par la rigidité cadavérique serrait un objet brillant aux reflets jaunâtres. Azmodan écarta délicatement les doigts un à un et saisit la pierre d'âme qu'il présenta devant son visage afin de l'examiner. Un sourire crispé se dessina doucement sur ses lèvres violacées.
Les cinq torches placées aux pointes du large pentacle de sang dessiné au sol n'éclairaient pas les murs et le plafond de l'immense grotte dans laquelle ne parvenait aucune autre lumière. L'air était chaud et humide. Au centre du pentacle se dressait un tréteau en bois sur lequel un serviteur de la Destruction crucifié râlait ses derniers souffles. De ses membres percés coulait un sang abondant qui brillait légèrement à la lueur des flammes.

En face de lui se tenait Azmodan, le sourire aux lèvres, le torse relevé et le regard fier. Il observait la créature souffrir lentement d'un air calme et intéressé. Dans sa main droite brillait la pierre d'âme jaune au sommet légèrement abîmé. Il avança jusqu'au tréteau et caressa doucement de sa paume écailleuse le visage de la créature qui se figea aussitôt, terrifiée. Azmodan appuya la pierre sur le front de la créature aux yeux exorbités et l'enfonça sans efforts. Il recula ensuite pour observer la scène.

Le crucifié fut pris de violentes convulsions, ferma ses grands yeux noirs et poussa un long cri qui se perdit dans l'immensité de la pièce. Son corps se contracta violement et garda la pause quelques instants. Lorsqu'enfin il reprit de sa souplesse et ouvrit les yeux, ceux-ci étaient d'un bleu très pâle. Azmodan gloussa de plaisir.

- Ainsi Baal t'avait bien enfermé dans cette pierre, petit homme.

L'autre lui jeta un regard lourd de souffrance et de rancoeur qui le fit frissonner de plaisir.

- Parfait, ton savoir nous sera utile.

La créature répondit enfin:

- Jamais un Horadrim ne servira vos plan démoniaques, Azmodan.

- Voici donc que tu parles. Cela me remplit de joie. Bientôt tu chanteras pour nous et sur un autre air, crois moi. Si Baal a réussi à te briser, il n'y a aucune raison que nous n'y parvenions pas, Tal Rasha.

- Vous n'êtes pas lui.

- En effet, Baal n'aurait pas su s'occuper d'Izual comme je l'ai fait. Je suis bien plus que lui, mon ami. Cependant, rien ne vous oblige à souffrir. Je n'ai que deux questions pour vous.

- Eh bien posez-les, cela n'engage à rien.

- Très bien. Tout d'abord, Tyrael a brisé la Pierre-Monde et je voudrais savoir comment maintenir les puis infernaux de Harrogath ouverts. Ceux-ci se referment peu à peu et lorsqu'ils seront trop petits, nous ne disposeront plus d'aucun moyen pour rejoindre Sanctuary.

- Si la Pierre-monde est détruite, c'est normal que les différents plans dérivent et s'éloignent les uns des autres. Rien ne peut empêcher ça. Autre question?

- Cette réponse ne me plait pas. Tu en trouveras un autre. Voici l'autre question: Lorsque vous, Horadrims, avez emprisonné les frères démons dans les pierres d'âme, vous avez sûrement du faire quelque chose de leurs corps car vous ne disposiez pas de la puissance nécessaire pour les détruire. J'aimerais savoir où vous les cachez.

- Je ne connais pas la réponse à cette question. Un Horadrim a été chargé de les entreposer quelque part et de les protéger à jamais contre le démon.

- Alors peut-être devrais-je te tuer tout de suite.
La reconstruction de Tristram était presque achevée. Les murs calcinés des bâtiments avaient étés rasés et la construction de nouvelles bâtisses conçues à l'identique pointait sur sa fin. En fait, seuls les toits de chaume et quelques infrastructures commandées au charpentier manquaient encore. Dans le cimetière, quatre tombes fraîchement creusées portaient les noms de Pepin, Ogden, Wirth et Griswold. Les cercueils en métal fondus par le nouveau forgeron et bénis par le nouveau prètre ne s'ouvriraient pas d'eux même de si tôt.

Assis sur le rebord du puit à l'eau purifiée, Cain goûtait à la douceur de la fin d'après-midi en discutant paisiblement avec Adria. Les bruits sonores des marteaux résonnaient dans la place. Le soleil réchauffait le village de ses derniers rayons faiblissant doucement. Bientôt les hommes cesseraient le travail et entreraient dans l'auberge où le repas serait ponctués de gais discours et d'éclats de rire sonores. Cain ferma doucement les yeux. Il aimait cette vie.

Soudain, sans ouvrir les yeux, il aperçut une lueur rouge qui s'approchait de lui. Lorsqu'il les ouvrit, il aperçut une silhouette couverte d'une cape grise qui se tenait entre la forge et l'auberge, l'observant. La voix de Kain se fit grave:

- Adria. Toi et tous les villageois devez fuir la ville immédiatement.

- Qu'est-ce que...

- VITE !

Adria réagit aussitôt en maudissant par la terreur tous les villageois qu'elle voyait. Ceux-ci s'enfuirent au pas de course et elle les suivit. En quelques instants, Cain et la créature furent seuls. Celle-ci ne tenta rien pour retenir les faibles humains. Elle s'avança calmement vers l'Horadrim d'une démarche calme et dénuée d'agressivité.

- Bonsoir Cain. Voilà longtemps que nous ne nous sommes pas vus, n'est-ce pas ?

- Azmodan. Comment as-tu quitté ta demeure infernale ?

- Moi aussi suis heureux de te rencontrer à nouveau. Un ami à toi m'a dit que je te trouverait ici.

- J'ai beaucoup d'amis. Aucun d'entre eux ne te parlerait volontiers et tu n'as pas répondu à ma question.

- Tu as raison. Tal Rasha a été difficile à soumettre. Je crois que Baal ne l'a jamais vraiment possédé. Il l'avait juste "contenu". C'est lui qui m'a dit comment maintenir les puits des enfers ouverts dans les terres barbares. Un mage tel que toi aurait du s'assurer qu'elle se refermaient. Tu te fais vieux mon ami.

- Je ne suis pas votre ami et ces puits sont impossibles à maintenir ouverts.

- C'était aussi la première réponse de Tal Rasha. Cependant, il en a ensuite trouvé une autre. Dans la mesure où tu n'as même pas cherché à les défendre, j'imagine que tu ne la connais pas. Ca fait de lui un mage plus puissant que toi.

- Je ne suis pas un mage, je suis un érudit.

- Tu es bien plus que ça, Cain. Cela nous amène au motif de ma visite. Je me demandais pourquoi un immortel tel que toi pouvait s'enticher pour un village minable tel que Tristram. A moins qu'une raison supérieure ne te retienne ici, évidement. Tu dois te douter de ce que m'a révélé Tal Rasha, n'est-ce pas ?

- Vous êtes là pour les détruire ou pour les utiliser ?

- Tu te poses la mauvaise question, encore un fois. Tu devrais plutôt te demander si tu désires souffrir. De toute façon, que tu résistes ou non, tu finiras par me révéler où sont cachés les corps des frères démons.
Entseig est une contrée tranquille. Protégé par la sororité de l'Oeil Aveugle au sud et par Secheron au nord, ce royaume n'a jamais développé un art véritable de la guerre. Ses habitants vivent insouciamment du commerce du minerais de fer extrait près d'Harrogatgh et des fourrures des montagnes qu'ils échangent contre les céréales de la plaine et les armes magiques forgées à l'aide du Marteau d'Horadrim. Malgré les récent événements qui ont violement perturbé les principaux partenaires commerciaux de la contrée, l'économie se porte relativement bien et il y fait bon vivre.

Ce jour là, Entseig, pourtant en paix sur toutes ses frontières vit entrer sur ses terres les champions des tribus barbares menés par Qual-Kehk le meneur d'hommes qui descendaient vers la citadelle des rogues. Ils s'arrêtèrent à mi-chemin de la route du nord où trois chariots à boeufs se reposaient sur la rive sud d'une rivière, près d'un pont.

Les barbares se postèrent sur une colline de la rive nord et observèrent le meneur de chariot nourrir ses bêtes. Il portait une longue cape grise qui le masquait complètement. Qual-Kehk indiqua d'un signe de tête qu'il s'agissait bien de la proie recherchée. Il scruta attentivement les environs. Le pont était le seul moyen permettant de traverser la rivière et la créature le surveillait. Il serait difficile d'opérer une manoeuvre d'encerclement.

