Fanfiction Diablo II

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Monde Intérieur

Par rAzagal21
Les autres histoires de l'auteur

Chapitre 1 : Ame d'échappement

Chapitre 2 : Le corbeau rouge

Chapitre 3 : Mère !

Chapitre 4 : Le goût du lucre

Chapitre 5 : Le corbeau de sang

Chapitre 6 : Cela est damné

Chapitre 7 : Une illusion dans un rêve

- Bonsoir maman.

- Bonsoir, fait de beaux rêves.

L'enfant se couche. Fatigué comme il est, il ne va pas tarder à laisser échapper son âme. Ca y est ! elle s'envole, volète de ci de là, prenant la forme d'un corbeau puis d'une chauve-souris elle vole sans trop savoir. Elle regarde aux fenêtres des maisons alentours, parfois en enviant les gens qui s'y trouvent, souvent en les plaignant.

Mais, mais... elle sait ou elle va maintenant. Elle a reçu un appel, puissant je pense car elle ne se laisse pas dompter aussi facilement. Ah, elle pique du nez et fonce vers une petite ouverture contiguë à une grande maison blanche. Elle est dans une cave noire et profonde, la peur la prend. Il faut qu'elle aille là où la vie sommeil et qu'elle arrive à l'origine du son. Elle remarque avec étonnement que ces deux impératifs sont inextricablement liés : là où il y a la vie, il y a le son. Elle remonte, elle exulte, elle s'impatiente, elle le trouve.

Un garçon... comme celui qu'a quitté. Celui-là a quelque chose de différent, c'est le porteur du message, c'est lui !

Il faut rentrer à l'intérieur de cet être, il le faut. Elle fonce sur lui, un trou noir, béant apparaît sur sa poitrine, elle s'y engouffre. Bientôt apparaît une débouche de couleur et de sons, de rêves et de cauchemars, de vertus et de vices; elle imaginait le chaos autrement, « celui-là est trop bariolé pour être nocif » se dit-elle. La première couche est passé, maintenant elle voit de vertes étendues défilées sous ses ailes. Elle voit des morts, des vivants, des fous, des pragmatiques ; elle voit le mal avancé et le bien reculé mais elle doit avancer et de cela elle en est intimement convaincue.

Elle s'essouffle, le but doit être proche. Ah ! Il y a la un joli camp, du monde s'agite en bas :

- Le voilà, le voilà !

- Comment pouvions-nous douter ?

- Je le savais !

- Kanima est venu, il a entendu nos prières !

Elle s'étonne, « C'est de moi qu'ils parlent ? » se dit-elle. Non...non ! ce n'est qu'une âme, comment pourrait-elle être mêlée à la folie des hommes ? c'est absurde. Elle décide d'atterrir, elle aussi attend celui qui prendra en main sa destinée ; peut-être est-ce Kanima après tout. Elle pose ses pattes rocailleuses sur le sol touffu, ils ont l'air contents de la voir.
C'est un corbeau, là, à côté du feu crépitant. Tout le monde le regarde avec une admiration teintée de crainte. C'est un vrai qu'il est imposant, jugez-plutôt : son envergure dépasse les deux mètres cinquante, ses pattes verdâtres sont remplies de veinules noires qui prenne racines à l'extrémité de ses griffes et semble ne jamais finir, son pelage est d'un rouge pénétrant et il semble que si quiconque a l'imprudence de plonger son regard sur cette masse cramoisi, celui-ci en ressortira l'esprit tourmenté. Notre chère âme a pris une forme bien singulière ! dire qu'il y a un instant elle semblé sortir du nid et là voilà déjà dans la force de l'age.

