Fanfiction Diablo II

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Les combattants de la terreur

Par Yenish
Les autres histoires de l'auteur

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Le bateau arrivait en vue du port de Kurast, après cinq jours de traversée d'une mer houleuse, mais sans tempête. Les quatre combattants étaient regroupés à l'avant du navire, pas vraiment pour parler mais appréciant leur présence mutuelle.

Montar le paladin huilait consciencieusement son armure qui avait été très abîmée par le sable du désert et les embruns salés de la mer. La grosse plaque du barbare ne nécessitait pas de tels soins et c'était heureux, car même si Olof s'était maintenant habitué au tangage du bateau, il était incapable de faire une activité si minutieuse. Il avait vomi les deux premiers jours et pestait encore contre ce voyage forcé. Venant des lointaines montagnes du nord, il n'avait jamais pris la mer, et à l'en croire il ne la reprendrait jamais plus.

Comme d'habitude Fiseult était un peu en retrait, plongé dans des pensées qu'il ne partageait jamais, caressant un de ses loups blancs. Celaïne appréciait ses compagnons à leur juste valeur. Ils avaient l'air d'aventuriers comme on en voit tant par le monde, mais elle avait pu juger de leur force, et c'est pour cela qu'elle les accompagnait. Ils étaient sans doute les seuls à disposer d'une chance contre les trois, tout du moins l'espérait-elle. Elle se leva finalement et annonça aux autres qu'elle allait chercher ses affaires, ils allaient accoster d'ici peu.

Les quais de Kurast avait perdu de leur splendeur et ne ressemblaient plus à ce qu'était le port de la plus riche cité du siècle passé. La végétation luxuriante reprenait inexorablement ses droits et réclamait son territoire, envahisseur sournois et patient. Tout paraissait en ruine et il n'y avait plus que très peu d'habitants. Les quatre aventuriers, accompagnés de Cain le vieil horadrim, débarquèrent aussitôt le bateau à quai.

- Bien, nous y voilà enfin, soupira Olof sans cacher son soulagement de poser le pied sur un sol ferme.

- En avant, nous n'avons pas de temps à perdre ! Où devons nous aller, sage Cain ? s'enquit Montar

- Cela faisait longtemps que je n'avais pas remis les pieds dans la vieille Kurast, dit Cain sans avoir apparemment entendu le paladin.

Le vieux sage était le dernier des mages horadrim et l'unique détenteur de secrets presque oubliés. Il guidait les quatre combattants dans leur quête, mais son âge avancé ne lui permettait pas de quitter les villes où ils allaient, et il radotait souvent.

- Je sens une magie puissante par là, nous devrions aller voir ce que c'est, proposa Fiseult en indiquant un chemin près des quais.

Celaïne suivit donc les quatre hommes vers le centre du village côtier. Elle n'avait pas pu visiter la ville à sa façon et cela lui déplaisait singulièrement. Il n'y avait plus le temps à cela et ils devraient partir le plus vite possible car le rôdeur avait pris une trop grande avance.

Ils arrivèrent rapidement près d'un autel scintillant dans lequel s'enfonçait une lame apparemment magique. Un homme âgé mais encore leste vint alors à eux.

- Vous parlez à Ormus. Lui qui fut autrefois un grand mage n'est plus qu'un vieux guérisseur dans cette ville mourante. En quoi peut-il vous aider ?

Montar pris la parole, sans chercher à cacher les raisons de leur venue.

- Nous sommes à la poursuite d'un homme portant une cape et qui a du passer par ici. Il est accompagné d'un serviteur.

- J'ai vu votre homme, dit alors une voix dans leur dos.

Se retournant, ils se trouvèrent face à une petite jeune femme brune d'une vingtaine d'années. Sa peau couleur de nacre était parfaite et un circlet en or surmonté d'un saphir faisait ressortir le bleu de ses yeux. Celaïne pu voir que ses compagnons restaient bouche bée devant la beauté de la jeune femme. Elle était habillée dans une tenue qui ne pouvait être qu'un habit de combat. Une robe verte fendue sur toute sa longueur laissait voir ses fines jambes, et une ceinture en cuir entourait sa taille. Son torse était recouvert d'un petit plastron très léger mais protégeant les organes vitaux. Il était finement ciselé, tout comme les gantelets accrochés à sa taille, ce qui trahissait leurs caractères magiques. C'était à n'en point douté une armure extrêmement puissante.

- Je vous présente Aminara, l'ensorceleuse qui nous a ramené le gibdinn, notre lame sacrée dit Ormus.

- Ravis de faire votre rencontre, belle sorcière, dit Fiseult dont la réserve habituelle avait disparue. Il était subjugué par la magicienne et la fixait d'une manière fort inconvenante. S'en rendant enfin compte il détourna la tête en rougissant et se recula pour faire semblant d'examiner le gibdinn.

- Jeune femme, pouvez vous me dire quand vous avez vu le rôdeur, demanda Cain.

- Il y a deux jours, lorsque je suis parti à la recherche de cette lame. Enfin, je ne l'ai pas vraiment vu, c'était étrange, comme une illusion. J'ai essayé de lui parler mais il ne répondait pas, il n'existait pas vraiment en fait. Cette image a finalement disparue et quelques petits monstres sont apparus, bien réels eux par contre, mais inoffensifs.

- Mmmh, il a encore plus d'avance que je ne le redoutais. Il faut espérer qu'il sera retardé par l'orbe, dit Cain en se parlant à lui-même. Puis se tournant vers les autres : Vous devez vous dépêcher et trouver les reliques de Kalim. Je vais vous indiquer où les trouver.

- Vous semblez être une combattante, dame ensorceleuse, dit alors Fiseult. Voulez-vous vous joindre à nous dans notre quête ?

- Mais certainement, druide, je pourrai sans doute vous aider, j'ai déjà parcouru un peu la jungle et je connais quelques chemins. De plus, je pense que je pourrais apprécier votre compagnie. Le sourire qu'elle lui fit le laissa sans voix.

Celaine avait attentivement écouté toute la conversation. Elle avait immédiatement jugé de la puissance d'Aminara et estimé qu'elle leur serait d'un très grand secours dans leur poursuite de la Terreur. Mais quelque chose la gênait, un sentiment de méfiance qu'elle ne pouvait s'expliquer. Sans doute le regard qu'elle avait lancée sur le timide druide. Elle se promit de faire attention à cette sorcière. Elle suivit les autres et écouta les explications de Cain sur la suite de leur quête.
Le réveil ne fût pas facile, la nuit avait été très mauvaise.

- Saleté de suceurs de sang, pourriture d'insectes, misérables vermines ! Olof était déjà de très bonne humeur.