Sur la route sud apparurent les guerrières rogues, l'arc au cou et le carquois à l'épaule, sous la coupe de Kashya la puissante archère. Cain, couvert de bandages, désigna le convoi à l'arrêt et les rogues saisirent leurs arcs et se préparèrent à décocher. Azmodan les aperçut et jeta sa cape au sol.

Qual-Kehk donna l'ordre de charger. Les barbares descendirent la colline au pas de course en hurlant des cris de guerre et se ruèrent sur le pont. Une volée de flèche brillantes s'éleva du groupe de rogues. Le démon tendit le bras vers Kashya et prononça une brève incantation. Quatre seigneurs mortels champions apparurent parmi les archères, une hache dans chaque main.

Azmodan galopa férocement vers le pont. La plupart des flèches s'abattirent derrière lui.
Quelques barbares bondirent sur le démon pour lui porter un violent coup. Il pointa ses énormes griffes vers le ciel afin de les recevoir. Soudain, le trait intelligent de Kashya perça ses écailles dorsales. Deux barbares s'empalèrent sur les griffes. Un troisième porta un violent coup de hache dans l'épaule droite d'Azmodan d'où s'échappa un filet de sang vert. L'homme retomba face au démon qui, rejetant ses camarades à l'eau, saisit sa tête entre les dents et la broya avec le casque. Le reste du corps retomba mollement sur le sol.

Les rogues peinaient contre les champions seigneurs mortels. Gelés, maudits, empoisonnés, blessés, ils continuaient de frapper frénétiquement, augmentant peu à peu leur vitesse. Les archères touchées reculaient de quelques pas pour éviter les coup et lancer des tirs volant la vie. Lorsqu'elles se sentaient à nouveau d'attaque, elles remontaient au front afin de permettre à leurs soeurs de reculer. Une deuxième vague de barbares déferla sur Azmodan. Il tenta de brasser l'air devant lui de ses griffes mais quelques trombeurs le franchirent tout de même. Il se retourna pour les affronter. C'est alors que les berserkers le frappèrent violement dans le dos. Quatre coups consécutifs l'ébranlèrent légèrement. Tournoyant sur lui-même, il les faucha d'une griffe et reçut un nouvel assaut de trombeurs par derrière. Qual-Kehk s'avança entre les larges pattes du monstre dérouté et porta un violent coup de berserk près du coeur. Il fit ensuite un bond vers la rive sud qui lui permit d'éviter un coup de griffe. Les cadavres de barbares commençaient à s'amonceler sur le pont. Le démon se tourna vers le chef de guerre barbare et poussa un cri de haine. Une nouvelle attaque de trombeurs s'arrêta dans ses griffes couvertes de sang. Trois champions mortels s'effondrèrent, criblés de flèches.

Les barbares frénétiques l'attaquèrent dans le dos. Il se retourna vers eux et s'élança vers le nord en leur lançant des coups de griffes rapides dans les adversaires qui passaient dans son champ de vision. Qual-Kehk tenta de l'arrêter en lui sautant sur le dos mais il le manqua de peu. Lorsque Azmodan atteint la rive nord du pont, l'armée barbare était anéantie. Il lança un regard méprisant vers Qual-Kehk.

Le chef barbare ôta vivement son armure, se défit de son équipement, se jeta du pont et se laissa entraîner par le courant vers l'ouest. Le dernier seigneur mortel s'effondra. Les rogues se tournèrent vers le démon blessé et aperçurent le carnage à ses pieds. Kashya hurla :

- A l'assault, les filles ! N'économisez plus votre mana. Lancez tout ce que vous avez !!!

Le démon s'élança vers les archères, noyé sous une tempête de flèches dotées de différentes magies. Une malédiction de décrépitude le saisit, ralentissant légèrement sa course. Alors qu'il approchait des rogues, le trait intelligent de Kashya le toucha une deuxième fois. Une malédiction d'augmentation des blessures remplaça la précédente. Une rangée de soeurs se mit en première ligne afin d'encaisser les premiers assauts. Il la broya d'un coup de griffe et s'enfonça dans le groupe, abattant une fille à chaque coup. Le nuage de flèches qui l'entourait devint extrêmement confus. Les rogues commençaient à disparaître rapidement. Kashya donna l'ordre de retraite. Une autre flèche lança un sort de décrépitude sur le démon et les rogues se dispersèrent. Azmodan en rattrapa quelques unes et les abattit brutalement. Il abandonna enfin la poursuite et aperçut Cain s'éloigner vivement des chariots.

Il rejoint vivement le campement et découvrit les bêtes mortes et les chariots en feu. Il s'assit au centre du brasier d'où émergeaient des formes démoniaques et reprit calmement son souffle. Plus rien ne pouvait sauver ces chariots et leurs contenu ne craignait pas le feu. Il leva les yeux au ciel, heureux d'avoir remporté une si belle bataille. La mission se révélait plus difficile que prévu. Il n'aurait pas du venir seul.
Cain boita jusqu'au centre de la salle du banquet. Les tables étaient vides, les draperies au placard, les danseuses et les troubadours disparus. Aux places habituellement occupées par les riches marchands de la cour se tenaient moult guerriers au regards sombres venus de tout Sanctuary. Il y avait là assassins, nécromanciens, sorciers, paladins et autres amazones ou druides. Tous attendaient le discours du dernier Horadrim :

- Vous connaissez tous les circonstances de la fin des trois et le rôle joué par les démons secondaires dans leurs dernier assaut sur Sanctuary. Avant-hier, Azmodan est arrivé à Tristram. Il a révélé détenir Tal-Rasha qui lui aurait donné la façon de maintenir les puits infernaux ouverts. J'ai longtemps travaillé cette question et j'y ai finalement trouvé une réponse. Je pense que Baal avait enfermé l'esprit de Tal-Rasha dans la pierre d'âme. Azmodan a emporté cette pierre et a serti l'âme de Tal-Rasha dans le corps d'une créature infernale quelconque. Il a ensuite utilisé le lien très fort qui rattache le corps de Tal-Rasha situé dans Chambre de la Pierre-Monde à son âme en enfer pour rapprocher les deux plans qui, sinon, auraient flotté chacun de son côté comme des feuilles mortes au vent après que l'on ait retiré l'arbre qui les retenaient, ici la Pierre-Monde. J'espère être clair pour tout le monde.

- Mais ce corps doit être rongé par la pourriture. Aucune vie ne l'habite. Comment peut-il relier quoi que ce soit ?

- Ce corps a contenu un démon majeur. Il est bien plus résistant qu'un corps normal. Sa vigueur et son lien avec l'âme perdurent après la mort. Toujours est-il que les démons inférieurs peuvent agir de la même façon pour les trois démons majeurs. A Tristram étaient cachés les corps originels des trois frères. Une forme sous laquelle ils sont bien plus forts que lorsqu'il ne possèdent que le corps d'un jeune prince ou d'un simple héro. Une enveloppe si parfaite que seule une immense armée de puissants sorciers peut les vaincre, et ce, en les combattant séparément jour et nuit pendant plusieurs lunes. J'ai fait partie de cette armée. Beaucoup d'entre nous ont périt. Azmodan a trouvé ces corps et les emporte vers le nord afin de regagner sa demeure infernale. Les âmes de Diablo, Méphisto et Baal sont bannies depuis la destruction des pierres d'âme dans un plan à sens unique: une entrée, aucune sortie. Mais il existe une échappatoire. Les âmes n'ont pas besoin de leur corps pour vivre. Elles ne peuvent donc pas les chercher. Les corps par contre ont besoin d'une âme. Ils la cherchent et toutes leurs pensées sont tournées vers elle.

- Ahum !!!

- Oui, en effet, le terme "pensée" était mal choisi pour un corps sans âme, excusez-moi. Parlons de sensation ou d'instinct. Toujours est-il qu'en canalisant cette force, Azmodan saura rapprocher le plan des bannis et l'Enfer et, ainsi, faire revenir les trois âmes déchues. Il ne faut pas que cela arrive. Pour l'instant, nous sommes parvenus à arrêter Azmodan en plein Entseig. Ses chariots sont détruits et il ne peut porter seul les trois corps. Des rogues embusquées sont prêtes à se saisir des corps si il les abandonne pour aller chercher un moyen de transport. Nous pouvons donc affirmer avec une quasi-certitude qu'il n'en emportera qu'un seul. Voyons lequel il choisira. En attendant, nous devons chercher une solution pour monter une armée qui combattra ce redoutable démon ainsi que les âmes de ses deux frères qui s'engouffreront sûrement dans la brèche, serties dans des corps plus modestes.

