Fanfiction Diablo II

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Le retour du Trio Infernal

Par Flameboy

Acte 1 : L'écho de la terreur

Acte 2 : La chute d’Andarielle

Acte 3 : Contre les frères

Acte 4 : Un nouveau départ

Acte 5 : L'épreuve du feu

Acte 6 : La fin de la Terreur

Acte 7 : La relève de Mephisto

Acte 8 : Une idylle déchue

Acte 9 : Rencontre tribale

Acte 10 : Chapitre inachevé

Acte 11 : La pureté d’une voix

Acte 12 : Genèse solaire

- Oyez, camarades !! Oyez!! Diablo marche de nouveau sur le monde!! Le règne de terreur connaît son renouveau en ses temps sereins de paix et de sérénité!! Oyez mes amis, oyez!! Oyez la fin du monde et le retour de la vague infernale...

Kamalh se réveilla en sursaut lorsque ces paroles pénétrèrent le creux de ses oreilles. Quelle était cette infamie? L'hypothèse d'une simple hallucination lui effleura l'esprit mais la voix reprit avec plus d'entrain et de conviction que jamais:

- Chaque pas de Diablo approche le jugement dernier!! Le mal renaît de ses cendres, la perte et l'oubli de votre misérable civilisation sont imminente!

Kamalh sortit en trombe de sa masure et déboula dans une ruelle éclairée par la lueur du matin. Il marcha d'un pas vif et appuyé jusqu'à la Grande place ou il aperçut l'annonciateur de ces tristes événements, c'était un homme drapé d'une cape noire et d'un capuchon dont on distinguait très mal les traits du visage. Il tenait à la main un morceau de parchemin qu'il brandissait avec une certaine fierté et ses paroles blasphématoires se répercutaient dans tout le village, aussi rapidement qu'une peste purulente...

- Mouahahahahaha! Courez à présent, courez à la ruines et à la fin du monde!! Courez au chaos et à la désolation, courez à votre...
Kamalh accéléra le pas en direction de l'importun et d'un geste brusque et inattendu, il l'empoigna par le col de sa cape et le souleva à plusieurs centimètres du sol. Les phrases de l'homme s'étouffèrent dans un hoquetement fluet. Kamalh souleva sa capuche et aperçut un visage à la teinte très pale, surmonté de cheveux blancs coiffés en une queue de cheval et des yeux verts sombres... Il se mit à rugir:

- Misérable loqueteux! Tu devrais être porté au bûcher pour de tel propos! Qui t'envoie ici? Parle!! Parle!!

L'homme drapé de noir approcha nonchalamment sa main de la poitrine de Kamalh et émit un ricanement goguenard, ce qui n'était pas un acte très adéquat étant donné sa situation. La colère emportait peu à peu Kamalh, mais lorsque les doigts de l'homme eut atteint sa poitrine, il ressentit soudain un choc violent et son coeur s'emballa. Il lâcha prise et fit quelques pas en arrière. Il s'arrêta, pliés en deux, les mains posées sur ses genoux et respirant profondément chaque bouffée d'air qui pénétrait l"intérieur de sa poitrine meurtrie d'on ne sait quelle façon par ce mystérieux étranger dont le rire s'intensifiait de plus en plus. Son regard se posa sur le barbare:

- Mouahahahaha! Ces barbares, tous les mêmes... N'apprendront-ils donc jamais qu'il ne faut pas jouer des poings face à un Nécromancien?

Et il éclatait de son incessant rire sardonique et agaçant. Les yeux de Kamalh s'écarquillèrent et il se releva d'un bond.

- Un nécromancien? Et pour quelle invraisemblable raison un Nécromancien viendrait s'aventurer dans nos contrés sauvages et reculées?

- Ne l'ai-je pas hurlé assez fort? Ou es-tu tout simplement bornée au point de ne pas vouloir accepter cette effroyable réalité? Diablo a annoncé son retour! Son règne de Terreur va connaître un renouveau! Nous sommes dévoués à la destruction et au chaos!

Kamalh sentait son sang battre dans ses oreilles et un frisson lui courut le long de l'échine. Le Nécromancien, au contraire, semblait jouir du plaisir d'annoncer cette sinistre nouvelle...

- Et qu'en est-il de Marius?

Le Nécromancien éclata d'un rire démesurément bruyant et claqua sa main contre sa cuisse. Il prit quelques secondes pour respirer et calmer sa folie et reprit:

- Marius, le héros qui a vaincu Diablo? Depuis le moment ou il s'est enfoncé la pierre d'âme du Seigneur de la Terreur dans son pauvre crane, il n'y a pas une personne qui n'ait pas douté de sa capacité à le gardé enfermé dans son esprit! Et leurs prémonition n'était pas fausse! En effet, depuis son retour a Tristram, les autorités religieuses doutaient de la santé mentale du pauvre Marius... Mais la puissance de Diablo submergea l'esprit vulnérable de Marius qui se vit posséder par... le Mal absolu! Diablo a complètement anéanti la ville de Tristram, il n'en reste que des ruines et des charnier fumants! Grâce au corps de Marius, Diablo peut voyager en toute liberté dans le monde entier, sous l'apparence... du Rôdeur!

Kamalh restait muet tandis que le Nécromancien continuait son macabre récit... Celui-ci s'arrêta un court instant, pris une profonde respiration comme pour rassemblé ses idées embrouillées par la cadence de son récit et l'ampleur des événements puis continua son discours:

- Diablo, le Rôdeur, compte à présent quérir l'aide de Baal, mais celui-ci reste confiné dans le corps de Tal-Rasha dans les bas fond du temple de Lut Golhein... Par chance, l'Archange Thyrael veille à la protection de ce temple... Mais voilà, la nouvelle est parvenue aux oreilles de Mephisto, le seigneur de la Haine... Celui ci décida d'entreprendre un une oeuvre pour quitter sa prison de Travincal... Nul ne sait si il est parvenu, les guerriers envoyer là haut ne sont, hélas, jamais revenu et nous n'avons plus de nouvelle de la Citée de Travincal depuis quelques temps déjà...
Kamalh resta immobile, les yeux rivés sur le sol comme s'il éprouvait un profond intérêt pour les pavés qui formait la Grande Place. Ses idées se bousculaient dans sa tête, perpétuellement, tandis que le Nécromancien, essoufflé par sa longue récitation, le fixait de son regard sombre et vide...

Tous ces événements semblaient tomber comme un éclair meurtrier visant à anéantir la race des hommes. Alors que le peuple libre de ce monde pensait que le calme était restauré et le mal anéanti, l'Obscur redoublait de puissance et de volonté, le répit offert n'était qu'une simple accalmie avant une nouvelles tempête infernale qui ravagerait sans nul doute toute la civilisation des hommes dans son sillage... Le barbare prit sa tête entre ses mains, cachant ainsi son visage et émit un rire nerveux. Le Nécromancien haussa des sourcils et semblait perturbé par la réaction du Barbare.

- Trouves-tu un quelconque trait comique à la fin du monde espèce de barbare inculte?

Kamalh stoppa net son rire et toussota, reprenant ses esprits égarés dans la confusion des événements et dont il ne parvenait pas à accepter les détails.

- Veuillez pardonner mon instant d'égarement... Dans ma quête de réponse, je pense avoir omis l'essentiel... Je me nomme moi-même Kamalh mais...qui êtes vous?

Un rictus effleura les lèvres du Nécromancien.

- Hum, Kamalh...Mon nom est Salamandar. On pourrait penser que, de par les arts que je maîtrise, je me suis adonné au mal, au vice et à la perfidie, mais, est ce je vous l'assure, il n'en est rien. Je garde mes services au noms des hommes et de Dieu, malgré les arts occultes que je possède et les blasphèmes que je proclame!

- Voilà une drôle de façon de montrer sa dévotion pour son Dieu! rétorqua ironiquement le barbare qui sourit malgré lui.
Salamandar ignora cette dernière remarque et continua ses présentations:

- Si je me présente en ces lieux, c'est que j'ai appris que le Camp Rogue d'Ashia, situé plus au sud, recrutait les meilleurs guerriers afin d'en sélectionner les plus aguerris. Ces derniers formeront un groupe destinés à détrôné, une fois de plus, Diablo et ses dévoués serviteurs.
Les yeux de Kamalh se remplirent d'une sorte de lueur d'espoir. Peut être allait-il le suivre, peut être Salamandar n'était pas passé par son ridicule petit village par inadvertance, peut être même que cela était tracé...Peut être était-ce sa destinée...

- Salamandar... j'aurais une faveur à te quémander... Je suis moi-même un brave guerrier et sans doute ne trouveras-tu une brute plus épaisse que moi dans les contrées alentours... Aurais-tu l'obligeance de m'accepter comme compagnon de voyage jusqu'au camp Rogue? Je t'en serais énormément reconnaissant...

Salamandar leva les yeux au ciel et son regard semblait se perdre dans l'immensité du firmament et, de ce fait, dans le trouble de ses pensées.
Il était vrai que l'aide d'un homme aussi massif que Kamalh ne serait pas de trop pour traverser les plaines de Tamoë peuplés depuis peu par les forces maléfiques. Mais, de plus, Blood Raven, la servante la plus dévoué d'Andarielle avait trouvé refuge dans la Nécropole, qui entravait son chemin... L'offre de Kamalh semblait plus qu'alléchante...

Salamandar resta muet un court instant encore puis répondit, l'air faussement détaché et presque ennuyé.

- J'ai mûrement réfléchi à ta question, Kamalh, et je pense que cela ne m'importerait en rien que tu m'accompagne dans mon périple à travers ces contrées lointaines. Je t'accorde ainsi donc le droit de m'accompagner!

Kamalh faillit trépigner de joie à ces dernières parole. Sa reconnaissance était telle qu'il ne trouvait pas quoi répondre à ce nécromancien, qu'il avait faillit étrangler il n'y a pas si longtemps que ça et à qui il devant tant de chose à présent...


Les premières lueurs du jours traversèrent les fenêtres sales de la masure de Kamalh. Celui-ci se leva d'un bond et s'empara de son paquetage posé juste a coté de lui. Toute la nuit il avait aspiré à ce moment, au moment ou il se lèverait sur ce jour de périple et d'aventure, ce jour ou voyagerait à travers l'inconnu. Il sortit de chez lui et constata que Salamandar l'attendait, appuyé contre l'un des murs de la maison, l'air absent et pensif, le visage dégagé et le regard perdus vers les cieux clairs.

Kamalh émit un petit toussotement rauque visant à sortir le Nécromancien de sa torpeur.

- Oh Kamalh! Te voilà enfin! Ainsi donc nous pouvons partir!

Il releva son capuchon et fixa Kamalh du regard dans l'attente d'une réponse. Kamalh acquiesça d'un signe de tête et suivit le Nécromancien qui avait entamé sa sortie du village. Le barbare jeta un dernier regard vers sa maison, puis sur son village, sur ces gens qu'ils connaissaient depuis si longtemps et qu'il allait abandonner sans aucun sentiments de regrets ni aucune scrupule... C'était normal, chez un barbare...

Les deux voyageurs marchaient depuis déjà plusieurs heures et les démons n'avaient pas l'air très matinaux aujourd'hui. En effet, Kamalh, qui serrait fortement sa hache entre ses mains, n'avaient pas vu son souhait d'avoir à l'utilisé s'exaucé. Mais qu'à cela ne tienne, il gardait son même sourire joyeux et son coeur restait gonflés d'espoir et de confiance, car bientôt il le sentait, ses attentes serait confirmées...

Un épais brouillage se dessinait droit devant les yeux de Salamandar qui stoppa sa course quasi instantanément. Il jeta un regard à Kamalh qui se tenait juste derrière lui et le pria de tendre l'oreille et se mit à murmurer:

- Regarde au loin, ceci n'est autre que la Nécropole...

Kamalh eut un tressaillement. La Nécropole de Tamoë, il n'avait que trop entendu de sombre et macabre histoire a son sujet et cette vision ne présageait rien de bon... Salamandar reprit:

- Dans cette Nécropole règne Blood Raven, servante d'Andarielle qui dévoue sa vie à ressusciter les morts de cet immense cimetière. Ces morts-vivants viendront remplir les rangs de l'armée d'Andarielle, au Monastère... Nous devons traverser cette Nécropole, Kamalh, il nous faut tuer Blood Raven si nous voulons nous en sortir vivants... Ce n'est pas une options... c'est une fatalité...

Kamalh plongea son regard dans l'épais brouillard, comme pour y trouver une réponse. Mais rient ne vint, il devait prendre une décision maintenant... Salamandar avait eut la grâce de l'emmener jusqu'ici, il n'allait pas l'abandonner en ces lieux nécrotiques... C'était le moment ou jamais de prouver sa reconnaissance et sa bravoure.

- Allons-y! s'exclama Kamalh, d'une voix tremblante dont on distinguait mal la détermination.

Salamandar reprit sa marche avec plus d'entrain et de vigueur qu'auparavant et ne s'arrêta qu'aux immenses grilles de la Nécropole. Il échangea un dernier regard avec Kamalh et tous deux s'enfoncèrent dans les ténèbres de la Nécropole...

- Hum... L'odeur familière de la mort... murmura le Nécromancien.

Kamalh ne semblait, quant à lui guère rassuré par toutes ces tombes entre lesquels ils slalomaient habilement, lui et Salamandar, à la recherche de Blood Raven... Dont ils ignoraient tout de sa puissance ou même de son apparence.

Un rire sardonique retentit aux oreilles des deux guerriers qui se tenaient à présent immobile au milieu des tombes. Le rire s'élevait dans l'obscurité et soudain, dans une explosion sourde, une main sortit de la terre et saisit la jambe de Kamalh qui la repoussa d'un coup de pied. Bientôt, des centaines de cadavres putréfiés s'élevaient du sol pour se dresser sur leurs pieds, se rangeant comme une armée inhumaine et irréaliste. une silhouette féminine sortit de la pénombre et traversa les rangs des légions morts vivantes qui s'écarta puis se referma sur son passage... Mais plus l'ombre s'approchait, plus les deux compagnons pouvaient constater que cette femme n'avait plus rien de féminin, plus rien ne serait ce d'humain... En effet, la peau putréfiée par la mort, les cheveux souillées par la vermine de la terre et les yeux rouges vides de toutes émotions, cette personne n'avait décidément rien d'humain...

- Blood Raven... bogeys Salamandar.

Kamalh sentit son sang se glacer dans ses veines et ses doigts se crispèrent un peu plus sur sa hache. Blood Raven roula des yeux et son regard se figea sur le Nécromancien, toujours encapuchonné et drapé de sa cape...

- SILENCE !! hurla-t-elle d'une voix rauque et démoniaque qui résonna pendant longtemps en écho entre les tombes et les charniers, brisant le silence angoissant de la Nécropole.

Kamalh tressaillit une fois de plus et fut tenté de faire quelques pas en arrière, mais il ne fit rien, il persévérait à rester immobile, plongeant son regard le néant de celui de Blood Raven. Celle ci reprit son rire sadique et terrifiant puis recula un peu, de sorte que son armée de morts-vivants se trouve devant elle.

- A L'ASSAUT MES CHERUBINS !! MONTREZ LEUR CE QUE LA MORT VOUS A APPRIT MES ENFANTS!! MOUAHAHAHAHAHAHAHA !!
Et les cadavres s'élancèrent anarchiquement vers eux, brisant les rangs ordonnés qu'ils formaient et leur visage comme éprit d'un sadisme jouissif.

Salamandar ôta brusquement sa cape et la jeta au loin, révélant une splendide armure au motif de tête de mort et pics acérés tandis qu'il s'emparait de son épée d'une main et de sa baguette surmontée d'un crane humain de l'autre. Kamalh leva haut sa hache vers le ciel obscur et se rua vers la masse des morts vivants en poussant un grave hurlement de rage, faisant parcourir une vague de terreur parmi les ennemis. Salamandar le suivit à son tour.

Tout était confus dans la mêlée inqualifiable que formait la bataille. Kamalh s'exténuait a asséné de puissants coups de sa Hache massive, découpant ainsi les corps frêles des cadavres qui s'effondrait dans un dernier hurlement strident. Salamandar, procédait quant à lui d'une façon plus stupéfiante et prodigieuse: tandis que de son épée il tranchait ses ennemis, de son sceptre il les ressuscitait et les mettait ainsi a son entière dévotion, de cette façon, ces nouveau alliés lui permettaient de se créer un véritable bataillon à sa propre volonté.

En peu de temps, il ne restait de morts-vivants que ceux qu'avait corrompu le Nécromancien, celui ci décida de les libérer de son contrôle et ceux ci s'effondrèrent dans un hurlement sourd.

La nécropole était de nouveau déserte, comme lors de leur arrivée, et ne se tenaient plus debout dans l'obscurité que les ombres de Kamalh, Salamandar et Blood Raven...

La voix rauque et démoniaque de Blood Raven s'éleva à nouveau:

- Pauvre fou, la folie qui vous a conduit ici vous conduira tout droit vers l'enfer !! Pauvres mortels, vous ne pouvez résister, ni même vous défendre !! QUE LES FEUX DE L'ENFER VOUS DEVORENT !!

Une boule de feu jaillit de la pénombre en direction des deux guerriers qui s'écartèrent avec habileté pour la laisser s'écraser contre une tombe qui explosa dans une explosion vrombissante.

