Fanfiction Diablo II

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Phénix

Par Qaillate
Les autres histoires de l'auteur

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Le ciel de Khanduras était d'un noir d'encre. De temps à autre, un éclair zébrait les ténèbres, illuminant le paysage délavé d'une lueur fugitive, et faisant ressortir les gouttes de pluie en noir. Puis le puissant tonnerre roulait dans un fracas colossal entre les collines, faisant trembler le sol-même. La pluie battait le tout avec une rare intensité, de sorte que la terre devenait une boue noire, gorgée d'eau, tandis que de petits ruisseaux de boue grise coulaient des hauteurs. Les hautes herbes étaient couchées par le vent sifflant et tourbillonnant qui créait par ailleurs des rideaux de pluie qui s'abattaient en rafales sur le sol saturé. Aucun être humain n'osait braver la tempête, car tous étaient habitués aux orages d'été. Seules deux silhouettes peinaient à travers pluie et vent, leurs bottes s'enfonçant dans la boue, leurs vêtements aussi trempés que s'ils avaient plongé dans un lac. Un autre éclair fendit le ciel et s'abattit sur un arbuste qui prit feu dans l'instant, et l'incendie fut éteint par la pluie en quelques secondes. Puis le tonnerre claqua, tel quelque marteau céleste s'abattant sur la terre, faisant gronder les collines et trembler les quelques fourrés et rochers nus. Puis les deux voyageurs parvinrent, au bout de plusieurs collines, en vue de leur objectif : un village en ruines. Il s'aventurent à l'intérieur de ce dernier. Des chaumières en bois ne restaient plus que quelques murs de pierre, et plus un plafond ne subsistait. La plupart des masures n'étaient plus que cendres. Ils arrivèrent à la place centrale, où se tenait une vieille fontaine, fendue et vidée de son contenu, un gibet détruit et déserté, ainsi que quelques restes méconnaissables car en phase finale de décomposition. La silhouette masculine se tourna vers sa compagne

« Voici la capitale du Khanduras. Tristram.

- Nous ne pouvons laisser ainsi une ville qui a part deux fois répandu la terreur sur le pays.. »

Une éclair zébra le ciel et éclaira les ruines carbonisées du village. La silhouette féminine posa un objet au sol, puis tous deux fuirent immédiatement. Le tonnerre roula. Lorsque les deux compagnons furent parvenu à une des collines qui surplombait le village, celui-ci disparut dans une déflagration assourdissante. Les deux voyageurs se mirent en route vers l'est. Deux jours plus tard, ils parvinrent, à nouveau sous une pluie battante, bien que l'orage ait cessé, au pied des montagnes et à l'ombre d'un imposant monastère. L'homme saisit l'anneau de fer à la porte et frappa quatre coups puissants. Une rogue se présenta à l'une des fenêtres au dessus des battants. Voyant deux rôdeurs encapuchonnés, son sang ne fit qu'un tour. Elle décocha une flèche à l'intention de la femme, mais le trait vint se planter stupidement dans la boue. Elle encocha une autre flèche, perplexe, mais n'eut pas le temps de terminer son geste que sa cible était réapparue, accroupie sur le rebord de la fenêtre, à quelques centimètres devant elle. Comment un être humain pouvait-il faire cela ? Un coup de coude dans la nuque mit fin à ses réflexions et la plongea dans les bras de morphée. La femme se redressa. Elle se tenait dans une pièce étroite d'où descendait un escalier qui menait sûrement à l'autre côté de la porte. Elle s'y engouffra, descendit un niveau, se tapit dans une alcôve sombre au passage d'une patrouille, puis arriva au terme de l'escalier qui débouchait bien derrière les portes. Elle tira lentement sur la manivelle, actionnant le mécanisme silencieux qui ouvrit lentement les deux battants. Lorsque l'espace fut suffisant, l'autre voyageur la rejoint, puis elle entreprit de refermer les portes. Mais celles-ci, en se refermant, produisirent un grincement sonore. Bientôt, huit rogues menées par une femme aux longs cheveux roux et vêtue d'une tunique simple débarquèrent dans la pièce.

« Découvrez vos visages ! Jetez vos armes !aboya la femme rousse

La silhouette féminine se mit en garde. Les rogues encochèrent chacune une flèche. L'autre voyageur, cependant s'exécuta. La capuche du mystère tomba, révélant un visage jeune, avec une longue crinière de cheveux noirs comme le jais.

- C'est Vous !dit la femme qui portait une tunique.

- En effet, Kashya, répondit le jeune homme, en achevant d'enlever sa cape. Où dois-je mettre mon manteau ?

- Ne soyez pas ridicule...dit la dénommée Kashya. Puis elle se reprit. N'auriez-vous donc pas pu entrer normalement ?

- Impossible de quitter son manteau à l'extérieur par un temps pareil, dit le jeune homme. Et impossible d'entrer pareillement vêtu. Et un peu de mélancolie de votre mauvaise humeur, aussi, ajouta-t-il avec un sourire entendu.

- Le propriétaire des lieux a changé, fit-elle observer, et plus besoin n'est de rentrer par effraction.

- Oui, finit par dire la femme, vous avez bien travaillé ici.

- Et vous n'avez pas chômé dans le nord non plus, à ce que j'ai entendu. Bien, je pense que nous allons poursuivre cette discussion ailleurs. Akara sera par ailleurs intéressée d'apprendre votre venue.