- Pourquoi ne faisons-nous pas appel à l'Archange Tyrael. Il nous a déjà aidé bien des fois par le passé contre ces mêmes adversaires.

- Plus rien ne nous relie au Paradis. Ce plan est désormais inaccessible.

- Et le héro qui a tué les trois démons majeurs, où est-il ?

- Tyrael l'a emporté avec lui au Paradis afin qu'il ne meure pas après la fermeture de la porte, se retrouvant ainsi en âme errante sur Sanctuary ainsi que nous finiront tous.

L'assemblée frissonna et un violent brouhaha la parcourut.

- Ne pourrait-on pas...

Les lourdes portes de la salle s'ouvrirent en grand fracas et une rogue belle et jeune courut jusqu'à Cain en affichant un air extrêmement perturbé :

- Cain, il s'en va et il embarque les trois corps !

- Que dis-tu ? Mais comment a-t-il fait ?
Cain s'avança parmi les décombres du village de Tsausen. Des murs éboulés et calcinés s'élevait une acre odeur de chair brûlée. Le moulin n'était plus qu'un amas de pierres au bord de la rivière, la taverne, une ruine fumante et la forge, une enclume sur un tas de gravas. Certains corps s'étendaient sur des dizaines de mètres. Il entendait à peine la voix dans son dos qui marmonnait d'une voix lointaine un refrain qu'il n'avait que trop entendu en approchant du massacre :

- Il a plongé les corps dans la rivière et s'est laissé emporter avec eux jusqu'au premier village. Arrivé là, il les a sortis de l'eau sans prêter attention aux hurlements des villageois. Quelques-unes d'entre nous sont entrées dans le village pour les faire évacuer. C'est alors qu'il a laissé échapper sa colère. Ce monstre n'est que l'ombre de lui-même lorsqu'il est calme. La rage l'a rendu fou furieux.

Les battements de sang dans les tympans masquèrent la voix. Il se sentait tellement coupable. S'il n'avait pas brûlé les chariots, rien de tout cela ne serait arrivé. Il fallait venger cela. Ces morts ne devaient pas être vaines. Mais comment ?

La voix féminine effleurait à nouveau ses oreilles :

- Il a volé de nouveaux chariots, de nouveaux boeufs et a reprit la route du nord avec son précieux chargement. Nos efforts ont été vains. Tant de morts pour rien...

Cain leva les yeux sur la jeune rogue. Ils semblaient briller d'une lueur nouvelle, déterminée. Il parla d'une voix calme et ferme :

- Faites quérir les meilleurs chevaux de la région. Je pars sur l'heure avec Natalya et Trang'Oul pour Harrogath. Nous devons le devancer. Vous, les rogues, êtes chargées de le ralentir autant que possible. Rendez la route impraticable pour ses chariots. Provoquez des éboulements, détruisez les ponts. Des champions arrivent chaque jour plus nombreux. Ils vous aideront. Ne tentez rien d'inconsidéré.

- Mais que pensez vous trouver à Harrogath ?

- L'Enfer, jeune fille, simplement.
Un vent glacial balayait la Toundra Glacée. Une épaisse couche de neige épousant la forme découpée des ruines abandonnées qu'elle recouvrait s'étendait sur toute la plaine. Toute ? Non. Seul un petit espace circulaire résistait à l'envahisseur immaculé. D'un gouffre béant au centre s'élevait une lugubre lueur flamboyante.

Un roulement de sabots retentit au loin. Trois cavaliers approchaient au triple galop. Leurs montures exténuées s'arrêtèrent au bord du puit et ils mirent prestement pied à terre. L'assassine, vêtue de son Anathème scruta les environs d'un air suspicieux :

- Personne ? Etrange...

Le nécromancien, arborant son Avatar lança un long regard méfiant dans le gouffre. Un escalier de pierre y descendait. Cain invita ses compagnon à le précéder et ils s'enfoncèrent dans les profondeurs inquiétantes de la terre.

Au fur et à mesure qu'ils avançaient, la chaleur se faisait plus vive et l'odeur plus acre. Ils débouchèrent sur le bord d'une rivière de lave. A quelques mètres de l'escaliers, Andarielle surveillait, assise sur un large trône en os d'origine indéfinissable.

- Maintenant, il s'agit de ne pas se faire repérer.

Natalya enveloppa ses compagnons dans un manteau d'ombre et Trang'Oul se chargea d'embrouiller la démone. Les trois humains franchirent les dernières marches à pas de velours. Une bête de chair s'approcha d'eux. Trang'Oul la maudit aussi et elle passa près d'eux sans les voir. Ils avancèrent et tentèrent de s'éloigner de la démone discrètement en longeant le bord des îlots tout près des flots de lave bouillonnante. Cain tenta en vain de se retenir de penser à ce qui pourrait arriver au moindre faux pas. Après avoir contourné le trône, ils s'avancèrent sur une langue de terre s'éloignant de l'escalier.

Cain fronça les sourcils :

- Ainsi Azmodan n'opère pas seul. Les autres démons secondaires l'aident.

- Nous n'avons pas vu Duriel et Belial.

- Il y a deux sites plus importants pour eux à défendre que l'entrée des enfers : le corps de Tal-Rasha dans la chambre le la Pierre-monde, à moins qu'ils ne l'aient déplacé, et son âme quelque part en enfer. Ils y sont, sois en sûr.

Une créature butta contre Cain et posa les yeux sur lui. Soudain, ceux-ci s'écarquillèrent de stupeur. Elle venait de s'apercevoir que cet homme n'avait rien à faire là. Avant qu'elle n'ait pu hurler, une malédiction de résistance moindre s'abattit sur elle alors la lame gelée de la Marque de Natalya s'enfonçait dans sa gorge. Elle s'effondra sur le sol et son corps fut jeté dans les flammes.

Le groupe reprit son périple en enfer vers l'immense pentagramme du Sanctuaire du Chaos.
Le pont pivotant en pierre de Secheron gisait en gravas au fond des profondes douves de la citadelle. Les murs, malmenés lors du passage de Baal étaient bordés d'échafaudages en bois sur lesquels aucun ouvrier ne travaillait. Les rues vides de la ville étaient calmes et silencieuses. Les quelques oiseaux restant sur les toits décelèrent l'aura maléfique venant du sud et s'envolèrent.

De la route cabossée émergea un convoi de trois lourds chariots renforcés d'armatures de métal, tirés par des attelages de boeufs et menés par Azmodan dont les écailles vertes brillaient au soleil.

Il s'arrêta devant les douves et chercha un moyen de les contourner. A droite comme à gauche, elles se prolongeaient en un large ravin qui se poursuivait à perte de vue. Il lança un regard vers le bas puis releva la tête sur la lourde double-porte en bois renforcée de fer forgé, en face de lui. Il s'arrêta quelques instants pour réfléchir.

Il saisit un large rocher au bord de la route et le lança sur la porte. Celui-ci rebondit sur le boit en l'enfonçant légèrement et sombra dans le gouffre. Quelques autres rochers furent nécessaires pour percer la porte. Azmodan lança ensuite un regard sur les chariots. Il scruta longuement les montagnes. Il ne voyait personne mais était certain d'être suivi. Il s'approcha du premier attelage, détacha les animaux et les tua un à un. Il fit de même pour les deux autres chariots et empila les cadavres mutilés sur la route du sud. Si les humains voulaient emporter les corps, ils leur faudrait beaucoup de temps.
D'un bond, il franchit les douves et acheva de disloquer la porte qu'il jeta au fond du ravin. Il s'avança ensuite dans le hall immense de Sescheron jusqu'à la porte nord qui s'ouvrit sans difficulté sur l'avenue principale de la ville. De nombreux bâtiments étaient en réparation mais les habitants étaient partis. Les humains semblaient ne plus vouloir se battre depuis la bataille d'Entseig et cela convenait parfaitement au démon.