Elle écoute les gens rassemblés autour d'elle, ils parlent d'un terrible danger les menaçant. D'après eux cela a commencé par une recrudescence de démons dans la région, mais là on savaient faire face : on envoyait des milices de trois à cinq hommes munis de hachettes et de glaives nettoyer les alentours. Quelque unes ne revenaient pas mais , vu le très faible taux, on ne s'inquiétait pas outre-mesure. Malheureusement, plus le temps passa et plus on vit apparaître des signes avant-coureurs du Mal. Pour exemple un véritable charnier fut réalisé par une engeance inconnue : c'était lors de l'enterrement d'une mercenaire vénéré par toute la tribu. Pour organiser ces funérailles une véritable procession fut organisée jusqu'au cimetière, Sur chaque côté se tenait des guerriers en armes et au milieu on pouvait voir un cortège de femmes éplorées. Arrivé sur le lieu de l'enterrement, toute la troupe fut surpris par une véritable armée de morts-vivants conduits par une Rogue dont le corps se nécrosait et dont la seule vue de son visage partant en lambeaux pouvait inspiré la terreur et la folie la plus irrémédiable. Un seul revint au camp, un seul ! Il était revenu en rampant et on pouvait voir un essaim de mouches le suivre tant ses blessures pourrissantes répandait une odeur acre à dix lieux à la ronde . On écouta ses gémissements, on les interpréta comme étant des paroles puis comme on cru que par sa seule présence il allait attiré l'auteur du massacre, on le jeta dans l'antre du Mal. Et puis tout le monde a prié pour la venue d'une être divin et voilà.

Elle a écouté chacune de leurs paroles avec attention. Elle veut les aider mais comment leurs faire comprendre ? Elle pense à se transformer en humain et elle le fait : un corbeau, une lumière aveuglante, un homme. Il est de haute stature et ses bras nus révèle une musculature puissante, ses traits sont durs et son visage a un aspect buriné , il a des cheveux ras et d'un roux terne et froid, son bouc arbore la même teinte.. Il est accompagné d'un loup gigantesque mesurant plus de trois mètres de haut, doté de crocs acérés et d'une fourrure écarlate. Il se met à parler : il dit se prénommer Kanima et vouloir les secourir, il promet. Les habitants laissent éclater leur joie : ils bénissent les dieux et vont même jusqu'à s'agenouiller devant l'étonnante apparition. Puis après une long période d'allégresse le calme revient. On conduit le mystérieux sauveur jusqu'à Akara pour qu'il prenne connaissance de ses directives. Il entre dans une tente basse faite de tissu lourd et va rejoindre la prêtresse. Elle lui parle d'une voix qui semble résonner à travers les ages : elle lui dit qu'après avoir jeté le rescapé dans l'antre du Mal, une pléthore de monstres a été attiré dans ce trou infect, Le pourrissant a semble t-il établi son royaume la bas, il se fait appeler Crémation. Elle supplie le druide de le tuer pour enrayer l'avancée des forces obscurs. Il accepte. Il sort de chez la magicienne et va s'équiper, on lui fait des bons prix, « c'est notre sauveur après tout » disait-on.

Il quitte le camp : sa vie commence.
Minable...Mi-nable ! Lui qui s'attendait à combattre le mal dans toute sa splendeur baroque, il eut pour adversaire un pauvre être décharné dont les yeux ne reflétaient plus que la sombre lueur du désespoir. Kanima avait horreur de ces prétendus démons qui, après avoir goûté quelque temps aux plaisirs et aux vices du pouvoir, s'enfouissaient dans une profonde mélancolie et n'en sortaient que pour donner des ordres indispensables à leur survie. Mais, au moment de l'affrontement, Cremation ne fut pas assez prompte à donner des directives : ce qui lui valut sa perte. Quand son âme sorti par son artère jugulaire tranchée, elle semblai toute guillerette, heureuse de partir de ce monde délabré.

Après avoir éliminé les derniers habitants de cette grotte maudite, il sorti respirer un air non vicié. Il se reposa quelque instants aux abords du Totem qui ornait l'entrée de la grotte et pris la décision de repartir vers le camp. Quant il arriva à l'entrée du village, il fut accueilli par une foule en liesse. Cette dernière le porta en triomphe, le druide en fut ému.

Lorsque le soleil arriva à son couchant, tout le campement était réuni dans la tente communal. Et ils mangeaient, et ils buvaient ! Ils invitèrent même Kanima à venir festoyer en leur compagnie. Il entra dans la salle du banquet avec eux mais n'y resta que quelque secondes. En effet, il y régnait une telle obscénité qu'il en eu la nausée : C'était une grande tente d'à peu près dix pieds, le lourd tissu qui servait à faire le toit était d'une couleur cramoisi, l'éclairage était sombre, presque glauque ; On voyait de part et d'autres de la salle des femmes exécutant des parodies grotesques de danse démoniaque, le patriarche ainsi que quelqu'un de ses compagnons était en train de brûler trois où quatre manants du village voisin pour s'attirer les faveurs du Loup et de l'Ours( respectivement dieux de la mort et de la souffrance).

