Fanfiction Diablo II

Grimpée en haut du grand séquoia, la frêle Doucyen contemplait l'immense Mont Karcheus. Elle tournait le dos à la mer et à la citée portuaire, comme à son habitude. Elle n'avait jamais aimé la ville et sa foule trop bruyante. Elle regardait avec envie le versant désolé de la montagne et les plaines parsemées de bosquets l'entourant. Elle n'avait jamais été là-bas et se languissait d'être assez grande pour enfin découvrir ce qui se cachait derrière, au loin, pour pouvoir retrouver sa mère. Voilà un an que celle-ci était partie combattre un ennemi qu'elle ne connaissait pas, un an que Doucyen vivait seule avec son père.

« Tu manieras la lance comme moi, car c'est l'arme des protecteurs de la ville » avait dit sa mère avant de partir, malgré toutes ses jérémiades. C'était la 3ème fois que Doucyen s'enfuyait de son entraînement pour revenir dans sa forêt, revoir ses arbres, entendre les bruits des animaux. Quand est-ce que son père comprendrait que c'était là son milieu ? Elle pouvait ressentir l'âme de la forêt, deviner où étaient les bêtes cachées et savait s'y déplacer sans bruit. Dans sa main elle tenait une branche bien droite qui ferait un bon arc se disait-elle, naïvement.

Le soleil disparaissait derrière la montagne, il allait falloir rentrer.

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Qu'elle était belle ! Droite et fière, elle dégageait une aura si puissante qu'elle forçait le respect de la jeune fille habituellement si insoumise. Doucyen ne réussissait pas à prononcer un mot et restait la bouche grande ouverte. Entre les mains de l'amazone elle pouvait voir un arc tel qu'elle n'en connaissait pas de semblable. Deux Z d'or entrelacés avait été finement gravés dessus, et seule une amazone d'un très haut rang et ayant affronté d'innombrables dangers pouvait avoir l'honneur de posséder un arc d'une telle puissance.

« Je te présente ta nouvelle tutrice, salue-la comme il se doit ». Son père souriait.

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Le caméléon restait immobile, parfaitement fondu dans la végétation ambiante. Son repas arrivait, bourdonnant et se posant sur une feuille proche. Il ouvrit la bouche, doucement, sa langue allait se détendre dans un mouvement bref... Il n'eut pas le temps de souffrir quand la flèche lui traversa le ventre.

Contente d'elle-même, Doucyen se retourna vers son mentor, un sourire de satisfaction sur les lèvres. Celui-ci s'estompa rapidement face au regard dur et plein de reproches de la grande amazone. Qu'avait-elle manqué ? Elle avait eu toutes les cibles ! Jamais-Contente, voilà comment elle aurait du s'appeler Zolie-Zalette ! Toujours un détail à reprocher : une posture qui n'est pas parfaite, une flèche qui s'est cassée à l'impact... Elle maudit sa tutrice. A 15 ans, Doucyen estimait être une élève modèle, mais jamais de compliments, rien ! Elle verra, la prochaine fois, ce sera parfait, elle sera obligée de me féliciter ! Se dit elle en elle-même.

Doucyen se releva en remuant la tête, un peu triste de devoir s'arracher à ses souvenirs. Ces moments de bonheur passés dans la forêt avaient été les meilleurs instants de sa vie. Peu après Zolie-Zalette était partie, et Doucyen avait du attendre encore 4 ans avant de pouvoir s'en aller affronter le monde. Heureuse de quitter son pays natal, elle avait été alors envoyé comme émissaire chez leurs soeurs du nord, les rogues. Mais elle les avait trouvé exilées dans un camp, chassées de leur monastère par un puissant démon.

Des pas approchaient, très nombreux lui semblait-elle, mais peut-être était-ce dû à l'écho des paroi de la grotte. Le nécromancien qu'elle avait rencontré la veille apparut alors au détour de la galerie. Il paraissait centenaire mais se déplaçait sans difficulté. Après l'avoir vu se battre, elle savait qu'il ne fallait pas se fier à son allure. Derrière lui, une foule de cadavres arrivèrent, marchant laborieusement.

- Ca y'est, je suis prêt, on peut y aller, dit-il de sa voix chevrotante.

Doucyen ne jugea pas utile de répondre et grimpa lestement les quelques marches naturelles menant à l'orifice de la caverne. Le ciel était gris et le soleil levant ne parvenait pas à réchauffer l'air matinal. Il avait plût cette nuit, et il pleuvrait encore ce jour-là.