Kamalh se jeta dans l'obscurité d'où venait la voix et s'enfonça de plus en plus dans les ténèbres de la Nécropole Il pouvait entendre les pas précipités de Blood Raven qui s'enfuyait tandis qu'il la suivait d'un pas hatif. Il entendit la voix de Salamandar, loin de lui, étouffé par la distance et la lourdeur de l'air:

- Que la clarté éclaire ce triste lieu!!

Un puissant raie de lumière perça les ténèbres de la Nécropole et Kamalh perçut Blood Raven qui stoppa sa course folle et se tourna vers lui, la respiration saccadée, bien que respirer lui soit totalement inutile à présent, car déjà morte, elle ne connaissait ni la fatigue, ni l'épuisement, ni la douleur...

Kamalh émit à nouveau un puissant hurlement rauque et s'élança vers Blood Raven, il rabattit violemment sa hache mais son adversaire l'esquiva avec adresse, tandis qu'elle lui asséna un violent coup dans les cotes. Le barbare fit quelques pas en arrière puis renouvela sa charge. Cette fois ci, la hache alla se ficher dans le haut du crane de Blood Raven qui ricana en envoyant le barbare propulsé contre une tombe qui se brisé sous la violence du choc. Kamalh prit une profonde inspiration, et se mita cogiter. La large plaie béante qui s'étalait du haut du crane de Blood Raven jusqu'au milieu de son visage ne semblait pas l'affaiblir... Il prit une profonde inspiration et fondit sur son adversaire, d'un mouvement rapide et violent, il leva haut sa hache et trancha la gorge de Blood Raven. Sa tête tomba sur le sol rougit par le sang et s'immobilisa au pied de Kamalh... Le corps de Blood Raven disparu dans une explosion sourde de poussière.

Salamandar arriva derrière le barbare dont la respiration saccadée s'entendait nettement. Le nécromancien posa sa main sur l'épaule de Kamalh.
- Bravo, Kamalh... Vos capacités m'épatent... Mais nous n'avons pas de temps à perdre en éloges et autres controverses, continuons notre route...

Le ton sur lequel Salamandar avait annoncé ces dernières paroles était froid et dénué de toute gaieté, comme pour rappeler au barbare que cela n'avais rien d'exceptionnel. Mais la réaction froide du Nécromancien ne réussit pas à gâcher la joie de Kamalh dont le sourire illuminait le visage sali par la terre! Il avait terrassé Blood Raven... Mais il devait s'attendre au courroux d'Andarielle... et ce, il en était conscient...


Voilà plusieurs lune que les deux compagnons continuaient leurs périples à travers les Plaines de Tamoë, inlassablement décidé à rejoindre le Camp Rogue qui semblait s'éloignait au fur et à mesure que les guerriers s'en approchaient, comme introuvable. Mais au moment ou l'épuisement se fit sentir lourdement dans les jambes endoloris de Kamalh, son regard s'emplit d'une soudaine étincelle de joie qui éclipsa la fatigue de son esprit quasi-endormi. Son regard se perdit dans l'horizon et il aperçut les hauts pieu qui constituaient l'oppidum de la forteresse Rogue. Salamandar esquissé un large sourire qu'il tenta de dissimuler. Kamalh passa amicalement sa main derrière la nuque du Nécromancien...

- Ainsi donc nous touchons notre but, Salamandar... Je ne sais comment te remercier de m'avoir conduit jusqu'ici... A vrai dire, les mots m'échappent et je me contenterais de te dire ceci: Merci, mon ami...

A présent, Salamandar ne tentait plus de cacher son rictus qui se changea en un grand sourire, il saisit la main de Kamalh posées sur son épaule et la serra fort.

- Ne me remercie pas, Kamalh, mon ami... Cela aurait été une immense erreur que d'ignorer un homme aussi brave que toi, je ne pouvais pas te laisser, ta destinée était ici... dans ce Camp Rogue... Il était de mon devoir se t'y emmener... La mort de Blood Raven n'a fait que confirmer mes certitudes... Tu es puissant Kamalh ! Le monde a besoin de toi à présent !

Kamalh afficha aussi un sourire qui s'étalait d'un coin à l'autre de son visage. Ce voyage lui avait apporté quelque chose de bien plus important que la victoire et sa destinée... il lui avait apporté la chose que bien des barbares meurent sans même avoir connu... l'amitié...

Les deux compagnons se dressèrent devant la grande porte en bois barricadée du Camp Rogue, et s'adressèrent à la jeune Rogue qui se tenait en haut de la tour de guet.

- Salut à toi, jeune guerrière, nous sommes deux guerriers venus répondre à la requête d'Ashia!
La Rogue jeta un regard plus attentif sur Kamalh et Salamandar puis ordonna que l'on ouvre les portes. Dans un grincement sourd et strident, les portes du Camp s'ouvrirent largement, dévoilant l'intérieur de cette forteresse retranchée ou avait du se réfugier tous les Rogues du Monastère.
Dès son entrée, Salamandar se dirigea instinctivement vers Ashia, Kamalh le suivit d'un pas hâtif, jetant des regards autour de lui comme pour s'imprégner de l'atmosphère étrange de ce camp.

- Ashia, je me présente: je me nomme Salamandar, Nécromancien de renom et guerrier aguérri. Et voici mon compagnon, Kamalh, il m'a fait l'immense honneur de m'accompagner depuis les contrées sauvages et reculées du Nord jusqu'ici. C'est un brave guerrier dont la force surprenante fera trembler bien des démons, ma chère Ashia.

Ashia garda une expression interrogatrice sur son visage féminin de jeune demoiselle.

- Vous venez des contrées du Nord n'est ce pas?

Kamalh et Salamandar acquiescèrent d'un vif hochement de tête.

- Mais, sur votre route se trouve la Nécropole, royaume de Blood Raven, ma soeur corrompu par la vilenie d'Andarielle... Cela est impossible, vous ne pouvez avoir traverser vivants ces lieux maudits!!
Le nécromancien étouffa un rire moqueur et se retourna vers Kamalh. Celui ci posa son paquetage par terre dans un bruit mat, et en sortit une boule de chiffon étrange qu'il tendit fièrement à Ashia. La chef Rogue la saisit avec précaution, inquiète de ce qu'elle pourrait trouver à l'intérieur de ces bandages sanguinolent et recouvert d'une épaisse couche de terre. Elle en retira précautionneusement les haillons qui la recouvrait. Elle laissa tomber l'objet sur le sol et fit quelques pas en arrière, terrifié... La tête de Blood Raven rebondit sur le sol, et roula lentement jusqu'au pied de Salamadar qui la bloqua avec le bout de sa grève.

- Blood Raven... Vous l'avez tué... Ma soeur...est vaincue...

Kamalh et Salamandar échangèrent un regard complice et se retournèrent à nouveau vers Ashia, haletante et perturbée par ce qu'elle venait de voir.

- Vous venez de libérer les Rogues des assauts perpétuels des légions Morts vivantes de ma soeur... Blood Raven a voué corps et âmes à Andarielle et grâce aux armées qu'elle lui a légué, Andarielle a marché sur le Monastère ou nous résidions. Nous avons du fuire, ainsi nous avons crée ce camp retranché ou notre vie a pu reprendre... Mais c'était sans compter sur Blood Raven, qui nous assaillait à chaque tombée de la nuit... Je vous suis éternellement reconnaissante, héros, et suis fière de vous annoncer que, sans aucune autre forme de test, vous êtes accepté comme les deux derniers guerriers qui formeront la nouvelle Guilde des Héros, visant à détrôner Diablo et ses fidèles servants...
Kamalh sentait son coeur battre très violemment dans sa poitrine et ses yeux se remplirent de joie. Il savait que ces lieux changeraient à jamais sa destinée et il ne s'était pas trompé. Kamalh allait se battre pour le peuple des hommes à présent, pour son peuple... pour l'humanité, et ce jusqu'à la mort...

Les trois autres guerriers que composait le groupe se présentèrent à eux: Une sorcière ravissante au regard perçant et aux cheveux bruns raides qui luit glissait le long de l'échine jusqu'en bas du dos, arriva la première et fit un large signe de tête pour saluer ses nouveaux compagnons de voyage. Tandis que celle ci faisait quelques pas en arrière pour laisser passer son second compagnon, celui ci s'avança d'un pas ferme et assuré, il portait une armure étincelante et ses yeux bleus s'assortissaient à son teint pale et angélique: C'était un Paladin, un mage de la magie divine et un dévoué de Dieu... Kamalh en resta bouche bée tandis que le dernier compagnon s'avançait, ce dernier s'avérait être une femme dont la beauté semblait éblouir Kamalh et le privée de tous ces moyens. Elle portait une armure légère rougeoyante qui laissait entrevoir ses fines jambes et ses bras minces. Kamalh semblait se noyer dans le vert Emeraude de ses yeux et dans le reflet brun de ses cheveux coiffés en queue de cheval. Il secoua vivement la tête pour reprendre ses esprits et toussota pour faire remarquer sa présence à la jeune Amazone...

Ashia prit la parole:

- A présent je vais vous expliquer le cheminement de cette quête. Dans un premier lieu, vous devrez détruire les partisans du Trio infernal, c'est à dire Andarielle... Qui a pris d'assaut notre Monastère et qui a trouvé refuge dans ses catacombes obscures et sinistres ou les cris de douleur de nos soldats Rogues résonnent encore comme un écho infernal et incessant... Ensuite et je crains que cette prochaine étape vous terrorise... Vous devrez vous attaquer au seigneur de la Haine, au troisième frère: Mephisto... Puis la dernière et ultime étape de votre voyage se trouve être Diablo...

Le groupe semblait perdu dans ses pensées, comme noyé dans la complexité et dans l'invraisemblance de cette quête... Mais Ashia ne leur laissa guère le temps de s'attarder, elle reprit:

- Allez vous reposer, à présent! Demain vous rassemblerez vos paquetages et partirez à l'assaut du Monastère! Je vous souhaite de passer une bonne nuit, et que les faveurs de Dieu soit avec vous pour votre périple prochain...

Kamalh se réveilla en sursaut, il se releva et se mit assis dans l'herbe ou il s'était trouvé allongé quelques temps auparavant. Il jeta un bref regard autour de lui et ses compagnons, installés en un cercle régulier qu'il fermait, somnolaient doucement, bercé par le son des chouettes et des grillons de la plaine. Son regard se figea sur le visage angélique de la jeune Amazone dont il semblait redécouvrir la beauté à chaque fois que ses yeux s'attarder sur les courbes de son corps ou la profondeur de ses yeux. Il devait lui montrer qu'il avait quelque chose de plus que les autres...

Le barbare se leva rapidement et saisit son paquetage posé à ses pieds puis se précipita hâtivement jusqu'à la porte massive qu'il ouvrit dans un rugissement qu'il étouffa entre ses dents. Puis sortit...

Chaque pas qu'il faisait semblait de plus en plus accablant tandis que la sueur s'égouttait péniblement le long de son front. Le visage de l'Amazone hantait ses pensées et il ne pouvait tourner ses idées vers quelque chose d'autre. Qu'est ce qui créait chez lui cette insouciance? Ca il n'en savait rien. Peut être allait-il faire une erreur, peut être allait-il échouer... Mais à vrai dire, il ne s'en souciait guère, son seul objectif était de prouver sa valeur à cette Amazone qui ne voulait pas quitter ces pensées et qui faisait battre son coeur comme jamais... Au bout de quelques temps,

Un large édifice se dressait devant lui, il ne s'était pas rendu compte de sa longue marche tant il était submergé par ses idées confuses. , C'était un bâtiment religieux partiellement en ruine, dont les cris des démons s'élevaient, comme un avertissement à quiconque comptait s'y aventurer... Kamalh poussa nonchalamment la porte et entra.

Il ne chercha pas à réveiller les monstres qui ronflaient paisiblement et se précipita tout droit vers l'escalier qui menait aux Catacombes.
Une odeur nauséabonde de chair brûlée et de sang coagulé pénétra ses narines et il se retint de pousser une exclamation de dégoût. Les Catacombes étaient vide, c'était un domaine réservé à Andarielle ou personne ne devait s'aventurer... absolument personne...

Les murs qui se dressaient de part et d'autre du barbare était recouvert du sang pur des Rogues et des charniers fumants jonchaient le sol rougi... Kamalh continua sa percée des Catacombes, d'un pas hésitant mais précipité... Il s'arrêta devant une large porte portant le symbole maléfique d'Andarielle. Les idées de Kamalh se bousculèrent rapidement dans sa tête, comme un tumulte incessant qui rendait son esprit confus et perdu. L'image de l'Amazone qui somnolait doucement lui revint et remis ses idées en place et sa main se posa sur la porte massive. Il s'appuya de tout son poids contre celle ci qui alla claquer violemment contre le batant.

Kamalh se retrouva face à une vaste salle au plafond voûté et ou se dressait un large trône ossuaire. Des piliers parcourus de cornes d'où pendaient les cadavres des soldats rogues s'élevaient du sol au plafond... Andarielle se tenait au milieu de cette salle, le regard déjà figé sur Kamalh et la respiration saccadée qui résonnait dans la pièce...

Kamalh prit une profonde inspiration et redessina chaque courbe de l'Amazone dans son esprit, il leva la hache haute au-dessus de sa tête, poussa un puissant hurlement rauque et grave et s'élança vers Andarielle...
AAAAAAAAAAAARRRRRRRRRRRRRGGGGGGGGGHHHHHHHHHH

La lame d'Andarielle venait de perforer le torse de Kamalh. Celui-ci recula de quelques pas. Il sentait la froideur de son sang glissant le long de sa poitrine pour s'égouter sur le sol des Catacombes sinistres du Monastère.

Kamalh sentait le sol se dérober sous ses pieds et les murs de la pièce semblaient se refermer sur lui. Andarielle le regardait avec un sourire narquois et se délectait de son agonie tandis que sa lame ensanglantée pendait à son coté. Ce n'était qu'une question de temps avant que Kamalh ne succombe, sous l'accablant poison dont sa lame était imprégnée.

Kamalh sentait le poison se répandre dans son être, de plus en plus, toutes sensations d'espoir le quittait, il savait pertinemment que le poison d'Andarielle n'avait de remède. Ses jambes cédèrent sous son poids et il tomba à genoux sur le sol, le menton appuyé contre la poitrine ensanglantée. Bientôt il sentait ses doigts se relâcher et sa hache tomber dans un cliquetis métallique sur le sol. Il n'aurait jamais lâché son arme s'il ne savait pas pertinemment que c'était sa fin...

Il releva sa tête et posa ses yeux injectés de sang sur Andarielle, cette femme aux cheveux roux hirsute qui mesurait bien deux fois la taille humaine et dont deux paires de pattes semblables à ceux d'une araignée lui avaient poussées dans le dos. Celle-ci ne cessait de le regarder, savourant chaque instant ce spectacle qu'elle rêvait de voir depuis que le nom de "Kamalh" fut prononcé à ses oreilles. En effet, Kamalh avait fait ses preuves en tuant Blood Raven, l'une des plus ferventes disciples d'Andarielle et depuis cet instant, une envie de vengeance ne cessait de bouillir en elle et cette soif insatiable aller bientôt être assouvie...

Kamalh sentait ses forces l'abandonner peu à peu tandis que le rire sardonique d'Andarielle résonnait comme un écho dans son esprit torturé par le poison. Ses yeux roulèrent dans leurs orbites tandis que le rire d'Andarielle s'intensifiait. Il avait eu tort de s'aventurer seul dans les profondeurs ténébreuses du Monastère, cette erreur lui aura été fatale et cela il en était conscient. Il était victime de sa soif de bravoure et son insouciance.

Il s'écroula se tout son long sur le sol et se retint avec la force de ses mains. Mais il ne se passa qu'un court instant avant que ses forces restantes ne le quittent complètement et que ces mains cédèrent. Il Ètait à présent allongé sur le sol, au milieu d'une mare de son propre sang. Un dernier souffle puis tout devint noir...

Soudain, la lumière perça les ténèbres et Kamalh prit une profonde inspiration comme au premier jour de son existence. Le rire d'Andarielle cessa presque instantanément tandis qu'elle voyait Kamalh se relever et s'emparer de sa Hache qui baignait toujours dans son sang. Il fit quelques pas en arrière pour rejoindre le Nécromancien qui l'avait rejoint et qui avait insufflé en lui ce souffle de vie. Jamais, aussi loin qu'il puisse se souvenir, il ne s'était senti aussi heureux de voir un partisan de la Magie Obscure.

Andarielle poussa un hurlement de rage, ses yeux flamboyant de haine, elle se rua sur le Barbare et le Nécromancien Une fusée rougeoyante traversa l'obscurité pour aller s'écraser dans une explosion sourde contre la poitrine d'Andarielle qui recula sous le choc. Il ne fallut que peu de temps à Andarielle pour se rendre compte qu'elle avait un adversaire de plus à affronter. En effet, la Sorcière surgit de l'ombre du couloir d'où était venu le projectile et se posta à coté de Kamalh.

Les yeux d'Andarielle lançaient des regards noirs aux trois guerriers qui se postaient devant elle. Kamalh esquissa un sourire.

L'obscurité des catacombes fut traversée par une raie de lumière. Une silhouette indistincte se dessinait au milieu de cette lumière aveuglante.
"Le Paladin... Le messager divin..." murmura Kamalh de faÁon à ce que seul lui-même puisse l'entendre. En effet, Le Paladin perçait les ténèbres de la pièce avec à son coté la guerrière Amazone.

Kamalh poussa un hurlement... Andarielle tressaillit...

Le groupe s'était jeté sur Andarielle qui n'eut le temps de s'y préparer, leur témérité l'eut prit par surprise.

