Fanfiction Diablo II

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Sacrifice

Par Ohm
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Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Venez, venez, amis, et je vais vous conter
un bien triste récit, le mien, en vérité.
Il était une fois une aventurière
qui se croyait bien forte, et qui en était fière.
Ceci, en quelques mots, peut résumer ma vie,
comme vous pouvez voir, fort peu intéressante.
Ne vous y trompez pas écoutez bien ceci
et tirez-en vous-même la leçon évidente.

Je croyais que j'étais une brave guerrière,
attirée par le feu, le combat et la guerre,
du moins, je le pensais. Je n'étais en effet
qu'orgueil et vanité, reprenant sans arrêt
les exploits de plus grands et plus puissants que moi.
Après maintes batailles, éreintés, restant là,
derrière eux je venais pour leur prendre leurs biens
ainsi que pour voler le travail de leurs mains.

Vous commencez, je pense, à comprendre mes actes.
Ou si vous ne pouvez, au moins vous les voyez.
Oh ! Je ne suis pas fière, cela depuis longtemps.
Si je le revivais ? Je le ferais, encore,
en évitant ce qui m'a fait devenir ça...
Mais cela sera dévoilé une autre fois.
Je n'ai pas de leçon. Pas encore. Attendez...
Ceci n'est en effet qu'un début. Patientez.
Venez, venez, amis, et je vais vous conter
une bien triste histoire. Où m'étais-je arrêtée ?
Ah, oui ! Mes 'grands faits d'armes'... peu importe leur nom.
Je les tuais, c'est vrai, pour ma réputation ;
personne ne savait mieux que moi les exploits
accomplis par ces hommes, achevés de sang-froid.
Connaissant mieux que tous des détails fort nombreux,
je me faisais passer pour vaillante héroïne.
Mais, connue par-delà les monts et les collines,
à la tranquilité je dus faire mes adieux.

La célébrité est une arme dangereuse,
une lame tranchante, effilée et mortelle.
J'eus les inconvénients... la vie est bien cruelle.
Cruelle, vous ai-je dit ? Non. Elle est capricieuse.
Elle a joué aux dés, j'en ai payé le prix.
Mais fallait-il pour ça que je risque ma vie ?

Je crois que je me perds, vous ne saisissez pas,
j'aurais pu renoncer. J'ai eu droit à un choix...
une opportunité, une seconde chance,
mais vous me connaissez, enfin, ma foi, je pense.
Je me sens m'égarer, à nouveau ; s'il vous plaît
je vais vous demander une aide, une faveur.
Pouvez-vous m'accorder de vos précieuses heures,
afin qu'enfin un homme - une femme... qu'en sais-je ? -
puisse voir à travers cet épais sortilège
et ne me juge que par ce que, moi, j'ai fait ?

On vous a raconté bien des choses sur moi.
Ne me dites pas non, je le sais, j'étais là...
Sachez que je ne fus pas toujours ce qu'on dit,
mon début - et ma fin - furent un peu moins maudits.
Je vous raconterai, bientôt, ce que je fis,
pas maintenant, pitié, laissez-moi un répit !
Mon histoire est déjà bien dure à supporter,
laissez-moi donc le temps de vous la formuler...
Venez, venez, amis, je me sens si confuse...
je n'ai que peu de temps, mon esprit part, et s'use.
Mon 'peu de temps' à moi se traduirait chez vous
en termes, non d'années, mais bien plus il est vrai.
Malgré tout, je le sais, un jour je partirai
et c'est donc pour cela que je vous livre tout.

Mon enfance ne fut pas des plus malheureuses
comparée aux tourments qu'ont les filles amoureuses.
D'amour, je n'en connus, je n'avais pas le temps,
selon mes professeurs, je n'étais pas enfant.
Ca ne me peinait guère, car la vie est si brève,
et elle vous trahit, vous frappe dans le dos
sans vous laisser la joie d'accomplir tous vos rêves.
C'est ce qu'on apprenait, c'était notre credo.