Il se mit en quête de matériaux lui permettant de rebâtir un pont pour ses chariots. Les échafaudages semblaient solides. Il en chercha un assez long pour couvrir la largeur du ravin et le traîna vers les portes.

Une enfant s'avança dans l'avenue, les yeux fixés sur le démon. Azmodan porta sur elle un regard froid. Elle portait une peau de bête, des bottines en cuir, ses cheveux blonds étaient défaits et elle ne semblait éprouver aucune peur. Le démon décida de l'ignorer et poursuivit sa tâche. Elle le suivit en silence.

Il passa une première planche au dessus du vide et éprouva sa solidité du bout du pied. La planche ploya dangereusement, indiquant clairement qu'elle ne supporterait pas le poids du démon. Il posa toutes les planches qu'il avait et retourna en ville en chercher d'autres.

Après quelques voyages, le pont fut assez solide pour supporter le poids d'Azmodan.

Il saisit le premier chariot et le poussa sur les planches. Celles-ci ployèrent violement dans un terrible grincement et il tira immédiatement le chariot sur la terre ferme.

La fillette s'assit à l'ombre dans le hall de Sescheron, observant la scène d'un air intéressé.
Azmodan défit la toile du chariot et déposa l'immense corps de Baal au sol. Il s'ornait d'immenses tentacules brunes qui gisaient, inertes dans la poussière. Son visage était si serein qu'on aurait pu croire qu'il dormait simplement. Azmodan fit traverser le chariot sans aucun problème et contourna consciencieusement la fillette pour le garer dans le hall.

Il déposa ensuite le corps de Diablo près de son frère. Ce corps rouge sang ressemblait beaucoup à celui qu'il s'était formé lors de sa dernière transformation devant la porte des enfers à Kurast. Cependant, le corps originel était plus grand, plus robuste et de nombreuses cornes d'os supplémentaires dépassaient de sa chair. Son chariot passa facilement le pont et alla rejoindre l'autre.
Ce fut le tour de Méphisto. Sa peau blanche semblait presque transparente. Contrairement à celui qu'il avait à Kurast, ce corps n'était pas sectionné au niveau de la taille. Il disposait donc de jambes robustes et d'une longue queue blanche au bords tranchants qui lui avait fait défaut pour se défendre au corps à corps.

Lorsque les trois chariots furent alignés dans l'avenue, Azmodan se pencha sur le corps de Baal, le saisit par les tentacules, fit signe à la fillette de s'écarter et le lança dans le hall. Il fit de même avec les deux autres démons majeurs et les chargea à nouveau dans les chariots.

Il se concentra un instant et prononça une brève incantation. Six champions seigneurs mortels apparurent et s'avancèrent vers la fillette qui les observait d'un air surpris. Il les arrêta et leur commanda de traîner les chariots vers le nord. Arrivé à l'autre bout de la ville, Azmodan se retourna. La fille le suivait toujours. Il ouvrit la porte nord, fit passer les chariots et la referma devant la fillette. Il reprit sa route vers les puits des enfers.
Cain, assis dans le creux d'un bloc de pierre volcanique transpirait abondement sous sa cape en attendant le retour des deux champions qui l'accompagnaient. Ils avaient avancé plusieurs heures durant à le long de la rivière de lave, se jetant de rochers en trous et de coffres en bannières afin de progresser sans se faire repérer et cela l'avait exténué. Outre le prodigieux effort physique requis, la chaleur infernale permanente achevait de le mettre en nage. Régulièrement, il tirait une outre de son sac et la portait à ses lèvres. A défaut de le rafraîchir, l'eau tiède qu'il en tirait lui permettait de combattre les étourdissements et la déshydratation.

Il leva les yeux et se concentra un instant sur le ciel. La voûte était d'un noir si parfait qu'il n'aurait su dire si il était dans une grotte dotée d'un très haut plafond ou si il contemplait un ciel nocturne totalement dénué d'étoiles. Il n'y avait rien, pas la moindre lumière ni la moindre forme. Même en écarquillant les yeux, dans lesquels coulait parfois une goutte de sueur salée, il ne voyait que du noir... du noir et le large visage du Corrupteur d'âmes. Cain recula de terreur :

- Vous... vous êtes mort ! Vous devriez être en enfer !

Il avait à peine fini de prononcer ces mots qu'il s'aperçut de leur absurdité. Le démon le regardait avec un sourire méprisant.

Il leva sa lourde épée au dessus de Cain. Un esprit d'os le heurta dans le dos et le déséquilibra. Il manqua son coup de peu et son épée fendit brutalement la roche près de la tête de l'Horadrim, lui projetant de petits éclats au visage.

Il se retourna et tomba face à face avec un guerrier de l'ombre qu'il carbonisa dans un long inferno. Un golem de feu s'éleva devant lui alors qu'un manteau des ombres s'abattait sur la zone. Il leva son épée et reçut une malédiction d'épines qui le meurtrit gravement lorsqu'il broya le golem en un seul coup. Une rapide série d'attaques du tigre, du cobra et de frappes du phénix lui labourèrent les côtes.
Il se tourna vers Natalya et lui lança un violent coup d'épée qui la jeta au sol. Lorsqu'il reçut une malédiction d'augmentation des blessures, son regard se posa sur Trang-Oul visiblement démuni sans ses ressuscités. Le démon s'avança, confiant, vers le nécromancien.

Natalya, blessée au visage s'élança dans le dos du démon et lui lança un coup de griffe dragon au niveau de la nuque, libérant les différentes attaques qu'elle avant chargées durant son premier assaut.
Le sort de Cobra absorba la vitalité de la créature soignant totalement le visage meurtri de l'assassine alors que l'attaque phénix lui causait de cuisants dommages de froid. Enfin, le puissant coup de serpe Suwayyah, renforcé par le tigre, la griffe de dragon et la malédiction d'augmentation des blessures s'enfonça dans le coup du démon, le figeant totalement.

Natalya s'écarta rapidement de l'ennemi. Cain sortit la tête de son trou pour l'observer. Immobile, il fixait Trang-Oul du regard. Il pencha doucement en avant et s'écroula sans vie sur le sol. Les trois humains soupirèrent de soulagement. Natalya prit la parole :

- Ces créatures sont trop fortes pour nous. Nous aurions très bien pu y passer aujourd'hui. Il ne faut surtout pas que nous nous fassions repérer à nouveau.

- Le Corrupteur d'âmes est un démon puissant, son âme ne tardera pas à se matérialiser en enfer et il sonnera l'alerte. Ne traînons pas ici. Le passage à travers le Sanctuaire du chaos est libre.

Les trois héros s'élancèrent, courbés, vers la zone où s'était effondré le Seigneur de la Terreur quelques mois plus tôt. Arrivés sur le pentagramme, Natalya et Trang-Oul saisirent leurs postes de garde d'où ils pouvaient scruter la zone, alors que Cain se penchait sur un corps humain laissé sans vie sur le sol.

Il s'agissait d'un barbare à la musculature fort développée. De nombreuses cicatrices parsemaient son corps, témoins d'une longue vie de combats. Cependant, parmi celles-ci, il y en avait une, très large et très marquée sur le front qui intéressait fortement le Horadrim.

- C'est bien lui, emportons-le.

Natalya lança un bref regard sur le corps :

- Cet homme n'est mort que depuis quelques jours, il n'a pas encore commencé à se décomposer...

- ... et il ne le fera jamais. Un démon majeur l'a occupé. Il y a laissé une partie de sa force, dont son immortalité.

Trang-Oul saisit le corps et le posa sur son épaule :

- Et on l'emporte où ?

- Il faut le ramener sur Sanctuary, il nous permettra de...

- CHHHHHHT ! ! ! Quelqu'un arrive !

Tous scrutèrent l'entrée du sanctuaire au sud. Azmodan et Andariel approchaient par le sud, apportant avec eux les trois chariots contenant les corps des frères démons traînés par une foule de créatures infernales.

Cain lança un regard pressant à ses compagnons :

- Vite fuyons ! ! !

Un passage vers le nord semblait libre. Ils y emportèrent le corps, en courant à en perdre haleine. Le littoral d'une immense mer de lave qui s'étendait jusqu'à l'horizon les arrêta. Ils se cachèrent près du sceau brisé du Lord de Seis et observèrent les créatures qui se rassemblaient sur le pentagramme.
Azmodan vida les trois chariots et disposa les corps sur le sol. Andariel fit le tour du cercle en faisant résonner le bruit de ses sabots sur la pierre et scruta les alentours. Les trois héros se tassèrent dans leur cachette. La voix sombre d'Azmodan s'éleva au dessus des cris furtifs des créatures infernales :

- Je propose que nous commencions le rituel, ma chère.