Chair rôtie, chair flasque, chair nue.... Kanima alla vomir ce qui lui restait dans l'estomac et s'endormit sur un ballot de paille ensanglanté par un duel d'ivrognes qui avait eu lieu pendant dans la soirée.

Le soleil blafard commençait à s'élever au-dessus de l'horizon. A côté de Kanima était allongé un homme, la nuque roide. Plus loin, aux abords du feu se tenait une dame à l'allure monarchique, elle avait de longs cheveux auburn qui lui descendait jusqu'à la nuque, son visage gracile s'ornait de quelques peintures tribales, elle portait une jupe ample( cela contrastait avec l'étrangeté de sa galbe) lui descendant jusqu'au genoux, elle était en train de glisser un fil sec confectionné avec des boyaux dans son corsage. Notre héros fut intrigué, que faisait une noble et belle femme à cette heure-ci et en ce lieu ? Il se leva puis, d'un pas hésitant, alla la rejoindre et lui parla en ces termes :

- Que fait une belle dame comme vous ici ? Ne craignez-vous point le parfum de mort qui règne en ces lieux ?

- Cela est vrai, répondit-elle. Cet homme dégage une odeur vraiment désagréable, je n'aurais pas du le tuer !

En entendant ces mots, le druide eu un profond dégoût pour la personne debout devant lui, il compris que cette dame auparavant si majestueuse et si fière était une assassin des monts Derath( ces montagnes faisaient partie de la chaîne du Detheor) . La caste des assassins des monts Derath était réputé pour sa grande sauvagerie. En ces lieux reculés, la coutume voulait qu'on brûle le père de chaque jeune fille à la gloire du Loup et de l'Ours. Après cela les jeunes apprenties partait découvrir le monde avec, en guise de bagage, un petit sac de toile contenant les cendres de feu leur géniteur, c'était comme un gri-gri dédié à leur divinités tutélaires.

Kanima ne savait que trop bien l'histoire de ce peuple car il avait été élevé pendant la plus grande partie de sa vie sur la montagne se situant exactement au centre du massif du Detheor, celle ci se nommait « Enbedya » et servait aux jeunes assassins car ces-dernières pouvaient, en cet endroit, abandonner le fruit de grossesses non désirées sans risques aucun. En effet, une multitude de villages druides subsistait aux alentours et les habitants de ces derniers, du fait de leur amours immodérés pour la nature, allait à coup sur trouver un bébé derrière un talus, sur un matelas de feuille où dans la tanière d'un de leurs loups. C'est ainsi qu'un enfant fut récupéré au détour d'un chemin et fut élevé dans la plus stricte tradition druidique. Mais...mais...mais alors ! Cela se pourrait t'il que cette démone, juste devant , la !, soit sa mère ?

- Mère !

Un cri sec et rauque déchira le silence glacial de l'aube.
Ce cri était d'une absurdité ! Comment cette dame pouvait-elle être sa mère ? De génération en génération tous les druides connaissaient le même destin, un lien familial entre ces deux êtres n'était donc que peu envisageable. De plus, Kanima commençait à la trouver belle ; alors, voulant faire connaissance, il lui demanda son nom. Elle lui dit s'appeler Hadb et elle lui retourna la question. La nuit était belle et le ciel semblait être damasquiné de diamants, Kanima huma l'air vivifiant et cela le mit de bonne humeur.