Je fis ma formation dans un endroit austère :
un grand, sombre, et pourtant accueillant monastère.
Si je dis 'accueillant', c'est que je m'y plaisais
car il semblait empreint d'un esprit propre à lui.
Peut-être est-ce illusion, peut-être est-ce folie,
mais il acceptait ceux qui point ne le fuyaient.
Les mois passés à parcourir tous ces couloirs
m'ont rendue très discrète et fait aimer le noir...
j'y passais en effet le plus clair de mon temps,
me cachant de la loi et de mes surveillants.

Je n'y étais en fait que peu de temps par jour,
étant presque obligée de suivre tous ces cours
rébarbatifs, lassants, et souvent inutiles.
Une seule attira vraiment mon attention
une femme puissante, adroite et très habile,
et je crois que vous connaissez tous son prénom :
Natalya. Oui, c'est elle. On dirait que pourtant
vous n'êtes pas surpris... ce n'est guère étonnant.

Ce n'est pas terminé, c'est le commencement...
je dois me reposer, oui, j'ai besoin de temps.
Je ne suis pas, je ne suis plus comme vous, là...
c'est assez, maintenant ! il me faut m'en aller,
mais soyez sûr que bientôt vous me reverrez.
La nuit m'appelle encore... à la prochaine fois.
Venez, venez, amis, vous revoilà enfin.
Pourquoi suis-je partie ? Etait-ce vous, ou bien...
ce n'est pas important, il me faut continuer
ou bien mon nom sera à tout jamais souillé.

Que vous disais-je ? Ah oui ! La grande Natalya...
J'eus avec elle un lien bien plus fort que le sang,
bien que, de par ses mains, souvent le mien coula.
Mais c'était pour mon bien, je le sais maintenant,
j'ai eu du temps pour voir... bien plus que de raison.
Oh ! Je dérive encore... par pitié, aidez-moi !
Il faudrait me guider tout le temps, pas à pas,
pour ne pas tomber dans mon imagination.

Natalya faisait couler mon sang, il est vrai,
nous nous battions ensemble, toutes deux, sans arrêt,
parfois même durant les heures de la nuit
entrant dans ma cellule et me sortant du lit,
ou, quand je m'enfuyais, elle allait me chercher
et était bien la seule à pouvoir me trouver.
Pourtant je l'admirais - et je l'admire encore -
car elle m'apprenait à éviter la mort...

Cette école -comment l'appeler autrement ? -
était pour moi une famille véritable.
Je n'ai pas eu le droit d'avoir mes deux parents.
'Parents' ? Pour moi un mot si loin, méconnaissable.
Nous n'étions pas beaucoup, et le nombre baissa
très dangereusement pendant le dernier mois.
Les plus faibles et les lâches étaient éliminées
avant d'avoir compris ce qui leur arrivait.
Rétrospectivement, j'ai eu beucoup de chance :
Natalya, je pense, semblait me protéger.
Il me semblait pourtant qu'arrivait l'échéance
et que je n'étais plus digne de continuer.

Alors je partis, loin, laissant derrière moi
ce qui faisait ma vie, et qui était ma foi.
Comme une autre naissance, une nouvelle vie,
j'errai, je ne sais où, luttant pour mon sursis.
Ce que je fis vraiment ? Je vous le conterai,
pas ce soir, non... après. Bientôt je reviendrai.
Venez, venez, amis, j'ai encore à vous dire
tout ce que j'ai vécu, que vous n'avez pu lire.
J'aime à me souvenir de la calme période
qui suivit mon exil, ou plutôt mon exode.

Je vivais de rapines, on ne me voyait pas,
j'étais comme invisible à ceux qui étaient là
et qui ne me voyaient qu'un tout petit moment
pour m'oublier après, presque instantanément.
Je ne fus pas cherchée, car je n'existais pas
- du moins aux yeux de ceux qui furent 'soulagés' -
et ma personne ne fut que peu inquiétée,
pas vu, pas pris, la loi ne pouvait rien pour ça...