Celle-ci acquiesça de la tête et saisit un démon à deux mains dans lequel elle enfonça simultanément ses quatre griffes dorsales. Il mourut sur le coup. La démone passa la main dans le sang tiède qui coulait des larges blessures puis laissa tomber le corps au sol. Elle humecta ensuite les lèvres de Méphisto, Diablo et Baal à l'aide de ce sang.

Cain jura :

- Il nous faut du sang de Démon. Comment allons nous nous en procurer ?!

Natalya tendit près de son visage sa longue griffe encore couverte du sang rouge du Corrupteur d'âme. Cain en récolta un peu du bout du doigt manquant de peu de se couper et le déposa sur les lèvres violacées du corps du barbare. Il ouvrit ensuite son sac et en sortit quelques plumes, une fiole d'encre et un liasse de parchemins vierges juste à temps pour noter l'incantation qu'Azmodan entamait de sa voix grave.

Trang-Oul se pencha vers lui d'un air interrogateur mais Natalya lui lança un regard furieux en lui faisant signe de se taire. Il se contenta d'observer Cain remplir ses pages de runes incompréhensibles pour le profane.

Au bout de quelques instants, les trois corps se contractèrent nerveusement et ces mouvements incontrôlés durèrent jusqu'à la fin du rituel. Azmodan se tu enfin.

Andariel se pencha au dessus de Diablo désormais immobile et l'observa un instant :

- Et alors ? Rien n'a changé...

- Ici non mais son âme, où qu'elle soit, subit désormais une attraction qui rapproche notre plan de celui où elle se trouve. Et il en est de même pour les deux autres. Bientôt un portail s'ouvrira et Terreur, Haine et Destruction retrouveront leur puissance originelle pour conquérir Sanctuary.

Cain se tourna vers ses compagnons :

- Très bien, c'est à nous. L'âme du héro qui a libéré Albrecht de l'emprise du démon se trouve certainement au paradis. Je fais effectuer ce même rituel sur son corps et ouvrir un passage vers le Paradis. Peut-être là-bas trouverons-nous des forces suffisantes pour vaincre nos ennemis.
Le sol du Paradis était couvert d'une épaisse brume blanche qui s'étendait à perte de vue et se confondait, au loin, avec le ciel. De ce tapis semblable à un tiède coton vaporeux s'élevait une large porte de chêne couverte d'argent et d'or forgés en décors floraux. L'archange Tyrael s'avança, les ailles ondulant doucement derrière lui et poussa délicatement la porte. Celle-ci s'ouvrit sans un bruit sur une pièce de dimensions moyennes au centre de laquelle avait été creusée une piscine. La vapeur, perturbée par le mouvement de la porte se souleva en légères volutes qui se propagèrent entre des colonnes circulaires de marbre roux disposée en cercle autour de l'eau.

Assise sur les marches poreuses couvertes de fourrures de la piscine, les yeux clos, le sourire aux lèvres, Flash, enfant du Westmarch, élevée par les magicienne des clans de l'ouest et victorieuse des Trois se reposait paisiblement, entourée de Nayades qui se disputaient en riant. L'une d'elles lui effleura l'épaule et lui désigna l'Archange. La sorcière congédia les jeunes filles d'un geste, s'enveloppa de fourrures ruisselantes se leva pour accueillir Tyrael.

- Votre séjour dans notre demeure vous plait-il, jeune ensorceleuse ?

Flash lui lança un sourire tout à fait ravissant :

- La paix et la douceur de votre monde de velours me procurent un immense bien être et j'ai le sentiment que mon corps n'a jamais été aussi propre, sain et reposé qu'il l'est aujourd'hui. Tout est si merveilleusement pur ici que j'ai encore parfois du mal à ressentir la réalité de ce lieu. C'est comme un rêve qui dure et que dure...

- Cependant, il semblerait que quelque chose vous manque.

Flash lança un petit froncement de sourcil à peine perceptible qui tira un doux sourire sur les pâles lèvres de l'archange.

- C'est vrai. Mais je crains que cela n'ait pas vraiment sa place dans ici et j'en viens parfois à regretter de ne pouvoir regagner Sanctuary où je me sentais plus à ma place.

- Expliquez-moi.

- Lorsque j'apprenais la magie dans les territoires de l'ouest, on m'a appris à vénérer la pureté et la puissance et j'ai toujours éprouvé un brûlant plaisir à sentir le mana se courber dans mes doigts, m'envelopper pour parer les coups, prendre les formes que je lui imposais pour blesser mes ennemis. Ici, je ne perçois aucune puissance dans votre pureté. Tout me semble si doux, si immatériel. Je crois que c'est la violence et le sang qui me manquent.

- Vous savez pourtant que si vous étiez restée sur Sanctuary, le paradis vous aurait été interdit à jamais. Même après votre mort, vous seriez restée à contempler votre cadavre se décomposer jusqu'à ce que votre âme ne s'efface totalement, comme c'est le cas pour les hommes qui meurent en ce moment.

- Oui, c'est vrai, et cette idée me perturbait beaucoup au début mais aujourd'hui, l'ennui me gagne et je crains avoir fait un mauvais choix.

- Alors vous serez peut-être heureuse d'apprendre que ce choix ne sera peut-être pas définitif.

- Comment ? Que dites vous ?

Tyrael se laissa distraire par la beauté enivrante de ce visage si expressif et du faire un effort pour ne pas perdre le fil de la conversation.

- Nous étudions les interactions entre les plans. Depuis que la Pierre-Monde n'est plus, ceci devient extrêmement chaotique. Cependant, récemment, des mouvements très construits ont vu le jour. Tout d'abord, il semblerait que l'enfer et Sanctuary ne se sont jamais séparés. Il existe de nombreuses façons de faire naviguer les plans mais jusqu'à présent, aucun d'entre eux n'était connu par les hordes infernales. Ils ont donc volé ce savoir au seul homme qui le détenait encore : votre ami Cain.

- Vous pensez qu'ils l'ont enlevé ?

Une superbe expression d'inquiétude brouilla le visage de Flash, les yeux écarquillés, les lèvres entre-ouvertes, le teint à peine plus pâle.

- Je le crains, oui. Mais ce n'est pas tout. La méthode utilisée pour tracter deux plans de l'un vers l'autre nécessite que l'on possède le corps vivant d'une créature dans l'un et sont âme dans l'autre. Dans la mesure où l'Enfer et Sanctuary n'ont jamais cessé d'être reliés ensemble, transférer un âme ou un corps de l'un à l'autre était aisé. Cependant, deux autres plans sont aujourd'hui attirés par l'enfer. L'un des deux est le plan où les trois démons ont été bannis. Aucune âme n'en est jamais ressortie mais il semblerait qu'ils seront les premiers. L'autre plan dans ce cas est...

- Le nôtre.

- Vous comprenez vite.

- Où sont les armes que j'avais en arrivant ici ?

- Vous comprenez très vite. J'ai envoyé quelqu'un les chercher. Il y a quand même des choses que vous devez savoir avant de combattre.

- Je vous écoute.

- Lorsque le portail entre le Paradis et l'Enfer s'ouvrira, nous pouvons craindre un assaut majeur de démons sur ce plan. Comprenez bien qu'il est fort possible que les démons dominent Sanctuary, aient levé une importante armée en corrompant des humains et désirent effectuer une percée dans notre plan afin d'offrir un avant-poste aux trois frères en cadeau de bienvenue.

- J'y ai songé.

- A l'endroit où la porte s'ouvrira, nous n'avons pas les défenses nécessaires pour défendre le paradis. Il vous faudra donc sortir et refermer aussitôt le portail. Le contact entre le paradis et Sanctuary sera à nouveau perdu.

- J'ai toujours eu confiance en la lumière et en vous mon ami. Aussi suis-je surprise par la façon dont vous semblez abandonner Sanctuary à nos ennemis. Si je vous demandais de m'aider à défendre mon monde, vous battriez-vous à mes côtés ?