Après cinq où dix minutes de discussion, le druide apprit qu'elle avait été appelée ici pour éradiquer le mal qui possédait ces terres. Il lui répondit avec un ton glacial, que lui aussi, avait été mandé pour les mêmes raisons. Les deux compères étaient troublés. En effet, pour accomplir cette mission, ils s'étaient parés de leurs meilleurs atouts à savoir vertu et honnêteté. Mais, c'était seulement le goût du lucre et une gloire certaine qui les avaient conduit ici. Deux personnes pour accomplir un même travail, cela voulait dire deux fois moins d'or pour l'un comme pour l'autre...ce n'était pas envisageable. Puis soudain, comme si l'état d'esprit de Kanima avait une incidence directe sur l'atmosphère environnant, la nuit devint lourde et menaçante et les astres prirent une teinte vermillon

La vendeuse de mercenaire (Kashya) passa devant eux puis s'arrêta quelques mètres plus loin et revint sur ces pas et s'immobilisa devant Hadb et Kanima. Elle prit une posture altière et négligente pour leur montrer qu'elle les considérait comme de vulgaires marchandises.

« J'ai quelque chose pour vous. »Elle prononça cette phrase avec une inflexion de voix qui laissait entendre que son amour propre ne ressortirait pas indemne de cette discussion.

« Nous vous écoutons. »répondit Hadb.

« La Rogue qui a attaqué le convoi funéraire...il fut un temps où je l'avais comme élève »balbutia Kashya.

« Il me semble que vous avez failli à votre tache en ce qui concerne son éducation » Kanima s'introduit dans la conversation.

« Où peut-être avez-vous trop bien réussi... » répliqua Hadb.

Kashya ignora ces questions d'ordre moral et se concentra sur l'essentiel :

« Ce qui est grave c'est qu'elle est en train de faire de nouveaux adeptes parmi les jeunes filles du camp, elle leur donne un bref aperçu de son pouvoir et les voilà à sa suite, prêt à tuer pour elle. » elle reprit son souffle et continua son exposé.

« Elle se fait appeler Blood Raven. Vous savez où la trouver. »

Sur ces mots, la commerçante se leva et trottina jusqu'au taudis qui lui servait de logement.

Le soleil, semblable à un cou coupé, sorti de sa tanière et éclaira d'une pâle lumière les terres maudites. L'air était encore froid, Kanima souffla de dépit et de sa bouche sortie une spirale de buée, celle-ci, à la manière d'une âme en peine, lui adressa un dernier salut et parti rejoindre les nuées.

« Et bien qu'attendons-nous pour y aller ? »

Hadb avait un caractère sanguin, elle brûlait d'envie d'aller au combat. Kanima s'exécuta de bonne grâce et alla chercher dans son coffre sa tenue de combat. L'assassin, quant à elle, s'arma de sa griffe et d'un bouclier serti de joyaux.

Quand ils furent prêts, ils allèrent jusqu'au téléport situé à l'extrémité nord du village et disparurent, ce qui terrifia les quelques ivrognes avachis non loin.

Les premiers à les revoir furent les déchus des plaines gelées. La rencontre fut brève. Les loups s'occupèrent de ces démons. Après avoir nettoyé cet endroit ils prirent le chemin du cimetière.
C'était un endroit d'une beauté morbide, la navrante symétrie des tombes et les croix gothiques apposées sur leur dessus en étaient les principales causes. Le cimetière était construit en T. A l'intersection des deux branches se tenait un splendide chêne centenaire. L'apparence de ses ornements faisait contraste avec leur porteur. En effet, disposés disymétriquement de part et d'autre de l'arbre, se tenaient cinq pendus qui, au moment de leurs morts, avaient dû être dans un état de consomption extrême.

Des cris ! Des grognements, des raclements gutturaux et bestiaux ; ce lieu amplifiait les sons de telle manière qu'ils les rendaient insupportables. Kanima eu une sensation cénesthésique de déséquilibre.

Cette dernière fut vite dissipée quant il vit une joie sauvage se dépeindre sur le visage d'Hadb. Lui était débordé par les évènements tandis qu'elle semblait les contrôler. Il en conçu une rancoeur des plus amères. Il se dit alors que, après cette expédition, la tuer aurait peut-être des conséquences lucratives ; une violente attirance pour la belle assassin submergea ses pensées malsaines.

Les premiers monstres arrivèrent. « Quatre squelettes ! Deux chacun ! ». Les deux créatures qu'ils avaient à combattre étaient munies de longs sabres effilés à la manière orientale, elles avaient toutes deux des casques ocres parsemés de symboles apocryphes. Leurs os, d'un blanc laiteux, contrastaient avec les couleurs chamarrées de leurs armures. Le druide attaqua : une tête, frappée par un glaive rageur, roula sur le sol (Elle contrôle les évènements), des côtes éparpillées dans l'herbe sèche, le deuxième n'était plus (Elle croit m'être supérieur !). C'en était fini.