Mais cette impunité eut sur moi des effets
qui dépassaient de loin mon imagination :
accumulant sans fin, méfait après méfait,
je me mis à avoir un peu plus d'ambition.
Ce qui en découla, je vous l'ai déjà dit,
ou bien non ? Je ne sais plus très bien où j'en suis.
Je vous le redirai, ainsi je serai sûre
que la vérité pure vous sera dévoilée.

Or donc, continuant, marchant vers mon futur,
je commençai à chercher la célébrité.
La fortune et la gloire sont un attrait puissant
et je ne tardai pas, et ce par tous moyens,
à vouloir des exploits qui n'étaient pas les miens
en les volant à ceux qui étaient méritants.

Comme je vous l'ai dit je ne fus inquiétée
que ce soit la justice, ou ce que je fuyais.
Je crois qu'ils ne cherchaient pas à me rattrapper,
quel que soit le moyen, j'étais éliminée.
Ma renommée ne fut pas toujours avantage
car dans l'ombre certains furent impressionnés,
non par ce que je fis, mais comment ce fut fait,
apparaissant, disparaissant, comme un mirage.

Vous en voulez encore ? Attendez juste un peu,
je reviendrai plus tard continuer mes aveux.
Venez, venez, amis, je vous ferai savoir
tout ce que j'ai vécu, tout ce que j'ai pu voir.
J'en arrive à un moment-clé dans mon récit,
le moment où j'ai presque perdu mon esprit.

Ces 'gens de l'ombre' étaient influents et très forts
et ils me proposèrent une sorte d'alliance :
ils pouvaient m'accorder un peu de leur puissance
en échange je les servais jusqu'à ma mort.
L'anguille était énorme, et le rocher petit,
mais je n'en avais cure et n'ai pas réfléchi.

Un rituel s'imposa, pour une 'élévation',
une cérémonie absurde et sans raison.
Oh ! Je me fourvoyais. Il y en avait une,
destinée à les préserver des coups du sort...
attachée, impuissante, sous une pleine lune,
ils laissèrent les ténèbres envahir mon corps.
Peut-être aurais-je pu, si je l'avais voulu
m'enfuir et partir, loin, quitter ce cauchemar
qui me terrorisait. Et c'est là que j'ai vu
l'horrible vérité. Fuir était dérisoire.

Mais je n'y pensais plus, déjà j'étais en transe
attendant le parfait instant de délivrance,
pauvre de moi. Pourtant il était bien trop tard
pour espérer pouvoir revenir en arrière,
les démons avaient pris possession de mon être
et la lumière en moi avait perdu l'espoir.
Je leur obéissais, j'étais comme une esclave,
incapable d'agir, de quitter cette enclave.
Où m'enfuir, où aller ? Je leur appartenais...

Et petit à petit, la folie arrivait
insistante, insidieuse, et rien moins que troublante.
Comme le nouveau-né, j'avançais, hésitante,
Ne sachant pas très bien où me menaient mes pas.
Je vous entends déjà : " Tout cela est-il vrai ?
Comment être surs que tu dis la vérité ? "
Plus loin dans mon récit, vous comprendrez pourquoi
et je vous montrerai la preuve irréfutable
- dans ma vie pourtant si peu irréprochable -
de la sincérité de tout ce que je dis.

Passez votre chemin. Pour l'heure c'est fini.
Venez, venez, amis, laissez-moi continuer.
J'en vois qui sont partis... d'autres vont arriver.
Tant qu'un seul restera, je serai satisfaite
car je sais qu'à la fin, justice sera faite.

Dans la fosse infernale, entraînée chaque jour
je me perfectionnais et cultivais la haine.
Haïr peut rendre fort, haïr peut rendre sourd
à la douleur, en fait, à tout ce qui vous freine.
Si je me faisais battre, on me ressucitait ;
il fallait que je sois du Noir le plus parfait.