Kamalh donnait de grands coups de sa Hache massive au hasard tandis qu'Andarielle tentait de le faire reculer en utilisant sa paire de pattes supplémentaires. Une nuée de flèches décolla avant de venir se planter dans la poitrine d'Andarielle. La guerrière Amazone s'était postée au fond de la salle, genou à terre, l'arc fortement serré entre ses mains et ne cessait de décocher des flèches a une vitesse plus que fulgurante.
Bientôt, la Sorcière fut projetée contre l'un des murs de la pièce. Son crane heurta violemment la pierre brute et elle s'effondra inerte sur le sol. Les hurlements des guerriers s'intensifièrent et le Nécromancien se hâtait à sa résurrection. En quelques minutes, la Sorcière était de nouveau présentes dans la mêlée et ses yeux flamboyaient d'une rage appuyée.

Kamalh leva haut sa hache au-dessus de sa tête... La Sorcière concentra son énergie dans le creux de sa main... L'Amazone bandait la corde de son arc... En quelques instants, Kamalh rabattit sa hache, une boule de feu ardente partit des mains de la Sorcière pour aller s'écraser contre Andarielle, en même temps qu'une nuée de flèches décochées par la guerrière Amazone.

Un raie de lumière traversa le corps d'Andarielle. Celle ci éclata dans une explosion bruyante et un large nuage de poussière.

Le groupe avait finalement réussi à vaincre Andarielle et ceci grâce à leur union. "Les forces du bien triomphent toujours" s'exclama le Paladin en adressant un regard empli de dégoût au Nécromancien qui coupa cours à son discours en déclarant d'un ton grave: "Méphisto nous attend..."
Ce nom fit courir un long frisson le long de l'échine du Barbare, Méphisto... La puissance d'Andarielle ne représente rien face à la grandeur de Méphisto, il savait que cette fois-ci plus que jamais, il aura besoin du soutien du reste du groupe s'ils voulaient en venir à bout.

"Oui... Sans doute..."
- La mort est là... ne la sentez-vous pas? ... j'entends son pas lourd sur le sol... les murs tremblent... elle approche... elle sait que nous sommes ici... nul ne peut lui échapper... encore moins vous... bientôt... vous ne serez plus..."
- Veux-tu bien cesser tes jacasseries! hurla le Paladin, la respiration saccadée, à l'intention du Nécromancien, Restons groupé et il ne nous arrivera rien car telle est la volonté de Dieu...

Le groupe de guerrier s'avançait dans la plaine stérile, leurs pieds grattant les gravas, impossible de ne pas se faire remarquer avec tout ce bruit. Il suivait lentement le Styx, comme un fil d'Ariane qui menait paradoxalement à la mort... Ils savaient qu'au bout de ce fleuve se trouvait Diablo, le Seigneur de la Terreur.

- Trois lunes que nous marchons... Ne pourrions nous pas faire une halte.. s'il vous plait s'exclame l'Amazone, haletant de fatigue.
- "Bien nous passerons la nuit ici et dès demain, nous reprendrons notre route, Kamalh se chargera de faire le guet pendant que nous dormons si cela ne le dérange point."

Kamalh avait fait volte face à l'évocation de son prénom, jusqu'à présent il était omnibulé par les nuages sombres au-dessus des Territoires Obscurs, il y avait de l'agitation, des éclairs, Diablo devait sans doute être heureux, il le savait. Il allait se débarrasser sous peu des derniers espoirs des peuples libres humains en les exterminant. Kamalh jeta un regard vers le groupe.

Comment pouvaient-ils espérer vaincre Diablo, comment pouvaient-ils tenir tous les espoirs des humains sur leurs épaules, comment avaient-ils pu l'accepter? Le Nécromancien avait raison, ils allaient tous périr, entraînant avec eux toute la race des hommes.
Kamalh se laisse tomber à genoux par terre.

- Je monterais la garde! A présent reposez-vous, le Mal n'attendra pas que vous soyez ressourcé pour vous attaquer...
Cette dernière phrase fit parcourir un frisson parmi les membres du groupe. Le nécromancien esquissa un rictus et le Paladin émit un petit rire fluet afin de rassurer l'Amazone et la Sorcière terrifiées par ces derniers mots.

Le soleil brûlait haut dans le firmament et c'était une journée accablante qui s'annonçait, la plaine ressemblait à présent à un désert aride.
Kamalh avait passé la nuit à faire le guet, les mains crispées contre sa hache dont il portait la marque sur les jointures de ses mains à présent.
Kamalh fit tomber sa pierre à aiguiser et le groupe se réveilla en sursaut, c'était non sans le vouloir que Kamalh avait fait tomber sa pierre.
En quelques instants le groupe s'était remis en route, avec le Paladin à sa tête et le Barbare qui fermait la marche, serrant toujours sa hache comme pour se rassurer et épuisé par cette nuit blanche à protéger le groupe qui somnolait doucement.

Ils longeaient à nouveau le Styx, inlassablement tandis que le Nécromancien continuait à lancer des avertissements profanes sous le regard noir du Paladin qui ne cessait de hurler afin de le faire taire. Mais Kamalh savait que le plus conscient d'entre eux était bien ce même Nécromancien, la vérité sortait de ses lèvres à chaque fois qu'il prononçait un avertissement. Mais le Paladin ne pouvait accepter cette terrible réalité, il portait en lui l'espoir de tout un peuple et ne pouvait se résigner à accepter la fatalité de la mort du groupe, même si Dieu lui-même le lui eut dit...

Le Styx s'arrêta net, a la grande stupéfaction des cinq guerriers mais ils n'eurent guère le temps de tergiverser sur cet étrange phénomène qu'une ombre se levait à l'Est, une ombre rouge, brillante et difforme... Diablo. La panique se répandit à travers le groupe et Kamalh serrait sa Hache plus fort qu'à son habitude, les jointures de ses mains étaient à présent rouges vifs et ni le courroux de Diablo ne réussirait à le faire céder. Mais alors qu'ils se ruaient sur Diablo à grand renfort de cris, un projectile s'envola de derrière lui pour s'écraser sur le Paladin qui fut propulsé contre les gravas, formant derrière lui un large monticule de galets. Il se releva presque aussitôt...

Kamalh se retourna et le teint de son visage rosé par la rage devint soudain très pale. "M-Méph-Méphisto..." murmura-t-il.

En effet, Méphisto était posté derrière eux, en embuscade, aucune issue possible a présent, il devait tous lutter ou périr.

- JUSQU'A LA MORT! hurla le Nécromancien qui courait en direction de Méphisto. Mais il n'arriva pas a destination, un rayon rouge ardent fusa vers lui et embrasa son gilet. Le Nécromancien se débattait pour éteindre le feu qui montait de plus en plus haut, risquant de brûler son visage.
La sorcière tendit la main pour éteindre les flammes mais Méphisto l'envoya propulser contre un rocher plat. Elle ne se releva pas...
Les mouvements du Nécromancien cessèrent et il se laissa tomber à genoux sur le sol avant de s'effondrer face contre terre.
Kamalh entendit le rire de Diablo et de Méphisto résonner dans ses oreilles. Il n'était plus que trois et sans le Nécromancien, impossible de ressusciter qui que ce soit.

- Restez groupé! Nous gagnerons! TELLE EST LA VOLONTE DE...

Il se stoppa net, un filet de sang s'égouttait au bas de son armure. Il s'effondra sur le sol, dévoilant une large épée plantée dans son échine.
"Deux murmure Kamalh, Nous ne sommes plus que deux"

Lui et l'Amazone se tenait au milieu de la plaine, Diablo et Méphisto les regardaient fixement, chacun posté de part et d'autres des deux guerriers.
L'Amazone émit un gémissement inaudible et Kamalh lui donna un léger coup de coude afin que celle ci reprenne son sérieux. Mais il n'en fut rien: l'Amazone tremblait et ses armes émétait un cliquetis continu.
Méphisto prit ces gémissements comme une invitation à attaquer, il glissa vers elle à une vitesse si impressionnante que son mouvement était quasi imperceptible. Il saisit l'Amazone à la gorge puis serra, serra... L'Amazone se débattit et ses pieds ne touchaient plus le sol a présent. Ses yeux roulèrent dans leurs orbites. Ses bas retombèrent le long de son corps et sa tête tomba sur le coté dans un craquement sonore qui résonna comme un écho dans l'esprit de Kamalh. Le Barbare émit un hurlement étouffé par les rires sadique de Méphisto et Diablo.

Ses idées se bousculaient dans sa tête, il était seul... seul, ce mot résonna quelques secondes dans son subconscient. Et une petite voix lui disait de courir, courir hors de portée... s'enfuir.

Mais tandis qu'il posait les yeux sur les corps inanimés de ses compagnons, une larme s'écoulait le long de sa joue et s'égouttait au bout de son nez. La scène semblait comme figée: Il était au milieu de la Plaine et Méphisto et Diablo se tenaient immobiles comme savourant la confusion que pouvait produire cette situation sur l'esprit torturé de Kamalh. Ils avaient surmonté tant d'épreuves, bravé tant de dangers... Cela ne pouvait pas se terminer ainsi... Il entendait la voix du Paladin dans sa tête: "car telle est la volonté de dieu" Il serra encore plus fort sa hache entre ses doigts et serra ses dents eet émit un hurlement profond. Il se jeta sur Diablo, les yeux flamboyants de haine et d'espoir. Celui ci le repoussa d'un coup, de patte. Kamalh s'écroula sur le sol... Tout devint noir et froid... Mais la bravoure lui réchauffait son coeur éteint, il avait lutté jusqu'à ce qu'il ne fut plus, il était mort en héros.

FIN...?
Kamalh éprouva cette étrange sensation d'être tiré brusquement par le haut du crane. Il l'avait connu, dans les Catacombes, pour la première fois, et il pouvait se résigner à ce que la magie puisse faire ce genre de choses. Il émit un long hurlement rauque et sentit sa poitrine se déchirer: ses poumons s'étaient gonflé, pour la première fois... L'oxygène penetrait doucement ses poumons, insufflant de la vie dans chaque partie de son corps inerte. Bientôt, il remua le bout de ses doigts mais le reste de ses muscles, atrophiés, restèrent inanimé. Sa main alla doucement se poser sur un bout de bois, un sourire effleura ses lorsque ses doigts se refermèrent sur sa Hache. Il eut un frisson le long de l'échine et il sentit jusqu'au plus moindre muscle de son corps se contracter avec douleur. Il pouvait à présent se relever.

Ses yeux ne percevaient que des ombres ondulées qui se mouvaient devant lui. Un ombre vint se poste devant lui alors que sa vue lui revenait peu à peu. La forme si indistincte se dessinait de mieux en mieux, il put apercevoir l'éclat doré d'une armure, la lame brillante d'une épée, le sourire d'un ami.

- Ainsi donc vous êtes de retour, Kamalh, Je le savais, Telle est la volonté de Dieu.

Le Paladin s'était dressé devant lui, apparemment lui aussi était revenu de l'autre monde. Mais Kamalh jeta un regard autour de lui et s'aperçut qu'ils étaient les deux seuls à être à nouveaux debout, il restait encore les cadavres qui jonchaient le sol à présent. Mais un doute s'empara de l'esprit de Kamalh, l'empêchant fermement de tourner ses pensées vers autre chose. Comment avait-il put ressusciter sans l'intervention du nécromancien? Il était le seul à connaître ce pouvoir gigantesque. Or, il gisait toujours inerte sur le sol. L'esprit de Kamalh fonctionnait à une vitesse impressionnante, cherchant une solution a ce phénomène inexpliqué.
Il ouvrit la bouche pour questionner le Paladin mais celui ci anticipa et entama la conversation...

- Je sais ce que tu veux me demander... Ce n'est pas l'oeuvre du Nécromancien car, hélas, la mort s'est déjà emparé de lui. Je sais que tu m'as vu tomber... Et je ne te demande pas de croire ce que je vais te dire à présent... La volonté de Dieu est, à elle seule, l'oeuvre de tout ce monde, le sang qui coule dans tes veines et les idées qui traversent ton esprit sont chacune une de ses créations... Ainsi, sa volonté nous a permis de revenir, non pas sans raison, non pas sans prix... Nous sommes revenus dans ce mon uniquement pour tuer Diablo, toi et moi...

Kamalh ouvrit la bouche..

- Pourquoi toi? l'interrompit le Paladin. Tu ne l'as donc pas deviné? Dieu peut lire en toi comme on lit un simple parchemin... Il sait ce que tu as pensé avant de mourir... Tu as voué ta vie à cette quête, Kamalh... S'il y avait quelqu'un à ressusciter, c'était toi... je ne te sers que de compagnon de voyage... Dieu a lu en toi quelque chose que seul lui pouvait déceler et je ne peux te dire ce qui va nous arriver à présent...
Kamalh avait écouté attentivement les sages paroles du Paladin. Alors il était de retour en ce monde, sur Sa simple volonté, avec pour seule raison d'être que la mort du chaos et de la destruction...

Il savait en mourant que ce n'était pas la fin, il savait que sa quête ne pouvait s'arrêter... Mais aurait jamais imaginé cela? Ce monde l'avait rejeté à deux reprises et chaque résurrection amenait le désordre dans son esprit et ses idées continuaient à se bousculer perpétuellement dans sa tête. Combien de temps s'était-il écoulé depuis sa mort? Sans doute quelques heures car les charognards n'avaient pas encore attaqué les corps de ses compagnons de voyages. Mais lorsqu'il posa à nouveau ses yeux sur les cadavres éteints du reste du groupe, il ne put s'empêcher de penser qu'il devait figurer parmi eux, s'il ne l'aurait pas épargné.

- Je sais que c'est dur, Kamalh. Mais ils ont fait leur devoir, ils sont morts pour la quête. Il n'a pas estimé que leurs vies nécessitaient un renouveau...

- Qui peut décider si quelqu'un mérite la vie? l'interrompit Kamalh, brûlant de rage. De quel droit attribue-t-il la vie de cette façon? Avais-je demandé de revenir à la vie? Ses yeux flamboyaient de haine à présent. Qui m'a demandé mon avis?

Kamalh s'écroula sur le sol dans un gémissement étouffé. Il éprouvait une douleur intense à la poitrine, à l'endroit exact ou l'avait embrochée Andarielle, dans les Catacombes du Monastère. Il se roulait par terre de douleur tandis qu'il sentait son corps trembler.

- Connais-tu cette douleur? fit une voix dans sa tête.

Kamalh entrouvrit les yeux: il était toujours seul avec le Paladin.

- Qui êtes vous?

- Qui suis-je? N'en as -tu pas la moindre idée? ... Je suis le Tout Puissant, créateur des cieux et de la Terre... et des Hommes.

- Pourquoi? murmura Kamalh dans un hurlement de douleur.

- Tu es revenu dans ce monde sous mon commandement et je ne puis te permettre un autre affront. A présent, Barbare, tu vas te battre! Te battre pour la cause du juste, te battre pour le peuple libre des hommes, te battre contre l'inconcevable jusqu'à ce qu'il ne soit plus, jusqu'à ce que plus une leur d'espoir brille dans le coeur d'un homme!

La voix se tut et à fur et à mesure qu'elle s'éteignait, la douleur disparaissait. Le paladin lui tendit la main afin de lui venir en aide pour se redresser, Kamalh la saisit vivement et il le hissa sur ses pieds.

- Il t'a parlé? demanda le paladin qui gardait son regard fixé vers le sol, comme s'il éprouvait soudain un profond intérêt pour les gravas qui jonchait la plaine.

- Oui, c'est tout du moins ce que je crois... Mais ce dont je suis sur, c'est que nous n'avons pas de temps à perdre en tergiversation. Il nous faut partir. Le Styx ne nous mènera nulle part à présent! Nous ne stopperons notre halte qu'après avoir atteint la Citée Noire.

Il n'eut pas besoin de se justifier plus que le Paladin acquiesça d'un hochement de tête. Bien que Kamalh eut déjà vu la Citée Noire dans ses cauchemars, c'était là sa destination finale, sa dernière escale avant la victoire, peut être, ou la mort. Mais la mort ne lui faisait plus peur à présent. Tout ce mystère qui entourait cette fatalité lui avait été dévoilé à plusieurs reprises et plus rien ne l'effrayait. Si ce n'est la souffrance interminable qu'il devrait endurer s'il venait à se faire capturer vivant...

Kamalh se réveilla en sursaut. Il releva lentement sa tête qui reposait sur sa poitrine et jeta un regard autour de lui. Il sentit son sang battre dans ses oreilles. Le Barbare reconnut aussitôt l'air glacé du Monastère, le sang des malheureux sur ses murs et cette odeur nauséabonde des cadavres pestilentiels qui s'entassait dans le fond de la pièce. Son coeur battait à s'en ouvrir la poitrine lorsqu'il comprit que ses mains et ses pieds étaient fixés à un établi en bois qu'il ne connaissait que trop bien.

La salle de torture... depuis que Kamalh y avait mis les pieds dans sa traque d'Andarielle, il savait qu'il serait amené à la revoir, à y mourir peut être... Le barbare émit un long hurlement sonore qui résonna dans les bas fonds. Il tirait à présent sur ses chaînes qui se secouaient dans un cliquetis de métal constant. Mais il savait que ses efforts étaient vains.