- Le Paradis doit être toujours apte à se défendre et nous ne disposons pas des forces nécessaires pour chasser les démons tout en gardant nos frontières. Je ne puis vous en parler en détails mais sachez que nous avons de nombreux ennemis. Il y a cependant une chose que vous pouvez savoir : la lumière forme actuellement de nombreux anges au combat en prévision de l'ère sombre qui arrive. Peut-être pourrons-nous vous aider si vous parvenez de nouveau à nous contacter.

- Je comprends votre situation et je garderai cette dernière phrase à l'esprit. J'espère sincèrement que nos chemins se croiseront à nouveau.

- Il y a une autre chose dont je veux m'entretenir avec vous. Lorsque le portail entre l'Enfer et le plan des bannis s'ouvrira, personne ne sait ce qui en sortira. Les démons l'ignorent et nous aussi, mais nous devons considérer l'éventualité qu'il puisse arriver une créature bien plus ancienne et puissante que les trois frères démons qu'il vous faudra combattre.

Une jeune fille en robe blanche entra, portant une grande brassée de vêtements et d'objets. Flash lui fit signe de les déposer au sol puis elle commença à s'habiller.

Elle enfila tout d'abord ses sous-vêtements et sa légère robe verte avant de passer au dessus une Carapace de Scarabée sertie de Sillon. Elle attacha ses longs cheveux bruns à l'aide d'un lacet et y déposa une couronne brillante d'Archange du Mage. Elle glissa un anneau Pierre de Jordanie sur chaque main, se passa une amulette Kaléidoscope de Mara autour du cou, enfila ses bottes Armure de Soie, passa une ceinture Piège Sinistre et enfila ses gants Brûlure de Glace. Elle ramassa son bouclier Mur-sans-Toit et sa baguette brûlée Terrifiante.

Ainsi vêtue, elle avait bien plus fière allure.

- Il y a encore une chose que je peux faire pour vous avant de vous envoyer au combat. Je vais augmenter vos aptitudes comme l'ont fait les anciens Nephalims, vous serez alors plus à même de vous défendre.

Il posa les mains sur les épaules nues de la jeune fille et un grand flot de lumière la traversa. Elle ferma les yeux et serra les dents en encaissant cette formidable augmentation de puissance. Au bout de quelques instants, le sort prit fin et l'ensorceleuse leva ses yeux brillants sur l'archange :

- Bon, on va où, maintenant ?

Le sourire aux lèvres, il lui fit une courte révérence en indiquant la porte. Flash sentit un doux frisson lui parcourir l'échine. Elle sentait son mana affluer dans les réserves supplémentaires que lui offraient son équipement. Elle avait hâte de se battre.
Natalya posa délicatement la main sur le corps inerte du héro :

- Il est chaud !

- Au moins on est sûrs qu'il se passe quelque chose...

- CHHHHT !

Trang-Oul lui lança un regard vexé. Il n'aimait pas qu'on le fasse taire ainsi. Il se détourna de ses compagnons et observa durant quelques instants les deux démons secondaires et leur foule de créatures, postés autour des Trois. Eux aussi semblaient attendre que le rituel fasse effet. Un bruit de mouvement brusque dans son dos le fit se retourner. Natalya s'était écartée vivement du corps au dessus duquel flottait la pâle lueur rouge d'un portail. Contrairement aux portails de ville qui s'ouvrent instantanément, celui-ci semblait peiner, s'élargissant peu à peu avec une lenteur passablement frustrante. Lorsqu'il fut assez large pour laisser passer un être humain, Flash en émergea brusquement et prit une position de combat. Cain tendit les mains en signe d'apaisement :

- Attendez !

- Cain ! Que fais-tu ici ? Qui a rappelé les seigneurs démons ?

- Je venais vous chercher, ma chère. Il semble que nous aurons à nouveau besoin de vos services. Azmodan et Andariel sont là-bas, près du pentagramme, et leur rituel d'appel des démons majeurs est terminé depuis longtemps.

- Ils savent que nous sommes là ?

- Non.

Trang-Oul leur coupa la parole :

- J'ai bien peur que si. Voici le Corrupteur d'âmes.

Flash reprit :

- Cain, comment brise-t-on le rituel ?

- Je n'en sais rien. Ce n'est pas pour ça que nous sommes ici. Je voulais simplement ouvrir une porte vers le paradis pour y trouver de l'aide. N'y a t'il pas une armée divine ? Où est Tyrael ?

- Il a détruit son épée dans la Pierre Monde. Il ne combat plus. Ton aide, c'est moi.

Elle saisit le corps du barbare sur le sol et le jeta dans le portail qui commença à se refermer doucement.

- Hey, que faites-vous ? Sans ce corps, il nous sera impossible de rouvrir un passage vers le Paradis.

- Les forces de la Lumière m'ont demandé de refermer le portail. Elles refusaient de laisser ouverte une telle brèche vers l'Enfer. Mais trêve de paroles, le temps nous est compté. Nous devons tout d'abord quitter le Sanctuaire du Chaos. Je vais nettoyer le pentagramme. Vous deux, vous pouvez lancer des explosions morbides, n'est-ce pas ?

Les deux champions acquiescèrent de la tête. Elle activa son bouclier de mana qui s'éleva en tourbillons autour d'elle faisant voler les pants de sa robe.

- Parfait. C'est votre sort le plus puissant. Vous me soutiendrez avec ça. Pendant que je me bats, contournez le combat et filez vers le sud. Je vous rejoindrai.

Elle fondit sur les ennemis en quelques téléportations et lança tout d'abord quelques orbes pour les ralentir. Lorsqu'elle atteint le pentagramme, elle lança une très rapide série de novas de haut niveau. En un instant, elle se retrouva au centre d'un large cercle de cadavres.

Azmodan se jeta sur elle et porta un violent coup de griffe... dans le vide. Il se retrouva dans un nuage de poison d'Andariel. Autour de lui, les corps se mirent à exploser lui causant de graves dommages. Déjà, Flash avait rasé deux autres cercles. En un instant, il n'y eut plus un seul démon mineur vivant sur le pentagramme. Flash chercha le Corrupteur d'âme du regard. Elle l'avait tué sans s'en rendre compte. Elle évita de peu une charge d'Azmodan et reçut de plein fouet la salve empoisonnée d'Andariel. Elle comprit instantanément qu'il fallait s'occuper de la démone en premier, sinon celle-ci la pilonnerait.

Soudain, une malédiction de résistance moindre se déposa sur la reine des enfers. La petite ensorceleuse ne pu s'empêcher de sourire. Elle se téléporta à ses pieds et lança une série de Novas. Paralysée par la douleur, Andariel ne parvint pas à se dépêtrer du cercle de foudre et s'écroula sur le champ de bataille.

Flash se téléporta plus loin, évitant de peu un violent coup d'Azmodan qui reçut immédiatement une orbe dans le dos. Elle se plaça dans une zone couverte de corps et commença à pilonner le démon à l'orbe. Celui-ci invoqua quatre champions Seigneur Venin qui se firent aussitôt désintégrer au Nova. Il se jeta sur elle mais elle se téléporta à nouveau. Les corps se mirent à nouveau à exploser. Azmodan sentait ses forces l'abandonner. Il lança un puissant cri de colère et reçut une orbe dans le front qui le projeta au sol. Aussitôt Flash fut sur lui, lançant des Novas. Mais le démon était déjà mort.

Au centre du pentagramme, un portail noir s'ouvrit, projetant une sombre aura maléfique. Soudain, un terrible flot de créatures étranges s'échappa du portail et se mit à envahir le Sanctuaire du Chaos. Flash lança des orbes et des novas à nouveau mais ses sorts ne contenaient pas le flux et du bientôt reculer, submergée sous le nombre.

Diablo, seigneur de la Terreur ouvrit doucement les yeux.

Au dessus de la marée de chair, Flash le vit lever les bras en prononçant un rituel. Elle lança aussitôt un sort de téléportation vers lui. Une terrible vague de feu circulaire apparut aux pieds du démon et se répandit dans le sanctuaire. Flash parvint de justesse à l'éviter en se téléportant à l'intérieur du cercle. Lorsqu'elle leva les yeux sur le champ de bataille, seuls Diablo et quelques créatures puissantes étaient encore debout. Du portail émergea une nouvelle vague de monstres.

Baal, seigneur de la Destruction se réveilla à son tour.