Vint enfin le moment où l'on me jugea prête
de sortir au grand jour. On me mit à la tête
d'un petit bataillon destiné à stopper
tous les aventuriers qui voudraient se risquer
dans la tanière de mon maître Méphisto.
Et si certains, discrets, se glissaient dans mon dos,
le Conseil était prêt à couvrir mes arrières,
et ainsi ils pouvaient se repaître de chair.

Or il advint qu'un jour le Conseil fut défait
par une coterie moins puissante que lui,
mais elle était quand même mieux organisée.
Je ne les ai pas vus, ils sont passés sans bruit
et au vaillant Trio, ils prirent le fléau.
Un vieux fou Horadrim reconstitua l'arme
qui devait ouvrir la porte de Méphisto.
Je me préparai mieux pour éviter un drame.

Je vous raconte ici mon ancien point de vue,
celui qui était mien à cette époque honnie.
Et je vous dis aussi comment je l'ai vécue.
La suite sera dite, mais pas aujourd'hui.
Venez, venez, amis, et osez contempler
ma vie, ses horreurs et ses atrocités.

Dès lors je m'imposai en chef dans cette ville,
pour que dans son abri le maître soit tranquille.
Grâce à ma vigilance et à mes stratégies,
plus aucun satané héros ne put franchir
les obstacles érigés. Et bien plus d'un périrent
d'une mort douloureuse, atroce et sans merci.
Forte de mes victoires sur tous ces intrus
je me vis accorder un bien meilleur statut.

Je régnais sur l'ensemble de la cité morte,
et j'acquis sous mes ordres une grande cohorte.
Je réorganisai les défenses fragiles
qui étaient affaiblies en de nombreux endroits
par les assauts fréquents des guerriers malhabiles.
Aucun ne réussit à percer jusqu'à moi.

Mais tout a une fin, et un aventurier
arriva en faisant retentir la forêt
d'une grande clameur : " Je viens te terrasser ! "
Juste avant de le voir je compris qui c'était.
Accroché dans son dos, le Fléau terrifiant,
sur les gants de ses mains, des griffes acérées
vibrant de me revoir pour un combat violent.
Natalya arrivait, mes heures étaient comptées.

Elle a été mon maître, et moi son apprentie.
Je la connaissais trop pour la sous-estimer,
et désespérément j'envoyais l'affronter
mes meilleurs éléments, des guerriers accomplis.
Futile tentative... elle avançait toujours,
frappant avec ardeur, tranchant sans grande peine,
se frayant un chemin, progressant vers la 'reine'.
Je sentis alors venir la fin de mes jours.

Puis, sans s'en rendre compte, elle était déjà là,
hésitant, jaugeant ce que j'étais devenue.
Mais je perçus quand même la vérité nue :
cela serait, pour moi, le dernier des combats.
Venez, venez, amis, je n'ai pas terminé.
Ceci est une fin et un commencement...
Mais ce n'est pas très clair, je vais vous l'expliquer.
Le combat s'annonçait très rude et très sanglant.

Une cité deserte, un vent caniculaire.
Seuls deux êtres restaient, immobiles, attendant
une opportunité de battre l'adversaire.
Toute l'éternité tenait dans cet instant.
Nous étions face à face, elle, un peu en surplomb
ne semblait que peu impatiente d'en finir.
Elle me regarda, longtemps, avec aplomb,
avec des yeux froids, durs, voulant me voir mourir.

Je ne supportais pas cette passive attente
qui était, selon moi, inuile, angoissante.
Mon esprit torturé semblait m'abandonner,
et je ne pensai plus, je ne voulais pas fuir.
Il me fallut alors toute une éternité
afin que naisse en moi la décision d'agir.

Me ruant en avant, consciente que mon acte
était presque futile, je respectai mon pacte
en protégeant de tout intrus, de tout héros,
le Seigneur de la Haine, mon maître Méphisto.
Je la vis, en courant, préparer sa défense ;
je fis de même qu'elle - inconsciemment, je pense -
et je la vis sourire. Un rictus si léger
qu'il aurait très bien pu - bah - ne rien signifier.