D'un geste, elle incomba à ses subordonnées de se retirer.

Elle les accompagna à l'intérieur de la caserne. Là, une jeune femme, penchée sur sa forge, se redressa, et se fendit d'un grand sourire lorsqu'elle les reconnut. Enfin, ils parvinrent à un cloître secondaire, puis à un bureau simple, éclairé par une fenêtre taillée dans le roc de la montagne.

- Akara ?

- Mmh ?fit l'intéressée

-Nous avons de la visite.

- Fait donc entrer. Et reste, ajouta-t-elle.

Le décor était plutôt austère. Les deux voyageurs et Kashya s'installèrent sur de simples chaises de bois face à la grande prêtresse.

- Je vous souhaite la bienvenue. Quelle est la raison de votre venue ?

- J'aurai besoin de votre aide, Akara, dit l'homme.

- Nous nous sommes éternellement redevables, Treng-Al. Nous vous aiderons dans la mesure de nos moyens.

- Je souhaite reconstruire ce pays.

- Nous n'avons pas d'argent.

- Je le sais. Mais mon intention n'est pas de vous extorquer de la monnaie. Nous allons devoir abriter des populations de villages entiers pendant les reconstructions.

- Nous aurions besoin, ajouta la femme, d'un asile pour ces personnes.

- Hé bien... je pense que cela devrait être possible pour des populations d'importance moyenne, Nathyle, mais nous ne pouvons accueillir plus de mille personnes.

- Il ne devrait donc pas y avoir de problèmes, conclut Treng-Al. Et pourrions-nous à tout hasard abuser nous-même de votre hospitalité ?

- Ce sera un honneur, dit Akara. Maintenant que notre monastère est à nouveau en notre possession et utilisable, ce sera avec plaisir.

- Oui, vous avez apparemment beaucoup travaillé ici.

- Et vous n'avez pas non plus fainéanté à Harrogath, d'après ce que j'ai entendu dire. Et tout ce que j'ai entendu dire depuis un an est bon, très bon. Soit, reprit-elle, vous avez visiblement voyagé plusieurs jours durant, et vous devez avoir besoin de repos.

- Oui, nous allons prendre congé, si cela ne vous dérange pas.

- Je vous mène à vos appartements, dit Kashya. »

A son réveil, Treng-Al trouva un vêtement de voyage plus digne que sa vieille cape. Lorsque lui et Nathyle furent prêts, on leur confia deux chevaux à la noble stature. Le premier village était à un peu plus d'un jour à cheval. Ils parcoururent une bonne distance dans les sous-bois durant la journée, et campèrent la nuit dans une plaine nue.

Lors de leur réveil, le brouillard était tel qu'ils ne pouvaient voir à plus de cinq mètres devant eux. Un mur gris se dressait de toute part autour d'eux. Ils durent donc repartirent au pas. Mais une demi-heure plus tard, environ, Nathyle stoppa brusquement sa monture. Le brouillard était toujours aussi épais. Treng-Al fit de même. Un lourd silence tomba, ponctué par une rumeur presque imperceptible de sabots foulant le sol.

« Des cavaliers, chuchota Treng-Al.

Nathyle se taisait, toujours à l'écoute. Puis :

- Il se rapprochent, dit-elle. Ils doivent être une dizaine. »

En effet, au bout de quelques secondes, un martèlement confus de sabots se fit clairement entendre. Puis enfin des silhouettes sombres se détachèrent du brouillard. Il y eut un rire, puis un sifflement. Dans un hennissement, le cheval de Treng-Al aussi bien que la jument de Nathyle tombèrent, morts. Ils se rendirent alors compte que les silhouettes les avaient encerclées. Il y eut un étincellement devant eux. Le chef avait dégainé son cimeterre, c'était le signal. Trois bandits apparurent. Leur visages étaient dissimulés par des foulards et ils portaient armures de cuir. A peine eurent-ils avancé que des éclairs jaillirent de pièges posés imperceptiblement par Nathyle. Ils tombèrent et ne se relevèrent point. Mais le reste de la bande leur tomba dessus. Les pièges firent deux autres victimes. Les explosions morbides et les shurikens en firent quatre. Deux immenses brutes s'abattirent sur Nathyle. Trop lents, ils ne purent l'atteindre, mais les serpes katar ne leur firent pas de cadeau. Mais le chef n'était pas un simple brigand. Il se dévoila. Ses cheveux d'un noir de jais et son teint plus pâle que celui d'un cadavre prouvaient qu'il s'agissait d'un corrompu. Son cimeterre se prit dans l'arme de gauche de l'assassin. Il dégaina sa seconde arme, puis l'abattit sur l'assassin. Nathyle bloqua le coup de sa main droite. L'autre tenta de la mettre au sol. Malgré son apparence fragile, le corrompu possédait une force surhumaine. Il se débarrassa de son adversaire, mais une lance d'os le perça avant qu'il n'ait pu l'achever.

« Il reste encore des démons par ici, affirma Treng-Al.