Il regarda sa compagne, de petits morceaux cartilagineux étaient étalés à ses pieds. Il essaya de s'imaginer le combat d'Hadb : agile et puissante, elle avait sans doute utiliser ses griffes à moins que...voulant garder toute son énergie intacte, un piège préparé pour ces deux minions n'était pas impossible. Il était très difficile de prévoir les actions de sa collègue. « Gageons qu'avec le temps elle dévoilera de sa personnalité » se dit-il. Mais pour l'heure, il n'était pas question de se réfugier dans ses pensées, il fallait agir, faire ce pourquoi ils étaient payés.

Un soleil rouge se profilait sur l'horizon pendant qu'ils s'affairaient à se frayer un chemin vers le centre du cimetière où Blood Raven était supposée résider. La femme des monts Derath abattait sa griffe dans le tas de chair profane qui leur obstruait le passage. Elle tranchait ça et là, usant plus de brutalité que de ruse. Du fait de sa race, cela en faisait une personne bien particulière ; c'est en tout cas ce que pensa le druide en la voyant.

Ils arrivèrent au centre de la nécropole. Un personnage en armure les accueillit. Les trous de son casque laissaient échapper des yeux blêmes et caves. De par ces derniers, on devinait une personnalité d'une ambiguïté extrême. Au premier regard on la plaignait car ces feux rougeoyants semblait implorer de l'aide, au deuxième coup d'oeil on s'apercevait que ces deux orbites fixant le lointain était celle d'une lâche alors on l'exécrait. Du reste, sa brigandine était en mutation constante, on pouvait voir s'alterner les formes concaves et convexes et ainsi des angles inhumains se formaient. Des jambes décharnées et arque boutées soutenaient cette masse de métal bouillonnant.

Hadb frappa le premier coup, du revers de son arc Blood Raven para puis s'enfuit à toute jambe. Elle s'arrêta quelques mètres plus loin, sorti une flèche d'un carquois pourrissant, l'encocha, visa, trembla, tira. Un trait sifflant passa à quelques centimètres des cheveux chatoyants de Kanima. Ce dernier émis un ordre d'une voix rauque : une masse grisonnante apparu, elle poussa un rugissement de haine et se lança, crocs luisants, sur la rogue déchu. Elle en fut quelque peu surpris, ce qui permis au loup de mordre profondément et avidement dans sa chair nécrosée.

Et la pourrie entama un rapide combat avec le quadrupède. Elle le commença en aboyant un mot : -Raven, Raven, Raven , elle réaffirmait sa personnalité d'une voix dont le tonalité semblait maintes fois millénaires. Le loup, n'ayant lui aucune individualité, évita ces salamaléques et chargea la pseudo-invocatrice. Il sauta sur elle d'un geste leste et rapide et la fit tomber à la renverse. Elle s'étala de tout son long et son casque heurta un rocher, cela fit un tintement éraillé. Elle n'en fut même pas sonné contrairement à ce que pensa le loup. Ce dernier, fort de cette réflexion, ne prit pas garde à sa défense et approcha sa gueule de la tête de son adversaire. Une flèche enchantée par le feu et plantée dans le flanc à bout portant ne peut provoquer que la mort, feu le vieille ermite d'Enbedya aurait vu sa théorie vérifiée : le combattant à quatre pattes s'écroula et l'instant d'après son corps s'enflamma. Fort heureusement, il s'écroula sur sa rivale et la bloqua ainsi dans une position des plus vulnérable.

