Fanfiction Diablo II

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Vengeance

Par Azurblind
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Vengeance

Tant d'années ont passé depuis la chute d'Hargram, depuis mon départ. Je n'étais pas revenu dans mon pays d'enfance depuis que le Mal avait assassiné ses habitants, torturé ses terres. Rien ici n'est plus pareil, le vent hurle la mort, l'odeur du sang imprègne l'air. Je cache mon visage sous ma capuche noir, n'osant regarder le ciel sombre, jadis si bleu. La pluie, le brouillard couvrent le village, lui offrant une place immortelle, une abstraction temporelle. C'est à peine si j'ose m'aventurer dans ces rues où je jouais enfant. A l'époque je voulais devenir un héros, terrasser des créatures démoniaques, c'était mon rêve. Maintenant mon rêve est devenu réalité, et pourtant il me laisse un goût amer. On est parfois terriblement déçut de notre sort qu'on concevait si fort, si éblouissant. J'imaginais qu'être un guerrier était synonyme de gloire, de richesse, mais la vérité est tout autre !

Je suis la puissance personnifiée et pourtant j'envie les autres, j'envie leur banalité. Je ne suis rien de glorieux, rien de riche, je suis l'ombre de mon passé, l'ombre de l'enfant plein de vie et joyeux que je fus. Pourtant je suis revenu, revenu à Hargram. Je fais face aux démons que trop longtemps j'ai fuis ! Je viens pour venger ceux qui hantent mes nuits, mes amis, mes frères, ceux que j'ai vu mourir et qui réclament vengeance. J'apporte avec moi cette vengeance, que je promets tout les jours que Dieu m'accorde. L'expérience que j'ai acquis pour être assez fort, pour battre celui que je vois dans le visage de tout mes ennemis, Arad. Le démon qui a tué ma soeur le jour de l'assaut, l'horreur à moitié homme, à moitié bouc.

La pluie coule le long de ma figure ténébreuse, une larme noire comme l'ébène. L'humidité imbibe tout mon être, mes armes magiques, insensibles aux éléments, s'impatientent. L'heure de ta mort a sonné Arad, tu ne peux plus fuir. Tu dois maintenant me faire face, et faire face à toute tes victimes qui t'attendent dans le gouffre infernal. J'espère que tu me vois, j'espère que tu m'entends, ta mort est proche, la mienne aussi.

Je m'enfonce dans la rue principale, scrutant chaque recoin, observant chaque porte de chaque maison. Le silence omniprésent rend l'atmosphère pesante, oppressante, à chaque pas j'ai l'impression que le vent murmure les cris atroces du massacre. Je me remémore les hurlements des mutilés tout en marchant vers la place du village. Du sang coule de la fontaine, sans arrêt, sans bruit. Paisible son de la mort qui s'écoule.

Je plante un de mes glaives au sol et entaille mon bras avec le deuxième. Mes veines déversent leur liquide vermeil dans la source, se mélangeant avec celui des autres. La fontaine cesse de couler, le fluide rouge stagne comme pris dans une stase. Le dernier fils d'Hargram a répandu son sang avec celui des siens. Un grognement inhumain résonne dans la vallée, le ciel est encore plus sombre à présent. Le vent souffle, discordant, il s'est réveillé.

Le brouillard me rend presque aveugle, tout en reprenant rapidement mon glaive, j'écoute, je cherche à percevoir le moindre indice qui trahirait sa présence. Je distingue des ombres bouger autour de moi, des formes, des silhouettes grimaçantes dans les ténèbres. Leurs murmures, tels des abeilles bourdonnantes, envahissent l'air et assaillent mon esprit. Aucun d'entre eux, pourtant, n'ose approcher. Ils jugent leur proie, tournant autour de moi comme des fauves. Ils attendent peut être que je fasse le premier pas.

Le son du bétail abattu dans la ferme parvient lentement à mes oreilles. Mes sens sont en éveil, le passé, le futur, plus de différence. Cet instant est hors du temps, hors de l'espace. Je jette un dernier regard dans la fontaine, le reflet d'un enfant apeuré devenu un guerrier.

Un cri strident perce la brume, une masse s'approche, lentement. Pointant mes deux lames en avant, je serre les dents afin de ne pas crier. Je ne puis plus contenir ma fureur, chacun de ses pas est un pas de trop sur cette terre. Chaque seconde supplémentaire de sa vie est une humiliation. Je voudrais hurler, décharger mes nerfs sur son corps en enfonçant mes poings dans sa chair. Je le déteste, je le hais, il représente le mal, il représente mon but, ma raison de vivre. Je respire uniquement pour le voir rendre son dernier souffle. Cela ne ramènera pas Alice à la vie, ni même les êtres qui me sont chers, mais je ne peux m'empêcher de penser que tout ira mieux après. Rien n'ira mieux après ! Tandis qu'il marche prudemment vers moi, vers le duel inévitable, je l'entends rire, il s'amuse. Cette immonde créature se régale de mon supplice, il se régale de ma peur, j'ai peur. Peur de le rater, de ne pas être à la hauteur. Je ne suis rien, je ne suis qu'un simple guerrier. Les héros qui combattent les démons ont tous des compétences surhumaines, des pouvoirs, des aptitudes. Je n'ais pas été formé, je n'ais pas de magie, il m'a fallut implorer vengeance de toutes mes forces. Mes prières n'ont pas été vaines, le Dieu Lycaon m'a répondu. Il m'a offert le don que seul les druides possèdent.

Monstrueux devant moi, le démon insensé, toutes griffes dehors. Le vil, malin, héraut ténébreux, alliance d'homme et de bête. Arad me fixe sans me fixer. Ses yeux sont vides, son âme aussi, son iris brûle comme un soleil noir. Ses cornes insultent les cieux. Levant sa hallebarde, confiant, l'alliage d'un homme et du diable est prêt au combat. Un dernier sourire, l'espace d'un instant, le combat commence.

Je ne me souviens que très peu de ce moment de mon existence, d'une existence. Quelques coups d'épée, un ennemi qui prend l'avantage, s'apprête à vous achevez. Soudain vous sentez la bête sortir de sa tanière, le présent éternel d'une divinité attentive, qui offre la vengeance à un être pitoyable. Exhalant la haine, la douleur, cet être en nous survit, rappel intemporel d'un carnage sans précédent. Mémoire d'une vie passée à chercher un fantôme, une créature sournoise terrée dans son antre. Une existence entière, inutile, cherchant la rédemption dans la destruction.

J'ai gagné... J'ai perdu.
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