Par malheur elle vit la porte grande ouverte
dans ma garde, un oubli, si infime soit-il,
et put en un éclair, un battement de cil,
faire le mouvement conduisant à ma perte.
Elle enchaîna ses coups, parfaits, puissants, létaux
pour tout autre que moi. Mais même mes pouvoirs
rivalisaient à peine avec cette ombre noire
qui évitait mes coups en tranchant dans ma peau.

Je décidai donc d'invoquer à mon secours
ce que j'aurais appelé en dernier recours.
D'un mot je libérai une pure énergie
et je n'eus que le temps de me mettre à l'abri.
Venez, venez, amis, je fus interrompue
par les réminiscences de mon passé perdu.
La douleur est encore assez forte pour moi,
mais je continuerai et ne faillirai pas.

D'un mot j'invoquai donc mon plus puissant allié,
une ombre se forma juste entre nos deux corps.
Je me sentis soudain impuissante et vidée,
car cette ombre était tout ce que j'avais de fort.
Je me mis à l'abri, attendant la victoire
car les armes normales ne pouvaient avoir
la masse ténébreuse qui luttait pour moi.
Mais c'était chose qu'avait prévu Natalya.

En un fluide geste, elle jeta ses gants
et décrocha alors la grande Volonté
de Kalim de son dos. Et tout en avançant
elle fit tournoyer en de grands moulinets
cette arme légendaire. Attendant dans un coin
une issue incertaine à la macabre danse,
affaiblie, épuisée, je ne pensai à rien.
Mais mon spectre n'avait plus l'ombre d'une chance.

Natalya accula mon ombre vacillante
dans le coin du palais où était l'orbe bleue.
Malgré tous les efforts de la noire vaillante,
je vis mes espoirs s'amenuiser peu à peu.
Mon maître d'armes put donner le coup de grâce
à un ennemi qui ne pouvait plus rien faire
que d'essayer de se défendre, et voir en face
les ténèbres qui venaient la pousser en arrière.

L'ombre toucha le sol
je crus devenir folle.
L'ultime appui tomba
et, je ne sais pourquoi,
un hurlement sortit de ma bouche gelée
et je perdis conscience avant de m'effondrer.
Venez, venez, amis, nous en sommes à la fin
de ma malédiction, de mon triste destin.

Je me sentais vivante et morte en même temps,
flottant dans une brume immobile, irréelle.
Je ne sentais plus rien, plus de mal en dedans
de mon être, plus de bas ou haut, terre ou ciel.
Où étais-je ? Au ciel ? Non. Point ne le méritais.
Je me laissais aller, ne pouvant plus penser
à autre chose qu'à la seconde présente...
de mon corps, de moi-même, j'étais comme absente.
Mais au bout d'une année, un siècle, une minute,
un homme s'adressa à mon esprit brisé.
Je sentis - pour ma vie - se dessiner un but,
et un nouvel espoir pour moi apparaissait.

" Tu as trahi la race humaine.
Tu as péché contre les tiens.
Tu as voulu être une reine,
mais tu n'eus de règne sur rien.
Cependant tu as mérité
une seconde chance ici :
contre le mal tu as lutté,
un combat interne, en esprit.
Même si tu n'as remporté
une victoire décisive,
viens avec nous pour affronter
le Mal qui, de liberté, prive. "

C'était une voix qui ne m'était inconnue,
deux fois auparavant je l'avais entendue.
Une fois juste après mon entrée au 'couvent',
et l'autre un peu avant ma descente aux enfers.
Comment me trouvait-Il, ça restait un mystère,
mais il veillait sur moi, je le sais, maintenant.

Pour vous, les incrédules, qui ne croyez sans voir,
admirez ce joyau qui brille et étincelle...
ce petit pendentif, vous devriez savoir,
est le symbole de l'Archange Tyrael.
Venez, venez, amis, il me faut continuer
à vous parler de mon présent par mon passé.