A ce moment précis, le corps de la rogue se couvrit de bubons gigantesques et opaque. Ils semblaient chauffés au rouge. Puis un bruit, un bouillonnement, une ébullition qui allait en s'amplifiant et la dépouille auparavant allongée sur les graviers éclata dans un formidable artifice macabre : du sang pâteux et malsain recouvra l'allée. Une minute s'écoula, le temps pour nos deux compères de reprendre leurs esprits. Kanima fut le premier à parler : « Je crois que s'en est fini d'... », Il resta subjugué par le spectacle qui s'offrait à ses yeux. Le sang de la rogue formait maintenant une mare. Des rides imperceptibles l'agitait, pas un souffle de vent. Elles allèrent grandissante jusqu'à devenir des vagues d'un mètres de haut. Et tout cela allait et venait dans un rythme lancinant et sans jamais dépasser les rivages. Puis après trente secondes, cela commença à rétrécir et prendre du relief. Ce dernier, Kanima commençait à le remarquer, prenait des contours bien singuliers.

On vit se former un corbeau de sang, on le vit voler, on le vit descendre dans la crypte ; on vit un druide, une assassin, rien d'autre.
Hadb fut la première à reprendre la parole ; « Cela est damné » dit-elle, et on vit bien autant par le ton de sa voix que par son attitude maniérée profondément troublante qu'elle en fut sincèrement horrifiée. Puis, Kanima remarqua par le changement de caractère qui s'opéra en sa compagne que celle-ci avait un caractère cyclothymique quasi pathologique. En effet, le visage de l'assassin s'empourpra violemment, ses bras se raidirent et ses rotules claquèrent avec forces convictions. Elle courut alors. Forcer de prendre une décision sur la marche à suivre, le druide examina le temps ( la lune froide et gibbeuse avait parcouru le quart de sa course vespérale), comprit par l'aspect stygien du tombeau qu'il eut été sage d'attendre le jour pour l'explorer mais ne pouvant abandonner sa camarade, il courut sur le sol fangeux pour la rattraper. Quand ils se retrouvèrent cote à cote, ils échangèrent un bref regard d'acquiescement réciproque et marchèrent jusqu'à l'entrée par laquelle le corbeau de sang s'était si grotesquement faufilé.

Le porche était sculpté d'une manière horrible mais malgré tout attirait l'oeil. Kanima eut grande peine à extraire son regard de cette fresque ; Hadb, quant à elle, était déjà plongé dans un état d'hébétement absolu, si absolu que ce que son compagnon regardait avec une insistance presque lubrique n'appâta pas sa vue ni ne la repoussa. On ne pouvait même pas dire si elle s'en moquait éperdument, ce qu'il y avait c'est que dans ces yeux encres semblaient résonner une note inhumaine, et cela dans toutes les octaves. Son regard était empli par cette onde sonore et l'assassin se dirigeait vers son émetteur ; c'est tout du moins ce qu'on eût pu voir et croire.

Si bien qu'elle entra dans ce lieu en bousculant assez fortement le druide et allant même jusqu'à écorcher son côté à l'aide de son Katar. Bien que malencontreusement exécuté, ce geste eut pour effet de tirer Kanima de la sorte d'hypnose dans laquelle il était plongé. Ceci fait il poussa un cri d'une théâtralité presque touchante, eut honte de son égarement et prit le chemin de son destin en parcourant quatre à quatre les marches de granit menant au lieu où se trouvait déjà Hadb.

En descendant dans ce qui allait sans doute être un enfer, il observa les murs alentours et il vit, non sans étonnement, des motifs crayonnés. Parmi eux se répétait une composante que l'on pouvait croire, par sa singulière grosseur, essentielle : c'était une série de cercles concentriques dessinés hasardeusement. Une tâche rouge et pâteuse trônait sur l'exact milieu de chacun. A chaque marche,le motif était placé plus bas que pour la précédente. Kanima se remémora un auteur de sa jeunesse et dit, Dante n'aurait pas pu imaginer mieux pour décrire la lente dégradation de la vie. Et il eut peur,et il rit.

Hadb vit sa silhouette svelte sortir de l'ombre, il arriva à ses côtés et lui dit d'un ton péremptoire : « Il suffit, nous devons opérer en commun et ainsi tirer profit de chacune des compétences de l'autre, maintenant suis-moi ! ». A ce moment là, elle lui lança une formidable coup de bouclier sur la glotte, il vacilla, s'accrocha désespérément à la poitrine de son agresseur puis s'écroula sans un râle.