Le calvaire dans ces sombres marais n'était pas les quelques monstres les peuplant, mais le nombre impressionnant de moustiques qui entouraient constamment les cinq combattants. Olof était cependant le plus à plaindre. L'armure complète de Montar laissait peu de d'entrée aux moustiques et seul son visage montrait des traces de piqûres. Aminara s'entourait d'un sort de froid que les insectes ne pouvaient traverser vivants, et Fiseult utilisait un produit très odorant qui les repoussait. Il n'avait pas voulu donner la composition de cet onguent, mais son odeur trahissait au moins la présence d'excrément de loups dans les ingrédients. A contrecoeur Célaine s'était enduit de cette mixture, mais Olof avait été catégorique et avait repoussé l'idée par des phrases crues ponctuées d'injures que seuls les barbares connaissent et osent utiliser. Injures qui avaient maintenant pour cible l'ensemble de la population des moustiques peuplant la jungle.

Célaine était très fatiguée, car les incessants bruits d'Olof chassant les moustiques l'avaient gênée jusqu'à ce qu'elle s'installe à l'écart. Elle avait ensuite subtilement surveillé Aminara, afin de vérifier qu'elle ne leur ferait rien pendant la nuit. Son tour de garde fût calme, puis après avoir réveillé Fiseult pour le sien, elle se coucha et s'endormit simplement. Rien d'autre n'arriva, et c'est un peu rassurée sur les intentions de l'ensorceleuse que Celaine finit sa nuit.

- Nous serons dans le village d'ici une heure environ, leur dit Aminara après qu'ils eurent tous mangé et préparé leurs armes et paquetages. C'est là-bas que j'ai récupéré le gibdinn, et comme je vous l'ai dit, il me semble avoir vu l'entrée vers un lieu qui pourrait être la prison de l'écorcheur dont nous a parlé Cain.

- Et bien, si vous y êtes déjà passé, la route devrait être encore libre et facile à faire, remarqua Montar. Sauf bien sur si l'on tombe encore sur ces maudit marais gluants qui nous font prendre Fiseult et Celaine pour des roses parfumées.

- Non, la route est à peu prêt sèche, mais attention, je n'ai pas tué tous les monstres qui infestaient ce lieu. Ces maudits pygmées ont failli m'avoir et j'ai du fuir aussitôt le gibdinn en main, en me téleportant loin de la meute. Méfier vous de ses petits hommes, ils sont d'une rapidité déconcertante.

- Tant qu'ils volent pas, qu'ils sucent pas le sang et qu'ils sont assez gros pour qu'on tape dessus avec une masse, c'est pas un problème, répondit Olof. Un plaisir même, j'ai besoin de me défouler ! Car ces saloperies de moustiques m'ont énervé à un point ! Exécrables résidus de fientes de limaces putrides, ...

Et c'est au rythme des couplets de poésie barbares déclamés par Olof que les aventuriers reprirent leur route.

L'avancée était moins laborieuse que la veille. Les marais où chaque pas pouvait devenir traître avaient laissés place à une forêt plus dense, mais sur une terre bien ferme qu'un chemin longeant une rivière pénétrait. Célaine décida de partir en éclaireuse, tache qu'elle avait déjà remplie dans leurs précédentes sorties. Sa discrétion seyait à merveille à ce rôle et elle avait pu parfois éviter aux aventuriers de tomber dans des embuscades sournoises.

Les monstres qui se trouvaient sur leur chemin étaient bien plus intelligents que ceux qui rodent habituellement dans les parties sauvages du monde, et ils avaient frôlé plusieurs fois la catastrophe. La puissance du rôdeur était sans nul doute à l'origine de leur présence et de leur ruse. D'ailleurs il devenait évident que celui-ci gagnait peu à peu le contrôle de son enveloppe charnelle car les démons qu'il laissait sur son chemin étaient toujours plus puissants. Il fallait l'arrêter au plus vite. S'il réussissait à libérer son troisième frère, méphisto... Celaine chassa cette pensée et accéléra le pas.

Les quatre autres aventuriers avançaient rapidement, mais en restant tout de même sur leurs gardes. Le paladin ouvrait le chemin, tranchant les lianes encombrant la voix, précédé parfois par un ou deux loups se faufilant entre les arbres. Il était suivit par Fiseult le druide, Aminara la belle sorcière et l'arrière-garde était couverte par l'imposant Olof, toujours grommelant. Montor s'arrêta soudain, puis obliqua vers un des loups qui reniflait quelque chose au sol. Les autres accoururent autour de la trouvaille : un tout petit être difforme d'aspect humain, mais indéniablement démoniaque. Vêtu simplement d'un pagne, il tenait encore dans sa main un vieux couteau rouillé au manche cassé et une grande partie de son corps avait été carbonisé.

- Voila, c'est un de ces être dont je vous parlais, dit Aminara, un de ces petits sauvages habitant le village où nous allons.

- C'est c'te p'tite chose qui vous a fait fuir ? s'esclaffa Olof en remuant le cadavre du pied. Cet être ne ferait même pas le poids contre un jeune de cinq ans de mon clan ! Moi qui espérait un peu de combat, je vais ranger ma briseuse !

- Imbécile barbare arrogant, répondit sèchement la sorcière, ces êtres possèdent une force dont que vous ne devriez pas sous-estimer, et ils se déplacent en groupes bien plus dangereux que tout ce que vous avez combattus. Celui-là ne m'a pas posé de problème, mais méfiez vous des autres, espèce de brute sans cervelle !

Olof resta interdit face à la petite femme qui lui tenait tête. Le regard mauvais qu'elle lui avait lancé l'avait glacé et il ne songea pas à se vexer des insultes qu'elle lui avait envoyées. Les deux autres hommes étaient eux aussi surpris de la réaction de l'ensorceleuse et les regardaient sans rien dire.

- Peut être devrions... commença enfin Montor, mais sa phrase fût coupée par des cris non loin.

- Celaine ! s'écria Fiseult, et tous s'élancèrent en avant.

Le chemin s'ouvrait sur une petite clairière où débouchèrent en courant les combattants accompagnés des trois loups du druide. C'était vraisemblablement le village des êtres dont ils venaient de voir un corps. La plupart de huttes n'avaient plus de toit, ou s'étaient effondrées sur elle-même. Tout tombait en ruine et était envahit de plantes grimpantes.

