Fanfiction Diablo II

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Pensées Ephémères

Par Azurblind
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Pensées Ephémères

Plus on cherche une raison de se battre, moins on la trouve. Le peu de fois où j'ai ressenti une vague compréhension, un sens à tout ces morts, mon esprit fatigué trouvait la clef du royaume des songes. Chacun de mes réveils confus et déprimés, égaraient mes réflexions éphémères du passé.

Tous les jours ce même refrain, cette routine, des cadavres allongés autour de moi. Je ne reconnais même pas le moindre des démons que j'ai vaincus. Parfois, dans les rêves qui parcourent mes nuits agitées, le vague souvenir d'une lame qui transperce de la chair revient à moi. Je me remémore l'espace d'un instant le visage de l'adversaire que j'ai terrassé. Il est vidé de tout sens, vide d'émotions, a-t-il au moins une conscience ?

Peut être est-ce la raison pour laquelle je tue si aisément ? Parce que les monstres n'ont pas de sentiments, pas d'humanité. Leur vie se réduit à obéir à leur supérieur hiérarchique, une autre créature plus vicieuse et malsaine, qui ordonne le mal absolu. Ils n'ont pas de famille, pas d'amis, ils ne regrettent rien. Tous leurs faits et gestes sont dictés, aucun ne peut se vanter de choisir, ils n'ont pas le choix.

Je me surprends parfois à les observer, un peu avant d'abattre mes armes sur leurs corps. Lorsqu'ils ne luttent pas contre nous, ils font part d'une certaine animosité. Ils se battent presque entre-eux. Leur unique motivation est la guerre, la mort de leur ennemi. Mais nous considèrent-ils comme leurs ennemis ? La notion d'ennemi existe-elle pour des êtres qui égorgent sans réfléchir, qui tuent sans même pâlir.

Depuis mon enfance, je cherche une raison d'exister, j'ai presque tout essayé. L'amour ne m'a rien apporté, j'ai le regret de dire que les autres on menti, on m'a dit que ce sentiment transportait l'Homme au-dessus de ses limites, qu'il ouvrait le coeur à des perspectives infinies. Je n'ai rien vu de tout cela. Juste le souvenir aigri par le temps de mes multiples et vaines conquêtes. J'ai tenté de travailler, mais le travail n'était pas non plus une chose pour moi. Succinctement j'ai été renvoyé de chacun des lieux de labeur qui m'ont été donnés de visiter. J'ai toujours eu beaucoup de mal à me faire des amis, et je ne parle pas des compagnons de routes, des camarades ou de mes frères d'armes, mais des vrais amis. Je converse d'ailleurs d'une chose qui m'est inconnue, encore plus que l'amour lui-même.

Jusqu'à l'aube de ma trentième année, je ne savais pas quoi faire de ma vie. Le vide absolu m'entourait, mon humeur oisive me dégoûtait de moi-même. Mes parents, morts depuis longtemps, m'avaient légué la maison dans laquelle je vivais alors. Et il y eut ce jour fatidique. Ce jour où plus rien n'a jamais été comme avant. Le peuple des Humains a découvert qu'il se trouvait au beau milieu d'une guerre entre le bien et le mal, le paradis et l'enfer. Une guerre qui durait depuis des millénaires avant notre ère. Je ne fus pas le seul, le monde entier fût bouleversé ce jour là.

Les nouvelles parvenant si lentement d'un royaume à l'autre, c'est petit à petit que nous avons découvert l'existence des démons et des anges. Nous avons dû nous faire à l'idée que nous avions nos prédateurs et réagir en conséquence.

Réagir comme je l'ai fais lors de l'attaque de mon village, quand j'ai vu cet humanoïde mi-homme mi-bouc se jeter sur ma soeur en bêlant lamentablement. Le temps que j'arrive à sa portée, il avait eut le temps d'éventrer ma pauvre soeur qui, mourante, pleurait les dernières larmes de son corps. J'eu le réflexe de planter la hache, qui se trouvait à portée de main, dans son abdomen. J'appris aussi que les créatures de l'enfer ne sont pas aussi fragile que nous. Quand il retira l'arme de son buste et qu'il me propulsa dans les airs, je crus ma dernière heure arrivée... quand un chevalier coupa nette la gorge de l'homme chèvre. Il me hurla ensuite de partir au loin avec le reste du village. J'ai fuit le plus vite possible en direction de la colline, et c'est une fois arrivé sur place que je me suis retourné pour observer mon sauveur. Il était seul au milieu des hordes, se battant avec rage. Il a envoyé dans l'autre monde beaucoup de ses adversaires avant de plier sous les coups.