- En effet, tous ces pillages ne sont peut-être pas le fruit du hasard. »

Puis il repartirent. Aux alentours de midi, ils parvinrent à un village dénommé Hévenbourg. Le hameau était ceint d'une palissade visiblement bâtie à la hâte, dans laquelle était aménagée une porte gardée par deux villageois armés de gourdins. Ceux-ci laissèrent entrer Treng-Al et Nathyle après les avoir soumis à un interrogatoire assez désagréable mais auquel Treng-Al se plia sans rechigner. Puis il parvint à être amené chez le bourgmestre, un dénommé Larcant. Il était plutôt jeune, environ du même âge que le nécromancien.

« Que me voulez-vous, étrangers ? dit-il d'un ton méfiant.

- Rien de mal, répondit posément Treng-Al. J'aurais besoin de votre aide.

- Je n'ai que peu à vous offrir. Nos éleveurs ont vus leurs troupeaux décimés, plus aucun marchand ne passe, et les paysans refusent de retourner aux champs à cause des bandits de grand chemin.

- Je n'ai pas besoin d'or.

- Alors que voulez-vous ?

- Des hommes forts et vaillants. Pour m'aider à reconstruire le pays.

- Nous n'avons pas d'armée, ironisa le jeune bourgmestre, et les quelques hommes en âge de se battre sont réquisitionnés à la surveillance de la palissade. Nous nous devons de protéger femmes, enfants et vieillards.

- Je peux assurer leur sécurité.

L'autre se pencha en avant, les sourcils froncés.

- Vraiment ?fit-il d'une voix dont il tentait de cacher l'intérêt

- Les rogues peuvent accepter dans leur monastère toutes les personnes que vous voudrez mettre en sécurité.

- Et que voulez-vous en échange ?

- Il y a un autre village à deux heures de marche au nord. Un à une heure à l'est. Deux à quatre heures à l'ouest. Je veux des routes.

- A quoi bon, si nous ne pouvons les surveiller ?

- Il n'y a pas lieu de surveiller quoi que ce soit, si vous me dites tout ce que vous savez sur les cavaliers qui pillent tous les villages. »

L'autre accepta l'offre de Treng-Al, et deux semaines plus tard, les routes étaient tracées, et les populations à l'abri au monastère. Le nécromancien, lui, s'était lancé sur la piste des cavaliers grâce aux renseignements qu'il avait reçu des nombreux bourgmestres, aidé comme toujours par Nathyle.
Ils étaient enfin parvenus à Forliombre.

Après avoir visité plusieurs villages et interrogé de nombreux fermiers et bourgmestres, Treng-Al et Nathyle étaient presque certains que c'était là, au coeur de cette forêt obscure et constamment voilée d'un brouillard fantomatique, que se cachaient les cavaliers masqués. Ils parcoururent les sous-bois, et finirent par trouver un sentier qui les mena dans une clairière dégagée. Ils n'eurent cependant guère le temps de se reposer, car une rumeur de sabots martelant les pierres se fit entendre derrière eux. Ils trouvèrent refuge dans un arbre. Quelques instants plus tard, une dizaine de cavaliers arrivèrent dans la clairière; tous avaient la face dissimulée par un foulard ou un masque. Leur chef mit pied à terre, et laissa son cheval disparaître parmi les arbres. Sur un signe du doigt, il incomba à ses hommes de le suivre, à l'exception de deux d'entre eux, sans doute pour faire le guet. Tous les autres disparurent entre les arbres. Treng-Al et Nathyle se déplacèrent dans les arbres sans éveiller l'attention des deux guetteurs sous eux. Puis ils se laissèrent choir sur les deux hommes, et les assommèrent rapidement. Puis ils s'emparèrent de leurs vêtements et traînèrent les corps des deux cavaliers auxquels Nathyle avait fait avaler un puissant somnifère dans les fourrés.

« Que fait-on ? demanda-t-elle

- D'autres cavaliers devraient arriver. Attendons les ici. Et n'oublie pas que nous venons du nord. Si on nous demande quoi que ce soit, on répond que l'opération a été une réussite. Sans rien ajouter de plus. C'est bon ?

- Aucun problème. »

Un peu plus d'une heure plus tard, une rumeur de galop se fit à nouveau entendre. Une douzaine de cavaliers apparut. Comme la première troupe, ils laissèrent leurs chevaux partir seuls vers quelque écurie cachée. Le chef ne sembla pas étonné de les trouver là, et Treng-Al et Nathyle purent le suivre. Ils marchèrent durant tout l'après midi par vaux et collines. Aucun cavalier ne prononçait mot, et ils se frayaient un chemin en silence dans la forêt, comme des fantômes. De temps en temps, Treng-Al croyait voir d'autres silhouettes spectrales sur sa gauche ou à sa droite, mais elles disparaissaient dans le brouillard avant qu'il n'ait le temps de les observer davantage. Les apparitions devinrent de plus en plus fréquentes, et bientôt il fut certain que beaucoup d'autres groupes de cavaliers arpentaient le bois. Le jeune nécromancien fut soulagé de ne pas avoir suivi une fausse piste, mais le soulagement se mua vite en anxiété devant le nombre d'ennemis qu'abritait la forêt. D'autres groupes vinrent les rejoindre, toujours sans échanger un mot. Puis ils parvinrent dans la soirée près d'un gouffre, qui s'ouvrait au milieu des arbres comme un trou gigantesque d'un diamètre de plus de soixante mètres, et d'une profondeur insondable, gueule monstrueuse de quelque immense créature souterraine. Un escalier, taillé dans le roc, descendait en spirale contre la paroi abrupte. Les cavaliers s'y engagèrent sans hésitation, et Treng-Al et Nathyle avec eux. Il apparut cependant que le crépuscule avait trompé leurs yeux, et le gouffre n'était profond que d'une grosse cinquantaine de mètres. Une fois parvenus au fond, ils auraient pu voir de superbes chutes d'eau sur les bords du précipice se détacher sur le ciel rougeoyant, mais ils n'osèrent lever le visage, de peur d'être reconnus par les cavaliers. Au fond du gouffre, un chemin serpentait au milieu de blocs de roche détachés dont le taille variait du gravillon arraché par l'eau de pluie à des rocs de plus de trois mètres de hauteur. La végétation était encore présente, quelques arbustes croissant dans l'humidité, ainsi que quelques fougères qui subsistait grâce à l'importante quantité de rosée. Mais l'on ne voyait cependant aucun animal, si ce n'étaient quelques moustiques et moucherons.