Un homme avec un capuchon sur la tête apparut dans l'obscurité. "Un moine... un Moine infidèle..." bégaya Kamalh. Les Moines Infidèles, c'était ainsi que l'on appelait les disciples de Dieu qui avait rejoint Diablo, sous l'impulsion d'Andarielle. Le Moine s'approcha de lui d'un pas nonchalant et Kamalh put lire tout son sadisme dans la fente de ses yeux. Il sortit de dessous sa robe un fer qui portait l'empreinte d'Andarielle et le jeta sur un tas de cadavre. Il regarda Kamalh de ses yeux sombres et embrasa le charnier. Le fer se trouvait désormais au milieu des flammes et le Barbare savait que lorsqu'il l'en sortirait, il serait brûlant, ardent... mortel.

Kamalh jetait des regards de tout coté, tirant avec force sur ses chaînes, tentant désespérément de les faire céder. Mais rien n'y fit. Bientôt, le Moine tendit sa main dans les flammes et en sortit le fer ardent. La couleur rouge vive qui s'en émanait parlait d'elle-même. Le moine pivota et se tourna vers Kamalh... Son coeur s'emballa... Il approcha son fer de la poitrine de Kamalh. "Plus près... murmurait la voix d'Andarielle dans son esprit" et le Moine se rapprocha un peu plus, puis plus encore. "PLUS PRES! hurla Andarielle" Et le fer rougeoyant se posa sur la poitrine de Kamalh.

Kamalh hurla à pleins poumons et il sentit une main se poser sur son épaule tandis qu'il se débattait sur le sol.

- Kamalh voyons ressaisit toi!

Cette voix le tira brusquement à la réalité. Il était allongé sur le dos, sur les gravas de la plaine qui semblait s'étaler à perte de vue à l'horizon. Tout lui revint aussi brusquement qu'il l'avait oublié. Cela faisait six lunes qu'il marchait, avec le Paladin et, sagement, il avait décidé de faire une halte. Kamalh se releva en s'appuyant sur le manche de sa Hache.

Ses yeux étaient noirs de rage... Il savait qui lui avait montré cela et dans quel but. Il faisait fausse route... Depuis six lunes il s'éloignait un peu plus de leur quête. Diablo avait trouvé refuge dans le Monastère à présent. Car il savait que la crainte qui entourait cet endroit maudit était déroutante. Dans sa quête de quelqu'un à ressusciter, Dieu avait fait une erreur. Dans le cas présent, Kamalh était bien le dernier du groupe à vouloir s'aventurer dans le Monastère après ce qu'il s'y était passé. Son rêve avait mis ses sens en éveil et sa main était toujours posé sur sa poitrine, là où le Moine Infidèle avait posé son fer rougeoyant.

- Nous faisons demi-tour! s'exclama Kamalh.

Le Paladin fut soudain tiré de sa torpeur. Dans un mouvement vif, il saisit son épée qui reposait par terre et se redressa. Son armure étincelait. Sans doute n'avait-il pas dormit mais avait-il préféré réparer ou vérifier son matériel. Sans doute prenait-il cette quête plus à coeur que lui. Sans doute était -il plus fidèle à son Dieu...

Ce dont Kamalh était sûr à présent, c'est que le destin de l'humanité luisait dans la lame argentée de sa hache. Et que le jugement dernier allait peut être arriver plus tôt que les prophéties le prétendaient, lorsque sa hache lui échapperait de ses doigts morts et endoloris...
Les portes du Monastère s'ouvrirent sur une lumière aveuglante. Kamalh sentit ses rétines s'enflammer tandis qu'il plaquait ses mains sur ses yeux. Il s'efforça d'entrouvrir ses yeux... Un choix qu'il eut tôt fait de regretter... Deux ailes blanches... une armure étincelante... Une lame effilée...

- L'archange Thyrael... murmura le Paladin

Le Paladin était resté debout et ne semblait pas être aveuglé par la lumière blanche qui émanait de Thyrael.

- Aveuglé Kamalh? fit le Paladin.

Kamalh acquiesça d'un hochement de tête.

- Cette lumière est la lumière de la vertu, de la générosité et de la bravoure. La lumière funeste. Si tes yeux se ferment ce n'est pas parce qu'ils sont aveuglés mais pour la seule raison que ton coeur est obscurci. Tes croyances chamaniques t'ont occulté la vérité. A présent on coeur est sombre et la lumière de Dieu ne peut percer cette obscurité. Je ne peux que te montrer le chemin, Kamalh... A toi de l'arpenter.

Kamalh se mit à cogiter. Il maintenait ses yeux fermés comme pour les préserver de la douleur. Ses idées se bousculaient continuellement dans sa tête. Il eut un moment d'hésitation puis il ouvrit grand ses yeux. Il ne se trouvait plus devant les portes de Monastère, il était seul, seul dans une pièce sombre, une pièce ornée de 17 portes.

Une voix résonna dans son esprit.

- Une porte, un essai...

Kamalh posa sa main sur une porte mais la voix résonnait encore, comme un écho dans son esprit perdu. "Un essai" Mais comment savoir? Quelle porte? Où est-elle censée mener? Il retira sa main de la porte et la laissa pendre à son coté.

"Je ne peux que te montrer le chemin, à toi de l'arpenter"

Il devait y avoir un moyen quelconque de sortir d'ici. Mais la question restait entière: lequel? Kamalh retraça son odyssée dans sa tête, à la recherche d'un indice, d'une clé unique qui le sortirait à jamais de la prison de son esprit. Car, et cela il ne le savait que trop bien, cet endroit n'avait rien de réel... Kamalh redressa la tête et un sourire effleura le coin de ses lèvres.

"Car telle est la volonté de Dieu"

Cette phrase il ne l'avait que trop entendu et elle restait à présent gravé dans sa mémoire, comme une plaie béante qui ne cessait de le torturer inlassablement. Il observa attentivement chacune des portes. Y avait-il un détail qu'il avait omis? Son regard se figea sur le coin de la 4e porte. Le Paladin avait longuement tenté d'expliquer à Kamalh les origines de sa religion. Il y avait eu un prophète... Oui c'est ça... Jésus! Il y avait un rapport avec cette porte, cet imperceptible symbole gravé dessus... Quel était-il déjà? Le Paladin le portait autour de son cou...

"Un crucifix!" s'exclama Kamalh à haute et intelligible voix.

Il posa sa main sur la porte. Un moment d'hésitation puis ses doigts se refermèrent sur la poignée, il l'abaissa... La porte s'ouvrit sur un feu ardent et gigantesque. Kamalh recula de quelques pas. Bientôt il s'écrasa contre le fond de la salle, il saisit la poignée de porte la plus proche... fermée...

Le feu se rapprochait et il sentait la chaleur sous son armure. Un filet de sueur coulait le long de son front. Son choix avait sans doute été le mauvais, sans doute le Paladin avait raison, sans doute ses croyances lui avait assombri le coeur... Sans doute allaient-elles lui être fatales...
Mais alors que le feu s'approchait, il sentait grandir en lui un incroyable bien être. Le feu s'arrêta à ses pieds, formant autour de lui un cercle bien défini et régulier. Kamalh resta bouche bée.

Malgré lui, sa main s'avançait vers le feu, comme assoiffé de curiosité. Il restait figé, ne pouvant empêcher sa main de s'approcher inexorablement vers les flammes. Il sentait la chaleur au bout de ses doigts. Sa main s'enfonça au coeur des flammes et Kamalh ressentit une douleur à la poitrine. Il repris soudainement le contrôle de sa main et la retira des flammes. A son grand étonnement, il ne sentait aucune brûlure et sa main semblait intacte. La douleur s'intensifiait tandis qu'il tâtait sa main. Puis il sentit son coeur s'embraser comme une torche. Il poussa un long hurlement sonore qui résonna longuement dans la salle.

Une puissance grandissait en lui, une puissance qu'il n'avait jamais connue. Un sentiment de sécurité l'envahit. Il ne s'était pas trompé de porte, il avait vu juste, une fois de plus son esprit avait résolu une énigme apparemment insoluble. mais sa quête lui avait appris que l'impossible n'existait pas et à présent, il ignorait complètement le sens de ce mot... Il posa son regard sur la paume de sa main. Sa peau était devenue rouge vif est son poignet tremblait violemment. Il sentit quelque chose parcourir son bras, comme un insecte qui se serait glissé sous sa peau et, dans une explosion sourde, une flamme apparut au creux de sa main.

Il ressentit à nouveau cette sensation d'être tiré brusquement par le haut du crane. Pourtant, il n'était pas mort, il en était certain, et, malgré tout, cette sensation était celle qu'il avait ressentie par deux fois, lors de combat mortel contre les envoyés de Diablo. Il se réveilla en sursaut devant les portes du Monastère. La main du Paladin était posée sur son épaule. Et l'Archange Thyrael s'était dressé devant lui.

- Comment est-ce possible? Je ne suis pas mort? Alors pourquoi... bégaya Kamalh

L'Archange Thyrael l'interrompit. Il avait une voix douce et sereine.

- Il n'y a pas de vie en ce monde, pas de mort. Juste deux mondes... Ces deux mondes sont liés. On ne peut accéder à l'autre monde sans avoir vécu dans celui ci. Il n'y a pas de mort... Juste un petit voyage. Un voyage dont je suis le guide... Un voyage dont on ne peut revenir seulement si la gràce funeste vous accorde son salut. Vous en êtes la preuve...

- Je ne suis pas digne de vivre à nouveau... murmura Kamalh entre ses dents.

- Avez vous déjà senti l'air pur des plaines du Paradis? Avez vous déjà senti le parfum des champs du jardin d'Eden? J'en doute fort. Laissez moi vous dire, Kamalh, à votre insu sans doute, que la vie est loin d'être un don. C'est un passage forcé, une torture morale de votre esprit. Comment votre âme peut-elle tenir dans cette misérable enveloppe?

La hache de Kamalh s'était posé sur la nuque de l'Archange. Et celui ci jeta un regard méprisant. Kamalh tremblait de rage. Ses yeux flamboyaient de haine et les jointures de ses mains étaient rouges tant il se forçait à ne pas trancher la gorge de l'importun.

- Vous-n'avez-pas-le-droit murmura Kamalh les dents serrées.

Les mains de l'Archange s'étaient posées sur le manche de la Hache, à quelques centimètres des doigts de Kamalh.

- Pourquoi ne continuez-vous pas?

L'Archange forçait sur la hache de Kamalh qui s'enfonçait de plus en plus dans sa propre gorge. Kamalh forçait pour l'en empêcher mais il savait que c'était inévitable. Il sentait la rage bouillonner en lui, ne demandant qu'à exploser. Ses yeux s'injectèrent de sang et il sentit la Hache revenir vers lui. L'Archange écarquilla les yeux tandis qu'il sentit la hache se dérober sous ses doigts. La plaie béante sur la gorge de l'Archange se referma aussitôt et celui-ci affichait un rictus tandis qu'il tâtait sa pomme d'Adam.

- Andarielle aurait mieux fait de te tuer!

La main du Paladin se plaqua sur la poitrine de Kamalh qui avait fait déjà fait un pas vers l'Archange. Le Paladin lui lança un regard suppliant et Kamalh se résigna.

- Quel est ce pouvoir? tenta d'interroger Kamalh

Thyrael émit un ricanement.

- Ce pouvoir? Ne l'as-tu pas deviné? La maîtrise du feu! Cette chaleur nouvelle qui circule dans chaque veine de ton corps, qui fait battre ton coeur et frapper tes poings. Ne la sens-tu pas? Elle était à, au plus profond de toi, enfouie sous des souvenirs futiles et des regrets insignifiants. Je l'ai fait émaner de toi. Ton esprit est complexe, Kamalh, et je ne pensais pas que tu trouverais la porte. J'ai honte d'avoir douté de toi. Dieu m'avait dit de lui faire confiance, j'ai failli à mon devoir, c'est vrai. C'est à moi à présent de vous montrer le chemin. Diablo est fort, ce n'est plus à prouver. La débâcle des hommes à Tristram en est la preuve irréfutable. C'est à vous de l'anéantir. Aussi absurde que cela puisse paraître, vous êtes les héros de ce monde et votre bravoure n'est plus à prouver. La mort d'Andarielle a fortement perturbé Diablo et il est à présent à votre recherche. Inutile de fuir, il sait ou vous trouver. C'est pour cela que votre destin est scellé désormais. Vous devez vous battre, vous battre pour la cause du juste, vous battre pour le salut de l'humanité, vous battre contre l'ineductable jusqu'à votre dernier souffle...

Kamalh avait déjà entendu une telle phrase. Il ne craignait plus la mort, ni la souffrance à présent. Il servait le juste et le peuple des Hommes avait foi en lui, foi en sa puissance qui sonnait à présent comme une légende dans le coeur de ses semblables. S'il devait périr à présent, ce serait par les flammes des Enfers.

- J'ai vu les bas-fonds du Monastère, est ce là que...

- Non, bien sur que non. Diablo ne prendrait pas un tel risque. Le Monastère était le bastion d'Andarielle. Mais à présent qu'Andarielle est tombée, Diablo ne se risquerait pas à résider en ces lieux maudits. L'esprit de Diablo est torturé depuis la mort d'Andarielle. Méphisto est parti vers l'Ouest afin de quérir l'aide de Baal. L'alliance de Diablo, Méphisto et Baal sera fatale à votre monde. Ce destin vous est voué et si vous ne parvenez pas à trouver un moyen de mettre en déroute les plans de Diablo, personne ne le pourra... Tenez-vous le pour dit.

Les yeux de Kamalh se rivèrent vers le sol, il savait que sa route était tracée désormais, malgré lui...

- C'est la citée noire n'est ce pas? bégaya le Paladin.

Il y eut un silence pendant quelque seconde. Mais c'était là la réponse la plus complète que le Paladin pouvait espérer. Kamalh savait depuis le début que leur destination finale se trouvait là bas, là où l'air est si lourd qu'il y parait empoisonné, où le ciel est si noir qu'aucun rayon du soleil du matin n'arrive à percer l'obscurité du firmament.

Mais le Paladin ne pouvait pas accepter cette réalité. Ses yeux étaient vide et son esprit préoccupé. Le Mal qui sévissait là bas était sans doute la pire chose qu'un dévoué de Dieu avait à craindre. Kamalh posa sa main sur son épaule.

- Je sais que tu crains ces lieux maudits, Gabriel...

Les yeux du Paladin s'étaient soudain posés sur le visage attristé de Kamalh. Depuis le début de leur quête, c'était la première fois que Kamalh appelait le Paladin par son nom. Kamalh poursuivit.

- Je sais que l'Obscur te fait peur. Mais je sais que la lumière de ton coeur percera les ténèbres de la crainte, je sais que ta force qui demeure en toi est plus forte que la terreur qu'une armée de démon peut engendrer, Il me suffit d'un mot de ta part, Gabriel, et nous pourrons partir.

Les doigts du Paladin s'étaient crispé sur le manche de son épée. Son regard retomba vers le sol et il une goutte de sueur s'égoutta au bout de son nez. Kamalh savait qu'il lui fallait un effort surhumain pour combattre la crainte qui saisissait son coeur. Gabriel tourna brusquement la tête vers Kamalh qui avait sa main toujours posé sur son épaule. Il entrouvrit les lèvres et un son quasi imperceptible en sortit:

- Partons.

Kamalh esquissa un sourire. L'Archange Thyrael était demeuré silencieux.

- Votre destin est lié à celui de l'Humanité. Votre route est tracée, à vous de l'arpenter. Vous avez que trop connaissance des dangers qui vous menacent. Dieu vous bénisse et puisse-t-il bénir aussi le peuple des Hommes. Il est temps maintenant. Je vais me retirer.

L'Archange les salua d'une large révérence et sourit à Kamalh qui lui renvoya son sourire. Il disparut dans une explosion de poudre bleutée qui s'envola dans la brise du matin. Kamalh se retourna vers l'horizon. Le ciel tonnait au-dessus des Enfers et il savait que le Mal qui sévissait là bas ne dormait jamais. Gabriel passa sa main derrière sa nuque et lui sourit.

- C'est là bas que nous allons! s'exclama-t-il.

Kamalh s'efforça de sourire à son tour.

- Je le sais Gabriel, je le sais...
- Le tonnerre gronde...

Le ciel 'obscurcissait au-dessus du territoire de l'Obscur, une nappe sombre, épaisse, impénétrable, se formait dans le firmament éclatant. Bientôt, les nuages disparurent, engloutit par cet épais brouillard venu d'on ne sait ou... Les éclairs s'abattaient sur les Enfers, il y avait de l'agitation, Kamalh pouvait le sentir. Son coeur se serra et il sentit son estomac se retourner. Il n'y avait entre les territoires du bien et du mal aucune frontière, si ce n'est celle de la conscience et de la crainte qui, en elles-mêmes, était plus complexe à franchir que la plus haute des murailles.

- J'ai peur...

Kamalh se tourna vers Gabriel, ses lèvres tremblaient violemment et il pouvait entendre le cliquetis de ses armes. Ses yeux restaient rivés vers le ciel, comme implorant au Seigneur que tout ceci ne soit pas réel, que dans quelque temps il se réveillerait aux cotés de ses quatre compagnons, dans le camps retranché des Rogues, comme avant...
Le barbare posa sa main sur l'épaule du paladin, toujours tremblotant.

- Tu étais conscient de ce qu'impliquait cette quête... Tu étais conscient que tu mourrais sûrement pour elle... Elle est notre raison d'être ici bas... Je ne peux pas réchauffer ton coeur ou te prédire que nous rentrerons sain et sauf... Mais je ne peux pas te prédire non plus que le règne de Terreur de Diablo va continuer ainsi... Seul le temps nous le dira... Ici va se clôturer un autre age de ce monde, nous en sommes les précurseurs...