C'est depuis ce jour maudit que je me suis juré de les traquer jusqu'à ce que la mort me prenne. Je suis, non, nous sommes. Je ne puis pas parler pour moi car beaucoup sont dans un cas similaire. Ma personne n'existe pas, il n'y a qu'un groupe, j'ai perdu mon identité au profit d'un clan, je suis un guerrier, peu importe le nom que l'on donne à ma classe. Je suis celui dont la vie se renforce quand celle des autres s'achève. Me battre est la seule chose pour laquelle je suis doué. J'ai gagné de l'expérience, acquis des techniques aux détriments d'autres compétences. Je ne suis plus apte à apprécier la pluie qui tombe du ciel, ni à me réjouir quand le beau temps revient. Je vais invisible, ne plaisant qu'aux monstres que j'exécute, eux me voient en tout cas. Dans un certain sens, ils s'intéressent à moi. Et si j'étais le but de leur existence ? Et si le mal les avait créés spécialement pour moi, précisément à cet instant. Ils ne sont rien et pourtant je les attends. Ils veulent ma mort prochaine et je continue à les chercher. Je suis leur but et ils sont le mien. Nous ne sommes pas si différents, la seule chose qui me rend unique, c'est que si je m'abaisse à leur ressembler et à massacrer sans arrêt, c'est pour protéger ceux de ma race. Ceux qui sont trop faibles pour se défendre. Ma vie est vouée aux autres, aux enfants, aux femmes, qui ne me connaissent pas, que je n'ai jamais vu et qui comptent pourtant plus que tout. La flamme de leur vie qui brûle en moi, ceux que j'ai sauvés me rappellent qu'à chaque fois que je tue, je suis un Homme, et pas une des horreurs que j'occis si hardiment. Quelqu'un à dit un jour que celui qui combat les monstres doit se méfier de ne pas en devenir un lui-même. Si je me bats avec ma force seule, je ne tiens pas, je dois y joindre mon humanité pour ne pas me confondre avec mes ennemis. Parfois pourtant, quand nos regards se croisent, j'ai l'impression d'être face à une plaque de verre lisse qui reflète mon propre visage.

Nos états d'âme ne sont pas aisément compréhensibles, il nous est même dur de les formuler correctement. Personne ne peut nous comprendre, personne n'a le courage de nous comprendre. C'est pour cela que j'écris ce qui me préoccupe, ce qui m'accable, ce qui me dégoûte et ce que je vis. Je n'ai pas peur de mourir, j'ai peur qu'on m'oublie, que ma mémoire, mes pensées, ne soient plus en un instant. Je ne veux pas perdre la vie sans avoir laissé une trace écrite de ce que j'étais. Le plus grand souhait du guerrier est d'être immortel, non pas dans son corps mais dans l'histoire. Que son nom soit gravé dans la roche. Que ceux qui passent devant sa stèle se rappellent qu'il est tombé pour que leurs enfants se lèvent.

Je vais arrêter ici mon monologue intérieur et achever d'écrire ce qui doit être marqué. Il n'y aura personne pour m'aider aujourd'hui, la nuit va bientôt tomber, et j'ai sommeil. Je pense que je ne me réveillerai pas demain matin. Ils ne sont pas loin, je le sais, je les attends depuis des lustres. Ils vont réussir ce soir ce qu'ils essayent de faire depuis dix années. Mais à quels prix ? Je sais qu'ils payeront cher leur rencontre avec moi, et qu'ils auront mérité de se repaître de ma dépouille. Mais j'irai en paix, car je sais qu'un autre comme moi viendra, et il continuera l'oeuvre de ma vie. De là à dire que j'ai vécu...
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