Le chemin s'engouffra sous le sol, et là se trouvait un monde fait uniquement de roche et d'eau. Ils traversèrent des salles incommensurables, où le cliquetis éternel de l'eau rebondissait sur les parois, le dôme qui les dominait, donnant une musique étrange et irréelle. Des colonnes blanches, roses, safran jaillissaient de sous le sol sablé sur lequel ils circulaient pour s'unir avec les pendentifs de la voûte, et former des cordes, des rideaux aussi fins que des nuages gelés. A la lueur des torches, des veines de minerais, de gemmes, des cristaux scintillaient, reflétés par des lacs immobiles qui, comme autant de miroirs qui s'enténébraient lorsque s'éloignaient les porteurs de torches. Les salles se succédèrent, et après moult dômes, force lacs immobiles, et maintes colonnes à l'aspect de diamant, ils quittèrent ce monde miroitant et enchanteur. Car à présent ils entraient dans des salles qui avaient été creusées par la main d'hommes. Obscures, nues et laides, elles n'avaient rien de comparable avec l'enchantement permanent qu'étaient les premières salles. Enfin, ils ouvrirent une lourde porte de pierre, et se retrouvèrent dans une immense grotte.

Le plafond siégeait à environ cent mètres au-dessus d'eux, car le chemin jusque là était jalonné de nombreux escaliers naturels et était lui-même en pente douce, aussi avaient-ils encore descendus de cinquante mètres depuis le fond du gouffre. Les parois de la grotte demeuraient invisibles à leurs yeux, comme si elle ne connaissait pas de fin. Le sol était jonché de paille, et caisses de bois s'empilaient dans les coins. De nombreuses silhouettes encapuchonnées arpentaient la salle, entrant et sortant des nombreux boyaux qui en venaient. Des feux avaient été fait, et des mains tantôt humaines, tantôt difformes s'y réchauffaient. Treng-Al et Nathyle restèrent plusieurs heures dans cette salle constamment plongée dans les ténèbres et où planait un murmure d'agitation; puis ils suivirent un groupe de cavaliers dans l'un des boyaux, dans l'espoir que ceux-ci menaient à un endroit où ils pourraient passer la nuit. Par chance, il se trouvaient que ceux qu'ils suivaient se dirigeaient vers une sorte de dortoir immense, où chacun s'allongeait dans une chambre à part. Nathyle et Treng-Al choisirent la leur et tinrent là conseil.

« Que faisons-nous, à présent ? demanda la jeune assassin

- Il va falloir découvrir qui est le chef de ces cavaliers, et quel est leur but. Nous devons découvrir ce qu'ils préparent. Cette nuit est lo'ccasion rêvée d'en apprendre plus sur ces cavaliers masqués qui sont visiblement beaucoup plus organisés qu'on ne le croyait.

- Tu proposes que nous explorions leur cachette, c'est ça ?

- Exactement. Nous devrions partir séparément pour ne pas éveiller les soupçons. »

Nathyle sortit donc de la chambre la première, et se dirigea vers la grande salle. Elle se faufila parmi les couloirs sombres, mais ne croisa personne. Puis elle arriva à la salle principale, où ne se trouvaient plus que quelques occupants agglutinés autour de braseros agonisants. L'un des attroupements semblait particulièrement agité. Nathyle se dirigea vers eux, et parvint à saisir des bribes de conversation :

« ...le chef donnera de nouveaux objectifs demain, dit une voix rauque et profonde

- ...ne vois pas à quoi servent tous ces pillages, disait un autre

- ...mieux d'abattre tous ces chiens d'humains, faisait une voix aiguë d'un ton furieux.

- Il y a autre chose, dit une voix claire et posée. Le chef a des informations importantes, à ce que j'ai entendu dire. Il y a du nouveau à la surface, et cela perturbe ses plans.