L'assassin, le regard toujours frappé par l'harmonique s'avança dans ce qui semblait être un vaste hall. Elle n'eut aucune émotion quand elle y vit un gigantesque trou empli d'un liquide semblable au formol mais d'une couleur indéfinissable oscillant entre le bleu et le rouge, elle ne sourcilla pas non plus quand elle aperçut une foule de gens en costume d'apparat s'activer à l'intérieur de celui-ci, elle n'eut non plus pas le moindre tressaillement quand un homme nue, la peau craquelée au possible et couverte de veines argentées le regarda des profondeurs du trou béant où il se trouvait avec toute cette étrange cour.

Non, elle ne fit rien de tout cela, elle se contenta juste d'y entrer, de s'immerger dans le liquide et de disparaître, avec toute la mélancolie que cela exige.
Kanima se retrouva dans un étrange brouillard bleuté et opalescent. Au loin, il vit se dessiner les contours d'un paysage : un grotesque château à l'architecture décadente, sur celui-ci était posé deux tours branlantes clairsemées de petits nuages jaunâtres apposés sur le marbre effrité ; des douves contenant un liquide huileux sur lequel rien ne semblait flotté ; un pont en bois vieux et corrompu fait pour enjamber ce chenal stygien ; des créatures archéennes au-dedans et au-dehors, sortes de protozoaires en mutations. Puis, par delà cette morbidité, l'on pouvait voir des prairies d'un vert scintillant sur lesquelles l'herbe croyait voler. En réalité elle n'était qu'agitée par un vent doucereux. De hauts arbres parsemaient ces étendues divines, une sève âpre et amère était étalée sur leurs troncs et on voyait cela comme une liqueur animée de vie, allant irriguées les feuilles et redescendant demander quelques vertus nourricières à la terre. Cela était d'un baroquisme étourdissant.

Après qu'il eut contempler pendant de bonnes minutes ce spectacle manichéen, un rayonnement lépreux, semblant venir du faîte de la demeure, l'aveugla. Il ouvrit les yeux quelques secondes après et vit une porte en chêne apparaître à l'entrée du pont-levis.

Sur celle-ci était apposé un fronton soutenu par d'horribles parodies des antiques caryatides. Au-dessus, il était dessiné le Loup et l'Ours.

Ce qui était frappant était que ces deux personnages de culte étaient représentés avec une pléthore de détails. Il était de coutume que l'on schématisa ces Êtres : toutes autres reproductions autres que géométrique était considéré comme un blasphème. Kanima avait eu connaissance dans sa jeunesse d'un artiste qui, ayant depuis peu recouvré la vue, avait voulu faire l'expérience d'une peinture réaliste pour ces deux figures mythologiques.

Son nom était Y'Chéhen.

Il fut sacrifié sur la montagne Enbedya en l'honneur des deux Dieux qu'il avait si imprudemment défié.

Puis, la porte s'ouvrit et apparut un homme d'une allure altière, le front haut et les sourcils tailladés, le nez aquilin et la bouche droite, sèche. Il avait une démarche raide, presque empoté. Elle était, heureusement, rattrapée par l'admirable aura de puissance qui s'émanait de lui. Ce devait être un monarque. A côté de lui était un homme nu, couvert de veinules bleues. Ce devait être un fou. Quant le druide vit la troisième silhouette qui traversa la porte, une peur primitive l'envahit. C'était une femme, une garçonne. Les cheveux noirs coupés courts, elle arborait une musculature fine et puissante, ses biceps étaient en saillies et montraient bien un vif état de tension. Sur son côté était accroché un Katar, on le savait écharpé mais encore capable d'infliger de puissants dommages. Elle avait les mouvements mécaniques et avançait les yeux perdus dans le vague. C'est d'ailleurs cela qui terrifia Kanima : ces pupilles, auparavant si joliment marbrées, étaient maintenant d'un blanc de néant.

Et, à cet instant précis, il vit que Hadb, son compagnon de bataille, basculait dans les Limbes.

Un terrible maelström se fit dans son esprit. Les pensées instinctives et les sentiments rationnelles s'y mélangeaient. Fallait-t-il qu'il la sauve ? ...Il fit appel à sa raison, la tempéra par ses émotions et sut en fin de compte qu'il le voulait. Comment alors la sortir d'ici ? Que faire pour entrer dans cette peinture - parodie d'une Renaissance oubliée ?