En plein centre, Celaine combattait une meute des petites créatures, toutes armées d'un simple couteau. Elle était entourée et semblait sur le point d'être submergée. Les coups pleuvaient sur ses jambes et son ventre et elle ne réussissait à les éviter qu'à grand peine. Elle-même jouait des griffes, bloquait des coups et lacérait les démons l'encerclant par de vifs coups précis, mais pour un tué deux autres arrivaient en plus. Sa rapidité était déconcertante et lui sauvait la vie pour l'instant, mais elle ne tiendrait plus longtemps.

Sans réfléchir Olof s'accroupit, pliant la jambe droite et faisant porter tout son poids sur la gauche. Il n'eut besoin de se concentrer qu'un dixième de seconde pour faire porter tout son influx d'énergie sur cette jambe, et se libérant soudain il bondit dans les airs, brandissant sa masse de fer, prêt à atterrir dans la mêlée. Aminara vit les loups du druide perdre un à un consistance, et disparaître en s'évaporant dans une fumée blanche, pour réapparaître instantanément près de la jeune femme en difficulté. Presque simultanément elle sentit son armure se resserrer sur ses seins, ses gantelets épouser encore plus parfaitement ses doigts et son diadème grandir comme pour recouvrir tout son front.

Regardant à sa droite elle vit Montar finir sa prière à son dieu, empoigner fermement son bouclier et charger dans la mêlée.

- Vraiment désagréable comme sensation, murmura-t-elle. Enfin bon, allons-y.

Libérant l'énergie mystique qui courrait dans ses veines, elle invoqua ses dragons de feu. Des têtes d'hydres apparurent alors, crachant des boules enflammées sur les pygmées à proximité.
La puissance du coup fut phénoménale et arracha sans difficulté la tête de la créature, qui alla s'écraser contre une hutte à cent pieds de distance.

- A nous trente, pensa Olof en souriant, reprenant là la célèbre citation d'un chef barbare de jadis.

Il n'avait pas bien visé dans son saut et été tombé de l'autre coté d'un muret par rapport à Celaine. Il essaya de courir pour l'enjamber mais les petites créatures l'assaillir immédiatement. Ses grèves et ses jambières étaient bien trop résistantes pour que les pathétiques couteaux ne l'inquiètent, mais ses genoux et le haut de ses cuisses n'étaient pas protégés. Des couteaux entaillèrent son épaisse peau et le forcèrent à s'arrêter dans son élan pour se dégager. Il fit tourner sa masse autour de lui et envoya sans difficulté trois démons au loin. Cependant il ressentit aussitôt des coups dans son dos et vit d'autres pygmées courir à lui. Il se retourna pour expédier les importuns en enfer, mais une lame s'enfonça profondément dans l'arrière de sa jambe, lui faisant presque perdre l'équilibre.

Beaucoup moins mobile que Celaine, il n'arrivait pas à esquiver et ne pouvait utiliser sa masse de manière efficace. Des créatures commençaient à s'accrocher à ses jambes, essayant de le mordre, tandis que d'autres continuaient de chercher la faille dans son armure avec leurs vieilles lames. Olof ne pouvait rien faire et se trouvait presque immobilisé. Il parvint à donner quelques coups qui tuèrent leurs cibles, mais il allait bientôt tomber au sol où il ne pourrait plus rien faire. La peur l'envahit, il n'avait jamais sentit la mort si près, une mort affreuse, submergé par des pygmées qui essayaient de le dévorer vivant.

Il repensa à ce qu'avait dit Aminara quelques instants auparavant, sur le danger de représentaient ces créatures en groupe. Il comprenait maintenant, elle avait raison. Qu'avait-elle dit aussi ? Qu'il était un imbécile ? Sans cervelle ! Et ses maudites petites sangsues qui s'accrochaient à ses jambes et qui l'empêchaient de se battre. Une rage sourde le submergea, une frustration incroyable qu'il n'avait jamais ressentit monta en lui, gonflant dans son ventre, lui brûlant la gorge, le faisant soudain trembler comme une feuille.

- Vous allez me lâcher !!! Vous avez fini oui !? BORDEEEEEEEEL !! ROOAAAARRRR !!

La puissance de son hurlement fut telle que la terre trembla sous ses pieds. Ses assaillants le lâchèrent, certains assommés par la force du cri, tandis que d'autres se tortillaient en poussant des cris stridents, leurs yeux ayant implosés sous l'effet de l'onde de choc. Le visage du barbare était méconnaissable, ses yeux brillants sous l'effet de sa rage.

- Ca va saigner... furent ses seuls mots, avant qu'il n'abatte sa masse sur les démons encore allongés au sol.

La prière de défiance de Montar n'était pas d'une grande utilité pour Fiseult, car le druide n'avait jamais compté sur la protection de son armure. Il se tenait toujours loin du combat, à l'arrière garde, protégé par ses compagnons et ses loups. Aussi se sentait-il maintenant très vulnérable. Le combat avait débuté de manière chaotique car jamais le groupe d'aventuriers ne s'était fait surprendre de la sorte. Olof et Celaine étaient loin de lui et il avait invoqué ses loups pour défendre l'assassin qui se trouvait en périlleuse posture. A ses cotés il vit l'ensorceleuse commencer à lancer ses sorts de feu. Ceux-ci se montrèrent très puissants, mais inadaptés à la situation : les hydres avaient bien trop de cibles et si mortelles soient elles, leurs boules de feu ne pouvaient toucher qu'un seul démon.

Montar chargea alors dans un grand cri, essayant de rejoindre Celaine. Il fut vite entouré lui aussi, mais résistait sans trop de difficulté. Son armure complète et son bouclier avaient leurs défenses décuplées par sa prière et les pygmées s'acharnaient sans résultats autour de lui. Le paladin commença alors à frapper suivant une technique que Fiseult l'avait vu utiliser mainte fois dans les déserts proches de Lut Gholein : cinq coups successifs, de bas en haut en se tournant progressivement. Ces coups étaient certes moins puissants que les monstrueuses frappes de la lourde briseuse d'Olof, mais ils possédaient une meilleure vitesse, une bonne précision et une très grande régularité. Les cadavres s'amoncelèrent rapidement autour du guerrier et il commença lentement à se rapprocher de Celaine. Celle-ci, grandement aidée par les loups, commençait à reprendre le dessus sur ses adversaires, bien que sa position soit toujours périlleuse.

Des cris aigus résonnèrent alors en provenance de la lisière de la jungle, non loin de lui. Reculant d'un pas, le druide vit avec horreur une autre meute de pygmées débarquer en courant aussi vite que leurs courtes jambes leur permettaient. Ceux-ci semblaient armés de simples bâtons, mais Fiseult reçût une pierre sur le torse et compris immédiatement le danger. - Des sarbacanes, pensa-t-il. Il remarqua aussi cinq démons qui semblaient différents. Juchés sur les épaules de leurs semblables, ils portaient de grands masques aux couleurs vives et invectivaient les autres. L'un d'eux avait un masque rouge sang différents des autres, c'était leur chef, sans aucun doute.