La voix aiguë s'enquit :

Qu'est-ce qui peut-être assez fort pour empêcher ? »

Mais à ce moment, un des membres du groupe l'arrêta. Les autres tournèrent leur regard vers l'assassin, et celle-ci s'en rendit compte, bien que leurs faces fussent dissimulées par de longues capuches, grâce à sa perception exceptionnelle de ce qui l'entourait. Nathyle tenta d'avoir une attitude la plus naturelle possible. Mais la suspicion notoire qui se dégageait de l'ombre des capuchons lui conseilla d'adopter une autre stratégie. Elle se pressa d'emprunter l'un des boyaux qui quittaient la grande salle, sachant qu'elle serait suivie par les autres. Elle ne se trompa pas. A peine eut-elle franchit un angle du couloir que les autres la rattrapèrent et l'encerclèrent. Elle repoussa sa capuche, révélant son visage, sortit ses griffes et passa à l'attaque. Ses agresseurs étaient au nombre de huit. Deux d'entre eux, visiblement humains, dégainèrent vivement leurs cimeterres et se ruèrent sur elle, mais Nathyle les égorgea avant qu'ils aient pu faire quoi que ce soit. La petite créature à la voix aiguë et un cavalier à l'allure filiforme furent les suivants. Trois autres passèrent à l'attaque, tandis que le dernier restait un peu à l'écart.

Les deux premiers s'avérèrent être des humains corrompus, lorsque leurs capuches tombèrent et révélèrent leurs visages d'une pâleur laiteuse. Le troisième était une créature d'un genre que la jeune assassin n'avait jamais rencontré: il dépassait aisément les trois mètres des pieds à la tête, tout en étant aussi large que haut. Nathyle embrocha le premier corrompu et s'en servit comme d'un bouclier humain pour parer l'attaque du second. Puis elle se débarrassa du corps, et ,plongeant sur son adversaire, lui brisa la nuque d'un violent coup de pied. Restait l'immense bête. L'assassin se rua sur son adversaire et enfonça profondément ses serpes katar dans le ventre de l'autre. Celui-ci ne réagit d'abord pas, sa peau étant faite d'un cuir si résistant que la lame n'avait fait que l'entailler. Nathyle se retrouvait même coincée devant la créature, ne pouvant libérer son bras. Le monstre lui asséna un coup de poing formidable qui la projeta au loin. Elle fut fauchée au passage par un sortilège. Le dernier combattant était donc un sorcier. Bien à l'abris derrière l'immense bête, son capuchon rejeté en arrière, il se trouvait être un elfe noir, un de ceux dont la race est presque éteinte et dont le peuple sur Sanctuary se limitait à quelques individus isolés. L'assassin se releva en titubant, puis chargea à nouveau la bête, mais dans une intention différente. Elle esquiva un coup de poing qui s'acheva dans l'une des parois du couloir, et parvint à sa faufiler entre les deux jambes arquées de la bête. Là, prenant appui sur les deux membres(1) aussi résistant que des colonnes de marbre, et exécuta un vol du dragon sur la personne du jeteur de sorts. L'elfe noir se trouva cloué au sol, et Nathyle l'égorgea avant qu'il n'ait eu le temps de se débattre. Restait encore la bête. Au bout de quelques acrobaties passablement périlleuses, Nathyle parvint à trouver le point faible de la créature, ses yeux. Elle le frappa à plusieurs reprises à l'aide des griffes de tonnerre, et libéra toute l'énergie qu'elle avait accumulé grâce à de griffes du dragon dirigés droit sur les globes oculaires du démon. Ce dernier s'effondra dans un spasme, et l'assassin put reprendre son excursion après avoir rejeté sa capuche sur son visage, laissant huit cadavres derrière elle.

Treng-Al arpentait les couloirs dans le sens opposé. Le sol montait régulièrement, et bientôt il n'y eut plus d'ouvertures creusées dans les parois. Enfin, il parvint devant une porte de pierre munie d'un anneau de fer. Le nécromancien saisit celui-ci, et tirant de toutes ses forces, il parvint à ouvrir la porte qui glissa sur le sol poussiéreux sans bruit. Il se trouvait à présent dans une salle longue et large, mais assez basse de plafond. Rien n'y était entreposé, rien n'occupait les murs sombres. Mais Treng-Al ne découvrit le rôle de cette salle qu'en tournant sa regard vers le plafond. Des dizaines de corps humains y étaient suspendus, les pieds fermement accrochés au plafond par quelque artifice, la tête en bas, plongés dans un profond sommeil.

« Des vampires, se murmura-t-il pour lui même. »

Mieux valait les laisser dormir pour l'instant. Son attention fut alors attirée par une porte, cachée au fond de la salle. Il l'ouvrit, toujours sans aucune difficulté. Le chemin descendait vers des ténèbres inquiétantes. Il s'engouffra là, et marcha pendant presque une heure. Le chemin descendait avec une pente assez marquée, et l'atmosphère devint de plus en plus lourde et étouffante. Treng-Al n'en était pas encore certain, mais il le fut bien vite : l'air devenait de plus en plus chaud. Des souffles presque brûlants s'échappaient de failles dans les parois. Puis, au tournant à l'angle d'un tournant, le couloir déboucha sur une importante salle.

Le sol y était fortement inégal, et de grandes fissures le balafraient, d'où montaient des vapeurs brûlantes. L'atmosphère était à la limite du respirable. Un bouillonnement permanent s'élevait des failles. Treng-Al remarqua cependant des silhouettes encapuchonnées disséminées dans la salle. Il se cacha derrière une colonne et observa la scène. Dans certains coins, d'autres silhouettes, mais cette fois-ci plus grandes et robustes s'escrimaient auprès de leviers. Soudain, un d'eux parvint à son but. Il y eut un bruit de chaîne, puis un lourd barrage de bois encastré dans un mur se leva. Un torrent d'eau, provenant sans doute d'un cours d'eau souterrain se déversa par l'ouverture, et chut directement dans l'une des failles. Un important nuage de vapeur s'éleva alors, et les silhouettes féminines se mirent à marmonner des incantations. Par leur sorcellerie, le nuage de vapeur tripla de volume et s'éleva, puis s'infiltra dans les fissures du plafond pour remonter à la surface. D'autres barrages furent bientôt levés, et les vapeurs dégagées devinrent si considérables que Treng-Al n'y voyait plus à trois mètres devant lui.