Gabriel s'effondra en larmes sur l'épaule de Kamalh qui passa ses mains dans son dos. Jamais il n'aura pensé que sous cette armure étincelante, se cachait un coeur aussi vulnérable... Sous ses grands airs de guerrier aguerri, Gabriel avait occulté sa vraie nature et à présent qu'il était seul face à ce dont il redoutait le plus, il ne pouvait plus le nier, il était faible, faible face à la puissance du Mal... Ou peut être n'avait-il pas découvert sa force...

Le pied de Kamalh s'arrêta à quelques centimètres du sol.

- Un pied en enfer...

- Le deuxième dans la tombe... s'empressa de continuer le paladin.

Un célèbre proverbe Rogue qu'Akara ne cessait de répéter... Allait-elle lui manquer ? Y aurait-il quelque chose qu'il regretterait ici bas ? Ce que Kamalh aimait, il l'avait déjà perdu... L'Amazone... Longtemps il avait tenté de nier ses sentiments pour elle, se battant perpétuellement contre ce qui lui nouait l'estomac et lui retournait le coeur. A présent il connaissait la douleur, la souffrance dans ses entrailles, cette main qui pressait son coeur à présent, qui empoignait ses viscères et faisait battre son sang dans ses oreilles... Sans doute aurait-il du parler, il aurait du lui dire. Ce poids lui pesait sur la conscience, sa conscience déjà si lourde, lourde de regrets, lourde de souvenirs, lourde de remords... Il devait oublier à présent, oublier qu'elle avait existé, oublier que son coeur battait pour elle, elle qui n'était plus à présent, elle qu'il n'a pas su protéger...

Une larme coula le long de sa joue et alla s'écraser sur les gravas des Enfers. Pendant qu'il se battait contre ses idées, il ne s'était pas rendu compte qu'il continuait d'avancer, uniquement guidé par le son de son pas vif et assuré sur le sol. Ses larmes continuaient de couler malgré lui et il gardait ses yeux rivés sur ses bottes...

La crainte n'avait plus sa place dans le coeur de Kamalh, la mélancolie lui avait fermé le coeur a toutes autres émotions... Pourtant l'inquiétude s'immisça en lui. Pourquoi n'y avait-il pas de démons ici ? N'étaient-ils pas en Enfer ?

Il releva la tête.

Des tours sombres s'élevaient jusqu'au cieux. Une tour dominait toutes les autres, de par sa taille et son envergure. Elle s'enfonçait dans les nuages sombres et réapparaissait quelques centaines de mètres plus haut, continuant sa percée du firmament. Ses murs étaient gravés d'incantations nécromantiques qui avaient servies à sa construction...

- Le beffroi de l'Apocalypse... murmura Kamalh
Cette tour avait été construite par les hommes suite a la défaite qu'ils avaient subis et qui mit fin au premier age de ce monde, il y des siècles de cela. Diablo avait exigé des hommes leur servitude éternelle et il l'eut obtenu des peuples perfides du Sud qui se joignirent à lui. Ave la dextérité de ces hommes et sa puissante sorcellerie, il édifia cette tour, en son propre honneur, une tour qui s'éleva au-delà des nuages et dont la domination s'exprimait au-delà des mots... Elle représentait l'apogée du Mal, le summum de sa puissance et de sa Terreur. Les yeux de Kamalh restèrent figé sur la cime de la tour, suspendu au milieu des nuages. Leur destination ne pouvait être plus explicite. Au plus haut de cet édifice se trouvait le trône de Diablo...

Kamalh repris sa marche, encouragé par le Paladin.

- Quelque chose m'échappe... pourquoi sommes-nous seuls ?

Gabriel sortit sa lame de son fourreau...

- Nous ne sommes pas seuls...

Les doigts de Kamalh se crispèrent sur hache, son autre main serrait très fort celle du paladin...

Des lances apparurent au Nord.

Diablo s'était constitué une armée et il comptait à présent marcher sur le territoire des hommes, semant terreur et chaos dans son sillage. Mais cela ne se passerait pas ainsi. Entre lui et le Territoire des hommes se dressait l'espoir des peuples libres des terres du Bien...

Les démons formèrent un cercle régulier autour des deux guerriers, leurs lances effilées pointées vers eux. Dix milles lames prêtes à les transpercer au moindre geste.

Kamalh jeta un regard vers Gabriel. Des larmes s'écoulaient le long du visage du Paladin dont les yeux étaient levés vers le ciel... Le tonnerre retentit et un éclair traversa les cieux. La main de Gabriel se serra encore un peu plus sur son épée et ses yeux devinrent d'un blanc pale.
Kamalh ignorait ce qui était en train de se dérouler sous ses yeux. Bientôt, il entendit les cieux se déchirer à nouveau. Une raie de lumière perça les Ténèbres du firmament et vint éclairer le Paladin...

- In excelsis deo credo...

Les yeux des démons se rivèrent sur le Paladin qui poursuivait ces paroles...

- Execitus...

Gabriel jeta un regard vers le ciel...

- Occidit...

Presque aussitôt les nuages se déchirèrent et la Lumière perça les Ténèbres, un éclair s'abattit sur le Paladin, une onde de choc émana de lui et parcourut l'ensemble de l'armée qui s'effondra dans un hurlement sourd. Bientôt les armures vides des démons qui restaient suspendues dans les airs retombèrent sur le sol. Les nuages se refermèrent et les yeux de Gabriel reprirent leurs teintes bleutées habituelles. Il tomba à genoux sur le sol et tomba face contre terre. Kamalh se rua vers lui et releva son visage des gravas. Bientôt, le Paladin rouvrit ses yeux et un large sourire illuminait son visage plus pale qu'à son habitude. Il se jeta dans les bras de Kamalh qui le serra contre lui.

- Je l'ai trouvé...

Kamalh eut une exclamation interrogatrice.

- La porte... Je l'ai trouvé; mon esprit est si complexe, je n'aurais jamais pensé qu'un jour je la franchirais, voilà plusieurs lune que je me retrouve devant cette même porte mais lorsque ma main se pose sur elle, mon coeur se retourne et je ne peux la pousser. A présent j'ai réussi, je l'ai ouverte, j'ai ouvert la cage de mon esprit et je sens la lumière au fond de mon coeur.

Les mains de Gabriel serrèrent un peu plus le dos de Kamalh et il éclata en sanglot. Kamalh versa aussi une larme... Alors c'était cela que d'être aimer ? Cette sensation étrange qui saisissait son coeur... Il n'avait jamais pris l'Amazone dans ses bras, jamais il ne l'avait consolé... Pourquoi son coeur était-il si froid, si dur ? Les barbares n'ont pas le droit de s'attacher à quelqu'un... Car ils savent que la perte de cette personne serait d'autant plus dur à accepter... Kamalh avait fait une erreur... Une fois de plus...

Gabriel releva sa tête de l'épaule de Kamalh et essuya ses yeux humides.

- Nous ne devrions pas nous attarder. Ne penses-tu pas la même chose que moi ?

Kamalh acquiesça d'un signe de tête et ramassa sa hache tombée à terre.

Son regard se posa une fois de plus sur le Beffroi de l'Apocalypse. Il n'y avait plus d'obstacle à présent entre lui et Diablo...
Son coeur se serra...
Plus d'obstacle entre lui et la vengeance.
Il sentait son sang battre dans ses oreilles...
Plus d'obstacles entre lui et la mort...
Il sentit son coeur s'emballer. Cette idée lui avait traversé l'esprit comme un éclair meurtrier... Il n'y aurait pas la mort cette fois ci. la Faucheuse avait assez sévi à présent et ne devrait venir que pour recueillir l'âme souillée de Diablo...

Kamalh s'arrêta net devant la porte de la Tour, posa sa main sur la porte ornée par des incantations maléfiques dont tout l'édifice était gravé. Il eut un moment d'hésitation, une fraction de seconde ou ses idées se bousculaient dans sa tête... Il poussa brusquement la porte qui alla claquer contre le mur du corridor.

- Il fait sombre ici... murmura le Paladin.

Kamalh tendit sa main libre en avant et une flamme apparut dans sa paume. Gabriel prit son crucifix au creux de sa main et une lumière blanche émana tout d'un coup de celui ci. La lumière ainsi produite leur permettait de distinguer ce qui se trouvait devant eux, mais pas au-delà.
Le pied de Kamalh buta contre un objet au sol. Une plaque dorée portant des inscriptions. Kamalh approcha sa main enflammée près de l'étrange plaque.

- Une Plaque de téléportation...

L'esprit de Kamalh se mit à cogiter à une vitesse plus que fulgurante.
Il était face à son destin a présent...
Gabriel se plaça sur la plaque...
Kamalh sentait son coeur battre dans sa tempe.
Il posa un pied sur la plaque...
Ses yeux s'injectèrent de sang.
Il posa son deuxième pied sur la plaque...

- Kamalh, c'est peut là la dernière fois que nos chemins se croisent, les derniers mots que j'aurais échangés avec toi... Je voulais que tu sache, j'ai été plus qu'honoré de t'avoir à mes cotés... Tu es un grand guerrier, Kamalh... ta force sauvera ce monde...

Les yeux de Gabriel se remplirent de larme à nouveaux mais on pouvait voir à l'expression de son visage qu'il se forçait à ne pas pleurer. Il passa sa main sur ses yeux et pris une grande inspiration.

- Prêt ?

Kamalh ferma ses yeux pendant quelques instants. Le visage de l'Amazone lui apparut à nouveau, son sourire illuminait son visage et réchauffait le coeur du barbare. Si la mort venait lui prendre la main, il irait la retrouver...

- Prêt...

Kamalh sentit le sol se dérobait sous ses pieds et il sentait son estomac tomber au plus bas de son ventre.

Il voyait les étages passer sous ses pieds, les uns après les autres, comme un compte a rebours... Un dernier moment de quiétude avant le combat final, peut être son dernier. La main de Gabriel effleura la sienne et Kamalh la serra, leurs regards se croisèrent puis tout devient noir.
Leur montée a travers la tour était à présent terminée. Ils se dressaient face à une grande porte noire portant la marque noire de Diablo.
Kamalh posa sa main sur le bois de la porte et le Paladin fit de même. Dans un hurlement sourd, les deux guerriers poussèrent la porte et pénétrèrent dans la salle...

Kamalh s'arrêta net et fit signe à Gabriel de faire de même.

La pièce était sombre et ils firent la lumière mais, une fois de plus, elle ne fut pas assez puissante pour éclairer la totalité de la salle.

Les murs étaient noirs et des taches de sang s'étalaient sur les piliers qui soutenaient la voûte au-dessus d'eux. Kamalh leva les yeux et tendit sa main enflammée vers le haut plafond, des centaines de cages étaient accrochées au plafond, où des squelettes figés tenaient les barreaux. Sans doute ces hommes avaient-ils été trop téméraires... Ou peut-être avaient-ils trop espéré, un peu comme lui...

Soudain, Kamalh sentit quelque chose se jeter sur lui et le plaquer contre un des piliers de la salle qui s'effondra sous le choc. Il sentit des griffes s'enfoncer dans sa poitrine...

Gabriel poussa un hurlement profond et se jeta sur son agresseur. Kamalh se releva nonchalamment et tendit sa main pour faire à nouveaux apparaître une source de lumière. Mais rien n'y fit, la paume de sa main restait vide...

Kamalh s'empara de sa hache tombée au sol et se ressaisit.

Il scruta avec attention la salle et vit la lumière du Paladin qui se déplaçait rapidement...

- Il a besoin de moi... murmura-t-il, les dents serrées. Je ne vais pas le perdre lui aussi...

Et il se rua vers la source éclatante de lumière a grand renfort de cri. Il rabattit sa hache sur l'ombre qui se battait devant lui, celle ci fit quelque pas en arrière et disparut dans un coin sombre de la pièce.

Kamalh tendit sa main pour aider le paladin à se relever. Celui ci la saisit et se releva rapidement.

- Etait-ce ?

- Oui j'en ai peur... répliqua Gabriel.

Diablo sortit de l'ombre en émettant un petit rire sardonique.

Kamalh le dévisagea du regard. Dans sa large gueule béante semblait sombrer tous ses espoirs et son port s'apparentant à une silhouette de monstre préhistorique le fit tressaillir. Sa peau était constituée d'écaille rouges vif et des pics sortaient de son corps le long de son échine. Il mesurait bien la taille de deux hommes. Et Kamalh avait du mal à croire qu'il avait survécu à la charge de cette monstrueuse créature.

Kamalh plongea son regard dans celui de Diablo et presque aussitôt l'image de l'Amazone revint dans la conscience du barbare. Son coeur battait fort dans sa poitrine. La vengeance... enfin il allait prendre sa revanche... Enfin il allait se battre contre celui qui avait tué celle qui résidait dans son coeur... Ses yeux s'injectèrent de sang et ses doigts se crispèrent sur sa hache.

Le Barbare fondit sur Diablo et, avant que Gabriel n'ait eut le temps de réagir, les griffes de Diablo avaient déjà perforé le torse de Kamalh. Le sang du barbare s'écoulait le long de la patte du monstre et il la retira violemment du corps de Kamalh qui se tenait toujours debout. Gabriel vit Kamalh se tourner nonchalamment vers lui...

- Je vais bien...

Mais bientôt Kamalh s'effondra à genoux et ses yeux roulèrent dans leurs orbites.

- Kamalh... murmura Gabriel. Je ne peux pas continuer tout seul... j'ai besoin de toi... Kamalh !

Kamalh vacilla et s'effondra sur le coté.

Diablo émit un ricanement et fit un pas vers Gabriel qui tremblait de rage.

Il serrait son épée fort dans sa main. Il avait perdu tous ses compagnons et cette mort en était une de trop. Il sentait la haine bouillir en lui, prête à exploser.. Les Ténèbres avaient trop sévi pour rester impuni et les dernières paroles de Kamalh ne semblaient pas daigner s'arrêter de résonner dans l'esprit confus du Paladin... Le coeur brisé de Gabriel semblait transpercé de mille aiguilles tandis qu'une larme glissait péniblement le long de sa joue... C'en était trop... beaucoup trop... Ses yeux prirent à nouveau une teinte pale et il sentit son coeur se serrer. Il était temps de venger ses amis...

Il se rua sur Diablo, la rage au ventre et immergé dans le tourbillon de ses idées. Il noya ses larmes dans un hurlement sonore et il y eut un éclair blanc aveuglant, transperçant la salle comme un éclair meurtrier et dévastateur...

Gabriel sentait la froideur du sang sur son bras, un gémissement résonnait à ses oreilles et bientôt, il retira son épée de la poitrine de Diablo. Diablo tituba pendant quelques instants puis s'effondra de tout son long sur le sol en faisant trembler tous les murs de la salle.

Gabriel leva les yeux vers le plafond:

- J'ai fait mon devoir...

Et il disparut dans une explosion de poussière argentée.

Une raie de lumière perça l'épais nuage noir, puis un autre. Bientôt, la lumière fut sur les Enfers et le soleil brûlait à nouveau haut dans firmament.
C'était un nouvel age qui commençait...

Mais est ce vraiment la FIN ?
Un grincement sourd résonna entre les murs décrépis et lézardés de fissures du tombeau de Tal Rasha lorsque les portes massives allèrent claquer violemment contre le battant d'où s'effondra quelques gravas poussiéreux. Derrière ces portes se profila un démon aux allures étranges... terrifiantes... Le haut de sont corps s'apparentait à un squelette humain, d'où pendaient encore des lambeaux de chairs putréfiés et sanguinolents, et dont le crane était surmontés de deux cornes massives. Néanmoins, là où avait lieu d'être les jambes, s'élançait à la place une longue queue squelettique s'achevant par un harpon aux lames acérées. Ce démon flottait au-dessus d'un épais et sombre brouillard et les cornes de sa tête grattaient le plafond des couloirs sombres, tant sa corpulence et sa grandeur étaient démesurées...

Son souffle rauque résonnait tandis qu'il s'enfonçait de plus en plus dans le dédale du temple, sans aucune hésitation, le regard fixé vers l'horizon... Il n'y avait nul doute, ce chemin ne lui était pas inconnu...

Un sourire esquissa la fente béante au milieu de la chaire rougie de son visage tandis qu'il s'arrêta devant un socle doré gravé d'incantation Horadrim d'où s'élevait un puissant raie de lumière aveuglante. Il fixa du regard le sceptre qu'il tenait fermement serrés entre ses doigts squelettiques et poussa un rire sardonique retentissant. D'un geste brusque et précipité, il figea le bâton dans le socle et ses exclamations de joie s'intensifièrent.

Le sol se mit à trembler violemment et le rire de la créature se noya sous un fracas vrombissant. Le fond de la salle s'écroula dans un bruit sourd, dévoilant un nouveau couloir, plus sombre et plus sinistre encore...

La créature reprit sa progression, son visage était orné d'un rictus effrayant, il touchait au but, il pouvait le sentir...

Son regard se figea sur le pont qui se dessinait devant lui, ce pont menait à une parcelle de terre flottant absurdement au-dessus d'un gouffre d'où s'élevait de hautes flammes rougeoyantes. Au milieu de cette "île" se dressait un obélisque impressionnant contre lequel le mage Tal Rasha, enchaîné, se débattait inlassablement. Tirant sur les chaînes fixées de part et d'autres de l'édifice, émettant un cliquetis métallique continu et retentissant. Tal Rasha stoppa ses mouvements précipités lorsqu'il vit la créature qui venait d'entraîner dans la salle. Il s'exclama, d'une voix grave et puissante qui n'avait rien d'humain...
- Mephisto, mon frère !!