Fiseult se rapprocha d'Amirana. Elle aussi avait vu les nouveaux arrivants et elle avait invoqué une hydre entre eux, mais les pygmées l'ignorèrent et accoururent vers eux en glapissant. Certains furent tués, mais une quinzaine arriva près des deux combattants isolés. Ils s'arrêtèrent soudain, mirent leurs sarbacanes à la bouche et se mirent à projeter des pierres à un rythme effréné, à bout portant. Fiseult eut juste le temps de se protéger les yeux avant de recevoir la première volée. Celle-ci ne lui fit pas aussi mal qu'il le craignait, mais immédiatement après d'autres pierres le frappèrent, encore et encore. Il pensa un instant fuir en arrière, mais réalisa alors qu'ils étaient encerclés.

Amarina saignait de l'arcade et son visage était couvert de sang. Obligée elle aussi de se protéger elle n'avait plus le temps de lancer ses sortilèges. Le druide sentit ses forces faiblirent, il était complètement impuissant face à ce déluge de pierre. Désorienté, il tournait sur lui-même en essayant de n'offrir que son dos comme cible, mais c'était peine perdue. Un cri strident sur sa droite l'alerta, et risquant un regard il eut juste le temps d'apercevoir trois pygmées armés de couteaux qui courraient sur eux. Paniqué, Fiseult fit la seule chose qui pouvait leur sauver la vie.

Il concentra les énergies de la nature en lui, puisa le fluide sombre de la terre et le libéra, invoquant près de lui ses fidèles loups. L'un d'entre eux s'attaqua immédiatement aux nouveaux assaillants, bondissant sur eux. Les autres se séparèrent et attaquèrent les tireurs sans se soucier des pierres qui heurtaient leurs fourrures. Le combat était acharné, mais toujours déséquilibré. Les loups étaient d'une résistance formidable, mais n'arriveraient jamais à tuer tous les démons. Ceux-ci fuyaient quand les bêtes se rapprochaient trop, s'écartant avant de les reprendre pour cibles. Déstabilisés, les loups courraient dans tous les sens tels des louveteaux chassant des mouches, impuissants. Cependant le druide et la sorcière étaient maintenant dans un calme relatif, debout pour quelques secondes au milieu de l'oeil du cyclone.

Olof tenait sa masse a deux mains et tournait sur lui-même telle une mortelle toupie, tuant les démons assez fous pour s'approcher. Montar continuait son carnage méthodique, concentré sur chacun de ses mouvements. Fiseult chercha Celaine des yeux, et eut juste le temps de la voir s'écrouler. Deux pygmées avaient réussit à lui sauter sur le dos et l'un d'eux avait planté son couteau dans la nuque de l'assassin. Lentement, elle s'affaissa, et immédiatement elle fut recouverte par les petits démons l'attaquant comme des rats. Le druide se figea sur cette vision d'horreur. Il l'avait tué. En lui retirant ses loups il l'avait condamnée à cette mort atroce. Les larmes lui montèrent aux yeux. Sa faute, c'était sa faute à lui seul ! Qu'avait-il fait ? Le combat continuait autour de lui mais il n'y prêtait pas attention. Des pygmées fonçaient sur lui mais il ne chercha pas à fuir ni à se protéger avec ses loups. Pourquoi faire ? Il ne méritait pas mieux que mourir.

Les démons étaient à trois mètres de lui quand une magnifique orbe de froid arriva de derrière lui. Elle se sépara en d'innombrables traits de glace et tua nets les pygmées en les faisant exploser en mille morceaux. Amirana relança son sort, décimant une autre troupe d'une dizaine de souffleurs de sarbacanes. Le combat changea immédiatement de tournure, les petits démons ne pouvaient éviter les multiples pics de froids mortels et tombaient par groupe. En une trentaine de secondes le village fut recouvert d'une particule de givre et débarrassé de ses habitants maudits. Les combattants reposèrent leur armes, étonnés de la tournure des événements. Jamais il n'avait vu une sorcière si puissante à l'oeuvre. Mais Fiseult courut sans tarder vers l'emplacement où était tombée Celaine sans se soucier des autres.

Arrivé à cet endroit, il regarda autour de lui sans comprendre. Où était-elle ? L'avaient-ils dévorés si vite ? Non, impossible !

- Celaine ! hurla-t-il, par désespoir, sans y croire.

- Je suis ici, répondit une voix calme.

Il se tourna, incrédule. Elle se tenait à une vingtaine de mètres de là, vivante et souriante. Autour d'elle étaient éparpillés les cadavres des chamans, baignant dans leur sang, leurs masques brisés.

- Comment... C'est impossible ! Je t'ai vu ! bégaya le druide.

- Ce n'était pas moi mais mon ombre, expliqua rapidement Celaine. Un sortilège de mon ordre qui m'a permit de m'éclipser une fois repérée. Je n'étais pas vraiment en danger, je vous remercie tous cependant pour avoir essayer de me sauver. Je m'en serais voulu si vous aviez péri par ma faute, mais je ne pouvais pas faire autrement, je suis vraiment désolée.

- Tu n'as pas à être désolée, en faisant cela tu as occupé une bonne partie de ces monstres, dit Montar. Et nous avons décuplé nos forces en te croyant en péril, jamais nous ne nous étions battus comme cela !

Tous approuvèrent, et ils se regardèrent avec des regards de fierté et de reconnaissance. Une communion parfaite semblait s'être installée entre eux après ce vaillant combat.

- Et ça m'a permis de voir la plus grosse sauterelle existant sur terre !

Les quatre regardèrent Celaine sans comprendre, puis ils explosèrent de rire, même Olof qui accepta de bonne grâce pour une fois qu'on se moque de lui.
L'entrée de la prison était située en bordure du village et les aventuriers n'eurent aucun mal à la trouver. Il s'agissait en fait d'un simple escalier de pierre s'enfonçant dans le sol humide de la jungle. Des sons étranges sortaient de l'ouverture, cris distants et inquiétants. Mais cela n'affecta pas les guerriers qui entrèrent prudemment les uns à la suite des autres.

La progression dans les sombres couloirs n'étaient pas chose aisée. De petites troupes de pygmées attaquaient régulièrement les combattants, mais ils n'avaient aucune chance face au groupe compact et bien organisé des humains. Le barbare et le paladin ouvraient la route, précédé par un loup. Ils encaissaient les assauts sans broncher et tuaient impitoyablement ces maudites vermines. Derrière eux venaient Celaine et Aminara, puis le druide fermait la marche avec ses deux autres bêtes.