« Voilà donc d'où vient le fameux brouillard qui stagne dans tout le pays, pensa-t-il. »

Mais il avait suffisamment traîné, et il rentra discrètement à ses quartiers pour ne pas éveiller les soupçons.


1 : l'auteur s'est permit un jeu de mots d'une qualité lamentable, merci de votre compréhension.
« Qu'allons-nous faire, à présent ? demanda Nathyle.

Ils étaient tous deux de retour dans la chambre.

- Tu as dit que leur chef allait parler demain ? Nous en profiterons pour découvrir leurs intentions. Ensuite, il faut parler au chef, pour obtenir une capitulation.

- Et s'il refuse ?

- S'il refuse nous le tuerons et recommencerons l'opération avec le nouveau chef qu'ils mettrons en place. Mais il faudra faire vite. Nous n'avons que peu de temps. Larcant et ses hommes se retirent dès demain soir. Mais tout devrait bien se passer. »

En réalité, il savait fort bien qu'il n'y avait que très peu de chances que tout se passe aussi bien. Nathyle n'était pas dupe, et l'avait également bien comprit. Le lendemain, ils furent réveillés par une voix rauque qui grogna derrière la porte :

« Le chef va parler dans une heure, ne lambine pas! »

Ils se remirent en tenue, prirent bien soin de couvrir leurs visages, et se dirigèrent vers la grande salle qui était déjà bondée. Au centre de la foule hétérogène se dressait une estrade, sur laquelle trônait un individu d'apparence humaine vêtu d'une longue cape qui dissimulait tout son être, encadré par quatre silhouettes massives. Peu après, l'homme prit la parole, et ce fut d'une voix à peine plus rauque que celle d'un homme ordinaire :

« Les précédents raids, dit-il, ont été un succès. De plus en plus, là-haut -il désigna le plafond de la main-, ils ont peur de nous. La peur est notre meilleure arme. Elle les divise, plus personne ne va hors de son village, et le brouillard nous permet de les maintenir dans l'ignorance. Nous allons très bientôt pouvoir passer à l'attaque, et raser tous ces amas de fientes, ces places fortes de l'oisiveté répugnante et de la faiblesse odieuse. Nous allons bientôt prendre le contrôle de ce pays ! Et ensuite nous pourrons en conquérir d'autres, car nous n'isolerons plus des villages, mais des empires entiers ! Le monde sera à nous, et la terreur y régnera en maîtresse. Alors, les enfers même nous seront reconnaissants, car nous aurons conquis en quelques années ce qu'ils ne se sont jamais appropriés en des millénaires de guerre !

Mais, ajouta-t-il, il se trouve que nous avons à présent des ennemis, et redoutables. Aucun de vous n'ignore la disparition il y a quelques jours d'une de nos patrouilles, ni la destruction de notre repaire à Tristram. Ces même ennemis nous ont envoyés des espions. Hier en effet huit des nôtres ont été assassinés dans nos couloirs.

Alors même qu'il parlait, des êtres à l'allure simiesque se frayaient un chemin à travers la foule, en direction de Treng-Al et Nathyle.

- Mais nous avons pu les démasquer, et soyez sûr que... »

Le nécromancien croisa le regard de l'assassin. Ils comprirent qu'il n'était pas possible d'éviter l'affrontement. Nathyle sut aussitôt ce qu'elle avait à faire.

En un vol du dragon, elle avait franchi la distance qui la séparait du chef des cavaliers. L'autre recula de plusieurs mètres et s'étala de tout son long. Les quatre gorilles qui l'entouraient foncèrent sur l'assassin, mais quelques pièges suffirent à en venir à bout. Le chef se releva alors. Sa capuche était tombée, révélant un visage presque humain, à l'exception d'un mâchoire légèrement proéminente, mais aussi de petites cornes qui avaient poussé sur le haut du crâne. Les yeux jaunes et la peau couleur de cendre de la créature attestaient de sa nature semi-démoniaque. La carapace chitineuse qui couvrait ses joues et son front montraient qu'il s'agissait d'un demi-malfaisant sombre. Des longues pointes sortirent des ses mains, et il entama un duel à armes égale avec Nathyle, si ce n'était que ses armes sortaient directement de ses phalanges, et qu'elles étaient faites d'ivoire solide et non d'acier.

Treng-Al, lui, se retrouva encerclé. Il lança plusieurs déflagrations venimeuses qui abattirent tous les démons autour de lui dans un rayon de quatorze mètres. Puis il se fraya un chemin jusqu'à l'estrade centrale à grand renfort des lances d'os. Il finit par atteindre sa cible, et une fois là, il lança une prison d'os qui garantit momentanément la sécurité de Nathyle. Il se concentra puis ouvrit grand les bras, comme s'il avait souhaité faire de libéralités à l'assistance. Mais il distribua des esprits d'os plutôt qu'autre chose. Une vingtaine de sphère pâles entrèrent violemment en collision avec autant de cavaliers. Puis le nécromancien lança des explosions morbides qui firent force victimes. La foule des ennemis se fit de plus en plus clairsemée. Treng-Al envoya des lances d'os dans toutes les directions, lança encore de nombreux esprits d'os, puis termina sur des explosions morbides. Les cavaliers commencèrent à reculer, puis le recul se changea en débâcle. Le nécromancien abattit autant de fuyards qu'il put, puis se retourna vers l'estrade, pour voir où en était Nathyle.