J'étais morte, à Kurast, d'un certain point de vue,
mon âme noire étant revenue au néant.
Conséquemment mes anciens maîtres n'avaient plus
d'influence sur moi, qu'ils soient ou non puissants.
Car je me doutais bien que la mort du démon,
le seigneur Méphisto, avait bien entamé
autant les pouvoirs que le moral des armées.
La chute d'un des Trois mettait fin à l'union.

Malgré cela il restait encore un obstacle :
retranché aux tréfonds des entrailles infernales,
Diablo n'avait rien perdu de tout le spectacle
et se préparait ainsi au combat final.

Cependant que j'étais dans un coma profond,
certains aventuriers avaient fait un chemin,
traversé une ville, occis un forgeron,
mais n'avaient pu résister aux nécromanciens.
J'en eus un sous mes ordres quand j'étais mauvaise...
il paraissait dévoué, il avait du talent,
mais aussi de l'orgueil et, bien heureusement,
je le supprimai avant qu'il prenne ses aises.

Ah ! Les nécromanciens... ces créatures viles,
abjectes et repoussantes. Et pourtant très habiles.
Jamais je n'ai haï plus que je ne les hais,
même chez les démons les plus forts, on les craint.
Quoi ? Que me dites-vous ? Je m'égare, en effet...
mais j'aurais tant voulu tous les tuer de mes mains !

Tyrael m'emmena dans une forteresse
où je rencontrai tous mes futurs compagnons.
Dans le Pandemonium, où sont "tous les démons",
je ne me sentais pas en état de faiblesse,
étrange paradoxe. La vie est si bizarre,
la mienne est un mystère. Qui aurait pu prévoir
tous ces enchaînements qui m'ont conduite ici,
me tenant devant vous, vous racontant ma vie ?
Venez, venez, amis, où ai-je interrompu
le fil de mon récit ? Ma foi, je ne sais plus.
Je crois que j'en étais aux fosses diaboliques,
un cadre effrayant, et pas des plus bucoliques...

Ceux qui avaient péri par les nécromanciens
n'avaient pas eu le temps de créer un portail.
Nous vîmes que nous n'aurions que peu de travail,
nos prédécesseurs ayant tracé un chemin.

Un air de déjà-vu, un sentiment étrange,
tandis que nous marchions vers les feux rouge-orange,
je sentis que j'étais déjà venue ici.
La chaleur, la fournaise, et la lourde atmosphère
conféraient au décor l'ambiance délétère
de tout endroit, de tout lieu impropre à la vie.

Au fur et à mesure de la progression
de notre groupe à travers les vapeurs brûlantes,
je reconnaissais les contrées environnantes
car c'était en ces lieux que j'eus ma formation.
Je ne m'arrêtai pas, nous n'avions pas le temps,
le mal n'était plus là, repoussé en arrière,
retranché dans le lointain repaire de pierre :
l'immense cathédrale, refuge défiant
quiconque osait entrer d'en ressortir vivant.
C'est dans ce bâtiment que nous nous engageâmes
avec l'intention ferme d'achever le grand
Diablo et d'ôter de son front la pierre d'âme.

Une sorcière, un barbare et deux jeunes druides
m'accompagnaient dans notre quête pour le Bien.
Quand je sentis dans l'air quelques relents putrides,
je compris que du mal nous n'étions pas bien loin.
En effet des sorciers - pas des moindres, je crois -
nous attendaient, tendant une vile embuscade.
Heureusement nous l'avions prévu et nos trois
lanceurs de sorts nous préparèrent une parade.

Ce qui suivit ne nous concerne que très peu,
sachez juste que nous en sortîmes sans maux.
Nous marchâmes donc vers les cinq sceaux de Diablo,
déterminés à tout pour éteindre ce feu
qui brûle d'une flamme maudite à jamais.
Et nous ne pouvions plus reculer, désormais.
Venez, venez, amis, j'en ai presque fini,
vous raconter cela était un vrai défi.
J'espère cependant que vous avez compris
la majorité de ce que je vous ai dit.