Les aventuriers furent un peu surpris au détour d'un couloir par une horde de spectres fantasmatiques, mais l'expérience acquise dans les tombeaux du désert permis au paladin et au barbare de réagir sans s'exposer. Aminara les aida de plus à l'aide d'épieux de glace fort efficaces.

La prison était en fait un véritable labyrinthe. Les couloirs obliquaient sans raisons apparentes et des grilles de fer empêchaient le passage à des endroits étranges. Nombre d'entre elles étaient tellement rouillées que des barreaux tombés permettaient le passage. L'odeur était pestilentielle, mêlant moisissure et décomposition dans une atmosphère saturée d'humidité.

Les cinq aventuriers débouchèrent finalement dans une salle plus grande que les autres, d'où partaient quatre chemins dans des directions opposées.

- Bien, par où maintenant ?, questionna Montor.

- Soyons logique et tourons à gauche comme nous le faisons depuis le début, répondit Fiseult.

- Attendez ! murmura Celaine, écoutez...

Faisant silence ils purent entendre des grattements rapides, bruit qui leur étaient maintenant familier.

- En revoila, soupira Olof. Et alors qu'il disait cela des hommes rats débouchèrent dans la salle par les trois chemins devant eux.

Leur nombre était plus important que ceux qu'ils avaient déjà rencontrés, mais ils ne faisaient toujours pas le poids face à la puissance et l'organisation des combattants. Ceux-ci ne s'affolèrent pas et livrèrent le combat de manière méthodique et défensive. Les pygmées tombaient les uns après les autres sans avoir aucune chance d'atteindre les humains avec leurs courtes lames. Les aventuriers avançaient lentement suivant Olof et Montor qui dégageaient la route.

Celaine poussa soudain un cri et d'un mouvement sec décapita le démon qui venait de lui planter son couteau dans le mollet.

- D'où est-il arrivé ? s'écria Fiseult et la réponse arriva immédiatement. A coté de lui trois cadavres de pygmées se réanimèrent et attaquèrent immédiatement les loups. Tous les petits êtres morts se levèrent tour à tour, leur rage intacte. La plupart ne se relevaient que pour mieux repartir en enfer, tués sans merci pas les combattants. Mais quelque soit la gravité de la blessure, ils revenaient à l'attaque, inlassablement.

- Les chamans ! indiqua Amirana. Situés non loin du combat ils psalmodiaient en groupe, invoquant leur pouvoir de nécromancie, ramenant leur morts.

Comme s'ils s'étaient sus repérés, ils s'approchèrent vers le centre du combat.

- Petits petits petits, murmura Olof en se préparant à frapper. Il s'écria soudain et se jeta de coté, évitant de justesse un puissant jet de flamme. Les chamans s'étaient arrêtés de ressusciter les pygmées et utilisaient leur magie de manière directe contre les humains en invoquant de puissants inferno. Olof réussit à esquiver et Montar se protégea derrière son boulier en déviant la flamme. Aminara se téléporta dans un coin de la salle inoccupé alors que Celaine et Fiseult reculaient précipitamment.

De nouveau déstabilisé et séparé, le groupe d'aventuriers se retrouva en grand danger. Chacun devait lutter pour sa propre vie en se méfiant des rapides pygmées et des puissants chamans. Celaine et Fiseult se protégeait mutuellement, aidé par les loups. Les animaux essayaient souvent de charger les sorciers mais ne résistaient pas longtemps dans les vagues de feu. Fiseult se fatiguait à les réinvoquer afin d'occuper les chamans et leur épargner de précieuses secondes. Olof et Montar s'en sortaient eux aussi, habitués au surnombre il se battaient vaillamment, écrasant des têtes et tranchant des membres. Aminara déchaina à nouveau sa puissance, et son orbe de glace fit exploser en mille morceaux quelques pygmées qui l'approchaient. De nombreuses hydres de feu sortirent du sol, crachant leurs sorts mortels sur les démons alentours. Une nouvelle orbe acheva la moitié des chamans.

Le combat retournait à leur avantage, pensa Fiseult alors que Celaine égorgeait un des derniers sorciers. Le danger était encore présent car des pygmées se battaient encore, mais maintenant que les chamans étaient morts, ils étaient presque impuissants. Ils étaient trop faibles, et il y avait trop d'hydres, beaucoup trop. A ce moment précis Celaine hurla à nouveau de douleur, et posa une main sur sa hanche brûlée. Elle venait de recevoir une boule de feu en plein corps. Le dragon à trois têtes en cracha une nouvelle dans sa direction, mais l'assassin l'évita d'une roulade. Un loup glapit à coté du druide en prenant feu avant de disparaître. Une autre hydre venait de le terrasser et elle tirait maintenant sur un pygmée survivant, épargnant miraculeusement Fiseult.

Olof vit clairement la scène et avertit Montar d'un cri. Il ne pouvait pas se dégager de son combat pour aller aider ses deux compagnons car il s'occupait d'une poignée de démons autour de lui. Il chercha des yeux la magicienne et la vit à l'opposée de la pièce, derrière une grille intacte, observant le spectacle et invoquant de nouveaux dragons de feu. Puis il du se reconcentrer sur son combat, la perdant de vue.

Le chaos régnait dans la pièce. Les hydres lançaient des boules de feu sur tout ce qui se trouvait à proximité, homme ou démon. Les pygmées continuaient de se ruer sur les hommes qui se défendaient comme ils le pouvaient. Olof se retrouva soudain entouré de trois dragons et reçut de plein fouet leur sort brûlant. Son armure divisa le choc mais le barbare serra les dents contre la douleur qu'il ressentit. Il se préparait mentalement à encaisser à nouveau les sorts quand son armure se mit à scintiller de mille couleurs. L'impression de plénitude qui l'envahit le rasséréna et sans prêter attention aux hydres il reprit le combat pour achever les derniers démons survivants. Il se savait protégé contre les éléments, presque insensible aux morsures du feu et du froid. Mentalement il remercia Montar.

Le paladin ne comprenait pas du tout ce qui se passait. Lui qui pensait que Aminara contrôlait les hydres, il avait été pris au dépourvu quand elles s'étaient retournées contre eux. Il avait mis du temps à demander le salut du Zakarum pour les protéger. Enfin les derniers démons rendirent l'âme et un calme pesant s'installa quand les dernières hydres retournèrent à la terre, leur énergie épuisée.