La prison d'os avait disparut. L'estrade était vide. Le jeune nécromancien sentit un filet de sueur froide couler lentement dans son dos. Il avait massacré des hommes au lieu de s'occuper de sa femme qui était en danger. Il s'engouffra dans un des boyaux, décidé à fouiller la caverne de fond en comble s'il le fallait. Il finit par arriver dans la salle où dormaient les vampires, qui étaient à présent éveillés, et paraissaient bien décidés à festoyer du sang de Treng-Al. Celui-ci invoqua de nombreux esprits d'os, qui créèrent suffisamment de lumière pour aveugler les buveurs de sang. Le nécromancien se rua à travers eux et dévala l'escalier menant dans la salle où était produit le brouillard. Lorsqu'il parvint au pied de l'escalier, il manqua d'étouffer en reprenant sa respiration. L'atmosphère était à la limite du respirable, et la chaleur n'avait rien à envier à celle du désert d'Aranoch. Il discernait à peine le paysage devant à cause des vapeurs méphitiques, mais entendit des tintements d'aciers, signe d'un combat juste devant lui. Un nuage de vapeur s'écarta momentanément, et il put voir la scène. Nathyle combattait le chef des cavaliers au milieu des fosses vomissant des fumées toxiques, tandis qu'autour d'eux, de nombreuses sorcières lui jetaient des sorts de temps à autres, n'osant toutefois prendre le risque de toucher leur maître.

Treng-Al lança un esprit d'os sur l'une d'elle, qui chuta dans l'une des failles avec un cri. Les autres jeteuses de sorts oublièrent aussitôt l'assassin pour s'occuper du nécromancien. Nathyle, elle, combattait toujours le demi-malfaisant sombre qui s'avérait plus puissant que prévu. Ils s'échangeaient des coups de griffe, et plusieurs fois ils avaient tous deux manqué de chuter dans l'une des fosses. Ils se trouvaient à présent au centre de la salle. Aucun des deux n'arrivait à réellement dominer l'autre. Ils échangèrent mille coups sans qu'aucun ne prisse l'avantage. Mais soudain, le sol trembla sous leurs pieds. Des lézardes apparurent sur le sol, et les parois tremblèrent. Nathyle profita du capharnaüm pour se retirer provisoirement, et le demi-malfaisant sombre l'imita. Soudain, le sol s'ouvrit, et un puissant geyser apparut, faisant jaillir de l'eau bouillante par trombes. Le volume de vapeur exhalé par les fosses déjà existantes sextupla, et l'atmosphère devint proprement invivable, la température grimpant en flèche. Puis la vapeur finit par disparaître, alors que le chef des cavaliers chargea à nouveau Nathyle, et ils reprirent leur duel. Treng-Al, lui combattait les dernières sorcières qui n'étaient pas mortes étouffées. Il en abattit une d'un esprit d'os, et une autre d'une explosion morbide. Le corps fut soulevé par la déflagration et projeté dans une fosse juste devant le nécromancien. Il y eut un bruit de succion, puis d'éclaboussure, puis quelques gouttes rouges jaillirent de la fosse. C'est alors que Treng-Al comprit ce qui s'était passé. De la lave. Les fosses étaient désormais remplies de magma, qui avait du remonter par quelque cheminée ancienne, durant leur combat. Il fallait quitter l'endroit au plus vite. Mais les quelques sorcières et le demi-démon ne paraissaient pas enclins à les laisser fuir.

Nathyle, de son côté, ne s'était rendue compte de rien, pas plus que son agresseur. Celui-ci tenta une attaque chargée que Nathyle esquiva sans difficulté. Elle contre-attaqua avec des shurikens qui n'eurent pas plus d'efficacité. Le demi-malfaisant sombre commença une nouvelle charge, mais l'assassin jeta des chausse-trappes sur le sol qui le contraignirent à sauter. Au moment où il allait réceptionner, Nathyle le projeta en arrière d'un coup de pied. Le chef des cavaliers roula un moment, puis disparut dans une des fosses, d'où émanait maintenant une lueur rougeâtre.

Treng-Al abaissa sa baguette. La dernière sorcière tomba morte, percée d'une lance d'os. Il chercha Nathyle des yeux. Celle-ci se tenait au centre de la pièce, entourée d'épaisses brumes qui l'empêchaient sans doute de voir ce qui l'entourait. Le nécromancien vit avec stupéfaction une main griffue jaillir d'un fosse derrière l'assassin. Il lança une esprit d'os, mais une nouvelle secousse accompagnée d'un jaillissement de lave brûla le demi-démon jusqu'aux os. Le chef des cavaliers n'était plus guère qu'un cadavre entièrement carbonisé lorsque le sort le fit basculer dans l'une des ouvertures du sol.

« Nathyle !hurla Treng-Al

Celle-ci l'entendit enfin, et accourut jusqu'à lui.