Son visage souillé par le mal et la suie s'illumina d'un sourire goguenard tandis que son regard s'attardait dans les yeux énuclés de Mephisto qui lui rendit son sourire mais qui persévérait dans son état immobile.

Toutes ces années de confinement au plus profond de ce temple avaient donné au visage de Tal Rasha un teint sombre et terne et les prunelles de ses yeux s'étaient noyées dans le blanc de ses globes oculaires.

Mephisto s'avança sur le pont vacillant, lorsqu'une boule d'énergie argentée jaillit du fond de la forge infernale et éclata violemment contre sa poitrine décharnée dans une explosion de chair sanglante. Le démon recula quelque peu et ses yeux exorbités parcoururent rapidement la salle.
- Nul ne libérera le démon confiné dans le corps de Tal Rasha... s'exclama une voix douche et sereine qui résonna en écho dans la pièce lugubre. Mephisto fut soudain en proie à une terreur qu'il ne sut contrôler, il continuait de jeter des regards furtifs en direction de chaque recoin de la salle mais il ne se rendit compte que trop tard que tout ceci était bien vain. Il poussa un puissant hurlement de rage et s'avança de nouveau sur le pont qui trembla de plus belle, vacillant au-dessus de la forge infernale d'où s'élevait une chaleur étouffante. La chair qu'il recouvrait sa cage thoracique squelettique se mit à suinter sous l'accablante fournaise. Il approcha ses doigts squelettiques de la Pierre d'Ame luisante fichée dans la poitrine mutilée de Tal Rasha, mais il ne semblait guère très rassuré... Ses doigts se refermèrent sur la pierre quand soudain, un sifflement strident et mélodieux retentit du fin fond du gouffre galvanique. Mephisto lâcha la pierre et plaqua ses mains sur ses oreilles.
Une silhouette transparente et limpide s'exhala du brasier infernal et se posta derrière Mephisto, perturbé et éperdu par cette apparition d'ordre divin.

Le regard livide de Tal Rasha s'attarda sur l'importun qui venait de se dresser entre lui et Mephisto. Il ne parvenait distinguer de son visage encapuchonné que deux yeux azure et luisants. Deux immenses ailes lumineuses ondulaient majestueusement dans son dos et une armure étincelante recouvrait son corps massif.

La silhouette reformula à nouveau ses augures:

- Nul ne libérera le démon confiné dans le corps de Tal Rasha...

Tal Rasha gonfla fortement sa poitrine en tirant sur ses chaînes puis poussa un profond hurlement re rage.

- Tu n'empêcheras pas mon frère de me libérer, Tyrael, les hommes ont failli et Diablo marche déjà sur le monde! Bientôt la vague infernale sera anobli par notre puissance.

- Diablo est mort! rétorqua brusquement Tyrael.

Le rictus sur le visage de Tal Rasha s'estompa presque aussitôt sous le choc de la nouvelle, celui ci cessa ses mouvements pour se débattre et fixa Tyrael comme s'il comptait l'occire par la violence de ses pensées.

Mephisto semblait confus au milieu de cette scène dont il restait spectateur malgré lui. Comment le seigneur de la Terreur, son frère aîné, avait-il été terrassé? Par quel biais? Par quelle armée? Ils avaient pourtant occit. Tous les membres de la Guilde des Héros jusqu'au dernier, dans la plaine aride qui formait la frontière vers l'Enfer. Mephisto commençait à se noyer dans la complexité de cette histoire et son esprit s'inondait de questions dont les réponses semblaient impossibles à atteindre. Il prit une seconde pour rassembler ces idées égarées dans le tumulte de son cerveau... Il devait agir au plus vite, si son frère aîné avait échoué, il ne pouvait que faillir lui aussi... Il lui fallait de l'aide, l'aide de Baal, Baal qui se trouvait confiné dans le corps de Tal Rasha, Tal Rasha qui se trouvait à portée de sa main...

D'un mouvement brusque et quasi imperceptible, Mephisto fit volte face et chercha à tâtons la Pierre d'Ame enfoncée dans la poitrine du mage, ses doigts squelettiques se crispèrent sur la pierre et il la retira d'un large mouvement de son long bras. Tyrael poussa un profond hurlement, et ses doigts angéliques serrèrent son épée massive qu'il leva haut vers le ciel.

Tal Rasha poussa un rire sadique tira fortement sur ses chaînes qui cédèrent dans un lourd fracas métalliques. Le mage tomba à terre et se retint par la force de ses mains tandis qu'il continuait de ricaner...

De longs tentacules percèrent l'arrière du crane de Tal Rasha, ondulant comme des cheveux et tombant le long de son échine. Puis, ses jambes éclatèrent dans une explosion de chaire et d'ossements, faisant place à deux paires de pattes osselées, semblables a ceux d'une araignées... Son corps gonfla et de larges pics sortirent de ces omoplates fracturées. Enfin, le visage mutilé et souillé de Tal Rasha s'effaça, laissant apparaître la face difforme et démoniaque de Baal, assombri d'un rictus de sadisme...

Baal s'aida de ses mains pour se remettre sur pieds ou plutôt sur ses nouvelles et massives paires de pattes. Il arrivait à la hauteur de Mephisto et Tyrael semblait minuscule face à sa grandeur...

- Fuit, mon frère ! s'écria Baal, Je me charge de cet importun... retrouvons-nous au temple du Zakarum, dans la citée haï de Travincal...
Mephisto hésita pendant un court instant puis acquiesça d'un signe de tête et d'un râle rauque. Baal garda son regard fixé sur son frère jusqu'à ce que celui ci disparaisse dans la pénombre du couloir qu'il avait emprunté peu de temps auparavant pour le rejoindre, pour le libérer...
- Tu ne sortiras pas d'ici, Baal, l'Enfer n'est plus et le monde des hommes ne subira plus le sillon de ta destruction !! La lumière a battu les Ténèbres et tu t'évanouiras dans le néant... Tout comme ton frère, Diablo !!

- IL SUFFIT !!! rugit Baal dont la voix se succéda d'un écho sourd et retentissant qui ne semblait pas vouloir s'estomper. Tyrael plaqua ses mains sur ses oreilles et fléchit légèrement. Les dernières paroles qu'il avait prononcées avaient provoqué le courroux de Baal, la défaite de son frère avait marqué son esprit même s'il savait pertinemment que son cadet était moins puissant que lui. En effet, des trois frères, Baal restait de loin le plus puissant. Il avait réussi à corrompre l'esprit de Tal Rasha et prendre possession de son corps et de son savoir. Tal Rasha était le plus sage des mages Horadrim, sa connaissance s'étendait au-delà du temps et de l'espace... Toute cette culture, ce savoir, était désormais tombé aux mains de Baal dont la force ne cessait de grandir à chaque fois que son esprit submergeait un peu plus celui de Tal Rasha...

- Tant que je serais debout, Tyrael... Les ténèbres ne tomberont pas, et la lumière faillira sous la puissance maléfique de la vague infernale !!
Tyrael émit un ricanement dédaigneux qui s'étouffa sous les râles de Baal qui reprit:

- La lumière s'effondrera avec toi, Tyrael...

Les doigts du démon se refermèrent sur sa pierre d'Ame qu'il tenait à présent en pendentif autour de son cou. Il ferma ses yeux globuleux et murmura des paroles de façon à ce que seul lui-même puisse les entendre. La pierre d'âme émana une lueur pale et étrange et Baal leva son index en direction de Tyrael. Des volutes rougeoyantes jaillirent de la Pierre en direction de l'Archange qui l'esquiva avec habileté. Le projectile fusa contre un mur de la salle qui explosa dans un tumulte retentissant et un large nuage de poussières. Baal toussota et son regard s'attarda sur l'épée de Tyrael, de la lame effilée émanait une lumière azure déconcertante...

L'Archange s'avança vers lui d'un pas ferme et téméraire. Un sourire effleura les lèvres du démon et un tentacule jaillit du sol et saisit l'épée de Tyrael. Celui ci stoppa sa course et tenta de ramené l'épée vers lui tandis que le tentacule invoqué par Baal la tirait vers les entrailles infernales de la forge. Le rire de Baal résonna dans la salle pendant que le tentacule emportait l'épée de Tyrael au fond de l'abyme... L'archange plongea son regard dans celui de Baal et le démon put sentir toute la fureur qui bouillait dans le coeur de l'Archange.

En un battement d'aile, Tyrael s'était dressé devant Baal et sa main s'était refermé sur la Pierre d'Ame que le démon laissait prendre autour de son cou. Baal referma à son tour ses mains sur celui de l'Archange qui tentait de la ramené vers lui. Baal émit un hurlement sonore et de nouvelles volutes rougeoyantes jaillirent de la pierre entre les doigts angéliques de Tyrael et s'écrasèrent contre la poitrine de celui ci. L'Archange fut propulsé contre un des murs de la salle qui s'effondra sous la violence du choc... Le corps de Tyrael fut recouvert de roche et de gravas... Baal franchit le pont vacillant et jeta un dernier regard au monticule de rochers sous lesquels se trouvait son adversaire...

- La lumière s'effondre avec toi, Tyrael...

Il poussa une dernière exclamation de contentement et s'engouffra dans le couloir ou s'était engouffré son frère quelque temps auparavant...
Natalya prit sa tête entre ses mains et tomba à genou sur le sol, étouffant ses sanglots entre ses dents serrées et serrant très fort le corps inanimé qu'elle tenait entre ses bras...

- Non... sanglota-t-elle... Ce ne peut se finir ainsi... Mon amour... tu ne peux avoir failli... Ce ne peut être... ce ne le peut...
Sa voix mourut dans un pleur et elle étreignît un peu plus encore le corps inerte et décharné de son amant contre sa poitrine. Elle n'osait pas poser son regard sur ce cadavre sanglant, à la poitrine ouverte et mutilée... Elle n'osait pas caresser cette joue rougie et embrasser ces lèvres sanguinolentes... Son regard retomba vers le sol. Ses idées se bousculaient dans sa tête et son coeur brûlait comme une torche. La partie de son être qui était occupé par cet homme qu'elle aimait, qui l'aimait, semblait mourir à l'intérieur d'elle-même... Il était si brave, si fort et à la fois si tendre. Pourquoi l'avait-elle laissé partir ? Pourquoi ne l'avait-elle pas étreint si fort qu'il ne pouvait la quitter ? Pourquoi avait-il fallu qu'il se rende à cette maudite bataille... ? Toutes ces questions elle connaissait les réponses, mais elle préférait les oublier, omettre qu'un jour elle l'avait laissé se rendre ici, ici ou il allait se battre en tant que capitaine, ici ou il a risqué sa vie... ici ou il l'a perdu, à jamais...

Pendant quelques instants encore, Natalya resta immobile, la respiration saccadée coupée par ses sanglants. Elle savait qu'elle pouvait tout voir... Devait-elle s'affliger cette souffrance ?

- Je veux savoir...

Elle approcha nonchalamment son doigt du front de son aimé inanimé et le toucha... Bientôt elle put entendre la voix de son amant:

- NE BATTEZ PAS EN RETRAITE ! NOUS VAINCRONS ! LA LUMIERE EST NOTRE ALLIE ! NOUS NE POUVONS PAS FAILLIR ! NOUS NE LE POUVONS PAS ! lE MAL EMPRISONNE EN CES LIEUX NE PEUT S'ECHAPPER ! IL NE LE POURRA JA...

Mephisto saisit à la gorge le capitaine de la garde de Travincal dont le hurlement d'encouragement cessèrent dans un hoquetement fluet. Le démon le porta jusqu'à son visage, c'est à dire à quelques deux mètres de hauteur.

- Misérable mortel, comment peux-tu espérer de l'aide de la lumière ! La lumière a failli ! Je le vois dans le ciel et je le voix dans l'obscurité de la lune ! ! Plus jamais le soleil ne se lèvera sur ce monde ! Partout les océans se rempliront du sang des innocents et le firmament sera rougi par l'essence de votre peuple ! Bientôt vous ne serez plus qu'...

- Assez... étouffa le capitaine dans un suffoquement quasi indistinct. La lumière... ne nous quittera... jamais... tandis qu'il reprenait une bouffée d'air après chacune de ses paroles, les doigts squelettiques de Mephisto se refermèrent un peu plus sur sa fragile trachée déjà étreinte.
- Pauvre fou ! Tu crois encore en la lumière ? Crois-tu qu'elle viendra te sauver désormais ? Crois-tu qu'elle pourra seulement t'accueillir en son sein ? Crois-moi, misérable mortel, il n'en est rien... Tu brûleras dans les flammes de l'enfer !

Mephisto approcha le capitaine de sa bouche béante et enfonça ses dents dans sa poitrine et son abdomen. Un bruit sourd de chair déchirée et d'os brisés résonna pendant quelques secondes. Mephisto retira ses lèvres sanguinolentes dont pendaient quelques lambeaux de viande rougie, des viscères du capitaine, Puis il envoya propulser la charogne décharnée du soldat contre une tour de guet qui explosa sous la violence du choc. Les morceaux de roches retombèrent en pluie dans la dense mêlée...

Natalya retira brusquement son doigt du front du cadavre et éclata en sanglot. Sa respiration se faisait encore plus haletante et son coeur battait très fort dans sa poitrine. Ses bras relâchèrent le corps qui s'effondra lourdement sur le sol. A présent elle savait tout, les souvenirs encore brûlants de son mari avaient lacéré son esprit, transpercé de mille aiguilles son coeur qui ne battait que pour lui...

Natalya appuya ses mains sur le sol et se redressa, elle s'empara d'une épée qui traînait près d'un charnier et l'approcha de son avant bras...
- Je jure, en ces lieux maudits d'horreur et de désolation... ou l'âme de mon aimé s'en est allé...( elle sanglotait à nouveaux) De renvoyer Mephisto vers l'Enfer qui l'a vu naître, et de gagner ainsi le repos éternel de mon cher et tendre...

Elle approcha un peu plus la lame de son bras, si près qu'elle pouvait sentir la fraîcheur du fer, puis elle entailla sa chair. Elle émit un léger gémissement et un filet de sang s'échappa de la blessure, tomba sur le cadavre de son amant.

- Puisse mon sang prouver la valeur de ma promesse...

Elle posa sa main sur sa plaie encore sanguinolente et s'éloigna du corps, sans le quitter yeux. Tandis qu'elle avançait, se frayant un chemin entre les charniers fumants et les corps mutilés, elle semblait submergé par la vague de ses idées qui se battaient pour son attention. Elle avait perdu tout ce qu'elle avait, tout ce qu'elle n'avait jamais eu dans cette vie dont il savait su redonner quelques couleurs lorsque les temps étaient durs et le ciel obscurci. Il avait toujours su trouver les mots, toujours su comment soigné ses blessures et radoucir son coeur si fragile... Elle entendait encore sa voix résonnait dans son esprit... Ses "je t'aime" se noyait sous les cris de douleurs qu'elle avait entendus dans sa vision... Il n'était, n'est, et ne sera plus jamais... Mais elle n'arrivait pas à accepter cette réalité, même si quelques secondes encore elle serrait son cadavre... Tandis qu'elle marchait, uniquement guidée par le son de son pas vif sur le sol, elle avait toujours une petite lueur d'espoir au fond de son coeur. L'espoir qu'une main se poserait sur son épaule pour la retenir, qu'elle saisirait cette main et que lorsqu'elle se retournerait, elle verrait le visage angélique de son amant, illuminé par ce sourire si lumineux qui avait su tant de fois la faire sourire à son tour. Elle espérait qu'il passerait sa main sur sa joue pour essuyer ses sanglots, qu'il la prendra tendrement dans ses bras et qu'il l'embrasserait... Une larme glissa le long de la joue de Natalya. Elle fit lentement volte face et son regard tomba lentement sur le cadavre de son amant. Il n'allait jamais se relever pour la retenir... Il ne le pourrait jamais... car il était mort... Elle frotta ses poings contre ses yeux, tout s'était obscurci par cette dernière vision, tous ces espoirs s'étaient évanouis à travers ce volte face... Il était parti, pour toujours...

Elle s'arrêta pendant quelques minutes devant une entrée sombre, comme une gueule béante. Son sang coulait encore le long de son bras et s'égouttait au bout de ses doigts tandis qu'elle serrait encore l'épée rougie.

Elle chassa d'un revers de main toutes les idées qui ne cessaient de l'accabler prit une profonde respiration. Elle n'avait plus le temps à présent, le temps n'était plus aux regrets, le temps était à la vengeance, la douce vengeance...

Elle s'engouffra dans les escaliers qui menaient à la Prison de la Haine, là où tant d'hommes avaient échoué, tant d'avenirs avaient à jamais détruit et tant de vie envoyée vers l'enfer...

Elle s'enfonça encore un peu plus dans la pénombre.

- Je te vengerais, mon amour...
Une main se crispa sur l'épaule de Natalya.

- A votre place je n'entrerais pas en ces lieux...

Un frisson originaire de l'endroit ou cette main inconnue s'était posée parcouru tout le corps de Natalya, le long de son échine jusqu'au bas de ses reins, éveillant un picotement douloureux dans la plaie de son avant bras entaillé par l'épée rougie.