Il lança un tir circulaire de pointes de feu que Flash ne pu éviter qu'en se plaçant à nouveau au coeur du combat. Diablo lança un ruisseau de feu vers le portail afin de ralentir l'assaut puis se jeta de créature en créature, les abatant systématiquement d'un seul coup. Du portal surgit soudain une énorme éclaboussure de sang et le flux d'ennemi se tarit brusquement. Flash achevait une créature qu'elle avait congelée. De l'intérieur du portail surgirent de larges griffes qui étirèrent le passage afin de l'agrandir.

Méphisto, seigneur de la Haine se leva au milieu des corps. De sa voix rauque et caverneuse, il poussa un profond soupir de jouissance :

- Mes jaaaaaaaaaaaambes ! ! !

Une énorme créature humanoïde armée d'un glaive incandescent émergea du portail. Elle mesurait plus de deux fois la taille de Diablo lui-même. Flash tenta de fuir mais un nouveau cercle de feu la contraint à rester. La Haine s'élança d'un bond sur le monstre et lui lâcha une boule de froid à bout portant. Celui-ci tituba légèrement sous le choc. La Destruction lui lança une vague de froid qui le repoussa directement dans les bras de la Terreur. Une grillade infernale mit fin à ses jours. Le portail se referma.

A force de se téléporter pour éviter les violentes attaques des trois, Flash s'était retrouvée au milieu des ennemis. Les Trois s'avancèrent sur elle. Elle leur lança une orbe chacun mais seul Méphisto sembla perturbé par cette attaque. Les deux autres ne ralentirent même pas leur avancée. Flash leur lança alors un mur de feu les touchant tous deux. Baal parvint à lancer une malédiction de mana sanglant avant de ressentir les effets des flammes. Diablo poursuivit sa course et porta un violent coup à l'ensorceleuse. Le bouclier de mana vola en éclats et Flash s'écroula sur le sol.

Cain aperçut alors une image qui se grava à jamais dans son esprit. Flash se tenait genoux contre terre, le ventre tordu de douleur, les poings serrés sur ses armes et la tête levée vers le démon dont elle n'atteignait même pas la hanche. Sa réserve de mana presque vide depuis le choc ne lui était d'aucune utilité à cause de la malédiction. Elle était perdue. Diablo commença à invoquer le sort de grillade infernale. Cain sentit son estomac se nouer. Si elle mourrait ici, tout ce voyage n'aurait servi à rien. Il refusait de voir ça.

Flash, à court de puissance lança un sort peu coûteux : un champ statique. Son équipement lui doublait sa vitesse de sort. Elle toucha la première. Diablo ne s'attendait pas à perdre le quart de sa vie. Il recula sous le choc et manqua son attaque. La sorcière avala d'un trait une potion à la teinte violette, lança un second champ statique, puisant à nouveau sa puissance dans sa vitalité et fit un pas de côté pour éviter une boule de froid de Méphisto.

En quelques téléportations, elle disparut de la vue des Trois et rejoint les autres humains qui fuyaient vers le sud. Elle leur lança un sourire amusé :

- Dépêchez-vous, ils ont l'air en rogne contre moi.
Posté depuis plusieurs jours devant ce corps de membre du conseil habité par un humain, Duriel n'en pouvait plus. Le prisonnier ne cessait pas de parler, de l'insulter, le défier. Le démon l'aurait bien brisé mille fois mais il n'en avait pas l'autorisation. Si ce corps était tué, l'âme risquerait de regagner le sien et le portail vers Sanctuary se refermerait. De plus, Duriel l'aurait bien remise dans la pierre mais il ne savait comment procéder. Il n'était pas fait pour ce genre de poste. Il voulait regagner Lut-Gholein, tuer des humains, raser la ville, ramasser des repas hurlant dans les chaumières, marcher sous le soleil, se rafraîchir à l'eau d'un ruisseau troublée de sang. Ici, tout était si agressif. La vie n'était pas bonne et les plaisirs bien rares. Tout était bien mieux sur Sanctuary. Le plan des mortels avait toujours été un excellent avant poste pour attaquer le paradis. Les troupes infernales en partiraient avec un bien meilleur moral. Quelle chance que les Horadrims aient disparu. Tout devenait enfin possible.

Perdu dans ses pensée, Duriel n'aperçut pas le manteau des ombres, la malédiction de vision diminuée ni l'ensorceleuse qui s'abattirent sur lui. L'instant d'après, il était mort. Les créatures qui l'entouraient se jetèrent sur Flash et moururent de même en quelques sorts. Cain s'avança vers le corps crucifié accompagné de Natalya arborant un air grave et de Trang-Oul dont l'âme solitaire ne semblait pas se soucier de ses compagnons.

- Tal Rasha, c'est bien vous ?

- Cain, mon ami, me pardonnerez vous de vous avoir trahi ? Je n'ai su résister au pouvoir de ce monstre. Il a gravement altéré mon esprit. Je ne savais ce que je disais. J'en suis infiniment désolé.

Cain commença à le détacher :

- N'en parlons plus. Nous avons de bien plus graves problèmes. Les trois sont réveillés et seront bientôt là. Nous devons quitter ce monde et vite !

- Je crains de n'avoir manqué beaucoup de choses durant ces années de séquestration. Qui sont ces gens ?

Cain présenta rapidement la compagnie et remit les plus amples explications nécessaires à plus tard.

Tal Rasha ramassa la Pierre d'âme posée sur un socle tout près et tous prirent le chemin du puit.

- Si nous remontons tous sur Sanctuary et que le portail se referme, les Trois ne pourront plus quitter l'Enfer et nous en serons définitivement débarrassés.

- Alors dépêchons-nous.

Ils arrivèrent à la base du puit au bout d'un isme de terre dans une mer de lave. Andariel les y attendait. Flash s'élança sur elle, un sourire féroce sur les lèvres comme si tout ceci n'était pour elle qu'un simple jeu, mais la démone tendit les bras en signe d'apaisement.

- Attendez, je ne désire pas vous combattre. J'ai un message pour vous. Les Trois sont déjà sur Sanctuary. Vous arrivez trop tard encore une fois. Maintenant, voici ce que nous allons faire : J'ai besoin de garder le portail ouvert pour renvoyer sur Sanctuary les démons qui mourront au combat. Vous, vous avez besoin de le garder ouvert pour pouvoir espérer vous débarrasser des frères démons un jour. Vous savez que comme leurs pierres d'âme, leurs corps ne peuvent être détruits que dans la Forge des Enfers. Voilà pourquoi Tal Rasha restera avec moi.

Tous les regards se posèrent sur l'ancien Horadrim qui avait déjà assez souffert. Andariel lança un sourire triomphant :

- Nous n'avons pas jugé utile de défendre la porte car nous savions que vous ne vous permettriez pas de la refermer.

Tal Rasha s'avança d'un air résigné :

- Il nous reste une autre solution pour la garder ouverte.

Il s'élança sur Andariel, jetant sur elle un regard menaçant. Celle-ci entama un mouvement de parade mais hésita à frapper le mage qu'elle n'avait pas l'autorisation de tuer. Le visage crispé de la démone refléta un instant toutes les horreurs qu'elle avait à craindre des frères démons si elle était la cause du renfermement du puit. Elle savait qu'ils la retrouverait. Ils revenaient toujours. Tal Rasha profita de cet instant de doute pour lui enfoncer la pierre d'âme dans le front et prononça une incantation. Andariel s'effondra mollement. Il arracha la pierre du corps inerte et la lança à Flash :

- Voici son âme. Emportez-la sur Sanctuary et le portail restera ouvert. Sur ce, moi, je vous laisse.
Il courut jusqu'à la berge et exécuta un plongeon magnifique dans la lave en fusion. Au point où il avait disparu, une énorme flamme s'éleva du magma et une pluie de braises brillantes s'envola dans l'escalier. Cain pressa ses camarades :

- Vite, remontons.

Après plusieurs volées de marches, il débouchèrent dans le froid mordant de la Toundra Glacée. Au dessus d'eux, un large nuage noir se propageait circulairement autour du mont Arréat qui brillait d'une lumière flamboyante, tel un volcan actif.