- Que c'est-il passé ? demanda-t-il, déboussolé

- Je ne sais pas. Qui lançait les hydres si ce n'était pas Aminara ? répondit le druide en s'approchant. Tout comme le paladin il se sentait perdu.

- C'était-elle, dit calmement Olof. Elle a attendu que nous soyons en difficulté et a tenté de nous tuer.

- C'est impossible ! s'écria Fiseult

- Je l'ai vu de mes propres yeux, gronda Olof, elle voulait nous tuer, il n'y a aucun doute. Nous ne la connaissons pas, nous n'aurions pas du lui faire confiance. Maudit soit-elle ! Maintenant nous sommes encore en plus grand danger.

- Peut-être devrions nous essayer de la retrouver, il n'est pas bon d'avoir quelqu'un d'aussi puissant prêt à nous tuer. Ce serait prendre les devant que de... commença Fiseult

- Nous n'avons pas le temps ! le coupa Montar. N'oubliez pas notre quête, nous devons trouver au plus vite le cerveau de Kalim. Si nous la recroisons, elle devra s'expliquer.

- De plus... dit Olof.

- Oui, mon ami ?

- Je ne pense pas que nous la reverrons vivante.

- Pourquoi donc ? s'étonnèrent les deux hommes.

Le barbare posa sa masse sur son épaule et commença à s'engager dans un des couloirs.

- Personnellement, je n'aimerais pas avoir Celaine aux trousses dans cet endroit.

Le paladin et le druide regardèrent autour d'eux. L'assassin avait disparue.
La silhouette disparut au tournant du couloir à trente pas de là. Celaine allongea sa course, désireuse de ne pas perdre le contact avec la sorcière. Celle-ci avait pris de l'avance en se téléportant derrière une grille et l'assassin avait été obligé de faire un détour. Il lui fallait absolument la rattraper avant la sortie. Dans un lieu si sombre et étroit, Celaine était à son avantage, dans son élément. Au dehors elle ne ferait pas le poids contre une sorcière si puissante et possédant de tels sorts dévastateurs. Débouchant rapidement une fiole de soin, elle renversa une partie de son contenu sur sa cuisse blessée et sa hanche brûlée et but le reste. Elle allait avoir besoin de toutes ses forces.

Ses réflexes lui sauvèrent la vie quand elle passa le coude du souterrain. Sans même voir ce qui arrivait, uniquement guidée par son instinct, elle se jeta à terre. Trois boules de feu mortelles s'écrasèrent contre le mur derrière elle alors qu'une autre lui touchait l'épaule. A quelques centimètres prêts la mort aurait été instantanée. D'une roulade l'assassin se releva avant que les hydres n'aient pu recracher leur sort, et prenant appui sur le mur elle leur sauta par-dessus. D'un pas de coté elle esquiva les nouveaux projectiles enflammés qui lui arrivaient dans le dos et continua sa course sans ralentir.

Cette partie de la prison lui était inconnue, aussi fut-elle surprise lorsqu'elle déboucha dans une salle carrée d'une cinquantaine de mètres de large. Une mare occupait le milieu de la pièce et une seule autre issue était visible. Une grille la barrait cependant, et la sorcière s'était retrouvée prise au piège. Debout de l'autre coté de l'étendue d'eau, elle regardait l'assassin d'un oeil mauvais. Bloqués par la grille, quelques pygmées s'affolaient, bouillant de rage et incapables de passer.

- Je te laisse une chance, repars d'où tu viens, et évitons ce combat, tu ne fais pas le poids, dit l'ensorceleuse.

- Si c'est le cas, prouve le. Mais avant, j'aimerais comprendre pourquoi tu t'es retournée contre nous. Enfin, tu n'as jamais vraiment été de notre coté, n'est-ce pas ?

- Non, bien sur ! sourit Aminara, je me doutais que tu avais compris. J'ai fait l'erreur de te croire morte une fois, je ne la referais pas.

- C'est pour cela que tu n'es pas intervenue pas avec toute ta puissance là-haut quand mon ombre combattait... mais pourquoi nous avoir suivit jusque là si c'est pour nous tuer ?

- Quelle question stupide C'est pour l'argent et le pouvoir bien sur ! Vous portez sur vous des armes et des bijoux de grande valeur, et c'est tout ce qui m'intéresse. Peut-être même trouverais-je un objet qui me rendra plus puissante. J'aimerais voir aussi ce que c'est que cette relique de Kalim.

- Quand le monde sera condamné par l'arrivée des trois, l'argent ne te servira à rien, notre mission est vitale pour le monde entier.

- Pfeu ! Je me moque éperdument de votre soit disant quête, l'interrompit Amarina. Aucun démon ne me fait peur, laissez-les venir et je m'en chargerai, je suis bien plus forte qu'eux. Personne ne peut me vaincre.

- C'est ce que nous allons voir, murmura Celaine en entamant un déplacement d'une rapidité déconcertante.

Un pas d'élan et un saut la firent arriver de l'autre coté de la mare en une seconde. Ramassée sur elle-même tel un jaguar, elle se détendit pour charger la sorcière...et ressentit la morsure du froid quand les premiers traits de l'orbe la touchèrent. Ses muscles ne se tétanisèrent pas totalement mais son mouvement fut moins vif qu'elle ne l'espérait. Elle vit la sorcière lever les mains pour lancer un autre sort. Pourvu que ce soit une orbe ou une hydre pensa l'assassin.

Un claquement sec retentit quand Aminara frappa ses mains et disparut, réapparaissant instantanément de l'autre coté de la pièce. Elle est forte, inexpérimentée mais forte, pensa l'assassin. Elle n'invoque pas de sortilèges longs quand je me trouve trop près mais fuit à l'opposé. Tant qu'elle ne fera pas d'erreur je ne pourrai rien. Je ne dois surtout pas la lâcher.

Déjà elle rechargeait la sorcière. Celle-ci eut le temps de lancer deux hydres avant que l'assassin ne soit trop prêt d'elle.

Juste un petit instant, pria l'assassin alors que la sorcière lançait son sort de téléportation. S'étirant de tout son long la vizgerei donna un coup direct de sa griffe droite. Celle-ci s'enfonça dans la cuisse de la sorcière au moment où elle disparaissait.

La blessure n'était que superficielle, mais réalisant son erreur, la sorcière envoya une orbe de glace à chaque assaut de l'assassin. Ceci la ralentissait suffisamment pour qu'elle garde une marge de sécurité. Les hydres qu'elle invoquait gênaient aussi la guerrière, la blessant où la forçant à esquiver. Ce combat était très séré, la salle trop étroite pour lui offrir un avantage majeur, mais suffisamment grande pour qu'elle ait le temps de lancer des sorts entre deux téléportations.