Au bout du long couloir se traçait devant nous
un pentagramme noir, une aura maléfique
s'échappant de ses bords. La suite était logique :
nous devions libérer le démon en-dessous
afin d'éliminer définitivement
le Mal de notre monde. Il en fut autrement.

Les quatre premiers sceaux furent aisés à ouvrir,
à aucun moment nous ne fûmes en grand danger.
Mais quand nous activâmes le dernier scellé,
un soupir magistral... non... bien plus qu'un soupir,
une plainte, si douce, mais aussi terrifiante
de celui qui attend l'ultime délivrance.
Ce n'était pas Diablo - un peu plus de patience -
mais son premier vassal. Une épée inquiétante,
un bouclier au bras, Lord de Seis attendait.
Inexorablement, son maître il protégeait.

Le combat s'annonçait fort rude et très brutal.
Mes compagnons et moi ne le mîmes à mal
que bien peu de temps. Il eut vite le dessus.
Un moment nous crûmes que tout était perdu.
Mais un heureux coup du sort arriva enfin
lorsque nous aperçumes venant du lointain
deux autres mercenaires, archère et nécromant.
Elle encocha un trait puis tira droit devant,
une flèche mortelle arrivant en plein front
de l'affreux lieutenant, de l'horrible démon.

Revigorés un peu par l'aide inattendue,
nous réussîmes à le terrasser pour de bon,
utilisant les haches, flèches, incantations,
le vaillant adversaire dut s'avouer vaincu.
Il toucha le sol noir dans un flot de poussière,
mais un sombre fracas parvenait de derrière.
Le sol trembla un peu, puis oscilla plus fort,
jusqu'à atteindre un point critique. Puis, mort.

Un silence inquiétant, une lueur étrange,
la haine d'un démon, la puissance d'un ange.
Lentement se formait, sous nos yeux impuissants
une forme rougeâtre, le rouge du sang ;
le sang souvent versé à la gloire du mal
allait être vengé pour un autre idéal.
Venez, venez, amis, je n'ai que trop tardé,
maintenant c'est fini, cela est terminé.
En effet je n'ai pas eu l'opportunité
de vaincre ce démon, cet être détesté.

Sitôt qu'il apparut, je me jetai sur lui,
j'étais folle de rage et voulais me venger.
Je n'avais pas conscience de tout le danger
que je faisais courir aux autres et à ma vie.
Diablo avait bien vu ce qui manquait chez moi :
l'absence de mon ombre lui faisait comprendre
que je fus avec lui. Il voulait me reprendre
pour vaincre à ses côtés et imposer sa loi.

Oui, je m'étais trompée, il était bien trop fort.
Je n'aurais pu - je sais - résister à son sort
pour s'emparer encor de moi et de mon âme.
Je n'avais qu'un moyen d'échapper à ce drame.
Sentant venir en moi la néfaste infuence,
je pris entre mes mains ma lame et mon courage.
Et tandis qu'en mon sein la guerre faisait rage
mon katar détruisit mon corps et mon essence.

Je ne vis qu'une chose, le profond désarroi
qui affecta Diablo quand il perdit mon corps.
Mes anciens compagnons en profitèrent alors
et se jetèrent sur le démon, ancien roi.
Tyrael vit tout ça et coula mon esprit
dans un corps éthéré, dans une demi-vie,
afin que je chemine à travers Sanctuary,
que j'en parle moi-même aux gens de ce pays.

Et me voilà ici, vous racontant cela,
guettant dans vos regards une compréhension,
espérant de tout coeur un "tu te sacrifias
rien que pour nous et je suis pour ta rédemption."
Si vous ne voulez pas - si vous ne POUVEZ pas -
je chercherai ailleurs, très loin je partirai.
Adieu à tout jamais.
Je ne reviendrai pas.
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