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Des éclairs fantastiques couraient encore sur l'herbe humide, libérant une douce odeur de brûlé. La dernière créature du nécromancien s'effondra, terrassée par une décharge. Celui-ci s'enfuit, faible vieillard sans défense qu'il était. Doucyen l'entendait courir mais elle ne se retourna pas et ne le suivit pas. Au contraire elle fixa le squelette qui lui faisait face. De son groupe d'archers, il ne restait plus que lui, mais sans l'ombre d'un doute c'était lui le chef. Autrefois, il avait du être un très grand guerrier, ou plutôt une très grande guerrière, se reprit-elle.

D'un mouvement automatique et régulier, il se mit à lui tirer des flèches dessus, mais l'amazone les esquiva sans peine. Elle savait cependant le danger qu'il représentait et d'une prière elle ralenti encore plus ses traits. Elle pourrait éviter ce combat, arriver plus vite au monastère. Mais ce n'était pas dans sa nature, elle ne fuirait pas, le danger ne lui faisait pas peur. Elle pria rapidement pour invoquer la protection de ses ancêtres et entama le duel.

Ce combat n'est pas facile, la valkyrie pourtant si puissante, était morte très rapidement, en quelques secondes. Ce monstre était vraiment un adversaire à la hauteur. Une salve d'éclairs frôla Doucyen, lui arrachant un petit cri de surprise. Par sécurité, elle but une potion pour soigner ses quelques brûlures superficielles. Se reculant hors de portée du monstre, elle réinvoqua une Valkyrie afin de l'occuper pendant qu'elle le bombardait le monstre par derrière, déclenchant des salves d'éclairs tueurs.

On lui avait appris à l'école des amazones qui ne fallait jamais faire cela sur ce type de monstre, car c'était très dangereux, libérant des centaines d'éclairs. Dans sa tête elle revit encore sa mentor et instructrice, Zolie-Zalette, quand elle n'avait pas encore 10 ans... Elle serait sans doute furieuse, et la gronderait copieusement comme à son habitude. « Mais que faire d'autre ? Après tout, c'est mon attaque la plus puissante ».

Le paquet d'éclairs fonçait sur Doucyen à une vitesse déconcertante. Elle compris immédiatement que son sortilège pour ralentir les projectiles s'était évanoui. Mais c'était trop tard pour fuir, elle ne pourrait les éviter, il lui fallait se préparer à les encaisser.

Une lueur brilla dans les orbites vides du squelette.

Dans sa précipitation, elle pris plusieurs fioles dans sa main, il lui fallait en déboucher une, vite. Un hurlement qu'elle ne pu retenir sortit de sa gorge alors que les éclairs s'enfonçaient dans sa jambe, provoquant des morsures brûlantes et glaçant ses os. Une douleur insupportable envahit tout son être alors que les éclairs remontaient dans son corps...

Serrant le flacon entre ses lèvres, elle le déboucha d'un coup sec, et l'odeur fruitée du fabuleux breuvage empli aussitôt ses narines, lui redonnant espoir. Autour d'elle, tout semblait immobile, le maître du temps avait suspendu son décompte et devait la regarder. Doucyen pouvait ressentir la présence du squelette, bien que ses yeux soient totalement embués à cause de la douleur intense. Son ventre la brûlait alors que la boule d'éclair poursuivait son chemin destructeur en elle. Déjà elle ne sentait plus ses jambes, elle allait s'écrouler. Crachant le bouchon, elle renversa la tête en arrière pour laisser le liquide salvateur envahir son corps détruit.

Jamais elle n'avait connu une souffrance si terrible ! Les éclairs qui la ravageaient atteignirent le haut de son corps. Son coeur, qui battait à tout rompre juste avant s'arrêta brusquement, et ses mains tétanisées lâchèrent la fiole, qui éclata sur le sol, répandant le doux liquide violet dans l'herbe roussie. Elle hurla encore, libérant toute la douleur qui la possédait dans un cri de mort. Son esprit était encore lucide malgré une souffrance qu'elle n'avait jamais imaginée pouvoir supporter. Dans un dernier moment, elle réalisa qu'elle avait livré son dernier combat, qu'elle avait perdu, pour la première fois. Calmement, elle lâcha son arc, et ferma les yeux, libérée de tout poids.

La lumière l'éblouissait et un silence reposant qu'elle n'avait jamais connu l'entourait. Etendue sur un lit de plumes, Doucyen se releva, ouvrant les yeux. Face à elle, dans d'un halo doré, deux femmes magnifiques la regardaient en souriant. Elle essaya de parler mais n'y parvint pas. Puis elle franchit simplement l'espace qui les séparait et enlaça sa mère en pleurant de bonheur.

« Bienvenue, nous t'attendions ».

Doucyen rit joyeusement, heureuse comme elle ne l'avait jamais été : « Jamais-Contente ! C'est la première fois que je te vois sourire ! ». Sa soeur Valkyrie se retourna, faisant semblant de bougonner, mais contente de revoir son élève.