La magicienne vit que l'assassin s'essoufflait et faiblissait. Elle venait de faire une quinzaine d'aller-retours et Aminara était impressionnée de la vitalité de cette femme. Bien que souvent touchée par les hydres elle attaquait inlassablement, pour la pousser à la faute. L'ensorceleuse se sentait progressivement vidée, ses réserves de mana s'épuisaient. Les hydres se faisaient moins nombreuses car elle préférait assurer sa sécurité, et les orbes blessaient l'assassin presque aussi puissamment. Mais il lui restait des ressources, plus qu'à cette maudite tigresse. Elle ne tarderait pas à mettre un pied à terre, et alors elle serait finie. L'issu du combat ne faisait aucun doute.

La douleur la fit hurler quand elle se teleporta. Trois fines lames de métal s'étaient enfoncées dans sa hanche lors du dernier assaut de l'assassin. La griffe de la femme était rouge de sang, son sang. Les pensées de l'ensorceleuse s'affolèrent. Comment cela était-il possible ? Elle semblait courir au ralenti, mais à une vitesse stupéfiante, comme se déplaçant par à coup. Vingts, quinze, dix mêtres les séparaient. Vite, se teleporter. Pourquoi les bras sont-ils devenus si lourd ? Qu'est ce qui m'arrive ? Pourquoi cette fatigue si étrange qui m'envahit ? Dans un éclair de lucidité elle comprit. Rassemblant toute son énergie, elle lança son sort.

Les jambes de Celaine la lançaient et une crampe allait bientôt bloquer son mollet. Son coeur battait la chamade, prèt à exploser, mais l'issu du combat était trop proche pour qu'elle s'économise et elle chargea. L'ensorceleuse était à genoux, le regard incrédule et presque absent. Elle luttait pour lever ses bras tremblant, pour lancer un ultime sort quand l'assassin se jeta sur elle.

Celaine roula sur le sol inoccupé, Aminara avait réussit une nouvelle fois à se téléporter. Haletante, la guerrière de l'ombre se releva lentement, cherchant la sorcière des yeux. Assise de l'autre coté de la salle, elle était recroquevillée dans un coin, la tête baissée. Celaine commença à marcher vers elle, incapable d'aller plus vite. Elle vit alors la magicienne déboucher une petite fiole noire et la porter à ses lèvres. Comprenant immédiatement de quoi il s'agissait, l'assassin tenta de courir mais ses jambes la trahir et elle buta sur le sol irrégulier, tombant face contre terre.

Quand elle releva la tête, la sorcière était debout et la fixait avec une lueur enflammée dans les yeux.

- Du poison, j'aurai du m'en douter. Tu es vraiment très forte, maudite assassin. Mais pas assez. Jamais je n'ai été aussi prête de la mort, tu vas le payer.

Elle lança une boule de feu qui projeta Celaine contre un mur.

- Cette simple petite blessure à la cuisse pour me tuer, moi ? J'écraserai tous ceux de ton ordre, un à un !

Une hydre sortit du sol à deux pas de l'assassin.

Je ne dois pas mourir, pas encore, pensa Celaine. Elle ne résisterait pas longtemps aux attaques de feu et ne pouvait plus les éviter. La sorcière était entrée dans une rage folle, n'admettant pas d'avoir été presque vaincue. Les hydres sortaient de terre les unes après les autres, invoqué par une Aminara qui ne se contrôlait plus. L'assassin puisa les dernières forces mentales qu'il lui restait et prépara son ultime technique, une attaque qu'elle n'avait jamais réussit à maîtriser.

- Je n'ai pas le choix, c'est ma dernière chance. La sorcière préparait un nouveau sort. Maintenant !

Le coup de pied atteignit l'ensorceleuse en plein visage, la faisant reculer de deux pas sous le choc. Le visage en sang elle regarda l'assassin qui venait de la frapper. Alors qu'elle se trouvait au loin l'instant d'avant, elle était maintenant sur elle. Sans chercher plus à comprendre, la sorcière leva les mains. Elle sentit le flux de foudre monter en elle, partir du plus profond de son ventre, remontant son corps, passant dans ses bras. Arrivé dans ses mains elle devraient les frapper entre elle pour libérer le sort. Elle avait visualisé sa destination, au milieu des hydres qui lui offriraient sa meilleure protection.

La foudre parcourait ses avant bras quand l'assassin planta sa griffe dans le poignet gauche de la sorcière, les trois fines lames aiguisées le traversant de part en part. Le sort fut rompu, l'influx électrique passant dans le métal et entrant dans le corps de la vizgerei qui hurla sous la douleur. La sorcière tenta de se libérer mais manqua de s'évanouir quand elle voulu bouger son bras. La griffe était courbe et trop enfoncée pour se retirer facilement. La panique envahit Aminara : elle se trouvait au corps à corps avec un assassin sans moyen de fuir ! En remuant ainsi elle vit que son adversaire était très faible, à peine capable de garder l'équilibre. Il lui fallait agir avant qu'elle pense à se servir de sa deuxième arme. Rassemblant ses dernières réserves, elle transforma sa main libre en une flamme vivante.

Le coup de pied du dragon avait puisé les dernières forces de Celaine. Tout juste réussit-elle à donner un autre coup à la sorcière pour interrompre le sort. Immédiatement la souffrance fut immense, l'énergie électrique ainsi déviée ravageant sa main et son poignet. Elle ne tenait plus debout que parce qu'elle était contre la magicienne. Combattre, ne jamais abandonner. Seules ces pensées étaient encore claires dans son esprit. Ignorant autant qu'elle le pouvait la douleur, elle rouvrit les yeux. Eblouie par la boule de lumière, l'assassin donna un coup de sa griffe au jugé, avec ses dernières forces. Elle atteignit la main de la sorcière, transperçant ses gantelets légers. Le feu s'évanouit en flammèches inoffensives alors qu'un hurlement de douleur s'échappait de la gorge d'Aminara.

Les deux femmes tombèrent au sol, liées par leurs mains. Celaine luttait pour ne pas s'évanouir et pour éviter que la magicienne ne se libère. Celle-ci était au comble de la panique et ses yeux révulsés par la douleur étaient injectés de sang. Allongées l'une sur l'autre comme pour s'embrasser, les deux femmes combattaient pour leur vie. Aminara s'affolait et remuait les jambes, mais elles étaient bien trop proches pour que ses coups de genoux portent. Reprenant un peu ses esprits elle libéra ce qu'il lui restait d'énergie magique pour lancer des sorts de foudre. L'assassin hurlait à la mort à chaque décharge électrique, mais ses griffes restèrent plantées dans les mains de la sorcière. Celle-ci fut soudain incapable de lancer de nouveaux sorts car elle ne sentait plus ses bras. Le poison s'infiltrait en elle, et la terreur la submergea, car elle ne pouvait pas prendre de fiole avec ses mains immobilisées. Elle se mit à donner de violents coups de tête à l'assassin qui ne pouvait se défendre.