- Notre quête s'achève ici. Il est temps de regagner la civilisation. Les hommes doivent connaître le danger qui les guette et préparer leur défense. Allons dès à présent de royaume en royaume créer la Grande Armée des Hommes.
Cain, Falsh, Natalya et Trang-Oul arrivèrent à Sescheron dans la soirée. Les habitants étaient déjà partis vers le sud mais la ville était pleine de combattants de tous les clans. Les deux champions regagnèrent le leur et une grande assemblée fut organisée pour décrire aux hommes l'immensité du malheur qui allait bientôt s'abattre sur Sanctuary. Flash écouta quelques instants puis, comprenant que sa présence n'était pas indispensable, elle sortit dans la nuit et alla s'asseoir sur un banc de pierre. Le vent frais qui balayait les rues la faisait frissonner mais elle ne semblait pas s'en soucier absorbée par la contemplation de la voûte étoilée. Seule une lueur rougeâtre venue du nord gâchait la netteté du ciel. Flash se prit à imaginer qu'un voile percé de trous minuscules recouvrait Sanctuary pour la protéger d'une lumière immense placée derrière. Le simple fait d'imaginer ce brasier au dessus d'elle, de rêver qu'elle s'y baignait suffisait à la réchauffer.

Un bruit de pas s'approchait d'elle. La tête renversée en arrière elle entrouvrit ses grands yeux noirs et aperçut Cain :

- Comment t'es tu éclipsé de cette conférence ennuyeuse ? Tu en étais le principal orateur.

- Je leur ai dit tout ce que je savais. Il conversent entre eux désormais.

- Leur as-tu dit qu'aucun de nous n'aura la force de vaincre ne serait-ce qu'un seul des Trois ?

- Je leur ai recommandé de tous rentrer chez eux où ils pourront lever la plus grande armée possible. Si tous les habitants de Sanctuary apprennent à se battre, nous auront peut-être une chance.

Flash replongée dans la contemplation des étoiles, ne pu retenir un sourire :

- Je me demande ce qu'en penseront les habitants d'Entseig.

- Je crains que cette armée ne soit pas suffisante pour nous débarrasser de ces monstres.

- Nous avons d'autres atouts.

- Pensez-vous ? Je me demande bien lesquels.

- Je te sens défaitiste Cain. Tu es un grand Horadrim mais tu as bien souvent un point de vue trop limité vis à vis de la guerre. Ne ressens-tu pas la pureté de ce moment ? Ne vois-tu pas la sublime tension qui nous saisit en cette heure de calme avant la plus grande guerre que Sanctuary n'ait jamais connue ? Tu dois apprendre à la sentir, à cesser de la craindre, à l'aimer même. Lorsque tu l'auras vaincue, alors plus rien ne pourra t'obscurcir l'esprit.

- Me demandez-vous de cesser de trembler pour Sanctuary alors que le monde que j'ai juré de protéger à jamais s'apprête à vivre ses pires instants ?

- Je te demande d'avoir foi en la lumière et en notre victoire. Ne crois pas que mes paroles sont naïves ou stupidement optimistes. Si tu pouvais réfléchir objectivement, tu verrais comme moi que l'Enfer se bat depuis toujours en déployant le maximum de sa puissance. La lumière au contraire a à peine entamé ses réserves. La lumière a assez de puissance pour terrasser plusieurs fois nos ennemis. Il ne nous reste plus qu'à la trouver.

- Et comment allons-nous faire ça ?

- Bientôt, une faille se fera dans cette réserve de puissance et sur Sanctuary se lèvera un héro si fort qu'il saura repousser les démon en Enfer. Pense aux anciennes batailles. La victoire est toujours arrivée ainsi. La seule chose que nous puissions faire, c'est entraîner tous les combattants possibles afin d'être sûr que ce héro saura se battre. Les clans se chargeront de cette tâche.

- Et vous, allez-vous rentrer à l'ouest, chez vos soeurs ?

- Je ne pense pas. J'ai envie de voyager, visiter les splendeurs de Sanctuary avant qu'elles ne soient détruites par la guerre.

Une haute silhouette vêtue d'une blouse apparut sur la route d'Harrogath. Avant même que les champions gardant Sescherons ne l'aient vue, Flash avait fondu sur elle, entourée d'un bouclier d'énergie. Il s'agissait d'un homme de bonne stature, couvert de sang et de cicatrices dont une très large sur la poitrine et possédant le regard froid du héro. Sa démarche était sûre et décidée et de son visage dur émanait une puissante détermination. Flash s'approcha de lui :

- Tal Rasha ! Vous êtes couvert de sang !

- N'aillez crainte, jeune ensorceleuse. Ce sang n'est pas le mien. Je crois que Belial ne s'attendait pas à ce que le corps qu'il gardait ne se relève.

- Vite, entrons dans la ville. Cain était très inquiet pour vous.

Les gardes ne firent aucune difficulté à faire entrer l'ancien Horadrim.

- Bonsoir Cain. Je reviens vers vous en cette heure de ténèbre. Puisse ma lumière protéger à nouveau Sanctuary du courroux démoniaque. Qu'ont fait les Horadrims de ma Grande-Cape lorsque vous m'avez enfermé dans le tombeau ?

- Oh ! Eh bien, elle doit s'y trouver toujours. Avez-vous toujours cette soif de victoire qui vous caractérisait jadis ?

- Plus que jamais ! J'ai désormais quelques vengeances personnelles à assouvir.

Flash lui effleura doucement l'épaule :

- Votre détermination fait plaisir à voir.

Tal Rasha reprit :

- Le plus urgent est de protéger les clans. Les Trois sont sur le mont Arréat où ils se font bâtir une sorte de palais par leurs laquais. les hommes voudront aller tout de suite au combat et il sera difficile de leur faire entendre raison. A part nous et vos deux camarades aucun humain n'a vu les corps actuels des trois frères démons.

Cain tenta de répliquer qu'il s'en était déjà chargé mais une toute petite voix le coupa dans son élan :

- Si, je les ai vus, moi. Et quand je serai grande, je les tuerai.

Flash se pencha sur l'adorable petite fille en haillons qui venait d'émerger de sa cachette :

- Comment t'appelle-tu, ma fille ?

- Je m'appelle Arwena et je ne suis la fille de personne.

- Tu veux apprendre à te battre, Arwena ?

La petite fille hocha vivement la tête en souriant. Flash se laissa séduire pas le charme de cette innocence.

- Alors je t'enseignerai. Désormais tu es ma fille. Où j'irai, tu iras et tu apprendras la science de la guerre dans chaque clan de Sanctuary. Tal Rasha, nous partons dès demain avec vous jusqu'à La passe des Rogues et nous poursuivrons jusqu'à Lut Gholein où vous récupérerez votre équipement. Ensuite, vous nous quitterez.

L'ancien Horadrim hocha la tête d'un ait entendu. Cain s'avança vers l'héroïne :

- Je vous accompagne.

- Oui, jusqu'à la Sororité de l'Oeil Aveugle. Ensuite, tu regagnes Tristram.

- Dois-je comprendre que vous jugez mes services si peu efficaces que vous le considérez comme inutiles ?

- Voyons, mon ami. Je te connais assez pour savoir ton importance capitale dans le combat qui va bientôt se jouer. Sache qu'à Tristram au fond du seizième sous-sol de l'église repose un corps d'enfant sans vie et couvert de poussière mais dépourvu de la moindre trace de décrépitude qui n'attend que toi.

- Albrecht !

- Emportez ce corps sur l'île de Lycander dans le territoire des amazones et ouvrez un portail vers le paradis. Tyrael m'a assuré qu'il saurait me fournir quelques combattants divins pour nous aider.
Elle marqua une courte pause mélodramatique et reprit :

- Messieurs, nous voici à l'aube de la plus grande guerre qu'il nous a été donné de voir. Désormais, les Trois sont secondés pas les quatre démons secondaires et toute leur clique de créatures infernales. De plus, après deux défaites, il est très peu probable que les frères démons se séparent à nouveau. Accordons maintenant une courte pensée à la plus belle victoire de tous les temps et au héro qui la remportera.

Bienvenue dans DIABLO 3 : La Grande Guerre de Sanctuary.
Aucun commentaire - [Poster un commentaire]
Il n'y a pas de commentaire. Soyez le premier à commenter cette histoire !

Poster un commentaire

Vous devez vous identifier pour poster un commentaire.
Nombre de visites sur l'accueil depuis la création du site Diablo II : 43.013.208 visites.
© Copyright 1998-2024 JudgeHype SRL. Reproduction totale ou partielle interdite sans l'autorisation de l'auteur. Politique de confidentialité.