- Fuyons !cria-t-il

Ils quittèrent précipitamment la salle tandis que la chaleur se faisait de plus intense et les secousses de plus en plus violentes. Lorsqu'ils arrivèrent à la grande salle, ils virent des coulées de lave se déverser à toute vitesse à partir d'autres boyaux.

- Dépêchons-nous ! »

Ils trouvèrent quelques cavaliers morts piétinés durant la défaite dans la caverne naturelle. Ils ne prirent cette fois-ci pas la temps d'admirer la vue, et poursuivirent leur chemin. Dehors, au fond du gouffre, gisaient morts plusieurs vampires, qui avaient été tués par les rayons du soleil en tentant leur chance, se sachant poursuivis par la lave. De nombreux cavaliers se pressaient sur les deux escaliers montant contre les parois du gouffre, si bien que de temps à autre, l'un d'eux tombait pour s'écraser plusieurs dizaines de mètres plus bas. Nathyle et Treng-Al se pressèrent sur les marches tandis que la lave jaillissait en dessous d'eux. La panique augmenta encore d'un cran au-dessus parmi les fuyards lorsque le niveau de lave au fond du gouffre se mit à augmenter. Dans la bousculade, d'autres cavaliers tombèrent et achevèrent leur chute au milieu du magma en fusion. Cependant, la plupart d'entre eux parvinrent à fuir, et Nathyle et Treng-Al furent de ceux là. La lave s'arrêta de toute manière à mi-profondeur du gouffre. Ils quittèrent rapidement la forêt, et à l'orée du bois ils trouvèrent un attroupement d'hommes en armes. A leur tête se trouvait un homme, qui se dirigea droit vers Treng-Al.

« Vous avez réussi! s'écria-t-il c'est une bénédiction !

- Avez-vous placé vos hommes comme je l'ai demandé, Larcant ?

- Absolument. La forêt est littéralement encerclée, aucun de ces bandits ne pourra s'enfuir. Tenez, nous en avons déjà capturé sept, ici.

En effet, sept des cavaliers étaient ligotés et surveillés par des hommes robustes.

- C'est un miracle! Continua Larcant, cela signifie la fin des difficultés ! Nous allons pouvoir reprendre notre ancienne vie. C'est grâce à vous, dit-il en se tournant vers eux.

- Cela n'aurait servit à rien sans votre aide. Bien, je pense que nous pourrions rentrer à Hévenbourg.

- Pas de problème, répondit Larcant. J'ai prévu des renforts pour surveiller le bois pendant une semaine.

- Excellent. »

Et ils partirent donc, en direction du paisible village, qui avait bien changé depuis leur dernière visite. Les barricades avaient été abattues, de nouvelles maison avaient été construites pour abriter les nouveaux arrivants, des routes avaient été tracées, qui partaient dans toutes les directions, et dessus circulaient de nombreux fermiers, rentrant de leurs champs, ainsi que les premières caravanes de marchands. Et les changements continuèrent durant les mois qui suivirent.

De plus en plus de villages se réouvraient à l'extérieur, depuis que les cavaliers masqués n'étaient plus. Bon nombre de familles de fermiers qui s'étaient isolés durant les troubles vinrent repeupler les villages. La sécurité nouvelle arriva bientôt aux oreilles des marchands étrangers, et les routes furent bien vite encombrées par le passage de longues caravanes chargées de vivres et de marchandises venant de tous les pays voisins. Treng-Al et Nathyle, eux, aidaient et participaient à la reconstruction de villages, toujours avec l'aide de la sororité de l'oeil aveugle. Bien qu'aucun gouvernement ne fut établit, tous dans le pays travaillaient de concert pour la reconstruction, animés d'une ardeur enthousiaste et revancharde, car les habitants considéraient cette reconstruction comme la victoire finale sur les difficultés que rencontrait le pays depuis la déchéance de Léoric. Des milliers de mains volontaires, de tous âges, servirent à la reconstruction du Khanduras. A la fin de l'année, la plupart des dommages étaient réparés. Treng-Al et Nathyle élurent finalement domicile dans un vaste manoir, qu'ils avaient bâti avec l'aide de Larcant et d'autres hommes qui avaient participé à la lutte contre les cavaliers, près de Hévenbourg.

De tous points de vue, 1267 fut une année merveilleuse au Khanduras. Il y eut un hiver relativement clément et qui ne s'attarda pas, vite un remplacé par un printemps porté par de douces brises, et un air de richesse et de prospérité soufflait sur le pays. L'été fut l'un des plus merveilleux et resta gravé dans la tradition, tant les récoltes furent bonnes : il y eut une abondance incroyable de fruits, et il n'était pas rare de voir quelques enfants s'allonger en bande autour des pruniers, et manger jusqu'à élever de véritables pyramides de noyaux, et ensuite fuir devant les réprimandes d'un fermier mi-furieux, mi-amusé. A l'automne, les vignes furent chargées de raisin, et dans les vergers, les branches ployaient sous le poids des fruits. Les vins furent d'une telle qualité, qu'il n'était pas rare, plusieurs décennies plus tard, de voir brandir un cru 1267 lors d'un festin sous les applaudissements des convives. Comme l'avait dit Treng-Al au cours d'un de ses discours après la reconstruction d'un village, « Tel un phénix, le Khanduras est en train de renaître de ses cendres. »
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