Pendant quelques instants elle se débattit avec l'énergie du désespoir, essayant par tous les moyens de se libérer des griffes. Finalement elle ralentit alors que le poison faisait son oeuvre. Elle n'avait plus de jambes ni de bras et se sentait partir. Elle voulait dormir, arrêter ce terrible combat et se reposer. Elle s'allongea sur le corps de l'assassin, incapable de lutter plus. Sa respiration était de plus en plus difficile, son cerveau s'embrumait. Dans un râle elle murmura à l'oreille de l'assassin.

- Je t'attendrai en enfer, sois en sure... ,et elle rendit son dernier soupir.

La réalité n'était plus qu'une notion très lointaine pour Celaine. Elle avait dépassé le summum de la souffrance et ne maîtrisait plus aucune partie de son corps. Elle avait lutté jusqu'au bout, elle ne pouvait plus rien faire de plus. Les ténèbres commençaient à l'envahir.

- Non...combattre...encore... pensa-t-elle cependant.

Elle entendait au loin le bruit des pygmées lorsqu'elle perdit conscience.
L'humidité régnante déplaisait au vieil Horadrim. Ses rhumatismes déjà amplifiés par le voyage avaient gagné en intensité, le forçant à rester immobile autant que possible. Mais serrant les dents, il se releva quand il vit les guerriers revenir. Son modeste corps n'était d'aucune importance, seule la poursuite et la défaite de Diablo comptait. Un ombre passa sur son visage quand il vit que leur nombre avait diminué. De plus, l'un d'entre eux semblait mal en point. Il les attendit, de nombreuses questions aux lèvres.

Olof avait soutenu Celaine toute la journée pour l'aider à marcher. Les potions de soin avaient rendu un peu de vigueur à la vizgerei, mais elle celle-ci était encore trop faible pour marcher seule. Elle cachait mal la souffrance qui l'habitait, trop fatiguée pour chercher à préserver une inutile fierté. Des larmes coulaient sur ses joues et ses dents étaient fermement serrées. Un simple regard permettaient de comprendre la source de sa douleur : son bras libre pendait sans aucun tonus le long de son corps, de mauvaises strie bleues remontant jusqu'au coude. L'autre posé sur les épaules du barbare était dans le même état. Ignorant le vieux sage, Olof amena Celaine chez Ormus.

Dès qu'il vit l'état de l'assassin le guérisseur abandonna ses occupations et vint à eux.

- Venez par ici et allongez-la sur le lit, indiqua-t-il. Son état semble inquiétant, Ormus va voir ce qu'il peut faire.

Pourquoi parle-t-il de lui comme cela ? pensa Celaine. Mais cela n'occupa pas longtemps son esprit. Pour la quatrième fois depuis qu'ils étaient sortis de la prison de l'écorcheur elle s'évanouit. Mais cette fois-ci elle ne combattit pas ni ne ressentit de honte, ils étaient arrivés, elle ne les retarderait plus.

- Non ! Il doit y avoir un moyen !

Celaine s'était assis d'un mouvement brusque au verdict d'Ormus et la tête lui tourna aussitôt, la forçant à se rallonger. Cela faisait deux jours qu'elle dormait presque sans discontinuer et pour la première fois elle était vraiment consciente. Après avoir jugé de sa meilleure santé, le guérisseur lui avait expliqué son état.

- Ormus est désolé, mais ce que la nature ne peut soigner elle-même, personne ne le peut. Les diverses potions et la magie des prêtres ne font qu'accélérer les guérisons, perturbant le cours du temps sur une partie du corps. Mais de même qu'aucun elixir ne ferait repousser un membre, rien ne vous rendra vos mains d'avant. Ormus comprend votre peine, mais il n'y peut rien, la blessure est bien trop profonde. Vous pourrez vous en resservir, mais jamais la force et la précision qui les habitaient ne vous reviendra.

Il sortit et laissa l'assassin à ses pensées. Elle qui avait vécu toute sa vie pour se battre, la voilà qui se retrouvait maintenant impuissante. Le choc était rude à encaisser mais la maîtrise de soi était une des qualités premières des vizgerei. Aussi se mit-elle à réfléchir, à peser toutes les possibilités. Elle avait le temps pour cela, elle resterait encore quelques jours ici avant de pouvoir marcher seule.

Cain vit l'assassin s'approcher de lui. Elle avait récupéré de son combat mais des bandages recouvraient ses bras et ses mains, laissant juste ses doigts visibles.

- Pensez vous pouvoir reprendre la lutte ? s'inquiéta l'horadrim.

- Malheureusement non, je ne serait qu'un poids pour les autres, sans aucune utilité. Je rage de ne pas pouvoir les rejoindre, mais c'est mieux ainsi. Pourrez vous les saluer de ma part quand vous les reverrez ?

- Bien sur, mais où allez vous donc ? demanda-t-il, surpris.

- Je n'ai rien à faire ici. Je ne peux plus combattre le mal directement avec mes griffes, mais je n'abandonnerai pas. Il y aura toujours besoin de soldats, je vais donc faire de mon mieux pour transmettre mon savoir.

- Très sage décision mon enfant. Mes voeux vous accompagnent. Où comptez-vous donc aller ?

- Lut gholein. J'ai rencontré quelqu'un là-bas qui possède toutes les qualités pour faire une excellente vizgerei, peut-être meilleure que moi. Adieu Cain.

L'horadrim sourit quand l'assassin disparu devant lui sans qu'il ait eu le temps de répondre. Elle avait certes perdu l'usage de ses mains, mais venait de lui prouver qu'elle détenait encore la maîtrise des ombres. Elle ferait sûrement une bonne tutrice. Tout du moins si le monde survivait au danger actuel. Et ses pensées retournèrent vers les trois autres guerriers, derniers espoirs de l'humanité.

** Le héros qu'on chante a accompli de magnifiques exploits, réalisant des merveilles, prouvant au monde son courage ou son ingéniosité. Mais que dire de ceux qui l'ont aidé sur son chemin et ont péri ? Sans eux, serait-il un héros ? Non assurément car il aurait échoué ! Les plus grands héros sont donc ceux qu'on ne connaît pas, car eux sont allés au bout de leur combat. ** HsineY di 'tor. Philosophe arician.
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