Pendant l'espace d'un instant, elle avait osé espérer que cette main, cette poigne assurée mais néanmoins douce et chaleureuse, était celle de son amant. Elle avait osé espérer revoir son visage si elle tournait la tête, elle avait espéré rencontrer ses lèvres si elle se penchait un peu vers lui... Elle avait tant espéré, tant voulu...

Mais tous ses espoirs se brisèrent dans la tonalité de cette voix douce et attentionnée. Ce n'était pas celle de l'homme qu'elle avait chéri pendant si longtemps... Elle n'était pas si vide, si claire, si dépourvu de tous sentiments amoureux, si neutre... si calme, aussi...

Elle commença doucement à se retourner, se forçant presque, forçant sur les muscles de sa nuque, se battant contre ses idées. Elle aurait tant voulu ne jamais avoir à se retourner, ne jamais avoir à mirer s'effondrer tous ses espoirs, entraînant avec eux son peu de raison, son peu d'amour...

Natalya fit volte face, les larmes s'étaient remises à couler le long de ses joues, et sa respiration se faisait lente, haletante, saccadée.
- Laissez-moi... sanglota-t-elle en repoussant violemment la main qui était posée sur son épaule.

Ses yeux se détachèrent lentement du sol pour remonter doucement vers le visage de l'étranger, le découvrant doucement, l'extirpant de son brouillard de doute et d'amertume dont elle l'avait enveloppé malgré lui.

Sous les vêtements en peau de bête dont était vêtu cet inconnu, Natalya pouvait deviner un corps robuste et endurci par de nombreux périples de part le monde. Elle figea son regard pendant quelques secondes sur son visage. Ses yeux bruns comme la peau du grizzli qui recouvrait sa poitrine trahissait sa magie tribale et ses cheveux bruns coiffés en queue de cheval se mariaient avec son allure virile et rassurante. Les traits de son visage étaient fins et il émanait une chaleur réconfortante de ses lèvres esquissées en un croissant.

- Je suis désolé mais je ne peux pas vous laisser, ce serait vous abandonner à une mort atroce et ce je ne le peux, excusez le moi...
Tandis qu'il parlait, Natalya fixait ses lèvres et semblaient se perdre dans leur mouvement frénétique et inafferable.

La main de l'homme remonta doucement le long du corps de Natalya et vint se poser délicatement sur son visage. Il essuya du bout de ses doigts massifs les larmes de la jeune femme qui n'avait pas bougé, fixant toujours ce visage englobé de mystère.
- Qui diable êtes vous ? murmura-t-elle dans un soupir saccadé

Le sourire de l'étranger s'élargit un peu plus tandis qu'il s'affairait à sécher les yeux vitreux par les pleurs de Natalya, il redescendit doucement sa main et la laissa pendre à son coté.

- Je me nomme Selton, je viens de la Krosia, la foret vierge de Dominaria. J'ai été chassé de mon domaine par les monstres de Mephisto et je viens ici afin de rendre justice en l'anéantissant à jamais de par ma Magie Tribale que j'exerce... Qui m'eut dit que je tomberais sur vous... vous ?
Natalya ne fit pas l'ombre d'un geste, noyée dans les paroles de Selton, elle n'avait pas bougé, ni même acquiescé d'un signe de tête. Non, elle n'avait pas réagie... Mais qu'est ce qui l'a troublé autant chez cet homme ?

- Je... Mon nom est Natalya, reprit-elle dans un toussotement... Je suis venu ici car j'ai eu vision d'une bataille...

Elle n'avait pas évoqué son amant ! Elle n'en avait pas parlé... L'avait-elle omis ? Non ses souvenirs étaient frais dans sa tête et elle revoyait encore le cadavre sanguinolent de son mari et sentait toujours son poids fourmillé dans ses bras, le sang couler le long de son poignet pour s'égoutter sur le sol...

Un lourd silence s'installa, immissant en l'esprit de Natalya une confusion dont elle n'avait pas idée. Selton semblait l'avoir profondément perturbée. Peut être était ce à cause de la mort de son mari, peut être n'était-elle pas prête à revoir le visage d'un homme, peut être était-elle tout simplement devenu folle... Natalya réfuta d'un coup de tête l'hypothèse de la simple folie. Tout cela semblait trop évident, elle n'était pas prête, c'était tout... Elle n'était pas prête à revoir un visage d'homme qui n'était pas happé par la haine, qui était si frais, si clair... si attendrissant. Elle avait dit "attendrissant"... Qu'en savait-elle après tout ? Les quelques mots qu'avaient prononcé Selton et le ton doux et serein de sa voix l'en avaient convaincu... Mais que diable tourmentait son esprit de la sorte ? Quel était cet étrange esprit malin qui s'était imissé en elle et qui perpétuait inlassablement ce remuant tumulte dans sa tête ? Natalya n'en savait rien... Mais ce silence pesant l'accablait, il fallait le briser, parler, dire quelque chose, peut importe ce que ce fusse...

Natalya entrouvrit la bouche mais se rendit compte qu'aucun son n'en sortait... N'avait-elle rien à dire ? Au contraire, elle en avait des choses à raconter, à hurler, à clamer justice et à clamer au meurtrier. Mais pourquoi ces satanées paroles ne daignaient pas quitter sa gorge ? Pourquoi ne tenaient-elles pas à franchir le seuil de ses lèvres ?

- Vous avez eu vision de tout cela m'avez vous dit... Ainsi vous êtes une voyante ?

Les paroles de Selton avaient tiré brusquement Natalya de sa torpeur, comme si elles seules pouvaient provoquer ce trouble et le faire s'évanouir, selon la simple volonté de cet homme...

- Je... je suis une mage de la Sororité de l'Oeil Aveugle... Je vois et je sais... Ma mission en tant que Mage est de terrasser les Moines Infidèles...

Selton acquiesça d'un signe de tête...Qui eut crut que sur ces douces et files épaules féminines reposait de si lourdes responsabilités... Selton ne l'aurait pas cru, en tout cas... Jamais il n'aurait cru que ces petites mains pourraient tuer, que ce regard profond et innocent pouvait supporter le vermeil du sang, que ce coeur si fragile pouvait haïr...

La main de Selton saisit doucement celle de Natalya, qui baissa doucement les yeux vers le sol, comme si elle trouvait un attrait tout particulier à la rougeur du sol.

- Nous ne devrions pas rester ici... reprit Selton, Laissez moi vous portez en sécurité, s'il vous plait...

Natalya acquiesça nonchalamment d'un hochement de tête indistinct. Elle-même ne savait ce qui l'avait contraint à accepter cette requête, ce qui l'avait fait accepter l'aide de cet inconnu, ce qui l'avait convaincu de sa confiance... Une pensée lui traversa brusquement l'esprit, comme un éclair meurtrier. Elle fut tant choquer par cette terrible idée qu'elle relâcha violemment la main de Selton et fit quelques pas en arrière, en se tenant fermement le crane... "L'amour" c'était cela, cette idée fulgurante qui avait percée les ténèbres de son esprit tourmenté par cet homme. Ce ne pouvait être cela, elle aimait cet homme mort au combat, cet homme qu'elle avait pleuré quelque temps plus tôt, cet homme qu'elle avait chéri, qu'elle avait porté au creux de ses bras... Elle réfuta définitivement l'hypothèse de l'amour et relâcha doucement son crane.

- Qu'était-ce ? interrogea Selton sur l'étrange réaction de Natalya.

Natalya prit une ridicule seconde pour réfléchir à sa réplique. Cette seconde était une seconde de trop, car elle avait déjà connaissance du mensonge qu'elle allait répondre...

- Une vision... répliqua-t-elle.

Selton écarquilla ses yeux bruns noisette et afficha un air perplexe. C'était la réaction que Natalya attendait, cet homme avait totalement confiance en elle, elle pouvait le deviner à travers ses yeux remplis de doute et de curiosité. Elle savait qu'il l'écouterait, qu'il la suivrait, qu'il l'aiderait... qu'il l'aimerait aussi, sans nul doute...

- Et... Que disait-elle ?

Cette fois ci, Natalya n'eut pas recours à un instant de réflexion, elle enchaîna rapidement, l'air faussement naturel.

- Elle disait... Elle disait que nous aurons beaucoup à faire ensemble, mon cher Selton...

Selton esquissa un sourire et Natalya vit ses joues prendre une légère teinte rosée. Ce rose, clair et attendrissant la fit sourire à son tour, elle avait mis à jour le coeur de cet homme, aussi rapidement qu'elle l'avait rencontré. Et ce elle savait pourquoi, car le coeur de cet homme était bon, pur et dévoué...

Elle reprit lentement la main de Selton.

- Emmenez-moi loin d'ici...
Kamalh se rua sur Diablo à grands renforts de cris et ce sans que Gabriel n'eut le temps d'esquisser ne serait ce qu'un moindre geste.

- Kamalh, non! Ce n'est que pure folie!

Mais les hurlements de garde du Paladin ne faisait que se noyer dans la névrose grandissante du barbare. Toute sa raison semblait s'être évanouit dans le vermeil des yeux du Seigneur de la Terreur et la démence grandissait inexorablement dans son esprit tourmenté par la tournure complexe et imprévisible des événements...

La mort se faisait de plus en plus omniprésente à chaque pas de Kamalh, et le rire de Diablo semblait la clamer de toute sa puissance et son aliénation... Mais ce ricanement sadique traversait le corps de Kamalh et se noyait dans la déraison démesurée de son coeur tandis qu'il poursuivait sa course mortelle et frénétique...

Kamalh lâcha sa hache qui tomba sur le son dans un cliquetis métallique qui résonna pendant quelques secondes dans la salle, comme une interrogation, une question en quête d'une réponse qui ne semblait pas daigner lui être accordées...

Les yeux de Gabriel s'écarquillèrent tandis qu'il suivait méticuleusement la trajectoire de l'arme vers le sol souillé par le sang. Que diable saisissait ainsi l'esprit de son compagnon et lui infligeait ce grand coup de folie grotesque?

Kamalh tendit la paume de sa main droit devant lui. Il pouvait à présent sentir la mort vile et froide peser sur lui, et l'épée de Damoclès vaciller au-dessus de son crane...

"C'est le moment" clama une voix dans sa tête... "il n'est plus question de rebrousser chemin désormais, tu as fait ton choix, tu as tracé ta propre destinée... tiens toi y..."

Le cri rauque et grave de Kamalh redoubla de puissance, il était temps à présent, il n'en était que trop conscient, il n'y avait plus d'échappatoire, plus d'issue à, emprunter... Il n'y avait de place que pour les regrets... Son esprit cogitait à une vitesse fulgurante... Peu de temps lui était accordé, il devait avec célérité et habileté...

Kamalh poussa de toutes ses forces sur ses jambes et s'élança d'un bond prodigieux vers Diablo... Ses doigts se refermèrent sur la Pierre d'Ame du Seigneur de la Terreur qui n'eut pas le temps de remarquer son larcin. Le barbare retomba violemment sur le sol dans un bruit mat et résonnant...

Il appuya ses mains sur le sol pour se redresser et posa un genou à terre. Son regard était toujours dirigé vers le sol et il sentait son coeur heurter violemment dans sa poitrine et son sang battre dans ses oreilles.

Il mirait avec fascination la lumière qui s'échappait entre ses doigts de la Pierre d'Ame de Diablo... Il savait que toute la force de son adversaire tenait dans cette si petite chose...

- Une si petite chose...

Le barbare rassembla les fragments de ses idées disséminés dans son esprit encore troublé. Il se releva difficilement et se retourna vers Gabriel.

Mais bientôt il sentit le souffle chaud et haletant du Seigneur de la Terreur dans sa nuque... Il sentit les affres de la peur empoigner ses viscères et figer ses jambes comme sous l'effet du frimas...

Diablo leva progressivement sa patte... Sa large gueule s'entrouvrit et un rire grandissant en sortit, tel le glas annonciateur de la mort prochaine...

Tous les espoirs du barbare s'évanouirent dans les méandres obscurs de la mâchoire du monstre...

Kamalh laissa ses paupières retomber sur les iris rougeoyant de ses yeux...

Les griffes massives de Diablo pénétrèrent la chair de la poitrine du barbare, retournant ses poumons, lacérant son coeur meurtri...

Kamalh sentait le flot chaud de son sang glisser sur sa poitrine glacée... Dans un dernier effort, il se tourna vers le Paladin.

- Je vais bien...

Le barbare s'effondra et tomba à genou sur le sol. Il sentit le sang submerger l'iris de ses prunelles et ses yeux roulèrent lentement dans leurs orbites.

Les larmes glissaient lentement sur le visage de Gabriel et son corps tremblait d'une rage envahissante et incontrôlable qui violait sa raison...

- Kamalh...murmura Gabriel. Je ne peux pas continuer tout seul... j'ai besoin de toi...Kamalh !

Pendant une interminable seconde, le barbare vacilla... pendant une interminable seconde le destin prit le temps de faire son choix, hésitant...
Mais Kamalh s'effondra de tout son long sur le coté, la tête baignant dans une marre vermeil vive de son propre sang...

Gabriel sentait toute sa hargne aveugle et sourde envahir les saines parties de son être...

Il savait maintenant que l'humanité reposait entre ses mains... Ses épaules fléchissaient sous le poids de cette responsabilité tout autant que sa raison sous le poids de l'étrange folie qui le gagnait irrémédiablement... L'esprit de Gabriel était perturbé et toutes ses idées se confondaient dans un tumulte perpétuel et incessant. La mort de Kamalh avait fortement ébranlé sa raison et ses pensées se bousculaient dans sa tête...
Le rire sarcastique du Seigneur de la Terreur résonna à nouveau entre les murs de la salle et le monstre fit un pas en direction du Paladin...
C'est alors que la raison l'abandonna. Le coeur du Paladin s'emballa sous les affres de l'aliénation et ses yeux prirent une teinte pale et aveuglante. Il s'élança de toute sa puissance sur Diablo, la rage battant dans son coeur et la vengeance omniprésente dans ses pensées. Il releva son épée haut vers le firmament et les cieux se déchirèrent. Ses sanglots se noyèrent dans un hurlement de hargne sonore et il rabattit son arme dans un éclair blanc et éblouissant qui transperça les Ténèbres de la salle...

Un gémissement sifflant retentit à ses oreilles et ils sentaient son bras glacé par le sang du monstre.

Il retira d'un large mouvement son épée du poitrail de Diablo qui vacilla puis s'effondra de toute sa longueur démesurée sur le sol, dans un tremblement qui ébranla la voûte architecturale du plafond..

Gabriel prit une profonde inspiration et leva son regard vers le firmament.

- J'ai fait mon devoir...

Son corps se dispersa dans une explosion luisante de poussières argentées qui retombèrent doucement sur le sol...

Des flots de lumière émanaient de la Pierre d'Ame toujours serrée dans les doigts glacés et sans vie de Kamalh... Le barbare sentit soudain une douce caresse le long de son échine et son corps se crispa... Ses globes oculaires reprirent leurs teintes habituelles et il ouvrit péniblement ses yeux endoloris. Il resta allongé dans son sang pendant quelques temps, comme jouissant du plaisir naturel de pouvoir respirer à nouveau, puis poussa sur ses mains afin de se relever nonchalamment.

- Maintenant à moi de détruire cette pierre...

Natalya se réveilla en sursaut et laissa la lumière du matin pénétrer doucement ses iris bleutés. Elle prit une seconde pour calmer sa respiration saccadée et posa sa main sur son coeur qui heurtait violemment sa poitrine... Selton se précipita auprès d'elle.

- Qu'y a-t-il ?

Natalya prit une profonde inspiration...

- Une vision... Je crois que nous allons avoir l'aide d'un troisième guerrier...
La main de Natalya serrait fortement sa poitrine, comme si elle tentait d'enfoncer son coeur au plus profond de son être afin d'en étouffer les battements précipités et frénétiques. Son corps tremblait violemment et sa respiration se faisait haletante et saccadée, comme entraînée par celle du barbare qu'elle avait perçu dans sa vision. Selton se tenait toujours agenouillé à coté d'elle, le regard noyé dans ses yeux luisants de larmes sous la pression du rythme furieux de son coeur...

Selton pouvait déceler toute la détresse de Natalya dans les perles lacrymales qui roulaient le long de ses joues pour s'égoutter doucement sur le sol. Tout cela était étrange... Comment pouvait-il éprouver tant de peurs et de doute face à ces gouttelettes cristallines qui glissaient lentement sur la peau légèrement rosé de la jeune mage ? Et qu'en était il de cette mélancolie qui retournait ses viscères et perçait son coeur de mille aiguilles acérées ? Son bras se leva doucement vers le visage troublé de Natalya et il essuya une goutte claire du bout de ses doigts. Le a fraîcheur de la larme qui effleurait son index jurait avec la chaleur ignée de son coeur...

Selton hésita à parler, peut être fallait il qu'il demeure silencieux pendant quelques temps encore, peut être ne fallait-il pas accabler sa jeune amie de toutes les insondables questions qui hantaient son esprit tourmenté...

- Natalya... Pardonnez moi mais... vous venez d'évoquer l'avènement d'un troisième guerrier... Mais... je crains de ne pas comprendre... Qu'en est-t-il... ?

Le silence...le silence lourd et pesant resta la seule réponse de Natalya pendant quelques secondes, tandis qu'elle tentait vainement de calmer la fougue de son rythme cardiaque endiablé.

Elle pouvait sentir son sang battre fortement dans ses oreilles rougies par la chaleur de son corps et la fraîcheur d'un filet de sueur froide s'égoutter le long de son front brûlant.

