Fanfiction Diablo II

L'écran de l'ordinateur, patiente et perfide fenêtre onirique, s'était abreuvé de l'esprit de l'homme. Son corps gisait inerte en catalepsie, son âme envolée vers un monde peuplé de légendes et de mythes n'avait plus d'autre choix que de s'adapter pour renaître et survivre, jeune et frêle nourrisson, esclave d'un monde peuplé d'enfers et de terreurs sans nom.

Une fine silhouette se déplaçait aisément dans les éboulis amenant aux ruines du temple des vipères. Un corps souple et longiligne, une démarche pleine d'entrain révélait, pour qui savait observer au delà du vieux et puant pourpoint de cuir, qu'il s'agissait d'un tout jeune homme, juste sorti de l'adolescence.

Qui était il ? Nul n'aurait pu le dire et les voyageurs qui l'avait croisé ne le connaissait que sous ce surprenant sobriquet de Peau-de-chien, surnom qu'il devait sans doute à cet équipement puant et sommaire, fait plus probablement de vieilles peaux de chiens errants mal tannées que du noble cuir des loups des hautes terres dont on faisant traditionnellement les " gilets lupus ".

Et que faisait-il là, dans cette partie du monde ou la terreur sans nom avait été éradiquer à l'aide des ligues barbares sept ans auparavant et où paix et calme régnaient depuis lors ?

L'appât du gain, vous auraient dit, excédés, les habitants de Lut-Golheim, habitués à ces rôdeurs mercantiles venus retourner méthodiquement, depuis la chute de Duriel et de ses légions, toutes les pierres de la contrée, ils auraient cependant salué son audace car bien peu avant lui n'avait eu le courage de revisiter les temples du désert dont certaines des salles souterraines auraient été, dit-on, épargnées lors de l'assaut final donné par les maintenant célèbres chefs de guerre Drachos-le-Massif et Sire Bracht de la Muerta.

Un silence oppressant planait sur la vallée des vipères ce matin. Peau-de-chien s'était immobilisé au sommet d'un monticule pierreux et s'affairait à dégager ce qui semblait être un ancien puit d'aération. A bout d'une trentaine de minutes, d'un travail méthodique, il avait pratiqué un ouverture assez large pour lui permettre le passage.

De sa besace il sortit une fine cordelette à nouds qu'il déroula sur toute la verticalité du conduit et qu'il arrima solidement à un énorme bloc de pierre sculpté de grouillantes figurines serpentines.

Après un moment de réflexion il replongea la main dans sa besace pour en retirer divers objets, d'un petit paquet oblong, entouré d'un chiffon crasseux, qu'il entreprit d'ouvrir, il dégagea une minuscule griffe d'entraînement de la plus belle facture, bien que moins puissante que de grandes griffes de combat ou les cestus de guerre, elle semblait cependant pouvoir infliger autre chose que de simples égratignures.

Plus de doute, ce jeune homme faisait partie de la secte des assassins ou du moins en avait-il suivi le martial entraînement et à sa façon de tenir la petite griffe on sentait qu'il maîtrisait déjà plus que les bases ce son art.

Parmi les divers et hétéroclites objets qu'il avait retiré de son sac et qu'il rangeait dans les alvéoles de sa ceinture, un connaisseur aurait reconnu de ces petits piéges appelés sentinelle de feu, ainsi qu'une seule, mais très dangereuse, sentinelle mortelle.

Ainsi équipé il s'engagea, sans hésitation, dans le puits vertical se laissant glisser le long de la corde comme si, malgré ses nouds, elle était lisse.

A peine avait-il touché le sol qu'un mauvais pressentiment l'envahi, était-ce cette odeur de charogne ou l'imperceptible bruissement de l'air environnant il su immédiatement que sa vie était l'enjeu des prochaines secondes. D'un geste instinctif trois sentinelles de feu jaillirent de sa main et embrasèrent l'air environnant, révélant dans leur brûlante lumière cinq salamandres géantes qui ne semblaient pas ressentir la morsure des vagues répétitives des flammes envoyées par les pièges.

Peau-de-chien, analysant instinctivement la situation compris qu'affronter ces démons ensemble c'était aller à une mort certaine, que sa faible protection ne résisterai pas aux morsures empoisonnées d'un de ces puissants champions du mal et qu'une chance insolente lui serait plus profitable que ses rudes années d'entraînement.

Ses dernières pensées construites, furent successivement à la mémoire de son père adoptif, puis à son premier maître d'arme : " vaincre n'est rien, survivre est notre chemin ", puis il entra, sans peur ni regret, dans son ballet de mort.

Le combat fut court et épouvantable, le jeune assassin plusieurs fois projeté contre les parois de la salle par de cinglants coups de queue gisait au sol, son corps meurtri et empoisonné. Il n'avait pu, malgré son courage et ses capacités, éliminer qu'un seul de ses adversaires et il attendait patiemment la mort.

Son ombre, ultime et dérisoire protection, faiblissait devant les attaques frénétiques des monstres.

Alors que le dernier piège de feu crépitai en s'éteignant, son guerrier d'ombre, chancelant, s'évanouissait à jamais, l'assassin d'un geste encore fluide et précis expédia son unique et mortelle sentinelle contre le corps tressautant de la salamandre moribonde, puis tout ne fut qu'embrasement, le corps du monstre, porté à ébullition par les puissantes réactions chimiques, explosa projetant mort et souffrance.

Deux salamandre périrent sur le coup, les deux autres plus résistantes ou moins chanceuses se tortillèrent encore quelques secondes, d'une façon grotesque, sans pouvoir échapper aux puissants éclairs du piège hybride.

Le jeune homme, brisé et éreinté, se releva et asséna, sans aucun remord, les coups de grâce avant de s'effondrer dans des ténèbres empoisonnées.

Dehors le soleil, un instant au zénith, amorçait sa course vers l'obscurité.