Il courut et, trouant de sa taille svelte les volutes de fumées qui l'entouraient, il bascula dans ce monde qu'il croyait halluciné.

Il vit l'obscur groupe s'installer sur la plaine environnante. Ils faisaient l'impression d'amères fleurs se trouvant aux milieux d'un champ de tournesol éclatant d'envie de vivre. Eux n'avaient pas ce désir là, cela se voyait, où plutôt se ressentait : une froide moiteur envahit le corps de Kanima, il s'était approché des trois. Il se recula et cette sensation cénesthésique de malaise disparut. Il décida donc, par peur de ce qu'il éprouvait, d'aller visiter le bastion croupissant.

Il posa un pied mal assuré sur le pont, ce-dernier perçut sa crainte et la lui rendit par un craquèlement hargneux. Le druide s'aperçut que sa vision, où plutôt son entendement des choses était modifié ici. Il lui semblait qu'un sens supplémentaire et abjecte lui avait été greffé quelque part sur son corps. Il détestait cela mais sentit par ce procédé l'antipathie du bois à son égard. Il banda ses muscles, raffermit son pas, et s'avança au-dessus de l'eau cramoisie.

Quant il arriva au-dedans de la salle, il la vit resplendissante. Il y vit une foule de gens - probablement une cour, puisque les costumes d'apparat était de mise - puis le même éclairage malade, et ils disparurent.

La boiserie des plaintes et du parquet était damasquinée d'améthystes et de diamants. A contrario de cet amas de pierreries baroque, on voyait des murs d'une blancheur effarante. Kanima ne put supporter plus d'un instant cet aspect malade de la pièce et détourna ses yeux avec promptitude. Il vinrent se poser sur le plafond. D'une beauté antique, la fresque s'étalant au-dessus de lui représentait des horreurs cosmiques à propos de la création de toutes choses. Pourtant cet amas de couleurs et d'événements et d'entités l'émerveilla. Où le pétrifia.

Toujours est-il qu'il vit devant lui, après un certain temps nécessaire au recouvrement de ses esprits, un trône. Il était parsemé de petites figures difformes et grotesques, avilissant celui qui s'agenouillait devant elles - ce qui devait se faire dans les Périodes Anciennes, celles des Mauvais Dieux. Sur le faîte de ce siège somptueux était un nom. Il était écrit dans une langue ayant quelques ressemblances avec l'alphabet druidique. Cela suffit pour que Kanima, fin linguiste, réussisse à le déchiffrer : DIABLO.

A partir de ce moment là, il n'eut plus qu'un vague souvenir de ses agissements. Un rugissement guttural s'échappa de sa gorge en même temps qu'il comprit que le Seigneur de la Terreur était en ces lieux. C'était comme si l'instinct avait précédé la raison, mais il n'eut pas le temps de penser à ces choses-là. Il se précipita dehors avec une sauvagerie primitive. Le pont céda après son passage. Au fur et à mesure qu'il courait et s'approchait du monarque, du fou et de Hadb, ses poils se mirent à pousser avec une fulgurance et une anarchie sans pareille. Sa mâchoire se modifia. De structure et d'aspect. Ses canines devinrent proéminentes et s'avancèrent, bousculant les dents environnantes. Il se courba tant et plus qu'à la fin sa tête fut au niveau de son bassin. Ses genoux s'arquèrent et s'éloignèrent.

Il plongea sur le front hautain, le traversa et ressortit de l'autre côté.

Il aurait du le savoir ! Il était au coeur même d'un rêve. Moorcock écrivit que « les songes permettent d'explorer d'autres facettes du multivers ». C'est ainsi que le druide voulut se réveiller, car un pressentiment de nature organique lui faisait savoir qu'il y avait une entrée bien concrète vers cette vision. Il s'éveilla donc et s'étonna de voir qu'il était enroulé dans un lainage chaud et râpeux. Il se leva, se débarrassa rapidement de cette couverture et courut devant lui. Il savait qu'il n'était plus en possession de ce sens abject si particulier à ce qu'il venait d'explorer mais de vagues réminiscences le conduisit à une mare bleue, faite d'un liquide compacte. Il vit ce qu'il y avait en dessous et n'hésita pas à y plonger.
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