Natalya constata tristement que ces efforts se faisaient bien vains... Elle prit une profonde respiration pour rassembler ses pensées noyé dans le tumulte engendré par cette vision fulgurante, puis entama sa narration...mais la cadence de son récit et le timbre de sa voix traduisait sa folle détresse...

- C'est un barbare... Kamalh il se nomme... Ils ont vaincu le Seigneur de la Terreur et maintenant ils sont forcés de nous rejoindre... Le Barbare sait, oui, il le sait, il sait qu'il doit se rendre dans la Prison de la Haine pour pénétrer dans La Rivière de Feu....
Natalya détacha son regard de Selton et celui ci fut tiré de l'océan des iris de la jeune mage. Cette dernière garda le silence pendant un moment et seul résonnait le son de sa respiration haletante dans l'atmosphère quiète et muette... Les yeux de Natalya se perdirent dans les vagues azures du firmament ou elle tenta de retrouver son calme et sa paix d'esprit habituelle...

Tout était tracé à présent... ce guerrier allait venir et les sauver... Il devait probablement être très puissant, certes, ce barbare... Oui... il allait terrasser Mephisto et la Haine Infernale... Il sait qu'il doit venir céans... Mais une déraisonnable éventualité la tira brusquement vers l'inéluctable réalité et étreignit violemment son coeur...

- Et s'il ne le savait pas... ?

Kamalh se tenait au pied du Beffroi de l'Apocalypse les yeux levés vers le firmament ou l'astre lumineux avait percé les ténèbres abyssaux des Territoires Obscurs. Le barbare semblait se délecter des rayons du soleil sur sa peau meurtries et ensanglantés, comme si le soleil se faisait soudain curatif...

Jusqu'ou son regard pouvait percevoir, il n'y avait que des ruines et des terres désolées par les rayons meurtriers et salvateur de l'allégorie du pouvoir du Zakarum : le soleil...

Il serrait toujours dans son poing la Pierre d'Ame qui avait perdu de sa lumière éclatante et maléfique sous l'influence de la lumière du jour. Kamalh savait qu'il devait la détruire, même s'il en ignorait le moyen... sa quête ne devait pas aller jusqu'à cet instant et Kashia ne l'avait jamais informé de la manière dont détruire ce sombre artefact...Sans doute avait-elle estimé qu'il serait mort à cet instant, sans nul doute ne ce serait-elle jamais douté qu'il en arriverait à ce stade de la quête, qu'il deviendrait aussi fort, aussi agile et aurait acquis tant de pugnacité et de volonté... Lui même ne s'en serait pas douté... Les yeux de Kamalh s'étaient perdu dans l'immensité de l'horizon tandis qu'il tentait de retrouver le cheminement de ses idées...

...Détruire la pierre...

Les doigts de Kamalh se relâchèrent lentement et la Pierre d'Ame lui glissa insensiblement de son poing... Elle tomba sur les gravas noirâtres dans un tintement quasi-imperceptible qui résonna en écho pendant quelques interminables seconde dans l'esprit de Kamalh... Le barbare fit quelques pas en arrière...leva sa hache massive haut au dessus de sa tête, puis demeura immobile... Son regard n'avait jamais quitter la pierre, comme s'il pouvait entendre ses suppliques désespéré et que la pitié l'eut soudain saisis les viscères, empoigné son coeur...
- Les barbares ne connaissent pas la pitié...

Kamalh poussa un profond hurlement sonore et rabattit son arme avec toute la violence et la hargne qu'il put puiser au fond de son être. La hache heurta la Pierre d'Ame dans un éclair blanc aveuglant. Kamalh fut violemment propulsé en arrière, tandis que la pierre émettait un hurlement strident qui ne semblait pas daigner s'arrêter de résonner entres les ruines et les amas de gravas des Enfers...

- Non... le barbare l'ignore... il ne sait pas...il n'a jamais su...

Kamalh ne tenait à présent entre ses mains que le manche de sa hache... des fragments du tranchant de son arme gisait sur le sol sableux....non loin de la Pierre d'Ame du Seigneur de la Terreur...intacte... L'esprit du barbare était fort embrouillé et confus, de tout ce qu'il possédait, sa hache et ses poings demeuraient ses plus puissantes armes et ni Andarielle, ni Diablo n'était parvenu à y résister. Mais voilà, cet objet, cette petite chose qui maintenant brillait comme un soleil, résistait à cette puissance...

- Quelle est diable que cette sorcellerie... se fâcha le Barbare en s'abaissant pour ramasser l'artefact maléfique.

Ce geste inconscient et vain d'avoir tenté de briser la pierre lui avait ouvert les yeux, il devait y avoir un moyen de la détruire, sans nul doute, mais il ne le possédait pas... il n'en avait même pas connaissance...

- N'ai crainte, barbare...

Une voix déchira les cieux et Kamalh recula de quelques pas en arrière, butant contre la porte du Beffroi de l'Apocalypse et comme tenant de se protéger des échos de cette voix venue des cieux... La dernière fois qu'il avait entendu une voix s'élever dans les méandres de son esprit, c'était la voix du Zakarum, de Dieu lui même qui venait le châtier pour avoir fauter... Peut être avait il encore échouer, et le Zakarum voulait le corriger...à jamais...

- Ne me crains pas, Kamalh... dis à nouveau la voix qui ondula doucement dans l'air, comme une empreinte dans l'atmosphère lourde des enfers, et dans l'esprit confus et perturbé de Kamalh...

Ce timbre n'était pas celui du Zakarum, ce n'était pas cette tonalité grave et autoritaire qu'il avait entendu devant les portes souillées du Monastère... Cette voix était douce, calme et Kamalh pouvait y déceler une certaine...humanité...

Le regard de Kamalh parcourut toutes les ruines et contourna toutes les ruines des Enfers... Il était seul... Seul dans l'immensité du monde Obscur... Et pourtant, il y avait cette voix... cette voix qui l'appelait par son nom...

- Quelle est cette infamie ? s'exclama le barbare, comme s'adressant au firmament d'ou semblait provenir son orateur...Qui êtes vous ?

L'esprit de Kamalh s'embrouillait inexorablement tandis que son regard se perdait dans l'espace infinie des cieux, comme s'il espérait que son mystérieux interlocuteur en descendrait...

- Je ne suis qu'un mage... Je me nomme Natalya... Je sais le fardeau qui tu portes... Et je sais comment t'en décharger...définitivement...

Tout devint soudain plus clair et les yeux de Kamalh redescendirent brusquement vers l'horizon...

- Alors dites moi...

- Les Forges Infernales... Sous la Rivière de Feu... C'est ici que tu dois te rendre... Là ou les Pierres d'Ames ont été forgés... L'unique passage vers ces terres se trouvent dans la prison de la Haine... Nous t'attendons céans... Ne nous déçois pas... barbare...
La voix s'éteignit dans les remous du mistral doux et frais. Les réponses que Kamalh attendait il les avait reçues mais son esprit demeurait néanmoins tout aussi confus...

Le Barbare avait longuement entendu parler des Forges Infernales... L'Archange Izual avait mené une guerre sans relâche contre ce sombre endroit et il l'avait perdu. Car ce lieu semble invulnérable...

Car depuis la création des Pierres d'Ames, les Seigneurs frères veillait à la sûreté de ce point...

Ils y avait placé un gardien centenaire et indétrônable : Hephasto, l'Armurier... Massif et robuste, la puissance de ce démon s'exprimait à travers son armes : le Marteau Infernal, le seul instrument pouvant briser les Pierres d'Ames pour toujours et bannir l'essence des Trois...
Mais en plaçant cet artefact entre les mains d'Hephasto, Les Trois Frères savaient qu'il serait en sûreté... Car nul ne pouvait terrasser l'Armurier, L'Archange Izual lui même avait failli grâce à sa pugnacité et s'était agenouillé face à la vague Infernale afin d'embrasser le Mal et la vilenie...

Cependant, ce marteau, Kamalh devait l'arracher des mains mortes et endolories d'Hephasto l'Armurier afin d'anéantir la Terreur... pour toujours...

Mais la tâche s'annonçait désespérément complexe... En effet, le seul accès aux forges restaient le portail crée par Mephisto lui même dans sa prison... Kamalh ne le savait que trop bien...ce portail vermeil comme le sang menait aux entrailles dans enfers, dans la Rivière de Feux, là ou le sol n'est que magma soufrée et l'air vapeur empoissonnée et étouffante...

Kamalh trouvait enfin une suite dans ses idées...
...Rejoindre les autres...

Oui, il devait retrouver cette mage dont la voix avait fait trembler l'airs et transpercer les nuages. Elle l'attendait là bas... et elle n'était pas seul, il y avait quelqu'un d'autre... Ces guerriers n'aspiraient qu'à son avènement et son aide.
Tout devenait plus clair au fur et mesure que Kamalh poursuivait son raisonnement absurde et suicidaire. Son chemin avait été tracé malgré lui par cette voix venu des cieux et il allait l'arpenter en toute confiance... C'était sa destinée...
« Ne nous déçois pas...barbare... »

- Je ne me le permettrais pas...

Les pas de Kamalh devenait de plus en plus accablant tandis que le soleil disparaissait inexorablement derrière l'horizon rougie par le crépuscule.

Le barbare n'avait jamais cessé sa course folle et effrénée depuis le Beffroi de l'Apocalypse et il foulait à présent la terre promise de Dominaria.
Un sourire effleura ses lèvres gercées et son poing se posa nonchalamment sur sa poitrine tandis qu'il ralentissait sa course jusqu'à s'arrêter. Le rythme exalté de son coeur révélait l'effort de sa marche qui s'annonçait interminable...

Pourtant, lorsque Kamalh avait franchi cette frontière vers l'Enfer avec Gabriel, jamais il n'aurait penser revoir ce ciel dégagé et obscurci par les douces nuits de la saison. Jamais il n'aurait imaginer sentir à nouveau ces brindilles effleurer son visage, cet horizon infini attirer à nouveau ses idées et cet air purs, léger pénétrer ses poumons... C'était un espoir qu'il ne pouvait se permettre... Car jamais il n'aurait du survivre à l'ultime combat contre le Seigneur de la Terreur...

Mais il était pourtant bien là, remuant cette terre qu'il n'aspirait qu'à revoir et inspirant cet atmosphère éthérée qui lui avait tant manqué... Mais cette fois-ci, il était seul, il n'y avait plus personne pour panser ses blessures... panser son coeur. Tous était partis... De la Guilde des Héros qui avait quitté fièrement la camp retranché des Rogues, il ne restait plus que lui. Maintes nuits il lui avait semblé apercevoir les fines courbes de la silhouette de l'Amazone, l'armure ossuaire de Salamandar, le sourire chaleureux de Gabriel ou les yeux noisette de la sorcière... Maintes fois il avait accouru vers eux... Mais trop de fois il l'avait regretté... lorsqu'il se réveillait seul, au milieu de nulle part...

Malheureusement c'était une quête qu'il devait incurablement terminer seul...

...Ou ne pas terminer...

Cette solitude irrémédiable pesait lourd sur l'esprit de Kamalh...

Mais bientôt il trouverait ces compagnons dont il ne connaissait rien et qui l'attendait quelque part, près de Travincal... Bientôt, il cesserait de se parler à lui même, d'entendre ses questions dépourvues de réponses résonner interminablement dans son esprit si tourmenté... Bientôt, il ne serait plus seul...

En quelques instants, l'obscurité de la nuit absorba tout le paysage et Kamalh s'allongea sur un rocher plat pour y passer la nuit... Il ferma doucement les yeux et s'effondra dans les bras tendus de Morphée...

Les paupières du Barbare se réouvrirent doucement et l'obscurité nocturne régnait toujours...
Cependant, il pouvait sentir la chaleur de la Pierre d'Ame entre ses doigts.

Son regard descendit vers on poing et il s'aperçut que la Pierre luisait de toute sa puissance et de son aveuglant éclat... Il pouvait sentir sa force dans le creux de sa main, l'essence du mal contre sa paume écorchées par les rudes combats.. Son regard ne pouvait plus se détacher d'elle et toute ses idées sombraient dans sa lumière rayonnante. Il avait tant combattu pour une si petite chose... Une si petite chose...

Un sourire niais effleura irrémédiablement ses lèvres tandis que ses doigts caressèrent délicatement la pierre incandescente.

- .MA petite chose....
- Tu es si belle... Et tu es mienne à présent...Je t'ai gagné...Il ne te voleront plus maintenant... Tu es mienne... mienne...
L'incandescence ignée de la Pierre d'Ame se reflétait dans les prunelles noircies du barbare et il pouvait sentir la douce chaleur de l'artefact lumineux contre ses doigts qui ne cessaient de la caresser subtilement...irrémédiablement...

Ses idées ne semblaient pas daigner cesser leur tumulte continu et Kamalh se noya dans la complexité du tourbillon de son être manipulé... Au coeur du tournoiement de ses pensées, il en restait une qui demeurait plus forte et qui résistait avec persévérance au maelström qui sévissait à l'intérieur de son crâne :

...Chérir la Pierre...

Il sentait sa tête devenir douloureuse à chaque fois que son regard se perdait un peu plus dans le vermeil profond et mystérieux de la pierre.
Il était sien à présent... contrairement aux paroles qu'il clamait, ce n'était pas lui qui possédait la Pierre, mais bien la Pierre d'Ame, elle même, qui avait pris possession de lui...de chaque fraction de son esprit vulnérable, de chacune de ses idées...
Kamalh pouvait sentir cette sensation de bonheur jubilatoire gagner peu à peu chaque infime parcelle de son esprit doucement corrompu... Et tandis qu'il sombrait doucement dans la douce folie fanatique de l'artefact, il savait qu'il n'y avait aucune barrière psychologique au pouvoir perfide de la Pierre...

...Résiste...

...Tu ne peux résister à elle...chéris la, elle est tienne... TIENNE !

Les yeux de Kamalh se plissèrent et son poing étreignit davantage la Pierre... Sa main alla se plaquer violemment sur de haut de son crâne. Il sentait la souffrance de plus en plus omniprésente dans son esprit et son sa main pressait fortement son visage grimaçant sous la pression cruelle de la douleur...

Au fond de lui même, Le barbare priait le soleil de ressurgir de derrière les montagnes, que le Règne matinale de la lumière terrasse la puissance ténébreuse de la Pierre...

...Venez moi en aide...

Mais la le soleil ne perça pas l'obscurité et l'incandescence inquiétante de la Pierre d'Ame ne cessait de croître inexorablement...
...Engendre ton soleil ...

Les yeux de Kamalh s'écarquillèrent brusquement.

Il avait omis un point essentiel qu'il comptait parmi ses attributs, en effet, dans la courte liste de ses armes figurait une puissance qu'il avait eut tort de négliger...

Il ferma ses yeux avec force et concentra tous les fragments épargnés par la corruption maléfique de la pierre. Sa main se détacha nonchalamment de son front et il l'avança devant lui... Il sentait une force ignée grandir au creux de son coeur haletant.
Le barbare poussa un profond hurlement de rage et il sentit comme un insecte se déplacer hâtivement sous sa chaire meurtri vers la paume de sa main.

Le sourire du Barbare vacilla...

... Le soleil se rapproche...

Les veines du Barbare se bandèrent brusquement sous sa peau et il sentit toute la violence de sa rage brûlante se répandre dans chaque partie de son être... Ses hurlements se firent saccadé et ahanant tandis que son corps tremblait brutalement sous la pression importante et démesurée de la force ignée qui grandissait en lui... Une grimace sadique effaça furieusement son sourire niais...

Ses yeux roulèrent lentement dans leurs orbites et la blancheur de ses globes oculaires sombra sous le vermeil du sang qui envahi ses iris...
...Contemple la genèse du Soleil ...

Les exhortations de Kamalh redoublèrent d'intensité et il dressa sa main vers le firmament obscur et voilé. Dans une explosion assourdissante et aveuglante, une sphère ignée gigantesque apparut dans sa paume rougeoyante. Le hurlement de Kamalh s'intensifièrent tandis que l'envergure de la prodigieuse boule de feu qu'il avait engendrée s'accroissait. Le barbare pouvait la sentir décoller de sa main et s'élever vers l'infinité des cieux obscurs. Il sentait la douce chaleur du fruit de sa puissance recouvrir ses épaules, inonder son être...

Bientôt, l'incandescence vermeil de la Pierre d'Ame s'estompa et Kamalh sentait l'emprise du sombre pétard sur son être s'affaiblir irrémédiablement. Il sentait ses idées à nouveau siennes, son cerveau corrompu avait briser les chaînes de l'assujettissements de la Pierre et était redevenu sien...

Son astre ardent brillait toujours haut au dessus de sa tête et avait mis fin à l'allégeance de son esprit... Ses rayons de lumières salvateurs pleuvait sur le visage pâle et vide de Kamalh qui pouvait sentir la douceur ignée de l'étoile réchauffer son coeur malmené...

- Merci...

Le regard du barbare se détacha du "soleil" et se porta sur l'artefact qu'il tenait toujours serré dans son poings aux veines saillantes.
Il avait échapper à l'avilissement éternelle à la Terreur Infernale et il s'en était fallu de peu...

Il savait que cette erreur lui avait failli être fatale et son esprit n'était que trop faible et vulnérable face à la grandeur et la vilenie de ce maléfique artefact... C'était un égarement à ne plus réitérer, à présent il devait se méfier... Car la Pierre d'Ame avait sa volonté propre...Et son machiavélique dessein ne connaissait aucun obstacle...
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